"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
mercredi 28 février 2018
YOR, LE CHASSEUR DU FUTUR
"Il mondo di Yor" d'Anthony M. Dawson. 1983. Italie/France/Turquie. 1h28. Avec Reb Brown, Corinne Cléry, Carole André, Aytekin Akkaya, Luciano Pigozzi
Sortie salles France: 24 Août 1983. Italie: 10 Février 1983
FILMOGRAPHIE: Antonio Margheriti (Anthony M. Dawson) est un réalisateur italien, né le 19 septembre 1930 à Rome, décédé le 4 Novembre 2002 à Monterosi. 1960: Le Vainqueur de l'espace. 1962: Les Derniers jours d'un empire. 1963: La Vierge de Nuremberg. 1964: La Sorcière Sanglante. 1964: Les Géants de Rome. 1964: Danse Macabre. 1968: Avec Django, la mort est là. 1970: Et le vent apporta le Violence. 1971: Les Fantômes de Hurlevent. 1973: Les Diablesses. 1974: La brute, le colt et le karaté. 1975: La Chevauchée terrible. 1976: l'Ombre d'un tueur. 1979: l'Invasion des Piranhas. 1980: Pulsions Cannibales. 1980: Héros d'Apocalypse. 1982: Les Aventuriers du Cobra d'Or. 1983: Yor, le chasseur du futur. 1985: L'Enfer en 4è vitesse.
Aberration filmique symptomatique des prods italiennes plagiant tous azimuts les récents succès ricains des années 80 avec un budget low-cost, Yor, le chasseur du futur ose la gageure de communier la Guerre du Feu avec Star Wars. Réalisé par le vétéran Antonio Margheriti (excusez du peu !), cette série Z compile à rythme assez fertile actions corporelles (tant auprès de guerriers hostiles que de créatures dantesques) et rebondissements saugrenues, faute d'un script abracadabrantesque écrit par un cerveau infantile (son inspiration émane d'ailleurs d'une lointaine bande-dessinée argentine parue en 1974). L'action aussi dépaysante qu'édénique (certains panoramas naturels sont franchement fantasmatiques !) se déroule sous l'ère préhistorique (du moins c'est ce que de prime abord on essaie de nous faire croire). Yor, preux guerrier réputé par sa bravoure vole au secours de tribus dociles incessamment persécutés par des créatures préhistoriques et méchants cro- magnon affublés de dépouilles de vison. A la recherche de ses origines en compagnie de son vieil ami Pag et de sa maîtresse Ka-Laa, il finit par rencontrer des androïdes du futur venus le kidnapper selon la mégalomanie de l'empereur Overlord. Exubérant, improbable et ridicule sans une once de complexe (d'où son attrait grotesque souvent irrésistible), Yor le Chasseur du futur nous plonge de prime abord dans des aventures primitives lorsque celui-ci renchérit les confrontations musclées avec ses rivaux lors d'une première partie assez redondante mais gentiment ludique.
L'aspect risible des bastons maladroitement exécutées, rehaussées de la mine impayable des acteurs inexpressifs (mention spéciale au blondinet Reb Brown dans le corps gringalet de Yor !) provoquant une cocasserie involontaire comme seuls les italiens ont le secret. On peut également souligner la niaiserie truculente des romances que se partage notre héros auprès de deux potiches aussi radieuses que rivales. Mais c'est véritablement lors de sa seconde partie que Yor... prend son envol pour nous embarquer dans un space opera de pacotille (le décor se limitant souvent au dédale d'un hangar industriel) à renfort de rayons lasers, gadgets électroniques et cascades acrobatiques ! Sur ce dernier point, une séquence anthologique digne du cirque Pinder vous provoquera assurément l'hilarité lorsque le vieux Pag décide de porter secours à Yor par la puissance de sa vélocité ! Cabotinant à tout va, nos gentils héros drapés de peaux animales et les méchants figurants accoutrés de combinaisons dignes de Temps X se disputent le pouvoir avec un sérieux inébranlable. Et ce sous l'impériosité d'un Dark Vador patibulaire surjouant avec une emphase renfrognée ! Et donc sous l'impulsion de règlements de compte récréatifs et de rebondissements hallucinés, l'aventure (inopinément) futuriste adopte une tournure débridée à la fois folingue et moralisatrice. Dans le sens où le progrès de la science pourrait bien mener à notre perte dans un proche avenir !
Rivalisant de près avec les meilleures réussites transalpines du genre (l'inégalé 2019, après la chute de New-York, Atomic Cyborg, les Rats de Manhattan, le Gladiateur du Futur, Les Nouveaux Barbares ou encore les Guerriers du Bronx), Yor, le chasseur du Futur s'entiche d'un scénario suffisamment couillu et azimuté (pour ne pas dire vrillé !), et d'une galerie d'attachants seconds-couteaux (joviaux) pour nous distraire fréquemment avec un second degré stimulant. A redécouvrir avec une pincée de nostalgie, faute d'une époque révolue aussi bien généreuse qu'intègre quelque soit les moyens précaires alloués.
