dimanche 13 mars 2011

BEDEVILLED (Blood Island) GRAND PRIX DU JURY A GERARDMER 2011

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site en.wikipedia.org

de Jang Cheol-So. 2011. Corée du Sud. 1h55. Avec Seo Yeon-Hee, Ji Sung-won, Min-ho Hwang, Min Je, Lee Ji-eun-i, Jeong-hak Park, Yeong-hie Seo.

GRAND PRIX DU JURY AU FESTIVAL DE GERARDMER 2011.

Sortie en France le 3 Mai 2011.

FILMOGRAPHIE: Jan Cheol-So est un réalisateur né 1974 en Corée du Sud.
Bedevilled est son premier long-métrage.

                                       

Première mise en scène de Jang Cheol-Soun, jeune coréen novice, Bedevilled, grand vainqueur du Festival de Gérardmer, est un mélange inhabituel des genres combinant le drame psychologique et l'horreur réaliste. Une narration dense et rigoureuse dédiée à ses personnages, subtilement structurée de manière à élever le genre horrifique vers une portée psychologique à la fois poignante et intense dans cette délicate et douloureuse histoire d'amitié entre deux jeunes femmes. Ce récit abrupt culmine son cheminement dans une lente descente aux enfers alors que l'une d'entre elles est déjà contrainte depuis trop longtemps d'accepter les pires sévices infligés à un mari ultra violent et putassier dans sa sexualité éhontée. Hae-won est une jeune célibataire irascible et égoïste, exerçant la profession de banquière à Seoul en toute autonomie. Un soir, elle est témoin d'une agression d'une jeune fille sans vouloir tenter de lui porter assistance. Alors que l'ambiance irritable avec ses collègues de travail se détériore davantage, elle est contrainte de prendre quelques jours de vacances sur une île qu'elle eut connu durant son enfance quand elle rendait visite à ses grands parents. C'est durant cette période infantile qu'elle fit la rencontre de Bok-nam, une fillette avec qui elle noua de solides liens d'amitié. Aujourd'hui, les deux anciennes amies vont pouvoir à nouveau se réunir mais un lourd secret enfoui dans leur passé et la vie martyre de Bok-nam vont sérieusement dissoudre leur amitié.


Avec une trame intelligente entièrement bâtie sur l'humanité de ces deux personnages, Bedevilled décrit dans sa première partie, et avec empathie, une évocation sordide de la vie d'une mère de famille contrainte de subir les pires offenses d'un mari ultra violent et ordurier, alors que sa propre petite fille doit subir des actes pédophiles engendrant de lourdes séquelles psychologiques. Sur un mode réaliste, brute, entaché d'une ambiance insulaire, Bedevilled dresse le portrait de cette femme battue et sexuellement violentée alors que la petite population locale, condescendante, et arriérée accepte facilement son fardeau sordide. Le retour sur l'île de son ancienne amie Hae Won ne va qu'exacerber l'accomplissement vindicatif de la femme soumise alors qu'un terrible évènement tragique va la faire basculer dans une horreur expéditive. Cette seconde partie revenge sombrer dans le pur concentré d'horreur ultra sanglante, fruit des conséquences crapuleuses commises sur une innocente victime condamnée à endurer l'humiliation physique et morale dans son implacable quotidienneté.

                                        

Le réalisateur juxtapose également le profil identitaire de cette séduisante bureaucrate lâche et irresponsable, Hae Wong (interprétée par la ravissante Ji Sung-won), jeune femme refoulée rendue solitaire et égocentrique par la remise en cause d'un passé répréhensible, car rongée par la culpabilité et le remord, incapable d'avoir su faire preuve de courage face à ses responsabilités et entreprendre un ultime baroud d'honneur à une époque où elle fut témoin d'un acte frauduleux impardonnable. Seo Yeon-Hee se révèle souvent bouleversante dans son personnage en demi-teinte de mère suppliciée, éreintée de tant de tortures et sévices sexuels avant que l'instinct meurtrier ne l'entraîne dans un effroyable châtiment punitif. Dans une réalisation maîtrisée multipliant les anges de caméra inventifs et baignant dans une atmosphère idyllique souillée par l'emprise de la mort (les FX sanglants sont particulièrement crus et cinglants), Debevilled oppose donc le drame hybride avec une horreur inéluctable. Un douloureux portrait d'une fragile intensité émotionnelle dans le caractère élucidé de deux jeunes femmes à jamais condamnées dans leur errance mentale réprouvée.


Un très beau premier film personnel, rigide, dur et émouvant, portrait fragile d'une ange déchue élevant le cinéma d'horreur à un échelon autrement ambitieux que les produits lambdas. Preuve éloquente avec son Grand Prix justement mérité à Gérardmer 2011 !

14.03.11.
Dédicace à Jérome.
Bruno

samedi 12 mars 2011

La Nurse / The Guardian

   Photo empruntée sur Google, appartenant au site hollywood90.com

de William Friedkin. 1990. 1h32. U.S.A. Avec Jenny Seagrove, Dwier Brown, Carey Lowell, Brad Hall, Miguel Ferrer, Natalia Nogulich, Pamela Brull, Gary Swanson, Jack David Walker, Willy Parsons, Frank Noon...

Sortie salles France: 25 Juillet 1990

FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés à la cérémonie des Oscars d'Hollywood. 1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.

                               
Démolie par la critique et boudée par le public de l'époque, cette formidable incursion aux sortilèges maternels est à réhabiliter sans l'ombre d'une hésitation.
Deux ans après Le Sang du Chatiment et juste avant d'enchaîner avec Jade (à réhabiliter !) et les décevants Blue Ship et l'enfer du devoir, William Friedkin réaborde en 1990 le registre de l'épouvante, genre qu'il n'avait plus côtoyé depuis 1973 avec son mythique l'Exorciste ! Le Pitch: Un couple récemment installé dans une bourgade de Los-Angeles engage une nurse pour la naissance de leur bébé. Mais cette dernière de prime abord séduisante, avenante et rassurante s'avère une adoratrice des forces du mal pour le compte d'un arbre maléfique adepte de nouveaux-nés. Avec une trame aussi troublante renvoyant aux contes d'antan comme le précisera un des enfants à l'orée du métrage pour sa lecture de Hansel et Cretel, William Friedkin nous concocte une série B horrifique sans d'autres ambitions que de tenter de nous inquiéter efficacement par le biais d'un scénario linéaire sans revirement il faut avouer. Si bien qu'à cause d'une filmographie exceptionnelle en proies aux thématique du Bien et du Mal, peu de critiques et de spectateurs lui pardonneront ce petit film largement sous-estimé lors de sa sortie. A tort, car aussi mineur soit-il, La Nurse parvient à distiller l'inquiétude, l'angoisse, la peur et la fascination à travers ce personnage de Gardienne férue d'un arbre maléfique pour lui offrir le sacrifice de nourrissons en guise de vie éternelle. Et ce à travers le parti-pris plutôt étonnant dans son format de série B sans prétention d'y préconiser un vérisme documenté, notamment grâce à la prestance particulièrement expressive de l'attachante interprétation, méconnue, mais irréprochable. Et sur ce dernier point, La Nurse ne déçoit pas quant à la progression dramatique de la psychologie parentale mise à épreuve d'une suite d'évènements et révélations improbables que le spectateur observe avec une attention sensiblement tendue.  


Jenny Seagrove incarnant le rôle de Camilla avec une beauté aussi sensuelle que reptilienne comme le prouve son immoralité insidieuse vouée aux causes du Mal. Une figure féminine dérangeante donc qui pourrait également évoquer la gouvernante de La Malédiction de Richard Donner ou de manière plus factuelle la tentatrice de The Kiss qu'eut endossé la toute aussi sublime Joanna Pacula. Son regard bleu attirant et son allure concupiscente attirant le spectateur comme le souligne cette séquence où Camilla sort dévêtue de son bain sous l'oeil timoré du mari épris de voyeurisme. Le couple vedette interprété par les méconnus Dwier Brown et Carey Lowell demeure aussi convaincant que d'imprimer sans ambages ce portrait insouciant de jeunes parents débordant d'amour et d'attention pour leur nouvelle progéniture mais qui, par la somme d'évènements troubles et de révélations audios insensées (les messages téléphoniques), vont ensuite redouter l'horrible machination qui se dessine lentement autour d'eux. Et si Friedkin se contente de livrer un récit limpide sans aborder de réflexion, il se rattrape également au niveau de son esthétisme à filmer les éléments d'une nature onirique. A l'instar de superbes séquences picturales sorties tout droit d'un conte pour adultes (Camilla nue au creux de l'arbre, ses promenades nocturnes fantasmagoriques, les rêves insolites du père de famille et ce dernier plan final où, d'un abord de fenêtre, un hibou nous observe sur un bosquet). Quant au final, oppressant et terrifiant, il adopte la tournure d'un cauchemar furibond où l'on retrouve la maestria du maître dans sa manière véloce de filmer des scènes chocs détonantes sans sombrer dans le ridicule (Camilla volant subitement dans les airs, l'intense séquence du type apeuré recroquevillé chez lui par la cause d'une meute de loups et enfin ce final complètement fou donc avec ce combat à la tronçonneuse contre un arbre tentaculaire que n'aurait renié Ashley, clin d'oeil à la saga Evil-Dead).


