"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
mercredi 14 novembre 2018
Natty Gann. Prix du Meilleur espoir féminin pour Meredith Salenger, Young Artist Award.
"The Journey of Natty Gann" de Jeremy Kagan. 1985. U.S.A. 1h42. Avec Meredith Salenger, John Cusack, Ray Wise, Lainie Kazan, Scatman Crothers, Verna Bloom, Barry Miller.
Sortie salles France: 5 Février 1986. U.S: 27 Septembre 1985
FILMOGRAPHIE: Jeremy Kagan est un réalisateur américain né le 14 décembre 1945. 1972 : Columbo - Le grain de sable (TV). 1974 : Unwed Father (TV). 1974 : Judge Dee and the Monastery Murders (TV). 1975 : Katherine (TV). 1977 : Scott Joplin. 1977 : Héros. 1978 : La Grande Triche. 1981 : L'Élu. 1983 : L'Arnaque 2. 1985 : Natty Gann. 1986 : Seule contre la drogue (Courage) (TV). 1987 : Conspiracy: The Trial of the Chicago 8 (TV). 1989 : Big Man on Campus. 1990 : Descending Angel (TV). 1991 : Par l'épée. 1994 : Roswell, le mystère (TV). 1997 : Color of Justice (TV). 1997 : Cœur à louer (TV). 2001 : La Ballade de Lucy Whipple (TV).2002 : Bobbie's Girl (TV). 2004 : Crown Heights (TV). 2007 : Golda's Balcony.
Une production Disney écolo et sociétale sous sa période la plus déférente.
Produit par Disney au milieu des années 80, Natty Gan est un récit d'aventures à la fois exaltant et haletant, l'épopée humaine d'une ado débrouillarde en initiation de survie, faute d'un contexte de crise sociale des années 30. Parce que son père dû précipitamment l'abandonner pour décrocher un emploi à 3000 kms de leur bercail, Natty s'enfuit du foyer d'une mégère surveillante afin de tenter de le retrouver. Constamment ballottée d'un train de marchandise à un autre, ses pérégrinations l'amènent à fréquenter des citadins intolérants et tantôt avenants, une police et une milice drastiques ainsi que de jeunes marginaux aussi désoeuvrés qu'elle. Quand bien même durant son itinéraire forestier elle se lie d'amitié avec un loup entraîné aux combats de chiens. Hymne à la nature et à l'amour du loup livré comme l'héroïne à la solitude, à l'autonomie et à l'exil, Natty Gann fait naître une sincère émotion au fil de leur parcours d'endurance semée de rencontres hostiles mais aussi amiteuses. Sans céder aux sirènes de la mièvrerie (suffit de prendre comme exemple les rapports timidement sentimentaux de Natty avec l'itinérant Harry et de s'émouvoir sans fard Spoil ! de leurs adieux sur le quai fin du Spoil), Jeremy Kagan s'extirpe honorablement du produit imberbe de par son intégrité à illustrer une solide histoire d'amour et d'amitié nullement racoleuse. Celle envers la nature (véritable bouffée d'air frais), envers la faune et envers l'homme le plus loyal.
Tant auprès du loup protecteur humanisé par sa maîtresse, de l'étranger Harry en quête d'un toit, que du père, leader syndical rongé par le remord, le désagrément et l'affres de l'incertitude depuis la disparition inexpliquée de sa fille. Emaillé de péripéties, bévues, accalmies et rebondissements parfois étonnamment spectaculaires (le saut à haut risque pour accéder à un des wagons, l'emploi vertigineux du père de Natty enrôlé bûcheron dans des chantiers forestiers), Natty Gan fait vibrer la corde sensible sans se complaire dans le pathos ou une facilité lacrymale. Et lorsque les larmes tombent lors d'un final binaire à la fois émouvant et rédempteur, on reste accroché à la dignité, notamment grâce à la prestance dépouillée des comédiens. Particulièrement Meredith Salenger étonnamment simple, fraîche et naturelle en héroïne en herbe animée par l'espoir et sa tendresse pour son père. Magnifiquement photographié dans des paysages naturels édéniques alors que sa fidèle reconstitution historique nous remémore un dramatique épisode de crise sociale, Natty Gann se permet avec un réalisme parfois douloureux de rendre hommage à ces chômeurs démunis d'autant plus chassés de leur foyer sous une dictature bien-pensante (notamment auprès d'une milice sans vergogne).
Beau, simple et vibrant d'humanité à travers un périple bucolique flirtant avec le conte (prod Disney oblige sous sa période la plus révérencieuse !), Natty Gann se décline comme un superbe récit initiatique. Une leçon de tolérance tant auprès du domptage de l'animal sauvage que du prolétaire exploité comme du bétail lors d'un contexte historique de "grande dépression".
