mercredi 29 juillet 2015

L'IMPASSE

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site moviepostershop.com

"Carlito's Way" de Brian De Palma. 1993. U.S.A. 2h24. Avec Al Pacino, Sean Penn, Penelope Ann Miller, John Leguizamo, Ingrid Rogers, Luis Guzman, James Rebhorn, Viggo Mortensen.

Sortie salles France: 23 Mars 1994. U.S: 17 Novembre 1993

FILMOGRAPHIE: Brian De Palma, de son vrai nom Brian Russel DePalma, est un cinéaste américain d'origine italienne, né le 11 septembre 1940 à Newark, New-Jersey, Etats-Unis.
1968: Murder à la mod. Greetings. The Wedding Party. 1970: Dionysus in'69. Hi, Mom ! 1972: Attention au lapin. 1973: Soeurs de sang. 1974: Phantom of the paradise. 1976: Obsession. Carrie. 1978: Furie. 1980: Home Movies. Pulsions. 1981: Blow Out. 1983: Scarface. 1984: Body Double. 1986: Mafia Salad. 1987: Les Incorruptibles. 1989: Outrages. 1990: Le Bûcher des vanités. 1992: l'Esprit de Cain. 1993: l'Impasse. 1996: Mission Impossible. 1998: Snake Eyes. 2000: Mission to Mars. 2002: Femme Fatale. 2006: Le Dahlia Noir. 2007: Redacted. 2012: Passion.


"Vivre toute une vie sans croiser la route d'un ange, tu vois, c'est bien pire que d'être là, dévoré par le froid..."

10 ans après Scarface, Brian De Palma renoue sa collaboration avec Al Pacino pour dresser le portrait désenchanté d'un gangster latino en quête de rédemption. Prenant donc le contre-pied du personnage vénal de Tony Montana, l'Impasse transcende avec une virtuosité fulgurante le profil mélancolique d'un ancien caïd de la drogue délibéré à se racheter une conduite après avoir purgé 5 ans de prison. Acquitté grâce à la complicité véreuse de son avocat (Sean Penn, quasi méconnaissable !) alors qu'il devait purger 30 ans, Charlie Brigante retrouve ses anciens comparses de la pègre avant de renouer contact avec son ancienne compagne, Gail. Mais dans un concours de circonstances infortunées et par le compromis de son avocat à qui il devait une faveur, il se retrouve impliqué dans la complicité meurtrière d'un baron de la drogue.


Par le biais d'une intrigue charpentée multipliant sans esbroufe les rebondissements d'anthologie, mélodrame et film de gangsters s'entrecroisent avec une maestria technique à couper le souffle, à l'instar de la fidèle reconstitution établie au paysage New-yorkais des Seventies. Tant auprès d'un point de vue romantique lorsque Charlie Brigante observe lointainement sous la pluie sa compagne à interpréter une leçon de danse, que lors de circonstances sanglantes, telle la fusillade confinée dans la salle de billard ou de l'haletante poursuite perpétrée dans le métro, l'Impasse donne le vertige parmi l'appui d'un Al Pacino pétri d'humanisme car inscrit dans le désespoir et la déveine. S'identifiant à son nouveau profil empathique, nous nous impliquons dans ses vicissitudes avec la peur au ventre sachant que le prologue nous avait déjà devancé l'issue fatale de sa destinée. Portrait fragile d'un ancien gangster incapable de fuir ses démons depuis son passé de corruption et de criminalité, Charlie Brigante nous commente avec désillusion que l'amitié et le code d'honneur dans les milieux mafieux ne sont plus d'actualité au sein des années 70, faute d'une nouvelle génération cuistre avide d'une liberté sans déontologie. Discours sur la loi du plus fort et celle du Talion, sur l'anachronisme d'un homme dépassé par le modernisme d'une époque qu'il ne comprends plus, témoignage sur la maturité de la vieillesse en voie de sagesse, l'Impasse s'édifie en poème mortuaire lorsqu'il s'agit de mettre en exergue le déclin d'un ancien magnat coupable de son inhabituel laxisme et de sa confiance empotée envers ses sbires.


D'une intensité dramatique aussi épique que bouleversante (le final inconsolable s'avérant l'une des plus belles morts du cinéma !) et d'un suspense exponentiel à couper au rasoir lors de son cheminement délétère, l'Impasse offre (une ultime fois) ses lettres de noblesse au film de gansgters latinos parmi des trognes burinées plus vraies que nature et parmi l'icone du couple passionnel. Al Pacino / Penelope Ann Miller (magnifique portrait de femme aussi vertueuse qu'avisée !) formant le duo d'amants déchirés entre la grâce de leur tendresse et l'espoir sentencieux. Sublimé par le score sensible de Patrick Doyle, ce chef-d'oeuvre de tragédie criminelle réinvente le langage du cinéma avec une virtuosité incandescente.  

Bruno Matéï
3èx

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