"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
jeudi 24 mars 2016
STAR WARS, EPISODE VII: LE REVEIL DE LA FORCE
"Star Wars Episode VII: The Force Awakens" de J. J. Abrams. 2015. U.S.A. 2h18. Avec Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac, Adam Driver, Harrison Ford, Carrie Fisher, Mark Hamill, Peter Mayhew et Joonas Suotamo, Domhnall Gleeson
Sortie salles France: 16 décembre 2015. U.S: 18 Décembre 2015
FILMOGRAPHIE: J.J Abrams est un réalisateur, producteur, compositeur, acteur et scénariste américain pour le cinéma et la télévision, né le 27 Juin 1966 à New-york. Il est en outre le créateur des séries TV, Lost, Alias, Felicity, Fringe, Undercovers, Alcatraz et Obb Jobs.
2006: Mission Impossible 3. 2009: Star Trek. 2011: Super 8. 2013: Star Trek into the darkness. 2015: Star Wars, le réveil de la force.
Comme on dit si bien: l'avatar ne vaudra jamais l'original.
Emaillé de séquences d'action à couper le souffle et de la rencontre franchement poignante du duo séculaire Harrison Ford / Carrie Fisher, un sympathique divertissement aux intentions sincères évidentes (réconcilier l'ancienne et la nouvelle génération du public) mais dénué d'âme, de fureur et de passion, d'intensité dramatique et de chaleur humaine (ou si peu, à l'instar de son climat austère !), faute d'un scénario scolaire aux enjeux vides d'intérêt (2h07 pour entrevoir l'apparition escomptée de Luke Skywalker !).
P.S: Mention spéciale pour la révélation Daisy Ridley tout à fait convaincante dans son rôle juvénile d'insurgée en initiation héroïque.
mercredi 23 mars 2016
EDWARD AUX MAINS D'ARGENT. Oscar du Meilleur Maquillage, 1991.
"Edward Scissorhands" de Tim Burton. 1990. U.S.A. 1h45. Avec Johnny Depp, Winona Ryder, Dianne Wiest, Anthony Michael Hall, Alan Arkin, Kathy Baker, Robert Oliveri, Vincent Price.
Sortie salles France: 10 Avril 1991. U.S: 14 Décembre 1990
FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie. 1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie. 2014: Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine's Home for Peculiar Children.
mardi 22 mars 2016
L'ANNEE DU DRAGON
"Year of the Dragon" de Michael Cimino. 1985. U.S.A. 2h14. Avec Mickey Rourke, John Lone, Ariane Koizumi, Leonard Termo, Victor Wong, Dennis Dun, Raymond J. Barry
Sortie salles France: 13 novembre 1985. U.S: 16 août 1985
FILMOGRAPHIE: Michael Cimino est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 3 février 1939 à New-York.
1974: Le Canardeur. 1978: Voyage au bout de l'enfer. 1980: La Porte du Paradis. 1985: L'Année du Dragon. 1987: Le Sicilien. 1990: La Maison des Otages. 1996: The Sunchaser. 2007: Chacun son cinéma - segment No Translation Needed.
Grand polar des années 80 qui redora le blason de Michael Cimino après le four financier de la Porte du Paradis, l'Année du Dragon lui est l'occasion de tailler une carrure antipathique à un héros réactionnaire. Souhaitant à tous prix alpaguer un baron de la drogue au sein du quartier de Chinatown, Stanley White nous est décrit comme un capitaine ingrat inscrit dans l'individualisme. Un chien fou aux méthodes expéditives qui entraînera des dommages collatéraux auprès de son entourage, quand bien même son rôle d'époux infidèle le réduit au goujat incorrigible. C'est d'ailleurs durant ce désordre conjugal qu'il extériorise sa colère sur le terrain avant de se réconforter maladroitement dans les bras d'une séduisante journaliste.
Dans une subtile structure narrative et à la manière d'un opéra aux accents musicaux lyriques, Michael Cimino dépeint la situation chaotique d'une cité urbaine lorsque les trafics et exactions de triades sont savamment planifiées. Au sein de cette pègre intouchable commanditée par le magnat Joey Tai, Stanley White s'est juré de nettoyer les quartiers de cette vermine en provoquant orgueilleusement son ennemi juré. Prenant grand soin d'ausculter le profil torturé d'un flic sur la dérive, Michael Cimino accorde beaucoup de crédit à nous familiariser avec ses quotidiennetés conjugales afin de renforcer l'intensité des enjeux et de nous avertir sur sa responsabilité morale des conséquences criminelles qu'il subira. Par son égoïsme à ne pouvoir se remettre en question ("J'aimerai devenir un type sympa mais je sais pas comment faire !" s'exclamera-t'il dans la conclusion), sa prétention et son arrogance à provoquer la mafia, émanent une série d'affrontements punitifs dont White et Tai en seront les principaux garants. Dans sa fonction irritable de flic rageur, Mickey Rourke explose une fois de plus l'écran pour endosser la carrure pugnace d'un justicier aux confins de la folie. Sa constance d'éradiquer à tous prix les trafiquants donnant lieu à des pugilats sanglants que Cimino coordonne avec virtuosité. Une violence âpre insufflant par ailleurs une intensité dramatique rigoureuse quant au sacrifice des innocents ! Par son rythme haletant mais aussi ses plages d'accalmie prônant la caractérisation fébrile et tourmentée des protagonistes, l'Année du Dragon amorce son terrain sous le pivot d'une dimension humaine désespérée.
