"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
mardi 9 août 2016
Psychose 3
"Psycho 3" de Anthony Perkins. 1986. U.S.A. 1h30. Avec Anthony Perkins, Diana Scarwid, Jeff Fahey, Roberta Maxwell, Hugh Gillin, Lee Garlington, Robert Alan Browne, Gary Bayer, Patience Cleveland, Juliette Cummins.
Sortie salles France: 6 Aout 1986. U.S: 2 Juillet 1986.
FILMOGRAPHIE: Anthony Perkins est un acteur et réalisateur américain né le 4 avril 1932 à New-York, mort le 12 Septembre 1992, à Hollywood, Californie.
1985: Psychose 3. 1988: Le Dindon de la Farce.
Echec critique et public en salles, même si en France il engrange tout de même 1 294 469 entrées, Psychose 3 constitue un nouveau cas de film maudit depuis sa réputation timorée. Car si Richard Franklin su brillamment rendre hommage au maître du suspense avec l'excellent Psychose 2, Anthony Perkins, acteur et réalisateur, nous offre ici une amusante relecture du cas Norman Bates avec un goût prononcé pour la dérision macabre (tant par l'inventivité des meurtres référentiels que de son final tragique paradoxalement sarcastique). Après avoir assassiné Mme Spool dans le précédent volet (sa véritable mère préconisera Richard Franklin), Norman continue d'exercer au sein de son motel en l'attente d'une nouvelle clientèle. Mais depuis l'arrivée d'une jeune religieuse mécréante, le fantôme de Mme Spool refait surface afin d'influencer son rejeton au châtiment criminel. Dans son format clinquant de série B formellement stylisée (photo flamboyante à l'appui) et maîtrisé (cadrages alambiqués, montage retors truffé de clins d'oeil à Psycho), Psychose 3 fignole le cadre gothique du Motel sous l'impulsion schizo d'un Norman sur la corde raide.
Epaulé d'un scénario aussi efficace que surprenant (bien qu'inachevé et expédié pour son final un tantinet frustrant), l'intrigue alterne les ruptures de ton (slasher ludique / drame psychologique / réflexion spirituelle) face au témoignage aigri d'une religieuse en quête de rédemption. Si bien qu'après deux tentatives ratés de suicide, Maureen Coyle croit voir en Norman Bates son sauveur spirituel depuis que ce dernier est venu à son secours. Pied de nez à la religion (rien que le hors-champ sonore introductif - "il n'y a pas de Dieu !" - annonce immédiatement la couleur), Anthony Perkins malmène sévèrement son héroïne depuis son nouvel espoir de se rattacher à la cause divine. Fragilisée par sa culpabilité et ses remords (celle d'avoir incidemment causé la mort d'une bonne soeur) et aveuglée par son idéologie christique, Maureen Coyle croit trouver refuge dans les bras de Norman en espérant aussi déflorer sa virginité (ils ont comme point commun ce même refoulement sexuel). Cette douce romance impossible entre elle et Norman est contrebalancée d'une ambiance trouble et suspicieuse depuis la reconversion criminelle de ce dernier. Sous le témoignage trivial de seconds-rôles dépravés (formidable Jeff Fahey dans celui du dragueur sans vergogne !), Anthony Perkins se raille d'un des préceptes religieux fondés sur le pêcher capital de la luxure. Paradoxalement, et pour aviver une aura vénéneuse hybride, Anthony Perkins amorce efficacement des séquences-chocs davantage réalistes si bien que le climat pesant de sa dernière partie adopte une tournure dramatique aussi (étonnamment) cruelle qu'escarpée.
Flirtant subtilement avec la semi-parodie auprès de la caractérisation versatile d'un Norman toujours aussi perturbé dans sa sexualité refoulée, Psychose 3 oscille brillamment les genres (romance, drame, horreur) avec une dérision goguenarde (le corps religieux complexé par l'émancipation sexuelle). Scandé du magnifique score élégiaque de Carter Burwell planant sur le récit à l'instar d'une tragédie humaine, Psychose 3 constitue un savoureux cocktail de farce macabre au vitriol ! (réparties ciselées à l'appui).
Psychose: http://brunomatei.blogspot.fr/2015/06/psychose.html
Psychose 2: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/05/psychose-2-psycho-2.html
B.M. (02.09.11)
01.09.24. 6èx. Vostfr
lundi 8 août 2016
L'ARME FATALE
de Richard Donner. 1987. U.S.A. 1h50. Avec Mel Gibson, Danny Glover, Gary Busey, Mitch Ryan, Tom Atkins, Darlene Love, Traci Wolfe.
Sortie salles France: 5 Août 1987. U.S: 6 Mars 1987
FILMOGRAPHIE: Richard Donner (Richard Donald Schwartzberg) est un réalisateur et producteur américain, né le 24 Avril 1930 à New-York. 1961: X-15. 1968: Sel, poivre et dynamite. 1970: l'Ange et le Démon. 1976: La Malédiction. 1978: Superman. 1980: Superman 2 (non crédité - Richard Lester). 1980: Rendez vous chez Max's. 1982: Le Jouet. 1985: Ladyhawke, la femme de la nuit. 1985: Les Goonies. 1987: l'Arme Fatale. 1988: Fantômes en Fête. 1989: l'Arme Fatale 2. 1991: Radio Flyer. 1992: l'Arme Fatale 3. 1994: Maverick. 1995: Assassins. 1996: Complots. 1998: l'Arme Fatale 4. 2002: Prisonnier du temps. 2006: 16 Blocs. 2006: Superman 2 (dvd / blu-ray).
