lundi 28 juin 2021

Sans un bruit 2 / A Quiet Place: Part II

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de John Krasinski. 2020. U.S.A. 1h37 (1h28 sans le générique). Avec Emily Blunt, Millicent Simmonds, Noah Jupe, Cillian Murphy, Djimon Hounsou

Sortie salles France: 16 Juin 2021. U.S: 28 Mai 2021

FILMOGRAPHIE: John Krasinski est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 20 Octobre 1979 à Newton, Massachusetts, USA. 2020: Sans un bruit 2. 2018: Sans un bruit. 2016: La Famille Hollar. 2010-2012: The Office (TV Series: 3 episodes). 2009: Brief Interviews with Hideous Men.


Toujours réalisé par John Krasinski, Sans un bruit 2 tente de renouer avec le succès du 1er opus avec plus ou moins d'efficacité faute de son effet de surprise aujourd'hui rompu. Toujours bâti sur les enjeux de survie auprès de la famille Abbott contraint de se séparer pour explorer d'autres horizons en compagnie d'un survivant en quête de rédemption, Sans un bruit 2 mise surtout sur l'action de ses nombreuses créatures à la fois teigneuses et véloces en prime de nous dénicher d'autres survivants après deux jours de marche tendue. Comme le souligne d'ailleurs son implacable prologue rappelant un peu celui de la Guerre des Mondes de Spielberg lorsque les citadins ébaubis par une vision cauchemardesque venue du ciel s'empressent de fuir la menace meurtrière avec un affolement cuisant. Une séquence anthologique; la plus puissante de tout le métrage. L'intrigue, sans surprise mais modestement efficace se focalisant ensuite sur les vicissitudes de la famille Abbott toujours confinée dans des planques de fortune mais contrainte de s'extirper de leur tanière pour des motifs sanitaires et d'appels à l'aide via fréquence radio musicale. 


Emaillé de séquences d'attaques assez bien torchées, voires parfois même quelque peu terrifiantes de par la fascination qu'exercent les créatures décharnées assez crédibles, Sans un bruit 2 manque toutefois d'intensité et de suspense exponentiel en dépit de la bonne volonté du réalisateur à honorer son modèle et de ces acteurs irréprochables dans leur fonction de victime mutique en progression héroïque. Notamment en mettant en valeur la bravoure de deux adolescents retors afin de venir à bout de la menace meurtrière terriblement véloce. Sympathique donc de par le soin de sa réalisation faisant notamment intervenir avec une efficacité autrement payante 2 actions distinctes en simultanée grâce à l'habileté du montage au cordeau afin d'amplifier l'angoisse des agressions redoutées, Sans un bruit 2 demeure à terme un honorable divertissement horrifique, qui plus est visuellement expressif auprès de sa nature feutrée insécurisante.

*Bruno
22.03.24. 2èx. Vostfr

La chronique de "Sans un bruit": http://brunomatei.blogspot.fr/2018/05/sans-un-bruit.html

jeudi 24 juin 2021

Soupçons

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Suspicion" d'Alfred Hitchcock. 1941. 1h39. Avec Cary Grant, Joan Fontaine, Sir Cedric Hardwicke, Nigel Bruce, Dame May Whitty, Isabel Jeans, Heather Angel.

Sortie salles France: 23 Octobre 1946. U.S: 20 Janvier 1942

FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980. 1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.

Si Soupçons ne fait pas parti des chefs-d'oeuvre du maître du suspense Alfred Hitchock, il n'en demeure pas moins un excellent thriller misant essentiellement sur la paranoïa aigue d'une épouse aussi vulnérable que vertueuse de s'accrocher au basque de son époux gouailleur franchement immature. Et ce au point de nous irriter sans modération face à son arrogance insolente d'y brimer (sciemment ou non ? !) la jeune Lina qu'il prénomme "Ouistiti" en proie à une psychose peu à peu capiteuse. Oscar de la Meilleure Actrice un an après la sortie du film, Joan Fontaine irradie l'écran du début à la fin de par sa présence au ténue qu'attendrissante en prime de sa beauté sensuelle résolument suprême. Oasis de tendresse, de pudeur et d'angélisme de par son doux regard inspirant naturellement la pureté. Celle-ci endossant une épouse habitée par le "coup de foudre" mais davantage contrariée et démunie à suspecter son époux (un Dom Juan gentiment manipulateur) de tendances meurtrières eu égard des rebondissements qui empiètent l'intrigue au gré d'un suspense aussi latent que captivant. Celle-ci ne cessant de lui pardonner ses erreurs, ses mensonges et ses maladresses au nom de son amour irrépressible pour lui. 

Captivant et inquiétant, Soupçons tisse sa toile à suspense sans jamais ennuyer le spectateur. Et ce en dépit d'un final un chouilla décevant selon mon jugement de valeur si bien que j'aurai opté pour un revirement autrement dramatique quant aux véritables intentions du mari qu'incarne élégamment Gary Grant en joueur invétéré rarement à court de ruse pour amasser son gain et pour duper sa partenaire face à sa situation désargentée. Au niveau d'une intensité franchement éprouvante, si bien que le spectateur reste rivé au siège face à pareille poursuite effrénée, je tiens à souligner l'incroyable maîtrise d'Hitchcock d'y parfaire une escapade en voiture sillonnant les routes sinueuses à proximité des falaises. L'épouse, persuadée de trépasser dans la seconde à venir, insufflant une appréhension terrifiée au fil de la vitesse toujours plus furtive du bolide braquant sans aucune vigilance d'étroits virages. Une séquence anthologique littéralement crispante dans son art d'y provoquer une terreur à la fois sournoise et incertaine quant aux véritables intentions du suspect potentiellement criminel. Lina, fragilement éprouvée par son enchainement de suspicions se retrouvant piégée en interne du véhicule sans pouvoir crier à l'aide. 


Paranoïa criminelle.
Magnifiquement endossé par le duo infortuné Gary Grant / Joan Fontaine, Soupçons vaut avant tout pour leur prestance infaillible à travers leur vénéneuse liaison conjugale en perdition. Et ce jusqu'à sa conclusion éprouvante peut-être pas aussi percutante qu'escomptée quant au dénouement Spoil ! salvateur fin du Spoil jetant une certaine ambiguïté sur la personnalité (interrogative) de l'époux inopinément versatile. 

*Bruno

Récompenses: Deux trophées pour Joan Fontaine (tant mérités !):
- en 1941, le New York Film Critics Circle Award
- Oscar de la meilleure actrice en 1942. 