* Bruno
2èx
mardi 13 novembre 2018
Outlaw King: le roi hors la loi
de David Mackenzie. 2018. U.S.A. 2h02. Avec Chris Pine, Aaron Taylor-Johnson, Florence Pugh, Stephen Dillane, Billy Howle, Tony Curran
Diffusé sur Netflix le 9 Novembre 2018
FILMOGRAPHIE: David McKenzzie est un réalisateur anglais, né le 10 Mai 1966 à Corbridge.
2002: The Last Great Wilderness. 2003: Young Adam. 2005: Asylum. 2008: My name is Hallam. 2009: Toy Boy. 2010: Perfect Sense. 2011: Rock'n'Love. 2014: Les Poings contre les murs. 2016: Comancheria. 2018: Outlaws King.
Remarqué par Les Poings contre les Murs et Comancheria, David McKenzzie poursuit son bonhomme de chemin qualitatif avec Outlaw King, une production estampillée Netflix. Inspiré d'une histoire vraie, ce récit d'aventures historiques plutôt âpre et tendu s'avère rondement mené, quand bien même son brio technique imperturbable nous cloue au siège tant les séquences guerrières nous retournent le cerveau avec une intensité exponentielle ! Reconstitution hyper soignée, photo contrastée, panoramas d'un beauté sensitive ahurissante, costumes et figurants déployés en masse, chevaux trébuchants parmi les cadavres sur les champs de bataille dans un déluge de pluie, de sang et de sueur, Outlaw King constitue une claque visuelle permanente ! Et bien que prioritairement bâti sur l'aspect belliciste d'une épopée tributaire du fracas des glaives, le réalisateur parvient pour autant à structurer un solide récit sans que les enjeux humains n'y perdent de leur intérêt en cours de trajectoire de survie. A savoir l'inimitié filiale entre deux rois, l'un véreux sans vergogne, l'autre redresseur de tort qui tentera de se réapproprier sa terre écossaise.
Et si dans le rôle Robert de Brus (premier roi d’Écosse devenu hors la loi pour la bonne cause), Chris Pine manque de virilité et de force d'expression à travers ses traits de visage un poil trop imberbes, il n'en demeure pas moins assez convaincant dans sa sobre dimension humaine en ascension héroïque. Tant auprès de sa conviction morale à recruter une armée de fortune que de ses capacités physiques à repousser l'ennemi, notamment lorsque sa muse est séquestrée dans un château écossais. Bluffant de réalisme donc tout en s'efforçant de combler les attentes de l'amateur d'action à travers un souffle épique constamment rigoureux (la bataille finale peut faire office de bravoure anthologique au gré d'un montage ultra dynamique dénuée de précipitation), Outlaw King renoue avec le "plaisir de cinéma" à travers une série B de luxe dénuée de fards, de fioritures et de grandiloquence. David McKenzzie ne perdant d'autant plus jamais de vue l'humanisme fébrile de ces preux guerriers se livrant corps et âme pour le sens de la justice avec un héroïsme suicidaire. Tant et si bien que certaines séquences à l'acuité dramatique poignante confirment le potentiel émotionnel de cette épopée humaine émaillée de sobre romantisme (les rapports concis mais denses du couple en quête de délivrance). Beau, violent et furieusement excitant à la fois.
* Bruno
lundi 12 novembre 2018
Le Tueur du Vendredi
"Friday the 13th, part 2" de Steve Miner. 1981. U.S.A. 1h27. Avec Amy Steel, John Furey, Adrienne King, Kirsten Baker, Stuart Charno, Warrington Gillette, Walt Gorney, Marta Kober, Tom McBride.
Sortie salles France: 13 Janvier 1982. U.S: 1er Mai 1981
FILMOGRAPHIE: Steve Miner est un réalisateur américain, né le 18 Juin 1951 à Westport, dans le Connecticut. 1981: Le Tueur du Vendredi. 1982: Meurtres en 3 dimensions. 1986: House. 1986: Soul Man. 1989: Warlock. 1991: A coeur vaillant rien d'impossible. 1992: Forever Young. 1994: Sherwood's Travels. 1994: My Father ce Héros. 1996: Le Souffre douleur. 1998: Halloween, 20 ans après. 1999: Lake Placid. 2001: The Third Degree (télé-film). 2001: Texas Rangers, la revanche des Justiciers. 2002: Home of the Brave (télé-film). 2006: Scarlett (télé-film). 2007: Day of the Dead.
* Bruno
26.01.24. 6èx
23.07.12. 82 v
vendredi 9 novembre 2018
Le Survivant d'un monde parallèle / "The Survivor"
de David Hemmings. 1981. Australie. 1h27. Avec Robert Powell, Jenny Agutter, Peter Sumner, Joseph Cotten, Angela Punch McGregor.