Gros succès commercial à travers le monde même si en France on aurait pu espérer quelques millions d'entrées en sus (on en comptabilise 1 857 521), l'Arme Fatale est le premier volet d'une série de films d'actions ludiques reposant sur la complémentarité (très) attachante d'un duo légendaire, Mel Gibson / Danny Glover. Et sur ce point, le film s'avère éminemment jouissif de par leur initiation amicale tant ces derniers se disputent leur contradiction avec une verve bonnard. Mel Gibson endossant la carrure d'un jeune flic stoïque et suicidaire depuis la mort accidentelle de sa femme, et donc constamment sur le fil du rasoir à se laisser gagner par le désespoir. Mais sa nouvelle relation professionnelle entamée avec Roger lui permettra de reprendre goût à la vie depuis leur sens fraternel et leur concertation à démasquer pugnacement les coupables d'une enquête rigoureuse ! En père de famille et sergent émérite beaucoup plus cérébral et prudent, Danny Glover lui prête la vedette en posture paternelle depuis que son partenaire multiplie les bravoures avec un héroïsme finalement payant. Si l'intrigue canonique reposant sur l'éminent réseau d'un trafic de drogue nous offre le minimum syndical, le réalisateur possède suffisamment de métier pour insuffler une incroyable efficacité au fil conducteur, notamment à travers sa construction narrative et son lot d'action et de poursuites en règle sobrement dosées. Parmi la vigueur de ses scènes les plus homériques (le point d'orgue explosif et le combat au corps à corps qui s'ensuit entre Riggs et Joshua !) et les tempéraments irrésistibles des deux acteurs, l'Arme Fatale s'accompagne d'une orchestration musicale d'Eric Clapton, Michael Kamen et David Sanborn ! Des sonorités épiques ou jazzy exacerbant un dynamisme acerbe à l'ensemble du récit.
En tant que film d'action moderne tributaire du Buddy Movie, l'Arme Fatale constitue sans doute l'un des meilleurs archétypes du divertissement commercial de par son efficacité haletante et l'extrême sympathie que sacralisent communément Mel Gibson / Danny Glover. Assurément l'un des tandems les plus amiteux et expansifs du genre !
B-M. 3èx
vendredi 5 août 2016
LES SOUS DOUES (passent le bac).
de Claude Zidi. 1980. France. 1h32. Avec Daniel Auteuil, Philippe Taccini, Françoise Michaud, Gaëtan Bloom, Patrick Laurent, Maria Pacome, Michel Galabru, Tonie Marshall, Richard Bohringer
Sortie salles France: 30 Avril 1980
FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.
1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011 : Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.
jeudi 4 août 2016
Flashdance
d'Adryan Line. 1983. U.S.A. 1h34. Avec Jennifer Beals, Michael Nouri, Lilia Skala, Sunny Johnson,
Kyle T. Heffner, Lee Ving, Ron Karabatsos, Belinda Bauer.
Sortie salles France: 14 Septembre 1983. U.S: 15 Avril 1983
FILMOGRAPHIE: Adrian Lyne est un réalisateur et producteur britannique, né le 4 Mars 1941 à Peterborough (Grande Bretagne). 1980: Ca plane les filles. 1983: Flashdance. 1986: 9 semaines et demi. 1987: Liaison Fatale. 1990: L'Echelle de Jacob. 1993: Proposition Indécente. 1997: Lolita. 2002: Infidèle. Prochainement: Back Roads.
Classique de la comédie musicale auréolée par la génération 80, Flashdance fut un énorme succès commercial en salles (4 137 540 entrées rien qu'en France !), à l'instar de sa bande originale vendue à plus de 20 millions d'exemplaires (un des records dans le milieu musical !). Outre ses nombreux numéros musicaux toujours aussi (étonnamment) entêtants, on retiendra surtout les tubes planétaires "What a feeling" chanté par Irene Cara et "Maniac" par Michael Sembello que Jennifer Beals exécute en pas de danse lors du prologue et de l'ultime séance d'audition (une séquence anthologique d'une émotion lyrique bien que celle-ci fut hélas doublée). Ainsi, trois avant 9 semaines et demi, Adryan Lyne se fit donc connaître auprès du public avec cette nouvelle Succes Story. Sorte de rêve américain établi d'un point de vue féminin que n'aurait renié notre mentor Rocky. Le pitch: A Pittsburgh, Alex Owens tente de survivre en occupant un poste de soudeuse le jour. Pour arrondir ses fins de mois, elle devient danseuse de cabaret la nuit. Au moment même de rencontrer l'amour avec son contremaître, elle songe accomplir son rêve ! Postuler au conservatoire de danse afin de devenir danseuse étoile. Comédie romantique rythmée par les chorégraphies de show musicaux, Flashdance cultive par miracle un charme irrésistible en la présence de son archétype féminin: Jennifer Beals ! Crevant l'écran à chacune de ses apparitions, l'actrice filiforme insuffle une érotisme torride pour flatter avec "grâce" et candeur la gente masculine.
Ses numéros de danse fulgurants (éclairages stylisés et couleurs tantôt baroques à l'appui !) s'avérant spectaculaires même si cette dernière fut à chaque fois doublée par 3 professionnels (dont une danseuse française). Tiré d'un scénario de Tom Hedley et Joe Eszterhas (futur auteur de Basic Instinct), Flashdance ne brille pas par sa subtilité à exploiter clichés et bons sentiments par l'entremise d'une romance plutôt sirupeuse. Cependant, par je ne sais quelle alchimie, et grâce à la modestie du réalisateur à conter en toute simplicité sa Success Story, le charme opère constamment au fil de séquences tantôt légères ou pittoresques (Richie, l'humoriste raté papotant au public ses blagues de comptoir, son idylle avec une danseuse, son amitié avec Alex), tantôt romantiques où l'exaltation des sentiments laisse jaillir une tendresse prégnante symptomatique des Eighties. Grâce à la caractérisation attachante de ses personnages aussi modestes qu'intègres et à la douceur fragile de l'héroïne, nous nous identifions facilement à ses espoirs, ses craintes, ses peurs et ses doutes d'y parfaire son dessein. Bien évidemment, les réfractaires de romances à l'eau de rose continueront de s'en railler quand bien même Adryan Line exploite cette notion sentimentale avec une efficacité justifiée si bien que l'héroïne parvient grâce à l'amour à nourrir sa confiance et sa persévérance en dépit de sa frayeur de l'échec ("si tu n'accomplis pas ton rêve, tu seras morte", rétorquera son amant !).