* Bruno
3èx
mardi 27 février 2018
LE RENARD. Golden Globe du Meilleur Film Etranger 1968
"The Fox" de Mark Rydell. 1967. U.S.A. 1h54. Avec Sandy Dennis, Anne Heywood, Keir Dullea, Glynne Morris.
Sortie salles France: 31 Juillet 1968 (Int - 18 ans). Canada: 13 Décembre 1967
FILMOGRAPHIE: Mark Rydell est un acteur, réalisateur et producteur américain, né le 23 mars 1934 à New York (États-Unis). 1964-1966 : Gunsmoke (série TV). 1968 : Le Renard. 1969 : Reivers. 1972 : Les Cowboys. 1976 : Deux farfelus à New York. 1979 : The Rose. 1981 : La Maison du lac. 1984 : La Rivière. 1991 : For the Boys. 1994 : Intersection. 1996 : Le Crime du Siècle. 2001 : Il était une fois James Dean. 2006 : Even Money.
Rareté introuvable ou presque si je me réfère à la générosité du blog Warning Zone de me l'avoir fait découvrir (même si dans un contexte aléatoire), Le Renard constitue à mes yeux une merveille de thriller psychologique dont l'atmosphère feutrée et son décor exigu peuvent rappeler par instants l'étonnant (et aussi méconnu) La Petite fille au bout du chemin, le chef-d'oeuvre l'Obsédé, ou plus reconnaissable, l'étrange et envoûtant Zombie venu d'ailleurs si bien qu'il s'agit (à ma surprise) de la déclinaison horrifique de l'oeuvre susnommée ! Et on peut dire qu'en terme de 1er essai derrière la caméra, Mark Rydell (réal discret mais pour autant notoire des célèbres The Rose, La Maison du Lac et de la Rivière) surprend par sa direction d'acteurs affûtée et l'inventivité de sa mise en scène (tels les divers angles dont s'impose le montage auprès de l'abattage d'un arbre) autopsiant un triangle amoureux assez tabou pour l'époque (raison pour laquelle le film fut interdit aux - de 18 ans dans l'hexagone). Recluses dans leur ferme, Jill et Ellen vivent communément une tendre complicité à l'abri des regards indiscrets. Si Jill ne cache pas sa tendresse auprès de sa compagne (en dépit de sa frigidité), Ellen commence à souffrir de sa solitude, notamment faute d'une frustration sexuelle. Alors qu'un renard rode régulièrement auprès de leur poulailler, un autre spécimen aussi rusé vient frapper un soir à leur porte pour leur solliciter l'hospitalité. Au fil des jours de complicité amicale, leur relation s'amenuise un peu plus lorsque l'inconnu finit subitement par avouer son amour auprès
d' Ellen.
Drame psychologique à la fois rugueux, douloureux et intense autour d'une lutte des sexes, Le Renard parvient avec un réalisme trouble à nous immerger dans les liaisons dangereuses d'un trio possessif en éveil d'affirmation. Le réalisateur dressant du point de vue masculin le portrait d'un machiste assez perfide pour parvenir à ses fins. Mais au-delà de l'aspect antipathique de cet unique personnage plutôt phallocrate, le Renard extériorise son potentiel dramatique dans la relation équivoque qu'entretient le couple de lesbiennes sexuellement refoulées. En abordant avec pudeur les thèmes de l'amour, du désir sexuel, de la jalousie et de la possessivité, le Renard s'alloue dès les prémisses d'un climat de déréliction ensorcelant au fil d'une intrigue progressivement poignante et oppressante. Les deux comédiennes superbement dépeintes entre révolte sentimentale et complexité morale parvenant à distiller une franche compassion auprès de leur amour conflictuel où le désespoir gagne un peu plus du terrain. Le cheminement narratif, incertain et hésitant auprès de leurs choix sentimentaux et de crainte de trahison, adoptant une tournure autrement plus grave de conséquences en second acte lorsque ces dernières vont enfin librement assumer leur saphisme depuis les intimidations du prédateur.
Oeuvre maudite si j'ose dire, de par son invisibilité et son absence de gratitude (en dépit de son Golden Globe du Meilleur Film étranger décerné un an après sa sortie), Le Renard demeure une perle rare de romance vénéneuse sous couvert d'un drame intimiste aussi cruel que bouleversant (l'épilogue glaçant imprégné d'amertume nous restant en travers de la gorge). Mais au-delà de son climat de langueur résolument envoûtant (rehaussé de la mélodie fragile de Lalo Schifrin), on peut saluer le jeu naturel du casting parvenant à nous familiariser auprès de leur accointance avec une dimension humaine malingre. Le trio assez insidieux endossant la fonction d'amants infortunés avides de sentiments depuis leur requête éperdue du désir sexuel, de l'équilibre moral et de la sécurité pécuniaire. A découvrir d'urgence !
lundi 26 février 2018
AU REVOIR LA HAUT
d'Albert Dupontel. 2017. France. 1h57. Avec Albert Dupontel, Laurent Lafitte, Nahuel Pérez Biscayart, Niels Arestrup, Émilie Dequenne, Mélanie Thierry.
Sortie salles France: 25 Octobre 2017.
