jeudi 30 octobre 2014

Halloween 2. Director's Cut.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site nitehawkcinema.com

de Rob Zolmbie. 2009. U.S.A. 1h59 (Director's Cut). Avec Scout Taylor-Compton, Malcolm McDowell, Tyler Mane, Brad Dourif, Danielle Harris, Sheri Moon Zombie, Brea Grant.

Sortie en Dvd et Blu-ray le 31 Mars 2010. Sortie salles U.S: 28 Août 2009

FILMOGRAPHIE: Rob Zombie est un chanteur, musicien et réalisateur américain, né le 12 Janvier 1965 à Haverhill, dans le Massachusetts. 2003: House of 1000 Corpses. 2005: The Devil's Rejects. 2007: Werewolf Women of the S.S. (trailer). 2007: Halloween. 2009: Halloween 2. 2012: The Lords of Salem.


Suite du remake amorcé trois ans plus tôt, Halloween 2 rejoue la carte de l’anticonformisme, que Rob Zombie pousse jusqu’à la démystification totale de l’icône fantomatique Michael Myers. Échec public et critique outre-Atlantique — au point que la France le bannit des écrans pour l’enterrer directement en DVD et Blu-ray — ce second opus continue de déconcerter les puristes de la franchise. Zombie réinvente le psycho-killer avec audace, inspiration, un réalisme funeste, et surtout une brutalité à vif, inédite dans le genre.

Le pitch : deux ans après les tragiques événements, Laurie Strode tente de se reconstruire auprès d’une thérapeute. Le Dr Loomis, lui, s’est recyclé en écrivain, promouvant son récit de traque comme on vend une relique souillée. Mais à l’approche d’Halloween, le tueur masqué refait surface à Haddonfield, bien décidé à solder ses comptes avec sa sœur, logée chez le shérif Brackett.


D’une violence hardcore acérée, Halloween 2 prend à rebours la suggestion de Carpenter. Ici, les meurtres s’enchaînent avec une sauvagerie littéralement inouïe. Le film baigne dans une ambiance onirico-macabre : fête d’Halloween transformée en concert rock masqué, visions spectrales de Deborah vêtue de blanc, accompagnée du petit Michael, rêves hallucinés de Laurie comme échappés d’un cauchemar burtonien. Ce second chapitre remplace le réalisme cru par une transe hallucinatoire, où les actes meurtriers — barbares — s’enracinent dans une logique symbolique et psychique.

Michael Myers, incarnation brute du Mal, revient sous les traits d’un clodo barbu, tantôt à visage nu, tantôt dissimulé derrière un masque éclaté. Il erre dans les campagnes nocturnes pour regagner Haddonfield, abandonnant derrière lui des cadavres parfois déchiquetés à mains nues. Si l’intrigue en elle-même n’a rien de transcendant (la quête familiale du tueur reste filigrane), la mise en scène précise de Zombie en renouvelle l’intérêt : par l’hostilité viscérale de Michael, sa cruauté éreintante, sa présence oppressante. À cela s’ajoute une Laurie Strode méconnaissable, marginale, dépressive, rongée par les mêmes visions que son frère. Fragile, névrosée, hantée — elle irradie une empathie tragique dans sa lutte désespérée contre ses démons et le retour du monstre. Quant au Dr Loomis, il devient ici caricature cynique : écrivain cupide en quête de notoriété, avant une rédemption tardive dans un dernier acte révélateur — du moins, dans la version Director’s Cut, qui dévoile les vraies intentions de Zombie.


Angoissant, sombre, franchement terrifiant par son climat insécure et la stature bestiale du tueur, éprouvant par ses éclats de violence pure (le prologue de 25 minutes relève de l’anthologie ; le massacre chez les Brackett glace par sa sécheresse et son hors-champ glaçant), Halloween 2 ose déconstruire le mythe. Zombie transfigure l’univers en cauchemar organique, onirique, délétère, traversé de fulgurances malsaines et pourtant ancrées dans le réel. Le résultat : une œuvre formelle, puissamment maîtrisée, portée par un montage vigoureux et le jeu brut de comédiens habités — mention aux apparitions de Margot Kidder et de Danielle Harris, rescapée des opus 4 et 5. Une descente aux enfers sans accalmie, à travers le profil souffreteux d’une survivante jamais remise, que Zombie filme avec une intensité implacable. Une (seconde) référence à redécouvrir d’urgence.

*Bruno
06.04.25. 3èx. Vost


mercredi 29 octobre 2014

FRANKENSTEIN

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site luxedb.com

de James Whale. 1931. U.S.A. 1h11. Avec Boris Karloff, Colin Clive, Mae Clarke, John Boles, Edward Van Sloan, Dwight Frye.

Sortie salles France: 17 Mars 1932. U.S: 21 Novembre 1931

FILMOGRAPHIE: James Whale est un réalisateur américain, né le 22 Juillet 1889 à Dudley en Angleterre, décédé le 29 Mai 1957 à Hollywood, Los Angeles.
1930 : La Fin du voyage (Journey's End). 1930 : Les Anges de l'enfer. 1931 : Waterloo Bridge.
1931 : Frankenstein. 1932 : Impatient Maiden. 1932 : Une soirée étrange (The Old Dark House)
1933 : The Kiss Before the Mirror. 1933 : The Invisible Man. 1933 : By Candlelight. 1934 : One More River. 1935 : La Fiancée de Frankenstein (Bride of Frankenstein). 1935 : Remember Last Night. 1936 : Show Boat. 1937 : The Road Back. 1937 : Le Grand Garrick (The Great Garrick)
1938 : Port of Seven Seas. 1938 : Sinners in Paradise. 1938 : Wives Under Suspicion. 1939 : L'Homme au masque de fer (The Man in the Iron Mask). 1940 : L'Enfer vert (Green Hell). 1941 : They Dare Not Love. 1942 : Personnel Placement in the Army. 1950 : Hello Out There.


"On dit souvent que la Fiancée de Frankenstein est un meilleur film, mais il y a quelque chose de pur par rapport à l'original. C'est comme explorer un territoire où l'homme n'est jamais allé. L'austérité de la mise en scène et l'absence de musique en font une expérience très onirique. Bien sûr, l'artificialité du film est très prononcée, avec ces studios visibles et une direction artistique évidente, mais je vois une pureté romantique dans son approche de l'horreur. Et bien sûr, la performance de Karloff est phénoménale. Je pense qu'il s'agit de la meilleure version de Frankenstein, même s'il en existe des plus opulentes et des plus complexes. C'est amusant, pendant longtemps, La Fiancée de Frankenstein a été mon épisode favori. Les goûts évoluent, et j'ai fini par embrasser la simplicité de l'original." Joe Dante.

