mardi 27 mai 2025

100 Feet. 2008. 1h36. U.S.A. Avec Famke Janssen, Bobby Cannavale, Ed Westwick.

                               (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site IMDb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).

"Il croyait hanter sa mémoire. Elle l'exorcise à chaque pas, cent fois, cent pieds, jusqu'à l'ultime délivrance". 

Réalisé par l’habile faiseur Eric Red (Body Parts, Cohen and Tate, Bad Moon), 100 Feet exploite avec une malice narrative et une redoutable efficacité psychologique le concept pourtant éculé du fantôme revanchard. Ici, il devient métaphore de la survie et du dépassement de soi face à une maltraitance sexiste réitérée par le spectre d’un époux tyrannique.

Porté par le magnétisme de Famke Janssen, qui soutient l’intrigue à bout de bras avec une expressivité farouche et un aplomb oscillant entre vélocité et résignation, 100 Feet demeure l’un des plus puissants films de hantise des années 2000 (et au-delà), sous l’étendard d’une série B intensément violente et percutante.

Fort d’un script retors confiné dans une prison domestique — la victime piégée par un bracelet électronique empêchant sa fuite — 100 Feet joue autant avec les nerfs du spectateur que ceux de cette dernière, avec un art consommé du réalisme fulgurant.

Les agressions, d’une brutalité sèche et cuisante, renforcent la crédibilité de cet affrontement surnaturel, porté par le charisme terrifiant d’un fantôme abusif (probable hommage au Carnaval des Âmes) bien décidé à infliger ses ultimes châtiments à son ex-épouse, cloîtrée dans ses quatre murs.

Tour à tour intense, capiteux et angoissant, le film joue sur la mise en attente d’une agression imminente avant de basculer dans l’horreur pure, quand la menace surgit à l’instant le plus inattendu. 100 Feet carbure à l’adrénaline, entre mano a mano viscéraux et tension domestique palpable, grâce à un réalisme cru et sans fard.

Sans se vautrer dans la surenchère gorasse, Eric Red distille une seule séquence de violence graphique, mais ô combien marquante : une anthologie d’agonie fulgurante, où les vertèbres claquent et se retournent dans une symphonie de supplices à peine esquissés — la victime trop surprise pour hurler face à la soudaineté de sa fin.

"La hantise à hauteur de femme". 
Perle du genre, à marquer d’une pierre blanche (j’en suis à mon quatrième visionnage), 100 Feet redore le blason de la série B du samedi soir avec une intelligence, une vitalité et une implication insoupçonnées. Eric Red filme avec inventivité les recoins exigus de cette maison hantée, portée par une héroïne en voie de catharsis, déterminée à déjouer une dernière fois l’emprise de son mari défunt — spectre infect d’une animosité tenace. Et sur ce point, cet ectoplasme revanchard, étonnamment charismatique, fout réellement les jetons, en ravivant les braises d’une violence domestique aussi sournoise que putride.

*Bruno
Vf.

                       (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site IMDb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).

2 commentaires:

  1. Intéressant comme critique !
    Mieux, tu permets de nous intéresser à un film qui était passé inaperçu !
    Merci pour ce rattrapage sachant qu'Eric Red, effectivement, avait toujours fait preuve d'originalité dans ses histoires.

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