Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
"The Gift" de Sam Raimi. 2001. U.S.A. 1h52. Avec Cate Blanchett, Giovanni Ribisi, Keanu Reeves, Katie Holmes, Greg Kinnear, Hilary Swank.
Sortie salles France: 18 Avril 2001
FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis. 1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.
« Il y a à Savannah des chênes extraordinaires aux formes tourmentées et noueuses. Ils sont témoins, aux yeux du public, qu'un autre monde pourrait bien exister, une force surnaturelle… Ces arbres nous disent que la vie est peut-être bien plus mystérieuse que nous ne pouvons le percevoir. C'est ce dont le personnage de Cate Blanchett est capable : avoir une perception de la réalité au-delà de la nôtre6… »
— Sam Raimi
Thriller fantastique remarquablement interprété (Cate Blanchett, Giovanni Ribisi, Keanu Reeves - dans un rôle vil à contre-emploi -, Katie Holmes, Greg Kinnear, Hilary Swank, J. K. Simmons sont communément irréprochables), Intuitions s'alloue d'une dimension psychologique particulièrement ténue auprès d'une voyante en berne s'efforçant d'élucider un crime d'adultère en dépit de mentalités intolérantes. Car si on regrette le classicisme de son intrigue policière après avoir grillé au bout d'1 heure de métrage l'identité de l'assassin, Intuitions est heureusement sauvé par sa vigueur dramatique flirtant avec un surnaturel cérébral. La potentielle vie après la mort étant ici dépeinte sans une once de ridicule à travers l'humanisation meurtrie de ces protagonistes bouleversés par le deuil ou la maltraitance (les personnages contradictoires de Valérie en victime complice de son époux violent, et de Buddy dans la peau névralgique d'un solitaire bipolaire).
Et donc à travers le schéma d'un thriller à suspense à inclination spirituelle, Sam Raimi parvient à y transfigurer un superbe portrait de femme chétive que Kate Blanchet parvient à esquisser avec une douceur d'expression à la fois démunie et vaillante. Tant auprès du corps policier ridiculisant ses éventuels dons de voyance, que des éventuels suspects insidieux qu'elle s'efforcera pour autant de démasquer par le biais de ses rêves prémonitoires. Profondément marquée par la disparition de son époux, nantie de pudeur et de bienveillance lorsqu'elle tire couramment les cartes auprès de son entourage amical, et surtout dévouée à prêter main forte à un jeune marginal (Giovanni Ribisi dans le rôle "martyr" de sa vie !) traumatisé par une maltraitance paternelle, Kate Blanchet se taille une carrure de philanthrope à travers son bouleversant personnage d'Annabelle victime d'accusations infondées. Esthétiquement soigné à travers ses décors bucoliques solaires ou autrement mortuaires (visions macabres à l'appui !), Sam Raimi exploite lestement la nature atypique de Savannah (une ville située aux Sud-est des Etats-Unis) par le biais de ses immenses arbres ornés d'une chevelure opaline.
Douloureux drame familial porté par un casting spontané, Intuitions renouvelle le thriller le plus prévisible sous le pilier d'un argument surnaturel laissant libre court à la vulnérabilité humaine de protagonistes tiraillés par leurs faiblesses morales du Mal préjudiciable. Sam Raimi se réservant notamment d'adoucir son brutal dénouement par le biais d'une bouleversante relation amicale où l'espoir en l'au-delà émane d'une âme charitable.
*Bruno
3èx
"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
mardi 26 février 2019
lundi 25 février 2019
Vampires
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de John Carpenter. 1998. U.S.A. 1h47. Avec James Woods, Daniel Baldwin, Sheryl Lee, Thomas Ian Griffith, Maximilian Schell, Tim Guinee, Mark Boone Junior, Gregory Sierra, Cary-Hiroyuki Tagawa.
Sortie salles France: 15 Avril 1998. U.S: 30 Octobre 1998
FILMOGRAPHIE: John Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974: Dark Star, 1976: Assaut, 1978: Halloween, la nuit des masques, 1980: Fog, 1981: New York 1997, 1982: The Thing, 1983: Christine, 1984: Starman, 1986: Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, 1987: Prince des ténèbres, 1988: Invasion Los Angeles, 1992: Les Aventures d'un homme invisible, 1995: L'Antre de la folie, 1995: Le Village des damnés, 1996: Los Angeles 2013, 1998: Vampires, 2001: Ghosts of Mars, 2010: The Ward
En 1998, John Carpenter s'est entrepris de dépoussiérer la mythologie du vampire avec Vampires. Un western horrifico-gothique où James Woods et ses mercenaires passent à l'offensive auprès des goules du maître Valek ! Et de nous pondre comme de coutume chez le maître de l'horreur une série B fougueuse au design probant (scope à l'appui !), si bien que les créatures de la nuit s'affublent d'un splendide charisme néo-gothique à travers leur défroque séculaire ! Jack Crow, chasseur de vampires des temps modernes, exerce pour le compte du Vatican. Avec ses acolytes, il réussit de nouveau à débusquer un nid de goules dans une bâtisse abandonnée, mais leur maître Valek réussit à prendre la fuite. Le vampire décide alors de se venger en décimant la quasi totalité de l'équipe de Jack. Avec l'aide de son compagnon Montoya, du prêtre Adam Guiteau et de Katrina, une prostituée infectée, Jack décide de livrer une guerre sans merci contre Valek et ses sbires, et par la même occasion retrouver une croix intangible avant que le Mal n'y domine le monde.
Photo saturée flamboyante, scénographie aride auprès d'une campagne solaire et mise en scène au cordeau d'un Carpenter en pleine possession de ses moyens, Vampires demeure une nouvelle odyssée virile dans le cadre du western horrifique. Ainsi donc, sous l'impulsion d'un casting 3 étoiles, chaque personnage belliqueux explose l'écran à travers leur caractère aussi bien preux que pugnace. Tant auprès de l'opiniâtre Jack Crow (James Woods magistral de machisme primaire en anti-héros intraitable !) et ses recrues, ou de Valek, maître des vampires épaulé de goules exhumées des profondeurs terrestres. Par le truchement d'un scénario aussi simple qu'astucieux érigé sous la hiérarchie d'un catholicisme véreux, privilégiant ainsi nos créatures d'accéder à une ultime victoire afin de vaincre la lumière solaire, John Carpenter renouvelle l'iconographie du vampire avec lyrisme crépusculaire. Les codes du genre s'avérant habilement détournés afin de redorer un sang neuf au folklore dans une facture somme toute vintage, pour ne pas dire assez médiéval (notamment auprès du repère des moines et d'autres goules). Situés dans l'Ouest américain, les refuges sporadiques de cabanons, motel et monastère instillent une aura angoissante sous jacente lorsque les créatures démoniaques s'y planquent dans les recoins les plus ténébreux en guise de repos. Quant aux chasseurs de vampires au look de cow-boy à lunettes noires, ils s'affublent d'arbalètes, fusils à pompe, haches et pieux affûtés sous la mainmise de leur leader au langage trivial (Carpenter ne lésinant pas sur les répliques cocasses pour détendre l'atmosphère). Quand bien même nos créatures mégalos accoutrées de soutane noires s'apparentent à des ouailles sataniques assoiffés de sang !
Au-delà de tout cet aspect musclé, John Carpenter n'oublie pas pour autant de véhiculer une charge érotique de par la superbe apparition de la jeune Katrina, (Sheryl Lee, divine de beauté ardente, notamment lors de ses désirs incontrôlés émanant d'un lien télékinésique !). Prostituée infectée irrésistiblement transie d'extase lorsque la morsure charnelle du maître Valek y pénètre sa chair. A travers la sensualité extatique de cette victime en tacite jouissance, la situation éculée peut ainsi renaître de ces cendres afin de réinterpréter de façon somme toute ensorcelante une poésie macabre résolument trouble ! En prime, dans une mesure subsidiaire, une romance assez touchante est illustrée entre elle et Montaya, tous deux secrètement amoureux Spoil ! mais finalement contraints de s'exiler durant deux jours afin de profiter de leur ultime romance fin du Spoil. Conjuguant donc avec fluidité les scènes terrifiantes et homériques pour contrecarrer les forces du Mal et s'emparer de la croix de Bezier, John Carpenter multiplie les péripéties au fil narratif (le prologue explosif dans le cabanon, le massacre dans le motel et celui du monastère, les altercations successives dans l'ascenseur). Tout en y alliant suspense lattent et revirement (l'appréhension dans les galeries souterraines, la liturgie finale et les véritables motivations du Vatican) afin de transcender une série B photogénique où prime réalisme et efficacité. A l'image funeste de l'exhumation des maîtres s'extirpant l'un après l'autre des entrailles de la terre sous un crépuscule ocre !
Bruno
25.02.19. 4èx
13.09.12. (109)
13.09.12. (109)
jeudi 21 février 2019
Mid90'S
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Jonah Hill. 2018. U.S.A. 1h25. Avec Sunny Suljic, Lucas Hedges, Katherine Waterston, Gio Galicia.
Sortie salles France: 24 Avril 2019. U.S: 26 Octobre 2018
FILMOGRAPHIE: Jonah Hill Feldstein (né le 20 décembre 1983) est un acteur, réalisateur, producteur, scénariste et comédien américain.
Le Pitch: Dans le Los Angeles des années 90, Stevie, 13 ans, a du mal à trouver sa place entre sa mère souvent absente et un grand frère caractériel. Quand une bande de skateurs le prend sous son aile, il se prépare à passer l’été de sa vie…
Clairement influencé par Kids de Larry Clark, Mid90'S est une poignante chronique ado de la "génération 90" sous l'impulsion d'une exaltante BO rock symptomatique de son époque. Réalisé par l'acteur Jonah Hill, cette première oeuvre indépendante à la fois attachante et vibrante d'humanité dépeint la quotidienneté de skateurs livrés à l'abandon parental et à la drogue. A noter que le film (souffrant un peu de la comparaison avec Kids selon moi) fut tourné en 4/3 et en 16 mm afin de saturer son réalisme urbain épaulé de la force d'expression des comédiens méconnus.
de Jonah Hill. 2018. U.S.A. 1h25. Avec Sunny Suljic, Lucas Hedges, Katherine Waterston, Gio Galicia.
Sortie salles France: 24 Avril 2019. U.S: 26 Octobre 2018
FILMOGRAPHIE: Jonah Hill Feldstein (né le 20 décembre 1983) est un acteur, réalisateur, producteur, scénariste et comédien américain.
