lundi 17 juillet 2023

Morgiana

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Juraj Herz. 1972. Tchécoslovaquie. 1h41. Avec Iva Janžurová, Josef Abrhám, Nina Divíšková, Petr Čepek, Josef Somr, Jiří Kodet.

Sortie salles Tchécoslovaquie: 1er Septembre 1972

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Juraj Herz est un réalisateur, acteur et scénariste slovaque, né le 4 septembre 1934 à Kezmarok, en Tchécoslovaquie (actuellement en Slovaquie). 1968: l'Incinérateur de cadavres. 1972: Morgiana. 1978: La Belle et la Bête. 1979: Le 9è coeur. 1986: Galose stastia. 1996: Maigret tend un piège. Maigret et la tête d'un homme. 1997: Passage. 2009: T.M.A. 2010: Habermann.

Maître du cinéma Tchèque à qui l'on doit les grands classiques l'Incinérateur de Cadavres, le 9è Coeur et le splendide la Belle et la BêteJuraj Herz n'en finit plus de nous surprendre avec Morgiana. Un thriller à suspense mâtiné de fantastique (en mode suggéré), d'onirisme et de surréalisme avec l'étrange sentiment de s'immerger dans un univers gothique sans égal. L'histoire obscure d'une rivalité entre 2 soeurs, Viktoria demeurant folle de jalousie auprès de Klara que la gente masculine ne cesse de courtiser. Or, un jour elle décide de passer à l'acte criminel en tentant de l'empoisonner. Mais rien ne se déroulera comme prévu. Et c'est ce qui fait le sel de ce récit reptilien latent sublimé du profil exécrable d'une snobe criminelle imbibée d'hypocrisie alors que les rebondissements que l'on ne voient pas arriver nous déconcertent en y désamorçant le surnaturel jusqu'à l'épilogue teinté de douce ironie. 

Les acteurs et actrices, tous méconnus chez nous ayant une identité propre au point que le spectateur reste fasciné pour leur comportement autre, leur façon un tantinet particulière de jouer et d'y donner la réplique, et par la manière dont le réalisateur use et abuse de gros plans, de cadrages agressifs de telle sorte de nous plonger dans une fantasmagorie singulière subtilement envoûtante. Mais outre l'efficacité de son récit machiavélique jouant sur le faux-semblant et la cruauté morale, Morgiana est transcendé de sa facture formelle faisant office de pur chef-d'oeuvre esthétisant (je pèse mes mots !). Tant auprès de sa splendide photo naturelle que de ces décors verdoyants mais aussi côtiers que Juraj Herz filme amoureusement à l'aide de cadrages alambiqués ne débordant jamais (on peut même parfois songer à Picnic à Hanging Rock pour le sens stylisé de sa poésie lascive, pour son cadre champêtre solaire, pour la tenue vestimentaire des gentes dames insouciantes, toutes proportions gardées). Enfin, la musique hétéroclite de Luboš Fišer irrigue toute l'intrigue, entre grâce, mystère, sensualité, vrombissements, dissonance, à l'instar de son autre chef-d'oeuvre bicéphale La Belle et la Bête.

A ne rater sous aucun prétexte d'autant plus que cette oeuvre rare, infiniment élégante et précieuse ne fut jamais distribuée au cinéma chez nous. 

*Bruno

jeudi 13 juillet 2023

Baby Blood. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 90.

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Alain Robak. 1990. France. 1h28. Avec Emmanuelle Escourrou, François Frapier, Rémy Roubakha, Christian Sinniger, Jean-François Gallotte, Thierry Le Portier

Sortie salles France: 24 Janvier 1990

FILMOGRAPHIE: Alain Jérôme, dit Alain Robak, né le 6 juin 1954 à Paris2, est un réalisateur français. 1987 : Irena et les ombres. 1990 : Baby Blood. 1994 : Parano (film à sketches). 2000 : La Taule. 2000 : Le Piège d'Olea (téléfilm). 


Entre Frères de Sang et la Vampire Nue.
Prix Spécial du Jury à Avoriaz, on est d'autant plus surpris à la revoyure tant Baby Blood se vautre à corps perdu dans le gore émétique avec une évidente désinhibition eu égard du flot quasi ininterrompu de sang versé à l'écran. On peut même d'ailleurs peut-être prétendre qu'il s'agit là du film gore le plus trash et dégueulbif du cinéma français, qui plus est épaulé d'une réalisation étonnamment avisée, inventive pour un second essai. D'excellents effets-spéciaux mécaniques d'un rouge rutilant supervisés par Benoit Lestang et Jean-Marc Toussaint. Et si l'intrigue demeure résolument sans surprise (une jeune foraine est contrainte de nourrir de sang frais une créature tentaculaire infiltrée à l'intérieur de son estomac), Alain Robak compte sur les vicissitudes récursives de son anti-héroïne n'hésitant jamais à se mettre à nu à travers sa désinvolture naturelle pour mieux se fondre dans le corps d'une victime martyr qu'endosse l'actrice gironde Emmanuelle Escourrou. LA révélation (oh combien) étrange de cet ovni underground à la fois politiquement incorrect, ubuesque, nonsensique (les réactions impassibles de certains figurants face à l'apparition surprise de la meurtrière au visage ensanglanté), drôlement macabre, maladif aussi par son réalisme cru puis crapoteux par son climat blafard. 


Une farce de mauvais goût donc au climat malsain olfactif que les initiés devraient savourer en ayant toutefois le coeur accroché auprès des plus sensibles. Tant et si bien que je me suis surpris à détourner le regard à plus de trois reprises de par la taille surdimensionné de mon téléviseur avec une gêne viscérale. Road movie horrifique où les heureuses rencontres (Alain Chabat, Jacques Audiard que je n'ai pas reconnu) et mauvaises (Jean-Yves Lafesse  assez convaincant en routier égrillard, les fameux joueurs de foot avinés au sein de l'autobus) s'y succèdent pour s'enchaîner à rythme infernal, Baby Blood joue la carte de la série B provocatrice avec une générosité intègre. Tant on sent le réalisateur et son actrice expressive (sorte de Béatrice Dalle  autrement farouche et dévergondée, en mode crapoteux par sa tenue insalubre) communément impliqués pour nous projeter dans une absurde réaction en chaine meurtrière à la fois étrangement fascinante, répulsive, parfois même cartoonesque en mode caustique. 