Chemin de croix d'un jeune loup suicidaire dans sa soif de justice et de vengeance, l'Année du dragon transfigure avec brio imperturbable le portrait peu recommandable d'un représentant de l'ordre sur le fil du rasoir. Par le biais de sa déchéance morale, sa responsabilité assumée et son courage burné, Michael Cimino y dénonce l'impossible déracinement du terrorisme mafieux implanté sur un territoire étranger. D'un réalisme opaque dans sa facture aussi épique que poignante, ce chef-d'oeuvre du polar séduit également par son éclatante modernité (à l'instar de l'énergie rageuse de ses séquences d'action).
lundi 21 mars 2016
BEETLEJUICE. Oscar du Meilleur Maquillage, 1989.
de Tim Burton. 1988. U.S.A. 1h32. Avec Alec Baldwin, Geena Davis, Michael Keaton, Winona Ryder, Jeffrey Jones, Catherine O'Hara, Glenn Shadix
Sortie salles France: 14 décembre 1988. U.S: 30 Mars 1988
FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie. 1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie. 2014: Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine's Home for Peculiar Children. 2019: Dumbo. 2024 : Beetlejuice Beetlejuice. 2026 : Attack of the 50 Foot Woman.
Comédie horrifique débridée animée par l'insolence de Michael Keaton dans sa fonction expansive d'exorciste de l'au-delà, Beetlejuice emprunte le thème de la hantise avec une imagination cartoonesque en roue libre. Fraîchement décédé, un couple tente vainement d'effrayer les nouveaux occupants de leur ancienne demeure. Grâce au manuel des jeunes décédés, ils décident d'invoquer l'aide d'un exorciste, Beetlejuice ! Pour son second long-métrage, Tim Burton perdure dans la comédie loufoque en abordant les thèmes du deuil, de la hantise et de l'existence après la mort. Un argument horrifique académique que le cinéaste renouvelle fort brillamment de par son énergie aussi communicative que créatrice, son sens de flamboyance visuelle, sa cadence musicale, la galerie bigarrée de ses revenants et le ressort de gags macabres sciemment bonnards et pétulants.
En l'occurrence, si les fantômes tentent d'effrayer ses occupants pour retrouver l'harmonie de leur tranquillité, ces derniers finissent par se familiariser à leurs pitreries impromptues tant nos spectres farceurs redoublent d'outrance dans leurs stratégies exubérantes. Ainsi, sous le pilier d'une mécanique du rire bien rodée, Beetlejuice parvient notamment à y cristalliser un univers macabro-féerique par l'entremise d'une dimension parallèle invoquée à l'au-delà. Le couple de fantômes ne cessant de voguer d'un univers à l'autre pour mieux gérer leur nouvelle condition immortelle et avant d'invoquer l'aide de l'exorciste Beetlejuice. Parmi la galerie festive des protagonistes qu'endossent fougueusement le couple de fantômes, la famille Deetz et leurs invités, Tim Burton prend soin d'y dessiner avec beaucoup de tendresse le portrait fragile d'une ado rebelle en quête identitaire suivie de 2 fantômes en quête de repos. C'est d'ailleurs grâce à sa solitude et à son idéologie morbide qu'elle parvient à déceler les apparitions fantomatiques pour y entretenir facilement une complicité amicale afin de s'extraire de sa dépression. Enfin, pour pimenter l'intrigue fertile en situations irrésistiblement grotesques (la séquence musicale du repas reste le moment le plus déjanté), Beetlejuice impose notamment sa personnalité sous l'impulsion survitaminée de Michael Keaton. Ce dernier s'en donnant à coeur joie à adopter la défroque insalubre d'un trublion d'outre-tombe aussi perfide et impudent que pervers et (génialement) mal élevé.
Par le biais d'un pitch sommaire que l'on connait par coeur, Tim Burton l'exploite fort efficacement sous alibi parodique afin de renouveler un Fantastique baroque vu nulle part ailleurs. Si ces péripéties en pagaille instaurée dans le huis-clos domestique tirent parti de leur insolence auprès de l'inventivité des provocations horrifiques, la posture décalée des comédiens exacerbe l'esprit décomplexé de ce divertissement sans prétention. Exutoire à la hantise de la mort illustré de façon enchanteresse, Beetlejuice ne cesse d'y vouer son amour pour la cause naturelle de la mort dans un esprit désinhibé infiniment libérateur au point de s'affranchir de ses angoisses existentielles les plus répréhensibles.
Dédicace à Pauline Quinterne
vendredi 18 mars 2016
Mary Reilly
de Stephen Frears. 1996. U.S.A. 1h48. Avec Julia Roberts, John Malkovich, George Cole, Michael Gambon, Kathy Staff, Glenn Close, Michael Sheen
Sortie salles France: 17 Avril 1996. U.S: 23 Février 1996
FILMOGRAPHIE: Stephen Frears, est un réalisateur et producteur britannique, né le 20 juin 1941 à Leicester. 1968 : The Burning. 1971 : Gumshoe. 1979 : Bloody Kids. 1984 : The Hit. 1985 : My Beautiful Laundrette. 1987 : Prick Up Your Ears. 1987 : Sammy et Rosie s'envoient en l'air. 1988 : Les Liaisons dangereuses. 1990 : Les Arnaqueurs. 1992 : Héros malgré lui. 1993 : The Snapper. 1996 : Mary Reilly. 1996 : The Van. 1998 : The Hi-Lo Country. 2000 : High Fidelity. 2000 : Liam. 2002 : Dirty Pretty Things. 2005 : Madame Henderson présente. 2006 : The Queen. 2009 : Chéri. 2010 : Tamara Drewe. 2012 : Lady Vegas : Les Mémoires d'une joueuse. 2014 : Philomena. 2015 : The Program. 2016 : Florence Foster Jenkins.