Le Pitch: Dans le Los Angeles des années 90, Stevie, 13 ans, a du mal à trouver sa place entre sa mère souvent absente et un grand frère caractériel. Quand une bande de skateurs le prend sous son aile, il se prépare à passer l’été de sa vie…
Clairement influencé par Kids de Larry Clark, Mid90'S est une poignante chronique ado de la "génération 90" sous l'impulsion d'une exaltante BO rock symptomatique de son époque. Réalisé par l'acteur Jonah Hill, cette première oeuvre indépendante à la fois attachante et vibrante d'humanité dépeint la quotidienneté de skateurs livrés à l'abandon parental et à la drogue. A noter que le film (souffrant un peu de la comparaison avec Kids selon moi) fut tourné en 4/3 et en 16 mm afin de saturer son réalisme urbain épaulé de la force d'expression des comédiens méconnus.
mercredi 20 février 2019
Girl. Caméra d'or / Prix FIPRESCI / Queer Palm
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
de Lukas Dhont. 2018. Belgique/Pays-Bas. 1h46. Avec Victor Polster, Arieh Worthalter, Oliver Bodart, Katelijne Damen, Valentijn Dhaenens, Tijmen Govaerts.
Sortie salles France: 10 Octobre 2018. Belgique: 17 Octobre 2018
FILMOGRAPHIE: Lukas Dhont, est un réalisateur et scénariste belge, né en 1991. 2018: Girl.
Sublime portrait de danseuse étoile meurtrie par sa condition androgyne, Girl est un moment de cinéma touché par la grâce, tant et si bien que pour son premier long, le réalisateur belge Lukas Dhont nous signe un véritable coup de maître. Illuminé par la présence filiforme de Victor Polester (récompensée d'un Prix d'interprétation à Cannes et en Belgique), d'une fragilité et d'une sensibilité à fleur de peau, Girl s'avère d'une acuité émotionnelle dérangeante de par l'ultra vérisme que Victor Polester s'impose lors d'un parti-pris documenté. Et donc à travers sa mise en scène naturaliste filmant les corps (parfois mis à nu) et les pores des personnages avec pudeur sensorielle, Girl touche à l'âme et au coeur de par sa faculté à nous fondre dans la peau de Lara empressée d'y changer de sexe afin d'asseoir sa féminité. Car jeune danseuse étoile âgée de 16 ans, elle s'efforcera de parfaire sa passion en y martyrisant son corps chétif puisque tour à tour victime de diligence, de malnutrition, de mal-être identitaire et d'humiliation communautaire.
Ainsi donc, en éludant toute forme de voyeurisme et de complaisance auprès d'un sujet aussi bien tabou qu'ardu, Lukas Dhondt nous fait pénétrer dans l'intimité morale de Lara avec un hyper réalisme résolument trouble. Si bien que le spectateur en perte de repère car désorienté par la frontière entre fiction et réalité semble lui aussi blessé et contrarié par la dépression progressive de Lara à travers l'intimité de ses états d'âme faute de sa condition apatride. Notamment dans la mesure où rarement une jeune actrice néophyte n'eut autant parvenu à exprimer face caméra ses sentiments introvertis à l'aide d'une vigueur de jeu plus vrai que nature. Outre le magnétisme de son interprétation habitée, Girl est notamment rehaussé d'une présence paternelle hyper spontanée qu'Arieh Worthalter retransmet à l'écran avec une force d'expression noble eu égard de son amour protecteur pour sa fille en phase chrysalide. A eux deux ils forment dans une trouble impression de sentiment vérité une symbiose parentale parfois houleuse mais toujours transcendée d'un amour commun irrépressible auprès de leurs valeurs révérencieuses.
Plongée en apnée dans la psyché esseulée d'une androgyne à la sensibilité morale bouleversante, Girl nous saisit d'émotions jamais programmées. Entre brutalité et candeur de sentiments contradictoires qu'on nous illustre ici sans fioriture à travers les thèmes de la différence, du respect de soi, de l'éveil sexuel et de la beauté corporelle radiographiée ici du point de vue d'une ado hybride en proie au dolorisme afin de fuir sa condition transgenre. De par la précision chirurgicale de sa réalisation naturaliste émane une oeuvre écorchée vive pour autant humble et lumineuse puisque portée par l'inoubliable fragilité de Victor Polester transperçant l'écran parmi l'intensité de son regard virginal.
*Bruno
Box Office France: 352 663 entrées
Récompenses:
Festival de cinéma européen des Arcs 2017 : prix Lab d'Eurimages (Work in Progresss).
Festival de Cannes 2018:
Caméra d'or.
Prix FIPRESCI de la section Un certain regard.
Prix d'interprétation de la section Un certain regard pour Victor Polster.
Queer Palm.
Festival international du film de Saint-Sébastien 2018 : prix du public du meilleur film européen.
Festival du film de Londres 2018 : prix du meilleur premier film.
31e cérémonie des prix du cinéma européen : Discovery of the Year - Prix FIPRESCI.
Magritte 2019:
Magritte du meilleur film flamand.
Magritte du meilleur scénario original ou adaptation pour Lukas Dhont et Angelo Tijssens.
Magritte du meilleur acteur pour Victor Polster.
Magritte du meilleur acteur dans un second rôle pour Arieh Worthalter.
24e cérémonie des prix Lumières : Prix Lumières du meilleur film francophone
de Lukas Dhont. 2018. Belgique/Pays-Bas. 1h46. Avec Victor Polster, Arieh Worthalter, Oliver Bodart, Katelijne Damen, Valentijn Dhaenens, Tijmen Govaerts.
Sortie salles France: 10 Octobre 2018. Belgique: 17 Octobre 2018
FILMOGRAPHIE: Lukas Dhont, est un réalisateur et scénariste belge, né en 1991. 2018: Girl.
Sublime portrait de danseuse étoile meurtrie par sa condition androgyne, Girl est un moment de cinéma touché par la grâce, tant et si bien que pour son premier long, le réalisateur belge Lukas Dhont nous signe un véritable coup de maître. Illuminé par la présence filiforme de Victor Polester (récompensée d'un Prix d'interprétation à Cannes et en Belgique), d'une fragilité et d'une sensibilité à fleur de peau, Girl s'avère d'une acuité émotionnelle dérangeante de par l'ultra vérisme que Victor Polester s'impose lors d'un parti-pris documenté. Et donc à travers sa mise en scène naturaliste filmant les corps (parfois mis à nu) et les pores des personnages avec pudeur sensorielle, Girl touche à l'âme et au coeur de par sa faculté à nous fondre dans la peau de Lara empressée d'y changer de sexe afin d'asseoir sa féminité. Car jeune danseuse étoile âgée de 16 ans, elle s'efforcera de parfaire sa passion en y martyrisant son corps chétif puisque tour à tour victime de diligence, de malnutrition, de mal-être identitaire et d'humiliation communautaire.
Ainsi donc, en éludant toute forme de voyeurisme et de complaisance auprès d'un sujet aussi bien tabou qu'ardu, Lukas Dhondt nous fait pénétrer dans l'intimité morale de Lara avec un hyper réalisme résolument trouble. Si bien que le spectateur en perte de repère car désorienté par la frontière entre fiction et réalité semble lui aussi blessé et contrarié par la dépression progressive de Lara à travers l'intimité de ses états d'âme faute de sa condition apatride. Notamment dans la mesure où rarement une jeune actrice néophyte n'eut autant parvenu à exprimer face caméra ses sentiments introvertis à l'aide d'une vigueur de jeu plus vrai que nature. Outre le magnétisme de son interprétation habitée, Girl est notamment rehaussé d'une présence paternelle hyper spontanée qu'Arieh Worthalter retransmet à l'écran avec une force d'expression noble eu égard de son amour protecteur pour sa fille en phase chrysalide. A eux deux ils forment dans une trouble impression de sentiment vérité une symbiose parentale parfois houleuse mais toujours transcendée d'un amour commun irrépressible auprès de leurs valeurs révérencieuses.
Plongée en apnée dans la psyché esseulée d'une androgyne à la sensibilité morale bouleversante, Girl nous saisit d'émotions jamais programmées. Entre brutalité et candeur de sentiments contradictoires qu'on nous illustre ici sans fioriture à travers les thèmes de la différence, du respect de soi, de l'éveil sexuel et de la beauté corporelle radiographiée ici du point de vue d'une ado hybride en proie au dolorisme afin de fuir sa condition transgenre. De par la précision chirurgicale de sa réalisation naturaliste émane une oeuvre écorchée vive pour autant humble et lumineuse puisque portée par l'inoubliable fragilité de Victor Polester transperçant l'écran parmi l'intensité de son regard virginal.
*Bruno
Box Office France: 352 663 entrées
Récompenses:
Festival de cinéma européen des Arcs 2017 : prix Lab d'Eurimages (Work in Progresss).
Festival de Cannes 2018:
Caméra d'or.
Prix FIPRESCI de la section Un certain regard.
Prix d'interprétation de la section Un certain regard pour Victor Polster.
Queer Palm.
Festival international du film de Saint-Sébastien 2018 : prix du public du meilleur film européen.
Festival du film de Londres 2018 : prix du meilleur premier film.
31e cérémonie des prix du cinéma européen : Discovery of the Year - Prix FIPRESCI.
Magritte 2019:
Magritte du meilleur film flamand.
Magritte du meilleur scénario original ou adaptation pour Lukas Dhont et Angelo Tijssens.
Magritte du meilleur acteur pour Victor Polster.
Magritte du meilleur acteur dans un second rôle pour Arieh Worthalter.
24e cérémonie des prix Lumières : Prix Lumières du meilleur film francophone
mardi 19 février 2019
L'Internat
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
"Boarding School" de Boaz Yakin. 2018. U.S.A. 1h52. Avec Luke Prael, Sterling Jerins, Will Patton, Samantha Mathis, David Aaron Baker, Michael Wikes, Barbara Kingsley.
Sortie Dvd France: 18 Février 2019. Salles U.S: 31 Août 2018
FILMOGRAPHIE: Boaz Yakin est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 20 juin 1966 à New York. 1994 : Fresh. 1998 : Sonia Horowitz, l'insoumise. 2000: Le Plus Beau des combats. 2003: Filles de bonne famille. 2008: Death in Love. 2012: Safe. 2015: Max. 2018: L'Internat.
Honteusement inédit en salles chez nous si j'ose dire, même si je peux toutefois comprendre la frilosité des distributeurs face à une oeuvre indépendante aussi diaphane que perverse, L'Internat est une pépite horrifique comme on en produit si peu dans le cinéma mainstream. Sujet à de terrifiants cauchemars nocturnes depuis la mort de sa grand-mère, et découvert un soir par son beau-père dans une tenue féminine, Jacob est aussitôt envoyé dans un internat. Peu rassuré à l'idée d'apprivoiser sa nouvelle école, il tente néanmoins de se réconforter auprès de ses nouveaux camarades ayant comme point commun des troubles pathologiques. Mais au fil des cours dictés par un enseignant psycho-rigide, Jacob et sa nouvelle amie Christine suspectent l'effigie de l'internat au moment même d'y opérer une surprenante découverte identitaire. Formellement sublime (je pèse mes mots !) si bien que l'ombre d'Argento et de Bava se télescopent à travers un stylisme baroque, l'Internat enivre les mirettes dans un gothisme gracile à damner un saint ! Tant et si bien que l'on serait tenté à moult reprises de cliquer sur la touche "retour rapide" afin de mieux en savourer ses cadres les plus flamboyants (le jeu harmonieux des lumières est juste mémorable au point d'y faire pâlir de jalousie les maestro susnommés !). Mais au-delà de sa fulgurance picturale d'une beauté aussi ténue que ténébreuse, l'Internat déroute notre façon d'aborder le genre lorsque le réalisateur prend malin plaisir à jouer avec les codes pour mieux égarer nos repères.