Tendre et sentimental sous l'impulsion vertigineuse de chorégraphies musicales savamment compilées, Flashdance doit énormément de son attrait émotif en la présence amicale des seconds-rôles et surtout en l'icône gracile Jennifer Beals, littéralement envoûtante dans sa fonction de danseuse en herbe tourmentée par la gagne. Un joli conte de fée étonnamment émouvant, plein de charme, voir même capiteux en dépit de la naïveté des échanges romantiques pour autant exaltants, pour ne pas dire irrésistibles de par la complémentarité du couple en émoi auquel on s'identifie sans rougir.
A Sunny Johnson (Jeanie Szabo, soeur d'Alex), décédée d'une rupture d'anévrisme à l'âge de 30 ans, un an après la sortie du film.
*Bruno
07.01.23. 3èx (4k)
Flashdance est un morceau de rêve américain. L'histoire d'une femme qui veut accéder à son rêve par ses propres moyens. On peut voir ce film comme un manifeste féministe. Car Alexandra est une femme libre. Elle choisit ses mecs. Elle n'a pas sa langue dans sa poches. Elle n'a besoin de personne. Jennifer Beals restera toute sa vie l'actrice de ce rôle. Elle est à la fois naturelle et terriblement volontaire.
La musique fait partie intégrante de l'univers du long métrage. Évidemment, elle a contribué au succès du film. La bande originale est signée par Giorgio Moroder.
Flashdance est réalisé par Adrian Lyne, réalisateur anglais connu pour son esthétique particulier. Avec ses lumières très années 80, son visuel va influencé toute la décennies.
À notre époque, ce genre de long métrage manque cruellement.
mercredi 3 août 2016
L'INVASION DES PROFANATEURS DE SEPULTURES
"Invasion of the Body Snatchers" de Don Siegel. 1956. U.S.A. 1h20. Avec Kevin McCarthy, Dana Wynter, Larry Gates, King Donovan, Carolyn Jones, Jean Willes, Ralph Dumke.
Sortie salles France: 8 Novembre 1967. U.S: 5 Février 1956
FILMOGRAPHIE: Don Siegel (Donald Siegel) est un réalisateur et producteur américain, né le 26 Octobre 1912 à Chicago en Illinois, décédé le 20 Avril 1991 à Nipoma, en Californie.
1956: l'Invasion des Profanateurs de Sépultures. 1962: l'Enfer est pour les Héros. 1964: A bout portant. 1968: Police sur la ville. 1968: Un Shérif à New-York. 1970: Sierra Torride. 1971: Les Proies. 1971: l'Inspecteur Harry. 1973: Tuez Charley Varrick ! 1974: Contre une poignée de diamants. 1976: Le Dernier des Géants. 1977: Un Espion de trop. 1979: l'Evadé d'Alcatraz. 1980: Le Lion sort ses griffes. 1982: Jinxed.
Classique séminal des années 50 si bien qu'il engendre au fil des décennies 3 autres remakes (et qu'il a peut-être inspiré Wes Craven avec les Griffes de la Nuit - les victimes refusant de dormir pour éviter de mourir - !), l'Invasion des Profanateurs de sépultures puise son pouvoir de fascination grâce à la singularité de son scénario inspiré du roman de Jack Finney (The Body Snatchers publié en 1955). A partir du thème classique d'une invasion extra-terrestre, Don Siegel en extirpe un modèle d'efficacité par son contexte paranoïde d'une course pour la survie qu'un couple doit endurer afin de préserver leur propre identité. Venues de l'espace, des semences extraterrestres parviennent à germer à l'intérieur de cosses pour enfanter des êtres d'apparence humaine. Reproduisant à l'identique notre enveloppe corporelle durant notre sommeil, ces derniers tentent d'envahir notre planète de la manière la plus sournoise. Destitués de personnalité, d'amour, de sentiments, de joie et de passion, ces envahisseurs ressemblent à s'y méprendre à des zombies apathiques prônant une idéologie pacifiste dans leur société aseptique.
Métaphorique à plus d'un titre (son analogie avec la Guerre Froide, les effets impassibles de la toxicomanie, le despotisme ou encore l'emprise des sectes comme le symbolise aujourd'hui Daesh), cette série B percutante sous-tend les vertus bénéfiques et salvatrices de l'empathie conférée à notre nature humaine. Nanti d'un montage nerveux et du jeu viscéral de comédiens habités par la paranoïa (Kevin McCarthy dominant la distribution avec un charisme neurotique !), l'Invasion des profanateurs de sépultures conjugue science-fiction et épouvante avec dextérité si bien que la menace se fond derrière notre apparence humaine ! Don Siegel misant sur une terreur psychologique plutôt qu'un racolage horrifique lorsque les habitants d'une bourgade rurale se retrouvent possédés un à un par l'entité d'une dictature extra-terrestre. Chacune des victimes adoptant une posture de fantôme déshumanisée dont l'unique ambition sera de contaminer son voisin. Insufflant au compte goutte un climat d'inquiétude de plus en plus étouffant, le cinéaste privilégie la caractérisation angoissée de nos deux couples d'amants en investigation. La première partie prodiguant des trouvailles horrifiques dérangeantes lorsque ces derniers découvrent avec stupeur le premier cadavre en phase d'incubation avant de démasquer l'implication végétale des cocons. Epousant ensuite la carte du survival sous l'impulsion d'un duo d'amants à bout de souffle, l'Invasion des profanateurs... avive son sentiment d'insécurité en dressant notamment un tableau effrayant sur une population de masse destituée d'expression émotive.
Les envahisseurs sont parmi nous !
Si à mon sens le remake colorisé de Philip Kaufman façonné en 1978 s'avère encore plus trouble et glaçant que ce modèle monochrome, Don Siegel est toutefois parvenu avec beaucoup d'efficacité, d'originalité et de brio à iconiser une angoisse paranoïaque subtilement malsaine, comme le souligne sa vénéneuse première partie.