Oeuvre à la fois étrange, ombrageuse et angoissante pâtissant d'un scénario prévisible mais rehaussée d'une efficacité pour son déroulement narratif, son réalisme vérité et sa distribution infaillible, La Nurse mérite le détour au gré d'images singulières filmées en caméra mobile, voire parfois même agressives, pour nous captiver sans l'ombre de dérision (ou alors si peu si je me réfère au trio de violeurs crapuleux). Et c'est ce qui fait tout le charme de cette série B horrifique finalement crédible à mettre en exergue les odieuses stratégies d'une sorcière maternelle adepte d'une obsession écolo. 

P.S: A privilégier la VOSTFR par son saisissant degré de réalisme. 

*Bruno
04.07.10.
13.09.22

SEULE LA MORT PEUT M'ARRETER (I'll Sleep When I'm Dead)

                          

de Mike Hodges. 2005. U.S.A/Angleterre. 1H42. Avec Clive Owen, Jonathan Rhys-Meyers, Charlotte Rampling, Malcolm McDowell, Noel Clarke, Ross Boatman, Brian Croucher, Damian Dibben, Jamie Foreman, Paul Mohan...

L'ARGUMENT: Will Graham est un ancien caïd londonien qui a fui le milieu du crime pour échapper à la violence de ses jeunes années. Il essaie péniblement de retrouver la paix en vivant en solitaire, toujours à l'affût, dans les forêts du Pays de Galles. Mais son jeune frère, Davey va brusquement tout remettre en cause.

                              

POINT DE VUE POSITIF: Réalisateur de 10 longs-métrages mais aussi scénariste (en exemple c'est à lui que l'on doit le scénario de Damien, la malédiction 2), Mike Hodges nous aura offert une filmographie loin d'être inintéressante comme l'avait présager son premier film, le chef-d'oeuvre "La Loi du Milieu" avec Michael Cain, "Pulp", "l'Irlandais" avec Mickey Rourcke ou l'étonnant "Black Rainbow" avec Rosanna Arquette complètement ignoré à sa sortie.
Par contre on oublierai aisément son accident de parcours commis en 1985 avec "Les Débiles de l'espace" mais on applaudira aussi son joli nanar culte sci-fi qui fera l'objet d'un remake très prochainement avec l'inénarrable "Flash Gordon" à la distribution improbable !

A Londres un jeune dealer de came à la petite semaine revend sa marchandise auprès de clients mondains et en particulier aux jeunes délurées embourgeoisées loin d'être indifférentes au charme distingué du jeune escroc.
Un soir, de mystérieux inconnus décident de le kidnapper au coin d'une rue peu fréquentée pour être ensuite livré à leur patron peu scrupuleux qui décidera sans distinction de le violer sans pouvoir connaitre la véritable raison d'un acte aussi barbare.

                  

Mike Hodges aborde le drame dans un polar âpre, sec, parfois brutal, mis en scène de manière réaliste dans un climat austère en misant tout sur la caractérisation de ses personnages finement étudiés dans leur profil psychologique.
Le scénario intéressant et bien construit dans sa manière de nous livrer de plus amples détails essentiels au fur à et mesure de la progression du récit va nous amener à une possible vengeance après que Will, ancien caîd renommé se soit exilé dans une forêt, vivant reclu comme un SDF pour se faire pardonner à lui même des horribles méfaits qu'il a pû commettre dans son passé peu glorieux et meurtrier.
Mais la mort suspecte de son frère Davy l'amenera à revenir dans sa ville natale pour tenter de découvrir la vérité sur ce potentiel suicide car Davy a été retrouvé entièrement vêtu allongé dans sa baignoire, baignant dans son sang la gorge tranchée !
Au prémice d'un traumatisme psychologique pour cause d'un viol atroce fortuit, Mike Hodges va nous décrire le portrait d'une famille déchirée, tourmentée, engluée dans le banditisme mafieux, qui, à la suite de la mort de l'un des leurs va tout remettre en question sur leur sens de la moralité et de l'honneur, en particulier pour le grand frère solitaire Will, superbement campé par l'impressionnant Clive Owen dans le rôle d'un homme à la stature imposante, rongé par le remord, incapable de se pardonner une vie laminée par la déchéance du Mal.
Mais la mort de Davy, son frère de sang pourrait risquer de lui être fatale à force de vouloir découvrir l'horrible vérité surtout quand le mobile de cette agression sexuelle sera purement et bêtement une affaire de rancoeur jalousée d'une désolante banalité.

Sur un rythme lent et concis, pénétré par une tonalité musicale aux accents jazzy dans une ville londonnienne hostilement régie par des crapules arrivistes, "Seule la mort peut m'arreter" est une errance nocturne, nonchalante et désanchantée dans les états d'âme d'un homme profondément meurtri par son lourd passé qui avait réussi à entreprendre un long chemin salutaire de rédemption mais qui va devoir remettre en doute sa propre conscience, la redéfinir, réévaluer son ambition à ne pas se laisser écraser par la concurrence mafieuse après que son jeune frère en soit devenu l'innocente victime pour une simple affaire de rancoeur.

                                             

"Seule la mort peut m'arreter" est un polar noir remarquable et torturé, interprété avec force et conviction (Malcom Mc Dowell, ignoble et glaçant !), une réflexion sur la soif de vengeance et le sens de l'honneur à travers le trajet d'un homme volontairement esseulé qui va constament se décider si oui ou non il sera dans le devoir de se venger pour une bonne cause. Réparer une offense pour punir ou pire supprimer son auteur.
Le final étonnant dans sa fuyante morosité apportera une réponse amère qu'on imaginait pourtant optimiste 30 secondes auparavant. Quelques secondes qui auront suffi d'un ressentiment colérique incontrôlé, une indignation révoltée face à l'annonce d'un mobile aussi pathétique dans un faux conflit infructueux. En éprouvant la douleur insurmontable d'un deuil familial injustifié pour changer brusquement la donne et modifier à nouveau sa route rédemptrice.

05.07.10.

Rob Roy

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Caton-Jones. 1995. U.S.A. 2H19. Avec Liam Neeson, Jessica Lange, John Hurt, Tim Roth, Eric Stoltz, Andrew Keir, Brian Cox, Brian McCardie, Gilbert Martin, Vicki Masson, Gilly Gilchrist...

Réalisateur, acteur et producteur Britannique responsable de huit longs inégaux capable, "Rob Roy" est sans hésitation possible le haut du panier, voir même le meilleur film de son auteur pour un vibrant récit d'aventures historiques tiré d'une histoire vraie. L'action se déroule en Ecosse durant le 17è siècle pour nous narrer la vie de Robert Roy Mc Gregor, maitre d'un clan villageois qui, à cause d'un vol de bétail sollicitera l'aide d'un marquis pour lui prêter 1000 livres et ainsi subvenir aux besoins de centaines de villageois réduits à la famine. Mais à cause d'un complot concocté par deux dirigeants sans scrupule pour voler l'argent emprunté, Rob devra se rebeller, se battre contre l'autorité aristocrate au risque de perdre une bataille sans armes égales. Ainsi, à travers ses superbes paysages de vastes plaines écossaises, Michael Caton Jones nous cultive un récit d'aventures trépidant au souffle romanesque majestueux rappelant les plus grandes épopées guerrières de la belle époque teintées de lyrisme. La grande force de cette belle aventure passionnelle tenant prioritairement de l'affrontement particulièrement intense entre Cunningham, l'écuyer félon du marquis, et Rob Roy, défenseur des opprimés, robin des bois écossais sans peur et sans reproche où les enfants réunis autour d'un cercle amical écoutent avec attention ces récits contés, Et pour cet affrontement au sommet, il aura fallu deux interprètes taillés sur mesure pour rendre crédible leur rôle respectif. Si bien que comme le précisait Hitchcock, "plus le méchant est réussi, meilleur sera le film !"

