samedi 19 juin 2021

La Bataille de San Sebastian

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Henry Verneuil. 1968. France/Italie/Mexique. 1h51. Avec Anthony Quinn, Anjanette Comer, Charles Bronson, Sam Jaffe, Silvia Pinal, Jorge Martínez de Hoyos.

Sortie salles France: 14 Mars 1969

FILMOGRAPHIE: Henry Verneuil (de son vrai nom Achod Malakian) est un réalisateur et scénariste  français d'origine arménienne, né le 15 Octobre 1920 à Rodosto, décédé le 11 Janvier 2002 à Bagnolet. 1951: La Table aux crevés. 1952: Le Fruit Défendu. 1952: Brelan d'As. 1953: Le Boulanger de Valorgue. 1953: Carnaval. 1953: l'Ennemi public numéro 1. 1954: Le Mouton a 5 pattes. 1955: Les Amants du Tage. 1955: Des Gens sans importance. 1956: Paris, palace Hôtel. 1957: Une Manche et la belle. 1958: Maxime. 1959: Le Grand Chef. 1959: La Vache et le Prisonnier. 1960: l'Affaire d'une Nuit. 1961: Le Président. 1961: Les Lions sont lâchés. 1962: Un Singe en Hiver. 1963: Mélodie en sous-sol. 1963: 100 000 Dollars au Soleil. 1964: Week-end à Zuydcoote. 1966: La 25è Heure. 1967: La Bataille de San Sebastian. 1969: Le Clan des Siciliens. 1971: Le Casse. 1972: Le Serpent. 1975: Peur sur la ville. 1976: Le Corps de mon ennemi. 1979: I comme Icare. 1982: Mille Milliards de Dollars. 1984: Les Morfalous. 1991: Mayrig. 1992: 588, rue du Paradis.

Unique incursion dans le western chez le cinéaste français Henry Verneuil alors qu'il s'agit d'une co-production entre l'hexagone, l'Italie et le Mexique, La Bataille de San Sebastian renoue avec le souffle épique des grosses productions hollywoodiennes ayant bercé notre enfance ainsi que celle de nos parents. Inexplicablement flingué par la critique lors de sa sortie confidentielle, peut-être à cause du portrait peu recommandable de l'anti-héros athée qu'endosse l'immense Anthony Quinn, ce western parfois influencé par le cinéma italien (principalement sa première demi-heure lorsque Leon Alastray - Anthony Quinn - se voit torturé par Teclo - Charles Bronson - avec sadisme non simulé) demeure un divertissement de haut calibre. Notamment auprès de ses moyens techniques mis en oeuvre, ses décors naturels éclectiques littéralement flamboyants et ses moults figurants se prêtant au jeu de la guérilla avec une frénésie inépuisable. Et pour en revenir au western spaghetti doucement évoqué plus haut, la musique est composée par le maestro Ennio Morricone faisant ouvertement écho aux chefs-d'oeuvre de Sergio Leone. La fameuse bataille demeurant un morceau de bravoure terriblement impressionnant de par l'impact de sa violence effrénée épaulée il est vrai d'un montage ultra dynamique à faire pâlir de jalousie nos classiques précurseurs ! L'intrigue tout à fait efficace nous illustrant l'initiation héroïque d'un bandit substitué en prêtre (alors qu'il ne cessera durant l'aventure d'y nier sa fonction biaisée d'émissaire religieux) au sein du village démuni de San Sebastian. 

Si bien que les habitants davantage désargentés redoutent la prochaine attaque des Yaquis supervisés par le traître Teclo. Remake de La main gauche du Seigneur d'Edward Dmytryk, sorti en 1955 dont j'ignorai l'existence; La Bataille de San Sebastian est largement rehaussé du talent viril d'Anthony Quinn incarnant avec une aisance incorruptible un magnifique portrait d'anti-héros aussi entêté que dur et intransigeant. Or, au fil de se relation houleuse avec les habitants et par le biais d'une main secourable éprise d'amour pour lui, Leon Alastray s'allouera d'une mission héroïque afin de réveiller de leur torpeur ses métayers serviles préférant fuir leurs cocons plutôt que de combattre fusil à la main l'ennemi que représentent les indiens eux mêmes influencés par un influenceur perfide. Plutôt hétérodoxe à renier la cause divine alors que tout un peuple s'adonne à lui dans leur idéologie chrétienne, La Bataille de San Sebastian met en exergue le profil athée de ce bandit solitaire peu enclin à éprouver une quelconque empathie pour autrui (notamment celle auprès du prêtre moribond lors du prologue) alors qu'au fil de son parcours moral il se laissera guider par un instinct de loyauté dans son éthique contestataire. C'est ce qui fait la force dramatique de l'intrigue sublimant ce portrait marginal qui plus est affublé d'une toge religieuse pour contenter ce peuple soumis à la morale conservatrice. On apprécie également l'impossible romance entre Alastray et la douce Kinita ne cessant de lui implorer son affection pour lui alors qu'il reste un fugitif en fuite recherché également par les autorités. Sa condition d'homme traqué tous azimuts le contraignant à s'isoler vers l'exil plutôt que d'amorcer une vie harmonieuse et équilibrée somme toute sereine. 

Gros spectacle issu de l'ancienne école (et d'une "Dernière Séance" !), La Bataille de San Sebastian n'a rien perdu de sa patine (en scope technicolor svp !) et de son entrain homérique au fil d'un récit aussi belliciste qu'humaniste militant pour les valeurs de dignité, de loyauté, de courage et d'héroïsme à condition de savoir pardonner au moment opportun, voir même d'y négocier une trêve pour éviter une guerre d'ampleur disproportionnée. A feu et à sang. 

*Bruno

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