Car efficacement intriguant, ombrageux, psychanalytique et inquiétant à la fois, la narration volontairement démanchée dégage un irrésistible pouvoir de fascination. Dans la mesure où le spectateur scrupuleux d'y dénicher le moindre indice suit cette trame avec un intérêt mêlé de curiosité, d'incompréhension et d'appréhension. Le réalisateur se réservant notamment de distiller lors de son premier acte la moindre effusion de sang en privilégiant le suspense latent intensifié de la caractérisation équivoque des jeunes internes. Particulièrement l'introverti Jacob souffrant d'un complexe identitaire (interprétation habitée de Luke Prael dans sa pâleur magnétique) mais peu à peu timidement épris d'amitié avec l'étrange et provocatrice Christine littéralement décomplexée dans son franc-parler (Sterling Jerins s'avérant étonnamment spontanée à travers la maturité de ses sentiments !). A partir du moment ou ceux-ci se livrent à un vénéneux jeu de séduction tantôt morbide en jouant les investigateurs insolents, L'Internat adopte une tournure autrement délétère que le spectateur ne peut anticiper à travers sa narration sinueuse émaillée de visions cauchemardesques (l'ombre du nazisme planant sur les épaules de Jacob à travers le fantôme de sa grand-mère traumatisée par la Shoa). Et donc autour des thèmes de la différence, de l'identité et surtout de l'eugénisme, Boaz Yakin finit par nous broder en second acte un délire giallesque complètement vrillé en y opposant brutalement l'innocence des enfants (d'une étonnante capacité de réflexion pour nos 2 héros mentionnés plus haut) avec le monde beaucoup plus sournois et perfide des adultes impérieux.
Nanti d'un climat d'étrangeté et de mystère toujours plus palpable avant de céder à l'explosion de violences criminelles, l'Internat aborde le cinéma d'horreur sous le pilier d'un épineux drame psychologique du point de vue initiatique d'un ado complexé confronté à la perversité humaine. Tant auprès d'une trouble innocence galvaudée que du côté du nazisme ayant laissé comme héritage l'eugénisme le plus immoral. Onirique dans ses allures de conte où même la féerie s'y instille par moments (les fameux collages d'étoiles de Phil sur le mur), intense, dur et trouble, principalement auprès de son schéma narratif reptilien que l'on peut potentiellement considérer parfois décousu, l'Internat resplendit d'originalité couillue sous la lumière une formalité baroque infiniment ensorcelante. Autant avouer que les fans d'Argento et de Bava y seront étonnamment comblés à travers sa gangue inusité d'horreur adulte !
*Bruno
"Boarding School" de Boaz Yakin. 2018. U.S.A. 1h52. Avec Luke Prael, Sterling Jerins, Will Patton, Samantha Mathis, David Aaron Baker, Michael Wikes, Barbara Kingsley.
Sortie Dvd France: 18 Février 2019. Salles U.S: 31 Août 2018
FILMOGRAPHIE: Boaz Yakin est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 20 juin 1966 à New York. 1994 : Fresh. 1998 : Sonia Horowitz, l'insoumise. 2000: Le Plus Beau des combats. 2003: Filles de bonne famille. 2008: Death in Love. 2012: Safe. 2015: Max. 2018: L'Internat.
Honteusement inédit en salles chez nous si j'ose dire, même si je peux toutefois comprendre la frilosité des distributeurs face à une oeuvre indépendante aussi diaphane que perverse, L'Internat est une pépite horrifique comme on en produit si peu dans le cinéma mainstream. Sujet à de terrifiants cauchemars nocturnes depuis la mort de sa grand-mère, et découvert un soir par son beau-père dans une tenue féminine, Jacob est aussitôt envoyé dans un internat. Peu rassuré à l'idée d'apprivoiser sa nouvelle école, il tente néanmoins de se réconforter auprès de ses nouveaux camarades ayant comme point commun des troubles pathologiques. Mais au fil des cours dictés par un enseignant psycho-rigide, Jacob et sa nouvelle amie Christine suspectent l'effigie de l'internat au moment même d'y opérer une surprenante découverte identitaire. Formellement sublime (je pèse mes mots !) si bien que l'ombre d'Argento et de Bava se télescopent à travers un stylisme baroque, l'Internat enivre les mirettes dans un gothisme gracile à damner un saint ! Tant et si bien que l'on serait tenté à moult reprises de cliquer sur la touche "retour rapide" afin de mieux en savourer ses cadres les plus flamboyants (le jeu harmonieux des lumières est juste mémorable au point d'y faire pâlir de jalousie les maestro susnommés !). Mais au-delà de sa fulgurance picturale d'une beauté aussi ténue que ténébreuse, l'Internat déroute notre façon d'aborder le genre lorsque le réalisateur prend malin plaisir à jouer avec les codes pour mieux égarer nos repères.
Car efficacement intriguant, ombrageux, psychanalytique et inquiétant à la fois, la narration volontairement démanchée dégage un irrésistible pouvoir de fascination. Dans la mesure où le spectateur scrupuleux d'y dénicher le moindre indice suit cette trame avec un intérêt mêlé de curiosité, d'incompréhension et d'appréhension. Le réalisateur se réservant notamment de distiller lors de son premier acte la moindre effusion de sang en privilégiant le suspense latent intensifié de la caractérisation équivoque des jeunes internes. Particulièrement l'introverti Jacob souffrant d'un complexe identitaire (interprétation habitée de Luke Prael dans sa pâleur magnétique) mais peu à peu timidement épris d'amitié avec l'étrange et provocatrice Christine littéralement décomplexée dans son franc-parler (Sterling Jerins s'avérant étonnamment spontanée à travers la maturité de ses sentiments !). A partir du moment ou ceux-ci se livrent à un vénéneux jeu de séduction tantôt morbide en jouant les investigateurs insolents, L'Internat adopte une tournure autrement délétère que le spectateur ne peut anticiper à travers sa narration sinueuse émaillée de visions cauchemardesques (l'ombre du nazisme planant sur les épaules de Jacob à travers le fantôme de sa grand-mère traumatisée par la Shoa). Et donc autour des thèmes de la différence, de l'identité et surtout de l'eugénisme, Boaz Yakin finit par nous broder en second acte un délire giallesque complètement vrillé en y opposant brutalement l'innocence des enfants (d'une étonnante capacité de réflexion pour nos 2 héros mentionnés plus haut) avec le monde beaucoup plus sournois et perfide des adultes impérieux.
Nanti d'un climat d'étrangeté et de mystère toujours plus palpable avant de céder à l'explosion de violences criminelles, l'Internat aborde le cinéma d'horreur sous le pilier d'un épineux drame psychologique du point de vue initiatique d'un ado complexé confronté à la perversité humaine. Tant auprès d'une trouble innocence galvaudée que du côté du nazisme ayant laissé comme héritage l'eugénisme le plus immoral. Onirique dans ses allures de conte où même la féerie s'y instille par moments (les fameux collages d'étoiles de Phil sur le mur), intense, dur et trouble, principalement auprès de son schéma narratif reptilien que l'on peut potentiellement considérer parfois décousu, l'Internat resplendit d'originalité couillue sous la lumière une formalité baroque infiniment ensorcelante. Autant avouer que les fans d'Argento et de Bava y seront étonnamment comblés à travers sa gangue inusité d'horreur adulte !
*Bruno
vendredi 15 février 2019
Motel
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
"Vacancy" de Nimród Antal. 2007. 1h25. Avec Luke Wilson, Kate Beckinsale, Frank Whaley, Ethan Embry, Scott G. Anderson.
Sortie salles France: 1er Août 2007. U.S: 20 Avril 2007
FILMOGRAPHIE: Nimród Antal est un réalisateur hongro-américain né le 30 novembre 1973 à Los Angeles. 2003: Kontroll. 2007: Motel. 2009: Blindés. 2010: Predators. 2013: Through the Never. 2017: The Whiskey Bandit.
B movie idoine du samedi soir en bonne et due forme, Motel scande le suspense horrifique avec un art consommé de l'efficacité optimale. Si bien que pour un peu, on pourrait presque parler de petit modèle du genre tant le réalisateur s'y entend pour façonner une angoisse en crescendo à travers des situations de stress impeccablement charpentées ! Le pitch d'une grande simplicité nous dépeint donc la longue nuit de survie d'un jeune couple en discorde conjugale au sein de leur chambre d'un motel à la fois miteux et clairsemé. Jeu du chat et de la souris entre des meurtriers (spécialistes du "snuff movie") et leurs victimes en quête désemparée d'une main secourable, Motel exploite les clichés du genre avec une récurrente habileté. Notamment en y détournant quelques codes sous l'impulsion d'un humour noir caustique (les interventions fortuites du camionneur et du shérif se partageant l'ambiguïté identitaire avec tacite dérision). Baignant dans une splendide photo sépia éclairée de teintes chaudes, le film parvient d'entrée de jeu à nous immerger dans son huis-clos patibulaire et à nous attacher au couple sans défense sévèrement mis à mal avec l'angoisse du trépas. Les sbires criminels affublés de masques prenant malin plaisir à les ébranler lors d'un concours de tapage nocturne dissonant. A savoir provoquer émoi et désorientation auprès du couple en martelant les portes de leur chambre.
La bande-son à la fois limpide et stridente exacerbant à merveille ce sentiment oppressant de danger palpable pressenti derrière chaque porte et cloison. Ainsi donc, afin notamment d'y renouveler l'action dans des endroits plus exiguës, Nimród Antal exploite à moult reprises un mini tunnel que héros et criminels arpenteront lors de courses poursuites inévitablement suffocantes. Or, si Motel parvient aisément à nous immerger à travers son action affolante, il le doit notamment à la posture insidieuse des criminels infiniment pervers. Comme le souligne la découverte des films Vhs putassiers visionnés grâce au couple à travers leur TV 4/3. Brièvement, et donc en évitant la complaisance, Nimród Antal parvient à diluer malaise et haut le coeur à travers ses meurtres crapuleux perpétrés avec un goût prononcé pour le sadisme (souvent hors-champs). Ainsi donc, leur unique motivation sera de terroriser leurs victimes sous l'oeil du camescope et de caméras de surveillance, et ce avant de les trucider lâchement à l'arme blanche. En dépit du charisme terrifiant des meurtriers masqués soumis à leur leader intraitable (Frank Whaley se fond iconiquement dans la peau du diabolique tenancier avec ses larges lunettes obséquieuses), Motel ne serait pas aussi immersif sans l'empathie éprouvée pour le duo Luke Wilson / Kate Beckinsale (un ravissement pour les yeux !) tout à fait crédible en victimes à la fois éplorées et apeurées multipliant pour autant les risques les plus burnés si on excuse leur absence de discernement à alpaguer aussitôt une arme blanche pour s'y défendre.
