Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
de Roman Polanski. 1979. U.S.A/Angleterre. 2h51. Avec Nastassja Kinski, Peter Firth, Leigh Lawson, John Collin, Rosemary Martin, David Markham, Richard Pearson, Carolyn Pickles, Pascale de Boysson, Arielle Dombasle.
Sortie salles France: 31 Octobre 1979. U.S: 12 Décembre 1980.
FILMOGRAPHIE: Roman Polanski est un réalisateur, producteur, comédien, metteur en scène de théâtre et d'opéra et scénariste franco-polonais américain. Il est né le 18 Août 1933 à Paris. 1962: Le Couteau dans l'eau. 1965: Répulsion. 1966: Cul de sac. 1967: Le Bal des Vampires. 1968: Rosemary's Baby. 1971: Macbeth. 1972: Week-end of a champion. 1972: Quoi ? 1974: Chinatown. 1976: Le Locataire. 1979: Tess. 1986: Pirates. 1988: Frantic. 1992: Lunes de fiel. 1994: La Jeune fille et la mort. 1999: La 9è porte. 2002: Le Pianiste. 2005: Oliver Twist. 2010: The Ghost Writer. 2011: Carnage. 2013: La Vénus à la fourrure. 2017 : D'après une histoire vraie. 2019 : J'accuse. 2022 : The Palace.
"Les histoires d'amour finissent mal en général."
Considéré à juste titre comme l'une de ses oeuvres les plus acclamées (selon wikipedia), Roman Polanski marqua de son empreinte le 7è art avec Tess, mélo d'une cruauté rarement égalée d'après le roman de Thomas Hardy publié en 1891. Chef-d'oeuvre élégiaque d'une durée substantielle de 2h51 (si bien qu'il y eut des polémiques à l'écourter selon certains pays dont le nôtre puisqu'il est entièrement tourné en France et produit par Claude Berri délibéré à le raccourcir de 30 minutes ), Tess est une bouleversante romance fustigeant l'intégrisme de la chrétienté lors de l'époque séculaire de la grande dépression (1876-1896). Dédié à Sharon Tate nous prévient le générique liminaire puisque celle-ci offrit le roman à son époux avant d'être assassinée par les membres de Charles Manson, Roman Polanski lui rend donc humblement hommage après avoir lu le bouquin et après avoir exaucé les voeux de celle-ci espérant qu'il l'adapte un jour à l'écran. Visuellement fastueux quasiment à chaque plan auprès d'une reconstitution historique sensorielle sublimant sa paisible nature (avec ptantôt des plages de féerie et de fantasmagorie), le film tourné dans un splendide scope nous fait partager les vicissitudes romantiques de la jeune Tess compromise par les tempéraments machistes d'un duo d'amants antinomiques mais communément cruels et égoïstes.
L'un se pliant aux exigences d'une idéologie catholique (il est fils de pasteur), l'autre se vautrant dans une forme de masochisme moral à humilier, manipuler, tromper une jeune vierge ne connaissant rien de la méchanceté des hommes dénués de vergogne. Le récit magnifiquement écrit nous dépeignant avec une sobre émotion prude le profil inoubliable de cette jeune métayère d'une candeur à fleur de peau (euphémisme). L'un des portraits les plus doux, épurés, torturés et désespérés que le cinéma nous ait offert sous l'impulsion d'un artiste au sommet de son art. Roman Polanski fignolant sa réalisation comme le transfigurait par exemple Kubrick avec Barry Lindon tant les plans s'apparentent à s'y méprendre à de véritables tableaux picturaux. Mais Tess ne serait pas aussi puissamment fulgurant sans le talent vertueux de Nastassia Kinski écrasant tout sur son passage de sa beauté suave inscrite dans la stricte virginité. De par l'innommable cruauté du récit épouvantablement décrit sans complaisance, on reste à la fois scotché, amer et interloqué par l'évolution morale de Tess perdant peu à peu tout espoir auprès de son chemin de croix tracé d'avance. L'actrice exprimant en toute réserve timorée une palette de sentiments à la fois mélancoliques, languides, sentencieux sans jamais se morfondre dans une sinistrose outrancière eu égard de la subtile conduite narrative dénuée de fioritures puisque en état de grâce.
D'un onirisme romantique à damner un saint (c'est d'ailleurs ce que nous dépeint réellement l'histoire !), Tess demeure l'emblème de la fragile intégrité à travers l'initiation rigoureuse de cette paysanne davantage lucide et en voie de rébellion (d'où ce final tragique !) auprès de la cruauté de ses amants tributaires d'une époque où machisme et fanatisme religieux prédominent les mentalités archaïques. Scandé de la partition lyrique de Philippe Sarde, Tess est probablement l'un des plus beaux films du monde en dépit de son immense cruauté intolérable. Il demeure donc néanmoins à déconseiller aux dépressifs tout en étant formellement recommandé aux cinéphiles purs et durs.
*Bruno
2èx
Box-Office France:
1 912 948 entrées
Récompenses:
5e cérémonie des César :
César du meilleur film – Claude Berri et Roman Polanski
César du meilleur réalisateur – Roman Polanski
César de la meilleure photographie – Ghislain Cloquet
53e cérémonie des Oscars :
Oscar de la meilleure photographie – Ghislain Cloquet et Geoffrey Unsworth
Oscar de la meilleure direction artistique – Pierre Guffroy et Jack Stephens
Oscar des meilleurs costumes – Anthony Powell
38e cérémonie des Golden Globes : Golden Globe du meilleur film étranger