Film mythique s'il en est, inaugurant l'âge d'or de la Universal et tous ces monstres qui prendront le relais, Frankenstein reste le chef-d'oeuvre incontournable du genre sachant qu'aucun cinéaste ni comédien notoire n'ont réussi à le surpasser 80 ans après sa sortie ! Exception faite peut-être avec la série Penny Dreadful transcendant avec souci de réalisme l'intense dramaturgie de la créature réduite au désarroi de la solitude ! Outre l'idée singulière empruntée au roman de Mary Shelley, c'est à dire créer un être vivant à partir de morceaux de corps humains récupérés sur les cadavres de sépulture, Frankenstein puise sa force d'évocation dans l'interprétation de Boris Karloff épaulée des maquillages de Jack Pierce. Pourvu d'une taille imposante, d'une démarche hésitante, d'un front carré et d'un regard abattu, l'acteur se fond dans la carrure du monstre avec une intensité troublante par ses expressions de terreur ou de compassion.


Sur ce dernier point, personne ne peut oublier la séquence intime qui voit le monstre batifoler avec une fillette avant qu'un drame inéluctable ne vienne ternir leur relation amicale. Spoiler ! Persuadé qu'elle puisse flotter à la manière des nénuphars de l'étang, il s'empressera de la jeter dans l'eau sans connaître les conséquences tragiques d'un acte aussi inconscient. Fin du Spoiler. La force dramatique du récit émane justement de sa caractérisation en quête identitaire et de paternité car ne sachant différencier le Bien du Mal depuis sa brutale résurrection. Qui plus est, avec le cerveau d'un ancien criminel, la créature extériorise des pulsions de haine face à l'autorité de l'homme incapable de comprendre son désarroi dans sa position martyrisée ! A travers sa condition d'estropié par la mégalomanie du savant (Colin Clive semble littéralement habité par la folie dans son regard monolithique !), James Whale aborde le sens de la responsabilité parentale et celui de l'éducation lorsque l'innocence se retrouve destituée de soutien et de personnalité. Spoiler ! Pourchassé par les villageois comme un vulgaire criminel depuis la découverte macabre de la fillette, il s'enfuit désespérément dans la forêt, tel un enfant apeuré par la folie vindicative, avant de trouver refuge dans un moulin rapidement incendié. Fin du Spoiler.


Oeuvre charnière pour le genre horrifique, Frankenstein puise sa densité dans l'originalité d'un pitch mettant en exergue la dimension humaine d'une créature livrée à l'intolérance et l'instinct violent de l'homme. Baignant dans un noir et blanc aux éclairages crépusculaires et entièrement dénué de musique, la forme adopte une ambiance baroque que la prestance exceptionnelle de Karloff va renforcer avec symbolisme. 

Bruno Matéï
3èx

mardi 28 octobre 2014

CABAL. Director's Cut. (Nightbreed). Prix Spécial du Jury, Avoriaz 91.

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site geekchunks.com

de Clive Barker. 1990. Angleterre. 2h01 (Director's Cut). Avec Craig Sheffer, Anne Bobby, David Cronenberg, Hugh Quarshie, Charles Haid, Doug Bradley, Oliver Parker, Hugh Ross, Catherine Chevalier.

FILMOGRAPHIE: Clive Barker (né le 5octobre 1952, est un romancier britannique, peintre et cinéaste (réalisateur, scénariste et producteur).
1973: Salome. 1978: The Forbidden. 1987: Hellraiser. 1990: Cabal. 1995: Maître des Illusions (le)

Récompenses:
. Silver Scream Award au Festival du film fantastique d'Amsterdam 1990.
. Prix spécial du jury au Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1991.


Trois ans après la révélation Hellraiser, Clive Barker transpose à nouveau l'un de ses romans pour transcender la monstrueuse parade d'un bestiaire flamboyant. Echec public et commercial lors de sa sortie, d'autant plus discrédité d'une version tronquée de plus de 20 minutes par les producteurs, Cabal renait aujourd'hui de ses cendres dans une version Director's cut beaucoup plus épique et cohérente. De par l'action encourue lors de son ultime point d'orgue, par le traitement réservé au tueur en série et le cheminement divin de son héros partagé entre l'amour d'une compagne et le devoir de préserver un peuple opprimé. Sur ce dernier point, la caractérisation humaine du couple s'avère d'ailleurs plus romanesque dans leurs sentiments contradictoires à prévaloir l'union conjugale. Perturbé par de récurrents cauchemars auquel il se transpose dans la cité de Midian, refuge de monstres de tous horizons, Boon consulte le psychiatre Decker afin de comprendre les aboutissants de son obsession. Alors qu'un serial-killer sème la mort au sein de la ville, ce jeune patient est rapidement accusé d'en être le coupable, faute du stratagème perfide de son médecin. Abattu par la police lors d'une confrontation musclée, il finit par rejoindre les habitants de la cité de Midian dans sa condition de martyr ! 


Véritable déclaration d'amour aux Monstres où le droit à la différence s'avère le pivot de l'intrigue, Cabal allie conte mythologique et horreur sanglante sous couvert d'action homérique. C'est tout du moins ce qu'impose sa dernière partie beaucoup échevelée dans ce Director's Cut faisant honneur au lyrisme, quand bien même la visite de Lori dans les catacombes s'avère plus imposante afin de mieux contempler la cohabitation du bestiaire humain. Esthétiquement fulgurant et pourvu de remarquables maquillages afin de parfaire la physionomie des monstres hybrides, Cabal envoûte dans l'authenticité de son univers séculaire exploitant avec originalité mythes et légendes dans un contexte moderne. Quand bien même l'icône du fameux serial-killer renoue avec le slasher dans son accoutrement masqué et la vague de meurtres qu'il commet sans vergogne. Outre son instinct sadique à commettre les exactions sur d'innocentes victimes, il s'avère ici contrarié par l'existence des Freaks confinés dans les sous-sols de Midian. Alors que Lori tente de retrouver les traces de son compagnon, Decker va tenter par orgueil démesuré de tout mettre en oeuvre afin d'éradiquer les monstres parmi le soutien de la police. Avec dérision, Clive Barker ironise dans la caricature allouée au tueur, sachant que derrière le masque se planque un éminent psychiatre atteint de maladie mentale ! (Cronenberg s'auto-parodiant avec cynisme non simulé !). Quand aux forces de l'ordre, elles sont ici réduites à la brutalité et l'intolérance de leurs actes totalitaires, quand bien même un prêtre incrédule préfère se rapprocher auprès de la foi éternelle du Cabal. Sous un déluge de feu et d'action, les rapports antinomiques du Bien (les monstres) et du Mal (les humains) vont amener à se confronter afin d'emporter la mainmise ! 