FILMOGRAPHIE: Albert Dupontel (Philippe Guillaume) est un acteur, réalisateur, scénariste et humoriste français, né le 11 janvier 1964 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). 1992 - Désiré (court-métrage). 1996 - Bernie. 1999 - Le Créateur. 2006 - Enfermés dehors. 2009 - Le Vilain. 2013 - 9 mois ferme. 2017 - Au revoir là-haut.
Auréolé d'une réputation flatteuse chez la critique et les spectateurs si bien qu'il engrange 2 021 654 entrées sur notre territoire, Au revoir là haut est sans doute l'oeuvre la plus ambitieuse de Dupontel, nouvelle fois acteur et réalisateur. Pamphlet anti militariste bouleversant autour de l'amour impossible entre un père et son fils (thématique centrale du film), Au revoir là haut distille une émotion aussi bien contenue qu'épurée au travers de quelques situations d'intimité d'une riche intensité dramatique. Dupontel, réalisateur, filmant avec brio incontesté une reconstitution historique plus vraie que nature, à l'instar de son prologue belliqueux s'efforçant de retranscrire sans fioriture les horreurs du front. En dehors de son brio technique et formel (les splendides décors et la photo sont flamboyants), Au revoir là haut parvient à captiver et à entretenir l'expectative grâce à la densité d'un scénario dramatique faisant honneur à un trio de personnages en marge de la société.
Drame historique saupoudré de poésie et d'humour noir, Au revoir là haut nous propose un spectacle assez baroque sous la mainmise de Dupontel aussi à l'aise devant que derrière la caméra. Ce dernier complètement impliqué dans son projet s'efforçant de soigner le fond et la forme avec un amour évident pour le cinéma le plus authentique. A savoir communier divertissement et film d'auteur parmi l'efficacité d'un rythme habilement soutenu et la caractérisation de personnages d'une fragilité jamais démonstrative. Faisant donc preuve d'une grande pudeur pour y dresser leur portrait torturé ou démuni, Albert Dupontel parvient à faire naître une vibrante émotion parfois difficilement gérable. Notamment grâce à sa substantialité narrative à la fois imprévue, légère et grave sublimant les portraits de marginaux infortunés victimes des aléas de la guerre.
Au final, Dupontel, acteur borderline et réalisateur avisé pétri d'amour pour l'art et ses personnages (magnifiquement esquissés), nous offre avec Au revoir là haut une oeuvre désenchantée d'une tendresse finalement sensitive (certaines séquences faisant office d'anthologie émotionnelle !) abordant avec originalité les thèmes du trauma de la guerre, de l'injustice de destins brisés, des relations parentales conflictuelles, du pardon, de l'espoir, de la clémence et de l'aubaine sous l'apparat d'une poésie aussi candide qu'abstraite. Du cinéma fort, beau et cruel, qui restera dans les mémoires.
* Bruno
samedi 24 février 2018
Hellraiser: le pacte. Prix de la peur, Avoriaz 88.
de Clive Barker. 1987. Angleterre. 1h30. Avec Andrew Robinson, Clare Higgins, Ashley Laurence, Sean Chapman, Oliver Smith, Robert Hines, Anthony Allen, Leon Davis, Michael Cassidy, Frank Baker.
Sortie en salles en France le 24 Février 1988. U.S: 18 Septembre 1987
FILMOGRAPHIE: Clive Barker est un réalisateur, écrivain, peintre, producteur et scénariste anglais, né le 5 Octobre 1952. 1973: Salome (court). 1978: The Forbidden (court). 1987: Hellraiser. 1990: Cabal. 1995: Le Maître des Illusions.
Premier volet d’une saga culte incarnée par le désormais mythique Pinhead, Hellraiser repousse les limites du conformisme dans un alliage savamment orchestré d’horreur morbide et de lascivité malsaine. La perversité de ses thèmes s’affirme dans une posture masochiste, habitée par des hédonistes en quête de luxure et de souffrance. Par l’entremise du cube hermétique, Frank — personnage lubrique et dépendant à ses plaisirs disparates — se retrouve projeté dans l’univers occulte des Cénobites. Répugnantes créatures en combinaisons de latex noir, lacérées de plaies béantes et parsemées de crochets, vis, broches : tout un artisanat du corps scarifié. Pour retrouver son existence terrestre, le mécréant, tapi dans le grenier de la maison familiale, a besoin d’un flux régulier de sang. Il comptera sur la complicité vénéneuse de son ancienne maîtresse, Julia, pour lui ramener d’aimables prétendants, que leurs ardeurs condamneront.
Frank — cadavre décrépi, fugitif de l’enfer — et Julia — muse assassine — forment le couple maudit d’une quête sanglante vers la régénération charnelle. Clive Barker, créateur d’une mythologie inédite, ne lésine pas sur l’imagerie gore, exaltant la transformation d’un corps décharné retrouvant peu à peu sa forme originelle (jusqu’à dupliquer la physionomie du frère). Il filme, avec une retenue cruelle, des visions macabres d’une beauté sensuelle, sublimées par la procession lancinante du thème de Christopher Young. La poésie funèbre de ces séquences nous hypnotise autant qu’elle nous révulse, car elle convoque nos pulsions les plus inavouables. Chez Barker, Hellraiser pulvérise les tabous, blasphème le Christ lui-même et érige le plaisir de la douleur en système cosmique, sous l’égide des Cénobites : figures fétichistes, fascinantes dans leur étrangeté organique.