Honteusement oublié, discrètement reconnu à sa sortie, Mary Reilly aborde le thème éculé de la lutte entre le Bien et le Mal à travers un jeu d’acteurs à son apogée. Loin de simplement remaker les classiques de Fleming ou Mamoulian, Stephen Frears y appose sa signature en instillant une romance équivoque entre Jekyll et sa gouvernante. Traumatisée par les sévices d’un père alcoolique, Mary tente d’oublier son passé en se dévouant à la demeure du Dr Jekyll. Lorsque celui-ci annonce l’arrivée imminente d’un mystérieux locataire nommé Mr Hyde, elle lui confie peu à peu ses blessures secrètes. Une complicité se noue, fragile, avant que l’irruption de Hyde ne bouleverse tout dans un souffle de dépravation.
Baigné dans une lumière blafarde, irrésistiblement envoûtante, Mary Reilly s’ancre dans un Londres du XIXe siècle reconstitué avec un soin presque hanté. La demeure labyrinthique dissimule de sinistres expériences, et la mise en scène s’attarde moins sur les effets que sur les âmes, scrutant les tourments des amants maudits. Stephen Frears sonde les méandres psychologiques de ces deux êtres fracassés, tiraillés entre désir, culpabilité et instinct de perdition.
À travers ce jeu trouble de soumission mêlée de confiance, le cinéaste accorde une attention précieuse aux états d’âme de Mary, fascinée malgré elle par le magnétisme brutal de Hyde. Julia Roberts incarne avec une sobriété poignante cette figure timorée, ambivalente, déchirée entre sa pudeur et un fantasme larvé. Son passé martyr ressurgit à la faveur des provocations de Hyde, et la jeune femme se laisse happer dans un ballet implicite de masochisme. Par son traitement audacieux — notamment dans la chimère érotique du rêve nocturne — Frears réinvente Dr Jekyll and Mr Hyde sous l’impulsion d’un amour tragiquement rédempteur.
Jekyll et Hyde, tous deux compromis par leurs sentiments, s'affrontent dans un duel intérieur où pouvoir et soumission, lumière et ténèbres s’entrelacent. Mis en scène avec élégance, le film distille la suggestion, mais n’évite pas la cruauté graphique : les sévices subis par Mary, la fillette rouée de coups, la mort brutale d’un ami… Ces éclats de violence renforcent une tension diffuse, insidieuse, qui contamine l’espace et les corps.
Outre la fragilité désarmée d’une Julia Roberts sans fard, le film s’abandonne à l’intensité vénéneuse d’un John Malkovich sobrement autoritaire au regard fuyant, hypnotique, insidieux. Il incarne, dans un trouble miroir, la part autodestructrice d’un chercheur condamné à démembrer son propre être pour disséquer les racines du Mal.
Jeu de miroir diaphane pour une romance masochiste en quête de rédemption, Mary Reilly explore avec fièvre les pulsions perverses et la fascination pour le Mal, dans une complicité trouble que Malkovich et Roberts électrisent jusqu’à l’os. Œuvre cérébrale, viscérale, poignante, elle élève le fantastique avec une dignité rare. Une perle vénéneuse à redécouvrir d’urgence.
jeudi 17 mars 2016
Mars Attacks !
de Tim Burton. 1996. U.S.A. 1h45. Avec Jack Nicholson, Glenn Close, Annette Bening, Pierce Brosnan, Danny DeVito, Martin Short, Sarah Jessica Parker, Michael J. Fox, Rod Steiger, Tom Jones, Lukas Haas, Natalie Portman, Jim Brown, Lisa Marie, Sylvia Sidney, Paul Winfield, Pam Grier, Jack Black, Joe Don Baker, O-Lan Jones, Christina Applegate.
Sortie salles France: 26 février 1997. U.S: 13 décembre 1996
FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie. 1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie. 2014: Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine's Home for Peculiar Children.
Parodie des films de science-fiction des années 50 inspiré d'un jeu de cartes à collectionner de 1962, Mars Attacks se permet par cette occasion un joli pied de nez au patriotisme d'Emmerich lorsque Independance Day sorti en fanfare la même année.
Que ce soit les élus politiques, l'armée réactionnaire, la contre-culture de la communauté "peace and love" ou encore le fanatisme de la religion, chacune de ses institutions bien pensantes volent en éclat sous les ricanements des E.T. Caricaturant sans modération le tempérament vaniteux des représentants politiques et de l'armée dans leur fonction martiale, Tim Burton privilégie également la valeur morale de deux personnages candides, introvertis et placides (une grand-mère et son p'tit fils timoré prochainement aptes à sauver le monde de manière aléatoire) souvent répudiés par leur entourage comme des laissés-pour-compte. Outre cette galerie de personnages fantasques, patriotiques et doux rêveurs, Mars Attacks tire parti de son ressort jouissif grâce aux exactions persifleuses de nos E.T faméliques. Affublé d'un cerveau surdimensionné que leur petit corps supporte nativement, ces derniers complotent leurs stratégies d'attaques parmi la motivation sardonique de subterfuges à répétition. Le peuple américain étant considéré à leurs yeux comme des êtres naïfs aussi influençables que manipulables. Emaillé de moments surréalistes insufflant un climat biscornu (le camouflage d'un martien dans une posture féminine au déhanchement dégingandé !), voir parfois même dérangeant (leurs expérimentations douteuses pratiquées sur quelques cobayes humains), Tim Burton cultive de temps à autre une poésie baroque fortuite pour mieux nous détourner !