Freakshow
Oeuvre infortunée depuis sa sortie, et ce malgré son Prix Spécial du Jury décerné à AvoriazCabal brille aujourd'hui de 1000 feux dans sa version finale beaucoup plus cohérente et fastueuse. Illustrant avec ambition un univers mythologique où le morbide côtoie la féerie sous alibi du divertissement, Clive Barker réussit à transposer son roman avec souffle épique et dimension humaine des rebuts d'une société animale.  

Bruno Matéï
28.10.14. 4èx
18.07.11. 

vendredi 24 octobre 2014

L'Impasse aux Violences / The Flesh and the Fiends

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site tvclassik.com

de John Gilling. 1960. Angleterre. 1h37. Avec Peter Cushing, June Laverick, Donald Pleasance, George Rose, Renee Houston, Dermot Walsh, Billie Whitelaw.

Sortie salles Angleterre: 2 Février 1960

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Gilling est un réalisateur et scénariste anglais, né le 29 Mai 2012 à Londres, décédé le 22 Novembre 1984 à Madrid (Espagne).
1957: Pilotes de haut-vol. 1958: Signes particuliers: néant. 1959: L'Impasse aux Violences. 1961: Les Pirates de la Nuit. 1962: L'Attaque de San Cristobal. 1966: L'Invasion des Morts-Vivants. 1966: La Femme Reptile. 1967: Dans les Griffes de la Momie. 1975: La Cruz del diablo.


"Ceci est l'histoire d'hommes et d'âmes damnés. C'est une histoire de vice et de meurtre. Nous n'avons pas d'excuses à faire aux morts. Tout est vrai." 
 
L’impasse aux violences — Anatomie d’une conscience déchue
Seconde adaptation de l’histoire vraie des tueurs en série Burke et Hare, ayant sévi dans l’Angleterre du XIXe siècle, L’Impasse aux violences retrace leurs exactions criminelles au profit d’un éminent médecin, le Dr Knox. Dans sa soif de progrès scientifique, ce dernier s’obstine à disséquer des cadavres que les deux acolytes vont d’abord exhumer des cimetières, contre une poignée de guinées. Mais plus les corps sont frais, plus la récompense est généreuse. Alors, sans scrupule, les deux malfrats passent au meurtre, pour satisfaire les exigences du savant. De cette histoire sordide et méticuleusement documentée, John Gilling livre une mise en scène réaliste et tendue, où transparaît le pathétique d’une convoitise déshumanisante. À travers l’orgueil aveugle d’un médecin qui nie la gravité de ses compromis, et la bassesse crapuleuse de deux criminels englués dans leur propre médiocrité, le film trace les contours d’une déchéance morale sans appel.

Les interprétations glaçantes de June Laverick et Donald Pleasence, tortionnaires cupides et lubriques, nous ébranlent dans leur nihilisme poisseux. En les suivant dans leurs dérives putassières, dans les pubs saturés de poivrots et de prostituées, Gilling peint en creux la misère sociale du vieux Édimbourg, gangrené par la faim, le vice et la survie. Loin de se contenter du seul choc des meurtres froidement exécutés, le film suscite l’émotion par le biais d’une histoire d’amour impossible entre un jeune apprenti médecin et une prostituée — fragile esquisse d’espoir vite broyée par le désespoir social. Entre les corps vendus à la science, les menaces des confrères jaloux et les cris silencieux des damnés, le Dr Knox s’enfonce dans une logique amorale, tout en ignorant qu’une fillette croisera bientôt son regard pour lui ouvrir enfin les yeux — sur l’humanité, la dignité, le respect des morts et la fragilité des vivants.

Conspué par une foule enragée malgré son acquittement — car la justice aussi a ses hiérarchies — le médecin, rongé de l’intérieur, finit par affronter sa propre culpabilité. Et dans ce rôle crépusculaire, Peter Cushing incarne avec une intensité bouleversante ce savant en guerre avec lui-même, écartelé entre la dévotion professionnelle et l’éveil tardif d’une conscience trop longtemps anesthésiée.


 "Le Médecin et les Damnés".
D’une puissance émotionnelle aussi rigoureuse que dérangeante, à l’image de sa violence parfois insupportable (interdit aux moins de 18 ans à sa sortie !), L’Impasse aux violences transcende son vernis de film d’horreur pour s’imposer comme un drame humain d’une rare densité. Mis en scène avec brio, transcendé par des dialogues ciselés, ce chef-d’œuvre lucide doit autant à la gravité de son histoire vraie qu’à l’excellence habitée de ses interprètes : June Laverick, Donald Pleasence, et un Peter Cushing au sommet de sa vérité.

*Bruno
3èx
24/10/14
09/04/02

jeudi 23 octobre 2014

La Maison aux fenêtres qui rient / La Casa dalle finestre che ridono

                                                           Photo scannée appartenant à Bruno Matéï

de Pupi Avati. 1976. Italie. 1h51. Avec Lino Capolicchio, Francesca Marciano, Gianni Cavina, Giulio Pizzirani, Bob Tonelli, Vanna Busoni.