Sortie salles France: 2 Décembre 1981
FILMOGRAPHIE: David Hemmings est un acteur, producteur et réalisateur britannique, né le 18 novembre 1941 à Guildford, Surrey, et mort d'une crise cardiaque le 3 décembre 2003 à Bucarest (Roumanie).1972 : Running Scared. 1973 : The 14. 1979 : C'est mon gigolo. 1981 : Les Bourlingueurs. 1981 : Le Survivant d'un monde parallèle. 1984 : Money Hunt: The Mystery of the Missing Link (vidéo). 1985 : Le Code Rebecca (The Key to Rebecca) (TV). 1989 : Down Delaware Road (TV). 1992 : Dark Horse. 1993 : Christmas Reunion (TV). 1993 : Passport to Murder (TV).
"Mémoires d’un ciel déchiré".
Sorti à la fin de l’âge d’or du fantastique australien, Le Survivant d’un monde parallèle capitalise sur le charisme lunaire de Robert Powell, révélé un an plus tôt dans le singulier Harlequin (Prix du Jury, Prix de la Critique et Prix du Meilleur Acteur au Rex de Paris). Le film joue la carte d’un fantastique intègre, original, mystérieux, assez intriguant pour captiver sans relâche, sans effets de manche ni esbroufe tapageuse. David Hemmings (inoubliable interprète de Blow-Up et des Frissons de l’angoisse) parvient ici à structurer un suspense latent autour de la quête de vérité d’un pilote, rescapé d’un crash aérien.
Épaulé d’une médium témoin de la tragédie ayant causé plus de 300 morts, le commandant Keller tente de retrouver la mémoire afin d’élucider les causes de l’accident. Sabotage ? Défaillance technique ? Pourquoi est-il l’unique survivant ? Et pourquoi, autour des débris calcinés, certains membres de son entourage meurent-ils, acculés par une étrange fillette et les cris invisibles d’enfants ?
Parsemé d’incidents horrifiques discrets mais marquants, le film instille un surnaturel tacite - feutré, crédible, insidieux - qui fait vibrer l’écho spectral des plaintes infantiles. Le Survivant d’un monde parallèle cultive l’expectatif, dilue la terreur dans le silence, au fil d’une enquête de longue haleine menée par Keller et sa partenaire Hobbs (élégamment campée par Jenny Agutter, vue dans Le Loup-Garou de Londres), à partir de maigres indices glanés çà et là, comme tombés d’un autre monde.
Entre incompréhension, stupeur et angoisse sourde, le spectateur se laisse emporter dans cette dérive interlope, digne d’un épisode de La Quatrième Dimension, jusqu’à un ultime quart d’heure aussi limpide que - volontairement ? - confus. Le trouble du récit repose aussi sur la relation étrange et silencieuse entre Keller et Hobbs, tissée de non-dits et d’expressions imperceptibles, de regards détachés. Ce mystère émotionnel ajoute à l’aura ésotérique du film, où la suggestion règne en maître, guidée par un hors-champ sonore aussi déstabilisant que fascinant.
Le charme rétro d’un fantastique aux portes de l’au-delà.
Grâce à son casting sincèrement attachant (Powell, magnétique par son hermétisme, Agutter, touchante par son flegme contrarié), à sa superbe photo en Scope et à son atmosphère spirituelle subtilement suggérée - on croit sans sourciller à la revanche des fantômes - Le Survivant d’un monde parallèle s’impose comme un excellent suspense fantastique. Solide, pudique, habité. Adapté d’un best-seller de James Herbert (Celui qui survit), le film offre à David Hemmings l’occasion d’imprimer sans tapage sa patte personnelle : une aura ouatée, un mystère diffus, quelques séquences-chocs savamment distillées (notamment l’inventivité visuelle du crash, à la fois réaliste et spectaculaire malgré un budget modeste, et un dénouement à twist où des voix d’outre-tombe viennent souffler une vérité honteuse).
* Bruno
25.06.25. 5èx.
mercredi 7 novembre 2018
Vendredi 13, Chapitre final.
"Friday the 13th: The Final Chapter" de Joseph Zito. 1984. U.S.A. 1h31. Avec Ted White, Kimberly Beck, Erich Anderson, Corey Feldman, Barbara Howard, Peter Barton
Sortie salles France: 11 Juillet 1984. U.S: 13 Avril 1984
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Joseph Zito est un réalisateur américain, né le 14 mai 1946 à New York. 1975 : Abduction. 1979 : Bloodrage. 1981 : Rosemary's Killer. 1984 : Vendredi 13 : Chapitre final. 1984 : Portés disparus. 1985 : Invasion USA. 1989 : Le Scorpion rouge. 2000 : Delta Force One: The Lost Patrol. 2003 : Power Play.
On prend les mêmes et on recommence sous la houlette du petit artisan de la série B Joseph Zito (Rosemary's Killer, Portés Disparus, Invasion U.S.A.), et ce tout en nous promettant la fin des exactions de Jason le tueur à la machette à travers un sous-titre sans équivoque. Ainsi, on a beau connaître la recette par coeur (pourquoi changer une formule aussi payante ?), Vendredi 13, Chapitre final séduit miraculeusement, aussi crétines soient ses situations éculées ! Comme de coutume, et à condition de suivre ses vicissitudes horrifiques au second degré, Vendredi 13 IV cumule à rythme métronomique les morts brutales sous l'impulsion d'un gore assez jouissif (même si trop souvent concis) concocté par l'illustre Tom Savini. Et de s'amuser entre temps des beuveries et batifolages d'ados polissons lors de confrontations machistes (à qui tringlera le premier la plus aguicheuse du groupe ?) si bien que son érotisme timoré reste aussi inoffensif aujourd'hui.