P.S: Copie BR à tomber, à croire qu'il s'agit d'une remastérisation 2K.

*Bruno
3èx

mardi 11 juillet 2023

Les Gardiens de la Galaxie 3 / Guardians of the Galaxy Vol. 3

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de James Gunn. 2023. U.S.A. 2h30. Avec Chris Pratt, Bradley Cooper, David Bautista, Karen Gillan, Pom Klementieff, Vin Diesel, Zoe Saldaña, Sean Gunn, Maria Bakalova, Chukwudi Iwuji, Will Poulter, Elizabeth Debicki, Linda Cardellini, Nathan Fillion.

Sortie salles France: 3 Mai 2023

FILMOGRAPHIE: James Gunn est un réalisateur, scénariste, acteur, producteur et directeur de photo, né le 5 Août 1970 à Saint Louis, dans le Missouri (Etats-Unis). 2006: Horribilis. 2010: Super. 2013: My Movie Project (Segment: Beezel). 2014. Les Gardiens de la Galaxie. 2017 : Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2. 2021 : The Suicide Squad. 2023 : Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3. 


Une pyrotechnie festive de chaque instant dédiée avant tout à la cause animale pour son respect à l'harmonie de toute forme de vie, terrestre / extra-terrestre. 
On ne change pas une équipe qui gagne si bien que les Gardiens de la Galaxie, Vol 3 ne déroge pas à la règle, comme l'ont d'ailleurs souligné les réactions fougueuses de la critique et du public réconciliés, une fois n'est pas coutume. D'une durée de 2h30, ce 3è opus redoutablement spectaculaire (si on épargne une mise en place un peu laborieuse) reprend les ingrédients de ces précédents épisodes même si ici la dramaturgie prend le pas sur l'humour au gré de situations étonnamment cruelles militant ostensiblement pour la cause animale (thème central du récit forçant le respect). Toute l'intrigue se focalisant sur la condition précaire du raton Rocket à 2 doigts de trépasser après une violente attaque si ses acolytes ne parviennent pas à retrouver une clef que le maître de l'évolution possède. 

"Plus le méchant est réussi, meilleur le film sera", et James Gunn a bien pigé la leçon Hitchcockienne si bien que l'on tient là le meilleur rival de la trilogie qu'endosse l'impassible Chukwudi Iwuji (acteur britannique né au Nigeria) en savant fou mégalo dénué de vergogne ou d'empathie auprès de ses pairs et moins de ses esclaves. Formellement toujours aussi dépaysant, onirique, féerique, voir aussi parfois baroque à travers sa scénographie stellaire (ou domestique) vue nulle part ailleurs, les Gardiens de la Galaxie nous en fout à nouveau plein la vue à renfort d'actions hyperboliques souvent accompagnées d'une émotion épique ou mélancolique terriblement expressive. Tant et si bien que ce pétulant divertissement renouant avec un certain goût nostalgique pour le Muppet Show (unifier héros animaliers et humains dans une ambiance euphorisante de communion fusionnelle) peut se targuer d'être l'opus le plus émouvant en prônant les nobles valeurs du pardon, de la seconde chance, de l'unité héroïque et de l'amitié tout en y dénonçant la vivisection animale avec un réalisme qui pourrait toutefois perturber les plus petits. 

Un fabuleux spectacle donc tous publics (ou presque si on élude peut-être les moins de 10 ans à mon humble avis), résolument flamboyant, luminescent, polychrome (apparenté à l'arc en ciel cosmopolite), expansif, lyrique mais surtout communicatif par sa vibrante chaleur humaine qu'irradient constamment à l'écran ses gardiens prévenants dénués de prétention. On peut même y voir en filigrane un plaidoyer anti-raciste durant le parcours évolutif de nos super-héros s'efforçant de rassembler les peuples lors d'un final rédempteur.

*Bruno

vendredi 7 juillet 2023

Les Orgies Macabres / L'orgia dei morti / The Hanging Woman

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site thebloodypitofhorror.blogspot.com

de José Luis Merino. 1973. Italie/Espagne. 1h38. Avec Stelvio Rosi, Maria Pia Conte, Paul Naschy, Dyanik Zurakowska, Gérard Tichy, Carlos Quiney, Isarco Ravaioli 

Sortie salles France: 13 Février 1974. Italie: 3 Septembre 1973. Espagne: 29 Septembre 1975

FILMOGRAPHIEJosé Luis Merino (né le 10 juin 1927 à Madrid et mort le 2 juillet 2019 dans la même ville) est un réalisateur et scénariste espagnol. 1958 : Aquellos tiempos del cuplé. 1960 : El vagabundo y la estrella. 1964 : Alféreces provisionales. 1966 : Per un pugno di canzoni. 1967 : Sang et Or. 1968 : Requiem pour Gringo. 1968 : Colpo sensazionale al servizio del Sifar. 1969 : Panzer division. 1969 : La Patrouille des sept damnés. 1969 : Z comme Zorro. 1970 : Os cinco Avisos de Satanás. 1970 : La Furie des Kyber. 1970 : Les Nouvelles Aventures de Robin des Bois. 1970 : Des Dollars pour McGregor. 1970 : Le Monstre du château. 1970 : Le Commando des braves. 1971 : Zorango et les comancheros. 1971:  El Zorro de Monterrey. 1972 : La rebelión de los bucaneros. 1972 : Les Orgies macabres. 1974 : Juegos de sociedad. 1974 : Tarzán en las minas del rey Salomón. 1974 : Juan Ciudad: ese desconocido. 1976 : Sábado, chica, motel ¡qué lío aquel!. 1977 : Marcada por los hombres. 1979 : Siete cabalgan hacia la muerte. 1983 : USA profession tueur. 1983 : La avispita Ruinasa. 1984 : Gritos de ansiedad. 1990 : Superagentes en Mallorca. 

