lundi 14 octobre 2019

Le Camion de la Mort. Prix Spécial du Jury, Avoriaz 83


"Battletruck/Warlords of the 21st Century" de Harley Cokliss. 1982. Nouvelle Zélande. 1h31. Avec Michael Beck, Annie McEnroe, James Wainwright, Bruno Lawrence, John Bach, Randy Powell.

Sortie en salles en France le 2 janvier 1983

FILMOGRAPHIE SELECTIVEHarley Cokliss est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 11 Février 1945 à San Diego (Californie). 1976: The Battle of Billy's Pond. 1977: Glitterball. 1979: That Summer. 1982: Le Camion de la mort. 1986: Sans Issue. 1987: Malone, un tueur en enfer. 1988: Dream Demon. 1994: Hercule et le royaume oublié (télé-film). 2000: Pilgrim. 2002: An angel for may (télé-film). 2010: Paris Connections


Un an après le phénomène Mad-Max 2, une ribambelle d'ersatz aux budget dérisoire proliférèrent chez nos voisins transalpins. Des séries Z risibles interprétées par des tacherons quand bien même les affiches aguicheuses inspirées de l'univers de la BD tentaient d'y feindre leur précarité. Pour autant, quelques nanars impayables sortirent du lot si bien qu'aujourd'hui ils continuent toujours de marquer les esprits (nostalgiques) de cette époque révolue, à savoir le bien nommé "post-nuke". Les Guerriers du BronxCherry 2000Le Gladiateur du futur et surtout le Guerrier de l'espace et 2019, après la chute de New-York restant sans conteste les plus beaux fleurons bisseux. Mais en 1982, c'est au tour de la nouvelle zélande de tenter d'y apporter leur vision désenchantée du monde barbare auprès d'une série B de samedi soir au budget un peu plus étoffé, qui plus est finalement ovationnée d'un Prix Spécial du Jury à Avoriaz. De par cette improbable récompense, on se demande d'ailleurs comment une oeuvre aussi standard, aussi bougrement sympatoche soit-elle, eut pu remporter une récompense aussi prestigieuse ! Le PitchDans une époque futuriste, le colonel Straker sillonne les contrées désertiques des Etats-Unis à bord d'un gigantesque camion pour la quête de carburant. Avec une bande de hors la loi, il sème la terreur auprès des rares survivants pour imposer sa hiérarchie dictatoriale. Mais un solitaire du nom de Hunter décide de contrecarrer ses ambitions véreuses en l'affrontant à bord de sa moto futuriste. 
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Totalement occulté de nos jours après avoir déjà sombré dans l'oubli depuis son échec en salles, Le Camion de la Mort est une modeste et très agréable série B se démarquant de la zéderie grâce à ces comédiens à la trogne bonnard, aussi cabotins soient les méchants, à son action sagement spectaculaire et à sa mise en image plutôt envoûtante au coeur d'un no mans land aride. L'intrigue convenue constituant une relecture champêtre de Mad-Max (bien qu'ici, l'antagoniste mégalo s'avère le propriétaire du camion blindé !) avec beaucoup moins d'ambition dans sa maigre tentation de renouer avec l'action cinglante et les cascades ébouriffantes de son modèle. Néanmoins, ce petit métrage fort attachant affiche un convaincant climat de désolation auprès d'une populace précaire tentant de survivre dans leurs bungalows de fortune. Et la confrontation entre Michael Beck (les Guerriers de la nuit) et James Wainwright (Un Shérif à New-York) parvenant jusqu'au générique de fin à maintenir l'intérêt dans leur enjeu de pouvoir et d'autorité, notamment en tentant d'y récupérer la dissidente Corlie en fuite depuis les dernières exactions de son paternel (Straker himself apprendra t'on durant l'intrigue !). Annie McEnroe (les Marais de la mort, la Main du cauchemar) endossant avec une sensibilité non négligeable cette fugitive en quête d'amour et d'havre de paix. Scandé d'une partition planante (Tangerine Dream s'en fait d'ailleurs presque l'écho !), l'ambiance post-apo du Camion de la mort dégage donc un charme désuet afin d'accentuer cet environnement solaire jalonné de plaines clairsemées. A l'instar du western moderne, l'affrontement houleux de nos survivants solidaires communément opposés à la hiérarchie du tyran Straker cultivant de nombreuses péripéties (entre une trahison) pour tenter de déjouer l'assaillant beaucoup plus lâche, cruel et insidieux qu'eux. Enfin, pour adoucir le propos belliqueux, une timide idylle survient durant tout le périple avec la fille de Straker éprise d'affection pour le motard (jamais à court de carburant !).
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Mené avec rythme et efficacement conté, le Camion de la Mort demeure un divertissement plein de charme dans sa sincérité de se confronter sans prétention au genre post-apo à l'aide d'un budget low-cost. Un western futuriste d'une simplicité désarmante (bien qu'il sous entend une réflexion sur la mégalomanie en militant pour la solidarité) mais paradoxalement assez attrayant et d'autant plus atmosphérique qu'on se laisse facilement séduire par la tournure des évènements prévisibles. Et ce même si aujourd'hui il ne pourrait (probablement) que contenter les nostalgiques de l'âge d'or du Post-nuke. Quand à son "Prix spécial" décerné à Avoriaz, il restera pour ma part une nébuleuse énigme irrésolue.  

*Bruno
14.10.19. 3èx
30.12.11. 386 v

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