Dans ce théâtre infernal, Kirsty, la fille de Larry, devra pactiser en ultime recours pour renvoyer l’enfer à ses geôles. On reste aussi frappé par Julia, matrone meurtrière, épouvantablement sournoise, qui revendique sans honte sa libido insatiable pour nourrir la renaissance de son amant spectrale.
* Bruno
05.01.19. (4èx)
La chronique d'Hellraiser 2: http://brunomatei.blogspot.com/2011/10/hellraiser-2-les-ecorches-hellbound.html
Note: Avant d'opter pour Hellraiser, la production avait songé au titre Sadomasochistes from Beyond the Grave, qu'on pourrait traduire par Les Masochistes d'outre-tombe.
La maison du film se situe au 55 Ludovico Place, qui se trouve être l'adresse de l'institut Ludovico du film Orange Mécanique où Alex avait été envoyé pour devenir non-violent.
Récompenses: Prix spécial de la peur à Avoriaz en 1988.
Prix de la Critique à Fantasporto en 1988.
19.10.11. 4
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jeudi 22 février 2018
SPOOKIES
de Genie Joseph (Eugénie Joseph). 1986. U.S.A. 1h25. Avec Felix Ward, Dan Scott, Alec Nemser, Maria Pechukas, A.J. Lowenthal.
Sortie salles France: Mars 1986 (uniquement au Rex de Paris). 14 Mai 1986 (uniquement au Festival de Cannes). U.S: Janvier 1988.
FILMOGRAPHIE: Genie Joseph est un réalisateur, producteur et scénariste américain né le 31 Janvier 1956 à Long Island, New York, USA. 2010: Pheromone (Video short). 1987: Mind Benders. 1986: Spookies.
Naveton des années 80, Spookies vaut essentiellement pour l'atmosphère horrifique de son préambule timidement séduisant, pour le soin de sa photo et des décors (aussi limités soient-ils !) et surtout pour la qualité de ses effets-spéciaux artisanaux plutôt créatifs (et ce même si on sent clairement l'influence de Ghoulies et d'Evil-dead). Car hélas son histoire, son casting et sa mise en scène résolument insipides ne sont guère à la hauteur.
* Bruno
mercredi 21 février 2018
LES HORREURS DE FRANKENSTEIN
"The Horror of Frankenstein" de Jimmy Sangster. 1970. Angleterre. 1h35. Avec Ralph Bates, Kate O'Mara, Veronica Carlson, Dennis Price, Jon Finch, Bernard Archard.
Sortie salles Angleterre: 8 Novembre 1970.
FILMOGRAPHIE: Jimmy Sangster est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma britannique né le 2 décembre 1927 dans le North Wales (Pays de Galles), décédé le 19 août 2011 à Londres. 1970 : Les Horreurs de Frankenstein. 1971 : Lust for a Vampire. 1972 : Sueur froide dans la nuit.
Sixième et avant dernier volet de la saga Frankenstein, les Horreurs de Frankenstein est considéré par beaucoup de critiques comme le plus faible (pour ne pas dire le plus mauvais chez les langues les plus lapidaires). Faute d'un script remanié par Sangster himself sous le ton de la semi-parodie (il préfigure d'ailleurs d'une certaine manière Chair pour Frankenstein réalisé 4 ans plus tard !) que les fans ont sans doute mal perçu à l'époque. Déclinaison orthodoxe mais pour autant insolente des chefs-d'oeuvre de James Wales et de Terence Fisher, Les Horreurs de Frankenstein baigne dans un climat bisseux décomplexé comme le rehausse sa seconde partie quant à la résurrection du monstre ingérable. Une créature à la fois pataude et inexpressive que l'on croirait sortie d'une série Z si bien que ses débandades criminelles prêtent presque à rire sous la mainmise de son créateur jeanfoutiste, sans vergogne et machiste (sa dissension légèrement pittoresque entre ses deux maîtresses superbement campées par Kate O'Mara et Veronica Carlson).
Ce dernier multipliant, tel un renard matois, les stratégies véreuses avec une insouciance outre-mesure afin de se débarrasser de chaque témoin gênant. Tant et si bien que son ambition première (créer la vie de ses mains en guise de mégalomanie) s'avère ici détournée au profit d'une décadence meurtrière à la fois vaniteuse et insidieuse. Et donc, si la première partie, éculée et négligeable, laisse présager le pire, en dépit de touches d'humour noir proéminentes (à l'instar du sort réservé à l'adjoint atone de Frankenstein), la suite bifurque vers des raccourcis inopinément plaisants, pour ne pas dire délirants selon votre goût pour la farce macabre estampillée "second degré". A savoir que les va-et- vient (contradictoires) de la créature sillonnant le château et la campagne font preuve d'une cocasserie tacite dans sa posture versatile de se plier ou non aux exigences de son maître.