Quelle aubaine incommensurable de découvrir à l'improviste une perle Bisseuse Italo-ibérique dont j'ignorai l'existence, alors que l'oeuvre zédifiante (nullement péjoratif chez moi) ne cesse de charmer l'initié à travers sa volonté de fer de nous faire croire à l'improbable. Ainsi, l'intrigue criminelle, au suspense latent, a beau constamment faire sourire (sans jamais s'en railler), on reste magnétisé par la volonté intègre des comédiens communément TRES attachants à endosser leur rôle avec sérieux rigoureusement imperturbable. Tant et si bien qu'en prime de sa scénographie gothique envoûtante (tous les intérieurs domestiques feraient presque parfois songer à du Hammer), entourée d'une vaste nature enneigée superbement photographiée et éclairée (notamment au niveau des séquences nocturnes), Les Orgies Macabres demeure génialement ludique pour qui raffole de séries B débridées (le final truffé de rebondissements vaut son pesant de cacahuètes) extrêmement sincères à tenter de nous faire frissonner l'échine avec parfois une certain brio inespéré. 

Les apparitions des zombies putréfiés faisant leur petit effet répulsif de par ses visions de cauchemar infiniment morbides, qui plus est d'une morphologie typiquement latine. On peut également préciser qu'en guise de cerise sur la gâteau (même si je ne suis pas un admirateur indéfectible de l'acteur) Mr Paul Naschy s'invite dans la demeure en fossoyeur interlope avec sa traditionnelle expressivité 1er degré si bien que l'on se distrait de ses quelques exubérances à tenter de nous faire douter de ses agissements potentiellement perfides, ou pas. Ainsi donc, l'intrigue capillotractée a beau en faire des tonnes (surtout lors de l'ultime demi-heure en roue libre menée à un train d'enfer) on croit pour autant à ce que l'on nous conte puisque plongé, comme les protagonistes, dans un cauchemar éveillé à l'atmosphère ombrageuse génialement saillante (qui plus est souvent joliment cadrée !). C'est d'ailleurs la plus grande qualité du film que de nous immerger dans cet univers macabre aux accents de Poe en prime d'apprécier avec réelle tendresse les agissements investigateurs de ces acteurs de seconde zone d'un charisme pittoresque indécrottable. A ne pas rater, d'autant plus que les 2 actrices parfois dénudées demeurent divines de beauté sensuelle par leur nationalité belge (Dorys) ou italienne (Nadja).

*Bruno

jeudi 6 juillet 2023

Né un 4 Juillet / Born on the Fourth of July. Oscar du Meilleur Réalisateur, 1990.

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Oliver Stone. 1989. U.S.A. 2h24. Avec Tom Cruise, Willem Dafoe, Bryan Larkin, Raymond J. Barry, Caroline Kava, Josh Evans, Sean Stone 

Sortie salles France: 21 Février 1990. U.S: 20 Décembre 1989.

FILMOGRAPHIE: Oliver Stone (William Oliver Stone) est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 15 Septembre 1946 à New-york. 1974: La Reine du mal (Seizure), 1981: La Main du Cauchemar, 1986: Salvador, Platoon, 1987: Wall Street, 1988: Talk Radio, 1989: Né un 4 juillet, 1991: The Doors, J.F.K, 1993: Entre ciel et terre, 1994: Tueurs nés, 1995: Nixon, 1997: U turn, 1999: l'Enfer du dimanche, 2003: Commandante (documentaire sur Fidel Castro), Persona non grata (documentaire sur l'Israel et la Palestine), 2004: Looking for fidel (télé-film), 2004: Alexandre, 2006: World Trade Center, 2008: W: l'improbable président, 2009: South of the border (documentaire sur Hugo Chavez), 2010: Wall Street: l'argent ne dort jamais. 2012 : Savages. 2016 : Snowden. 

Euphémisme que de prétendre que Né un 4 juillet est un puissant réquisitoire contre l'absurdité de la guerre du Vietnam après que le gouvernement ricain eut envoyé au front de jeunes recrues endoctrinés par leur sens du devoir patriotique. Porté à bout de bras par un Tom Cruise martyrisé dans sa condition paraplégique marquant ainsi de son empreinte estropiée peut-être le rôle de sa vie, Né un 4 juillet laisse un arrière goût d'amertume et de nonchalance sitôt le générique clôt. Oliver Stone, épaulé d'une caméra mobile, demeurant impliqué d'y autopsier l'introspection évolutive du vétéran Ron Kovic prenant peu à peu conscience de ses erreurs de s'être engagé aussi promptement par goût du risque et sens du courage et de la compétition (on témoigne d'ailleurs au préalable de sa passion pour le sport de la lutte) en rejoignant finalement le mouvement hippie en voie de rébellion contre le gouvernement (on est d'ailleurs aujourd'hui sidéré par la violence des matraques employée par les forces de l'ordre contre les manifestants). Descente aux enfers morale à la fois rigoureuse et éprouvante au fil du cheminement frondeur de Ron brisé par les horreurs de la guerre (notamment sa culpabilité inconsolable d'avoir tué accidentellement un de ses acolytes ou encore d'avoir été témoin de la mort de villageois, dont enfants et nourrissons vietnamiens), Né un 4 juillet provoque dégoût et révolte sous l'impulsion de Tom Cruise habité par la rage de l'injustice. 