Pour autant, par je ne sais quel miracle, ces ados décervelés gentiment attachants de par leur fraîcheur innocente (avec un brin de clémence sans doute !) parviennent à nous immerger dans leur situation anxiogène lorsque Jason tapi dans l'ombre d'une porte, d'une fenêtre ou d'un bosquet se prépare à perpétrer un nouveau massacre auprès d'une victime prise en estocade (score strident de Manfredini au rappel !). D'autre part, à travers la photogénie de sa nature forestière, Joseph Zito parvient parfois à distiller un climat d'angoisse quelque peu perméable, notamment dans sa capacité à suggérer la présence invisible de Jason, de jour comme de nuit. Quand bien même, et pour parachever en bonne et due forme, on continue de se divertir du caractère à la fois haletant et spectaculaire de sa poursuite finale lorsque la dernière victime retranchée dans son cocon domestique parmi son frère (un féru de ciné horreur collectionnant masques et gadgets de ses monstres attitrés) tente de combattre (arme blanche à la main) le tueur tous azimuts. Ce dernier quart d'heure émotionnellement palpitant s'avérant rondement mené auprès d'un esprit cartoonesque aussi bien débridé que jouissif. Quand bien même la posture furibonde de l'ado subtilement revanchard (il se fait passer pour Jason à l'âge de sa noyade afin de mieux le duper) extériorise une aura malsaine bienvenue lors de sa folie meurtrière incontrôlée qu'une ultime image dérangeante persistera sans ambiguïté.
Sans décevoir ses aficionados, Vendredi 13, chapitre Final peut autant faire office de nanar bonnard que de série B efficacement troussée grâce au savoir-faire de Joseph Zito soignant d'autant mieux sa scénographie forestière avec comme alibis usuels les maquillages de Savini et la présence iconique du molosse à la machette plus obtus et destructeur que jamais (incarné pour le coup par Ted White mécontent du résultat final ainsi que des 3 opus antécédents !).
* Bruno
3èx
Box Office France: 270 013 entrées
mardi 6 novembre 2018
Sicario: la guerre des cartels
"Sicario: Day of the Soldado" de Stefano Sollima. 2018. Italie/U.S.A. 2h02. Avec Benicio del Toro, Josh Brolin, Isabela Moner, Jeffrey Donovan, Manuel Garcia-Ruflo, Catherine Keener
Sortie salles France: 27 Juin 2018. U.S: 29 Juin 2018
FILMOGRAPHIE: Stefano Sollima est un cinéaste et réalisateur italien, né le 4 mai 1966 à Rome. 2012: A.C.A.B.: All Cops Are Bastards. 2015: Suburra. Séries TV: Un posto al sole - soap opera (2002), La squadra - série TV, 7 épisodes (2003 - 2007), Ho sposato un calciatore - mini série (2005), Crimini - série TV, épisodes Il covo di Teresa, Mork et Mindy et Luce del nord (2006 - 2010)
Romanzo criminale, 22 épisodes (2008 - 2010). Gomorra, 12 épisodes (2014 - 2015).
Si Denis Villeneuve n'est plus de la partie pour donner suite à Sicaire, le réalisateur italien Stefano Sollima (déjà très remarqué avec son 1er métrage A.C.A.B et surtout Suburra !) relève haut la main la gageure de surpasser son congénère avec une séquelle de haute volée. Sicario: la guerre des Cartels retraçant avec un réalisme méticuleux la mission secrète de la CIA et du sicaire Alejandro Gillick d'enlever la fille d'un parrain du cartel afin d'influencer une guerre fratricide entre clans mafieux tirant des bénéfices sur le dos des migrants à la frontière americano-mexicaine. Car depuis un attentat meurtrier dans un supermarché, les passeurs grassement payés par leur supérieur sont désignés coupables par le secrétaire de la défense d'y faire entrer des migrants potentiellement terroristes. Ainsi, alors que la CIA parvient à kidnapper leur cible, la mission doit être annulée depuis la révélation identitaire des terroristes natifs d'Amérique. Mais au mépris de ses supérieurs et de son bras droit Matt Graver, Alejandro réfute les ordres d'éliminer chaque témoin. Thriller hypnotique rondement menée car d'une précision chirurgicale auprès de sa mise en scène virtuose, Sicario: la guerre des cartels plaque au siège de par sa structure narrative captivante fertile en bravoures homériques, retournements de situations et rebondissements parfois insensés (mais chut, j'en ai déjà trop dit !). On peut d'ailleurs s'agenouiller face au dynamisme du montage rendant lisible la chorégraphie de l'action entièrement au service narratif, et ce sans jamais complexifier vainement le récit plutôt limpide et dénué de digressions.