Cunningham étant endossé par l'étonnant Tim Roth habité de naturel en personnage perfide, insidieux, ignoble, violeur, traitre et arrogant pour ne laisser transparaitre aucune émotion auprès de ces comparses et encore moins l'amour d'une femme aveuglément amoureuse de son emprise diabolique voué à la perversité. Tim Roth nous offre d'ailleurs ici l'un de ces meilleurs rôle, un être condescendant dénué de vergogne d'après ces airs hautains épaulés d'une posture efféminée teintée de provocation. Face à ce "méchant" aussi charismatique, authentique et excécrable, le tout aussi imposant Liam Neeson nous offre un rôle taillé sur mesure pour son personnage altruiste entièrement voué à la cause des plus faibles, à leur dignité humaine, au sens de l'honneur et à la force de courage à ne pas se laisser duper par un gouvernement corrupteur. Quant à la superbe Jessica Lange incarnant dans sa douceur nature l'épouse de Rob, elle demeure d'une beauté sans commune mesure auprès de son physique solaire, reflet de l'harmonie amoureuse portée à son fidèle compagnon. Elle prouvera également par son évolution qu'elle possède un tempérament ferme, une résilience déterminée à ne pas se rabaisser face à l'horrible lacheté d'un évènement d'une rigueur dramatique. Ainsi, à travers un récit dense, épique et puissant pour son éventail de conflits psychologiques et politiques rehaussé d'un trio de comédiens au sommet, parsemé de moments d'une violence brutale assez crue, "Rob Roy" constitue un magnifique spectacle historique à la fois passionnant, superbement mis en scène et doublé d'une histoire d'amour pure au fort pouvoir romanesque. Le final attendu et si redouté se clôturant sur un duel mémorable où la pugnacité des adversaires est pour une fois anti conforme (plutôt rare pour le souligner) jusqu'au légitime coup de grâce d'une incroyable sauvagerie !

Note:
Tim Roth remporta le BAFTA Award pour son role.

05.07.10. 2

REALITE HISTORIQUE.
LA VERITABLE BIOGRAPHIE DE ROBERT ROY McGREGOR.

Robert Roy MacGregor (baptisé le 7 mars 1671, mort le 28 décembre 1734), communément appelé Rob Roy ou Red MacGregor, est un hors-la-loi et un héros populaire écossais du début du XVIIIe siècle.
Rob Roy est né à Glengyle, au bord du Loch Katrine, comme le certifie un extrait des registres du baptême de la paroisse de Buchanan. Son père était Donald MacGregor et sa mère Margaret Campbell. Rob Roy se maria à Glenarklet, en janvier 1693, avec Mary Helen MacGregor, née à Leny Farm (Strathyre). Par la suite, ils eurent quatre enfants: James (également appelé Mor ou Tall), Ranald, Coll et Robert (connu sous le nom de Robin Oig ou Young Rob, en français « Rob le Jeune »). Un cousin, Duncan fut également adopté.
Rob Roy est le nom anglais du gaélique Raibeart Ruadh, ou Robert le Rouge, en raison de sa chevelure rousse et bien que celle-ci ait bruni vers la fin de sa vie.
Il fut un brigand des Highlands, connu comme le Robin des Bois écossais. D’abord trafiquant de bétail, il devint lui même éleveur et vendait sa protection à ses voisins contre les autres voleurs de bétail. Un de ses clients n’était nul autre que James Graham (1682-1742), 4e marquis de Montrose, 1er duc de Montrose (en 1707). Il semble qu’il y ait eu une mésentente entre les deux hommes qui eut pour conséquence l’expropriation des MacGregor. Après la saisie de ses terres par le Duc, Rob Roy le combattit jusqu’en 1722, où il fut obligé de se rendre. Emprisonné, il fut finalement pardonné, en 1727. Il mourut le 28 décembre 1734 dans sa maison à Inverlochlarig Beg, Balquhidder. Sa tombe se trouve dans le cimetière de Balquhidder.
La légende de Robert Roy MacGregor a inspiré le roman Rob Roy de Sir Walter Scott. Plusieurs adaptations de son histoire ont également été portées à l’écran, la plus récente étant Rob Roy, de Michael Caton-Jones en 1995.
La maison de Glengyle sur les rives du Loch Katrine, qui date du début du XVIIIe siècle, est construite sur le site de la maison de pierre dans laquelle Robert MacGregor serait né. En novembre 2004, elle a été vendue aux enchères malgré les objections du Scottish National Party (SNP - Parti national écossais).

CANINE (Dogtooth)

                           

de Yorgos Lanthimos. 2009. Grèce. 1H34. Avec : Christos Stergioglou, Michelle Valley, Aggeliki Papoulia, Mary Tsoni, Hristos Passalis, Anna Kalaitzidou, Alexander Voulgaris.

L'ARGUMENT: Le père, la mère et leurs trois enfants vivent dans les faubourgs d'une ville. Leur maison est bordée d'une haute clôture. Les enfants n'ont jamais franchi la clôture. Leur éducation, leurs loisirs, leurs amusements, leur ennui, leur entraînement physique se conforment au modèle imposé par les parents, en l'absence de toute empreinte du monde extérieur.

POINT DE VUE NEUTRE: ATTENTION SPOILER !!!!!! 
3è long-métrage d'un réalisateur, scénariste et producteur d'origine Grec ignoré chez nous, Yorgos Lanthimos aurait-il trop vu "Eraserhead" de David Lynch en réalisant cet OVNI dénué de sens et de raison à moins d'avoir trop visionné en boucle "Salo et les 120 jours de Sodome" ?

                                       

Une famille d'attardés échappés d'un asile psychiatrique (à moins que ce soit des extra-terrestres fuyants de leur planète Vexius ou des politiciens déguisés en famille modèle ??? on t'a r'connu Sarko !!! saligaud !!! ah ah ah !!!) essaie tant bien que mal de vivre le plus harmonieusement possible entre attouchements sexuels incestueux, baignades dans une piscine, plaisirs sexuels préliminaires, fête d'anniversaire improbable, aboiements intempestifs et suicide final de l'une des 2 soeurs en se soutirant une canine et s'enfermer dans le coffre d'une voiture. FIN.

Comment établir une critique cohérente et sérieuse après avoir vu un tel débordement divin de délires successifs ininterrompus aussi atypiques qu'irritants, en même temps que l'ambiance glaciale et impénétrable prête doucereusement à un état de fascination dans un climat clinique dérangeant, déroutant, malsain, déconcertant mais constamment agaçant !
On aime un peu, beaucoup ou on déteste et on rejette en bloc ! tout est question de personnalité de chacun et d'une éducation fondamentalement établie dans le puritanisme ou la marginalité ! à moins que ce soit les 2 à la fois !
A moins que "Canine" soit une métaphore, une réflexion sur le sens de la vie, une thèse sur l'alliénation humaine et/ou mentale, une dissertation sur l'éducation parentale et son excès de pouvoir autoritaire fascisant si le père n'est pas un psychopathe !

                               

Imaginez une famille inclassable jamais vue nulle part ailleurs du genre: plus timbrée la vie !
Où les enfants lèchent leur parents pour leur adresser un bonjour matinal, où des gros poissons sont volontairement déposés dans leur piscine pour ensuite pouvoir les pêcher, où un chat carnivore et meurtrier se baladerait avec un marteau en pleine nuit pour s'en aller frapper sur la tête des enfants ! où les enfants pensent que les avions qui volent au-dessus de la maison sont des jouets et les zombies des fleurs jaunes ! où des attouchements et rapports sexuels (avec inserts pornos filmés sans complaisances cependant !!!) entre filles et frère en manque d'épanouissement sont pratiqués quotidiennement en guise de récompense, où l'on assiste à un anniversaire de mariage aigri où les filles dansent comme des pinbèches délurées et schizophrènes, où le père observe un porno à la TV comme s'il regardait une émission culturelle d'Arte sans y éprouver le moindre plaisir coupable, où l'on pratique une punition radicale à base de cassette vhs claquée en pleine gueule sur l'une des 2 soeurs ou pire un lecteur vhs claqué en pleine tête sur une fille étrangère au cocon familial ! sans oublier le massacre au sécateur d'un chat subitement découvert dans le jardin !
Bienvenu chez les fous me direz vous ! à moins que ce soit nous les véritables alliénés de la bienfaisance et du politiquement cultivé et éduqué !
La réponse je vous laisse seul juge de ce fantasme collectif hallucinogène à l'ambiance anxyogène désincarnée qui imprègne la rétine du spectateur successivement au bord d'une migraine inconfortable ou d'un semblant de folie rendu contagieuse par la transmission d'une pellicule baignée dans l'acide sulfurique !

"Canine" reste pourtant un film asphyxiant à revoir absolument comme si l'on était irrésistiblement attiré par son pouvoir transgressif anticonformiste et radicalement autre mais sans savoir s'il faut s'inquiéter de son ressentiment totalement neutre, voir inexpressif ! du moins pour mon cas !

                                       

06.07.10.