Car s'efforçant de réveiller les consciences (tant auprès de sa famille profondément catholique que du gouvernement peu à l'écoute de ses anciens combattants déjà discrédités pour leurs soins hospitaliers de par la pénurie du matériel médical) avec une intensité émotionnelle où le désespoir suinte de ses pores (notamment auprès de sa romance impossible avec la ravissante Donna suggérée en filigrane). Quand bien même d'observer en temps réel l'émergence de sa prise de conscience à reconsidérer ses valeurs d'héroïsme patriotique renforce l'aspect dérisoire de sa condition soumise de s'être aussi naïvement laissé berner par les mensonges de son gouvernement. Véritable viol collectif que fut cette guerre vietnamienne ayant traumatisé sa jeune génération qui ne souhaitait qu'imprimer l'histoire afin d'honorer leurs ancêtres de la seconde guerre (dixit Ron), Né un 4 juillet est une oeuvre fleuve (2h24) résolument dure, rigoureusement cruelle et maladive, fétide, malsaine et cauchemardesque à travers les yeux éplorés d'un paraplégique, prisonnier de son corps inerte, ayant perdu toute dignité. Et ce avant de se raviser, de se relever afin de combattre son propre gouvernement pour le proscrire au pilori aux yeux du grand public. Grand film glaçant, assurément, voir même profondément édifiant, perturbant auprès de la responsabilité politique des américains du déni dénués d'empathie, de respect, de tolérance auprès de leurs héros sacrifiés. 

*Bruno

Récompenses:

National Board of Review 1989

Top Ten films

Oscars 1990

meilleur réalisateur pour Oliver Stone

meilleur montage pour David Brenner et Joe Hutshing

Golden Globes 1990

meilleur film dramatique

meilleur réalisateur pour Oliver Stone

meilleur acteur dans un film dramatique pour Tom Cruise

meilleur scénario pour Oliver Stone et Ron Kovic

BMI Film & TV Awards 1990

BMI Film & TV Award pour John Williams

Directors Guild of America Awards 1990

meilleur réalisateur pour Oliver Stone

Chicago Film Critics Association Awards 1990

meilleur acteur pour Tom Cruise

Golden Reel Awards 1990

meilleur montage sonore

meilleur montage des effets sonores

mercredi 5 juillet 2023

Dans ses yeux / El secreto de sus ojos. Oscar du Meilleur Film Etranger, 2010.

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Juan José Campanella. 2009. Argentine. 2h09. Avec Ricardo Darín, Soledad Villamil, Pablo Rago, Javier Godino, Guillermo Francella, José Luis Gioia

Sortie salles France: 5 mai 2010. Espagne : 25 septembre 2009

FILMOGRAPHIEJuan José Campanella (né le 19 juillet 1959 à Buenos Aires) est un metteur en scène de cinéma argentin qui a surtout travaillé pour les télévisions américaines. 1979 : Prioridad nacional (court-métrage). 1984 : Victoria 392 (documentaire). 1991 : The Boy Who Cried Bitch (en). 1997 : La Part du mal. 1999 : El mismo amor, la misma lluvia. 2001 : Le Fils de la mariée (El hijo de la novia). 2004 : Luna de Avellaneda. 2009 : Dans ses yeux (El secreto de sus ojos). 2013 : Metegol. 2019 : La Conspiration des belettes. 

A la lisière du chef-d'oeuvre élégiaque politiquement incorrect.
Lardé de récompenses en Argentine, à Beaune et aux Oscars, Dans ses yeux est un plaisir de cinéma à la fois auteurisant et populaire comme on en voit peu dans le paysage du divertissement trop souvent formaté. Tant et si bien qu'ici on est constamment étonné, fasciné, attentionné, interloqué par le profil psychologique de ses personnages ibériques communément tourmentés, hantés, obsédés, chagrinés de culpabilité à la suite d'un viol crapuleux à l'issue finalement irrésolue. De par la profondeur psychologique de ceux-ci et cette trajectoire narrative reptilienne qu'on ne peut anticiper, on reste fasciné, magnétisé du jeu hétérodoxe des acteurs endossant leur rôle de façon à la fois si personnelle, naturelle, impliqués corps et âmes (jusque dans le non-dit), humainement versatile (notamment auprès de l'ami de Benjamin, Pablo, ivrogne prévenant, et du héros traumatisé par la candeur d'une victime sacrifiée à la beauté épurée). 

D'autre part, par sa science du suspense lestement latente et diffuse oscillant avec une rare intelligence, et au travers de nombreux flash-back, la fragilité de sentiments passionnels indécis avec l'enquête policière de longue haleine, Juan José Campanella y magnifie sa scénographie alambiquée, élégante, maîtrisée (notamment ce surprenant plan-séquence amorçant un zoom plongeant sur un stade de foot lors d'une filature) afin de parfaire une douloureuse histoire d'amour à l'issue indécise. A l'instar de son final ambigu à double niveau de lecture que le héros imagine dans sa psyché torturée. Ainsi, au bout du compte, Dans ses yeux demeure un sublime drame psychologique à la fois, trouble, ambivalent, ensorcelant, cruel et douloureux sous l'impulsion d'un récit passionnel remarquablement construit afin de surprendre le spectateur emporté dans un maelstrom d'émotions tendues, bouleversées, contrariées à la suite d'une découverte morbide inconsolable. Et d'y parfaire avec autant de brio métronome suspense, émotions et tendresse tout en prenant son temps afin de mieux nous surprendre de la tournure dramatique des évènements auprès de personnages complémentaires en proie à la corruption politique relève d'une gageure à l'identité propre. 


Dédicace à Steph Passoni

*Bruno

Récompenses

Prix Sud 2009 : 13 prix dont ceux du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur acteur et meilleure actrice argentins

Prix Goya 2010 : meilleur film étranger en langue espagnole

Oscars du cinéma 2010 : meilleur film en langue étrangère

festival international du film policier de Beaune 2010 : Grand prix du jury et prix du « jury spécial police »

mardi 4 juillet 2023

Robinson Crusoe sur Mars / Robinson Crusoe on Mars

                                               Photo empruntée sur google, appartenant au site Imdb.com


de Byron Haskin. 1964. U.S.A. 1h48. Avec Paul Mantee, Victor Lundin, Adam West, Barney le singe 