Satire cinglante du patriotisme américain, pamphlet parodique évoquant le danger du nucléaire, Mars Attacks ! renouvelle l'invasion extra-terrestre dans un esprit déluré de bande-dessinée au vitriol. Outre la posture irrésistible de nos martiens gausseurs numériquement assez convaincants, le film séduit également par sa vigueur musicale. Tant par le thème entêtant orchestré par Danny Elfman que les bruitages éclectiques de sa bande-son survoltée ! (notamment l'impact strident des armes lasers). Jouissif au possible dans une décontraction irrésistiblement assumée.
mercredi 16 mars 2016
SLEEPY HOLLOW. Oscar de la Meilleure Direction Artistique, 2000.
de Tim Burton. 1999. U.S.A/Allemagne. 1h45. Avec Johnny Depp, Christina Ricci, Miranda Richardson, Michael Gambon, Christopher Walken, Marc Pickering, Casper Van Dien, Jeffrey Jones, Richard Griffiths, Ian McDiarmid, Michael Gough, Steven Waddington, Christopher Lee, Lisa Marie, Martin Landau, Ray Park.
Sortie salles France: 9 Février 2000. U.S: 19 Novembre 1999
FILMOGRAPHIE: Timothy William Burton, dit Tim Burton, est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 25 Août 1958 à Burbank en Californie.
1985: Pee-Wee Big Adventure. 1988: Beetlejuice. 1989: Batman. 1990: Edward aux mains d'argent. 1992: Batman, le Défi. 1994: Ed Wood. 1996: Mars Attacks ! 1999: Sleepy Hollow. 2001: La Planète des Singes. 2003: Big Fish. 2005: Charlie et la Chocolaterie. 2005: Les Noces Funèbres. 2008: Sweeney Todd. 2010: Alice au pays des Merveilles. 2012: Dark Shadows. 2012: Frankenweenie. 2014: Big Eyes. 2016 : Miss Peregrine's Home for Peculiar Children.
Délibéré à rendre hommage au cinéma gothique italien et à la Hammer Films avec une ambition avisée, Tim Burton emprunte la nouvelle homonyme de Washington Irving afin de parfaire un conte horrifique d'une fulgurance formelle (photo désaturée à l'appui). 1799. Un mystérieux assassin surnommé le cavalier sans tête s'en prend à de paisibles villageois dans la contrée de Sleepy Hollow. Issu de New-York, le détective Ichabod Crane est enrôlé afin de prouver son talent scientifique pour démasquer l'identité du meurtrier. Son enquête l'amène à fréquenter une galerie de magistrats particulièrement équivoques au moment même où le cavalier sans tête redouble d'exactions sanglantes. Par le biais d'un scénario retors opposant le surnaturel à la rationalité du complot, Tim Burton rend hommage à l'épouvante séculaire pour le dépoussiérer avec une fraîcheur fringante.
De par la vigueur des scènes d'action remarquablement chorégraphiées (que ce soit les poursuites en fiacre ou à cheval et les pugilats), l'efficacité des séquences gores multipliant les décapitations percutantes et la posture maladroite du détective aussi perspicace que pittoresque. Johnny Depp réussissant à donner chair à sa fonction pleutre avec un soupçon d'exubérance subtilement modeste. On est donc loin de ses mimiques outrées prochainement aperçues dans des métrages lucratifs (la saga des Pirates des Caraïbes, Dark Shadows, Lone Rangers, Alice au pays des merveilles). Dans celui du méchant iconique à l'animosité cruelle, Christopher Walken lui prête la vedette avec un charisme saillant par sa physionomie effrayante (dentition acérée et regard azur injecté de haine). On est également impressionné par sa robustesse et son agilité lorsque ce dernier dénué de tête alpague froidement sa victime (enfant compris !) pour y collectionner ses macabres trophées. Bourré d'illustres seconds-rôles au charisme buriné (Christopher Lee, Martin Landeau, Michael Gambon, Jeffrey Jones, Richard Griffiths, Ian McDiarmid, Michael Gough), Sleepy Hollow déclare sa flamme aux classiques de l'épouvante parmi l'affable complicité de tous ces vétérans. Quant aux gentes dames s'opposant des sentiments de tendresse, de jalousie et de rancoeur, Christina Ricci et Miranda Richardson se disputent la vedette avec une séduction vénéneuse.
Formellement renversant, si bien que Tim Burton transfigure la campagne brumeuse et les habitacles domestiques à l'instar de tableaux picturaux, Sleepy Hollow oscille l'onirisme féerique (notamment par l'entremise des songes d'Ichabod) et le gothisme macabre sous un ressort narratif bourré de suspense, rebondissements et faux coupables. Avec un brio technique impressionnant et parmi la complicité de sa distribution prestigieuse, Sleepy Hollow parvient à susciter mystère et angoisse sous l'impulsion de la superstition locale et d'une sorcellerie perfide. Tour à tour fascinant et ensorcelant, une des plus belles réussites de son auteur à ranger aux côtés de sa monstrueuse parade, Batman, le défi et du cruel conte de fée, Edward aux mains d'argent.
mardi 15 mars 2016
HARDCORE
de Paul Schrader. 1979. U.S.A. 1h47. Avec George C. Scott, Peter Boyle, Season Hubley, Dick Sargent, Leonard Gaines, Dave Nichols, Larry Block, Gary Graham, Ilah Davis
Sortie salles France: 2 Mai 1979 (Interdit aux - de 18 ans). U.S: 9 Février 1979.
FILMOGRAPHIE: Paul Schrader est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 22 Juillet 1946 à Grand Rapids (Michigan).