La chronique de l'Invasion des profanateurs (l'): http://brunomatei.blogspot.fr/2013/11/linvasion-des-profanateurs-invasion-of.html
B.M. 4èx
mardi 2 août 2016
KEEPER. Grand prix du Jury au Festival Premiers Plans d'Angers.
de Guillaume Senez. 2015. France/Belgique. 1h34. Avec Kacey Mottet Klein, Galatéa Bellugi, Catherine Salée, Sam Louwyck, Laetitia Dosch.
Sortie salles France: 16 Mars 2016. Belgique: 9 Mars 2016
FILMOGRAPHIE: Guillaume Senez est un réalisateur et scénariste de double nationalité belge et française, né à Uccle (Belgique) en 1978. 2015: Keeper.
Drame social abordant le thème de la maternité pubère sans effet de pathos, Keeper fait l'effet d'un électrochoc si bien que son réalisateur en herbe (d'origine franco-belge) capte les émotions de ses jeunes acteurs avec une vérité humaine proche du cinéma de Cassavetes et de Pialat ! Multi récompensé dans divers festivals, Keeper nous immerge de plein fouet dans l'univers adolescent d'un couple en perdition morale vis à vis de leur prochaine responsabilité parentale. Maxime et Mélanie filent le grand amour du haut de leurs 15 ans, au moment même où cette dernière lui annonce qu'elle est enceinte. Perplexe mais attiré à l'idée de devenir père, Maxime lui propose de garder l'enfant malgré la tare de leur situation scolaire et la crainte d'affronter l'autorité parentale. Constamment tiraillés entre l'envie d'abandonner et de préméditer leur destin conjugal, ils s'efforcent maladroitement de s'épauler jusqu'au moment propice de l'accouchement.
A la manière d'un docu-vérité, Guillaume Senez inscrit sur pellicule un drame psychologique d'une rare justesse de ton, de par sa direction d'acteurs plus vrais que nature insufflant une pudeur bouleversante et la maîtrise sidérante d'une réalisation au plus près des tourments intrinsèques des personnages. Kacey Mottet Klein endossant avec une spontanéité naïve un ado dubitatif rapidement influencé par l'espoir d'un avenir professionnel payant (celui de devenir gardien de foot) et l'optimisme d'une paternité en apprentissage. Epoustouflante de naturel vertueux et pétillante de fraîcheur, Galatéa Bellugi crève l'écran pour s'imposer une toute première fois devant la caméra de Guillaume Senez ! Celle d'instaurer la fragilité d'une adolescente timorée extrêmement lunatique quant à son futur statut maternel et ses décisions de dernier ressort. Outre la posture réaliste de ses acteurs juvéniles se disputant la mise de leur futur bambin avec une émotivité malingre, les seconds-rôles pédagogues et ceux exerçant l'autorité parentale suscitent avec autant de rigueur leur fonction de mentor parmi l'influence d'une mégère habitée par l'échec conjugal (la maman défaitiste de Mélanie !).
Sans jamais juger ses ados immatures hantés par le doute et la crainte de l'échec, le remord, la colère puis la tristesse de la félonie, Guillaume Senez saisit leurs expressions intimistes sans céder aux clichés du misérabilisme. Abordant les thèmes de la maternité et de l'avortement de leur point de vue irresponsable, Keeper extériorise une palette d'émotions écorchées vives comme le souligne les déchirantes confrontations humaines (celle du couple mais aussi des parents) où les nerfs sont mis à rude épreuve. Spoiler ! A l'instar de l'amertume de sa conclusion pessimiste littéralement inconsolable Fin du Spoiler engendrant au final une leçon de vie que bien des ados devraient sagement méditer...
B.M
Récompenses:
Grand prix du Jury au Festival Premiers Plans d'Angers
Prix d'interprétation féminine et prix du Jury au Festival international du film de Marrakech
Label Europa Cinemas au Festival international du film de Locarno
Prix du Jury Jeunes au Festival du film français d'Helvétie
Prix de la critique au Festival international du film francophone de Namur
Mention spéciale du Jury au Festival du film de Varsovie
Young Talent Award au FilmFest Hamburg
Prix spécial du jury au Festival international du premier film d'Annonay
lundi 1 août 2016
Mimic
de Guillermo Del Toro. 1997. U.S.A. 1h45. Avec Mira Sorvino, Jeremy Northam, Alexander Goodwin, Giancarlo Giannini, Charles S. Dutton, Josh Brolin, Alix Koromzay.
Sortie salles France: 24 Septembre 1997. U.S: 22 Août 1997.
FILMOGRAPHIE: Guillermo Del Toro est un réalisateur, scénariste, romancier et producteur américain, né le 9 Octobre 1964 à Guadalajara (Jalisco, Mexique). 1993: Cronos. 1997: Mimic. 2001: l'Echine du Diable. 2002: Blade 2. 2004: Hellboy. 2006: Le Labyrinthe de Pan. 2008: Hellboy 2. 2013: Pacific Rim. 2015: Crimson Peak.
SYNOPSIS (Wikipedia): Une terrible épidémie transmise par des cafards ravage Manhattan, plusieurs milliers d'enfants sont contaminés et condamnés. Une action chimique étant impossible à cause de la résistance de ces insectes, le seul moyen est alors de trouver une arme biologique. Le seul espoir pour New York est de faire appel à une brillante entomologiste et généticienne : le Docteur Susan Tyler. Grâce à ses « judas » (insectes génétiquement modifiés), elle va pouvoir combattre et éradiquer ces cafards porteurs de la maladie. Trois ans passent et plus de maladie. Mais quelque chose de bien pire attend New-York. Un remède bien plus dévastateur que le mal.
Une excellente série B de film de monstre dont on reconnait bien là la pate gothique de Guillermo Del Toro auprès de savoir-faire technique, narratif, formel. On est surpris du jeu convaincant de Mira Sorvino avec sa bouille gentiment timorée, surtout lorsque celle-ci joue à contre-emploi une posture autrement héroïque lors de la seconde partie "survival". Photo et décors caverneux splendides, suspense bien géré, action homérique matinée de frissons, violence escarpée (n'importe qui peut trépasser, même auprès de bambins) et surtout des créatures cafardeuses absolument fascinantes dans leur condition génétiquement modifiée.