Sortie salles France: 23 Décembre 1964

FILMOGRAPHIE: Byron Haskin est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste  américain, né le 22 avril 1899 à Portland, Oregon et mort le 16 avril 1984 à Montecito, États-Unis. 1927 : Ginsberg the Great. 1927 : Matinee Ladies. 1927 : Irish Hearts. 1927 : The Siren. 1943: Convoi vers la Russie. 1948 : L'Homme aux abois. 1948 : Man-Eater of Kumaon. 1949 : Too Late for Tears. 1950 : L'Île au trésor. 1951 : Tarzan's Peril. 1951 : Le Sentier de l'enfer. 1951 : La Ville d'argent. 1952 : Denver and Rio Grande. 1953 : La Guerre des mondes. 1954 : Le Roi des îles. 1954 : Quand la marabunta gronde. 1954 : Long John Silver. 1955 : La Conquête de l'espace. 1956 : The First Texan. 1956 : The Boss. 1958 : De la Terre à la Lune. 1959 : Little Savage. 1959 : Bagarre au-dessus de l'Atlantique. 1960 : September Storm. 1961 : Armored Command. 1963 : Capitaine Sinbad. 1964 : Robinson Crusoé sur Mars. 1968 : La Guerre des cerveaux.


Précurseur d'Enemy Mine du célèbre auteur de la Guerre des Mondes, Byron HaskinRobinson Crusoe sur Mars est une sympathique curiosité d'y transposer le roman de Daniel Defoe sur la planète Mars en compagnie d'un astronaute, d'un singe puis, un peu plus tard, d'un esclave extra-terrestre. Amusant par son aspect kitch, assez prenant lors de sa 1ère partie contemplative où la solitude pèse sur notre héros (avec une jolie réflexion sur le sentiment invivable de déréliction), dépaysant et ludique par sa scénographie stellaire flamboyante, Robinson Crusoe sur Mars plaira aux amateurs de raretés oubliées à défaut de passionner. Byron Askin réfutant la démonstration de force révolutionnaire pour préconiser  la modestie, la simplicité et l'efficacité des situations de survie tablant sur la claustrophobie (on est d'ailleurs en droit de préférer la 1ère heure laconique par son aspect documenté). 


*Bruno
2èx

Petites

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de  Julie Lerat-Gersant. 2022. France. 1h30. Avec Pili Groyne, Romane Bohringer, Victoire Du Bois, Lucie Charles-Alfred, Suzanne Roy-Lerat, Bilel Chegrani, Shirel Nataf. 

Sortie salles France: 22 février 2023

FILMOGRAPHIEJulie Lerat-Gersant est une scénariste et réalisatrice française. Petites est son tout 1er long-métrage réalisé en 2022. 

Tirant parti d'un réalisme documenté façon Pialat, toutes proportions gardées, Petites est une claque émotionnelle par sa sensibilité à fleur de peau traitée sans fard ni moralisme. A l'instar de son final aigre-doux, ni blanc ni noir, qui risquerait peut-être d'en déconcerter plus d'un. Et quand on prend en compte qu'il s'agit du 1er long-métrage de la réalisatrice Julie Lerat-Gersant, on ne peut que s'incliner face à la maîtrise de son projet salutaire dénué de jugement, pour ne pas dire engagé, qui plus est entouré d'une poignée d'actrices moins connues et seconds-rôles méconnues si on éclipse l'apparition surprise, dépouillée, de Romane Borhanger en éducatrice au bord du pessimisme eu égard de sa psyché davantage torturée à tenter de sauver ses jeunes filles trop instables pour amorcer une vie monoparentale (ou familiale). Ainsi, 1h30 durant, Julie Lerat-Gersant n'a aucune peine pour nous fondre dans l'intropstection chétive de la jeune Camille (incarnée avec une force de vérité humaniste par Pili Groyne, la révélation !) 16 ans, placée dans un centre maternel faute de sa grossesse et d'une maman irresponsable accusant elle-même un passé chaotique traversé d'indécision et de marche-arrière. C'est donc un long parcours moral que nous relate studieusement la cinéaste sous l'impulsion d'un vérisme sociétal plus vrai que nature en dépit du soin imparti à sa photo subtilement saturée, notamment afin de contraster avec les états d'âme frondeurs de ses jeunes rebelles inaptes à éduquer leurs enfants en dépit de leur amour fulgurant pour eux (voir la séquence bouleversante d'Alison hurlant son amour maternel auprès d'un juge pour enfant). 

Une photo colorée accentuant parfois les plages d'onirisme naturel que cultivent ses jeunes filles en compagnie de leur petit ami ou plus confindentiellement, avec leur maman à la morale déguingandée par le reflet de leur immaturité souvent non assumée comme le souligne Clo, mère de Camille. Tour à tour humble, attachant, tendre, hypnotique mais aussi fulminant par ce sentiment d'injustice que ressentent ces victimes livrées à elles mêmes, Petites laisse en état de marasme, d'impuissance, de collapse, avec toutefois au bout de l'horizon ce désir d'amour rédempteur, cette prise de conscience gratifiante afin d'éviter de reproduire les mêmes erreurs après avoir observé puis vécu dans leur quotidienneté ces témoignages édifiants au destin incertain. Par conséquent, ce manifeste alarmiste sur la maternité juvénile émane de son humanité à fleur de peau que nous suscitent les actrices et seconds-rôles féminins comme si nous les fréquentions depuis toujours par leur fragilité tacite ou explicite où certaines explosions de violence ne pourront s'y contenir. Qui plus est, par le biais de séquences à la fois cruelles et douloureuses à dénoncer les mauvais traitements (ici uniquement moraux) de bambins livrés à eux-mêmes, Petites met mal à l'aise, perturbe l'âme, invoque le vertige, voir l'insupportable lors de ses dérives de crises de larmes sans nullement se vautrer dans l'ombre d'une complaisance déplacée. 

Puissamment émotionnel par sa tendresse immodérée et sa violence furibonde que ses jeunes mamans nous communiquent avec une force de vérité aigre, désenchantée mais aussi teintée d'espoir optimiste par leur résilience acharnée, Petites demeure une référence (pour ne pas dire un coup de maître) d'aborder avec autant de tact, d'intelligence, de pudeur et surtout d'acuité humaine cette douloureuse thématique que le spectateur endure de façon à la fois lucide, concerné, pédagogue, discursive. Si bien que Petites devrait être diffusé urgemment dans tous les collèges et lycées de France à l'aide d'un bouche à oreille prolifique.  