Superbement campé par 2 acteurs en acmé, Benicio del Toro / Josh Brolin se partagent la vedette avec un charisme quasi animal, notamment auprès de leur idéologie équivoque à combattre vaillamment le crime au prix d'un sacrifice difficilement tolérable. Description aride d'une société de corruption en déliquescence morale, tant auprès des redresseurs de tort impassibles que des trafiquants ne sachant plus trop distinguer qui travaille pour qui et quel est leur véritable identité derrière l'insigne ou le treillis, Sicario se taille une carrure mature assez avilissante auprès de ces personnages véreux s'entretuant pour l'enjeu d'une otage sans défense. Tendu comme un arc auprès de sa seconde partie à couper le souffle, le suspense narratif cède place à une dramaturgie escarpée lorsque Alejandro doit tenter de passer la frontière pour sauver l'otage sévèrement ballottée d'assister en direct à des tueries de masse. Là encore, Stefano Sollima apporte un soin scrupuleux à dresser le portrait si "réaliste" d'une jeune fille obtuse et rebelle mais davantage fragile et démunie au fil de son parcours de survie en proie au chaos. Outre le regard très sobre de Isabela Moner très impressionnante dans sa fonction aussi bien soumise qu'épeurée, le jeune Elijah Rodriguez s'avère aussi soigneusement structuré en passeur en herbe indécis gagné pour autant par le désir de vaincre ses peurs et montrer ses preuves à sa vile hiérarchie quitte à y vendre son âme. La pâleur de son regard candide, sa posture plutôt timorée doucement ternis par ses actes frauduleux nous glacent d'amertume passé sa probation criminelle.
Passionnant, violent et tendu à l'extrême lors d'un second acte littéralement anthologique, Sicario: la guerre des cartels surpasse son modèle en mode thriller noir et radical où bons et méchants ne font plus qu'un au sein d'une société aussi parano que schizo.
* Bruno
lundi 5 novembre 2018
Du sang dans la poussière
"The Spikes Gang" de Richard Fleischer. 1974. U.S.A. 1h36. Avec Lee Marvin, Gary Grimes, Ron Howard, Charles Martin Smith, Arthur Hunnicutt, Marc Smit.
Sortie salles U.S: 1er Mai 1974
FILMOGRAPHIE: Richard Fleischer est un réalisateur américain né le 8 décembre 1916 à Brooklyn, et décédé le 25 Mars 2006 de causes naturelles. 1952: l'Enigme du Chicago Express, 1954: 20 000 lieues sous les mers, 1955: les Inconnus dans la ville, 1958: les Vikings, 1962: Barabbas, 1966: le Voyage Fantastique, 1967: l'Extravagant Dr Dolittle, 1968: l'Etrangleur de Boston, 1970: Tora, tora, tora, 1971: l'Etrangleur de Rillington Place, 1972: Terreur Aveugle, les Flics ne dorment pas la nuit, 1973: Soleil Vert, 1974: Mr Majestyk, Du sang dans la Poussière, 1975: Mandingo, 1979: Ashanti, 1983: Amityville 3D, 1984: Conan le destructeur, 1985: Kalidor, la légende du talisman, 1989: Call from Space.
vendredi 2 novembre 2018
L'enfant du Diable / The Changeling
de Peter Medak. 1980. U.S.A. 1h47. Avec George C. Scott, Trish Van Devere, Melvyn Douglas, Jean Marsh, John Colicos, Barry Morse, Madeleine Thorton-Sherwood, Helen Burns, Frances Hyland.
Sortie en salle en France le 29 Octobre 1980. U.S.A: 28 Mars 1980.
FILMOGRAPHIE: Peter Medak est un réalisateur et producteur hongrois né le 23 Décembre 1937 à Budapest (Hongrie). 1968: Negative, 1972: A day in the death of Joe Egg, 1973: Ghost in the noonday sun, 1978: The Odd job, 1980: l'Enfant du diable, 1981: la Grande Zorro, 1986: The Men's club, 1990: la Voix humaine, 1993: Romeo is bleeding, 1994: Pontiac moon, 1998: la Mutante 2.
Quelques mois après le grand succès public d’Amityville, la maison du diable, les producteurs Garth H. Drabinsky et Joel B. Michaels lancent, pour 7,6 millions de dollars, un nouveau projet de film de maison hantée. C’est à Peter Medak qu’échoit la tâche — cinéaste canadien ayant déjà fait ses preuves à la télévision (Amicalement vôtre, Cosmos 1999) et dans quelques longs-métrages parmi lesquels Negative ou A Day in the Death of Joe Egg. Tiré d’un scénario de Russell Hunter, inspiré de faits supposément réels, L’Enfant du Diable (titre français d’apparence racoleuse mais moins fallacieux qu’il n’y paraît) puise sa substance et son intensité dans un alibi narratif solidement ancré, au service d’une angoisse diffuse. Et ce, loin de l’artillerie surchargée des producteurs margoulins.
