Photo empruntée sur Google, appartenant Facebook
de Derek Cianfrance. 2010. U.S.A. 1h54. Avec Ryan Gosling, Michelle Williams, Mike Vogel, John Doman, Jen Jones, Ben Shenkman
Sortie salles France: 15 Juin 2011
FILMOGRAPHIE: Derek Cianfrance est un réalisateur et scénariste américain, né le 23 Janvier 1974.
1998: Brother Tied. 2010: Blue Valentine. 2012: The Place Beyond the Pines. 2016 : Une vie entre deux océans. 2020 : I Know This Much Is True (mini-série).
"Les histoires d'amour finissent mal en général".
Sous les conseils d'une amie, il m'aura fallu plus de 10 ans d'hésitation à découvrir ce mélo pour des raisons perplexes qui m'échappent un peu aujourd'hui (en dépit de l'aspect bluette pour ados de l'affiche initiale). A l'arrivée, cet électrochoc émotionnel est probablement l'un des plus beaux et déchirants mélos qu'il m'ait été donné de voir de par son intensité dramatique scrupuleusement instillée, son réalisme documenté influencé du cinéma vérité de Cassavettes et du jeu authentique des acteurs sidérants d'expression bipolaire si je me réfère aux flash-back interférant aux phases du présent pour établir un parallèle entre leurs jours heureux et leur évolution déclinante de couple à la dérive. Ainsi, de par son pitch éculé souvent tributaire d'un cinéma mielleux tartiné de spleen, de pathos ou de sinistrose, on pouvait craindre le pire de nous ressasser une énième rupture conjugale à l'épilogue fatalement irréversible. A l'arrivée, on en ressort secoué, vidé, abattu, commotionné d'avoir assisté en direct (c'est en tous cas l'impression ressentie au moment du visionnage) à ce moment de cinéma clinique qu'immortalise Ryan Gosling (peut-être - ou sans doute - son meilleur rôle à l'écran à travers sa névralgie mise à nu et sa prise de conscience qu'il se refuse d'adouber) / Michelle Williams (littéralement bouleversante en mère démunie habitée par le malaise, le dépression, la lassitude, la déréliction et la langueur mélancolique). Et sur ce point l'actrice déploie une palette d'émotions à la fois fragiles et sensibles avec une mesure sentencieuse dénuée d'une once de complaisance. Quand bien même à d'autres moments plus jouasses (la séquence anthologique de la danse improvisée dans une ruelle urbaine), elle nous exprime une fougue candide doucement irrésistible en petite fille affectueuse gagnée par la séduction de son amant mélomane. Derek Cianfrance filmant ces êtes éperdus de leur routine avec une extrême pudeur forçant le respect comme en témoigne nombre de séquences d'une banalité quotidienne vécue en stricte intimité. C'est bien simple, Blue Valentine s'érige en album souvenirs sous forme documentée (souvent filmé caméra à l'épaule) afin de nous immerger dans l'appréhension grandissante du couple en perdition que tout un chacun eut déjà connu dans sa propre vie sentimentale. Ainsi donc, inévitablement, certaines séquences clefs (souvent imprimées de gros plans sur les visages aigres) nous remémore nos propres souvenirs les plus épineux de par la vigueur de ces situations orageuses d'un couple en crise convergeant vers l'inéluctable séparation. Et quelque soit les véritables motifs de leur séparation que l'on peut théoriser à travers la naissance précipitée de l'enfant (avec désir ravisé d'avortement) et d'une tromperie en début de liaison, l'intérêt de Blue Valentine est d'y souligner de la manière la plus fiable et scrupuleuse la douleur insurmontable qu'un couple endure pour un motif de routine après avoir connu la passion. Cette lassitude quotidienne que tout un chacun peut un jour engendrer lorsque le manque de communication s'y fait ressentir alors que le couple évolue parfois vers des directions contradictoires (comme tel est le cas dans Blue Valentine) dans leur maturité et personnalité propre.
Crève-coeur oecuménique.
A la fois beau et poétique (rien que le générique de fin, luminescent, est à ne pas rater !), attendrissant et mélancolique, bouleversant et déchirant avec toujours cette juste mesure d'une émotion éperdument naturelle, Blue Valentine demeure un sommet de mélo que Ryan Gosling et Michelle Williams immortalisent de leur empreinte avec une vérité humaine sans ambages. Derek Cianfrance filmant prudemment ces amants infortunés (inscrits dans l'introversion) avec un parti-pris vériste parfois presque dérangeant quant à l'acuité du climat docu vérité. Et si je peux me permettre de t'émettre un ultime conseil en m'adressant directement à toi ami lecteur (et surtout lectrice !), ne rate pas Blue Valentine, tu ne l'oublieras jamais si tu es doué d'une certaine sensibilité.
Dédicace à Margotte Shoumi
*Bruno
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