Arts-Martiaux

5 Venins Mortels: https://brunomatei.blogspot.com/.../05/5-venins-mortels.html

Bras de la Vengeance (le): https://brunomatei.blogspot.com/.../le-bras-de-la...


Fureur de Vaincre (la): http://brunomatei.blogspot.com/…/…/la-fureur-de-vaincre.html

Griffes de Jade (les): https://brunomatei.blogspot.com/.../les-griffes-de-jade.html

Hirondelle d'Or (l'): https://brunomatei.blogspot.com/2021/05/lhirondelle-dor.html


Kill Bill 1: http://brunomatei.blogspot.com/2012/01/kill-bill-volume-1.html
Kill Bill 2: http://brunomatei.blogspot.com/2012/01/kill-bill-volume-2.html

Légende du Lac (la): https://brunomatei.blogspot.com/.../la-legende-du-lac.html


Ombre du Fouet (l'): https://brunomatei.blogspot.com/2021/05/lombre-du-fouet.html



Retour de l'Hirondelle d'Or (le): https://brunomatei.blogspot.com/.../le-retour-de...

mercredi 23 juin 2021

Duo Mortel

                                                  
                                                Photo empruntée sur Google, appartenant à Dvdfr.com

"Shuang xia" de Cheh Chang. 1971. Hong-Kong. 1h21. Avec David Chiang, Lung Ti, Feng Ku, Lei Cheng, Sing Chen

Sortie salles Hong-Kong: 22 Décembre 1971

FILMOGRAPHIE: Chang Cheh (張徹 en chinois, Zhāng Chè en hànyǔ pīnyīn) est un réalisateur chinois hongkongais, né en 1923 à Hangzhou en Chine et mort le 22 juin 2002 à Hong Kong. 1966 : Le Trio magnifique. 1967 : Un seul bras les tua tous. 1968 : Le Retour de l'hirondelle d'or. 1969 : The Singing Thief. 1969 : Le Bras de la Vengeance. 1969 : The Flying Dagger. 1969 : Le Sabreur solitaire. 1970 : Vengeance. 1970 : Les Treize Fils du Dragon d’Or. 1971 : La Rage du tigre. 1971 : Duel aux poings. 1971 : Duo Mortel. 1972 : Le Justicier de Shanghaï. 1972 : La Légende du lac. 1972 : Le Nouveau justicier de Shanghaï. 1973 : Frères de sang. 1974 : Ceinture noire contre kung-fu. 1974 : Les Cinq Maîtres de Shaolin. 1978: 5 Venins Mortels. 1982 : The Brave Archer and His Mate. 1984 : Shanghai 13. 1993 : Ninja in Ancient China.


Réalisé par le spécialiste du genre Chang Cheh qu'on ne présente plus; Duo Mortel, (réalisé la même année que la Rage du Tigre), demeure un incontournable de la Shaw Brothers pour tous les fans d'action homérique d'une vélocité sans égale. Le pitch: Un prince de la dynastie Sing est retenu en otage auprès du clan des Yuan réputé pour leur barbarie insidieuse. Après un 1er essai infructueux de daigner le sauver, Pao Ting Tien et ses comparses vont à nouveau tenter une opération de sauvetage en compagnie d'un expert en arts-martiaux inébranlable. Intrigue simpliste mais redoutablement efficace, Duo Mortel brille de 1000 feux de par l'ampleur de sa mise en scène au plus près des combats épiques que Chang Cheh filme parfois en oscillant plusieurs combats à la fois. Et ce sans jamais perdre de vue la chorégraphie (tatillonne) des moults affrontements sanglants épaulés de l'ultra dynamisme du montage où rien n'est laissé au hasard. Des combats parfois ternaires à nous donner le tournis de par l'agilité de la caméra se réjouissant d'y parfaire les arts martiaux auprès de ces chevaliers aguerris maniant le sabre, la lance, la hache ou encore d'autres outils singuliers comme nulle autre guerrier.


Qui plus est, le métrage se permet une violence gore permanente avec parfois l'utilisation du ralenti pour y parfaire des tableaux baroques à travers ses morts exclamant un dernier cri de rage (ou de haine, c'est selon). Mais au-delà de la vigueur des nombreux combats martiaux qui émaillent sans cesse le récit, Chang Cheh s'intéresse autant à ses personnages, loyaux ou fourbes selon le clan ciblé, en mettant en appui un sens du sacrifice ébouriffant si je me réfère à la posture d'un des duos mortels au paroxysme de l'héroïsme suicidaire. On se réjouit également des stratégies offensives de certains membres de la dynastie Sing lorsqu'ils doivent par exemple traverser un pont pour accéder au manoir d'où est retenu prisonnier le prince Kang. Et ce avant qu'un premier groupe eut essuyé une sévère déroute macabre particulièrement escarpée. Des stratagèmes retors à répétition jusqu'à ce que le groupe supervisé par le duo "mortel" parvient à se faire accepter au fief des Yuan avec une audace extrêmement périlleuse.


Spectacle d'une fulgurance formelle à faire pâlir de jalousie le dernier actionner bourrin issu de l'industrie Hollywood "chewing-gum", Duo Mortel n'a pas pris une ride du haut de ses 50 ans d'âge (1971). Comme quoi les vrais classiques perdurent au-delà des frontières temporelles lorsqu'il s'agit d'y imprimer avec ferveur passionnelle une simple rivalité belliqueuse faisant honneur à la perspicacité, à l'amitié, au courage, à l'héroïsme et surtout au sens du sacrifice.

*Bruno
2èx

mardi 22 juin 2021

Blue Valentine

Photo empruntée sur Google, appartenant Facebook

de Derek Cianfrance. 2010. U.S.A. 1h54. Avec Ryan Gosling, Michelle Williams, Mike Vogel, John Doman, Jen Jones, Ben Shenkman

Sortie salles France: 15 Juin 2011

FILMOGRAPHIE Derek Cianfrance est un réalisateur et scénariste américain, né le 23 Janvier 1974.
1998: Brother Tied. 2010: Blue Valentine. 2012: The Place Beyond the Pines. 2016 : Une vie entre deux océans. 2020 : I Know This Much Is True (mini-série). 


