samedi 19 juillet 2025

Le cinéma Fantastique des années 80: mode d'emploi.

 
                                                       "Les rêves fiévreux des années 80."

Le cinéma fantastique et d’horreur des années 80 possédait un cœur. Un cœur battant, généreux, palpitant d’idées folles, de visions enflammées, d’une tendresse presque enfantine pour ses monstres, ses freaks, ses damnés. Ces films transpiraient la sincérité. On sentait, sous le latex et les hectolitres de sang, une humanité profonde, une chaleur singulière, un amour farouche du cinéma. Ils voulaient nous raconter quelque chose - surtout dans les cauchemars.

Il y avait une foi. Une foi aveugle, belle, dans ce qu’on filmait. Et comme les cinéastes y croyaient, nous aussi. On rêvait avec eux, parce qu’ils rêvaient pour de bon, et non pour vendre du rêve. Il y avait de l’âme, du feu, du bricolage génial. Des effets spéciaux faits main, charnels, mécaniques, pleins de tripes et de texture. Du sang qui collait, de la chair qui palpitait, des visages qui fondaient vraiment.

Des films comme Bad Taste, Re-Animator, Frères de sang, l'Au-delà, Maniac, Carnage, Cauchemar à Daytona Beach, Evil Dead… c’était une révolution faite à la scie sauteuse, à la giclée rouge et au rire nerveux. Mais derrière la sauvagerie, il y avait toujours un regard. Quelque chose d’intime, de tangible. On tenait à ces personnages, si humains dans leur désespoir ou leur maladresse. Même les pires déviances gardaient cette étrange aura d’amour inavoué.

Et puis, il y avait cette ambiance… Ces lumières bleutées, ces brumes épaisses, cette manière d'envelopper le spectateur dans un monde parallèle. Les musiques étaient entêtantes, ensorcelantes, ciselées avec soin - elles vibraient longtemps après le générique. On n’écoutait pas que des synthés : on écoutait un souffle, une incantation. Quelque chose qui hantait et berçait à la fois.

Le cinéma fantastique des années 80 était un cinéma d’artisans possédés, de fous doux, de poètes gore. Il était fait de bouts de ficelle, de nerfs à vif et de tendresse. Il avait ce lyrisme naïf, cette chaleurosité (oui, ce mot inventé lui va bien) qu’on ne retrouve plus. Et même si tout partait en vrille, même si la réalité s’effondrait, il restait une lueur d’espoir. Une lumière étrange, vacillante, mais fidèle.

C’est peut-être pour ça qu’on y revient toujours. Parce qu’on y sent quelque chose de vrai, de pur, de sacré. Parce qu'on se sent bien avec eux, parce qu'on les aime. Toujours. 

Car quand on aime, on aime toujours trop.
 
 — le cinéphile du cœur noir
 

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