Comme de coutume flamboyant sous l'étendard de la Hammer, de par sa photo contrastée, ses décors gothiques épurés et ses actrices plantureuses à la beauté lascive, les Horreurs de Frankenstein empreinte la démarche du sarcasme pour tenter de redorer un sang neuf à sa noble saga, sous l'impulsion inopinément impudente de Ralph Bates assez plaisant en baron décadent (précurseur d'Udo Kier si j'ose dire !). A apprécier au second degré, faute de quoi certains puristes risqueraient de faire grise mine !
* Bruno
3èx
lundi 19 février 2018
COLD SKIN
de Xavier Gens. 2017. France/Espagne. 1h47. Avec David Oakes, Aura Garrido, Ray Stevenson, John Benfield.
Sortie salles France: 10 Septembre 2017 (l'Etrange Festival). Espagne: 20 Octobre 2017
FILMOGRAPHIE: Xavier Gens est un réalisateur, scénariste, producteur exécutif et acteur français, né le 27 Avril 1975 à Dunkerque. 2007: Hitman. 2008: Frontières. 2012: The Divide. 2012: The ABCs of death (un segment). 2017: The Crucifixion. 2017: Cold Skin.
Un message désespéré d'amour et de paix dans un monde de violence avili par la peur de l'autre.
Après la déception The Crucifixion, Xavier gens nous revient revigoré avec Cold Skin. Une oeuvre fantastique modeste jouant la carte de l'intimité sous le pivot de deux protagonistes aussi pugnaces que fragiles dans leur condition esseulée. Entamant intelligemment au cours du récit des réflexions sur l'origine des conflits, l'incommunicabilité entre les ethnies, la crainte de la différence et la misanthropie du point de vue d'un Robinson bourru traumatisé par la disparition de son épouse, Cold Skin provoque une émotion quasi désespérée si je me réfère à sa conclusion irrésolue en quête d'exutoire. En 1914, un météorologue s'exile sur une île durant un an en compagnie du gardien d'un phare. Chaque nuit, ils doivent livrer un combat sans merci contre des créatures hostiles prenant d'assaut leur foyer.
Ce pitch linéaire et inquiétant, soigneusement conté et imagé (tant auprès de sa photo limpide que de la beauté des décors sauvages), est un prétexte afin de brosser les caractères bien trempés de deux protagonistes contraints d'utiliser les armes pour survivre à une résilience de rude épreuve. Cold Skin puisant sa force dans la description évolutive de ses derniers, notamment auprès du météorologue beaucoup plus curieux et empathique à tenter de comprendre la race des amphibiens n'attaquant que de nuit pour mieux les ébranler. Prenant soin de développer les fêlures et faiblesses humaines du duo divergent, si bien que les scènes d'actions intenses et percutantes les font évoluer d'un point de vue dramatique, Xavier Gens distille une émotion prude parfois poignante qui percera lors de l'épilogue bouleversant. Ce dernier très affecté par la cause animale et le spécisme parvenant louablement à attendrir et à donner chair à une créature domestique à l'aide de maquillages très convaincants. Son récit efficacement exacerbé de pugilats sanglants instaurant scrupuleusement un climat mélancolique quant au poids de la solitude que se résignent à résister deux belligérants du haut de leur phare.
"On perd son humanité dans un océan de chagrin"
En humaniste porteur d'espoir, de désir d'amour et de discernement auprès de l'étranger (ici d'origine animale !), Xavier Xens joue la carte de la modestie et de la pudeur avec cette oeuvre fantastique adulte, délicatement poignante (voir même bouleversante auprès de son interrogation finale) quant à l'instinct belliqueux de l'homme rattrapé par sa conscience morale d'une solitude irrespirable. Beau et sensible, à l'instar du score lyrique de Víctor Reyes.
* Bruno
vendredi 16 février 2018
MOM AND DAD
de Brian Taylor. 2017. U.S.A. 1h23. Avec Nicolas Cage, Selma Blair, Anne Winters, Zachary Arthur, Olivia Crocicchia.
Sortie salles U.S: 19 Janvier 2018
FILMOGRAPHIE: Brian Taylor est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 12 Juin 1970. 2006: Haute Tension. 2009: Haute Tension 2. 2009: Ultimate Game. 2012: Ghost Rider 2. 2017: Mom and Dad.
Signataire des déjà bien allumés Haute Tension 1 et 2, Brian Taylor enfonce le clou avec le frappadingue Mom and Dad. Une farce horrifique à la fois très noire et vitriolée de par l'unicité de son pitch aussi fou et grotesque qu'improbable. Et pour cause, pour une raison inconnue (même si le réalisateur sous-entend que la contamination émane de la neige parasitaire des écrans TV), tous les parents d'une paisible bourgade sombrent dans une folie meurtrière incontrôlée en dépit des forces de police infructueuses. Férus de haine et de violence, ils s'en prennent uniquement à leur chérubin en guise de rancoeur punitive. Concentré de délire déjanté et de violence cartoonesque se raillant d'une génération impertinente sevrée au consumérisme depuis l'émergence du net, des smartphones et écrans plats, Mom and Dad fait office de montagne russe dans son enchaînement de poursuites domestiques et exactions meurtrières saturées d'une bande-son électro stridente remarquablement percutante.