En dépit d'un final légèrement convenu et moins convaincant lors de l'ultime confrontation entre le tueur et son ultime proie (quoique là encore le réal y détourne efficacement un cliché éculé), et d'un happy-end de rigueur, Motel s'avère une pépite de suspense hitchcockien. En y incluant notamment en seconde partie une action horrifique haletante couramment impressionnante. Une excellente surprise donc d'autant plus formellement stylisée si bien que rien n'est laissé au hasard au sein du cadre flamboyant de ce Motel de la mort.
*Bruno
2èx
"Vacancy" de Nimród Antal. 2007. 1h25. Avec Luke Wilson, Kate Beckinsale, Frank Whaley, Ethan Embry, Scott G. Anderson.
Sortie salles France: 1er Août 2007. U.S: 20 Avril 2007
FILMOGRAPHIE: Nimród Antal est un réalisateur hongro-américain né le 30 novembre 1973 à Los Angeles. 2003: Kontroll. 2007: Motel. 2009: Blindés. 2010: Predators. 2013: Through the Never. 2017: The Whiskey Bandit.
B movie idoine du samedi soir en bonne et due forme, Motel scande le suspense horrifique avec un art consommé de l'efficacité optimale. Si bien que pour un peu, on pourrait presque parler de petit modèle du genre tant le réalisateur s'y entend pour façonner une angoisse en crescendo à travers des situations de stress impeccablement charpentées ! Le pitch d'une grande simplicité nous dépeint donc la longue nuit de survie d'un jeune couple en discorde conjugale au sein de leur chambre d'un motel à la fois miteux et clairsemé. Jeu du chat et de la souris entre des meurtriers (spécialistes du "snuff movie") et leurs victimes en quête désemparée d'une main secourable, Motel exploite les clichés du genre avec une récurrente habileté. Notamment en y détournant quelques codes sous l'impulsion d'un humour noir caustique (les interventions fortuites du camionneur et du shérif se partageant l'ambiguïté identitaire avec tacite dérision). Baignant dans une splendide photo sépia éclairée de teintes chaudes, le film parvient d'entrée de jeu à nous immerger dans son huis-clos patibulaire et à nous attacher au couple sans défense sévèrement mis à mal avec l'angoisse du trépas. Les sbires criminels affublés de masques prenant malin plaisir à les ébranler lors d'un concours de tapage nocturne dissonant. A savoir provoquer émoi et désorientation auprès du couple en martelant les portes de leur chambre.
La bande-son à la fois limpide et stridente exacerbant à merveille ce sentiment oppressant de danger palpable pressenti derrière chaque porte et cloison. Ainsi donc, afin notamment d'y renouveler l'action dans des endroits plus exiguës, Nimród Antal exploite à moult reprises un mini tunnel que héros et criminels arpenteront lors de courses poursuites inévitablement suffocantes. Or, si Motel parvient aisément à nous immerger à travers son action affolante, il le doit notamment à la posture insidieuse des criminels infiniment pervers. Comme le souligne la découverte des films Vhs putassiers visionnés grâce au couple à travers leur TV 4/3. Brièvement, et donc en évitant la complaisance, Nimród Antal parvient à diluer malaise et haut le coeur à travers ses meurtres crapuleux perpétrés avec un goût prononcé pour le sadisme (souvent hors-champs). Ainsi donc, leur unique motivation sera de terroriser leurs victimes sous l'oeil du camescope et de caméras de surveillance, et ce avant de les trucider lâchement à l'arme blanche. En dépit du charisme terrifiant des meurtriers masqués soumis à leur leader intraitable (Frank Whaley se fond iconiquement dans la peau du diabolique tenancier avec ses larges lunettes obséquieuses), Motel ne serait pas aussi immersif sans l'empathie éprouvée pour le duo Luke Wilson / Kate Beckinsale (un ravissement pour les yeux !) tout à fait crédible en victimes à la fois éplorées et apeurées multipliant pour autant les risques les plus burnés si on excuse leur absence de discernement à alpaguer aussitôt une arme blanche pour s'y défendre.
En dépit d'un final légèrement convenu et moins convaincant lors de l'ultime confrontation entre le tueur et son ultime proie (quoique là encore le réal y détourne efficacement un cliché éculé), et d'un happy-end de rigueur, Motel s'avère une pépite de suspense hitchcockien. En y incluant notamment en seconde partie une action horrifique haletante couramment impressionnante. Une excellente surprise donc d'autant plus formellement stylisée si bien que rien n'est laissé au hasard au sein du cadre flamboyant de ce Motel de la mort.
*Bruno
2èx
jeudi 14 février 2019
Dark Touch. Narcisse du Meilleur Film, Neuchâtel 2013.
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
de Marina De Van. 2013. Irlande/France/Suède. 1h30. Avec Padraic Delaney, Robert Donnelly, Charlotte Flyvholm, Ella Hayes, Mark Huberman.
Sortie salles France: 19 Mars 2014 (Int - 12 ans avec avertissement)
FILMOGRAPHIE: Marina De Van est une réalisatrice, scénariste et écrivaine et actrice française, née le 13 Février 1971. 2002: Dans ma peau. 2009: Ne te retourne pas. 2012: Le Petit Poucet (télé-film). 2013: Dark Touch.
D'origine française, Marina De Van eut déjà prouvé avec ses deux premiers longs-métrages son goût prononcé pour les ambiances interlopes chargées de malaise diffus, et les introspections de personnages équivoques en quête identitaire. Avec Dark Touch, elle renouvelle sa faculté à communier angoisse et tourment en distillant un climat anxiogène constamment dérangeant sous l'allégeance d'une enfant douée de télékinésie. Après la mort inexpliquée de ses parents, Niahm, 11 ans, est hébergée chez de proches amis. Son comportement étrange inquiète sa nouvelle famille ainsi que leurs rejetons. Dans une demeure familiale adjacente, un nouveau massacre est perpétré ! La police commence à suspecter l'orpheline préalablement présente sur la scène du crime ! Evoquant aussi bien Carrie de De Palma que les Révoltés de l'an 2000 de Serrador, Dark Touch aborde sans concession les thèmes de la télékinésie et de l'enfant diabolique afin d'y établir un manifeste contre la maltraitance infantile. Visuellement raffiné, l'esthétisme de sa photo crépusculaire agrémentée d'éclairages laiteux nous plongent dans une ambiance d'étrangeté terriblement pessimiste. Ainsi donc, avec une trouble efficacité, Marina De Van renouvelle les clichés de l'horreur surnaturelle en préconisant avant tout une atmosphère ombrageuse à la fois ouateuse et capiteuse autour d'une énigme en suspens.
Les évènements accidentels et meurtriers se succédant de manière alarmiste par la cause de parents aussi incompétents qu'irascibles. Dominé par la jeune révélation Missy Keating (son 1er rôle à l'écran !), Dark Touch est littéralement envoûté par la pâleur de son regard candide auquel ses pouvoirs télékinésiques extériorisent une angoisse colérique incontrôlée. Du moins lors des premières manifestations si bien qu'ensuite Spoil ! délibérée à se venger de façon assumée fin du Spoil. L'aura occulte qu'elle parvient à insuffler, sa détresse meurtrie qu'elle nous retransmet avec une névralgie désespérée nous provoquent un désarroi à l'aura méphitique. Qui plus est, sans édulcorer sa trajectoire vindicative, Marina De Van va au contraire persister dans le nihilisme pour nous laisser dériver vers un abyme ténébreux sans échappatoire possible. Ainsi, si le film déstabilise autant en provoquant l'émoi, c'est auprès de la fragilité meurtrie de l'enfant martyr fustigé par la sauvagerie des adultes. Parmi la présence délétère (si sensitive) de Niahm, la réalisatrice nous décrit donc sa paranoïa progressive à y percevoir leur intolérable agressivité. Qu'ils soient sciemment tortionnaires ou tout simplement colériques, la moindre violence exprimée par le monde des adultes est ressentie chez Niahm comme un viol corporel. Et donc en traitant notamment du thème de la démission parentale auquel les géniteurs n'ont plus coutume de s'impliquer dans la pédagogie, Marina De Van met en exergue le rapport davantage conflictuel entre eux et l'enfant exprimant indépendamment leur opinion lors d'un contradictoire libre-arbitre.
Les Innocents
Sous prétexte d'une horreur surnaturelle résolument "dark", Marina De Van y transcende de sa personnalité engagée un drame psychologique aigu de par son climat de malaise oppressant et la dureté du thème dénonçant avec brutalité insolente la maltraitance infantile. La présence à la fois inquiétante et iconique des enfants meurtriers exacerbant un sentiment d'oppression étouffante auprès du spectateur témoin malgré lui d'une vendetta purificatrice pour la cause infantile. Grave, douloureux et dépressif sous le pilier du cauchemar éveillé, difficile d'en sortir indemne.
*Bruno
14.02.19.
03.10.13. (114 v)
Récompenses: Festival international du film fantastique de Neuchâtel 2013 : Prix H.R. Giger (Narcisse du meilleur film).
Mention Spéciale du Jury à Strasbourg, 2013
mardi 12 février 2019
Creed II
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
de Steven Caple Jr. 2018. U.S.A. 2h10. Avec Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Dolph Lundgren, Florian Munteanu, Tessa Thompson, Phylicia Rashād, Brigitte Nielsen
Sortie salles France: 9 Janvier 2019. U.S: 21 Novembre 2018.
FILMOGRAPHIE: Steven Caple Jr. est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain, né le 16 février 1988 (30 ans) à Cleveland. 2016: The Land. 2018: Creed 2.
Alors que je redoutais une redite poussive en dépit de ces têtes d'affiche tirant sur la corde nostalgique d'un temps révolu, quel fut mon immense stupeur de me retrouver face à une oeuvre infiniment fragile et sensible, principalement à travers son délicat thème de l'honneur familial. A savoir, les parents férus de réussite auprès de leur progéniture alors que ces derniers se démènent vaillamment à ne pas les décevoir. Car outre la beauté et la vigueur des combats sobrement réalisés avec un souci de réalisme que ne connurent Rocky 2, 3 et 4, car prioritairement spectaculaires dans leur parti-pris ludique, Creed II traite des rapports familiaux avec une pudeur souvent bouleversante. Tant auprès des conflits de trop longue haleine que traversent ici deux générations (ceux de Rocky avec son propre fils et ceux de Drago Jr auprès de sa mère que Brigitte Nielsen incarne avec une assez juste retenue) que de la novice paternité de Creed délibéré à cristalliser son cocon marital au moment de tenter de renaître sur le ring en combattant mâchoire serrée Viktor Drago.