Sortie salles Italie: 16 Août 1976

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Pupi Avati est un réalisateur italien, né le 3 Novembre 1938 à Bologne. 1970: Thomas e gli indemoniati. 1970: Balsamus, l'homme de Satan. 1975: La mazurka del barone, della santa e del fico fiorone. 1976: La Cage aux minets. 1976: La Maison aux Fenêtres qui rient. 1977: Tutti defunti... tranne i morti. 1983: Zeder. 1984: Une saison italienne. 1991: Bix. 1992: Fratelli e sorelle. 1993: Magnificat. 1994: L'amico d'infanzia. 1994: Dichiarazioni d'amore. 1996: L'arcano incantatore. 1996: Festival. 1997: Le Témoin du marié. 1999: La via degli angeli. 2001: I cavalieri che fecero l'impresa. 2003: Un coeur ailleurs. 2004: La rivincita di Natale. 2005: Ma quando arrivano le ragazze ? 2005: La Seconda notte di nozze. 2007: La cena per farlu conoscere. 2007: Il Nascondiglio. 2008: Il papa di Giovanna. 2009: Gli amici del bar Margherita. 2010: Il figlio più piccolo. 2010: Una sconfinata giovinezza. 2011: Le Grand coeur des femmes.


"Les couleurs, mes couleurs, elles coulent de mes veines. Elles sont si douces mes couleurs... aussi douces que l'automne, aussi chaudes que le sang. Elles sont lisses comme la pureté. Elles s'introduisent dans le corps des gens. Elles se propagent comme une infection. Mes couleurs..."

Prix de la critique au Festival du film Fantastique de Paris, La Maison aux Fenêtres qui rient n'a point usurpé sa réputation de classique horrifique du cinéma transalpin tant Pupi Avati s'est avant tout avisé à nous parfaire un scénario vrillé des plus machiavéliques. Mais si la plupart des spécialistes emploie le terme Giallo afin de l'estampiller, j'opterais personnellement pour le thriller Hitchcockien mâtiné d'une aura de souffre davantage malsaine auprès de l'amoralité du peintre entièrement voué à l'art de l'agonie. 

Le pitchUn artiste, Stefano, est convié à rénover une fresque dans l'église d'un petit village où la plupart des citadins semble occulter un lourd secret. 20 ans au préalable, un peintre concocta cette esquisse représentant le martyr de San Sébastien. Mystérieusement disparu avec ses deux soeurs, il laisse derrière lui cette oeuvre morbide en déliquescence. Logé dans une étrange maison auquel une vieille dame y est alitée, Stefano va être témoin d'évènements étranges et meurtriers. 


Baignant dans une atmosphère d'inquiétude latente, Pupi Avati privilégie ici le suspense latent parmi l'investigation de notre héros confronté à une série d'épisodes nébuleux. Qui plus est, avec la participation de témoins aussi sournois qu'équivoques, Stefano est contraint de ne compter que sur lui afin de résoudre ces disparitions inexpliquées (celle du peintre, des soeurs et de certains de ces amis) et surtout tenter de découvrir quel secret pourrait dévoiler la fameuse fresque. Ainsi, en empruntant les codes de la demeure hantée (cadavres inhumés sous terre, maison poussiéreuse tapis dans la pénombre, porte grinçante, volets qui claquent) et ceux du thriller (présence invisible épiant le héros, meurtres en série, témoins suspicieux, disparition de preuves), le cinéaste brouille les pistes pour mieux nous perdre dans le dédale d'une intrigue aussi sarcastique que macabre. Emaillé d'indices au compte-goutte et de trouvailles originales (la maison aux "fenêtres qui rient" et son fameux point d'orgue cumulant les twists cinglants), le film prend son temps d'y distiller une atmosphère anxiogène au fil du cheminement de notre héros déconcerté. Un artiste indécis sévèrement malmené par son entourage où le satanisme semble asservir toute la région, mais trouvant néanmoins soutien avec la romance d'une jeune enseignante. Pourvu d'une photographie soignée oscillant les clair-obscurs d'un environnement nocturne et le cadre solaire d'une campagne abritant des foyers archaïques, Pupi Avati prend également soin de peaufiner une ambiance tantôt attrayante tantôt ombrageuse (voire même parfois onirique pour ces superbes éclairages verts ou azur). Et si le rythme laborieux avait gagné à être un peu plus vigoureux, la force de l'intrigue et son mystère savamment distillé au compte goutte s'avèrent si bien ciselés, inquiétants et troubles à la fois qu'on passe outre ce couac.  


Atmosphérique de par son ambiance typiquement latine et brillamment charpenté pour l'investigation de notre héros opposé à une révélation traumatique, La Maison aux Fenêtres qui rient confronte thriller et épouvante à l'aide d'un onirisme morbide proprement singulier (les couleurs de l'art se mêlant à l'odeur de la mort !). A l'instar de son inoubliable générique liminaire en mode sépia illustrant un martyr à l'agonie lardé de coups de couteaux. Filmé au ralenti afin de schématiser la souffrance de l'homme nu ligoté en hauteur, ce prologue perturbant fait finalement écho au châtiment sardonique de sa mémorable conclusion au point de nous hanter à jamais.

*Bruno
4èx. Version Italienne

RécompensePrix de la Critique au Festival du film fantastique de Paris, 1977.

mardi 21 octobre 2014

Kissed. Meilleur Film, Meilleure Actrice, Meilleur Réalisateur, Malaga 98.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site rogerebert.com

de Lynne Stopkewich. 1996. Canada. 1h18. Avec Molly Parker, Peter Outerbridge, Jay Brazeau, James Timmons, Jessie Winter Mudie, Annabel Kershaw.

Sortie salles France: 15 Avril 1998. Canada: 7 Septembre 1996

FILMOGRAPHIELynne Stopkewich est une réalisatrice, scénariste et productrice canadienne, née en 1964 à Montréal (Quebec). 1996: Kissed. 2000: Suspicious River. 2004: The Life (télé-film).

 
"Amour froid".
Auteur de deux longs-métrages, de quelques séries TV et d’un téléfilm, Lynne Stopkewich reste une réalisatrice aussi discrète que méconnue du grand public. Sorti dans l’indifférence générale, son premier film, Kissed, s’est pourtant vu attribuer plusieurs récompenses dans son pays d’origine, tandis qu’une poignée de cinéphiles aguerris le hissa au rang de film culte. Production indépendante audacieuse, Kissed s’aventure en terrain miné avec un anticonformisme désarmant, abordant la nécrophilie avec une pudeur presque sensorielle. À cent lieues des débordements trash du scandaleux Nekromantik, le film emprunte la voie de la subtilité pour évoquer l’obsession grandissante d’une jeune femme éprise d’amour pour l’au-delà.