*Bruno

Ce qu'en a pensé la presse : 

lundi 3 juillet 2023

Vendredi 13 VII, Un nouveau défi / Friday the 13th Part VII: The New Blood

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site forum.sanctuary.fr

de  John Carl Buechler. 1988. U.S.A. 1h29. Avec Kane Hodder, Lar Park-Lincoln, Kevin Spirtas, Susan Jennifer Sullivan, Terry Kiser, Susan Blu

Sortie salles France: 20 Juillet 1988. U.S: 13 Mai 1988

FILMOGRAPHIE: John Carl Buechler (né le 18 juin 1952 à Belleville (Illinois) et mort le 18 mars 20191) est un réalisateur, maquilleur et technicien d'effets spéciaux américain. 1984 : Ragewar. 1986 : Troll. 1988 : Cellar Dweller. 1988 : Vendredi 13, chapitre VII : Un nouveau défi. 1991 : Ghoulies 3: Ghoulies Go to College (vidéo). 1998 : Les Proies : La Résurrection (en). 2001 : Péril de glace (Deep Freeze). 2002 : Curse of the Forty-Niner. 2003 : A Light in the Forest. 2004 : Grandpa's Place. 2006 : The Strange Case of Dr. Jekyll and Mr. Hyde. 2011 : Dark Star Hollow.

On prend les mêmes et on recommence. Pour la 7è fois consécutive Jason nous revient sous les traits d'un mort-vivant du plus bel effet (qu'il soit masqué ou zombifié, les maquillages sont irréprochables) pour se mesurer à une rivale douée de télékinésie et de prémonition à la suite de la mort (semi-) accidentelle de son père. Et c'est bien là la seule originalité du récit si bien que la recette payante reste inchangée avec de son lot de meurtres spectaculaires étalés toutes les 10 minutes auprès d'ados stupides (et d'un médecin sournois) qu'on aime détester jusqu'à leur cinglant trépas. Pour les afficionados de la franchise, Vendredi 13 VII reste donc une sympathique distraction que l'on reluque d'un oeil amusé par son lot de clichés éculés, persos neuneus, meurtres percutants, ritournelle entêtante et situations à la fois risibles et ubuesques, comme le souligne par ailleurs son final homérique faisant intervenir un surnaturel punitif. On peut enfin déplorer autant que s'amuser des pugilats rébarbatifs que s'opposent Tina, sa mère et un psychiatre venu semer la zizanie pour son propre intérêt. Mais bon comme de coutume c'est évidemment à savourer au second degré. 


*Bruno
3èx. Vostfr 5.1

vendredi 30 juin 2023

La Malédiction des Whateley / The Shuttered Room

                                        Photo empruntée sur google, appartenant au site 2.bp.blogspot.com

de David Greene. 1967. Angleterre. 1h39. Avec Gig Young, Carol Lynley, Oliver Reed, Flora Robson, Judith Arthy.

Sortie salles France: 17 janvier 1969. Royaume-Uni : 27 juin 1967

FILMOGRAPHIE: David Greene est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur britannique, né le 22 février 1921 à Manchester, Angleterre et mort le 7 avril 2003 à Ojai, Californie, États-Unis. 1967 : La Malédiction des Whateley. 1968 : Les Filles du code secret. 1968 : Chantage à la drogue. 1969 : I Start Counting. 1970 : The People Next Door. 1972 : Madame Sin. 1973 : Godspell (Godspell: A Musical Based on the Gospel According to St. Matthew). 1978 : Sauvez le Neptune. 

Encore une perle maudite, un trésor de l'horreur gothique oublié de tous dans le paysage British. Et ce d'après la nouvelle La Chambre condamnée d'August Derleth et du non moins célèbre H.P. Lovecraft. Et c'est délicieusement atmosphérique par le biais de sa scénographie côtière où s'exhibe sans complexe une poignée de marginaux ignorants à proximité d'un moulin abandonné que le couple Kelton décide d'emménager après que l'épouse, ancienne propriétaire des lieux, fut tourmentée par sa jeunesse amnésique. On apprendra ensuite au cours des retrouvailles avec sa tante dans quelle circonstance ses parents rendirent l'âme. Ainsi, ce qui frappe irrémédiablement à la revoyure de ce joyau horrifique émane d'une direction d'acteur infaillible parmi lesquels on retrouve pour notre plus grand bonheur le monstre sacré Oliver Reed résolument spontané, volcanique en marginal frustré noyé d'immaturité. Quand bien même l'excellent Gig Young lui partage autrement la vedette en époux distingué accompagné de la splendide blonde Carol Lynley endossant Susan, fille des Whateley avec une douceur et une fragilité à la fois trouble et sensuelle. Une interprétation littéralement hypnotique tant l'actrice s'investit corps et âme en victime partagée entre ses réminiscences obscures, son appréhension réservée auprès de ces étrangers machistes et la prémices de son amour conjugal. 

Le couple aura donc fort affaire aux provocations lubriques d'Ethan (Oliver Reed) et de sa bande irresponsable fuyants leur ennui dans l'alcool, la violence et le sexe eu égard de la tournure davantage alerte des rebondissements inhospitaliers. Par conséquent, à travers le  portrait réalistement blafard de cette équipée triviale tributaire de leur cadre rural épargné d'habitation, on peut sans conteste suspecter Sam Peckinpah de s'y être inspiré afin de parfaire son chef-d'oeuvre du Vigilante Movie: les Chiens de Paille. Notamment auprès des séquences d'agressions sexuelles là encore plutôt cruelles et réalistes par son aspect dérangeant, presque sordide si j'ose dire. Mais au-delà de ses passionnantes confrontations morales puis physiques entre le couple, les marginaux et une étrange tante autoritaire tentant de maîtriser la situation (Flora Robson demeure parfaite d'ambiguïté en matrone à la fois taiseuse et faussement hospitalière) s'y éclipse une étrange créature (potentiellement) diabolique que tout le monde s'efforce d'omettre et d'occulter (comme le souligne d'ailleurs son étrange prologue en mode subjectif). Epaulé d'une partition dissonante renforçant l'aspect tour à tour inquiétant, dérangeant et malsain des lieux insalubres du moulin, La Malédiction des Whateley instaure une trouble angoisse palpable avant de culminer auprès d'une dernière partie horrifique chargée en tension, surprise et violence sanguine. 

