mardi 15 juin 2021

Soif de Sang

                                          
                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site toutlecine.challenges.fr

"Thirst" de Rod Hardy. 1979. Australie. 1h35. Avec Chantal Contouri, Shirley Cameron, Max Phipps, Henry Silva, Rod Mullinar, David Hemmings.

Sortie salles Australie: 28 Septembre 1979

FILMOGRAPHIERod Hardy est un réalisateur australien né en 1949 à Melbourne.
1979 : Soif de sang. 1997 : Robinson Crusoé. 2007 : December Boys.


Une perle culte vrillée native de l'âge d'or du Fantastique Australien.
Inédit en salles en France si je ne m'abuse, Soif de Sang fit les beaux jours des video-clubs lors de son exploitation Vhs au sein des années 80. Relativement méconnue, cette bisserie horrifique issue de l'âge d'or du Fantastique australien tire-parti de sa fascination prégnante de par son concept saugrenu à mi-chemin entre rêve et réalité. Le pitch: Embrigadée de force au sein d'une mystérieuse ferme, véritable entreprise de donneurs de sang, Kate Davis est l'objet de toutes les convoitises depuis qu'une confrérie diabolique s'efforce de la conditionner à se nourrir de sang humain afin de succéder à son héritière, la Comtesse Bathory. Molestée et droguée, elle tente de résister à sa condition servile quand bien même tous les patients apathiques sont exploités à outrance lors de prélèvements sanguins afin de nourrir la secte en quête d'éternelle jeunesse et de pouvoir. Traitant du thème du vampirisme avec une originalité sans égale si bien que cette série B fait office d'ovni incongru, Soif de Sang ne cesse d'intriguer et de fasciner par le biais d'une intrigue prémâchée entrebâillée d'incohérences et anicroches (l'intrusion peu convaincante de l'époux de Kate au sein de la ferme et de quelques protagonistes au comportement interlope). Pour autant, afin de mieux semer trouble et désordre au sein de cette mystérieuse confrérie avide de sang, ses menus défauts sont peut-être sciemment pensés, notamment en ne cessant de jouer avec les hallucinations de l'héroïne en proie à un conditionnement interminable. 


Outre ses aimables seconds-couteaux parmi lesquels se succèdent Henry SilvaDavid Hemmings et  Shirley CameronChantal Contouri monopolise l'écran de son regard névrosé (pour ne pas dire borderline) tantôt outré, tantôt anémique au gré de séquences hallucinogènes où fiction et réalité ne cessent de se contredire dans sa psyché en perte de repère. On peut également vanter sa troublante beauté brunâtre notamment auprès de son regard noir aussi sensuel que compromis d'une paranoïa grandissante de par sa condition soumise de victime expérimentale. En dépit également d'un mise en place un tantinet déconcertante car enchaînant trop précipitamment les évènements pour son hospitalité forcée, Soif de Sang insuffle un climat trouble d'envoûtement en son témoignage chétif si bien qu'elle perdure une multitude d'expériences irrationnelles afin de s'accoutumer au sang humain. Quand bien même son entourage lobotomisé déambule dans le jardin à l'instar de zombies dénué de conscience. Multipliant avec un soupçon de redondance les tentatives d'évasion et d'endoctrinement de l'héroïne à bout de souffle réfutant au possible sa nouvelle condition vampire, Rod Hardy parvient miraculeusement à aviver notre attention par le biais d'évènements sataniques (les rituels de la communauté) et d'incidents horrifiques où les idées débridées fusent tous azimuts. Soif de Sang nous entraînant par la main dans un cauchemar schizo au fil d'une énigme aussi sinueuse qu'étrange, à l'instar de sa conclusion fortuite d'une audace pessimiste.


Etonnamment trouble et délirant auprès d'une réalisation parfois soignée et maîtrisée, Soif de Sang ne peut laisser indifférent par ses audaces visuelles assez habiles et son concept sardonique aussi improbable que décapant ! Il y émane une série B hybride assez couillue oscillant le chaud et le froid avec une surprenante alchimie ! Comme en témoignent notamment la mélodie de sa partition entêtante signée Brian May svp !, la splendeur de sa photo sépia ainsi que la beauté vénéneuse de l'impénétrable Chantal Contouri (son unique rôle à l'écran !). A (re)découvrir car il s'agit bel et bien d'une oeuvre culte au sens le plus authentique.  

*Bruno. 
07.09.16. 185 v
15.06.21. 3èx

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