Le pitch : Depuis l’enfance, Sandra nourrit une fascination pour les cadavres d’animaux fraîchement décédés. À l’aube de sa maturité, elle se fait embaucher dans un funérarium pour apprendre l’art de l’embaumement. Toujours plus attirée par la sensualité de la mort, elle finit par passer à l’acte sexuel avec un corps masculin. Un jour, elle rencontre Matt, un étudiant en médecine intrigué par sa beauté distante et son étrange métier. Vierge de tout contact charnel avec un vivant, Sandra tente l’expérience d’un premier coït avec lui. Mais alors que Matt s’éprend d’elle corps et âme, Sandra se détache, fidèle à son inclination pour la chair morte.

À la lecture du synopsis, on pouvait craindre la redite ou la complaisance autour d’un sujet aussi socialement inacceptable. Pourtant, Lynne Stopkewich transcende la provocation pour livrer un véritable poème sur la sensualité de la mort et la spiritualité de l’au-delà. Porté par une atmosphère aussi trouble que charnelle, le film parvient à captiver, à troubler même, par la beauté de ses images oniriques et par la posture hypnotique de son héroïne : une enseignante timorée, discrète, entièrement habitée par son amour des cadavres. Littéralement transie d’érotisme lorsqu’elle s’unit à un corps, Sandra atteint une extase si pure qu’elle perçoit la lumière de l’âme défunte dans un halo de souvenirs intimes.

Dans la pâleur magnétique de Molly Parker, l’actrice insuffle une acuité bouleversante, où la perversion n’a plus sa place. Car dans son désir d’enlacer la mort, Sandra témoigne d’une affection si douce, si viscérale, qu’on en oublie la déviance pour ne voir que la sincérité. Et si Kissed fascine autant, c’est aussi par la romance impossible entre Sandra et Matt, ce dernier littéralement asservi à ses sentiments. Malgré un cheminement narratif prévisible, l’ambiguïté croissante de leur relation atteint un sommet d’intensité émotionnelle, à la lisière de la lumière et de la décomposition.

 
"Chair de ciel."
D’une beauté sensuelle, diaphane et ensorcelante, Kissed se décline en poème lyrique sur la plénitude de la mort vécue comme abandon amoureux. Un état de grâce absolue, lorsqu’une nécrophile puise les derniers souffles vitaux d’un cadavre pour s’unir à l’au-delà. Intimiste, fragile et incandescent, le film nous emporte loin, bien au-delà du scabreux, dans une expérience érotique envoûtante. À découvrir d’urgence : il s’agit, à mes yeux, du plus beau film jamais tourné sur la nécrophilie. Rien que ça. (D’ailleurs, il fut un temps diffusé sur Canal+ dans les années 90…)

*Bruno
2èx

Récompenses: Meilleur long-métrage au Festival de Toronto, 1996
Meilleur nouveau réalisateur de l'Ouest canadien pour Lynne Stopkewich.
Prix Génie: Meilleure Actrice pour Molly Parker
Meilleure Actrice pour Molly Maker, Meilleur Réalisateur pour Lynne Stopkewich, Meilleur Film au Festival de Malaga, 1998.

lundi 20 octobre 2014

HOUSE OF 1000 CORPSES (la maison des 1000 morts)

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Rob Zombie. 2003. U.S.A. 1h29. Avec Sid Haig, Bill Moseley, Sheri Moon, Karen Black, Chris Hardwick, Erin Daniels.

Récompense: Prix des Meilleurs Effets-Spéciaux, Fantasporto 2004

    Sorties en France en Dvd le 12 Juillet 2006. U.S: 11 Avril 2003

    FILMOGRAPHIE: Rob Zombie est un chanteur, musicien et réalisateur américain, né le 12 Janvier 1965 à Haverhill, dans le Massachusetts.
    2003: House of 1000 Corpses. 2005: The Devil's Rejects. 2007: Werewolf Women of the S.S. (trailer). 2007: Halloween. 2009: Halloween 2. 2012: The Lords of Salem.


    Premier coup de génie du chanteur Rob Zombie derrière la caméra, House of 1000 Corpses se veut un hommage semi-parodique aux oeuvres horrifiques des années 70, particulièrement à l'illustre Massacre à la Tronçonneuse dont il reprend ici la caricature d'une famille dysfonctionnelle éprise de folie meurtrière et de cannibalisme. A travers son intrigue sommaire 1000 fois traitées (après s'être égarés dans une boutique des horreurs, deux jeunes couples se retrouvent piégés dans la demeure d'une famille de psychopathes le soir d'Halloween), Rob Zombie prend donc parti de rendre "hommage" au genre avec beaucoup de dérision afin d'en justifier les conventions. 


    En sale gosse assumé d'autant plus indépendant, il privilégie surtout l'icone d'antagonistes extravagants évoluant dans un environnement aussi fantasque que morbide. Chaque personnage ayant une attitude bien définie dans leur show improvisé alors que d'autres impressionnent par leur attrait physique plutôt inquiétant (Spaulding et ses airs sournois d'aimable clown, Tiny Firefly, le valet de grande taille à la posture dégingandée, ou le leader Otis Driftwood, maître de cérémonie du satanisme et des messes noires). Quand à la compagne du cinéaste, Sheri Moon se taille la dégaine d'une effrontée aguicheuse avec une sensualité perverse ! Redoublant de sadisme, de cruauté et de gouaillerie envers nos otages, leur unique morale n'est donc que glorification au Mal symbolisée ici par la cérémonie du Dr Satan. Conçu comme un véritable train fantôme, House of 1000 Corpses s'édifie en carnaval horrifique parmi leurs exactions crapuleuses et parmi une scénographie funèbre chargée de couleurs flamboyantes. Que ce soit dans leur demeure familiale régie en véritable musée des horreurs, dans le refuge d'un cimetière aux teintes crépusculaires ou dans les recoins d'un souterrain ornée d'ossements humains et de créatures malfaisantes. Jamais avare d'idées délirantes, Rob Zombie exploite également ces situations éculées avec un ton sardonique chargé de références (les victimes déguisées en peluche de lapin, le braquage de l'épicerie façon "Tarantino", la séquence du dîner auquel les hôtes doivent s'affubler d'un masque grotesque pour aborder le dessert, ou celle de l'échappée vers le portail que des épouvantails vont contrecarrer au dernier moment  !). 