NOTE: Prix Un Certain Regard, 2009 Cannes Film Festival)

JACK BROOKS MONSTER SLAYER

                                     

de Jon Knautz. 2007. Canada. 1H29. Avec Robert Englund, Trevor Matthews, Rachel Skarsten, David Fox, Daniel Kash, James A. Woods, Stefanie Drummond.

L'ARGUMENT: Jack, plombier vivant dans un perpétuel état de rage depuis que sa famille a été massacrée, devra affronter des créatures surgies d’un univers parallèle lorsqu’il ira dépanner la tuyauterie du professeur Crowley.

POINT DE VUE POSITIF: Premier réalisation de Jon Knautz également scénariste, "Jack Brooks" est un mirage dans notre paysage fantastique contemporain tant il reprend les composants et les clichés avec hommage et affection à la fameuse décennie bênnie des années 80.

                         

Jack, jeune plombier discret mais impulsif a perdu ses parents quand il était enfant, massacrés devant ses yeux par un monstre cloitré au fin fond d'une forêt. Traumatisé par cet évènement si tragique, il se fait suivre par un psycholoque de renom pour entreprendre une thérapie et ainsi gérer ses émotions véhiculées par un tempérament susceptible, une attitude violente impromptue pour son entourage et ses témoins anonymes portés victimes malgré eux.
Alors qu'il répare une tuyauterie chez le Dr Crowley, il ne s'imagine pas qu'à cet instant sa vie va prendre une tournure différente quand il fera face aux forces démoniaques délivrées par un mystérieux coeur noir épousant peu à peu l'aspect de monstres peu ragoutants en possédant les esprits des êtres humains !


Après un début en fanfare faisant intervenir 2 monstres alléchants, l'un délirant et l'autre terrifiant, la suite va prendre son temps à installer ses quelques personnages, concocter une intrigue amusante pour justifier l'existence de la venue de ces monstres sur notre Terre, clairsemée entre autre de scènettes farfelues bienvenues qui n'enlèvera rien au charme constant que l'on éprouve durant tout le métrage avant que n'arrive une dernière demi-heure fougueuse et endiablée !

Tout d'abord autant prévenir les ardents amoureux de films de monstres décuplés car la jaquette très BD semble affirmer une grande aventure débridée à la manière d'un "Monster Club" matiné de "Jack Burton" et finement relevé d'"indiana Jones" !
Ce qui ne sera pas vraiment le cas car nous n'allons pas être en présence d'un florilège généreux de monstres tous plus affriolants les uns que les autres, non, car dans Jack Brooks vous ne verrez en fin de compte que 3 grands monstres difformes mais de belles créatures démoniaques réalisées avec amour et beaucoup d'attention !
A cause de moyens peu conséquents car doté d'un faible budget, "Jack Brooks" ne pourra pas se vanter de rivaliser avec les classiques du genre qui ont joyeusement bercé nos années 80 mais il possède malgré tout suffisamment d'atouts dans son sac à malice pour nous faire passer un bien agréable moment en compagnie d'un plombier qui va devoir faire face et finir par se battre contre les forces obscures du Mal.
Cette comédie horrifique qui ne cible pas un public familial (et c'est tant mieux) alors que l'affiche du film pourrait faire naitre le contraire séduit avant tout par son esprit léger et chaleureux, sa sincérité à nous faire partager un vrai film d'horreur fun fusionné au délire absurde du second degré. Les personnages primaires et parfois fébrilement bêtas ne sont pas en reste et surtout les fameux monstres seront entièrement réalisés à la main, à l'ancienne, à l'artisanal, c'est à dire sans aucun effet numérique et à ce niveau là c'est du bonheur beaucoup trop rare pour ne pas le souligner. Le côté jouissif des situations et des séquences d'action valent leur pesant d'or à travers un bestiaire monstrueux jouissif, tentaculaire qui bifurque en fin de parcours sanglant et survitaminé vers le film de possédés à la manière de "Evil Dead" et de "Brain Dead".

                     

Ce qui rappelera avec nostalgie au spectateur fanatique de ce genre de spectacle décomplexé les perles des années 80 qu'auront été antérieurement "Atomic College"', "Bad Taste", "Monster Club", "Mausoleum"', "House" et aussi plus récemment pour la nouvelle génération "le Couvent" et "Horribilis".

Au niveau des comédiens il y a fort longtemps que l'on n'avait pas vu un Robert Englund aussi en forme pour son personnage de Docteur (rendu) Maboul qui va progressivement se laisser happer par les forces surnaturelles de son jardin maudit pour ensuite s'en aller retrouver ses élèves de classe et se transformer en plein cours de fac en monstre verdatre glouton, belliqueux et bedonnant !
Il s'en donne à coeur joie dans les expressions idiotes et ridicules, dénuées de sens et de raison dans ses tics délurés avant d'aboutir à sa métamorphose accomplie gargantuesque !
Dans le role du anti-héros Jack Brooks, Trevor Matthews surprend aussi pas son physique anodin d'anti bellâtre, peu musclé et dénué d'ambition. Sorte de plombier en casquette paumé sans identité mais possédant malgré tout une certaine trogne attachante, condamné à consulter inlassablement son psychologue de service sans jamais bénéficier d'une potentielle guérison pour son net penchant à la rancune violence injustifiée, reflet d'un choc traumatique infantile irréversible.
A moins qu'un tube des années 50 lui offrira le déclic de combattre ses démons intérieurs et affronter pour de bon les pires créatures voraces de la Terre !

"Jack Brooks" est une petite série B ludique et communicative pêchant parfois d'un manque de rythme dans sa première partie mais sans jamais céder à l'ennui, l'idéal divertissement du samedi soir à voir entre potes, qui, malgré son manque flagrant de moyens et d'une réalisation sans gênie néanmoins appliquée réussi à séduire, amuser, voir enthousiasmer (surtout dans sa dernière partie) par sa sincérité, son respect du genre et son amour immodéré pour les monstres méchants cartoonesques du cinéma Bis à base de gore et de burlesque volontairement bêtifiant mais finalement drôle.

                                 

Il faudra impérativement entreprendre une suite car on sent que cette première tentative à vouloir créer un nouvel icone du tueur de monstre à la manière d'un Ash ou Jack Burton n'était qu'une possible mise en bouche et qu'avec des moyens plus adéquats et une réalisation plus solide nous pourrions avoir la possibilité de fantasmer notre "Evil-Dead 2" du film de Monstres !
Surtout quand on apprend qu'à la fin Jack Brooks n'aura plus qu'un seul et unique but dans sa nouvelle vie ardente ! parcourir le monde et débusquer le moindre monstre qui pourrait s'y planquer !
Avant d'embarquer dans de nouvelles promises aventures, vous pouvez déjà sans prétention jeter un oeil distrait et amusé sur ce p'tit film bougrement sympathique, affectueux et vivifiant.

07.07.10.

DEAD GIRL

                          

de Marcel Sarmiento et Gadi Harel. 2008. U.S.A. 1H44. Avec Shiloh Fernandez, Noah Segan, Michael Bowen, Candice Accola, Andrew DiPalma, Eric Podnar, Nolan Gerard Funk, Christina Blevins, Kelle Cantwell, Jenny Spain.

L'ARGUMENT: Deux lycéens Rickie et JT décident de sécher les cours et se retrouvent dans un hôpital voisin désaffecté. Ils font sur place une macabre découverte : le corps dénudé d'une jeune femme enchaînée à une table et recouverte de plastique.

POINT DE VUE POSITIF:
Il s'agit du 3è long-métrage de Marcel Sarmiento assisté de la 1ère réalisation de son comparse Gadi Harel et en attendant leur nouveau prochain projet "Murk/Morke", "Dead Girl" est un choc horrifique éhonté mais jamais tendancieux à se complaire dans l'innommable et le gore gratuit pour le simple plaisir de choquer.
Le film est également tiré d'un scénario rédigé par Trent Haaga, ancien membre de l'écurie Troma (ah ben oui, j'comprends mieux maintenant !) à qui l’on doit notamment "Toxic Avenger 4" ainsi que de nombreuses apparitions dans divers films de la célèbre firme déjantée.

                             

Deux lycéens se retrouvent par hasard dans un hopital abandonné auquel ils vont faire la plus morbide des connaissances de leur existence : la découverte impromptue du cadavre d'une jeune femme déshabillée, enchainée sur une table, recouvert d'un plastique translucide sur le corps.