Classique de l'horreur British à revoir d'urgence, La Malédiction des Whateley mériterait tant de s'immortaliser sur galette HD tant sa facture formelle (mais aussi technique) nous frappe les mirettes sous l'impulsion d'ardues confrontations psychologiques virant au cauchemar filial (en mode aussi épouvanté qu'étonnamment vériste).

*Bruno
2èx

jeudi 29 juin 2023

Les Petites Victoires. Prix du Public, Prix Spécial du Jury, Alpe d'Huez 2023.

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site  Imdb.com

de Mélanie Auffret. 2023. France. 1h29. Avec Julia Piaton, Michel Blanc, Lionel Abelanski, Marie Bunel, Marie-Pierre Casey, India Hair, Sébastien Chassagne, Bruno Raffaelli.

Sortie salles France: 1er Mars 2023

FILMOGRAPHIEMélanie Auffret est une réalisatrice et scénariste française, née à Plescop (Morbihan) 2019 : Roxane (scénario écrit en collaboration avec Michaël Souhaité). 2023 : Les Petites Victoires.

Un sacerdoce de découvrir en 2023 ce genre de comédie sociale dénuée de prétention tant on jurerait presque qu'elle fut réalisée dans les années 80. Prix spécial du Jury, Prix du public au Festival international de l'Alpe d'Huez 2023, Les Petites Victoires cumule d'autre part 925 562 entrées à ce jour (le film étant toujours à l'affiche ce 29 Juin 2023). Et si Michel Blanc, devenu hélas si rare sur nos écrans, doit une grosse part de responsabilité pour ce succès inattendu, le talent intègre de la réalisatrice Mélanie Auffret (dont il s'agit uniquement de son second long) n'est point à négliger tant elle parvient à conjuguer sans fard (à un ou 2 couacs près, principalement l'intro un brin caricaturale) humour, tendresse ainsi qu'une pointe de gravité auprès d'un scénario engagé (la désertification des commerces au sein des villages provinciaux) dénué de pathos (suffit de souligner le côté bipolaire de son final aigre doux anti larmoyant). Mais outre ce contexte sociétal en décrépitude que beaucoup de régions subissent, le pouvoir émotionnel des Petites Victoires réside dans la complémentarité fortuite du couple Julia Piaton / Michel Blanc davantage sémillant/attendrissant/harmonieux au fil de leur évolution amicale d'apprendre à se connaître et à s'accepter en s'épaulant mutuellement.  

Celui-ci endossant dans une posture bourrue jamais outrée (si bien qu'on oublie vite l'acteur) un sexagénaire illettré délibéré à retourner en cours de CP que Julia Piaton lui enseignera avec un naturel altruiste confondant de bienveillance en dépit de ses soupçons de fermeté autoritaire. Et ce sans se morfondre dans la facilité de bons sentiments standard dans les reflets de sa sensibilité dépouillée, comme le souligne d'ailleurs l'attitude fringante des enfants scolaires dénués de complexe ou de timidité à se fondre dans des rôles candides anti-stéréotypés. Et si sur le papier le pitch pouvait évidemment paraître un brin ridicule, c'était sans compter sur le talent de conteur de Mélanie Auffret (puisque également scénariste) que de nous embarquer dans une comédie pittoresque transpirant incessamment la joie de vie, le positivisme (à tous prix si j'ose dire tant la dramaturgie est sobrement suggérée, voire même écartée), l'amour et surtout la tendresse amiteuse au point de bouleverser les us et coutumes de tout un village affable par son élan de solidarité hors-pair. 

Comédie roborative pétrie d'humour, de bon sens, de nobles valeurs et de tendresse bonnards, Les Petites Victoires doit son capital hautement sympathique grâce à sa modeste simplicité bâtie prioritairement sur la bonhomie des villageois usant naturellement de valeurs humaines gratifiantes pour s'extraire de la sinistrose, de l'aigreur et du pessimisme au sein de leur condition précaire de dernier ressort. Un divertissement salutaire donc d'une énergie antidépressive par son peps communicant, avec un coeur gros comme ça. Et puis quel plaisir (ému) de retrouver Michel Blanc en sexagénaire bedonnant à la sensibilité refoulée, la main (finalement) sur le coeur par son évolution responsable.  

Récompenses:

Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez 2023 :

Prix spécial du Jury

Prix du public

Ce qu'en pense la presse: 

mercredi 28 juin 2023

Les Soucoupes Volantes Attaquent / Earth vs. the Flying Saucers

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Fred F. Sears. 1956. U.S.A. 1h23. Avec Hugh Marlowe, Joan Taylor, Donald Curtis, Morris Ankrum, John Zaremba 

Sortie salles France: 17 Août 1956. U.S: Juillet 1956

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Fred F. Sears (né Frederick Francis Sears à Boston, Massachusetts, le 7 juillet 1913 – mort à Hollywood le 20 novembre 1957) est un acteur et un réalisateur américain. 1956 : Fury at Gunsight Pass. 1956 : Rock Around the Clock.1956 : Les soucoupes volantes attaquent. 1956 : Meurtres à Miami. 1956 : The Werewolf. 1956 : Cha-Cha-Cha Boom! (en). 1956 : Rumble on the Docks (en). 1956 : Don't Knock the Rock. 1957 : Le Traquenard des Sans-Loi. 1957 : The Night the World Exploded (en). 1957 : The Giant Claw. 1957 : Calypso Heat Wave (en). 1957 : Escape from San Quentin (en). 1958 : The World Was His Jury (en). 1958 : Going Steady. 1958 : Crash Landing. 1958 : Le Pays des sans-loi (Badman's Country (en). 1958 : Ghost of the China Sea.