    La Petite Boutique des Horreurs
    Bête et méchant, fantaisiste et cruel, malsain et sanguinolent, House of 1000 corpses se porte en étendard parodique de l'horreur craspec parmi les références des Seventies. Totalement décomplexé dans sa liberté de ton vulgaire et grossier, cette immense farce macabre s'édifie en pochette surprise, sorte de Creepshow cartoonesque où Tex Avery aurait investi la peau d'un serial-killer ! Jouissif en diable, surprenant et débordant d'enthousiasme dans les péripéties morbides, House of 1000 Corpses est également une déclaration d'amour au genre horrifique le plus affranchi (ici, seuls les méchants occupent la première place et sortent vainqueurs de leurs exploits meurtriers !). Un petit chef-d'oeuvre d'humour noir rehaussé d'une BO d'enfer ! 

    Bruno Matéï
    2èx


    vendredi 17 octobre 2014

    Jeux Interdits. Oscar du Meilleur Film Etranger, 1952.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site fr.film-cine.com

    de René Clément. 1952. 1h26. France. Avec Georges Poujouly, Brigitte Fossey, Lucien Hubert, Laurence Badie, Amédée, Suzanne Courtal, Jacques Marin.

    Sortie salles France: 9 Mai 1952

    FILMOGRAPHIE: René Clément est un réalisateur et co-scénariste français, né le 18 Mars 1913 à Bordeaux, décédé le 17 Mars 1996 à Monaco. 1946: La Bataille du rail. 1946: Le Père Tranquille. 1947: Les Maudits. 1949: Au-delà des Grilles. 1950: Le Château de verre. 1952: Jeux Interdits. 1954: Monsieur Ripois. 1956: Gervaise. 1958: Barrage contre le Pacifique. 1960: Quelle joie de vivre. 1960: Plein Soleil. 1963: Le Jour et l'Heure. 1964: Les Félins. 1966: Paris brûle-t-il ? 1969: Le Passager de la Pluie. 1971: La Maison sous les Arbres. 1972: La Course du Lièvre à travers les Champs. 1975: La Baby-Sitter.


    « Pour avoir su élever à une singulière pureté lyrique et une exceptionnelle force d’expression, l’innocence de l’enfance au-dessus de la tragédie et de la désolation de la guerre ». 

    Immense succès lors de sa sortie en France (4,9 millions de spectateurs), auréolé d'une pluie de récompenses à travers le monde, Jeux Interdits est reconnu comme l'un des chefs-d'oeuvre de notre patrimoine au même titre que la mélodie guitarisée de Narciso yepes. Témoignage douloureux sur l'horreur de la seconde guerre du point de vue de l'enfance, Jeux Interdits est un moment d'émotion aussi poétique que cruellement bouleversant. De par les moments de tendresse impartis à deux enfants réfugiés dans leur intimité et pour la situation précaire de l'un d'eux prochainement livré à l'adoption de l'orphelinat. 

    Synopsis: Après la mort brutale de ses parents et de son chien lors d'un bombardement, Paulette réussit à trouver refuge auprès de Michel, fils cadet de la famille Dollé. Ces paysans acariâtres en perpétuel conflit avec les voisins Gouard décident de la recueillir quelques temps avant d'avertir la gendarmerie. Alors que l'un des fils Dollé succombe à ses blessures d'un grave incident, le couple d'enfants se construit un cimetière afin d'omettre la guerre et dédramatiser leur deuil commun


    Hommage aux enfants orphelins de la guerre, illustration scrupuleuse de la vie paysanne à l'orée des années 40, Jeux Interdits nous fait partager une tranche de vie inoubliable parmi la complicité de Michel et Paulette. Deux jeunes enfants épris de compassion à travers leur confiance autant que leur douleur commune au moment même où un jeu morbide les rappellera à la raison de leur triste sort. La grande réussite émotionnelle du film émanant de cet attachement qu'on leur accorde auprès de leur solidarité comme celle de la famille Dollé, victime elle aussi d'un deuil improvisé en dépit de leur inflexibilité à refuser d'adopter la petite étrangère. Emaillé de cocasseries pour les chamailleries de jalousie exercées entre deux familles minées par la pauvreté, Jeux Interdits succède régulièrement à l'émotion prude lorsqu'une fillette est confrontée au désarroi de la solitude et à l'injustice de la mort. A ce titre, le prologue meurtrier au cours duquel elle assiste impuissante à la mort de ses parents est d'une intensité psychologique éprouvante. Quand bien même les séquences suivantes nous terrassent d'émotion dans son désespoir de se raccrocher au cadavre de son petit chien pour tenir lieu de son immense solitude. Trouvant réconfort auprès de l'espiègle Michel, Pauline se laisse ensuite embarquer dans un jeu morbide d'inhumations d'animaux et d'ornements de crucifix afin d'apaiser leur commun chagrin. Incarné par des comédiens plus vrais que nature dans leur charisme rural jusqu'aux seconds rôles pleins de spontanéité (je pense en priorité à la pétillante Violette Monnier dans le rôle de la fille cadette des Dollé ou encore à Jacques Marrin dans celui du fils aîné mourant), Jeux Interdit puise son intensité émotionnelle dans la fragilité humaine de la lumineuse Brigitte Fossey. Du haut de ses 5 ans, la comédienne insuffle expression d'innocence, émoi amoureux, stupeur anxiogène dans sa condition d'orpheline contrainte de côtoyer une famille paysanne draconienne mais trouvant réconfort auprès de l'amour tranquille de Michel. Secondé par Georges Poujouly, l'acteur infantile exprime la débrouillardise du garçon désinvolte à daigner voler les crucifix pour l'entreprise de son cimetière tout en suscitant bouffées de tendresse et de générosité pour la protection de sa nouvelle amie qu'il chérit. A eux deux, ils forment un duo souvent bouleversant de par leur condition d'enfants subitement opposés à la mort jusqu'à nous tirer les larmes de l'injustice lors d'une conclusion aussi précipitamment brutale que cruelle. 


    Moment de cinéma rare et précieux pour le témoignage douloureux imparti à la barbarie de la guerre où les enfants en sont les premières victimes, Jeux Interdits alterne plages de tendresse, d'humour et de cruauté avec une intensité psychologique si subtile que l'émotion nous traverse de plein fouet sans avertir. Inoubliable car inaltérable, à l'instar d'une Brigitte Fossey touchée par la grâce de son infinie innocence inscrite dans toutes nos mémoires.