Récompenses: Prix du Meilleur acteur (George Scott) au Fantafestival 1982.
Prix génie du meilleur film, Genie Awards de la Meilleure photographie, Meilleur son, Meilleure direction artistique, Meilleur acteur étranger (George Scott), Meilleure actrice étrangère (Trish Van Devere), Meilleur scénario et Meilleur son en 1980
* Bruno
02.11.18. 5èx
07.04.11. 4 (611 v)
jeudi 1 novembre 2018
Vendredi 13, chapitre VI : Jason le mort-vivant
"Friday the 13th Part VI: Jason Lives" de Tom Mcloughlin. 1986. U.S.A. 1h29. Avec Thom Matthews, Jennifer Cooke, David Kagen, Kerry Noonan, Renée Jones, Tom Fridley.
Sortie salles France: 14 Janvier 1987. U.S: 1er Août 1986.
FILMOGRAPHIE: Tom Mcloughlin est un scénariste et réalisateur américain né en 1950. 1983: One Dark Night, 1986: Jason le mort-vivant, 1987: Date with an angel, 1991: Sometimes they come back, 1992: Something to live for: the alison gertz story, 1999: Anya's Bell, 2001: The Unsaid, 2002: Murder in Greenwich, 2003: D.C. Sniper: 23 Days of fear, 2004: She's too young, 2005: Odd Girl Out, Cyber Seduction: His secret life, 2006: Not like everyone else, 2007: The Staircase Murders, 2008: Fab Five: The Texas Cheerleader Scandal.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, car qui aurait pu imaginer un tel revirement dans l'ornière de la célèbre saga; Vendredi 13, Chapitre 6 s'avère de loin le meilleur du lot. Tout du moins, et à mon sens, le plus fun, le plus ludique, le plus décomplexé, le plus cartoonesque, et ce grâce au panache de sa mise en scène jamais à court de carburant, à ses personnages en roue libre et à son esthétisme bucolique joliment photographié. Réalisé par Tom Mcloughlin à qui l'on doit le sympathique Une nuit trop noire (bien connu des rats des vidéos), ce dernier parvient miraculeusement à transcender les situations éculées grâce à une dérision endémique que les protagonistes empotés et Jason l'incorrigible amorcent avec second degré assumé. Ainsi donc, truffé de personnages inconséquents que Jason Voorhees poursuit avec une tranquillité limite parodique, Vendredi 13, Chapitre 6 transpire la bonne humeur en toute décontraction. Notamment grâce au duo burné formé par Thom Matthews (Tommy aujourd'hui adulte, l'ado autrefois rescapé du Chapitre Final !) et Jennifer Cooke (la fille entêtée du shérif s'adonnant à une marginalité héroïque impromptue). Et donc si son schéma narratif ne sort pas des sentiers battus, Tom Mcloughlin parvient efficacement à renouveler les séquences de poursuites et exactions meurtrières dans de multiples sentiers forestiers si bien que l'on s'étonne de son rythme littéralement affolant (notamment auprès de son final haletant avec son action ramifiée du point de vue des flics et du couple juvénile !).
Ainsi, le spectateur jouasse s'enjaille à comptabiliser les victimes, sacrifiées, comme de coutume, de manière aussi cruelle que spectaculaire. D'ailleurs, on s'étonne même parfois d'y ressentir un soupçon d'empathie auprès de certaines timidement attachantes de par leur innocence. Et pour pimenter l'intrigue inévitablement rebattue (de jeunes vacanciers du camp "Forrest Green", quelques quidams locaux et 3,4 militaires férus de paintball vont faire les frais du tueur parmi le témoignage médusé d'une colonie d'enfants auquel Jason n'osera jamais lever la main !), Tommy s'efforcera durant sa garde à vue prolongée de convaincre le shérif local que Jason est bel et bien revenu d'entre les morts pour y semer un nouveau carnage. A cet égard, on peut également souligner son jouissif préambule aussi inventif que pittoresque lorsque Tommy et un acolyte se résignent à exhumer le cadavre de Jason dans une nécropole (délicieusement photogénique !) afin d'exorciser son traumatisme d'ado. Inventive, trépidante et semée d'humour noir, cette mise en bouche prometteuse annonce déjà le parti-pris sarcastique du cinéaste tout en starisant Jason dans sa nouvelle stature criminelle davantage indestructible (on croirait presque avoir à faire à un super-anti-héros !).
B movie du samedi soir purement ludique à travers sa moisson de péripéties horrifiques rondement menées, Vendredi 13, Chapitre 6 détonne en diable sous l'impulsion d'une dérision à la fois espiègle et sardonique. Quand bien même on s'étonne de la prestance convaincante de son casting guilleret se prêtant au jeu du "ouh fais moi peur" et du "attrapes moi si tu peux" avec une fougue communément expansive. Si bien que le tournage assurément festif leur aura sans doute légué un précieux souvenir potache !