Ainsi, on a beau connaître d'avance son schéma narratif archi prévisible (sorte de déclinaison plus mature de Rocky 2 et 4), Creed II parvient aisément à exister par lui même se dégageant ainsi de l'ombre du remake trivial. Et ce grâce à l'intégrité du cinéaste néophyte probablement épaulé de la doctrine infiniment chaleureuse de Sylvester Stallone (sa présence naturellement "sclérosée" m'a tiré des larmes à moult reprises de par l'intensité de son regard brumeux !) tant on retrouve dans cet opus inévitablement mélancolique toutes les composantes émotionnelles qui ont assis la notoriété de la saga Rocky. Steven Caple Jr. prenant son temps à travers sa réalisation léchée à observer l'évolution quotidienne de ses personnages rongés par la défaite et le désagrément sous l'impulsion d'une intensité dramatique aux antipodes des bons sentiments. Car émaillé de séquences magnifiques à travers l'intimité de Creed (en remise en question identitaire, notamment auprès de sa nouvelle fonction paternelle) et de Rocky (le coeur sur la main lorsqu'il se recueille sur les tombes de Paulie et d'Adrienne avant de coacher avec sa philosophie payante le jeune Creed assoiffé de désir de vaincre (non pas pour l'enjeu d'y venger son père mais pour son propre intérêt à regagner sa dignité de par la force de l'endurance), Creed II renouvelle l'épreuve de la boxe avec un digne souci du détail moral.
"Si on ne fait pas ce qu'on aime, on existe pas"
Oasis d'amour, de tendresse et d'émotions fortes (quel combat final éprouvant dans sa dramaturgie fébrile !) où chaque personnage livre leur coeur et leur âme face écran avec une implication sans fard (notamment auprès des méchants comme le souligne inopinément Viktor Drago subitement rongé de honte face au départ précipité de sa mère dans la tribune !), Creed II fait office de miracle inespéré. Où comme le suggère si bien la tagline de l'affiche française: "quand l'élève dépasse le maître". Dans la mesure où à mon sens subjectif cette suite transcende son perfectible modèle. Car si peu de séquelles ont approché le niveau des films qui les ont inspiré, Creed II renverse la donne pour y transcender son maître avec une intelligence beaucoup plus maîtrisée. Une oeuvre magnifique donc réussissant l'exploit d'y remodeler la passion des sentiments à travers les valeurs de l'honneur, de la bravoure, de l'amitié et de la famille en dépit d'un cheminement rebattu que les critiques snobinards n'auront pas manqué de discréditer si je me réfère aux plus médisants.
*Bruno
de Steven Caple Jr. 2018. U.S.A. 2h10. Avec Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Dolph Lundgren, Florian Munteanu, Tessa Thompson, Phylicia Rashād, Brigitte Nielsen
Sortie salles France: 9 Janvier 2019. U.S: 21 Novembre 2018.
FILMOGRAPHIE: Steven Caple Jr. est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain, né le 16 février 1988 (30 ans) à Cleveland. 2016: The Land. 2018: Creed 2.
Alors que je redoutais une redite poussive en dépit de ces têtes d'affiche tirant sur la corde nostalgique d'un temps révolu, quel fut mon immense stupeur de me retrouver face à une oeuvre infiniment fragile et sensible, principalement à travers son délicat thème de l'honneur familial. A savoir, les parents férus de réussite auprès de leur progéniture alors que ces derniers se démènent vaillamment à ne pas les décevoir. Car outre la beauté et la vigueur des combats sobrement réalisés avec un souci de réalisme que ne connurent Rocky 2, 3 et 4, car prioritairement spectaculaires dans leur parti-pris ludique, Creed II traite des rapports familiaux avec une pudeur souvent bouleversante. Tant auprès des conflits de trop longue haleine que traversent ici deux générations (ceux de Rocky avec son propre fils et ceux de Drago Jr auprès de sa mère que Brigitte Nielsen incarne avec une assez juste retenue) que de la novice paternité de Creed délibéré à cristalliser son cocon marital au moment de tenter de renaître sur le ring en combattant mâchoire serrée Viktor Drago.
Ainsi, on a beau connaître d'avance son schéma narratif archi prévisible (sorte de déclinaison plus mature de Rocky 2 et 4), Creed II parvient aisément à exister par lui même se dégageant ainsi de l'ombre du remake trivial. Et ce grâce à l'intégrité du cinéaste néophyte probablement épaulé de la doctrine infiniment chaleureuse de Sylvester Stallone (sa présence naturellement "sclérosée" m'a tiré des larmes à moult reprises de par l'intensité de son regard brumeux !) tant on retrouve dans cet opus inévitablement mélancolique toutes les composantes émotionnelles qui ont assis la notoriété de la saga Rocky. Steven Caple Jr. prenant son temps à travers sa réalisation léchée à observer l'évolution quotidienne de ses personnages rongés par la défaite et le désagrément sous l'impulsion d'une intensité dramatique aux antipodes des bons sentiments. Car émaillé de séquences magnifiques à travers l'intimité de Creed (en remise en question identitaire, notamment auprès de sa nouvelle fonction paternelle) et de Rocky (le coeur sur la main lorsqu'il se recueille sur les tombes de Paulie et d'Adrienne avant de coacher avec sa philosophie payante le jeune Creed assoiffé de désir de vaincre (non pas pour l'enjeu d'y venger son père mais pour son propre intérêt à regagner sa dignité de par la force de l'endurance), Creed II renouvelle l'épreuve de la boxe avec un digne souci du détail moral.
"Si on ne fait pas ce qu'on aime, on existe pas"
Oasis d'amour, de tendresse et d'émotions fortes (quel combat final éprouvant dans sa dramaturgie fébrile !) où chaque personnage livre leur coeur et leur âme face écran avec une implication sans fard (notamment auprès des méchants comme le souligne inopinément Viktor Drago subitement rongé de honte face au départ précipité de sa mère dans la tribune !), Creed II fait office de miracle inespéré. Où comme le suggère si bien la tagline de l'affiche française: "quand l'élève dépasse le maître". Dans la mesure où à mon sens subjectif cette suite transcende son perfectible modèle. Car si peu de séquelles ont approché le niveau des films qui les ont inspiré, Creed II renverse la donne pour y transcender son maître avec une intelligence beaucoup plus maîtrisée. Une oeuvre magnifique donc réussissant l'exploit d'y remodeler la passion des sentiments à travers les valeurs de l'honneur, de la bravoure, de l'amitié et de la famille en dépit d'un cheminement rebattu que les critiques snobinards n'auront pas manqué de discréditer si je me réfère aux plus médisants.
*Bruno
lundi 11 février 2019
Frissons
Photo empruntée sur Google, appartenant au site films.cultes.free.fr
Shivers / Parasite Murders / They Came from Within de David Cronenberg. 1975. Canada. 1h28. Avec Paul Hampton, Joe Silver, Lynn Lowry, Allan Kolman, Susan Petrie, Barbara Steele, Ronald Mlodzik, Barry Baldaro, Camil Ducharme, Hanka Posnanska, Wally Martin.
Sortie salles France: 4 Août 1976. U.S: 6 Juillet 1976. Canada: 10 Octobre 1975
FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage,1979 : Fast Company, 1979 : Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone, 1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants,1991 : Le Festin nu, 1993 : M. Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method. 2012: Cosmopolis.
La maladie, c'est l'amour partagé de deux corps étrangers
David Cronenberg
L'homme est un animal qui pense trop. Un animal qui a perdu le contact avec son corps et ses instincts. L'être humain est au fond un animal qui s'englue dans ses pensées, une créature vraiment trop rationnelle perdue dans son intellect au détriment de son corps et de son instinct. L'homme est trop cérébral et pas assez viscéral. Pour y remédier, créons un parasite. C'est à dire un combiné entre un dérivé d'aphrodisiaque et une maladie vénérienne qui pourrait transformer le monde en une magnifique et démentielle orgie. Une belle et insouciante orgie !
Extraits de Frissons
Premier succès commercial de David Cronenberg et premier long-métrage professionnel pour sa troisième réalisation, Frissons demeure une expérience jusqu'au-boutiste, un cauchemar lubrique s'infiltrant dans le corps et l'intellect de manière résolument viscérale ! Au coeur d'un immeuble, leurs propriétaires sont tour à tour contaminés par un étrange parasite ayant la faculté de les rendre nymphomanes. Un médecin assiste impuissant à l'épidémie endémique. Attention, film choc à ne pas mettre devant tous les yeux ! Si bien que ceux n'ayant jamais eu l'aubaine de le découvrir, Frissons constitue un électro-choc "orgasmique" dont il est difficile de sortir indemne. Car à partir d'un canevas incongru (pour substituer un rein, un professeur créé un parasite en combinant un dérivé d'aphrodisiaque et une maladie vénérienne afin de transfigurer le monde en une magnifique orgie !), Frissons nous achemine à une descente aux enfers suffocante au sein d'un huis-clos exigu.
Si bien que les exactions maladives commises dans les chambres, sous-sol et corridors de l'immeuble nous provoque un sentiment de claustration prégnant de par son atmosphère aussi irrespirable que licencieuse ! Ainsi donc, avec des moyens très réduits et des comédiens non professionnels (en dépit de la présence annexe de Barbara Steele), le néophyte David Cronenberg parvient à nous ébranler avec provocation en compilant une succession d'images cauchemardesques d'une redoutable intensité graphique. Qui plus est, la photo sépia amplifie le réalisme nauséeux émanant de ces incroyables effets gores supervisés par Joe Blasco, quand bien même la scénographie "formica" de l'immeuble estampillée seventie distille une étrange atmosphère de malaise indicible lorsque l'on y conjugue sexe et gore sous l'impulsion d'un score musical mélancolique ! Dans la mesure où son thème majeur évoque notre rapport à la fois intrinsèque et équivoque face au besoin sexuel. Alors que sous l'autorité d'un metteur en scène facétieux, son argument clairement impudent et couillu aurait pu virer à la pantalonnade semi-parodique. Mais grâce à l'intervention clinique du maître de l'horreur organique, ce cauchemar séminal interpelle, dérange, tétanise les mirettes de par son flot de situations horrifiques parfois scabreuses (les 2 bambins à moitié nu promenés en laisse tels des animaux de compagnie, la gamine embrassant de force un quinquagénaire ou encore le papy en étreinte avec sa propre petite fille !) si bien que de nos jours (conservateurs !) il serait assurément censuré, ou pire, banni de nos salles.
