mercredi 30 juin 2021

Wendy

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Benh Zeitlin. 2020. U.S.A. 1h52. Avec Devin France, Elle Fanning, Tommie Milazzo, Allison Campbell, Yashua Mack, Gage Naquin, Gavin Naquin.

Sortie salles France: 23 Juin 2021

FILMOGRAPHIE: Benh Zeitlin est un réalisateur, scénariste, compositeur américain, né à New-York. 2012: Les bêtes du Sud Sauvage. 2020: Wendy.


“La plupart des hommes trahissent leur jeunesse.”
Reconnu pour avoir réalisé le splendide Les Bêtes du sud sauvage en 2012, Benh Zeitlin nous revient 8 ans plus tard avec Wendy. Un second chef-d'oeuvre (le terme est lâché sans rougir !) renouant avec le conte existentiel avec un similaire sens de l'improvisation et de l'impulsion musicale enjouée (on y retrouve les mêmes tonalités exaltées). Car loin de nous livrer une variation hollywoodienne du mythe de Peter Pan, Wendy y demeure le contre-pied d'une vision édulcorée dénuée de personnalité. Une oeuvre indépendante aussi fragile que bouillonnante établie du point de vue de bambins avides de tendresse et d'évasion. Le tout traité dans le non-dit, la pudeur, le sous-entendu, l'imaginaire, la poésie des mots découlant de leurs pensées les plus profondes et intimes. Avec toujours cette cantique éperdue pour la maternité que Wendy nous murmure avec mélancolie gratifiante. Il s'agit donc d'une relecture naturaliste du célèbre personnage créé par le romancier J. M. Barrie comme nul autre cinéaste ne l'eut entrepris avec autant de force de caractère et de fulgurance formelle. Ce qui aura d'ailleurs sans doute rebuté une frange de critiques et de parents responsables boudant son climat vériste dénué de fioritures et de bons sentiments à travers ses personnages plus vrais que nature jouant parfois à des jeux dangereux ou entreprenant des décisions beaucoup trop radicales (le châtiment de la main coupée d'un des protagonistes !). 

Par conséquent, ce qui frappe irrémédiablement à la vision de cette aventure éperdument lyrique émane de la posture dépouillée des enfants d'une expression innocente à donner le vertige de par cette émotion  commune ressentie sans ambages. Benh Zeitlin parvenant à capter les silences au-delà des mots pour les remplir d'humanité avec ces regards candides inscrits dans la pureté existentielle. Ainsi, à travers leur refus impératif de grandir au sein d'une île mystérieuse peuplée de vieillards décatis ayant perdu tout espoir, Wendy et ses amis vont tenter de réanimer chez eux la fougue et la passion d'autrefois (ah cette danse improvisée nous bouleversant aux larmes jouasses !) à travers le pouvoir de suggestion et l'interaction amicale. Filmant ses décors naturels avec un souffle épique sensoriel, Wendy se feuillette en splendide livret d'images estampillées "national geographic" sans jamais se laisser déborder par une quelconque outrance opportuniste. Qui plus est on y remarque dès la prémices de l'aventure les valeurs si nobles au cinéaste que symbolisent l'écologie (le volcan en semi-activité) et la cause animale (la baleine iconisée par la "mère" rédemptrice). Ainsi, regorgeant de poésie, de métaphores spirituelles et métaphysiques, Wendy se décline en invitation au rêve à travers l'instinct de la jeunesse dévorant la vie avec une curiosité insatiable. Une tribu primitive en connexion avec cette nature environnante comme s'il s'agissait de leurs propres parents. Pour autant, à travers sa puissance émotionnelle confinant au chef-d'oeuvre, Wendy parvient avec originalité à nous broder un récit d'aventures parfois sombre et sensiblement désespéré émaillé de rebondissements un tantinet cruels mais toujours rattrapés d'une poésie démiurge en harmonie avec l'enfant, l'animal et la nature étroitement liés à la jeunesse éternelle. 


"Qui aime la jeunesse, aime la mer".
Infiniment pur, archange, aimant, absolu au point de nous chavirer de larmes de la manière la plus mesurée (le dernier quart d'heure est un moment d'onirisme proprement vertigineux de par sa grâce existentielle !), Wendy est un morceau de cinéma anthologique à travers sa réflexion universelle sur une jeunesse retrouvée. Un cri du coeur d'une fulgurance humaniste libératrice si on est avant tout prêt à se réconcilier avec (la mère,) la faune et la flore.  

*Eric Binford

Ci-joint la chronique des Bêtes du sud sauvage: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/11/les-betes-du-sud-sauvage-beasts-of.html

Remerciement à Thierry Spadino et Frederic Serbource.

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