mardi 28 juillet 2015

PASSION

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site meetinthelobby.com

de Brian De Palma. 2012. France/Allemagne. 1h40. Avec Rachel McAdams, Noomie Rapace, Karoline Herfurth, Paul Anderson, Max Urlacher.

Sortie salles France: 13 Février 2013.

FILMOGRAPHIE: Brian De Palma, de son vrai nom Brian Russel DePalma, est un cinéaste américain d'origine italienne, né le 11 septembre 1940 à Newark, New-Jersey, Etats-Unis.
1968: Murder à la mod. Greetings. The Wedding Party. 1970: Dionysus in'69. Hi, Mom ! 1972: Attention au lapin. 1973: Soeurs de sang. 1974: Phantom of the paradise. 1976: Obsession. Carrie. 1978: Furie. 1980: Home Movies. Pulsions. 1981: Blow Out. 1983: Scarface. 1984: Body Double. 1986: Mafia Salad. 1987: Les Incorruptibles. 1989: Outrages. 1990: Le Bûcher des vanités. 1992: l'Esprit de Cain. 1993: l'Impasse. 1996: Mission Impossible. 1998: Snake Eyes. 2000: Mission to Mars. 2002: Femme Fatale. 2006: Le Dahlia Noir. 2007: Redacted. 2012: Passion.


Décrié par la critique, Passion renoue avec les thrillers des années 80 que Brian De Palma avait su parfaire avec le talent Hitchockien qu'on lui connait. En abordant ses thèmes fétiches impartis au double, au mensonge, à la jalousie, la trahison, la vengeance et la sexualité (passionnelle), le cinéaste construit une intrigue machiavélique autour d'une rivalité féminine se disputant la concurrence dans une agence de pub. Provocateur dans son habileté d'exploiter sexe et violence avec une efficacité studieuse, De Palma cultive un jeu de perversion et d'humiliation entre la directrice de l'établissement Christine et son adjointe Isabelle depuis que cette dernière partage en secret une infidélité avec son amant. Pour pimenter l'intrigue, une autre employée, Dani, se porte témoin de leur pugilat avant de divulguer ses sentiments pour Isabelle, quand bien même l'amant des deux rivales est impliqué dans une malversation que Christine est sur le point de faire chanter. Autour de ce quatuor d'employés cupides mais manoeuvrés, un meurtre va être perpétré et cumuler les preuves contre Isabelle bien que cette dernière s'efforce de prouver à la police qu'elle se trouvait à la session d'un ballet au moment du crime. 


Avec une maîtrise technique que l'on avait pas connu depuis la première partie de Snake Eyes, Brian De Palma parvient à renouveler la vigueur incisive d'un suspense Hitchcockien grâce à l'ossature d'un script où le faux semblant reste le pilier du cheminement dramatique en perdition. Le premier acte s'avère consciencieux pour mettre en exergue la présentation des personnages tours à tours suspicieux, manipulateurs, victimes et vice-versa au sein de leur multinationale. Dans leur travers mégalo avide de notoriété on peut d'ailleurs y déceler une satire sur l'arrivisme au sein du merchandising de la pub par le biais de Christine et de son amant vénal Dirk, puis à échelle plus modeste chez Isabelle, collaboratrice en ascension toujours plus vantée par ses patrons et donc attisant la jalousie de sa dirigeante. Outre une direction d'acteurs hors-pair, Rachel McAdams et Noomi Rapace se disputent la vedette avec charme et fourberie vénéneux dans leur discorde professionnelle axée sur la provocation, l'intimidation et la vengeance. La seconde partie, plus haletante et périlleuse, multiplie rebondissements et subterfuges avec la virtuosité habituelle de De Palma, notamment dans la structure géométrique des cadrages alambiqués et d'une photo pastel pleine de contrastes. Si le caractère prévisible du potentiel coupable peut rapidement être éventé, la manière captivante dont De Palma continue de narrer son histoire et le sens du détail alloué à la machination continue de nous surprendre, Spoil ! notamment parmi l'intrusion capitale d'un témoin oculaire ! Fin du Spoil. Qui plus est, la conclusion équivoque offre la possibilité d'émettre plusieurs hypothèses sur la pathologie du coupable (rêve et réalité se confondent parfois dans son esprit chargé de remords), sur l'éventuel intrusion d'un nouveau suspect et le caractère vindicatif d'un acte morbide laissé en suspens. 


Dominé par le tempérament insidieux de deux actrices usant de charme et sagacité avec ferveur, réalisé avec brio et esthétiquement travaillé dans son panel de couleur limpides et de cadrages obliques, Passion surprend agréablement pour la résurrection du maître du suspense véritablement inspiré à traiter un thriller érotique où le simulacre est roi au sein d'une agence de pub fallacieuse ! 

Bruno Matéï

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