1978: Blue Collar: 1979: Hardcore. 1980: American Gigolo. 1982: La Féline. 1985: Mishima. 1987: Light of Day. 1988: Patty Hearts. 1990: Etrange Séduction. 1992: Light Sleeper. 1994: Witch Hunt (télé-film). 1997: Touch. 1997: Affliction. 1999: Les Amants Eternels. 2002: Auto Focus. 2005: Dominion. 2007: The Walker. 2008: Adam Resurrected.
Drame psychologique abordant les thèmes de la pornographie underground et du rigorisme parmi le témoignage du paternel investigateur, Hardcore nous dévoile l'envers du décor lorsqu'une jeune adolescente disparaît afin de devenir esclave sexuelle derrière l'écran. Après avoir vainement embauché un détective véreux, Jak Van Dorn décide de mener lui même son enquête afin de retrouver sa fille en vie. Plongé dans un monde obscur qu'il n'a jamais côtoyé, son parcours l'amène à fréquenter la clientèle au sein des clubs SM et Sex-shops diffusant parfois des projections privées de films ultra violents. Tourné à la fin des années 70, Hardcore aborde le libéralisme de la pornographie à son expansion. Car c'est durant cette période sulfureuse que les productions X ont droit de diffusion dans les salles spécialisées tout comme l'émergence florissante des Sex-shop. A l'instar d'une enquête policière, l'intrigue prend son temps à relater le difficile périple d'un père, catholique pratiquant plongé malgré lui dans un univers de dépravation sexuelle après avoir été témoin des ébats de sa fille lors d'une projection super 8.
Par l'entremise du porno underground, Paul Schrader ose aborder avec sérieux la légende urbaine des fameux Snuff-movies que certains désaxés s'échangeraient sous le manteau lors d'une stricte confidentialité. A cette époque en vogue de la libre circulation du X, Schrader y dénonce le laxisme et l'impuissance de la police à démasquer les auteurs de pédophilie lorsque des filles mineures sont enrôlées de force pour tourner dans des productions sans fiche identitaire. Si la mise en scène parfois maladroite manque de subtilité à exploiter son sujet et d'intensité dramatique (notamment pour les rapports conflictuels entre le père et sa fille), Hardcore suscite l'intérêt quant à la déliquescence irascible du paternel contraint d'observer les pratiques sexuelles les plus perverses. Par le biais de ce personnage puritain qu'endosse brillamment le vétéran George C. Scott, son parcours moral tend à décliner vers des accès de violence incontrôlées, notamment en osant molester une jeune prostituée venue lui prêter main forte pour retrouver les auteurs de l'éventuel kidnapping. Mieux encore, Schrader met en appui les conséquences dramatiques de sa morale rigoriste sachant Spoil ! que sa fille ne fut finalement jamais enlevée par un quelconque réseau. C'est ce que le final nous dévoile brièvement lorsque cette dernière osera avouer à son paternel qu'elle claqua la porte du domicile depuis l'éthique conservatrice de ce dernier. Fin du Spoil. L'émancipation de la femme et la liberté sexuelle étant notamment à cette époque en pleine révolution.
Hormis quelques scories dénaturant parfois le réalisme de situations scabreuses, la caricature de certains seconds-rôles (principalement le détective privé grossièrement incarné par Peter Boyle) et son sujet pas totalement abouti, Hardcore ne manque pas de déranger pour fustiger l'industrie mafieuse d'un porno autonome et l'influence qu'elle peut engendrer chez sa clientèle déviante. Portant le film à bout de bras, l'immense George C. Scott parvient en outre à se tailler une carrure équivoque dans sa posture de voyeur vindicatif avant sa remise en question religieuse pour l'amour filial.
lundi 14 mars 2016
KRAMPUS
de Michael Dougherty. 2015. U.S.A. 1h38. Avec Adam Scott, Toni Collette, David Koechner, Allison Tolman, Conchata Ferrell, Emjay Anthony.
Sortie salles France: 4 mai 2016. US: 4 décembre 2015
FILMOGRAPHIE: Michael Dougherty est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur et producteur américain, né en Octobre 1974 à Columbus. 1998: Refrigerator Art. 1998: Deadtime Stories. 2008: Trick'r Treat. 2010: Calling all Robots. 2015: Krampus.
Déjà responsable du réjouissant Trick or Treat, Michael Dougherti confirme tout le bien que l'on pensait de lui avec Krampus. Un conte de noël gouailleur dans la lignée de Gremlins et de l'esprit généreux de Joe Dante à honorer le genre. Durant la réunion de famille d'un réveillon de Noël, le jeune Max ne supporte plus l'ambiance électrique de leurs discordes. Tandis qu'une menace semble se propager à l'extérieur de la maison, tous les invités se préparent à recevoir son éventuel intrusion. A travers un cheminement narratif éculé (stratégies d'attaques et de défense contre une menace grandissante), Michael Dougherti parvient à renouveler les codes du film de monstres grâce au charisme de leur morphologie, l'implication spontanée des comédiens, l'habile gestion de l'expectative et un sous-texte social fustigeant le consumérisme.
Les conséquences horrifiques de cette nuit tumultueuse émanant de l'incivisme des enfants autant que celui des adultes rendus capricieux par leur confort matériel. Sans jamais ridiculiser la coutume de Noël puisque pleine de tendresse pour sa noble tradition, le réalisateur en profite donc pour nous rappeler à quel point notre société de consommation nous a tous réduits à des êtres insolents férus d'égoïsme à occulter dignement la naissance de Jésus. La plupart des adultes se comportant ici comme des bambins dénués de tous repères moraux. Jouant également sur l'attente quant à l'apparence ostensible de la grande menace, Michael Dougherti cultive la curiosité par une notion latente de suspense jusqu'à ce que des seconds-rôles diablotins ne viennent bouleverser la donne lors d'une 2è partie échevelée. Pleins d'inventivité et d'insolence, les pugilats entre créatures et victimes laissent libre court à un esprit cartoonesque sous l'impulsion de l'humour noir et d'une ambiance survoltée offrant un joli pied de nez à la sagesse de Noël. Le soin apporté aux décors oniriques et à sa photo bigarrée confirmant également la volonté du cinéaste d'y soigner son cadre traditionnellement chaleureux.