Les +: Son thème écolo fustigeant les mutations génétiques.
L'implication spontanée des comédiens soutenue par le minois candide de Mira Sorvino.
La physionomie humaine des cafards mutants.
Un rythme soutenu au gré d'une action horrifique émaillée d'agressions animales.
Les -: Des FX numériques parfois ratés mais dans l'ensemble rien de franchement répréhensible.
*Bruno
vendredi 29 juillet 2016
La Grande Vadrouille
de Gérard Oury. 1966. France/Angleterre. 2h05. Avec Louis de Funes, Bourvil, Terry-Thomas, Claudio Brook, Mike Marshall, Marie Dubois, Pierre Bertin, Andréa Parisy, Mary Marquet, Benno Sterzenbach, Paul Préboist, Henri Génès, Colette Brosset.
Sortie salles France: 8 Décembre 1966
FILMOGRAPHIE: Gérard Oury (Max-Gérard Houry Tannenbaum) est un réalisateur, acteur et scénariste français né le 29 avril 1919 à Paris, décédé le 20 Juillet 2006 à Saint-Tropez.
1960: La Main Chaude. La Menace. 1962: Le Crime ne paie pas. 1965: Le Corniaud. 1966: La Grande Vadrouille. 1969: Le Cerveau. 1971: La Folie des Grandeurs. 1973: Les Aventures de Rabbi Jacob. 1978: La Carapate. 1980: Le Coup du Parapluie. 1982: L'As des As. 1984: La Vengeance du Serpent à Plumes. La Joncque (inachevé). 1987: Levy et Goliath. 1989: Vanille Fraise. 1993: La Soif de l'or. 1996: Fantôme avec chauffeur. 1999: Le Schpountz.
Nanti d’un scénario charpenté, aussi inventif que débridé, La Grande Vadrouille enchaîne à un rythme effréné les gags, les rebondissements, les péripéties et les quiproquos, portés par un duo antinomique aussi empoté que téméraire. Louis De Funès, en chef d’orchestre colérique, incarne un héros vaniteux, égotique jusqu’à l’absurde, mais capable d’un courage inespéré lorsqu’il s’agit d’agir. Plus sobre et lunaire, Bourvil, dans sa fonction de faire-valoir au grand cœur, insuffle une bonhomie vacillante, touchante jusque dans ses maladresses, comme en témoignent ses élans vers Juliette. Son cheminement avec Stanislas est ponctué de découragements et de révoltes contre l’orgueil incorrigible de son acolyte.
Autour de leurs tribulations farfelues, les seconds rôles féminins (Juliette, sœur Marie-Odile, Germaine) leur prêtent main forte avec une malice complice, tandis que les antagonistes — du soldat loucheur au ventripotent major Achbach — déambulent avec une autorité tournant systématiquement à vide. Les trois aviateurs britanniques, quant à eux, participent avec entrain à cette vaste partie de cache-cache, non sans se moquer des lubies de leurs sauveurs franchouillards.
Bruno. 3èx
NOTE WIKIPEDIA:
Avec plus de 17 millions de spectateurs lors de son exploitation en salles, le film a été pendant plus de trente ans le plus grand succès cinématographique sur le territoire français, toutes nationalités confondues (avant d'être dépassé par Titanic en 1998), et pendant plus de quarante ans le plus grand succès d'un film français sur le territoire français, avant d'être dépassé par Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon en avril 2008. Cependant, en proportion de la population française de l'époque, La Grande Vadrouille reste devant tous les autres films français avec 34 % des Français qui sont allés voir ce film, contre 31 % pour Bienvenue chez les Ch'tis.
Récompenses: Italie
1966 : Prix du meilleur film étranger au festival du film de Taormina
1967 : David di Donatello du meilleur producteur étranger pour Robert Dorfmann, décerné par l'Académie du cinéma italien
Allemagne de l'Ouest:
1977 : Golden Screen du meilleur film étranger
jeudi 28 juillet 2016
LE PETIT MONDE DE DON CAMILLO
de Julien Duvivier. 1952. France/Italie. 1h45. Fernandel, Jean Debucourt, Gino Cervi, Sylvie, Vera Talchi, Franco Interlenghi.
Sortie salles France: 4 Juin 1952. Italie: 28 Mars 1952
"Il y a des personnes qui marquent nos vies, même si cela ne dure qu'un moment.
Et nous ne sommes plus les mêmes.
Le temps n'a pas d'importance mais certains moments en ont pour toujours."
Gros succès commercial en France si bien que Julien Duvivier envisagea la même année d'y tourner une suite, Le Petit monde de Don Camillo oppose la réunion fulminante de deux acteurs en acmé: Fernandel et le comédien italien Gino cervi. D'après un roman de Giovanni Guareschi, l'intrigue puise son ressort burlesque dans l'inimitié intarissable que se disputent un curé de campagne, Don Camillo, et un maire en herbe, Peppone, au sein de leur village Brescello. Communément obtus, arrogants, provocateurs et insolents au point d'en venir parfois aux mains, ces derniers se chamaillent quotidiennement au mépris de leur divergence politique. Peppone symbolisant un communiste martial ayant comme ambition l'inauguration d'une "maison du peuple" (une bibliothèque, une salle des fêtes, une salle de cinéma, une salle de repos, etc...) quand bien même Don Camillo tente de lui négocier une transaction afin de se partager un "jardin d'enfants". Au coeur de leur discorde, un couple d'amoureux versatiles finit par leur conjurer de les marier depuis l'opposition de leur famille (faute de leur statut social incompatible).
