de Colm McCarthy. 2016. Angleterre/U.S.A. 1h51. Avec Gemma Arterton, Sennia Nanua, Glenn Close, Paddy Considine, Anamaria Marinca, Dominique Tipper.
Sortie salles Angleterre: 23 Septembre 2016
FILMOGRAPHIE: Colm McCarthy est un réalisateur et scénariste anglais né le 16 Février 1973 à Edinburgh. Scotland, UK. 2004: Baldy McBain (télé-film). 2010: Outcast. 2016: The Girl with All the Gifts.
Pitch: Dans un monde dystopique, les membres d’une base militaire tentent de contenir la menace d’humains affamés de chair. À la tête d’une petite classe d’enfants contaminés mais doués de conscience et de sensibilité, l’institutrice Miss Justineau s’efforce de les éduquer, de les humaniser, tandis que la froide docteur Caldwell ne songe qu’à les disséquer pour extraire un hypothétique vaccin. Mais l’assaut impromptu d’une horde d’infectés contraint quelques survivants - et le sujet Mélanie - à fuir la base et sillonner les ruines du centre urbain.
Récit d’anticipation horrifique inspiré de 28 jours et 28 semaines plus tard, The Girl With All the Gifts ravive un fantastique adulte et ambitieux qu’on ne croise plus guère dans un paysage horrifique trop balisé. McCarthy ancre son apocalypse dans une atmosphère de désolation hypnotique, et la ténuité de sa partition envoûtante distille une poésie entêtante, portée par une héroïne juvénile à la complexité troublante. Immersif par l’esthétisme blafard de son climat feutré, captivant par le périple fiévreux de ses protagonistes, le film renouvelle les codes du genre grâce à des rebondissements habiles : menace fongique inédite, contamination mutante, et nouvelle génération d’enfants, sauvages mais promis à une postérité peut-être plus juste.
On reste fasciné par la morphologie déroutante des infectés — hiératiques, statues de chair figées quand nul parfum humain ne les aguiche, puis soudain erratiques, animaux voraces à la moindre proie. Leur rictus carnassier, d’une émotion presque pathétique, imprime un charisme neuf à cette figure pourtant usée. Au-delà de quelques séquences d’angoisse magistrales (le soldat piégé dans l’épicerie), The Girl With All the Gifts privilégie l’étude caractérielle de ses figures morales — l’institutrice et la biologiste — sous le regard tendre et farouche d’une adolescente que Sennia Nanua habite avec une force dépouillée (prix d’interprétation féminine à Catalogne).
Sans jamais sombrer dans l’actionner bourrin où tant d’autres se sont perdus (hors ses vingt premières minutes échevelées), McCarthy retrouve un cinéma à l’ancienne : identitaire, intimiste, novateur, climatique — immergeant le spectateur dans une aventure humaine, pessimiste et pourtant vibrante de demi-teinte. À l’image de son épilogue, binaire et bipolaire jusqu’au vertige. Une œuvre marquante, sensible, et peut-être la plus originale jamais gravée sur la chair rebattue des infectés.
B-D