Sans révolutionner le genre et sans autre ambition que de distraire intelligemment le spectateur par le biais d'une pétulante épreuve de survie, Michael Dougherti continue de surprendre et de prouver son amour, sa générosité et son brio à honorer le genre comme le fit autrefois l'illustre Joe Dante. Efficacement mené et emballé et regorgeant de situations débridées ne laissant aucun bénéfice aux personnages (à l'instar de la causticité de l'épilogue), Krampus constitue une sympathique farce macabre au travers d'une diatribe sur notre matérialisme infantile.
vendredi 11 mars 2016
MEURTRES EN 3 DIMENSIONS (le tueur du vendredi 2)
"Friday the 13th Part 3" de Steve Miner. 1982. U.S.A. 1h35. Avec Dana Kimmell, Paul Kratka, Richard Brooker, Nick Savage, Rachel Howard, David Katims, Larry Zerner, Tracie Savage.
Sortie salles France: 16 février 1983. États-Unis: 13 août 1982
FILMOGRAPHIE: Steve Miner est un réalisateur américain, né le 18 Juin 1951 à Westport, dans le Connecticut. 1981: Le Tueur de Vendredi. 1982: Meurtres en 3 dimensions. 1986: House. 1986: Soul Man. 1989: Warlock. 1991: A coeur vaillant rien d'impossible. 1992: Forever Young. 1994: Sherwood's Travels. 1994: My Father ce Héros. 1996: Le Souffre douleur. 1998: Halloween, 20 ans après. 1999: Lake Placid. 2001: The Third Degree (télé-film). 2001: Texas Rangers, la revanche des Justiciers. 2002: Home of the Brave (télé-film). 2006: Scarlett (télé-film). 2007: Day of the Dead.
Troisième opus de la franchise Vendredi 13, retitré en Dvd et Vhs par Le Tueur du Vendredi 2, Meurtres en 3 dimensions exploita le relief en vogue à l'aube des années 80 (les Dents de la mer 3, Amityville 3, Parasite, etc...) afin de mieux rameuter son public ado. Déjà responsable du second volet, Steve Miner (réalisateur parfois inspiré si je me réfère à House, Lake Placid et Halloween H20) ne s'embarrasse ici ni de subtilité ni d'originalité pour donner suite aux exactions de Jason. A titre de détail iconique, c'est d'ailleurs la première fois qu'il s'affuble d'un masque de hockey au visage pour ébranler sa victime, épiée et coursée avant l'estocade promise. On prend donc les mêmes et on recommence ! Le scénario d'une rare indigence reprenant les clichés du premier (et second) opus dans une structure narrative aseptique si on épargne la teneur sardonique de l'épilogue confiné à l'orée d'un lac.
On retrouve donc le cadre idyllique du camp forestier auquel une traditionnelle clique d'étudiants fêtards s'y sont réunis comme le caractérisent le duo de fumeurs de joints, le farceur féru de blagues macabres et le couple d'amoureux, quand bien même un vagabond leur avait préalablement prédit un destin des plus macabres. Pour ajouter un peu de fantaisie à l'aventure horrifique, Steve Miner s'embarrasse également de l'irruption impromptue d'un trio de loubards venus provoquer nos ados avant que Jason ne mette rapidement un terme à leurs bravades. Endigué de suspense et de tension, Meurtres en 3 dimensions ne compte donc que sur l'outrance spectaculaire des meurtres inventifs (2/3 effets chocs valent tout de même le détour !) avant que la dernière survivante ne rehausse le rythme pour affronter vaillamment le tueur lors de l'ultime quart d'heure. Cartoonesque en diable car fertile en poursuites homériques, ce point d'orgue ne manque ni de rythme ni de cocasserie lorsque le duo impromptu renchérit à se courser inlassablement pour l'enjeu de survie. Pour un peu, on se croirait même dans un épisode de Tom et Jerry tant Jason fait preuve d'apathie à daigner alpaguer maladroitement sa partenaire alors que cette dernière se parodie à jouer la victime effarouchée !
Franchise lucrative destinée à répéter la même recette jusqu'à saturation, Meurtres en 3 dimensions ne déroge pas à la règle mais se revoit aujourd'hui avec un sourire amusé pour les inconditionnels de Jason et du célèbre leitmotiv d'Harry Manfredini. Parfois spectaculaire et involontairement drôle, puis haletant lors de sa dernière partie, ce nanar sans prétention fait encore son p'tit effet ludique à condition de l'évaluer au second degré.
jeudi 10 mars 2016
A L'INTERIEUR
de Alexandre Bustillo et Julien Maury. 2007. France. 1h23. Avec Alysson Paradis, Béatrice Dalle, Nathalie Roussel, François-Régis Marchasson, Jean-Baptiste Tabourin, Dominique Frot, Claude Lulé
Sortie salles France: 13 Juin 2007
FILMOGRAPHIE: Alexandre Bustillo, né à Saint-Cloud le 10 août 1975, est un réalisateur et scénariste français. 2007 : À l'intérieur (avec Julien Maury). 2011 : Livide (avec Julien Maury).
2014 : Aux yeux des vivants (avec Julien Maury). 2016 : Leatherface (avec Julien Maury).