Comédie pittoresque menée tambour battant sous l'impulsion de deux tempéraments vantards, le Petit monde de Don Camillo constitue de prime abord un fabuleux numéro de "grandes gueules". Sans désir de provoquer un rire hilarant traditionnellement fondé sur les gags à répétition, Julien Duvivier compte plutôt sur la scrupuleuse description d'un village en ébullition sociale et sur la verve fantaisiste de Don Camillo aussi étroitement fidèle à la parole du Christ qu'à l'adversité amicale de son acolyte Peppone pour susciter l'amusement. Si Gino Cervi se prête spontanément au jeu machiste du maire communiste avec un bagout goguenard, Fernandel lui dispute la vedette avec un peu plus d'exubérance dans sa fonction ecclésiastique de prêtre caractériel. Incapable de réprimer ses nerfs et ses émotions face à un rival redoublant de sournoiserie et subterfuge pour emporter la mise, Don Camillo brave sa déontologie chrétienne avec un aimable anticonformisme ! (Jésus se résout d'ailleurs à lui pardonner chacune de ses impertinences !). Outre cette complicité d'acteurs impayables fondés sur un rapport de force orgueilleux, le Petit monde de Don Camillo n'est pas qu'une simple lutte des classes et un pied de nez au conservatisme. Il est également l'occasion pour son réalisateur de créer un univers champêtre digne de la Province de Pagnol ! Ce climat ensoleillé inscrit dans un noir et blanc limpide nous remémore nos vacances estivales sous l'impulsion pétulante de seconds-rôles aussi chaleureux qu'acariâtres (comme le souligne le couple orageux Gina/Mariolino). Si certains gags insufflent tout de même une drôlerie expansive, c'est l'omniprésence d'un "sourire convivial" qui domine nos émotions avant de se laisser chavirer par l'instant de tendresse particulièrement émouvant d'un "au-revoir" amiteux !
Une fable sur le sens de l'amitié et le progressisme.
Bijou de cocasserie, d'émotions et de tendresse fondés sur l'espièglerie d'un duo de brimeurs susceptibles, le Petit monde de Don Camillo renoue également avec nos émotions d'enfance lorsque Julien Duvivier s'attarde avisamment à décrire la cohésion cordiale d'une démographie rurale en mutation sociale.
B.M
FILMOGRAPHIE: Julien Duvivier est un réalisateur français, né le 8 octobre 1896 à Lille et mort le 29 octobre 1967 à Paris.
1967: Diaboliquement vôtre. 1963 Chair de poule. 1962 Le diable et les 10 commandements. 1962 La chambre ardente. 1960 Boulevard. 1960 La grande vie. 1959 Marie-Octobre. 1959 La femme et le pantin. 1957 Pot Bouille. 1957 L'homme à l'imperméable. 1956 Voici le temps des assassins... 1955 Marianne de ma jeunesse. 1954 L'affaire Maurizius. 1953 Le retour de Don Camillo. 1952 La fête à Henriette. 1952 Le petit monde de Don Camillo. 1951 Sous le ciel de Paris. 1950 Dernier témoin. 1949 Au royaume des cieux. 1948 Anna Karénine. 1946 Panique. 1944 Destiny (uncredited). 1944 L'imposteur. 1943 Untel père et fils. 1943 Obsessions. 1942 Six destins. 1941 Lydia. 1939 La charrette fantôme. 1939 La fin du jour. 1938 Toute la ville danse. 1938 Marie-Antoinette (uncredited)
1937 Un carnet de bal. 1937 Pépé le Moko (a film by). 1937 L'homme du jour. 1936 La belle équipe
1936 Le golem. 1935 La bandera. 1935 Golgotha. 1934 Maria Chapdelaine. 1934 Le paquebot Tenacity. 1933 La machine à refaire la vie. 1933 Le petit roi. 1933 La tête d'un homme. 1932 La Vénus du collège. 1932 Poil de carotte. 1932 Die fünf verfluchten Gentlemen. 1932 Allo Berlin? Ici Paris ! 1931 Les cinq gentlemen maudits. 1931 David Golder. 1930 Au bonheur des dames. 1930 La vie miraculeuse de Thérèse Martin. 1929 Maman Colibri. 1929 Le miracle de la mer. 1928 Le tourbillon de Paris. 1927 L'homme à l'Hispano. 1927 Le mystère de la tour Eiffel. 1927 Le mariage de Mademoiselle Beulemans. 1927 Révélation. 1925 Poil de carotte. 1925 L'abbé Constantin. 1924 L'oeuvre immortelle. 1924 Coeurs farouches. 1924 Credo ou la tragédie de Lourdes. 1924 La machine à refaire la vie. 1923 Le reflet de Claude Mercoeur. 1922 Der unheimliche Gast. 1922 L'ouragan sur la montagne. 1922 Les Roquevillard. 1922 L'agonie des aigles (co-director). 1921 Le logis de l'horreur. 1920 La reincarnation de Serge Renaudier. 1919: Le Prix du sang
mardi 26 juillet 2016
COLONIA. Prix du Public, Valenciennes 2016.
de Florian Gallenberger. 2015. Allemagne. 1h50. Avec Emma Watson, Daniel Brühl, Michael Nyqvist, Julian Ovenden.
Sortie salles France: 20 Juillet 2016. Allemagne: 18 Février 2016.
FILMOGRAPHIE: Florian Gallenberger est un réalisateur allemand né le 23 Février 1972 à Munich. 2001: Honolulu. 2004: Schatten der Zeit. 2009: John Rabe, le juste de Nankin (John Rabe). 2015: Colonia.
lundi 25 juillet 2016
LA CHOSE
"Something Evil", téléfilm de Steven Spielberg. 1972. U.S.A. 1h19. Avec Sandy Dennis, Darren McGavin, Ralph Bellamy, Jeff Corey, Johnny Whitaker, John Rubinstein.
Diffusion TV U.S: 21 janvier 1972. France: 1987 sur la chaîne La Cinq.
FILMOGRAPHIE: Steven Allan Spielberg, Chevalier de l'Ordre national de la Légion d'honneur est un réalisateur, producteur, scénariste, producteur exécutif, producteur délégué et créateur américain, né le 18 décembre 1946 à Cincinnati (Ohio, États-Unis).