    *Bruno
    17.03.25. 3èx
     
    Une analyse plus fouillée par Gilles Vannier: Jeux interdits - René Clément - Tortillapolis

    Récompenses: Oscar du Meilleur Film Etranger, 1952
    Lion d'or à la Mostra de Venise, 1952
    BAFTA du meilleur film, 1954
    Grand Prix Indépendant Festival de Cannes, 1952
    Prix Femina, 1952
    Meilleur Film français et étranger Critique Américaine, 1952
    Prix de la Critique Japonaise Tokyo, 1953
    Meilleur Film mondial Critique Anglaise Londres, 1953
     

    jeudi 16 octobre 2014

    NOS FUNERAILLES (The Funeral)

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    d'Abel Ferrara. 1996. U.S.A. 1h39. Avec Christopher Walken, Chris Penn, Annabella Sciorra, Isabella Rossellini, Vincent Gallo, Benicio Del Toro, Gretchen Mol, Victor Argo.

    Sortie salles France: 27 Novembre 1996. U.S: 1er Novembre 1996

    Récompenses: Meilleur Second Rôle pour Chris Penn au Festival de Venise
    Prix de l'organisation catholique internationale pour le cinéma.

    FILMOGRAPHIE: Abel Ferrara est un réalisateur et scénariste américain né le 19 Juillet 1951 dans le Bronx, New-York. Il est parfois crédité sous le pseudo Jimmy Boy L ou Jimmy Laine.
    1976: Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L). 1979: Driller Killer. 1981: l'Ange de la Vengeance. 1984: New-York, 2h du matin. 1987: China Girl. 1989: Cat Chaser. 1990: The King of New-York. 1992: Bad Lieutenant. 1993: Body Snatchers. Snake Eyes. 1995: The Addiction. 1996: Nos Funérailles. 1997: The Blackout. 1998: New Rose Hotel. 2001: Christmas. 2005: Mary. 2007: Go go Tales. 2008: Chelsea on the Rocks. 2009: Napoli, Napoli, Napoli. 2010: Mulberry St. 2011: 4:44 - Last Day on Earth. 2014: Welcome to New-York. 2014: Pasolini.


    Drame criminel d'une noirceur absolue, Nos Funérailles renoue avec le sacre de la mafia sous un aspect totalement nihiliste, Ferrara auscultant la déroute d'une famille de gangsters des années 30 après la mort d'un des leurs. Alors que la famille Tempio pleure les funérailles du jeune Johnny, ses frères se promettent de retrouver le coupable afin de le venger. Entrecoupés de flash-back, Abel Ferrara nous remémore principalement le compromis du clan Tempio avec un gangster renommé malgré le désistement de Johnny. Quand bien même après sa mort, ses frères Chez et Ray vont nous dévoiler leur état d'âme partagé entre haine de rancoeur et désespoir d'une impossible rédemption. 


    D'une puissance psychologique éprouvante et d'une intensité dramatique aussi rigoureuse, Nos Funérailles s'édifie en cérémonial mortuaire lorsqu'une famille de mafieux se rendent à l'évidence de leur échec moral. Tyrannisés entre leur foi catholique où Dieu plane au dessus de leurs épaules et leurs exactions criminelles qu'ils perpétuent de sang froid, Chez et Ray s'embourbent dans le désarroi de la colère et le doute de leurs actes après le fardeau inconsolable d'un deuil familial. Tributaires de leur condition véreuse car habités depuis toujours par leurs pulsions d'orgueil, d'égoïsme, de haine et de meurtre, la vengeance et la folie seront les derniers catalyseurs de leur sombre déchéance. A travers le déshonneur de cette famille italienne contaminée par le poison du Mal, Abel Ferrara signe un requiem de la damnation lorsque l'engrenage de la violence dissout une famille catholique. Outre la virtuosité d'une mise en scène scrupuleuse reconstituant avec réalisme l'époque des années 30, l'intensité d'un score strident et le soin imparti à la photo ténébreuse tirant sur les teintes mauves et noires, Nos Funérailles est sublimé par la présence d'une poignée de comédiens à la mine désenchantée. Leur charisme viril et animal rappelant à l'occasion les gueules iconiques de gangsters issus du cinéma d'avant-guerre. Mais la palme de la révélation en revient indubitablement au regretté Chris Penn endossant ici le rôle de sa vie dans celui d'un époux violent, aussi torturé dans sa perversité désaxée et son incontrôlable colère qu'hanté de remords d'avoir sombré si bas dans l'avilissement. 


    Affliction de la contrition. 
    Chef-d'oeuvre de noirceur baignant dans un désespoir insoluble, Nos Funérailles transcende la dernière dérive meurtrière d'une famille de truands accablés par le deuil familial et incapables d'en tirer une leçon dans leur condition d'affranchis déchus. Epouvantablement nihiliste car sans aucune échappatoire, Ferrara nous plonge dans leur décadence avec une intensité psychologique affligeante. 

    A Chris Penn...
    Bruno Matéï
    3èx

    mercredi 15 octobre 2014

    E.T (E.T. The Extra-Terrestrial)

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

    de Steven Spielberg. 1982. U.S.A. 1h55. Avec Pat Welsh, Dee Wallace Stone, Henry Thomas, Peter Coyote, Robert MacNaughton, Drew Barrymore.

    Sortie salles France: 26 Mai 1982 (Cannes). 1er Décembre 1982 (sortie nationale). U.S: 11 Juin 1982

    FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis). 1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre.


    "Je refuse de dire: parmi tous mes films, c'est celui-là que je préfère. Cela revient à dire que, parmi tous mes enfants, j'ai un préféré. La Liste de Schindler est le film qui compte le plus pour moi, mais E.T. est mon film le plus personnel. Dire qu'un film s'adresse à l'enfant qui est en nous est devenu un cliché. Pourtant, je pense qu'E.T. s'adresse à ce que nous sommes, à ce que nous avons été, et à ce que nous voudrions redevenir". Steven Spielberg.

    Succès planétaire multi récompensé aux Etats-Unis, E.T est l'incarnation parfaite du divertissement féerique touché par la grâce. Car à travers la profonde histoire d'amitié d'un enfant et d'un extra-terrestre, Steven Spielberg a accompli un chef-d'oeuvre d'émotion, de fantaisie et de simplicité. Un conte merveilleux sur le droit à la différence, un message de tolérance pour la paix universelle, un message d'espoir pour l'existence extra-terrestre et une diatribe contre la vivisection animale (voire le châtiment des grenouilles pratiqué durant le cours scolaire qu'Elliot finira par libérer de leur condition d'expérimentation). L'art de narrer une histoire accessible à tous afin de nous replonger dans l'émerveillement de notre enfance, un alibi pour nous rappeler à quel point cette période virginale relevait de la magie existentielle !