Julien Maury est un réalisateur et scénariste français.
Première incursion derrière la caméra du duo français Bustillo/Maury, A l'intérieur emprunte le schéma du survival horrifique sous le joug du huis-clos. Recluse chez elle, Sarah se remet difficilement de son accident de voiture qui lui valu la perte de son mari. Enceinte et sur le point d'accoucher, elle est persécutée par une mystérieuse inconnue délibérée à lui soutirer son bébé. Prenant pour thèmes le deuil et la maternité, A l'Intérieur aborde la perte de l'être aimé d'un point de vue horrifique jusqu'au-boutiste tant nos compères redoublent de provocation à enchaîner les exactions sanglantes avec une sauvagerie rarement intentée dans le paysage français. Grâce à son efficacité narrative soigneusement planifiée alternant situations de survie et stratégies de défense parmi l'appui de seconds-rôles en proie au danger permanent, ce home invasion ne cesse de surenchérir dans le hardgore avec un parti-pris assumé.
Epaulé d'une photo sépia aux éclairages translucides et d'une partition monocorde atmosphérique, Bustillo et Maury fignolent le cadre nocturne d'une demeure domestique confondue en théâtre de sang sous l'impulsion d'une tortionnaire intraitable. Dans sa posture hiératique et longiligne, Beatrice Dalle se délecte à emprunter la soutane d'une prêtresse habitée par la perversité. Cette dernière traquant ses proies avec un flegme inquiétant avant de se laisser chavirer vers des pulsions sanguinaires autrement primitives. La manière stylisée dont les cinéastes transfigurent chacune de ses apparitions apporte une touche surréaliste à sa silhouette mortifère. A l'instar d'une séquence subtilement angoissante lorsque cette dernière, tapie dans la pénombre d'une pièce, espionne par derrière sa victime à l'instar d'un spectre invisible. En proie soumise incessamment molestée et martyrisée (l'affrontement final innommable repousse les limites de la bienséance !), Alysson Paradis provoque la surprise à endosser la caricature fragile d'une défunte en instance de survie oscillant vigilance et bravoure pour contredire les châtiments de son ennemie. Nos deux partenaires féminines insufflant au fil de leur pugilat une tension dramatique d'une fureur viscérale. Pour terminer, on peut louer la qualité des FX artisanaux que Jacques Olivier Molon est parvenu à mettre en exergue avec un réalisme à couper au rasoir (en dépit de 2/3 CGI grossiers, à l'instar du rêve de l'héroïne et des apparitions internes du foetus).
Parmi son ambiance malsaine dérangeante instaurée dans le cadre feutré du huis-clos anxiogène, A l'Intérieur parvient à distiller angoisse, terreur et tension sous l'impulsion d'une horreur éprouvante parfois insoutenable (la gorge perforée à l'aide d'une tige à tricot, l'éventration au ciseau). Pour ce premier essai, Bustillo et Maury se tirent haut la main de la routine pour être parvenus avec sincérité et insolence à façonner un survival brut de décoffrage sous l'autorité charismatique de deux comédiennes à couteaux tirés.
A réserver à un public averti.
mercredi 9 mars 2016
THE LAST HOUSE ON DEAD END STREET
de Roger Watkins. 1977. U.S.A. 1h18. Avec Roger Watkins, Ken Fisher, Bill Schlageter, Kathy Curtin, Pat Canestro, Steve Sweet, Edward E. Pixley.
Sortie salles U.S: Mai 1977 (Interdit aux - de 18 ans). Inédit en France.
FILMOGRAPHIE: Roger Michael Watkins (pseudos: Richard Mahler/Bernard Travis/Victor Janos) est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur, né le 17 Septembre 1948, décédé le 6 Mars 2007.
1988: Decadence (Video) (as Richard Mahler). 1987: American Babylon (Video) (as Richard Mahler). 1983: Midnight Heat (as Richard Mahler). 1983: Corruption (as Richard Mahler). 1981: A Day in the Life of... The Cosmopolitan Girls (uncredited). 1981: Spittoon. 1980: Her Name Was Lisa (as Richard Mahler). 1980: Shadows of the Mind (as Bernard Travis). 1980: The Pink Ladies (as Richard Mahler). 1977: The Last House on Dead End Street (as Victor Janos).
Avertissement ! Par son climat putride et ses séquences scabreuses, le film est à réserver à un public averti.
Précédé d'une réputation sulfureuse aux séances nocturnes des Grindhouse et des drive-in, The Last house on dead end street surfe sur le thème des Snuff-movies que le duo Michael et Roberta Findley avait déjà évoqué un an au préalable dans leur médiocre Snuff. A peine sorti de prison, un cinéaste underground se lance dans l'exploitation de films pornos. Avec l'appui d'un producteur sans vergogne, il décide de le réaliser en repoussant les limites de la tolérance. Dans une ambiance électrique, le tournage va virer à l'orgie sanglante lorsque Terry décide d'assassiner devant la caméra ses acteurs ainsi que son producteur afin de proposer au public un spectacle plus vrai que nature. Expérience malsaine tout droit sortie d'un esprit dérangé, The Last house on dead end Street constitue la première oeuvre de Roger Watkins, réalisateur mais aussi acteur principal de son propre film. Un cinéaste aussi discret qu'obscur comme le souligne ses multiples pseudos qu'il emprunta également pour la confection de métrages X.