"Les histoires d'amour finissent mal en général".
Sous les conseils d'une amie, il m'aura fallu plus de 10 ans d'hésitation à découvrir ce mélo pour des raisons perplexes qui m'échappent un peu aujourd'hui (en dépit de l'aspect bluette pour ados de l'affiche initiale). A l'arrivée, cet électrochoc émotionnel est probablement l'un des plus beaux et déchirants mélos qu'il m'ait été donné de voir de par son intensité dramatique scrupuleusement instillée, son réalisme documenté influencé du cinéma vérité de Cassavettes et du jeu authentique des acteurs sidérants d'expression bipolaire si je me réfère aux flash-back interférant aux phases du présent pour établir un parallèle entre leurs jours heureux et leur évolution déclinante de couple à la dérive. Ainsi, de par son pitch éculé souvent tributaire d'un cinéma mielleux tartiné de spleen, de pathos ou de sinistrose, on pouvait craindre le pire de nous ressasser une énième rupture conjugale à l'épilogue fatalement irréversible. A l'arrivée, on en ressort secoué, vidé, abattu, commotionné d'avoir assisté en direct (c'est en tous cas l'impression ressentie au moment du visionnage) à ce moment de cinéma clinique qu'immortalise Ryan Gosling (peut-être - ou sans doute - son meilleur rôle à l'écran à travers sa névralgie mise à nu et sa prise de conscience qu'il se refuse d'adouber) / Michelle Williams (littéralement bouleversante en mère démunie habitée par le malaise, le dépression, la lassitude, la déréliction et la langueur mélancolique). Et sur ce point l'actrice déploie une palette d'émotions à la fois fragiles et sensibles avec une mesure sentencieuse dénuée d'une once de complaisance. 


Quand bien même à d'autres moments plus jouasses (la séquence anthologique de la danse improvisée dans une ruelle urbaine), elle nous exprime une fougue candide doucement irrésistible en petite fille affectueuse gagnée par la séduction de son amant mélomane. Derek Cianfrance filmant ces êtes éperdus de leur routine avec une extrême pudeur forçant le respect comme en témoigne nombre de séquences d'une banalité quotidienne vécue en stricte intimité. C'est bien simple, Blue Valentine s'érige en album souvenirs sous forme documentée (souvent filmé caméra à l'épaule) afin de nous immerger dans  l'appréhension grandissante du couple en perdition que tout un chacun eut déjà connu dans sa propre vie sentimentale. Ainsi donc, inévitablement, certaines séquences clefs (souvent imprimées de gros plans sur les visages aigres) nous remémore nos propres souvenirs les plus épineux de par la vigueur de ces situations orageuses d'un couple en crise convergeant vers l'inéluctable séparation. Et quelque soit les véritables motifs de leur séparation que l'on peut théoriser à travers la naissance précipitée de l'enfant (avec désir ravisé d'avortement) et d'une tromperie en début de liaison, l'intérêt de Blue Valentine est d'y  souligner de la manière la plus fiable et scrupuleuse la douleur insurmontable qu'un couple endure pour un motif de routine après avoir connu la passion. Cette lassitude quotidienne que tout un chacun peut un jour engendrer lorsque le manque de communication s'y fait ressentir alors que le couple évolue parfois vers des directions contradictoires (comme tel est le cas dans Blue Valentine) dans leur maturité et personnalité propre. 


Crève-coeur oecuménique.
A la fois beau et poétique (rien que le générique de fin, luminescent, est à ne pas rater !), attendrissant et mélancolique, bouleversant et déchirant avec toujours cette juste mesure d'une émotion éperdument naturelle, Blue Valentine demeure un sommet de mélo que Ryan Gosling et Michelle Williams immortalisent de leur empreinte avec une vérité humaine sans ambages. Derek Cianfrance filmant prudemment ces amants infortunés (inscrits dans l'introversion) avec un parti-pris vériste parfois presque dérangeant quant à l'acuité du climat docu vérité. Et si je peux me permettre de t'émettre un ultime conseil en m'adressant directement à toi ami lecteur (et surtout lectrice !), ne rate pas Blue Valentine, tu ne l'oublieras jamais si tu es doué d'une certaine sensibilité. 

Dédicace à Margotte Shoumi

*Bruno

lundi 21 juin 2021

Oscar

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Edouard Molinaro. 1967. France. 1h25. Avec Louis de Funes, Claude Rich, Claude Gensac, Agathe Natanson, Paul Préboist, Sylvia Saurel.

Sortie salles France: 11 Octobre 1967

FILMOGRAPHIE: Edouard Molinaro est un réalisateur et scénariste français, né le 13 Mai 1928 à Bordeaux, en Gironde, décédé le 7 Décembre 2013 à Paris.1958: Le Dos au mur. 1959: Des Femmes disparaissent. 1959: Un Temoin dans la ville. 1960: Une Fille pour l'été. 1961: La Mort de Belle. 1962: Les Ennemis. 1962: Les 7 Pêchers capitaux. 1962: Arsène Lupin contre Arsène Lupin. 1964: Une Ravissante Idiote. 1964: La Chasse à l'Homme. 1965: Quand passent les faisans. 1967: Peau d'Espion. 1967: Oscar. 1969: Hibernatus. 1969: Mon Oncle Benjamin. 1970: La Liberté en Croupe. 1971: Les Aveux les plus doux. 1972: La Mandarine. 1973: Le Gang des Otages. 1973: L'Emmerdeur. 1974: L'Ironie du sort. 1975: Le Téléphone Rose. 1976: Dracula, père et fils. 1977: L'Homme pressé. 1978: La Cage aux Folles. 1979: Cause toujours... tu m'intéresses ! 1980: Les Séducteurs. 1980: La Cage aux Folles 2. 1982: Pour 100 briques t'as plus rien... 1984: Just the way you are. 1985: Palace. 1985: L'Amour en douce. 1988: A gauche en sortant de l'ascenseur. 1992: Le Souper. 1996: Beaumarchais, l'insolent. 1996: Dirty Slapping (court-métrage).

Vaudeville mené sur un train d'enfer, Oscar n'a pas volé ses 6 122 387 entrées dans l'hexagone (second au box-Office derrière Les Grandes Vacances !) après avoir triomphé au théâtre à l'orée des années 60. Si bien que la pièce de Claude Magnier est adapté au cinéma par le spécialiste Edouard Molinaro avec autant d'efficacité en roue libre. Car outre son scénario irracontable multipliant à un rythme effréné les quiproquos et rebondissements en pagaille autour de l'enjeu pécuniaire d'une valise ballotée tous azimuts, les comédiens affichent communément une spontanéité frétillante à se crêper le chignon et à se pardonner pour une cause maritale. Louis De Funès, omniprésent, monopolisant l'écran avec une énergie galvanisante infatigable. 