Dire que "Dead Girl" dérange au plus haut point est un mince euphémisme tant cette production sulfureuse et personnelle se vautre comme personne sans détour dans le malsain et le sordide avec style et état d'esprit marginal à travers l'expérience nécrophile de jeunes adolescents hautement dérangés, commandité par un pervers misogyne proprement abjecte qui va influencer tout son p'tit groupe dans une tournante vomitive gratuite dénuée de moralité. Ou la femme ne sera réduit qu'à un amas de chair sexuellement consommée !
Un à un, ces jeunes décervelés déboussolés de la réalité vont gentiment se vouer au plaisir de la jouissance en violant le cadavre glacial d'une fille rendue jaunie par la mort, mis en exergue par de multiples plaies et contusions pourrissantes sur son torse. Et pour en rajouter dans le glauque et l'horreur contemplative, la pire révélation venant du fait que la jeune fille reste toujours vivante malgré le nombre de viols intensifs et de coups violents répétés sévèrement portés par leurs tortionnaires.
Les jeunes ados présomptueux et imbus de leur personne se conduisent ici comme de misérables porcs dénués du moindre sentiment de rancoeur et de remord envers la résultante de leurs actes frauduleux, où l'influence du Mal va s'accaparer le plus facilement du monde de chacun d'entre eux et celà jusqu'au final poétiquement macabre ou personne ne pourra accéder à un chemin rédempteur ou cathartique.

                              

La grande force de "Dead Girl" vient de sa narration couillue perpétuellement imprévisible car bourré d'évènements surprenants (la scène de la station service au trait d'humour caustique et absurde se révèle à ce titre un exemple éloquent), innatendus, estomaquants, fortement dérangeants dans un sombre climat caverneux irrespirable ou suinte à chaque recoin l'odeur de la mort putride irrationnelle.
Le refus aux réalisateurs de s'embarquer dans le conformisme traditionnel et les situations conventionnelles classiquement établies forcent le respect car ici on ne sait jamais ou tout cela va nous mener et l'on est constamment surpris, assomé, subjugué, balloté, embarqué malgré nous par un cauchemar atypique faisant figure d'ovni avec son argument fantastique zombiphile imaginé de manière singulière, hors-norme, jamais vu autrement !
Cet ignoble jeu cruel, morbide est profondément malsain ira jusqu'au bout de son sujet, balloté entre étude sociale d'une nouvelle génération adolescente déboussolée, esseulée, se vautrant pitoyablement dans la médiocrité, la facilité et la bassesse humaine à vouloir désirer contrôler, obtenir, s'approprier, enchainer à tous prix le sexe opposé, la Femme pour leur frustration d'être de simples lycéens incapables d'aimer, d'éprouver le moindre sentiment envers autrui du moins pour la plupart de ces anti-héros. Et ici, même dans l'amour escompté, le semblant de bonheur terminera sa route dans une love story maladive, désanchantée, nécrophile, tristement pathétique.

Certaines scènes restent floutées, sans réponse comme l'apparition improbable du chien, sorte de doberman d'apparence étrangement affinée avec son regard perçant et menaçant ou l'innatendue découverte de la morte vivante qui ne sera jamais élucidée mais c'est ce qui rendra le métrage davantage insolite, bousculant nos habitudes de plaisir frissonnant pour ces peloches horrifiques à la base divertissantes et jouissives. L'exact antinomie de tout ce que l'on a l'habitude de voir dans ce type de production.

                               

"Dead Girl" ne pourra faire l'unanimité, en rebutera certains à cause de son sujet hautement déviant, scabreux, subversif, transgressant toutes les lois établies à travers un scénario déglingué proprement dérangé mais malgré cela ce poème souffreteux profondément noir, malsain, jusqu'au-boutiste car ancré dans les pronfondeurs du Mal amène une oeuvre unique parfois maladroite (montage momentanément approximatif comme la 1ère attaque du doberman mal gérée), voir bancale dans sa demi-mesure de pointer du doigt une jeunesse désoeuvrée, livrée à elle même et associer un vrai récit d'horreur inclassable, fascinant, captivant, au parfum de scandale régi par l''antipathie de nos protagonistes paumés se complaisant dans un immonde gouffre mortuaire immoral.
En résulte un vrai choc sous acide qui bouscule les règles de manière peu commune, parce que véritablement couillu et osant aller dans des sentiers interdits que peu de personne n'ose emprunter.
De mon point de vue subjectif, une bonne claque venue de nulle part, la joue engourdie...

Je précise quand même avec attention que "Dead Girl" est à réserver impérativement à un public averti !

08.07.10

PLAGUE TOWN

                                

de David Gregory. 2008. U.S.A. 1H21. Avec Josslyn Decrosta, Erica Rhodes, David lombard, Lindsay Goranson, James Warke...

L'ARGUMENT: Une famille de touristes américains en voyage en Irlande rate le car qui devait les ramener en ville. À la recherche d’un endroit où passer la nuit, ils découvrent un étrange village, coupé du monde, dans lequel trop de mariages consanguins ont laissé des traces.

POINT DE VUE POSITIF: Première réalisation de David Gregory, également responsable de l'écriture du scénario, "Plague Town", série B discrète et sans prétention renvoit aux ambiances cauchemardesques campagnardes teintées de survival dans la lignée de "Witness", "La Ferme de la Terreur" ou "les Enfants du Mais".

                             

14 ans plus tôt, une femme accouche d'un bébé apparemment difforme et monstrueux qu'un prêtre aura voulu fatalement tuer de sang froid d'une balle de revolver dès sa naissance.
Mais les parents ne l'entendent pas de cette manière et décident coûte que coûte de garder leur progéniture en vie malgré les fermes mises en garde. La famille décide alors de supprimer le prêtre.
De nos jours, un groupe de jeunes touristes s'aventurent malencontreusement dans un village fantasmagorique situé en Irlande où les habitants hagards et sans identité semblent physiquement défigurés et épris d'un irrésistible besoin meurtrier sans livrer aucune concession pour leur victime prise en chasse.

Cette série B venue de nulle part qui établit les bases conventionnelles d'un slasher coutumier avec son lot de clichés inhérents au genre (les protagonistes qui ratent malencontreusement leur bus, leur inquiétude face à un environnement hostile, leur refuge inévitable dans des endroits si lugubres) va insinueusement se démarquer après une mise en condition latente d'un suspense un peu folichon pour bifurquer vers une seconde moitié de métrage complètement inattendue, surprenante, affolante, cauchemardesque, rehaussée d'une ambiance insolite gothique imprégnant tout le métrage, d'une photographie sombre aux variantes du noir et blanc accentuant la pâleur de chaque visages composé et des scènes gores parfois extrêmes, complètement allumées, plutôt efficaces même si la complaisance est parfois de mise (voir l'hallucinante séquence où l'un des meurtriers va massacrer la tronche d'une demoiselle à coups d'enjoliveur de voiture ! la scène est extrêmement violente, brutale, cruelle, intense dans les coups répétés et portés sur la victime, voire à la limite du supportable !)

                                 

Un peu dommage pour les comédiens hasardeux réduits le plus souvent à de la simple chair à pâté (malgré le réalisme des scènes graphiques bien sanglantes), quelques situations convenues comme ce final incohérent dans le refuge de la maison réalisé de manière confuse, un montage maladroit rendant des scènes parfois illisibles et des poncifs gros comme des oeufs d'autruche mais malgré ses défauts énumérés "Plague Town" se révèle un DTV à se procurer absolument pour les amateurs de frissons singuliers et d'ambiance étrange indocile invitant à surprendre et envouter le spectateur embarqué par la main dans une farandole morbide aux allures de cauchemar atypique avec ces séquences et idées incroyables comme les coups de fougères violemment perpétrées aux victimes, les fils de nylon étirés par de 2 petites filles pour sectionner en 2 parties un visage pris en otage, les branchages et feuillages cousus mains dans le visage d'un pauvre homme réduit à l'état de pantin après avoir reçu une balle de chevrotine en pleine joue, le visage dérangeant du bébé à la toute fin et surtout l'apparence hermétique de tous ces habitants anachroniques défigurés, sorte de monstres de foire sortis d'un bal masqué avec leur semi masque camouflant des yeux dénaturés, vêtus d'un accoutrement vestimentaire académique pour ces êtres diabolisés empruntant parfois aux contes de fées nocturnes habitées par la notion du mal.
De surplus, peu aidé par un scénario linéaire 100 fois vus sans véritable surprise, le spectateur sera finalement déconcerté, entrainé, conquis par tous ces évènements soudains et brut de décoffrage, du moins dans cette longue seconde partie énergique amplifiée par une surenchère de violence rêche exarcerbée où les amateurs de gore seront à la fête.
Un chassé croisé haletant, inconfortable, répétitif mais pourtant surprenant dans l'imagination hors normes délivrée d'un florilège de séquences baroques emmêlées dans une partition musicale lourde et oppressante accentuant l'angoisse des évènements décrits.


                            


Une belle surprise à découvrir qui sort du lot habituel des petites productions horrifiques orthodoxes malgré ses maladresses et sa réalisation bricolée.

13.07.10.