Par l'entremise d'un pitch linéaire exploitant à intervalle régulier sexe et gore de la manière la plus racoleuse (humiliations et sévices corporels s'avérant les maîtres mots !), Roger Watkins traite du mythe du Snuff-movie avec un réalisme (faussement) documenté. Un parti-pris assumé de préconiser le choc cérébral chez le spectateur participant malgré lui à une expérience visuelle et auditive profondément dérangeante (dissonance musicale à l'appui). Par son climat d'hystérie collective où chaque protagoniste est affublé d'un masque risible, ses éclairages limpides ou autrement ternes, son décor d'entrepôt insalubre et ses salles d'expérimentations, The Last house on dead end Street amorce une dérive criminelle en roue libre. Bien que son cheminement narratif ne cesse de compiler une succession de séquences chocs parfois/souvent déviantes (le célèbre supplice de la patte de bouc), le film parvient à susciter une curiosité palpable par son florilège d'images cauchemardesques où la folie désaxée semble habiter chacun des comédiens. D'ailleurs, durant ce tournage chaotique, on peut suspecter que ces derniers se soient adonnés aux drogues hallucinogènes, le réalisateur étant lui même un fervent consommateur à sa période autodestructrice. Cette ambiance aussi enragée que dérangée reflète bien les états d'âme pathologiques de celui-ci soucieux de cristalliser sur pellicule un bad-trip démoniaque habité par la perversité.
Que l'on adhère ou rejette en bloc ce délire scabreux imparti à l'expérimentation douteuse, The Last house on dead end street ne laisse pas indifférent et entretient la curiosité par son panel de séquences hystériques où l'ambiance malsaine indécrottable laisse parfois en mémoire des images d'une perversité maladive. Probablement l'une des expériences les plus cintrées de l'histoire du cinéma.
A ne pas mettre entre toutes les mains.
mardi 8 mars 2016
Le Manoir de la Terreur / Le Notti del terrore/Burial Ground
d'Andrea Bianchi. 1981. Italie. 1h25. Avec Karin Well, Gianluigi Chirizi, Simone Mattioli, Antonella Antinori, Roberto Caporali, Claudio Zucchet, Renato Barbieri, Mariangela Giordano, Peter Bark.
Sortie U.S le 15 Octobre 1986. Italie: 9 Juillet 1981
FILMOGRAPHIE: Andrea Bianchi est un réalisateur italien, né le 31 Mars 1925 à Rome.
1972: Diabolica Malicia. 1972: L'Île au trésor. 1974: Quelli che Contano. 1974: Basta con la guerra... facciamo l'amore. 1975: Nu pour l'assassin. 1976: La Moglie di mio padre. 1977: Cara dolce nipote. 1978: La moglie siciliana. 1979: Malabimba. 1981: Le Manoir de la Terreur. 1983: Altri desideri particolari. 1983: Morbosamente vostra. 1986: Dolce Pelle di Angela. 1987: Maniac Killer. 1987: l'Ange de la Mort. 1988: Incontri in case private. 1988: Racconti di donne. 1989: Massacre. 1989: Io Gilda. 1990: Qualcosa in più. 1990: Gioco di seduzione. 1991: Bambola di carne. 1993: Formula 3 - 1 ragazzi dell'autodromo.
Le pitch : Séjournant dans un manoir le temps d’un week-end, deux couples, une mère et son fils se retrouvent assiégés par une horde de zombies. Malgré leur inexpérience (c’est peu dire), ils vont devoir redoubler de vigilance et de bravoure pour repousser un antagoniste exhumé d’une crypte.
Cette intrigue triviale, dénuée de surprises, est louablement transcendée par le rythme échevelé des agressions carnivores que nos zombies parcheminés ne cessent de surenchérir, armés d’outils de jardinage improvisés en armes blanches (ils iront jusqu’à s’emparer d’un bélier pour défoncer la porte d’entrée).
Et à ce niveau débridé, les péripéties, d’abord instaurées dans le cadre verdoyant du jardin, débordent de générosité, multipliant les affronts entre zombies et survivants. Très vite, ces derniers se barricadent dans l’enceinte du manoir dès la tombée de la nuit. Grâce à la vigueur des affrontements récurrents et à la présence mortifère des macchabées emmitouflés dans des soutanes, Andrea Bianchi parvient à nous immerger dans l’action, portée par une bande-son tour à tour dissonante et onirique (aux accents lyriques rappelant par moments le Popol Vuh).
Entre meurtres sauvages bricolés à la main et indécence lubrique (la relation incestueuse entre le fils et sa génitrice, suivie d’un matricide glacial), Le Manoir... s’efforce aussi de magnifier la scénographie gothique du mausolée à travers une jolie photographie contrastant avec son gore criard.
Et si la réalisation, oscillant entre zooms grossiers et montage approximatif, accentue le côté fauché de l’entreprise, le film conserve pourtant sa réjouissante vitalité dans l’exubérance d’un jeu d’acteurs inexpressifs, surjouant la panique comme au théâtre de foire. Malgré cette galerie de têtes négligeables, Mariangela Giordano s’avère un peu plus convaincante en mère effarouchée, tandis que l’étrange Peter Bark, acteur de petite taille, parvient à faire oublier son inexpérience grâce à son regard révulsé et son faciès émacié.
Son apparence blême, sa morphologie prématurée (il a en réalité 25 ans au moment du tournage mais joue un garçon de 12 ans) ajoutent encore à l’étrangeté dérangeante du rejeton déviant.
Tout du moins pour les inconditionnels du ciné-bis de la grande époque, il demeure aujourd’hui encore plus dynamique et fantasque que bien des zombie movies contemporains, trop sages ou trop lisses. Dans son ambiance débridée, ancrée dans un contexte de survie gothique, Andrea Bianchi exploite sa série Z avec une verve dingo, immersive et ludique. Le plaisir innocent dans sa plus pure expression.
*Bruno
08.03.16. 4èx
13.07.12. (204 v)