Photo emprunté sur Google
de Jean Rollin. 1973. France. 1h20. Avec Françoise Pascal, Hugues Quester, Natalie Perrey, Michel Delesalle, Mireille Dargent (sous le nom de "Dily D'Argent"), Jean Rollin.
FILMOGRAPHIE:
Jean Michel Rollin, Roth Le Gentil est un réalisateur, producteur et scénariste français, né le 3 novembre 1938 à Neuilly-sur-Seine (France), décédé le 15 Décembre 2010.
1958 : Les Amours jaunes, 1961 : Ciel de cuivre, 1963 : L'Itinéraire marin, 1964 : Vivre en Espagne, 1965 : Les Pays loin, 1968 : Le Viol du vampire, 1969 : La Vampire nue, 1970 : Le Frisson des vampires, 1971 : Requiem pour un vampire, 1973 :
La Rose de fer, 1974 : Les Démoniaques, 1975 : Lèvres de sang, 1978 : Les Raisins de la mort, 1979 : Fascination,1980 : La Nuit des traquées, 1981 : Fugues mineures (Les Paumées du petit matin, 1981 :Le Lac des morts vivants (sous le pseudonyme de J. A. Lazer), 1982 : La Morte vivante, 1984 :Les Trottoirs de Bangkok, 1985 : Ne prends pas les poulets pour des pigeons (sous le pseudonyme de Michel Gentil), 1989 : Perdues dans New York, 1990 : La Griffe d'Horus(TV), 1991 : À la poursuite de Barbara, 1993 : Killing Car, 1997 : Les Deux Orphelines vampires, 2002 : La Fiancée de Dracula, 2007 : La Nuit des horloges, 2010 : Le Masque de la Méduse.

Franc-tireur du fantastique français des seventies, Jean Rollin n’a jamais réellement gagné les faveurs du public ni de la critique dans notre cher pays, frileux envers le genre, malgré une poignée d’aficionados reconnaissant en lui la patte d’un auteur singulier, adepte d’atmosphères onirico-sensuelles. À l’inverse, des cohortes de fans d’Outre-Manche continuent de lui vouer un véritable culte autour de sa filmographie fantastique ; rappelons d’ailleurs que le cinéaste œuvra aussi dans la pornographie afin de renflouer ses échecs commerciaux récurrents. Réalisé en 1973, La Rose de Fer ne déroge pas à la règle du fiasco critique et public, alors même qu’il s’agit pourtant de l’une de ses œuvres les plus personnelles et envoûtantes, loin s’en faut. Le récit, volontairement linéaire, suit l’errance nocturne d’un couple d’amoureux dans un cimetière de Picardie - à Amiens plus précisément, non loin de chez moi.

Durant toute une nuit, les amants arpentent les allées, cherchant en vain l’issue. Peu à peu, l’angoisse de ce lieu morbide gangrène leur relation, jusqu’à ce que la jeune femme se laisse envahir par l’ivresse d’une douce démence, en résonance intime avec les morts. Séduite par l’aura spirituelle émanant des pierres tombales et par le silence paisible qui règne dans l’air, elle finit par communier avec les âmes des défunts, improvisant quelques pas de danse, allant jusqu’à enlacer un crâne pour leur témoigner son amour. Éloge de la mort et de l’éternité nocturne, La Rose de Fer se love dans un climat onirique de huis clos gothique, parmi sculptures de pierre et caveaux funéraires. C’est une véritable promenade avec l’au-delà que nous propose Jean Rollin, portée par son rythme languissant - sans jamais ennuyer - et par la complicité naturelle de comédiens semi-amateurs, étonnamment convaincants, à commencer par Françoise Pascal, d’une innocence discrètement fougueuse. La réalisation bricolée, parfois traversée d’images fantasmagoriques en clair-obscur saisissant, conjuguée à un jeu d’acteurs presque improvisé, distille un charme trouble, embarquant le spectateur dans un requiem de la solitude. Bien sûr, pour se laisser happer par cette expérience mystique, il faut accepter la monotonie et la maladresse - si attachantes - de l’ensemble, et surtout épouser le style très particulier de Jean Rollin, cédant volontiers au non-sens pour mieux nous perdre dans son univers de fantasmes et d’érotisme délectable.

"Songe d’une pierre tombale."
Beau, envoûtant, parfois bercé par une musique lancinante ou soudain dissonante, La Rose de Fer est un étrange voyage au royaume des morts, une promenade spirituelle en leur compagnie, où la douceur de la nuit finit par nous convaincre de la paix de leur repos éternel. Un superbe poème sépulcral, aussi fascinant que singulier - surtout au sein du paysage hexagonal. Probablement mon film préféré de la carrière de Jean Rollin.
— le cinéphile du cœur noir 🖤
Dédicace à Daniel Aprin et Mathias Chaput
13/12/25. 3èx