Ces sonorités parfois dissonantes ou autrement symphoniques instaurant avec originalité et modernité un climat trouble/saugrenu d'insécurité haletante autour d'une situation chaotique échappant à la raison des enfants. Couramment intense après nous avoir habilement illustré le comportement sournois d'une ligue parentale subitement primitive; Mom and Dad cumule les situations de panique et les confrontations musclées au gré d'un rythme stressant fertile en rebondissements débridés (le final bordélique valant son pesant de cacahuètes lors d'un conflit trinaire rendue ingérable !). Franchement inquiétant et parfois même terrifiant (la patiente de l'hôpital s'efforçant d'étrangler son bébé après avoir accouché est à la limite du soutenable de crainte que le cinéaste n'aille jusqu'au bout de l'intolérable !), on peut notamment compter sur les vociférations des comédiens "adultes" prenant malin plaisir à jouer les psychotiques si bien qu'ils nous rappellent parfois les postures outrées de Jack Torrance de Shining. Et à ce jeu pervers de la maltraitance en roue libre, Nicolas Cage et sa partenaire Selma Blair font quasi part égale dans les postures démentielles à courser leurs bambins au sein de leur foyer retranché. Quant aux ados en initiation de survie et stratégies offensives, Anne Winters et Zachary Arthur se partagent solidairement la vedette avec un désarroi assez perméable si bien que nous craignons réellement pour leur sort avec une appréhension inconfortable.
Farce sardonique efficacement ficelée et diaboliquement folingue, Mom and Dad créé surprise et stupeur avec une vigueur pulsatile. Le jeu du chat et de la souris s'avérant suffisamment inventif, méchamment violent et drôlement saugrenu pour se laisser embarquer dans cette improbable vendetta parentale que Cage et Blair s'amusent communément à singer avec un sérieux dérangé. Electrisant et désarçonnant !
* Bruno
jeudi 15 février 2018
Valérie au pays des Merveilles / Valerie a týden divů. Grand Prix Festival de Bergame, 1970.
de Jaromil Jireš. 1970. Tchécoslovaquie. 1h17. Avec Jaroslava Schallerová, Helena Anýzová, Petr Kopriva, Jirí Prýmek, Jan Klusák, Libuse Komancová.
Sortie salles France: 23 Février 1972. Tchécoslovaquie: 16 Octobre 1970
FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Jaromil Jireš est un réalisateur et scénariste tchécoslovaque né le 10 décembre 1935 à Bratislava, décédé le 26 octobre 2001 à Prague (République tchèque).1958 : Horecka. 1959 : Strejda. 1960 : Stopy. 1960 : Sál ztracených kroku. 1962 : Don Spagát. 1963 : Le Premier Cri (Krik). 1965 : Srub. 1966 : Obcan Karel Havlícek. 1965 : Les Petites Perles au fond de l'eau. 1967 : Hra na krále. 1968 : Don Juan 68. 1969 : Tribunál. 1969 : Dedácek. 1969 : La Plaisanterie (Zert). 1970 : Valérie au pays des merveilles. 1972 : ...a pozdravuji vlastovky. 1973 : Leoš Janáček (TV). 1973 : Kasar. 1974 : Il Divino Boemo. 1977 : Talíre nad Velkým Malíkovem. 1978 : Mladý muz a bílá velryba. 1979 : Causa králík. 1980 : Úteky domu. 1980 : Svet Alfonse muchy. 1984 : Prodlouzený cas. 1984 : Katapult. 1985 : Milos Forman - Das Kuckucksei (TV). 1987 : Sidney Lumet: I Love New York (TV). 1987 : Po zarostlem chodnícku. 1987 : F. Murray Abraham (TV). 1991 : Beschreibung eines Kampfes. 1991 : Labyrinth. 1992 : Rekviem za ty, kteri prezili. 1992 : Hudba a víra (TV). 1992 : Hudba a bolest (TV). 1994 : Helimadoe. 1995 : Ucitel tance. 1999 : Dvojrole.
"La grâce, plus belle encore que la beauté !"
* Bruno
mercredi 14 février 2018
FASTER, PUSSYCAT ! KILL ! KILL !
de Russ Meyer. 1965. U.S.A. 1h23. Avec Tura Satana, Haji, Lori Williams, Susan Bernard, Stuart Lancaster
Sortie salles France: 24 Avril 1985. U.S: 6 Août 1965
FILMOGRAPHIE: Russell Albion Meyer (né le 21 mars 1922 à Oakland en Californie et mort le 18 septembre 2004 à Hollywood Hills en Californie) est un réalisateur, scénariste et photographe américain. 1950: The French Peep Show. 1959: L'Immoral Mr. Teas. 1959: This Is My Body. 1960: Naked Camera. 1961: Ève et son homme à tout faire. 1961: Erotica. 1962: Wild Gals of the Naked West ou The Immoral West and How It was Lost. 1963: Europe in the Raw. 1963: Heavenly Bodies! 1963: Skyscrapers and Brassieres. 1964: Lorna, l'incarnation du désir. 1964: Fanny Hill. 1965: Le Désir dans les tripes. 1965: Motorpsycho. 1965: Faster, Pussycat! Kill! Kill! 1966: Mondo Topless. 1967: L'Ile des Désirs. 1967: Bonjour les Filles. 1968: À corps perdu. 1968: Vixen. 1969: Cherry, Harry and Raquel. 1970: La Vallée des Plaisirs. 1971: The Seven Minutes. 1972: Serpent noir. 1975: Supervixens.1976: Mega Vixens. 1978: Who Killed Bambi? 1979: Ultra Vixens. 2001: Pandora Peaks.