Maître de la répartie, celui-ci s'oppose à ses partenaires avec une expansivité exubérante au point de nous donner le vertige à force d'outrances verbales fréquemment hilarantes. Car si Oscar dégage une bonne humeur et un entrain formidablement communicatifs, les éclats de rire qui irriguent l'intrigue s'interposent violemment pour nous donner des crampes aux fossettes. C'est dire si le spectacle conçu par Molinaro demeure jubilatoire à travers ses allers et venues de convives et d'étrangers surprises se précipitant dans la demeure de Bertrand Barnier (De Funes) avec un art consommé du bagout. Claude Rich dans le rôle de Christian Martin demeurant indétrônable à tenter d'amadouer et de duper son adversaire Bertrand Barnier avec une force tranquille et de sureté enclin à l'ironie. Quand bien même les seconds-rôles impartis aux domestiques (Paul Préboist en tête) reluquent leur cacophonie conjugale dans une posture soumise amiteuse. 

Authentique classique de la comédie populaire alloué au huis-clos domestique, Oscar parvient à s'extirper du carcan théâtral grâce à la mise en scène efficace du cinéaste, au sens du détail architectural et au jeu lunaire des acteurs semant le désordre avec une expressivité sémillante. Sa drôlerie en roue libre émanant surtout de la gestuelle de De Funes mais aussi de ses comparses déversant sans aucune modération une verve impayable pour tenter de s'y réconcilier. Et signe que cette comédie pulsatile demeure bel et bien une réussite probante du genre, elle n'a aujourd'hui pas pris une ride ! 

*Bruno
2èx

Box-Office France: 6 120 862 entrées (d'autres sources évoquent 6 122 387)

samedi 19 juin 2021

La Bataille de San Sebastian

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Henry Verneuil. 1968. France/Italie/Mexique. 1h51. Avec Anthony Quinn, Anjanette Comer, Charles Bronson, Sam Jaffe, Silvia Pinal, Jorge Martínez de Hoyos.

Sortie salles France: 14 Mars 1969

FILMOGRAPHIE: Henry Verneuil (de son vrai nom Achod Malakian) est un réalisateur et scénariste  français d'origine arménienne, né le 15 Octobre 1920 à Rodosto, décédé le 11 Janvier 2002 à Bagnolet. 1951: La Table aux crevés. 1952: Le Fruit Défendu. 1952: Brelan d'As. 1953: Le Boulanger de Valorgue. 1953: Carnaval. 1953: l'Ennemi public numéro 1. 1954: Le Mouton a 5 pattes. 1955: Les Amants du Tage. 1955: Des Gens sans importance. 1956: Paris, palace Hôtel. 1957: Une Manche et la belle. 1958: Maxime. 1959: Le Grand Chef. 1959: La Vache et le Prisonnier. 1960: l'Affaire d'une Nuit. 1961: Le Président. 1961: Les Lions sont lâchés. 1962: Un Singe en Hiver. 1963: Mélodie en sous-sol. 1963: 100 000 Dollars au Soleil. 1964: Week-end à Zuydcoote. 1966: La 25è Heure. 1967: La Bataille de San Sebastian. 1969: Le Clan des Siciliens. 1971: Le Casse. 1972: Le Serpent. 1975: Peur sur la ville. 1976: Le Corps de mon ennemi. 1979: I comme Icare. 1982: Mille Milliards de Dollars. 1984: Les Morfalous. 1991: Mayrig. 1992: 588, rue du Paradis.

Unique incursion dans le western chez le cinéaste français Henry Verneuil alors qu'il s'agit d'une co-production entre l'hexagone, l'Italie et le Mexique, La Bataille de San Sebastian renoue avec le souffle épique des grosses productions hollywoodiennes ayant bercé notre enfance ainsi que celle de nos parents. Inexplicablement flingué par la critique lors de sa sortie confidentielle, peut-être à cause du portrait peu recommandable de l'anti-héros athée qu'endosse l'immense Anthony Quinn, ce western parfois influencé par le cinéma italien (principalement sa première demi-heure lorsque Leon Alastray - Anthony Quinn - se voit torturé par Teclo - Charles Bronson - avec sadisme non simulé) demeure un divertissement de haut calibre. Notamment auprès de ses moyens techniques mis en oeuvre, ses décors naturels éclectiques littéralement flamboyants et ses moults figurants se prêtant au jeu de la guérilla avec une frénésie inépuisable. Et pour en revenir au western spaghetti doucement évoqué plus haut, la musique est composée par le maestro Ennio Morricone faisant ouvertement écho aux chefs-d'oeuvre de Sergio Leone. La fameuse bataille demeurant un morceau de bravoure terriblement impressionnant de par l'impact de sa violence effrénée épaulée il est vrai d'un montage ultra dynamique à faire pâlir de jalousie nos classiques précurseurs ! L'intrigue tout à fait efficace nous illustrant l'initiation héroïque d'un bandit substitué en prêtre (alors qu'il ne cessera durant l'aventure d'y nier sa fonction biaisée d'émissaire religieux) au sein du village démuni de San Sebastian. 

Si bien que les habitants davantage désargentés redoutent la prochaine attaque des Yaquis supervisés par le traître Teclo. Remake de La main gauche du Seigneur d'Edward Dmytryk, sorti en 1955 dont j'ignorai l'existence; La Bataille de San Sebastian est largement rehaussé du talent viril d'Anthony Quinn incarnant avec une aisance incorruptible un magnifique portrait d'anti-héros aussi entêté que dur et intransigeant. Or, au fil de se relation houleuse avec les habitants et par le biais d'une main secourable éprise d'amour pour lui, Leon Alastray s'allouera d'une mission héroïque afin de réveiller de leur torpeur ses métayers serviles préférant fuir leurs cocons plutôt que de combattre fusil à la main l'ennemi que représentent les indiens eux mêmes influencés par un influenceur perfide. Plutôt hétérodoxe à renier la cause divine alors que tout un peuple s'adonne à lui dans leur idéologie chrétienne, La Bataille de San Sebastian met en exergue le profil athée de ce bandit solitaire peu enclin à éprouver une quelconque empathie pour autrui (notamment celle auprès du prêtre moribond lors du prologue) alors qu'au fil de son parcours moral il se laissera guider par un instinct de loyauté dans son éthique contestataire. C'est ce qui fait la force dramatique de l'intrigue sublimant ce portrait marginal qui plus est affublé d'une toge religieuse pour contenter ce peuple soumis à la morale conservatrice. On apprécie également l'impossible romance entre Alastray et la douce Kinita ne cessant de lui implorer son affection pour lui alors qu'il reste un fugitif en fuite recherché également par les autorités. Sa condition d'homme traqué tous azimuts le contraignant à s'isoler vers l'exil plutôt que d'amorcer une vie harmonieuse et équilibrée somme toute sereine. 