DERNIERE SORTIE POUR BROOKLYN (Last exit to Brooklyn)

                        

de Uli Edel. 1989. U.S.A/ Angleterre/ Allemagne. 1H42. Avec Stephen Lang, Jennifer Jason Leigh, Burt Young, Peter Dobson, Jerry Orbach, Stephen Baldwin, Jason Andrews, James Lorinz, Sam Rockwell, Maia Danziger...

L'ARGUMENT: Brooklyn dans les années 1950, où prospèrent corruption et violence. Une galerie d'êtres humains livrés à eux même vont tenter de survivre dans un no man's land sans espoir d'une éventuelle rédemption.

POINT DE VUE POSITIF: Uli Edel est un réalisateur prolifique, scénariste, producteur et monteur allemand responsable d'une pléthore de séries TV, télé-films et longs-métrages concoctés entre 1971 et 2010 côtoyant parfois le pire comme "Body" (1993) avec Madonna ou le meilleur avec "Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée..." (1981) ou plus récemment "l'Anneau Sacrée" (2004).
Réalisé en 1989, "Last exit to Brooklyn" est l'adaptation du roman, composé de six nouvelles implacables, d'Hubert Selby, décrivant le monde des déclassés du quartier de Brooklyn dans les années cinquante. En 1964 à sa sortie le livre de Selby fut interdit dans plusieurs Etats et un procès retentissant eut lieu à Londres.

                                          

Dans l'Amérique des années 50 au pays des déshérités, une poignée de personnages largués tente de survivre dans un quartier malfamé pour leur quête identitaire éperdue enfouie dans une profonde humanité qu'ils ne parviendront pas à extérioriser et embrasser.
Uli Edel nous entraine sans détour dans une descente aux enfers nonchalante, implacable avec son lot de marginaux aseptisés, aux bas intincts primaires incapables d'éprouver la moindre compassion envers leur potentielle victime. Face à des êtres davantage affaiblis par leur environnement précaire, en perpétuel questionnement existentiel dont l'inégalité sociale ne pourra les remettre au cheminement de la docilité.
Harry Black, syndicaliste rebelle, n’éprouve plus de désir charnel pour sa femme après lui avoir sauvagement fait l'amour (la scène est brute et surprend par son effet de surprise sans concession). En rencontrant Virginia, un travesti, il s’apercevra de son homosexualité. Mais cet amour factice rencontrera une terrible destinée dans une hypothétique tentative de viol d'un adolescent hagard.
Un père de famille italien refusera obstinément à ce que sa fille entame les liens du mariage pour quitter son cocon familial et entreprendre sa nouvelle vie maritale. S'ensuit quelques règlements de compte induits en affrontement physique entre ce patriarche hautain, obtu et bas de plafond et le beau fils à la personnalité anodine sans ambition particulière.
Tralala, une jeune prostituée pulpeuse et paumée va rencontrer un jeune soldat la veille de son départ pour une mission en guerre de Corée. Leur destinée fatale et sans retenue s'épousera dans un abject viol en réunion improvisé, entrepris sur cette chair désincarnée prise de conscience de son échec sentimental.
L'ignorance du danger, la colère réprimande réduite à une aveuglante forme de suicide pour un lynchage permissif démesuré affiné à la bestialité de la bassesse humaine.

                                          

Des personnages meurtris, pathétiques, miséricordieux, déchus en proie à leurs angoisses, leur désir, leur volonté de cueillir et apprivoiser leur âme humaine qui ne feront qu'effleurer un bonheur insondable.
Mis en cause par une éducation éhontée, écornée, sans foi ni loi ou l'homophobie, le racisme, la violence gratuite, les beuveries dans les bars crasseux et les larcins quotidiens s'imposent pour régner en maitre.
Le vice et la haine à chaque étage d'une échelle sociale cimentée dans la pauvreté et la misère affective.

Dans le rôle de Harry Black, Stephen Lang se révèle inné dans son personnage étrange en demi-teinte dans une valeur morale intermédiaire à cause d'une sexualité refoulée et d'un refus de se subvenir à l'autorité dictatoriale. Tour à tour ambigu, révolté, bouleversant dans son regard vide et anxiogène davantage anéanti par la détresse finale d'une solitude inconsolable.
La jeune prostituée Tralala interprétée avec tempérament par la ravissante Jennifer Jason Leigh sait se montrer autoritaire et rebelle mais aussi fragile, blessée, esseulée, violée dans sa propre chair. Elle laissera place à un irrésistible besoin maternel (la scène finale avec le jeune adolescent en motocyclette) après avoir été éprise du sentiment amoureux inabouti.

                                         

"Dernière sortie pour Brooklyn" est un cauchemar âpre, dur et sans espoir, englué dans le désespoir et le destin sans éclat de personnages bouleversants dans leur humanité orientée au bord d'un précipice. Un portrait décadent, désenchantée de l'âme humaine livrée à ses plus bas instincts malsains dont on ne pourra sortir indemne. Beau, triste et sordide à la fois.
22.07.10.

vendredi 11 mars 2011

KICK ASS

                          

de Matthew Vaughn. 2010. U.S.A. 1H57. Avec Aaron Johnson, Christopher Mintz-Plasse, Mark Strong, Chloe Moretz, Omari Hardwick, Xander Berkeley, Michael Rispoli, Clark Duke, Lyndsy Fonseca, Evan Peters...

L'ARGUMENT: L'histoire suit un lycéen que personne ne remarque nommé Dave Lizewski. Il décide de devenir un super-héros alors qu'il ne dispose d'aucune aptitude physique particulière. Envoyé à l'hôpital lors de sa première sortie, il ne renonce pas et sauve ensuite la vie d'un homme, ce qui lui vaut de devenir une célébrité médiatique lorsque la vidéo de son exploit est diffusée sur YouTube.

POINT DE VUE ELOGIEUX: Troisième film d'un acteur, réalisateur, scénariste et producteur à qui l'on doit "Layer Cake" (2004) et "Stardust" (2007).
"Kick Ass" constitue une adaptation du comic book créé par Mark Millar et John Romita Jr.

                         

Un adolescent rêveur mal dans ses baskets décide de devenir un super-héros malgré la normalité de sa force humaine et sa faible corpulence peu taillée pour s'accoutumer d'un tel emploi de sauveur de l'humanité contre l'injustice du mal.
Sur sa route il va rencontrer un duo iconoclaste beaucoup plus radical et professionnel que lui, tandis que la mafia davantage irritée par ce chambardement intempestif s'intéresse d'un peu plus près à ces nouveaux super-héros des temps modernes !


L'ambition première du film "Kick ass" est de donner un bon coup de pied dans la fourmilière de tous ses super-héros névrosés dôtés de pouvoirs surhumains combattant le crime par leur force surnaturelle !
Ici, Matthew Vaughn dépoussière le mythe de manière totalement autre, frontale avec un savant dosage de violence exacerbée par les nombreuses éclaboussures de sang ! Comme si nous avons à faire à une bande dessinée déviante et sardonique conçu prioritairement pour un public adulte et responsable !
Et à ce niveau, le spectateur habitué à ce genre de spectacle tous publics (ou presque) s'en trouve rapidement interloqué par tant d'ultra violence jouissive, estomaquante et de ces personnages terre à terre plus vrais que nature pour la composition d'acteurs de supers-héros !
D'autant plus que la virtuosité des scènes d'action chorégraphiées à la manière d'un John Woo scotchent le spectateur impressionné par la fluidité des séquences mentionnées.
L'énergie déployée de ses scènes rocambolesques est transcendée par une mise en scène survitaminée qui s'empare du récit avec beaucoup d'humour débridée et d'un habile montage d'une inventivité constante.

                                

Là ou le film emporte aussi pas mal de points, c'est dans la caractérisation de chaque personnage singulier, particulièrement bien dessiné, comme le père revanchard campé par un sobre Nicolas cage, surprenant dans sa droiture chevronnée, déterminé à se venger de ceux qui l'ont envoyé 5 ans derrière les barreaux.
Pour se faire, il décide d'inculquer à sa gamine de 11 ans le maniement des armes, l'habileté à combattre à mains nues, supprimer l'ennemi ciblé sans aucun état d'âme et surtout ne faire jamais confiance à personne. Une condition qu'il pourrait malgré tout lui même trahir et ainsi causer la perte de la confrérie.
Cette fillette de 11 ans prénommée Hit Girl, interprétée par la vrombissante Chloë Moretz sera LA star du film !!! Il faut la voir se trimballer en tenue d'écolière pour ensuite se vêtir d'une panoplie de guerrière de manga, bondir fougueusement sur les murs, sauter à perdre haleine et s'éjecter sur l'ennemi avec ses armes meurtrières et autres gadgets élancés sans nullement hésiter une seconde à tuer de sang froid chacun de ses adversaires.
A côté, Kick Ass joué par Aaron Johnson fait pâle figure avec ses deux matraques anodines et son pijama vert digne d'un Star Trek animé !
Mais la conduite du récit amenera malgré tout Kick Ass a reprendre du poil de la bête, démontrer enfin ses véritables preuves et sauver d'une mort certaine l'un de nos super-héros pris à parti !
Quand au 4è larcin, Red Mist interprété par Christopher Mintz-Plasse (Supergrave), il est le méchant ado du film, le traitre rusé ayant pour mission d'infiltrer le groupe et ainsi nuire à cette nouvelle société de supers-héros marginaux (en attendant son éventuelle revanche dans un fatidique 2è volet au vu du clin d'oeil final !).