B movie culte au sens étymologique, Faster pussycat ! Kill ! Kill ! est un immense défouloir de mauvais goût assumé, de violence gratuite et d'immoralité putassière ! J'imagine donc le choc que la génération 60 eut pu éprouver face au contenu si transgressif, ultra provocateur du spectacle de samedi soir qu'elle fréquentait comme de coutume dans les drive-in. Magnifiquement filmé dans un noir et blanc stylisé et baignant dans un climat à la lisière de l'irréel, Russ Meyer nous compile des cadrages iconiques que d'autres cinéastes s'inspireront par la suite (Tarantino évidemment auquel ce dernier voue un véritable culte et compte depuis toujours en réaliser une déclinaison polychrome !). Quand à l'intrigue excentrique, bête et foncièrement méchante, elle ne s'avère qu'un prétexte pour mettre en exergue les affrontements impérieux d'un trio de femmes criminelles que l'on croiraient sorties d'une bande-dessinée pour adultes.
Femmes Criminelles !
Follement déjanté, décomplexé, vulgaire, fun, débridé, pervers, sexy, Faster, Pussycat! Kill ! Kill ! redéfinit le terme "culte" avec une personnalité infiniment insolente. Si bien qu'en l'occurrence on reste surpris par son incroyable modernité, tant auprès de son esthétisme fétichiste que de sa liberté de ton militant avec une ironie provocatrice pour le féminisme le plus totalitaire. Bref, ni plus ni moins un chef-d'oeuvre de subversion, vrillé et cartoonesque, à la facture rétro hyper distinguée !
* Bruno
2èx
mardi 13 février 2018
L'INCROYABLE HOMME PUMA
"L'uomo puma" d'Alberto De Martino. 1980. Italie. 1h35. Avec Walter George Alton, Donald Pleasence, Miguel Angel Fuentes, Sydne Rome, Silvano Tranquilli.
Sortie salles France: 10 Décembre 1980. Italie: 14 Février 1980
FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Alberto De Martino (né le 12 juin 1929 à Rome) est un réalisateur italien. Il utilise parfois le pseudonyme de Martin Herbert. 1963: Persée l'invincible. 1964: La Maison de la terreur.1964 : Le Triomphe d'Hercule. 1964 : Les Sept invincibles. 1966 : Django tire le premier. 1967 : Opération frère Cadet. 1968 : Rome comme Chicago. 1969 : Perversion. 1972 : Le Nouveau boss de la mafia. 1974 : L'Antéchrist. 1977 : Holocauste 2000. 1980: L'Homme Puma.
Le premier (et dernier) film de super-héros aztèque de l'histoire du ciné (spaghetti) !
Nanar transalpin résigné à nous offrir sans aucune prétention sa version de Superman de par ses moyens désargentés, L'Homme Puma est une aberration filmique comme seuls les italiens savaient en produire à l'orée des eighties. L'intrigue risible est à elle seule une grosse blague de comptoir ! Jugez en ! Après avoir dérobé un masque aztèque capable de contrôler les esprits, le docteur Kobras compte dominer la terre s'il parvient à démasquer l'homme puma issu de nationalité ricaine. Grâce à l'aide d'un indien pacifiste l'incitant à découvrir sa véritable identité, Tony Farms parvient à extérioriser ses pouvoirs surnaturels en tombant du haut d'un immeuble. C'est alors que ce dernier dénué de blessures corporelles parvient ensuite à voler dans les airs par sa simple faculté psychique ! Transformé en super-héros (de carnaval), il part à la recherche du masque d'or que détient donc l'insidieux Kobras délibéré à ne surtout pas se laisser intimider !
Série Z impayable au scénario à la fois grotesque et nonsensique (pirouettes narratives en sus pour pallier son cheminement trivial !), comme le relèvent ses têtes d'affiche hilarantes (outre les attachantes présences de Walter George Alton en super-héros apprenti et du mexicain mastard Miguel Angel Fuentes en faire-valoir altruiste, on se demande ce qu'est venu faire ici notre éminent Donald Pleasance en méchant nanti d'une combinaison latex SM !), l'Homme Puma parvient à divertir avec une simplicité souvent irrésistible. Chacune des envolées homériques de notre super-héros en herbe nous insufflant des sentiments contradictoires, entre consternation et fascination. Et ce de par l'aspect dérisoire de ces FX influencés par Méliès (alors que l'on finit réellement par croire à sa faculté volatile !) et par la posture ballot de celui-ci en quête de surpassement héroïque. Ce dernier s'agrippant et se débattant dans les airs en lieu et place d'un cours de natation, quand bien même en intermittence il parvient à voltiger, bondir (à l'aide d'un trampoline invisible) et disparaître à travers les murs comme pouvait l'opérer Bourvil dans Garou, Garou le passe-muraille ! Ces séquences d'un autre temps, rehaussées d'une mélodie entêtante que n'aurait renié le club Dorothée s'avérant la principale attraction du divertissement singulier. Et comme convenu dans ce genre de bisserie où le ridicule des situations (celle de résister au pouvoir télépathique du masque que les gentils endurent fébrilement) laisse transparaître la vibrante sincérité de nous amuser, on peut aussi compter sur la verve fréquemment hilarante des comédiens exprimant leurs répliques avec un sérieux attendrissant.