Gros spectacle issu de l'ancienne école (et d'une "Dernière Séance" !), La Bataille de San Sebastian n'a rien perdu de sa patine (en scope technicolor svp !) et de son entrain homérique au fil d'un récit aussi belliciste qu'humaniste militant pour les valeurs de dignité, de loyauté, de courage et d'héroïsme à condition de savoir pardonner au moment opportun, voir même d'y négocier une trêve pour éviter une guerre d'ampleur disproportionnée. A feu et à sang. 

*Bruno

mercredi 16 juin 2021

L'Emmerdeur

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

d'Edouard Molinaro. 1973. France. 1h24. Avec Jacques Brel, Lino Ventura, Caroline Cellier, Jean-Pierre Darras, Nino Castelnuovo, Angela Cardile.

Sortie salles France: 20 Septembre 1973

FILMOGRAPHIE: Edouard Molinaro est un réalisateur et scénariste français, né le 13 Mai 1928 à Bordeaux, en Gironde, décédé le 7 Décembre 2013 à Paris.1958: Le Dos au mur. 1959: Des Femmes disparaissent. 1959: Un Temoin dans la ville. 1960: Une Fille pour l'été. 1961: La Mort de Belle. 1962: Les Ennemis. 1962: Les 7 Pêchers capitaux. 1962: Arsène Lupin contre Arsène Lupin. 1964: Une Ravissante Idiote. 1964: La Chasse à l'Homme. 1965: Quand passent les faisans. 1967: Peau d'Espion. 1967: Oscar. 1969: Hibernatus. 1969: Mon Oncle Benjamin. 1970: La Liberté en Croupe. 1971: Les Aveux les plus doux. 1972: La Mandarine. 1973: Le Gang des Otages. 1973: L'Emmerdeur. 1974: L'Ironie du sort. 1975: Le Téléphone Rose. 1976: Dracula, père et fils. 1977: L'Homme pressé. 1978: La Cage aux Folles. 1979: Cause toujours... tu m'intéresses ! 1980: Les Séducteurs. 1980: La Cage aux Folles 2. 1982: Pour 100 briques t'as plus rien... 1984: Just the way you are. 1985: Palace. 1985: L'Amour en douce. 1988: A gauche en sortant de l'ascenseur. 1992: Le Souper. 1996: Beaumarchais, l'insolent. 1996: Dirty Slapping (court-métrage).

"J'espère un jour ne plus être à la mode pour devenir un classique." Pedro Almodovar. 
On a beau connaître les classiques par coeur, on ne parvient pas à s'en lasser. Ce qui est bel et bien le cas avec l'Emmerdeur auréolé d'un gros succès public (5è au Box-Office avec 3 354 756 entrées) et d'une reconnaissance critique. Bien que personnellement je ne l'ai vu que 2 fois, j'ai été franchement surpris à la revoyure par son envergure qualitative de par son rythme en crescendo toujours plus folingue alors que sa première demi-heure, grave et laconique, ne nous prépare nullement aux futurs rebondissements hilarants. Et ce pour 2 raisons majeures spécialement infaillibles; son casting irréprochable (jusqu'aux seconds-rôles particulièrement irrésistibles que forment Jean Pierre Darras en psychiatre snobinard et Nino Castelnuovo en maître d'hôtel aussi vigilant que prévenant) et son scénario superbement écrit par le spécialiste Francis Veber qui finira d'ailleurs par mettre en scène à 3 autres reprises le personnage de François Pignon dans Le Jouet, La Chèvre et le Diner de Con

Tant et si bien que l'on reste stupéfiais par la crédibilité des quiproquos et situations rocambolesques lorsqu'un tueur à gage est contraint de se coltiner un boulet (François Pignon donc) au sein de sa chambre d'hôtel. Un pauvre type dépressif délibéré à se suicider après s'être séparé de sa femme partie batifoler avec son psychiatre. Retors, badin et masochiste, Edouard Molinaro parvient fréquemment à faire déplacer ses personnages d'une chambre à l'autre (filmé caméra à l'épaule pour exacerber les précipitations de mésententes irascibles) pour ensuite les extraire de l'hôtel pour un mobile sentimental mais aussi curatif quant au sort de Milan (le tueur à gage) substitué en François Pignon par la cause de ce dernier. Mais le génie narratif est également d'y reconfiner à moult reprises notre duo impromptu après que ceux-ci eurent arpentés les villes et nationales en voiture lors de poursuites endiablées. Ainsi, à travers sa frénésie rocambolesque davantage hilarante (les éclats de rire sont habilement dosés lors d'effets de surprise aléatoires), l'Emmerdeur gagne en efficacité en roue libre jusqu'à sa conclusion caustique. 

De par les remarquables performances de Jacques Brel (incroyablement juste et sobre en boulet au grand coeur pétri d'insolence malgré lui) et du massif Lino Ventura (tout en flegme de colère contenue avant d'y extérioriser une rogne expansive), l'Emmerdeur affiche de sacrés tempéraments contradictoires à travers ses profils psychologiques contraints malgré eux de s'unir pour le pire des imbroglios catastrophes. Et ce grâce au génie du scénariste Francis Veber jamais à court de carburant pour relancer la machine à rire lors d'un festival d'entraide, de bévues et d'infortune mutuelles. Jusqu'au paroxysme du règlement de compte homérique étonnamment percutant dans les échanges de tirs chorégraphiés...

*Bruno
2èx

mardi 15 juin 2021

Soif de Sang

                                          
                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site toutlecine.challenges.fr

"Thirst" de Rod Hardy. 1979. Australie. 1h35. Avec Chantal Contouri, Shirley Cameron, Max Phipps, Henry Silva, Rod Mullinar, David Hemmings.

Sortie salles Australie: 28 Septembre 1979

FILMOGRAPHIERod Hardy est un réalisateur australien né en 1949 à Melbourne.
1979 : Soif de sang. 1997 : Robinson Crusoé. 2007 : December Boys.