Une menace interplanétaire de grande ampleur ! 
Même si on peut déplorer un scénario aussi minimaliste qu'éculé (une simple invasion extra-terrestre contraint les humains à riposter en usant de stratagèmes d'armements autrement sophistiqués), Les Soucoupes Volantes attaquent demeure un sympathique petit classique SCI-FI des années 50 eu égard de la crédibilité des FX artisanaux conçus par Ray Harryhausen (excusez du peu). Cette série B agréablement troussée demeurant constamment efficace par son aspect documenté épaulé d'un réalisme scientifique que les acteurs rehaussent d'après leur caractère attachant (principalement le couple Marvin partagé entre leur sens du devoir d'y protéger leur patrie et leur relation amoureuse). Fred F. Sears parsemant son récit de bavardages jamais ennuyeux entre militaires, politiques et scientifiques afin d'étudier les rapports de force et intentions perfides de la menace, d'idées finaudes (le détail auditif opposant les 2 clans sans en dévoiler plus) puis de scènes de destruction massive, notamment auprès de son final furibard où humains et E.T se livrent à une guerre sans merci que l'on contemple avec un oeil aussi scrupuleux qu'amusé. 

D'ailleurs, lors d'un rebondissement fallacieux, on éprouvera de prime abord une certaine empathie pour ces derniers à travers leurs intentions pacifiques d'amorcer un dialogue avec nous avant d'y dévoiler leur potentiel belliqueux à nous asservir puis s'emparer de la Terre depuis que leur système solaire s'éteignit.  Le design discoïde des soucoupes ainsi que leur vélocité aérienne s'avérant constamment fascinants grâce aux FX en stop motion si bien que Tim Burton s'en inspirera pour le délirant Mars Attacks ! en mode parodique. A revoir donc, notamment pour se rendre compte à quel point les années 50 furent capables de nous dépayser de par leur sincérité dépouillée à évoquer une invasion extra-terrestre à l'aide de gros moyens (pour l'époque j'entends) et surtout un souci de réalisme documenté (Des Monstres attaquent la ville, la Guerre des Mondes, La Chose d'un autre Monde pour en citer les plus notoires).

*Bruno
2èx

mercredi 21 juin 2023

Les Pousse au Crime / La Tour des Monstre / Homebodies

                                          
                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

de Larry Yust. 1974. U.S.A. 1h38. Avec Peter Brocco, Frances Fuller, William Hansen, Ruth McDevitt, Paula Trueman, Ian Wolfe, Douglas Fowley. 

Sortie salles France: 24 Mars 1976. U.S: 13 Septembre 1974

FILMOGRAPHIE: Larry Yust est un réalisateur américain né le 3 novembre 1930 en Pennsylvanie. 1967 : The Secret Sharer. 1972 : Trick Baby. 1974 : La Tour des monstres (Homebodies). 1986 : Say Yes coréalisé avec Peter Ferrara. 


Rare, oublié, méconnu, introuvable, alors que j'en garde personnellement un souvenir ému lors de sa diffusion sur TV6 (un Dimanche soir si je ne m'abuse), Les Pousse au crime (ou La Tour des Monstres) est une dinguerie culte à découvrir absolument pour qui raffole des délires saugrenus ne ressemblant à nul autre délire macabre. Comédie noire, satire sociale, horreur, drame se chevauchant tranquillement au rythme d'un jeu de massacre aussi détonnant que cruellement inattendu eu égard de la tournure immorale des évènements meurtriers qui empiètent la labeur de promoteurs et ouvriers. Ces derniers s'efforçant de chasser d'un immeuble décati des vieillards entêtés fermement décidés à tenir tête à ces entrepreneurs cupides n'ayant aucune estime pour leurs ancêtres en fin de vie. Fort d'une ambiance sépia à la fois étrange, inquiétante et parfois même inhospitalière, notamment auprès de ses décors à la fois poussiéreux et vermoulus, la Tour des Monstres dégage une ambiance d'insécurité inusitée au point de surfer parfois avec le Fantastique. 


Dans la mesure ou le réalisateur y dresse de façon alambiquée et baroque le profil incongru de cette poignée de vieillards revanchards usant de vice et de roueries à piéger leurs adversaires dans une cohésion complice. Tous les acteurs du 3è âge formant de façon charismatique, pour ne pas dire iconique au travers de certains plans chiadés, une caste sournoise avec une expressivité davantage inquiétante si on prend en compte leur évolution morale à s'adonner à l'irréparable lors de discordes entre eux toujours plus tendues. Et c'est ce qui fait le sel de cette intrigue fétide à l'humour noir corseté si bien que l'on se surprend de l'audace du réalisateur à aller jusqu'au bout de son concept aussi glaçant qu'incommodant. Et ce tout en éprouvant une fascination toujours plus probante à travers ce climat malsain au confins de l'horreur que des criminels sclérosés cultivent sur leur chemin en s'efforçant d'y trouver toutefois une issue de secours. Ce qui nous amène à sa conclusion là encore étonnamment sardonique avec, en filigrane, un ultime pied de nez aux entrepreneurs snobinards délibérés à chasser de leur quartier les derniers vieillards récalcitrants. 


Les rapaces.
Une excellente curiosité donc à l'humour noir vitriolé par son immoralité assumée que des vieillards viciés osent arborer parmi leurs sentiments contradictoires de désarroi et d'injustice, de colère, de haine et de folie perverse, puis enfin de prise de remord pour l'un d'entre eux en guise de rédemption. 

P.S: Le film est disponible dans une belle version SD et HD (VF/VOSTFR) sur la plateforme muaddib-sci-fi.blogspot.com (plus connue chez les initiés par son enseigne: "L'Univers Etrange et Merveilleux du Fantastique et de la Science-Fiction " )

*Bruno
2èx