1971: Duel , 1972: La Chose (télé-film). 1974: Sugarland Express, 1975: Les Dents de la mer, 1977: Rencontres du troisième type, 1979: 1941, 1981: les Aventuriers de l'Arche Perdue, 1982: E.T. l'extra-terrestre , 1983: La Quatrième Dimension (2è épisode), 1984: Indiana Jones et le Temple maudit, 1985: La Couleur pourpre, 1987: Empire du soleil, 1989: Indiana Jones et la Dernière Croisade, Always, 1991: Hook, 1993: Jurassic Park, La Liste de Schindler, 1997: Le Monde Perdu, Amistad, 1998: Il faut sauver le soldat Ryan Saving Private Ryan, 2001: A.I., 2002: Minority Report, Arrête-moi si tu peux, 2004: Le Terminal , 2005: La Guerre des Mondes, 2006: Munich, 2008: Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal, 2011: Les Aventures de Tintin, cheval de guerre. 2012: Lincoln. 2015: Le Pont des Espions. 2016: Le bon gros géant.
Diffusé chez nous sur la Cinq en 1987, La Chose est le second téléfilm de Steven Spielberg alors qu'un an au préalable fut tourné son premier essai, Duel, qui allait remporter le Grand Prix à Avoriaz en 73. Prenant pour thèmes la hantise et la possession, La Chose privilégie dès le départ une certaine suggestion quant aux effets diaboliques d'une entité persécutant une mère et ses deux enfants au sein de leur foyer bucolique. Le mari souvent absent étant occupé à gérer le tournage d'un film. Chargé d'un climat d'inquiétude permanent, l'intrigue se concentre sur la caractérisation démunie de cette dernière témoin malgré elle de phénomènes paranormaux toujours plus brutaux. Pleurs d'enfant durant la nuit à proximité de la grange, morts accidentelles d'un couple d'amis, cauchemar nocturne de son rejeton sont les principaux vecteurs qui vont engendrer chez Marjorie une paranoïa en chute libre malgré l'égide d'un pentacle accroché au seuil de la maison.
Grâce à la sobriété des comédiens particulièrement cohérents dans leur posture perplexe, démuni ou erratique (les crises de violence de Marjorie), La Chose parvient à créer un climat d'insécurité feutré qui ira crescendo jusqu'à une révélation des plus dérangeantes. D'ailleurs, quelques minutes au préalable, une séquence effrayante nous eut déjà ébranlé avec une découverte singulière confinée dans la cuisine. Mis en scène avec maîtrise et sans esbroufe, Steven Spielberg renoue donc avec une horreur éthérée pour provoquer l'angoisse en insistant sur la psychologie torturée de son héroïne en perdition morale. Prônant l'existence du diable si on est un fervent catholique, Spielberg oppose sa victime vulnérable à la rationalité de son époux difficilement influençable lorsqu'il s'agit de prouver l'existence occulte. Grâce à ce personnage terre à terre néanmoins empathique auprès de sa femme, La Chose parvient d'autant mieux à crédibiliser les moments surnaturels, notamment lorsqu'il doit faire face à ses interrogations comme le souligne l'apparition de la tache lumineuse relevée sur un négatif.
Efficacement mené et servi par une distribution sans fard (mention spécial pour le charisme dépressif de Sandy Dennis !), La Chose parvient à susciter une angoisse palpable parfois dérangeante au fil d'une énigme dramatique dédiée à l'existence du diable. Un excellent téléfilm à redécouvrir avec intérêt chez les amateurs de Fantastique épuré si bien que Spielberg privilégie à tous prix l'intelligence du non-dit par le pouvoir de suggestion.
vendredi 22 juillet 2016
LA FOLIE DES GRANDEURS
de Gérard Oury. 1971. France/Italie/Allemagne de l'Ouest/Espagne. 1h49. Avec Louis de Funès, Yves Montand, Alice Sapritch, Karin Schubert, Alberto de Mendoza, Gabriele Tinti, Paul Preboist.
Sortie salle France: 8 décembre 1971.
FILMOGRAPHIE: Gérard Oury (Max-Gérard Houry Tannenbaum) est un réalisateur, acteur et scénariste français né le 29 avril 1919 à Paris, décédé le 20 Juillet 2006 à Saint-Tropez.
1960: La Main Chaude. La Menace. 1962: Le Crime ne paie pas. 1965: Le Corniaud. 1966: La Grande Vadrouille. 1969: Le Cerveau. 1971: La Folie des Grandeurs. 1973: Les Aventures de Rabbi Jacob. 1978: La Carapate. 1980: Le Coup du Parapluie. 1982: L'As des As. 1984: La Vengeance du Serpent à Plumes. La Joncque (inachevé). 1987: Levy et Goliath. 1989: Vanille Fraise. 1993: La Soif de l'or. 1996: Fantôme avec chauffeur. 1999: Le Schpountz.
Gros succès à sa sortie en salles (il enregistre 5 563 160 entrées en France), La Folie des Grandeurs allie avec une alchimie détonante la comédie burlesque et l'aventure rocambolesque sous l'impulsion d'un duo inattendu (De Funes/Montand) depuis la disparition précipitée de Bourvil un 23 septembre 1970. Déjà responsable d'immenses succès (Le Corniaud, la Grande Vadrouille, Le cerveau), Gérard Oury continue de parfaire son savoir-faire pour la comédie populaire avec le soutien de Yves Montand étonnamment à l'aise dans un rôle à contre-emploi de valet (faussement) empoté et servile. Ce dernier se prêtant avec ironie sournoise au jeu de soumission auprès de son ministre cupide et fourbe que De Funes incarne avec sa spontanéité fulminante. Réputé comme l'un des plus grands acteurs comiques français, celui-ci nous offre traditionnellement un numéro de pantomime et de réparties avec une énergie galvanisante si bien que l'on s'étonne toujours de sa ferveur olympique à se fondre dans la peau d'un personnage (principalement un maître-chanteur) irrésistiblement outrancier. Outre le duo pétulant qu'il forme avec son faire-valoir Ives Montand, La Folie des Grandeurs bénéficie également de la présence de seconds-rôles s'en donnant à coeur joie dans l'extravagance (à l'instar d'Alice Sapritch et de son célèbre numéro de strip-tease) ou dans la séduction (Karin Schubert magnétisant l'écran de ses yeux azur dans une fonction suave de souveraine gagnée par ses sentiments !).