                                

Enrichi d'une bande son percutante et fantasmée (on y croise autant du Morricone que le dernier tube contemporain), sans jamais oublier l'émotion pour l'attachement causé à nos personnages, "Kick Ass" est un spectacle délirant haut en couleurs jamais vu auparavant (en dehors de Defendor impliqué sur le même principe).
Une sorte d'ovni subversif qui se prend un malin plaisir à transgresser l'interdit, offrant quelque chose d'inédit et de foncièrement original dans l'univers retranscrit par cette poignée d'humains terrestres aux ambitions délurées démesurées.
A ne pas mettre cependant entre les mains de nos plus jeunes qui ne pourraient faire la distinction entre pure oeuvre de fiction ultra fun et jouissive, part de réalité camouflée et jeu vidéo bourrin auquel certaines séquences du film prêtent cette influence virtuelle !

26/07/10.

BLOOD DINER

                                     

de Jackie Kong. 1987. U.S.A. 1H29. Avec Rick Burks, Carl Crew, Roger Dauer, LaNette La France, Lisa Guggenheim, Max Morris, Roxanne Cybelle.

FILMOGRAPHIE: Jackie Kong est une réalisatrice, productrice et scénariste née le 14 Juin 1954.
1983: The Being
1984: Night Patrol
1987: Blood Diner
1987: The Underachievers

                                

Réalisatrice de quatre uniques films, Jackie Kong est surtout connu en France pour avoir réalisé en 1987 cette petite comédie horrifique réalisée sans prétention, Blood Diner.
Une série B ludique qui n'aura pas eu les faveurs d'une diffusion en salle pour se voir directement refourguée dans les rayon vhs des vidéos-clubs des années 80. Non sans un certain succès méritoire auprès des amateurs qui gardent aujourd'hui un souvenir estimable, accentué par l'effet nostalgique du temps révolu.

Un serial-killer illuminé est sur le point de tuer ses deux petits neveux réfugiés à la maison quand la police dépêchée sur les lieux l'exécute froidement de sang froid après brève injonction.
Vingt ans plus tard, les deux frères sains et saufs décident de déterrer le corps de leur oncle pour s'emparer de son cerveau diabolisé, de manière à mieux invoquer la déesse Sheetar, après avoir accompli des rites sacrificiels auprès de jeunes filles dévergondées et végétariennes.

                             

Remake (ou séquelle ?) du fameux Blood Feast, petit classique sommaire du gore ancestral réalisé en 1963 par Herschell Gordon Lewis, Blood Diner se veut une relecture moderne d'un petit mythe de l'horreur réputé pour ses effets gores extrêmes, retranscrite ici dans notre époque contemporaine. La distinction qui sépare nos deux réalisateurs est que Jackie Kong va y injecter harmonieusement une bonne dose de surenchère dans le mauvais goût, le gore rigolard et la vulgarité héritée principalement de Michael Hertz et sa célèbre firme Troma,  responsables de classiques incongrus que les nombreux inconditionnels connaissent pas coeur.

Avec un scénario simpliste sans véritable surprise basé sur la traditionnelle légende égyptienne évoquée dans le film d'origine, Blood Diner souhaite décrire sans effet de zèle mais de manière destructurée les méfaits absurdes de deux frères attardés têtes à claque installés à leur compte dans un snack végétarien. Nos deux acolytes erratiques possédés par le vice et le crime sont particulièrement motivés à décimer (et droguer) un nombre conséquent de jeunes filles végétariennes et lubriques, voir aussi une poignée de péquenots lambdas pour le compte diabolique de la déesse Sheetar.
Alors que leurs exactions immorales et putassières établies selon les règles et coutumes déléguées par leur oncle seront perpétrées dans la joie commune de la tripaille et de la cuisine avariée proposée à une clientèle davantage addicte de chair humaine.
Ajoutez à ce duo saugrenu, un autre couple assez échevelé et pittoresque travaillant pour le compte des forces de l'ordre car chargés d'enquêter sur la vague de crimes commis. C'est à dire un machiste maladroit porté sur les formes charnelles de sa coéquipière de service, une asiatique au caractère un peu effacé il faut bien avouer. 
Cette narration futile attribuant des actes meurtriers récurrents dans une succession de scénettes sans véritable cohésion réussit à faire passer la pilule dans son généreux dosage de sexe, mauvais goût, vulgarité et gore festif avec un sens inventif constamment innovant ! (D'autant plus surprenant que le film est réalisé par une femme assumée !).

                              

De plus, la bonne humeur communicative des comédiens s'amusant de bonne foi et à coeur joie, la variation des décors changeants (le meurtre du couple réuni près d'une grotte, le combat de catch impromptu dans la salle d'un ring, le restaurant végétarien aux couleurs flashy, la salle d'aérobic, la boite de nuit) mis en exergue dans une photographie saturée ajoutent l'impression d'assister à un spectacle souvent amusant, décomplexé et surtout dénué de moralité. Non pas que le fou-rire élogieux soit au rendez vous mais que la cocasserie des scènes grotesques permettent avant tout de nous amuser ou égayer dans un état d'esprit décontracté et conquis.

Aujourd'hui, Blood Diner se révèle sans doute moins percutant au niveau du sens de l'humour grossier, dérisoire et risible mais il reste cependant une sympathique série B ludique qui apporte son lot de situations volontairement débiles dans un esprit immoral et irrévérencieux rappelant les meilleures heures des productions Troma.
L'invention des nombreuses séquences gores assez habilement concoctées dans des FX aussi adroits que modestes, la bonne humeur communicative de nos comédiens incarnés avec fougue et ardeur, l'ambiance festive et insolente omniprésente enrichie d'un atmosphère chatoyante de couleurs polychromes culminant son apothéose dans un final dantesque totalement délirant achèvent d'emporter amicalement notre adhésion.

11.03.11.   3
Bruno Matéï.

                               


jeudi 10 mars 2011

LA RAFLE

                                            

de Roselyne Bosch. 2009. FRANCE. 1H55. Avec : Anne Brochet, Gad Elmaleh, Isabelle Gelinas, Mélanie Laurent, Jean Reno, Sylvie Testud.

L'ARGUMENT: Ce film évoque l'arrestation par des policiers français, le 16 juillet 1942 et la détention au Vélodrome d'Hiver, dans des conditions épouvantables, des treize mille cent cinquante-deux victimes de la rafle du Vél d'Hiv, avant leur déportation, au bout de quelques jours, vers le camp de transit de Beaune-la-Rolande (Loiret) puis le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.
                   
POINT DE VUE RESPECTUEUX: Roselyne Bosch est une productrice, réalisatrice et scénariste française.
Son premier essai: "Animal" sorti en 2005 était un thriller européen insatisfaisant qui ne manquait pourtant pas d'ambition.

"La Rafle décrit le destin de 13 152 juifs condamnés à une mort certaine dans les chambres à gaz et fours crématoires commandité par le plus grand criminel nazi de tous les temps : Adolph Hitler.
L'action se déroule à Paris, pendant l'été 1942, la France est sous l'occupation allemande, les juifs sont obligés de porter l'étoile jaune et s'attèlent déjà à subir les regards et réflexions haineuses de quelques voisins français racistes.
Dans la nuit du 15 au 16 juillet, leur destin va basculer à cause d'un accord entre Hitler et le général Pétain qui décideront d'arrêter et de déporter des milliers de juifs.

                     

Le film suivra le cheminement de ces quelques familles emmenées de force dans un gigantesque vélodrome d'hiver qu'on appelait aussi familièrement le Vél’ d'Hiv’ où elles seront stockées et entassées.
Précarité, Insalubrité, chaleur étouffante, pas de nourriture ni eau jusqu'au moment où un groupe de pompiers de Montmarte décideront de leur porter secours et ouvrir les vannes pour hydrater les miséreux. Ils accepteront également de "faire passer" les lettres que certains juifs avaient écrit en les enfouissant discrètement dans leurs poches.
Au bout de deux jours, ils sont déportés dans un camp de concentration, Beaune-la-Rolande, en France avant leur dernière escapade dans un camp d'extermination.