Et si l'ensemble paraît plutôt itératif, voir sans surprise et que l'interprétation manque d'aplomb, la réalisation modeste de Cronenberg s'avère suffisamment assidue, contemplative, expérimentale pour nous agrémenter efficacement des séquences d'agressions cinglantes de par leur impact émotionnellement trouble. D'autant plus qu'à travers un sentiment d'extrême urgence (le médecin peine à pouvoir enrayer l'orgie), nous suivons en temps réel cette propagation de maladie vénérienne auquel ses occupants sont inévitablement infectés par un parasite phallique. Et pour se glisser dans le corps étranger, cette forme de sangsue visqueuse s'infiltre (ou s'en extrait !) par voie buccale en produisant chez certains sujets des protubérances dans l'estomac. Passé l'inoculation, les victimes sont instinctivement éprises d'un désir sexuel si incontrôlé qu'elles sont parfois poussées à une folie meurtrière afin de propager leur maladie à autrui. Et donc, le sentiment d'impuissance octroyé au médecin afin de contrecarrer la contamination nous éprouve davantage quant à l'escalade de cette exubérance sexuelle culminant vers une conclusion anthologique (le piège se refermant dans une piscine) des plus glaçantes !
Un électro-choc crapoteux d'une intensité paraphile asphyxiante.
Réflexion sur l'altération de l'organisme, métaphore sur l'addiction sexuelle, voir notamment la dépendance aux drogues, Frissons provoque et malmène, trouble et désoriente dans sa manière viscérale de nous confronter à nos propres désirs sensuelles. La stimulation du corps et ces zones érogènes en quête d'activité lubrique nous suggérant ici que la perversité est innée en nous (cette énergie relative au désir de la chair nous contrôlant inconsciemment). A réserver à un public averti donc car l'oeuvre scabreuse douée d'une folle originalité garde intacte son pouvoir de fascination en communiant sexe et gore avec un réalisme clinique hyper malsain.
Ci-joint la critique de Florian Hellefty Goujon : http://films.cultes.free.fr/frissons.htm?fbclid=IwAR3pAMbjgM-aKzb0IroTz4RdudJexbe8LGxQcJGcWobRP4iiypV2HPemrOs
*Bruno
11.02.18. 7èx
09.08.12. (571 v)
(28.07.02)
La critique de Rage: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/02/rage-rabid.html
Shivers / Parasite Murders / They Came from Within de David Cronenberg. 1975. Canada. 1h28. Avec Paul Hampton, Joe Silver, Lynn Lowry, Allan Kolman, Susan Petrie, Barbara Steele, Ronald Mlodzik, Barry Baldaro, Camil Ducharme, Hanka Posnanska, Wally Martin.
Sortie salles France: 4 Août 1976. U.S: 6 Juillet 1976. Canada: 10 Octobre 1975
FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage,1979 : Fast Company, 1979 : Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone, 1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants,1991 : Le Festin nu, 1993 : M. Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method. 2012: Cosmopolis.
La maladie, c'est l'amour partagé de deux corps étrangers
David Cronenberg
L'homme est un animal qui pense trop. Un animal qui a perdu le contact avec son corps et ses instincts. L'être humain est au fond un animal qui s'englue dans ses pensées, une créature vraiment trop rationnelle perdue dans son intellect au détriment de son corps et de son instinct. L'homme est trop cérébral et pas assez viscéral. Pour y remédier, créons un parasite. C'est à dire un combiné entre un dérivé d'aphrodisiaque et une maladie vénérienne qui pourrait transformer le monde en une magnifique et démentielle orgie. Une belle et insouciante orgie !
Extraits de Frissons
Premier succès commercial de David Cronenberg et premier long-métrage professionnel pour sa troisième réalisation, Frissons demeure une expérience jusqu'au-boutiste, un cauchemar lubrique s'infiltrant dans le corps et l'intellect de manière résolument viscérale ! Au coeur d'un immeuble, leurs propriétaires sont tour à tour contaminés par un étrange parasite ayant la faculté de les rendre nymphomanes. Un médecin assiste impuissant à l'épidémie endémique. Attention, film choc à ne pas mettre devant tous les yeux ! Si bien que ceux n'ayant jamais eu l'aubaine de le découvrir, Frissons constitue un électro-choc "orgasmique" dont il est difficile de sortir indemne. Car à partir d'un canevas incongru (pour substituer un rein, un professeur créé un parasite en combinant un dérivé d'aphrodisiaque et une maladie vénérienne afin de transfigurer le monde en une magnifique orgie !), Frissons nous achemine à une descente aux enfers suffocante au sein d'un huis-clos exigu.
Si bien que les exactions maladives commises dans les chambres, sous-sol et corridors de l'immeuble nous provoque un sentiment de claustration prégnant de par son atmosphère aussi irrespirable que licencieuse ! Ainsi donc, avec des moyens très réduits et des comédiens non professionnels (en dépit de la présence annexe de Barbara Steele), le néophyte David Cronenberg parvient à nous ébranler avec provocation en compilant une succession d'images cauchemardesques d'une redoutable intensité graphique. Qui plus est, la photo sépia amplifie le réalisme nauséeux émanant de ces incroyables effets gores supervisés par Joe Blasco, quand bien même la scénographie "formica" de l'immeuble estampillée seventie distille une étrange atmosphère de malaise indicible lorsque l'on y conjugue sexe et gore sous l'impulsion d'un score musical mélancolique ! Dans la mesure où son thème majeur évoque notre rapport à la fois intrinsèque et équivoque face au besoin sexuel. Alors que sous l'autorité d'un metteur en scène facétieux, son argument clairement impudent et couillu aurait pu virer à la pantalonnade semi-parodique. Mais grâce à l'intervention clinique du maître de l'horreur organique, ce cauchemar séminal interpelle, dérange, tétanise les mirettes de par son flot de situations horrifiques parfois scabreuses (les 2 bambins à moitié nu promenés en laisse tels des animaux de compagnie, la gamine embrassant de force un quinquagénaire ou encore le papy en étreinte avec sa propre petite fille !) si bien que de nos jours (conservateurs !) il serait assurément censuré, ou pire, banni de nos salles.
Et si l'ensemble paraît plutôt itératif, voir sans surprise et que l'interprétation manque d'aplomb, la réalisation modeste de Cronenberg s'avère suffisamment assidue, contemplative, expérimentale pour nous agrémenter efficacement des séquences d'agressions cinglantes de par leur impact émotionnellement trouble. D'autant plus qu'à travers un sentiment d'extrême urgence (le médecin peine à pouvoir enrayer l'orgie), nous suivons en temps réel cette propagation de maladie vénérienne auquel ses occupants sont inévitablement infectés par un parasite phallique. Et pour se glisser dans le corps étranger, cette forme de sangsue visqueuse s'infiltre (ou s'en extrait !) par voie buccale en produisant chez certains sujets des protubérances dans l'estomac. Passé l'inoculation, les victimes sont instinctivement éprises d'un désir sexuel si incontrôlé qu'elles sont parfois poussées à une folie meurtrière afin de propager leur maladie à autrui. Et donc, le sentiment d'impuissance octroyé au médecin afin de contrecarrer la contamination nous éprouve davantage quant à l'escalade de cette exubérance sexuelle culminant vers une conclusion anthologique (le piège se refermant dans une piscine) des plus glaçantes !
Un électro-choc crapoteux d'une intensité paraphile asphyxiante.
Réflexion sur l'altération de l'organisme, métaphore sur l'addiction sexuelle, voir notamment la dépendance aux drogues, Frissons provoque et malmène, trouble et désoriente dans sa manière viscérale de nous confronter à nos propres désirs sensuelles. La stimulation du corps et ces zones érogènes en quête d'activité lubrique nous suggérant ici que la perversité est innée en nous (cette énergie relative au désir de la chair nous contrôlant inconsciemment). A réserver à un public averti donc car l'oeuvre scabreuse douée d'une folle originalité garde intacte son pouvoir de fascination en communiant sexe et gore avec un réalisme clinique hyper malsain.
Ci-joint la critique de Florian Hellefty Goujon : http://films.cultes.free.fr/frissons.htm?fbclid=IwAR3pAMbjgM-aKzb0IroTz4RdudJexbe8LGxQcJGcWobRP4iiypV2HPemrOs
*Bruno
11.02.18. 7èx
09.08.12. (571 v)
(28.07.02)
La critique de Rage: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/02/rage-rabid.html
vendredi 8 février 2019
Le Parfum de la Dame en noir / Il profumo della signora in nero
Photo empruntée sur Google, appartenant au site bradipofilms.blogspot.com
de Francesco Barilli. 1974. Italie. 1h43. Avec Nike Arrighi, Daniele Barnes, Gabriele Bentivoglio, Maurizio Bonuglia, Roberta Cadringher, Ugo Carboni, Sergio Forcina, Mimsy Farmer, Roberta Gadingher, Luigi Antonio Guerra,Jho Jhenkins.
Sortie salles Italie: 4 Avril 1974
FILMOGRAPHIE: Francesco Barilli est un acteur, réalisateur et scénariste italien, né à Parme en 1943 (Italie). Comme réalisateur: 1968 : Nardino sul Po, 1974 : Il Profumo della signora in nero, 1977 : Pensione paura, 1987 : Cinecittà 50, 1991 : Le Dimanche de préférence,1997 : Casa Barilli (vidéo),1998 : Erberto Carboni (vidéo),2000 : Giuseppe Verdi (vidéo), 2002 : Giorni da Leone (feuilleton TV), 2005 : Il Palazzo ducale e il Bertoja a Parma (vidéo). Comme scénariste: 1972 : Qui l'a vue mourir ? (Chi l'ha vista morire?), 1972 : Au pays de l'exorcisme, 1974 : Il Profumo della signora in nero, 1977 : Pensione paura, 2002 : Giorni da Leone (feuilleton TV)
Inédit en salles chez nous, Le parfum de la dame en noir (à ne point confondre avec le roman de Gaston Leroux) se décline en thriller fantastique à l'atmosphère atypique, quand bien même son double niveau de lecture émane d'un script sinueux, pour ne pas dire abscons. Une seconde vision est d'ailleurs à préconiser pour en saisir tous les tenants et aboutissants, notamment auprès des divers intervenants de l'immeuble. L'intrigue hermétique se ramifiant à l'instar d'un puzzle difficilement reconstituable. Autant donc prévenir les spectateurs reluquant pour autant avec attention cette bizarrerie névrotique avec en prime la frustration d'assister à un final imbitable. Ainsi donc, le méconnu Francesco Barilli (scénariste de l'étonnant Qui l'a vu mourir ?) nous illustre avec un souci esthétique plutôt pastel le cheminement aventureux de Sylvia à travers son huis-clos domestique. Climat obscur imperméable peuplé de fantômes et de non-dits, la demeure de Sylvia est l'objet de fantasmes du point de vue de celle-ci traumatisée par un passé familial. En résumé: A Rome, une chimiste, Silvia Hacherman, reste perturbée par un passé trouble et meurtrier perpétré durant son enfance. Si bien qu'un soir elle fut témoin des ébats amoureux de sa mère en compagnie de son amant avant l'acte brutal d'un meurtre commis à l'arme blanche. Un soir, en compagnie de son mari, elle fait la connaissance d'un africain spécialiste des pratiques occultes et du vaudou. Mais depuis une expérience mystique, Sylvia semble éprise de visions terrifiantes au moment où son passé refait subitement surface.