Une perle culte vrillée native de l'âge d'or du Fantastique Australien.
Inédit en salles en France si je ne m'abuse, Soif de Sang fit les beaux jours des video-clubs lors de son exploitation Vhs au sein des années 80. Relativement méconnue, cette bisserie horrifique issue de l'âge d'or du Fantastique australien tire-parti de sa fascination prégnante de par son concept saugrenu à mi-chemin entre rêve et réalité. Le pitch: Embrigadée de force au sein d'une mystérieuse ferme, véritable entreprise de donneurs de sang, Kate Davis est l'objet de toutes les convoitises depuis qu'une confrérie diabolique s'efforce de la conditionner à se nourrir de sang humain afin de succéder à son héritière, la Comtesse Bathory. Molestée et droguée, elle tente de résister à sa condition servile quand bien même tous les patients apathiques sont exploités à outrance lors de prélèvements sanguins afin de nourrir la secte en quête d'éternelle jeunesse et de pouvoir. Traitant du thème du vampirisme avec une originalité sans égale si bien que cette série B fait office d'ovni incongru, Soif de Sang ne cesse d'intriguer et de fasciner par le biais d'une intrigue prémâchée entrebâillée d'incohérences et anicroches (l'intrusion peu convaincante de l'époux de Kate au sein de la ferme et de quelques protagonistes au comportement interlope). Pour autant, afin de mieux semer trouble et désordre au sein de cette mystérieuse confrérie avide de sang, ses menus défauts sont peut-être sciemment pensés, notamment en ne cessant de jouer avec les hallucinations de l'héroïne en proie à un conditionnement interminable. 


Outre ses aimables seconds-couteaux parmi lesquels se succèdent Henry SilvaDavid Hemmings et  Shirley CameronChantal Contouri monopolise l'écran de son regard névrosé (pour ne pas dire borderline) tantôt outré, tantôt anémique au gré de séquences hallucinogènes où fiction et réalité ne cessent de se contredire dans sa psyché en perte de repère. On peut également vanter sa troublante beauté brunâtre notamment auprès de son regard noir aussi sensuel que compromis d'une paranoïa grandissante de par sa condition soumise de victime expérimentale. En dépit également d'un mise en place un tantinet déconcertante car enchaînant trop précipitamment les évènements pour son hospitalité forcée, Soif de Sang insuffle un climat trouble d'envoûtement en son témoignage chétif si bien qu'elle perdure une multitude d'expériences irrationnelles afin de s'accoutumer au sang humain. Quand bien même son entourage lobotomisé déambule dans le jardin à l'instar de zombies dénué de conscience. Multipliant avec un soupçon de redondance les tentatives d'évasion et d'endoctrinement de l'héroïne à bout de souffle réfutant au possible sa nouvelle condition vampire, Rod Hardy parvient miraculeusement à aviver notre attention par le biais d'évènements sataniques (les rituels de la communauté) et d'incidents horrifiques où les idées débridées fusent tous azimuts. Soif de Sang nous entraînant par la main dans un cauchemar schizo au fil d'une énigme aussi sinueuse qu'étrange, à l'instar de sa conclusion fortuite d'une audace pessimiste.


Etonnamment trouble et délirant auprès d'une réalisation parfois soignée et maîtrisée, Soif de Sang ne peut laisser indifférent par ses audaces visuelles assez habiles et son concept sardonique aussi improbable que décapant ! Il y émane une série B hybride assez couillue oscillant le chaud et le froid avec une surprenante alchimie ! Comme en témoignent notamment la mélodie de sa partition entêtante signée Brian May svp !, la splendeur de sa photo sépia ainsi que la beauté vénéneuse de l'impénétrable Chantal Contouri (son unique rôle à l'écran !). A (re)découvrir car il s'agit bel et bien d'une oeuvre culte au sens le plus authentique.  

*Bruno. 
07.09.16. 185 v
15.06.21. 3èx

lundi 14 juin 2021

La Cuisine au Beurre

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Gilles Grangier. 1963. France/Italie. 1h22. Avec Fernandel, Bourvil, Claire Maurier, Andrex Mag-Avril, Edmond Ardisson, Henri Arius

Sortie salles France: 20 Décembre 1963

FILMOGRAPHIE: Gilles Grangier, né le 5 mai 1911 à Paris et mort le 27 avril 1996 à Suresnes, est un réalisateur français. 1943 : Adémaï bandit d'honneur. 1945 : Le Cavalier noir. 1946 : Trente et quarante. 1946 : Leçon de conduite. 1946 : L'Aventure de Cabassou. 1947 : Rendez-vous à Paris. 1947 : Histoire de chanter. 1947 : Danger de mort. 1948 : Par la fenêtre. 1948 : Femme sans passé. 1949 : Au p'tit zouave. 1949 : Jo la Romance. 1950 : Amédée. 1950 : Amour et compagnie. 1950 : Les femmes sont folles. 1950 : L'Homme de joie. 1951 : L'Amant de paille. 1951 : Les petites Cardinal. 1951 : Le Plus Joli Péché du monde. 1952 : L'Amour, Madame. 1952 : Douze heures de bonheur. 1953 : Faites-moi confiance. 1953 : Jeunes Mariés. 1953 : La Vierge du Rhin. 1954 : Poisson d'avril. 1955 : Le Printemps, l'automne et l'amour. 1955 : Gas-oil. 1956 : Le sang à la tête. 1957 : Reproduction interdite ou Meurtre à Montmartre. 1957 : Le rouge est mis. 1958 : Trois jours à vivre. 1958 : Échec au porteur . 1958 : Le Désordre et la Nuit. 1959 : Archimède le clochard. 1959 : 125, rue Montmartre. 1959 : Les Affreux. 1960 : Les Vieux de la vieille. 1961 : Le Cave se rebiffe. 1962 : Le Gentleman d'Epsom. 1963 : Le Voyage à Biarritz. 1963 : Maigret voit rouge. 1963 : La Cuisine au beurre. 1964 : L'Âge ingrat. 1965 : Les Bons Vivants ou Un Grand seigneur. 1965 : Train d'enfer. 1968 : L'Homme à la Buick. 1969 : Sous le signe du taureau. 1972 : Un cave. 1974 : Gross Paris. 1975 : Piratii din Pacific film roumain codirigé avec Sergiu Nicolaescu. 1975 : Insula comorilor. 


Pas un chef-d'oeuvre certes, mais un moment de détente si bienveillant prônant la joie de vivre, d'aimer et de plaisanter en cette époque révolue. 
Pas très bien accueilli par la critique si je ne m'abuse en dépit de son immense succès public (il se hisse 2è au Box-Office avec 6 396 439 entrées), la Cuisine au Beurre est l'occasion pour Fernandel et Bourvil de se réunir pour la 1ère fois à l'écran. Et bien que ce dernier vouait une admiration sans borne pour l'illustre Fernandel depuis sa tendre enfance, leur relation de prime abord amiteuse s'est hélas rapidement étiolée au fil du tournage houleux si bien que la Cuisine au Beurre restera leur unique contribution. Alors sans révolutionner le genre et encore moins d'y parfaire le chef-d'oeuvre attendu, cette comédie bonnard demeure toute à fait plaisante sous l'impulsion du duo d'acteurs portant le film sur leurs épaules avec une spontanéité payante. Car s'il faut bien avouer que l'intrigue s'avère aussi simpliste que futile (le couple Colombey voit son quotidien bouleversé le jour ou Fernand, ancien époux de Christiane Colombey refait surface 10 ans plus tard dans leur restaurant !), la complémentarité enjouée des acteurs emporte tout sur leur passage. 

