lundi 27 octobre 2025

Tron: Ares



"L’Évêque des batailles.

"Par tous les croms ! Mais quel spectacle de fou !
Tron: Ares n’est pas qu’une suite tardive ou un reboot conçu pour plaire à la nouvelle génération : c’est un rite de passage, une immersion totale dans le cœur vibrant d’un univers où la lumière épouse la chair. Joachim Ronning signe un film d’une pure beauté visuelle, un trip électro aux pulsations presque mystiques, où chaque plan fusionne avec la musique pour former un gigantesque clip cosmique - une messe dédiée à l’image et au son j'vous dis.

Et sous son apparente simplicité, le scénario cache en filigrane une réflexion mélancolique - à juste dose épurée - sur la fatalité et l’acceptation de la mort, sur la fragilité de l’humain face à ses créations faute de sa mégalomanie, sa soif d'autorité intolérante. Ici, l’intelligence artificielle n’est pas un monstre apocalyptique mais un nouveau-né, un miroir, une éventuelle promesse : celle d’un outil capable de sauver, de nourrir, de guérir - à condition qu’on lui insuffle une conscience de bon sens et qu'on l'utilise à bon escient.

Truffé de clins d'oeil et de détails rétros, Ronning déclare par la même occasion générationnelle son amour aux années 80 avec une touchante sincérité. Le film originel est respecté, honoré, reconditionné lors de la dernière partie : l’action se déplace au cœur du jeu vidéo, temple de néons et de vitesses, où les circuits numériques se mêlent à la matière urbaine. Les effets spéciaux, d’une précision tactile, s’intègrent parfaitement dans ce monde hybride où le virtuel infiltre le réel avec une douceur troublante proche de l'émerveillement. On est à l'intérieur de l'écran ! On croit à ce que l'on voit ! On vit ce que l'on voit, tel un rêve sensoriel échappé de notre mémoire.
 
Chaque séquence d’action, lisible, chorégraphiée avec une élégance stylée, sert le récit et non l’inverse. La photographie, rutilante comme une armure de verre, capte la lumière des pixels et la transforme en émotion pure. Les acteurs familiers, formidablement impliqués, donnent chair à leurs caractères et à leur programmes en éveil existentiel. Leur empathie, palpable, irrigue le film d’une tendresse inattendue : la relation entre Ares et Eve par exemple devient le coeur battant du récit, un lien amical fragile et humain, promesse de paix intérieure et d’avenir possible entre deux voix humanoïdes.

Tron: Ares est une expérience de cinéma généreuse - sensorielle, enivrante, hypnotique, belle jusqu'à l'ivresse de l'amour car quand on aime, on aime toujours trop. Un vertige rétrofuturiste où la nostalgie communique avec l’avenir, où l’émerveillement l’emporte sur le cynisme. L’univers de jeu devient cathédrale du divertissement optimal, et Ronning, son évêque des batailles, y célèbre la fusion sacrée de l’homme et de la machine dans un concerto électro extrêmement entrainant.
 
Un coup de cœur ? Disons plutôt une onde de choc thermique, brève mais persistante, dans la mémoire du rêve. Mais rêver, c’est aussi croire que le cinéma peut sauver le monde.

— le cinéphile du cœur noir

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