Thriller transalpin difficile à apprivoiser de prime abord de par ses situations nonsensiques et du profil torturée d'une fragile héroïne en mal d'amour et d'équilibre mental, Le parfum de la dame en noir s'imprègne d'un climat insolite subtilement sous-jacent. La narration volontiers schizo et riche d'éléments inquiétants jouant avec les visions hallucinées d'une héroïne à la psyché résolument tourmentée. C'est donc en compagnie de Sylvia et d'une fillette en robe blanche surgie de nulle part que le récit finira par évoluer afin d'y décrire ses hallucinations récursives semblables au fantasme le plus repoussant, notamment lorsqu'on y suggère le viol incestueux. A travers ses splendides décors polychromes, rehaussé d'un travail géométrique sur la lumière, sur la colorimétrie baroque et sur le souci du détail ornemental, le voyage introspectif de Sylvia demeure une fascinante plongée dans les dédales de ses réminiscences où s'entrecroisent probablement morts et vivants. Quand bien même son final transgressif, déroutant, car si gore et malsain, risque d'en déconcerter plus d'un dans son refus de clarifier l'énigme insoluble. Cauchemar ou réalité ? Folie schizophrène ou montée en puissance d'une paranoïa incontrôlée tissée par une secte anthropophage se nourrissant des âmes damnés ou désaxés ? A moins qu'il ne s'agisse tout simplement d'une ténébreuse allégorie sur le deuil familial insurmontable, faute d'avoir sombré dans une folie punitive. Elégante, filiforme, sensuelle, Mimsy Farmer esquisse sa présence chétive à travers l'intensité de son regard apeuré gagné par la dépression. L'actrice exprimant une force d'expression névralgique au fil de son cheminement tentaculaire davantage pernicieux, voir désespérément tragique.
Sylvia et les fantômes.
De par la densité de sa mise en scène chiadée à la merci d'un climat surréaliste convergeant à l'indicible cauchemar domestique (on peut d'ailleurs songer au Locataire de Polanski), le Parfum de la dame en noir confine au vertige de la schizophrénie sous l'impulsion de l'inoubliable score sensible de Nicolas Piovana. Porté par le talent timoré de son actrice ténue, cet ovni sibyllin mérite le détour à travers sa matière baroque à la croisée des genres. Et ce même si le psycho-thriller prime sous la mainmise d'un auteur alchimiste aussi bien audacieux que complexe. A découvrir.
*Bruno
16.02.11. (327 v)
08.02.19
Sortie salles Italie: 4 Avril 1974
FILMOGRAPHIE: Francesco Barilli est un acteur, réalisateur et scénariste italien, né à Parme en 1943 (Italie). Comme réalisateur: 1968 : Nardino sul Po, 1974 : Il Profumo della signora in nero, 1977 : Pensione paura, 1987 : Cinecittà 50, 1991 : Le Dimanche de préférence,1997 : Casa Barilli (vidéo),1998 : Erberto Carboni (vidéo),2000 : Giuseppe Verdi (vidéo), 2002 : Giorni da Leone (feuilleton TV), 2005 : Il Palazzo ducale e il Bertoja a Parma (vidéo). Comme scénariste: 1972 : Qui l'a vue mourir ? (Chi l'ha vista morire?), 1972 : Au pays de l'exorcisme, 1974 : Il Profumo della signora in nero, 1977 : Pensione paura, 2002 : Giorni da Leone (feuilleton TV)
Inédit en salles chez nous, Le parfum de la dame en noir (à ne point confondre avec le roman de Gaston Leroux) se décline en thriller fantastique à l'atmosphère atypique, quand bien même son double niveau de lecture émane d'un script sinueux, pour ne pas dire abscons. Une seconde vision est d'ailleurs à préconiser pour en saisir tous les tenants et aboutissants, notamment auprès des divers intervenants de l'immeuble. L'intrigue hermétique se ramifiant à l'instar d'un puzzle difficilement reconstituable. Autant donc prévenir les spectateurs reluquant pour autant avec attention cette bizarrerie névrotique avec en prime la frustration d'assister à un final imbitable. Ainsi donc, le méconnu Francesco Barilli (scénariste de l'étonnant Qui l'a vu mourir ?) nous illustre avec un souci esthétique plutôt pastel le cheminement aventureux de Sylvia à travers son huis-clos domestique. Climat obscur imperméable peuplé de fantômes et de non-dits, la demeure de Sylvia est l'objet de fantasmes du point de vue de celle-ci traumatisée par un passé familial. En résumé: A Rome, une chimiste, Silvia Hacherman, reste perturbée par un passé trouble et meurtrier perpétré durant son enfance. Si bien qu'un soir elle fut témoin des ébats amoureux de sa mère en compagnie de son amant avant l'acte brutal d'un meurtre commis à l'arme blanche. Un soir, en compagnie de son mari, elle fait la connaissance d'un africain spécialiste des pratiques occultes et du vaudou. Mais depuis une expérience mystique, Sylvia semble éprise de visions terrifiantes au moment où son passé refait subitement surface.
Thriller transalpin difficile à apprivoiser de prime abord de par ses situations nonsensiques et du profil torturée d'une fragile héroïne en mal d'amour et d'équilibre mental, Le parfum de la dame en noir s'imprègne d'un climat insolite subtilement sous-jacent. La narration volontiers schizo et riche d'éléments inquiétants jouant avec les visions hallucinées d'une héroïne à la psyché résolument tourmentée. C'est donc en compagnie de Sylvia et d'une fillette en robe blanche surgie de nulle part que le récit finira par évoluer afin d'y décrire ses hallucinations récursives semblables au fantasme le plus repoussant, notamment lorsqu'on y suggère le viol incestueux. A travers ses splendides décors polychromes, rehaussé d'un travail géométrique sur la lumière, sur la colorimétrie baroque et sur le souci du détail ornemental, le voyage introspectif de Sylvia demeure une fascinante plongée dans les dédales de ses réminiscences où s'entrecroisent probablement morts et vivants. Quand bien même son final transgressif, déroutant, car si gore et malsain, risque d'en déconcerter plus d'un dans son refus de clarifier l'énigme insoluble. Cauchemar ou réalité ? Folie schizophrène ou montée en puissance d'une paranoïa incontrôlée tissée par une secte anthropophage se nourrissant des âmes damnés ou désaxés ? A moins qu'il ne s'agisse tout simplement d'une ténébreuse allégorie sur le deuil familial insurmontable, faute d'avoir sombré dans une folie punitive. Elégante, filiforme, sensuelle, Mimsy Farmer esquisse sa présence chétive à travers l'intensité de son regard apeuré gagné par la dépression. L'actrice exprimant une force d'expression névralgique au fil de son cheminement tentaculaire davantage pernicieux, voir désespérément tragique.
Sylvia et les fantômes.
De par la densité de sa mise en scène chiadée à la merci d'un climat surréaliste convergeant à l'indicible cauchemar domestique (on peut d'ailleurs songer au Locataire de Polanski), le Parfum de la dame en noir confine au vertige de la schizophrénie sous l'impulsion de l'inoubliable score sensible de Nicolas Piovana. Porté par le talent timoré de son actrice ténue, cet ovni sibyllin mérite le détour à travers sa matière baroque à la croisée des genres. Et ce même si le psycho-thriller prime sous la mainmise d'un auteur alchimiste aussi bien audacieux que complexe. A découvrir.
*Bruno
16.02.11. (327 v)
08.02.19
17.01.24.
jeudi 7 février 2019
American Animals
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
de Bart Layton. 2019. U.S.A. 1h56. Avec Spencer Reinhard, Warren Lipka, Eric Borsuk, Evan Peters, Barry Keoghan, Blake Jenner, Jared Abrahamson, Udo Kier, Ann Dowd.
Sortie salles France: Prochainement. U.S: 14 Août 2018
FILMOGRAPHIE: Bart Layton est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2018: American Animals. 2012 The Imposter (Documentaire).
Tiré d'une histoire vraie, American Animals retrace la minutieuse stratégie de 4 jeunes braqueurs en herbe délibérés à dérober des livres de grande valeur au sein de la bibliothèque de leur université. Premier long-métrage de Bart Layton, spécialiste entre autre du documentaire, si bien qu'en alternance il fait intervenir les véritables commanditaires du braquage se livrant face caméra avec une intégrité gagnée de langueur, American Animals exploite les codes du film de braquage parmi l'originalité du docu vérité. Modestement efficace auprès des préparatifs du braquage et un chouilla audacieux d'y confondre fiction et réalité, relativement soigné à travers sa réalisation tantôt chiadée et bénéficiant d'un casting d'excellente facture (principalement les jeunes talents Evan Peters / Barry Keoghan d'une force d'expression toujours plus anxiogène), le récit manque pour autant de souffle passionnel à travers le profil de ces ados en mal de notoriété. Quand bien même leur condition de vie plutôt aisée n'aurait pu présager un revirement aussi frondeur. D'où la stupeur et l'incompréhension des témoins adultes du braquage (avec une fois encore de véritables intervenants du "fait-divers" !) plutôt rigoureux ou amers lors de leur confidence intime à tenter d'élucider les motivations de ces ados contestataires.
Et donc, s'il le récit s'avère agréable à suivre en dépit d'un démarrage un brin poussif, l'évolution dramatique de ces 4 utopistes pâtit d'un manque d'émotions et de passion marginales. Notamment lorsque ces derniers préalablement dépeints comme érudits et intelligents finissent par se tailler une carrure de pieds nickelés en enchaînant les bourdes avec une affres grandissante ! Ainsi donc, si Bart Layton souligne lestement en filigrane une diatribe contre la dictature de la société de consommation à travers la désillusion existentielle de ces ados d'autant plus dénués de soutien parental (les relations familiales entre eux s'avèrent quasi inexistantes durant toute l'intrigue), l'intensité dramatique qui y émane en dernier acte tombe plutôt à plat. Faute d'une trajectoire narrative progressivement bipolaire et d'une réalisation subitement démanchée, Bart Layton ne parvient pas véritablement à saisir l'émotion prise sur le vif des vrais coupables du braquage (se livrant face caméra), puis d'y cultiver l'empathie escomptée quant au sort et au dessein des braqueurs (ceux fictifs) en mal d'idéal.
Quoiqu'il advienne, American Animals est suffisamment bien mené, divertissant (avec des clins d'oeil entre autre à Reservoir Dogs) parfois tendu et solidement interprété pour se laisser malgré tout captiver par ce braquage caustique au dénouement (maladroitement) sentencieux.
*Bruno
de Bart Layton. 2019. U.S.A. 1h56. Avec Spencer Reinhard, Warren Lipka, Eric Borsuk, Evan Peters, Barry Keoghan, Blake Jenner, Jared Abrahamson, Udo Kier, Ann Dowd.
Sortie salles France: Prochainement. U.S: 14 Août 2018
FILMOGRAPHIE: Bart Layton est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2018: American Animals. 2012 The Imposter (Documentaire).