    Indéniablement naïf chez l'attendrissement de nos héros en culotte courte épris d'affection pour un E.T en perdition, Spielberg transcende leur comportement et leur réaction face à l'inconnu avec une sensibilité prude. A l'instar de l'attitude toute aussi innocente de l'extra-terrestre féru d'affection pour leur bonhomie et de curiosité pour leur innocence immature. C'est grâce à cet accueil chaleureux qu'E.T va donc pouvoir se réfugier au sein de leur cocon familial et grâce à leur soutien qu'il tentera d'entrer en contact avec ses proches afin de rentrer chez lui. Outre l'intense amitié émise entre lui et le jeune Eliott débordant de compassion et de confiance, l'aventure haletante est également à l'appel lorsque les enfants vont user de stratagèmes afin de déjouer les ambitions orgueilleuses des scientifiques et de l'armée. Ainsi, à travers leur attitude mégalo pour la recherche et l'observation d'une vie extra-terrestre, E.T met en exergue le caractère menaçant du monde des adultes résignés instinctivement à tout contrôler, et leur manque de considération face à la sagesse de l'enfant. Car ici ces derniers sont bels et bien les héros du film afin de nous rappeler l'importance de leur morale inscrite dans les notions de tolérance, de respect d'autrui et d'assistance à personne en danger. 


    Sommet d'émotion dans les rapports amiteux échangés entre un garçonnet et un extra-terrestre, E.T transcende sa simplicité narrative avec une grâce enchanteresse et avec l'intimité d'un cinéaste à l'âme d'enfant marqué par le divorce de ses parents et de sa solitude prépubère. Outre la puissance lyrique des moments les plus émotifs que le score de John Williams harmonise, les effets spéciaux de Carlo Rambaldi ont surtout entrepris la prouesse de rendre expressive une créature animatronique à la fragilité humaine bouleversante. Une présence inoubliable pour un chef-d'oeuvre d'émotions candides. 

    Bruno Matéï
    4èx

                                               

    mardi 14 octobre 2014

    L'Horrible Invasion / Kingdom of the Spiders

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site exclamationmark.wordpress.com

    de John Bud Cardos. 1977. U.S.A. 1h37. William Shatner, Tiffany Bolling, Woody Strode, Lieux Dressler, David McLean.

    Sortie salles France: 31 Mai 1978. U.S: 23 Novembre 1977

    FILMOGRAPHIE: John 'Bud' Cardos est un réalisateur, acteur et producteur américain, né le 20 Décembre 1929 à Saint Louis, Missouri. 1970: The red, white, and black. 1971: Drag Racer. 1971: The Female Bunch (non crédité). 1977: L'Horrible Invasion. 1979: The Dark. 1979: Le Jour de la fin des temps. 1984: Mutant. 1988: Act of Piracy. 1988: Skeleton Coast. 1988: Les Bannis de Gor.


    En pleine vogue du film d'agression animale initié par Spielberg avec Les Dents de la Mer, John "Bud" Cardos reprend le même schéma catastrophiste en s'attardant ici à dépeindre l'invasion d'araignées mortelles au sein d'une bourgade de l'Arizona. Alors que les nanars numérisées prolifèrent sur nos écrans depuis quelques décennies, l'Horrible Invasion joue la carte de la série B artisanale. Ou plutôt de l'authenticité, nos monstres à huit pattes s'avérant ici de véritables mygales que le réalisateur aura recruté par milliers !!! Ainsi, les observer s'agripper sur l'échine des victimes instaure un indéniable malaise épidermique face à leurs attaques répétées, et ce sans que l'intrigue ne prenne le pas sur la surenchère. Avec la mise en cause des pesticides, les araignées se résignent aujourd'hui à dévorer le bétail d'élevage et les humains depuis que les insectes ont déserté les champs toxiques. Devenues résistantes et cinq fois plus venimeuses que la normale, elles décident de passer à l'offensive jusqu'à s'acheminer vers l'urbanisation de Verde Valley.


    Aussi incongru soit-il, cet argument alarmiste demeure crédible de par la structure intelligente de son intrigue bâtie sur les dangers de la pollution. Le cinéaste optant également sur l'attente de la menace à grande échelle afin de suggérer suspense exponentiel ainsi qu'une étude de caractérielle. La première partie s'attachant à nous décrire le fardeau d'un couple de fermiers lorsque l'une de leur génisse et leur chien sont retrouvés empoisonnés par un venin foudroyant. Dépêchés sur les lieux afin de rendre un rapport d'expertise, un vétérinaire et une entomologiste (en instance d'idylle) se rendent à l'évidence que les araignées ont décidé de modifier leur instinct de survie afin de subvenir à leur besoin nutritif. Par petites touches, les incidents meurtriers vont progresser au fil de leur investigation et du soutien d'un shérif avenant, jusqu'à ce que les mygales s'en prennent physiquement à l'homme ! C'est là qu'intervient la seconde partie beaucoup plus haletante auprès de son lot de péripéties horrifiques où les arachnides prolifèrent en masse au sein d'une ville en état de marasme ou dans le vase clos d'un bar occupé par une poignée de survivants. Outre le caractère véritablement impressionnant de leurs attaques communes, l'efficacité de l'Horrible Invasion émane de cette conviction à nous faire croire que de simples mygales ont décidé d'anéantir l'espèce humaine comme le souligne son épilogue cauchemardesque dans toutes les mémoires.


    En dépit de son aspect un tantinet télévisuel (renforçant par ailleurs son charme rétro), l'Horrible Invasion est une incroyable machine à frissons de par l'intervention d'authentiques arachnides et pour l'intensité viscérale de leurs exactions horrifiques. D'une intrigue simple mais efficace découlant également le caractère crédible d'une sobre interprétation et de la montée en puissance d'une menace aussi réaliste qu'insidieuse. Une référence toujours inégalée à ce jour. 

    P.S: Un grand coup de chapeau à tous ces comédiens qui ont su faire preuve de sang froid et de bravoure pour se laisser agripper par ces nombreuses Mygales !

    *Bruno
    4èx
    14/10/14
    02/03/11