Mais au-delà de la fantaisie fougueuse de Fernandel et Bourvil jouant les rivaux au grand coeur avec une complicité badine, on peut également compter sur le tempérament frétillant de la belle Claire Maurier remarquablement crédible en épouse autoritaire contrainte de gérer sa situation extra-conjugale avec une force de caractère somme toute sensuelle. L'actrice dégageant un charme assez suave à travers ses rapports aussi tendres que compromettants auprès de ses deux amants communément amoureux d'elle au point d'y engager une procédure de divorce pour leur enjeu à la fois pécuniaire (Qui possédera enfin la propriété du restaurant ?) et sentimental. Et si on rit rarement aux éclats à travers ses gentils gags bon enfant, la Cuisine au Beurre nous imprime un sourire permanant grâce à ses acteurs communément sémillants. Mais aussi de par son climat solaire estival prônant l'insouciance, les plaisirs culinaires, l'influence de la camaraderie, le désir d'indépendance au sein du couple (l'émancipation du duo contre l'autorité féminine) et enfin l'amitié au fil de l'évolution morale du duo marital sur le point de se tolérer. 

Très agréable à suivre en dépit d'un manque évident d'ambition narrative et de drôlerie déjantée, La Cuisine au Beurre parvient tout de même louablement à se démarquer du produit vite consommé grâce à la fringance des comédiens nous transmettant leurs sentiments de tendresse et de bonne humeur avec avec une harmonie résolument conviviale. Tant et si bien que quelques décennies plus tard, la Cuisine au Beurre n'a point usurpé sa réputation de (modeste) classique du genre en préservant en mémoire la séquence irrésistible où Fernandel et Bourvil éclatent de rire face écran en se murmurant des grivoiseries à l'oreille. Une séquence cocasse d'une extrême simplicité mais redoutablement efficace  dans la communion expansive des fous-rires incontrôlés. 

*Bruno
3èx

jeudi 10 juin 2021

Lantana. Prix spécial du jury et prix de la critique, Cognac, 2002.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Ray Lawrence. 2001. Australie/Allemagne. 2h01. Avec Anthony LaPaglia, Geoffrey Rush, Rachael Blake, Kerry Armstrong, Manu Bennett, Melissa Martinez.

Sortie salles France: 24 Juillet 2002. Australie: 4 Octobre 2001

FILMOGRAPHIE: Ray Lawrence est un réalisateur australien né en 1948. 1985 : Bliss. 2001 : Lantana. 2006 : Jindabyne, Australie. 


Avant-propos: (wikipedia)
Le genre Lantana comprend environ 150 espèces de plantes à fleurs de couleurs variées (jaunes, marron, blancs, etc.) de la famille des Verbénacées.
Le lantana est un arbrisseau vivace pantropical originaire d'Amérique du Sud adapté aux conditions méditerranéennes. Cela signifie que dans certaines régions, il n'est pas nécessaire de les mettre hors gel mais dans d'autres il faut absolument les rentrer pour l'hiver. Il est possible de les trouver sous différentes formes : arbustive, pour parterre ou encore en tiges. Leur parfum est légèrement poivré et attire particulièrement les papillons et les abeilles.

Réalisé par l'australien Ray Lawrence à qui l'on doit 3 uniques longs-métrages, Lantana est probablement son oeuvre la plus puissante et réussie sous couvert de drame psychologique déguisé en thriller. Multi récompensé dans son pays initial (voir en fin d'article) et auréolé de 2 récompenses à Cognac (Prix Spécial du Jury, Prix de la Critique), Lantana n'a point dérobé ses trophées de par son intensité dramatique discrètement envoûtante que son cast irréprochable génère avec fébrile émotion. Oeuvre chorale nous caractérisant au compte goutte quatre couples en perdition conjugale, Lantana  demeure sensiblement capiteux à travers son score lancinant jamais envahissant et le vérisme de sa mise en scène au plus près des sentiments des personnages anti-manichéens se débattant avec leur propre démon. Tant et si bien qu'à travers leurs confidences et adultère rongées de remord ou d'indécision, nous témoignions de leur faiblesse avec une empathie de prime abord mesurée. Tout du moins lors de sa première partie attentionnée nous illustrant chaque point de vue avec souci d'humanisme torturé. 


Mention spéciale à Anthony LaPaglia dans le rôle irascible du détective Leon Zat trompant son épouse avec une voisine fraîchement séparée. L'acteur imposant une carrure massive d'autant plus impressionnante dans celui de l'infidèle davantage irrité par le poids de sa culpabilité se répercutant sur sa quotidienneté professionnelle. D'ailleurs, le final rédempteur finit par nous arracher des larmes lorsqu'il finit par moralement craquer dans l'habitacle de sa voiture après avoir entendu la suite des confidences de son épouse enregistrée sur une cassette audio. Pièce à conviction que celui-ci est parvenu à soutirer chez le mari de la thérapeute que son épouse consultait secrètement. Kerry Armstrong incarnant la femme trahie avec un naturel à la fois faussement attendrissant et timidement contrariée, si bien que la comédienne demeure la plus émouvante du cast à travers sa posture quelque peu introvertie, douce et amiteuse. Mais lorsque la partie thriller se met en place de manière fluide et escomptée (le prologue débutant par le flash-forward d'une découverte macabre faisant référence à Blue Velvet), la compassion éprouvée pour la plupart des personnages gagne du terrain au fil de l'investigation douloureuse de Léon (toujours aussi irascible) en proie à de troublantes coïncidences. Qui plus est au moment de tenter de résoudre cette découverte macabre auquel les témoins conjugaux de son entourage y seront plus ou moins impliqués. 


Jouant intelligemment sur le faux-semblant et sur l'emprise de la séduction à travers les conséquences du mensonge, de la trahison ou de la délation, Lantana y engendre de manière aussi intime que prude une réflexion sur l'intégrité du couple lorsque la routine, la lassitude, une identité sexuelle refoulée ou un décès inconsolable viennent ternir leur fiabilité maritale. Magnifiquement incarné par des comédiens criants de vérité dans leur commun désagrément et désillusion vulnérable, Lantana s'illumine au fil de ces fragiles portraits de couple à la dérive dont certains parviendront toutefois à remonter à la surface face au poids de leur culpabilité morale saturé d'une découverte macabre dont nul ne sortira indemne. Une oeuvre intime désargentée à deux doigts d'effleurer le chef-d'oeuvre, tout du moins un grand classique conjuguant avec une surprenante harmonie les composants du mélo, du drame et du thriller. 