Tiré d'une histoire vraie, American Animals retrace la minutieuse stratégie de 4 jeunes braqueurs en herbe délibérés à dérober des livres de grande valeur au sein de la bibliothèque de leur université. Premier long-métrage de Bart Layton, spécialiste entre autre du documentaire, si bien qu'en alternance il fait intervenir les véritables commanditaires du braquage se livrant face caméra avec une intégrité gagnée de langueur, American Animals exploite les codes du film de braquage parmi l'originalité du docu vérité. Modestement efficace auprès des préparatifs du braquage et un chouilla audacieux d'y confondre fiction et réalité, relativement soigné à travers sa réalisation tantôt chiadée et bénéficiant d'un casting d'excellente facture (principalement les jeunes talents Evan Peters / Barry Keoghan d'une force d'expression toujours plus anxiogène), le récit manque pour autant de souffle passionnel à travers le profil de ces ados en mal de notoriété. Quand bien même leur condition de vie plutôt aisée n'aurait pu présager un revirement aussi frondeur. D'où la stupeur et l'incompréhension des témoins adultes du braquage (avec une fois encore de véritables intervenants du "fait-divers" !) plutôt rigoureux ou amers lors de leur confidence intime à tenter d'élucider les motivations de ces ados contestataires.
Et donc, s'il le récit s'avère agréable à suivre en dépit d'un démarrage un brin poussif, l'évolution dramatique de ces 4 utopistes pâtit d'un manque d'émotions et de passion marginales. Notamment lorsque ces derniers préalablement dépeints comme érudits et intelligents finissent par se tailler une carrure de pieds nickelés en enchaînant les bourdes avec une affres grandissante ! Ainsi donc, si Bart Layton souligne lestement en filigrane une diatribe contre la dictature de la société de consommation à travers la désillusion existentielle de ces ados d'autant plus dénués de soutien parental (les relations familiales entre eux s'avèrent quasi inexistantes durant toute l'intrigue), l'intensité dramatique qui y émane en dernier acte tombe plutôt à plat. Faute d'une trajectoire narrative progressivement bipolaire et d'une réalisation subitement démanchée, Bart Layton ne parvient pas véritablement à saisir l'émotion prise sur le vif des vrais coupables du braquage (se livrant face caméra), puis d'y cultiver l'empathie escomptée quant au sort et au dessein des braqueurs (ceux fictifs) en mal d'idéal.
Quoiqu'il advienne, American Animals est suffisamment bien mené, divertissant (avec des clins d'oeil entre autre à Reservoir Dogs) parfois tendu et solidement interprété pour se laisser malgré tout captiver par ce braquage caustique au dénouement (maladroitement) sentencieux.
*Bruno
mercredi 6 février 2019
Overlord
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
de Julius Avery. 2018. U.S.A. 1h50. Avec Iain De Caestecker, Mathilde Ollivier, Wyatt Russell, Pilou Asbæk, Bokeem Woodbine, Jacob Anderson.
Sortie salles France: 21 Novembre 2018 (Int - 16 ans). U.S: 9 Novembre 2018
FILMOGRAPHIE: Julius Avery est un réalisateur et scénariste américain. 2014: Son of a gun. 2018 Overlord. Prochainement: Flash Gordon.
Produit par J. J. Abrams et réalisé par le néophyte Julius Avery si bien qu'il s'agit de son second long (n'ayant pas pu découvrir plus tôt Son of a gun), Overlord est une pure déclaration d'amour au B movie horrifique comme il en pullulait lors des sacro-saintes années 80 ! Autant dire que pour ma part il s'agit tout simplement d'un miracle inespéré de la part d'une production aussi calibrée ! Imaginez donc dans une fulgurance visuelle magnifiquement crépusculaire une conjonction entre Inglorius Bastards et Evil-Dead et vous obtenez un cocktail vitriolé du Nazisploitation, à défaut du zombie movie suggéré à travers sa bande-annonce. Non pas que le trailer eut été fallacieux, mais de par la posture épileptique des créatures irascibles, fruits d'expériences scientifiques innommables (le labo de Frankenstein vaut d'ailleurs le détour visuel !), j'évoquerai plutôt le terme de "créature erratique" si bien que Julius Avery s'éloigne du mythe initial du zombie, notamment à travers leur refus de se nourrir de chair humaine. Qui plus est, à travers la photogénie inédite de ces créatures féroces univoquement vouées à détruire l'ennemi de la manière la plus primitive, on s'impressionne de la sobriété de leur gestuelle leur évitant ainsi le ridicule de pacotille auquel nombre de séries Z on pu sombrer chez nos voisins transalpins. En l'occurrence, et avec les moyens considérables, c'est tout l'inverse qui se produit si bien que l'on reste scotché par son design percutant, tant auprès des scènes d'action pétaradantes (quel défouloir décomplexé !) que des effets gores d'un numérique bluffant de persuasion.
Et donc, si Overlord s'avère aussi bien fun que jouissif au fil d'un cheminement toujours plus délétère, il le doit à son réalisme formel (à l'instar de son prologue anthologique, guérilla aérienne à la fois vertigineuse et cauchemardesque dans son furieux spectacle d'apocalypse !) et à son refus du comique de situation. Et ce même si l'aspect inévitablement débridé de moult séquences horrifiques nous provoquent un sourire de gosse émerveillé, de par l'effet de surprise intelligemment exploité que de la générosité du cinéaste d'une émouvante sincérité à éluder la gratuité ! Les scènes d'actions bellicistes ou gorasses servant l'intrigue de deux missions (dont l'une impromptue) qu'un groupe de soldats ricains tenteront de transcender lors d'une commune bravoure. Pour autant, Overlord a beau cumulé les situations éculées, freiner un chouilla l'action à mi-parcours (en s'attardant un peu trop sur la filature d'un soldat américain égaré à proximité du labo d'expérimentation), cumuler les réactions stupides de personnages stéréotypés tombant comme des mouches dans des pièges grossiers, on marche à fond dans l'héroïsme en herbe de ces missionnaires dénués de prétention. Ainsi donc, on s'étonne même d'y éprouver une certaine sympathie auprès des personnages les plus nobles ou pugnaces car faisant soit preuve de discernement (le jeune black redresseur de tort) ou d'appétence punitive (la jeune fille en initiation criminelle depuis la prise d'otage de son bambin, garçonnet étonnamment modéré à travers ses expressions innocentes).
Excellente bande-dessinée live que cette pochette surprise d'une facture visuelle à la fois magnétique et stylisée, et d'un réalisme débridé infiniment percutant, Overlord réussit l'incroyable alchimie de communier film de guerre et horreur hardgore dans un luxueux format de série B bisseuse digne des fleurons des années 80. Si bien que passé le générique de fin aussi inventif que classieux, on se laisserait facilement tenter à redécouvrir Ilsa, la louve des SS ou encore Le commando des Morts-vivants dans un domaine contrairement glauque et malsain.
*Bruno
de Julius Avery. 2018. U.S.A. 1h50. Avec Iain De Caestecker, Mathilde Ollivier, Wyatt Russell, Pilou Asbæk, Bokeem Woodbine, Jacob Anderson.
Sortie salles France: 21 Novembre 2018 (Int - 16 ans). U.S: 9 Novembre 2018
FILMOGRAPHIE: Julius Avery est un réalisateur et scénariste américain. 2014: Son of a gun. 2018 Overlord. Prochainement: Flash Gordon.
Produit par J. J. Abrams et réalisé par le néophyte Julius Avery si bien qu'il s'agit de son second long (n'ayant pas pu découvrir plus tôt Son of a gun), Overlord est une pure déclaration d'amour au B movie horrifique comme il en pullulait lors des sacro-saintes années 80 ! Autant dire que pour ma part il s'agit tout simplement d'un miracle inespéré de la part d'une production aussi calibrée ! Imaginez donc dans une fulgurance visuelle magnifiquement crépusculaire une conjonction entre Inglorius Bastards et Evil-Dead et vous obtenez un cocktail vitriolé du Nazisploitation, à défaut du zombie movie suggéré à travers sa bande-annonce. Non pas que le trailer eut été fallacieux, mais de par la posture épileptique des créatures irascibles, fruits d'expériences scientifiques innommables (le labo de Frankenstein vaut d'ailleurs le détour visuel !), j'évoquerai plutôt le terme de "créature erratique" si bien que Julius Avery s'éloigne du mythe initial du zombie, notamment à travers leur refus de se nourrir de chair humaine. Qui plus est, à travers la photogénie inédite de ces créatures féroces univoquement vouées à détruire l'ennemi de la manière la plus primitive, on s'impressionne de la sobriété de leur gestuelle leur évitant ainsi le ridicule de pacotille auquel nombre de séries Z on pu sombrer chez nos voisins transalpins. En l'occurrence, et avec les moyens considérables, c'est tout l'inverse qui se produit si bien que l'on reste scotché par son design percutant, tant auprès des scènes d'action pétaradantes (quel défouloir décomplexé !) que des effets gores d'un numérique bluffant de persuasion.
Et donc, si Overlord s'avère aussi bien fun que jouissif au fil d'un cheminement toujours plus délétère, il le doit à son réalisme formel (à l'instar de son prologue anthologique, guérilla aérienne à la fois vertigineuse et cauchemardesque dans son furieux spectacle d'apocalypse !) et à son refus du comique de situation. Et ce même si l'aspect inévitablement débridé de moult séquences horrifiques nous provoquent un sourire de gosse émerveillé, de par l'effet de surprise intelligemment exploité que de la générosité du cinéaste d'une émouvante sincérité à éluder la gratuité ! Les scènes d'actions bellicistes ou gorasses servant l'intrigue de deux missions (dont l'une impromptue) qu'un groupe de soldats ricains tenteront de transcender lors d'une commune bravoure. Pour autant, Overlord a beau cumulé les situations éculées, freiner un chouilla l'action à mi-parcours (en s'attardant un peu trop sur la filature d'un soldat américain égaré à proximité du labo d'expérimentation), cumuler les réactions stupides de personnages stéréotypés tombant comme des mouches dans des pièges grossiers, on marche à fond dans l'héroïsme en herbe de ces missionnaires dénués de prétention. Ainsi donc, on s'étonne même d'y éprouver une certaine sympathie auprès des personnages les plus nobles ou pugnaces car faisant soit preuve de discernement (le jeune black redresseur de tort) ou d'appétence punitive (la jeune fille en initiation criminelle depuis la prise d'otage de son bambin, garçonnet étonnamment modéré à travers ses expressions innocentes).
Excellente bande-dessinée live que cette pochette surprise d'une facture visuelle à la fois magnétique et stylisée, et d'un réalisme débridé infiniment percutant, Overlord réussit l'incroyable alchimie de communier film de guerre et horreur hardgore dans un luxueux format de série B bisseuse digne des fleurons des années 80. Si bien que passé le générique de fin aussi inventif que classieux, on se laisserait facilement tenter à redécouvrir Ilsa, la louve des SS ou encore Le commando des Morts-vivants dans un domaine contrairement glauque et malsain.
*Bruno
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