Difficile de rester insensible, inerte et sans voix face à la force d'un tel fait divers aussi abominable dans l'horreur humaine de tout ce qu'il délivre de plus lâche, radical et abjecte.
Mis en scène sans effet de style ni grandiloquence, "La Rafle" est un bouleversant et vibrant témoignage contre un génocide impensable régit par deux nations dont notre cher pays donneur de leçon sera honteusement complice avec l'amabilité des forces de l'ordre. Un ordre totalitaire sournoisement mené par un général français dénué de la moindre aptitude à reconsidérer la dignité humaine et sa propre éthique douteuse.
Le film raconte avec beaucoup d'humilité et de compassion sans discours moralisateur des conditions de vie déplorables et l'organisation hiérarchisée de ces milliers de juifs errants, affamés et assoiffés, totalement désorientés par leur potentiel avenir incertain, réfugiés dans un camp mortifaire suintant la sueur et la puanteur des excréments accentuées par la chaleur estivale d'un sombre été.

                   

Certains de ses enfants réduits à l'esclavage se lieront d'amitié avec quelques infirmières françaises volontaires et le film va également s'attacher à nous familiariser en particulier avec l'une d'entre elles: Annette Monod campée par la délicate et rayonnante Melanie Laurent dans un rôle tout en finesse pour cette jeune volontaire courageuse pleine de pudeur, acharnée à vouloir coûte que coûte porter secours à ces milliers de prisonniers traités comme du vulgaire bétail où même certaines mères juives seront humiliées, bafouées, battues à mort devant les regards apeurés de leurs enfants par une police française extrémiste réduite à l'aveuglante animosité.
Il y a aussi le Dr. David Sheinbaum interprété par un Jean Reno épris d'humanité dans son lourd regard compatissant qui en dit long sur son impuissance à pouvoir élever sa voix contre une dictature fasciste.
Gad Elmaleh dans le rôle du père juif Schmuel Weismann se révèle plutôt étonnant et tout à fait crédible dans la peau d'un personnage humble de père de famille docile, fier de porter ses origines.
Quand à Sylvie Testud dans le court rôle de la mère juive Bella Zygler, elle opte avec son naturel habituel dans un jeu fragilisé envers son profil psychologique face à l'horreur de cette guerre honteuse qui l'entrainera dans une chute tragique.

                   

Malgré un jeu théatralisé si coutumier auprès de nos comédiens traditionnels pour la composition française, "La Rafle" est un film rare qui force le respect dans notre paysage cinématographique si conforme et balisé.
Un drame de guerre profondément émouvant tout en modestie qui interpelle au plus profond des tripes devant l'authenticité d'un récit terrifiant retranscrit avec une belle vérité, consolidé par l'humanité désespérée de chaque personnage (et tous les enfants sont remarquables !).
L'un des plus beaux films Français que j'ai pû voir sur l'holocauste nazi depuis le chef-d'oeuvre de Robert Enrico: "Le Vieux Fusil".
Petit bémol pour le visuel de l'affiche publicitaire terne et stéréotypée qui méritait tellement plus d'honneur et de respect devant la qualité indiscutable du traitement du film.

NOTE: Lors de sa première semaine de diffusion, le film s'est classé premier en France par le nombre d'entrées (812 932 soit 1 350 spectateurs par copie). La fréquentation augmente la semaine suivante avec plus de 900 000 entrées, pour totaliser 2 470 000 entrées en quatrième semaine.

27/07/10.

EVIL DEAD TRAP (Shiryo no wana)

                               

de Toshiharu Ikeda. Japon. 1H40.1988. Avec Miyuki Ono, Fumi Katsuragi, Hitomi Kobayashi, Eriko Na Kagawa.

L'ARGUMENT: Une jeune journaliste reçoit une cassette qu'elle visionne. Après avoir constaté effrayée qu'il s'agissait d'un snuff movie dans lequel une femme se fait sauvagement torturée et lacérée, elle décide de partir à la recherche de l'endroit où a été tourné le film avec l'aide d'une poignée de collaborateurs.
POINT DE VUE ELOGIEUX: Riche d'une carrière de 18 films, Toshiharu Ikedal réalisa son premier film en 1980 et se spécialisa rapidement dans le genre pinku eiga et les films d'exploitation ou d'horreur.
C'est également lui qui s'attelera à l'achèvement de la trilogie avec "Evil-dead trap 3" en 1993 (sans avoir tourné le second volet). Son dernier film "Hasami otoko" dâte de 2005.

                               

Un groupe de journalistes se réunissent dans un hangar désaffecté pour se convaincre de l'authenticité des lieux et découvrir des indices à cause d'une mystérieuse vidéo cassette qu'ils ont reçu par courrier laissant indiquer qu'il pourrait s'agir d'un véritable snuff-movie !

Narration minimaliste, budget réduit, acteurs cheaps, titre vendeur, décor quasi unique et le miracle survint !
Un peu à la manière d'Evil-Dead justement qui misait tout sur l'efficacité de ses scènes d'horreur endiablées grâce à une mise en scène prodigieusement habile et inventive. Ce que sera Evil dead Trap durant 1H40, sans toutefois tomber dans la surabondance d'effets gores chers à Raimi !
On se croirait dans un Alice au pays des horreurs version toute personnelle car cette histoire de tueur masqué trucidant un à un ces protagonistes joue à fond sur une ambiance onirico macabre avec une imagination de tous les instants dans sa recherche esthétique visuelle foisonnante et son travail consciencieusement établi sur une réalisation étudiée. On y croise de multiples références au cinéma de Cronenberg (le final organique), Argento (certains meurtres giallesques, les éclairages criards), Bava (la pendaison à la manière de la scène introductive de la Baie Sanglante) et Bunuel (un chien andalou) comme cette magnifique séquence d'intro où l'on voit en gros plan un oeil crevé, éclaté par la fine lame d'un couteau, laissant s'échapper une eau translucide veloutée. Une séquence quasi identique réalisée en deux, trois plans insolites exécutés de différente manière en modifiant la coloration des filtres. Extremement impressionnant, d'une beauté lacrymale dans sa poésie morbide inconcevable !
"Evil Dead Trap" peut même se permettre d'être considéré comme le précurseur de "Saw" de James Wan tant il s'ingénie parfois à utiliser quelques scènes de tortures diaboliquement agencées !
La suite sera du même acabit ! les meurtres sont évolutifs, imaginatifs, imprévus et surtout traités de manière inhabituelle ! On ne sait jamais dans quel direction les protagonistes vont et viennent et ce qu'il leur adviendra ! A la manière d'un songe réel, ils semblent attirés, décontenancés, emprisonnés dans un environnement hostile qu'ils ne parviennent pas à définir pour se retrouver indéfiniment dans ce même endroit clos et lugubre !

                                 

Les décors industriels de cette usine désaffectée participent pleinement à l'action ! Le réalisateur multiplie les angles de prises de vue irréels, insensés, les cadrages impromptus et des effets de caméra acrobatiques renouvelés.
Certains plans magnifiquement cadrés sont d'une beauté irréellle qui laissent des traces dans l'imaginaire du spectateur comme cette jeune fille réfugiée sur les toits de l'usine à côté d'un filet de fumée polluée en pleine nuit lunaire. Cette image baroque auquel le réalisateur insiste sur la durée de contemplation pourrait évoquer la beauté envoûtante, singulière d'une Nuit du Chasseur de Laughton à titre d'exemple ! L'une des scènes finales architecturale, lumineuse de tonalité or attire aussi notre sens visuel avec cette jeune héroine apeurée disposée au centre de l'espace restreint où l'on peut admirer en toile de fond ce portrait artistique pictural de trois personnages sculptés dans leur nudité !

Malheureusement, aux deux tiers du film, une baisse de régime se fait ressentir. Paradoxalement, l'inventivité de la mise en scène et la richesse des décors baroques s'amenuisent et s'effacent au profit d'une errance partielle. Car les vingts dernières minutes reprennent du poil de la bête dans un foisonnement féérique, horrifico organique à base d'enfantement monstrueux !
On notera aussi l'accoutrement insolite du tueur badigeonné de lambeaux de peinture blanche sur le visage et portant un masque inconvenu. Un tueur méthodique fantasmagorique venu de nulle part qui peut apparaitre à n'importe quel moment de l'action et tuer sa victime de manière étudiée, calculée.

                                

Bercé par une partition musicale mélodieuse et mélancolique se répétant inlassablement, ce qui pourra rappeler aux amateurs les comptines entrainantes des Goblin, "Evil dead Trap" est une perle ovniesque à l'ambiance envoûtante, un cadeau surprise bourré d'idées judicieuses et créatives qui doit tout à sa mise en scène personnelle, la beauté de ces images picturales et la judicieuse exploitation de ces décors de prime abord aigris et dégarnis.
Etonnant, avant gardiste (n'est ce pas Saw !) et étrangement singulier !
01/08/10.