*Bruno
2èx


Récompenses:
Australian Film Institute Awards 2001: meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario adapté, meilleur acteur pour Anthony LaPaglia, meilleure actrice pour Kerry Armstrong, meilleur acteur dans un second rôle pour Vince Colosimo et meilleure actrice dans un second rôle pour Rachael Blake
IF Awards 2001: Meilleur film, meilleur acteur (Anthony LaPaglia), meilleure actrice (attribué collectivement à Barbara Hershey, Kerry Armstrong, Leah Purcell, Rachael Blake et Daniella Farinacci), meilleur réalisateur, meilleur scénario, prix du box-office
Festival du Film de Melbourne 2001: Prix du film le plus populaire
Prix 2001 de la National Board of Review (USA): Reconnaissance spéciale pour l'excellence de la réalisation
Prix Awgie 2001 de l'Australian Writers' Guild: meilleure adaptation pour un long métrage au cinéma
Prix ASSG 2001 de l'Australian Screen Sound Guild: meilleur enregistrement son sur un tournage de long métrage
Festival du film policier de Cognac 2002: Prix spécial du jury et prix de la critique
Prix 2002 de la Film Critics Circle of Australia Awards: Meilleur film, meilleur acteur (Anthony LaPaglia), meilleure actrice (Kerry Armstrong), meilleur second rôle féminin (Daniella Farinacci), meilleur scénario d'adaptation
ARIA Music Awards 2002: Meilleur album de bande originale
Prix 2002 de l'Australian Cinematographers Society: Meilleure photo pour un long métrage au cinéma
British Independent Film Awards 2002: Meilleur film étranger en langue anglaise
Chlotrudis Awards 2003: Meilleur scénario d'adaptation

mercredi 9 juin 2021

Bullitt

                                                          Photo empruntée sur google, appartenant au site Allocine.fr

de Peter Yates. 1968. U.S.A. 1h54. Avec Steve Mc Queen, Robert Vaughn, Jacqueline Bisset, Don Gordon, Simon Oakland, Norman Fell, Robert Duvall.

Sortie salles France: 17 Mars 1969

FILMOGRAPHIEPeter Yates, né le 24 juillet 1929 à Aldershot et mort le 9 janvier 2011 à Londres1, est un réalisateur britannique. 1964 : One Way Pendulum. 1967 : Trois milliards d'un coup. 1968 : Bullitt. 1969 : John et Mary. 1971 : La Guerre de Murphy. 1972 : Les Quatre Malfrats. 1973 : Les Copains d'Eddie Coyle. 1974 : Ma femme est dingue. 1976 : Ambulances tous risques. 1977 : Les Grands Fonds. 1979 : La Bande des quatre. 1981 : L'Œil du témoin. 1983 : L'Habilleur. 1984 : Krull. 1985 : Eleni. 1987 : Suspect dangereux. 1988 : Une femme en péril. 1989 : Délit d'innocence. 1992 : Year of the Comet. 1995 : Un ménage explosif. 

Référence du genre ayant influencé une pléthore de classiques à venir (French Connection, L'Inspecteur Harry pour citer les plus notoires), Bullitt prouve bien que les classiques sont imputrescibles à la revoyure. Tant et si bien que s'il parvient toujours à captiver et à fasciner un demi-siècle plus tard, il le doit avant tout à la personnalité novatrice de Peter Yates privilégiant un réalisme documenté au sein du genre policier dénué de fioriture. A l'instar de son anthologique poursuite automobile dénuée d'accord musical et de trucages afin de mieux nous immerger dans cet intense affrontement (de vitesse vertigineuse !) souvent réalisé en caméra subjective. Quand bien même les infrastructures de San Francisco (ville, hôpital, morgue, commerces) nous sont illustrées de manière détaillée, notamment en insistant sur les bruitages des pots d'échappement ou d'un avion, et des allers et venues des citadins et passagers étrangers. Et si l'intrigue linéaire n'a pas pour ambition de s'y transcender, le tact de sa mise en scène posée prenant son temps à décrire les situations de danger et confrontations psychologiques insuffle une ampleur insoupçonnée. 


Et pour parachever, Bullitt ne serait pas aussi iconique sans la présence virile de Steve Mc Queen en lieutenant circonspect prenant peu à peu conscience de sa moralité galvaudée, faute de ses inlassables traques envers les criminels les plus dangereux (comme le souligne si bien sa partenaire empathique endossée par la sublime Jacqueline Bisset dans un rôle discret). Le plan final m'aura d'ailleurs évoqué la conclusion équivoque de Cruising lorsque Pacino, se regardant dans le miroir, s'interrogeait sur sa déchéance morale d'avoir côtoyer d'aussi près le Mal. Et Mc Queen a beau jouer un rôle plutôt taiseux, il demeure absolument expressif à travers l'intensité de son regard responsable face à des supérieurs pédants abusant de leur autorité. D'ailleurs, on reste aussi surpris qu'interloqué par la violence rigoureuses de Bullitt privilégiant un parti-pris hyper réaliste à travers les postures cadavériques à la fois ensanglantées et délibérément macabres. J'imagine donc bien le public de l'époque (nous sommes en 68) particulièrement choqué par ses gunfights tranchés et visions macabres qui infectent le récit sans toutefois se complaire dans une quelconque outrance comme on a tant coutume de voir de nos jours dans les produits Hollywoodiens. Quand bien même le score jazzy de Lalo Schifrin cultive une envergure supplémentaire à la scénographie urbaine en prenant soin de ne pas trop envahir l'espace des évènements décrits au plus près d'une quotidienneté (tacitement) insécure.   

Leçon de mise en scène délibérée à bouleverser les codes afin de s'écarter de l'ornière du "policier imberbe", Bullitt perdure son aura de fascination grâce à ce parti-pris documenté parfois saturé d'incroyables moments stylisés (son générique liminaire si classieux nous laissant béat d'admiration). Et puis rien que pour le charisme indétrônable de Mc Queen (ridiculisant sans modération nos héros musclés et tatoués actuels, tributaires d'un cinéma Fast-Food), Bullitt est à revoir fissa !

*Bruno
2èx

Récompenses:
Oscar du meilleur montage en 1969.
Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario.
National Film Preservation Board en 2007.