mercredi 9 juin 2021

Bullitt

                                                          Photo empruntée sur google, appartenant au site Allocine.fr

de Peter Yates. 1968. U.S.A. 1h54. Avec Steve Mc Queen, Robert Vaughn, Jacqueline Bisset, Don Gordon, Simon Oakland, Norman Fell, Robert Duvall.

Sortie salles France: 17 Mars 1969

FILMOGRAPHIEPeter Yates, né le 24 juillet 1929 à Aldershot et mort le 9 janvier 2011 à Londres1, est un réalisateur britannique. 1964 : One Way Pendulum. 1967 : Trois milliards d'un coup. 1968 : Bullitt. 1969 : John et Mary. 1971 : La Guerre de Murphy. 1972 : Les Quatre Malfrats. 1973 : Les Copains d'Eddie Coyle. 1974 : Ma femme est dingue. 1976 : Ambulances tous risques. 1977 : Les Grands Fonds. 1979 : La Bande des quatre. 1981 : L'Œil du témoin. 1983 : L'Habilleur. 1984 : Krull. 1985 : Eleni. 1987 : Suspect dangereux. 1988 : Une femme en péril. 1989 : Délit d'innocence. 1992 : Year of the Comet. 1995 : Un ménage explosif. 

Référence du genre ayant influencé une pléthore de classiques à venir (French Connection, L'Inspecteur Harry pour citer les plus notoires), Bullitt prouve bien que les classiques sont imputrescibles à la revoyure. Tant et si bien que s'il parvient toujours à captiver et à fasciner un demi-siècle plus tard, il le doit avant tout à la personnalité novatrice de Peter Yates privilégiant un réalisme documenté au sein du genre policier dénué de fioriture. A l'instar de son anthologique poursuite automobile dénuée d'accord musical et de trucages afin de mieux nous immerger dans cet intense affrontement (de vitesse vertigineuse !) souvent réalisé en caméra subjective. Quand bien même les infrastructures de San Francisco (ville, hôpital, morgue, commerces) nous sont illustrées de manière détaillée, notamment en insistant sur les bruitages des pots d'échappement ou d'un avion, et des allers et venues des citadins et passagers étrangers. Et si l'intrigue linéaire n'a pas pour ambition de s'y transcender, le tact de sa mise en scène posée prenant son temps à décrire les situations de danger et confrontations psychologiques insuffle une ampleur insoupçonnée. 


Et pour parachever, Bullitt ne serait pas aussi iconique sans la présence virile de Steve Mc Queen en lieutenant circonspect prenant peu à peu conscience de sa moralité galvaudée, faute de ses inlassables traques envers les criminels les plus dangereux (comme le souligne si bien sa partenaire empathique endossée par la sublime Jacqueline Bisset dans un rôle discret). Le plan final m'aura d'ailleurs évoqué la conclusion équivoque de Cruising lorsque Pacino, se regardant dans le miroir, s'interrogeait sur sa déchéance morale d'avoir côtoyer d'aussi près le Mal. Et Mc Queen a beau jouer un rôle plutôt taiseux, il demeure absolument expressif à travers l'intensité de son regard responsable face à des supérieurs pédants abusant de leur autorité. D'ailleurs, on reste aussi surpris qu'interloqué par la violence rigoureuses de Bullitt privilégiant un parti-pris hyper réaliste à travers les postures cadavériques à la fois ensanglantées et délibérément macabres. J'imagine donc bien le public de l'époque (nous sommes en 68) particulièrement choqué par ses gunfights tranchés et visions macabres qui infectent le récit sans toutefois se complaire dans une quelconque outrance comme on a tant coutume de voir de nos jours dans les produits Hollywoodiens. Quand bien même le score jazzy de Lalo Schifrin cultive une envergure supplémentaire à la scénographie urbaine en prenant soin de ne pas trop envahir l'espace des évènements décrits au plus près d'une quotidienneté (tacitement) insécure.   

Leçon de mise en scène délibérée à bouleverser les codes afin de s'écarter de l'ornière du "policier imberbe", Bullitt perdure son aura de fascination grâce à ce parti-pris documenté parfois saturé d'incroyables moments stylisés (son générique liminaire si classieux nous laissant béat d'admiration). Et puis rien que pour le charisme indétrônable de Mc Queen (ridiculisant sans modération nos héros musclés et tatoués actuels, tributaires d'un cinéma Fast-Food), Bullitt est à revoir fissa !

*Bruno
2èx

Récompenses:
Oscar du meilleur montage en 1969.
Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario.
National Film Preservation Board en 2007.

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