Truffé de gags (visuels et verbaux), de quiproquos et de rebondissements à répétition lors d'une dernière partie aussi échevelée qu'imprévisible, La Folie des grandeurs cultive sa frénésie comique grâce également aux enjeux stratégiques qu'une foule de seconds-rôles vont tenter de comploter afin d'accéder au pouvoir. Epousant la démarche d'un suspense en ascension pour la condition incertaine de nos deux héros et la romance secrète impartie entre Blaze et la reine d'Espagne, la Folie des Grandeurs gagne en densité grâce à l'efficacité d'un scénario bien huilé inspiré de la pièce de théâtre Ruy Blas de Victor Hugo. Déchu de ses fonctions par la reine, Don Salluste, ministre cupide détesté par la population, décide de se venger d'elle en élaborant secrètement une conjuration avec l'aide de son neveu César. Ce dernier refusant sa transaction, il imagine alors un plan machiavélique pour compromettre son valet Blaze dans une relation d'adultère. Ce pitch perfide faisant notamment intervenir deux motifs vindicatifs (celle de Salluste et de don César) cumule les situations burlesques et revirements avec une énergie exubérante ! Gérard Oury maîtrisant également le cadre historique de ses décors en costumes et de ses vastes déserts avec la flamboyance d'une photo sépia.
La vraie comédie commence là où commence l'éternité.
Comédie d'aventures intrépides menée à 100 à l'heure par un duo impayable ainsi qu'une poignée de seconds-rôles diablotins, La Folie des Grandeurs perdure son attrait comique parmi l'incroyable brio de Gérard Oury se surpassant une fois de plus à parfaire un spectacle haut en couleurs au rythme entêtant du thème héroïque de Polnareff ! A l'image du film, un score proprement inoubliable !
B.M. 4èx
jeudi 21 juillet 2016
LA FOLLE JOURNEE DE FERRIS BUELLER
de John Hughes. 1986. U.S.A. 1h42. Avec Matthew Broderick, Alan Ruck, Mia Sara, Jeffrey Jones, Jennifer Grey.
Sortie salles France: 17 Décembre 1986. U.S: 11 Juin 1986
FILMOGRAPHIE: John Hughes est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 18 Février 1950 à Lansing (Michigan, Etats-Unis), mort le 6 Août 2009 d'une crise cardiaque à New-York. 1984: Seize bougies pour Sam. 1985: The Breakfast Club. 1985: Une Créature de rêve. 1986: La Folle Journée de Ferris Bueller. 1987: Un Ticket pour deux. 1988: La Vie en plus. 1989: Uncle Buck. 1991: Le P'tite Arnaqueuse.
Comédie culte de toute une génération sortie un an après le tout aussi notoire The Breakfast Club; La folle journée de Ferris Bueller est une invitation à l'évasion et à l'épanouissement en cette période aussi fragile qu'insouciante que détermine l'adolescence. Initiateur du Teen movie, John Hughes va bien au-delà du genre pour mettre en exergue un hymne à la décompression à travers la journée de sèche d'un lycéen impudent rivalisant d'audace et de ruses pour déjouer la hiérarchie enseignante et parentale. D'une drôlerie constamment inventive multipliant à rythme métronomique les morceaux d'anthologie (la réception au restaurant, le fameux concert improvisé en centre-ville au coeur d'une foule déchaînée, la séquence du commissariat avec Jeanie éprise d'amour pour un jeune marginal !), La folle journée de Ferris Bueller puise également sa vigueur expansive en la présence du jeune Matthew Broderick endossant le rôle titre avec une spontanéité désinvolte.
En lycéen émérite, ce dernier starifie son personnage depuis sa réputation notable d'enchaîner les réussites avec un sens stratégique infaillible. Finaud, espiègle et bonimenteur, la journée rocambolesque qu'il se partage avec son acolyte Cameron et sa compagne Sloane constitue une aventure singulière dans sa manière couillue d'improviser les situations extravagantes au détour d'un périple urbain. A travers son esprit de camaraderie, John Hughes adopte également (sans prévenir) une rupture de ton pour souligner les thèmes de l'exclusion et du malaise adolescent par le biais du personnage introverti de Cameron qu'Alan Ruck incarne avec un humanisme torturé. Sa volonté désespérée de s'affirmer pour tenir tête à son père castrateur donne lieu à des moments poignants lorsqu'il extériorise sa colère (la destruction de la Ferrari dans le garage). Sémillante et pleine de charme, Mia Sara s'interpose avec une tendre complicité dans la peau de Sloane, compagne sentimentale de Ferris. Dans un second-rôle gentiment folingue, Jennifer Grey se glisse naturellement dans la peau d'une soeur cadette avec une jalousie fulminante ! Cette dernière s'efforçant de dénoncer à ses parents l'attitude flâneuse, insolente et orgueilleuse de Ferris, d'autant plus sarcastique à son égard ! Enfin, et pour parachever de la manière la plus désopilante, impossible d'occulter le personnage empoté du principal de lycée que Jeffrey Jones adopte avec une rage contenue ! Littéralement obsédé à l'idée de démasquer au grand jour les stratagèmes perfides de Bueller, ce dernier ne cesse de semer les bévues improbables durant son cheminement investigateur ! (son effraction au foyer des Bueller, le tête à tête avec le Rottweiler puis enfin son départ dans le car scolaire).
"La vie bouge bien trop vite. Si tu t'arrêtes pas de temps en temps, elle peut te filer entre les doigts !"
Authentique chef-d'oeuvre du teenage movie, comédie débridée pleine de fraîcheur et d'hilarité, cure de jouvence anti-dépressive, pied de nez au politiquement sérieux, la Folle journée de Ferris Bueller suscite une ferveur exutoire en cette période complexe de l'adolescence. Une époque instable partagée entre l'épanouissement et la curiosité de braver l'interdit, la quête de reconnaissance et d'amour (tant au niveau parental qu'amical), la rébellion et le besoin d'aplomb pour ménager la maturité.
La chronique de Breakfast Club: http://brunomatei.blogspot.fr/2012/09/the-breakfast-club.html
B.M 3èx