mardi 22 juillet 2025

Dangerous Animals de Sean Byrne. 2025. Australie/U.S.A. 1h38.

                   (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).
 
                                                                             Top 2025. 

"Sadisme au large, terreur à fleur de chair".
Cela aurait pu également s’intituler Terreur en haute mer, tant le réalisateur australien Sean Byrne maîtrise avec un art consommé un suspense affûté, d’une intensité sans cesse plus rigoureuse au fil d’un récit alerte, ne laissant que peu de répit à la précarité de ses victimes en instance de survie. Véritable modèle du genre, en mode huis-clos aqueux, Dangerous Animals redore la série B du samedi soir, porté par la présence mastard de Jai Courtney, tétanisant de force tranquille et de sûreté dans sa fonction fangeuse de serial killer primal. Le public, cramponné à son siège, n’aura de répit durant 1h33 - générique exclu.

C’est bien connu : « plus le méchant est réussi, meilleur le film sera ». Cette maxime hitchcockienne, Sean Byrne l’applique à la lettre, et l’on éprouve une haine viscérale, exponentielle, pour la lâcheté de ce tueur des mers que Jai Courtney incarne avec un sens du sadisme fielleux et d’une perversité poisseuse.
Par la densité d’un récit remarquablement charpenté et la motivation résignée de ses personnages - proies comme prédateur -, tous livrés à une confrontation morale puis physique avec une stoïcité éreintante, Dangerous Animals devient un jubilatoire jeu de massacre. Mention spéciale au rôle secondaire tant mis en avant sur l’affiche : le squale, réduit malgré lui à une complicité criminelle impromptue, que notre tueur s’amuse à exploiter pour parfaire ses exactions méthodiques. On peut y déceler, toutes proportions gardées, un clin d’œil à Henry, portrait d’un serial killer de John McNaughton, dans le voyeurisme audiovisuel distillé par Byrne.


Animée d’une rage viscérale aussi jouissive qu’épeurante dans son parcours de combattante, l’actrice Hassie Harrison se fond dans le corps d’une victime rebelle avec une bravoure sidérante (euphémisme), qui rappellera un certain classique du torture porn, sans jamais tomber dans l’outrance héroïque triviale - même si l’on pourra tiquer sur une incohérence un peu facile (qui plus est elliptique) lors du règlement de comptes final, qu’elle brave néanmoins avec panache.

Porté par une photographie naturelle exceptionnelle et une réalisation nerveuse, sans temps mort, Dangerous Animals distille une tension horrifique de plus en plus percutante, multipliant les rebondissements imprévisibles. Un autre léger couac narratif surgit toutefois avec l’apparition d’un personnage redresseur de torts, découvrant une planque avec une facilité douteuse. Mais Sean Byrne s’amuse à compiler ces coups de théâtre avec une cruauté perfide, insidieuse, et presque dénuée de modération. Ou alors si peu, à en juger par une conclusion habilement concise, qui va droit à l’essentiel sans sombrer dans le cliché démonstratif.

Après le génial The Loved Ones et l’excellent Devil’s Candy, Sean Byrne revient, dix ans plus tard, avec cette perle du genre au concept prodigieux, dont l’efficacité glaciale nous donne des sueurs - aussi jouissives qu’intolérables. 

Vive le cinéma australien, brut, ultra tendu, sauvage, irrespirable, incandescent.

— le cinéphile du cœur noir

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