* Bruno
3èx
mercredi 31 octobre 2018
Une prière avant l'aube
"A Prayer Before Dawn" de Jean-Stéphane Sauvaire. 2018. France/Angleterre. 1h56. Avec Joe Cole, Vithaya Pansringarm, Nicolas Shake, Panya Yimmumphai, Pornchanok Mabklang, Billy Moore.
Sortie salles France: 20 Juin 2018 (Int - 16 ans). Angleterre: 20 Juin 2018.
FILMOGRAPHIE: Jean-Stéphane Sauvaire est un réalisateur, producteur et scénariste français, né le 31 décembre 1968. 2003, Carlitos Medellin. 2008, Johnny Mad Dog. 2012: Punk (télé-film). 2017 : Une prière avant l'aube.
"L'important est de ne jamais désespérer"
Film choc retraçant avec un vérisme ultra documenté le parcours d'endurance de Billy Moore, jeune détenu britannique incarcéré en prison pour possession de drogue, Une prière avant l'aube est une expérience sensitive dans l'enfer carcéral Thaïlandais peu (ou jamais ?) abordé à l'écran. Tout du moins c'est que nous illustre sa première partie littéralement nauséeuse lorsque Billy témoigne des conditions sordides de son incarcération avec d'autres détenus similaires à des animaux sauvages impudents. Viols, suicide, meurtres, châtiments corporels s'avérant leur lot quotidien si bien que chacun d'entre eux tente de survivre avec comme seul palliatif moral la drogue dure et l'alcool. Pour autant, dans ce milieu insalubre dénué d'humanité où tout se marchande, Billy va parvenir à se raccrocher au fil de sa passion pour la boxe après avoir essuyé une tentative de suicide. On peut d'ailleurs prévenir les âmes sensibles que sa première demi-heure parfois insoutenable (le mot n'est point outré) nous plonge dans un état de malaise viscéral difficilement gérable. Prioritairement une exaction de viol communautaire de par son réalisme ultra malsain auprès des corps en rut et d'un témoignage impuissant. Jean-Stéphane Sauvaire filmant son contexte carcéral avec une vérité sensorielle eu égard de sa caméra expérimentale auscultant les corps en mutation avec une virtuosité autonome.
Quand bien même tous les interprètes thaïlandais méconnus chez nous s'expriment dans leur langage volontairement inaudible (une partie des dialogues n'est pas sous-titré) afin de mieux s'identifier dans le mental de Billy en proie à la perte de repères, l'incompréhension et l'incommunicabilité. Car si Une prière avant l'aube s'avère aussi dur, cruel, asphyxiant et brut de décoffrage, il le doit au talent personnel de son auteur réfutant toute forme de racolage car plutôt délibéré à nous conter avec souci de vérité un vécu inusité. Tant et si bien qu'Une prière avant l'aube demeure avant tout un film de boxe transplanté dans la cadre d'un drame carcéral soigneusement reconstitué. Evitant les clichés usuels et l'esbroufe lors de multiples matchs de combats d'un réalisme et d'une intensité à perdre haleine, Jean-Stéphane Sauvaire nous hypnotise les sens lors de l'initiation héroïque de Billy partagé entre une révolte fielleuse (notamment faute de sa prise de stupéfiants par intermittence !) et un désir de surpasser ses pires démons. Le réalisateur filmant avec beaucoup de sensualité les déplacements et mouvements corporels des boxeurs vouant un culte pour le Tatoo afin d'imprimer leur nouvelle identité dans leur condition exclue. A travers son parti-pris d'authentifier et d'y dénoncer l'enfer d'un témoignage carcéral puis de bifurquer ensuite vers l'hymne à la boxe thaï sous l'impulsion d'une fureur de vaincre, il faut impérativement saluer la précision de sa bande-son hyper travaillée là encore conçue pour nous immerger dans l'introspection morale de Billy passant par divers stades de souffrances/transformations corporelles. Quitte à en perdre son essence vitale à travers ses perles de sueur !
La Nouvelle Chair.
D'une intensité dramatique constamment rigoureuse sans céder à la facilité de sentiments démonstratifs, Jean-Stéphane Sauvaire opte pour la pudeur et la sobriété, notamment auprès du jeu naturel de Joe Cole (Peaky Blinders, Green Room) époustouflant en guerrier primitif naviguant entre résilience et désespoir, folie et quête de rédemption. Drame carcéral éprouvant doublé d'un drame sportif par le truchement d'une histoire vraie, Une prière avant l'aube n'épargne aucune souffrance au spectateur immergé dans la tourmente d'un détenu stoïque à deux doigts d'y perdre son âme.