Sidérant de naïveté, de maladresse et d'incohérence autour d'un script résolument extravagant, mais épatant au niveau du spectacle décérébré alignant à rythme fertile action, anticipation et cocasserie (involontaire) afin de divertir la famille (si j'ose dire car on se demande quelle cible les auteurs ont bien pu préconiser), l'Homme Puma imprime de sa personnalité typiquement transalpine un film de super-héros anthologique de par sa poésie déjantée difficilement gérable. Car croyez moi, il faut le voir pour le croire si bien que tout cinéphile averti se doit de le découvrir au moins une fois dans sa vie !
* Bruno
2èx
lundi 12 février 2018
THE RITUAL
de David Bruckner. 2017. U.S.A. 1h35. Avec Rafe Spall, Rob James-Collier, Arsher Ali, Sam Troughton, Paul Reid, Matthew Needham.
Inédit en salles en France. Sortie U.K: 13 Octobre 2017
FILMOGRAPHIE: David Bruckner est un réalisateur et scénariste américain. 2017: Le Rituel. 2015: Southbound. 2012: V/H/S (segment "Amateur Night"). 2011: Talk Show (Short). 2007: The Signal.
Empruntant la démarche éculée du Survival forestier initié par Délivrance, Rituals, Survivance et Sans Retour pour citer les plus notoires, The Ritual parvient efficacement à renouveler son concept connu grâce à l'intrusion du surnaturel. A ce titre, la dernière demi-heure haletante et terrifiante parvient à télescoper appréhension et malaise (celle de la peur de mourir de la manière la plus primitive !) avec une fascination morbide. Car sans dévoiler les tenants et aboutissants de l'intrigue obscure, David Bruckner (réalisateur des sympathiques The Signal et Southbound), soigne ses effets spéciaux pour nous convaincre d'une apparition dantesque avec un réalisme tantôt onirique. D'une simplicité extrême, le pitch suit l'itinéraire de 4 amis partis en forêt le temps d'un week-end. Au préalable, et par le biais d'un flash-back, nous apprenons que l'un d'eux fut témoin de la mort d'un de ses camarades lors du braquage d'une épicerie, et ce sans pouvoir lui porter assistance. Egarés en pleine forêt, ils se sentent rapidement épiés par une menace invisible, quand bien même le lendemain d'une nuit agité, ils restent traumatisés par leur cauchemar commun plus vrai que nature.
Epreuve de force à la fois physique et morale du point de vue d'un touriste hanté par sa culpabilité d'une éventuelle lâcheté, The Ritual sera son défi à transcender ses peurs et ainsi pouvoir se racheter une conduite. Efficacement mené grâce à l'autorité de comédiens dépouillés nantis d'un charisme ordinaire, et de l'intelligence du metteur en scène à crédibiliser des situations 1000 fois vues ailleurs (on reste d'autre part surpris du sort des protagonistes lorsque la prochaine victime n'est pas celle que l'on croyait), The Ritual dilue une angoisse sous-jacente assez captivante. De par l'exploitation de sa végétation crépusculaire retranscrite avec un réalisme naturel que les protagonistes arpentent avec une inquiétude contagieuse. Le spectateur observant leurs pérégrinations avec cette même sensation d'isolement et d'appréhension, tant et si bien que la menace quasi invisible s'avère difficilement explicable. Grâce à l'intensité des situations dramatiques faisant évoluer nos héros vers une paranoïa progressive, The Ritual éveille notre attention à connaître le fin mot de l'énigme. Ce qui nous amène à fréquenter sa dernière partie insidieuse et sardonique avec une certaine originalité. Et ce sans vous dévoiler de quels films le cinéaste s'est ouvertement inspiré sans pour autant plagier bêtement ses confrères. Un final assez renversant qui parvient à nouveau à convaincre dans son approche ésotérique, notamment grâce au charisme patibulaire de seconds-rôles plus vrais que nature.
Production modeste d'une sincérité indiscutable pour l'amateur aguerri; The Ritual renoue efficacement avec la série B adulte (point de teenagers décervelés à l'horizon !) pour relancer avec savoir-faire la machine de l'angoisse et de l'effroi. L'oeuvre esthétiquement soignée parvenant surtout à implanter un climat d'insécurité assez malsain, notamment par le biais d'une bande-son limpide, quand bien même l'émotion parfois poignante perce chez les visages meurtris au détour d'une mélodie discrètement fragile. Une bonne surprise à découvrir.
Ci-joint la chronique de l'excellent et oublié Rituals: http://brunomatei.blogspot.com/2011/03/rituals-creeper_1287.html
* Bruno