* Bruno
mardi 30 octobre 2018
Oeil pour oeil
"Lone Wolf McQuade" de Steve Carver. 1983. U.S.A. 1h47. Avec Chuck Norris, David Carradine, Barbara Carrera, Leon Isaac Kennedy, Robert Beltran, L. Q. Jones
Sortie salles France: 20 Juillet 1983
FILMOGRAPHIE: Steve Carver est un réalisateur américain né le 5 avril 1945 à Brooklyn, New York. 1971 : The Tell-Tale Heart. 1974 : La Révolte des gladiatrices. 1974 : Super nanas. 1975 : Capone. 1976 : L'Enfer des mandigos. 1979 : Fast Charlie... the Moonbeam Rider. 1979 : Des nerfs d'acier. 1980 : Angel City (TV). 1981 : Dent pour dent. 1983 : Œil pour œil. 1986 : Oceans of Fire (TV). 1987 : Jocks. 1988 : À l'épreuve des balles. 1989 : La Rivière de la mort. 1996 : The Wolves.
Un must have de l'action décérébrée typiquement originaire de sa sacro-sainte décennie 80.
Gros souvenir de cinéphage si bien que j'ai eu l'opportunité de le découvrir en salles à sa sortie, Oeil pour Oeil est ce que l'on prénomme un gros plaisir coupable du cinéma d'action bourrin. Ou plus favorablement un pur trip de western moderne afin d'éviter de le vulgariser via sa locution maïnstream. Série B purement ludique endossée par l'une des stars des Eighties Chuck Norris (c'est d'ailleurs probablement son meilleur film !), accompagné ici du non moins notoire David Carradine (révélé par la mythique série Kung-Fu!), Oeil pour Oeil fleure bon la nostalgie révolue à travers son émotion souvent élégiaque qu'un score très Morriconien (d'ailleurs composé par l'italien Francesco De Masi !) amplifie tout le long d'une intrigue cousue de fil blanc. Car en dépit de ces innombrables clichés et situations héroïques tantôt (involontairement) hilarantes (notamment en sus de réparties altières), Steve Carver s'efforce de rendre Oeil pour Oeil le plus attractif possible sous l'impulsion d'une distribution spontanée, aussi surjouée soit leur prestance pugnace ou belliqueuse.
En gros, un ranger du Texas réputé pour ses méthodes expéditives doit se confronter à d'odieux trafiquants d'armes que dirige le mafieux Rawley Wilkes, alors qu'au même moment la fiancée de ce dernier se séduit du preux ranger. Et donc à travers un schéma narratif éculé que l'on connait sur le bout des ongles, Steve Carver parvient miraculeusement à nous impliquer (émotionnellement parlant) dans l'action décérébrée suivie ensuite d'une dramaturgie racoleuse (avec nombre de "gentils" lâchement sacrifiés !) eu égard de sa générosité à enfiler les séquences homériques avec une émotion florissante ! Ainsi, on a beau anticiper les récurrents règlements de compte sanglants suivis des stratégies offensives de nos héros solidaires (notamment parmi l'appui d'une jeune recrue latino et d'un black de la police fédérale), puis sourire des bons sentiments que se concertent mutuellement le couple Chuck Norris / Barbara Carrera (superbe mannequin originaire du Nicaragua !), on batifole sans se lasser des viccisitudes du ranger redresseur de tort (héritier bisseux de Harry le salopard !). Chuck Norris endossant au premier degré son personnage de loup solitaire avec la mine impassible qu'on lui connait, quand bien même David Carradine (d'une force tranquille féline !) se mesure à lui lors d'une chorégraphie martiale en guise de point d'orgue. Un affrontement aussi jouissif que plaisamment pittoresque à travers leurs échanges sagaces de corps à corps véloces et regards inflexibles !
Et donc tout cela a beau paraître aujourd'hui désuet, naïf et académique, Oeil pour Oeil dégage un charme insensé auprès des aficionados d'action belliqueuse de par la généreuse sincérité du travail appliqué de Steve Carver (dont j'ignore le contenu de sa filmo à priori bisseuse), aussi futile soit son concept narratif prisonnier d'une formule rebattue. Et ce même si l'abondante action teintée d'arts martiaux est ici transplantée dans le cadre du western moderne (notamment à travers sa superbe scénographie de plaines désertiques solaires). A savourer au second degré, anti-dépresseur galvanisant !
* Bruno
3èx
Box-office France : 741.000 entrées
lundi 29 octobre 2018
Un couteau dans le Coeur
de Yann Gonzalez. 2018. France. 1h42. Avec Vanessa Paradis, Nicolas Maury, Kate Moran, Jonathan Genet, Khaled Alouach, Bastien Waultier, Thibault Servière, Pierre Emö.
Sortie salles France: 27 Juin 2018
FILMOGRAPHIE: Yann Gonzalez est un artiste et réalisateur français né en 1977 à Nice. 2013 : Les Rencontres d'après minuit. 2018 : Un couteau dans le cœur.
Un thriller gay auteurisant TRES, TRES, TRES particulier si bien que le grand public n'ayant aucune culture du ciné Bis des "Seventies/Eighties" (l'action se déroule en 1979) risque fort d'être dérouté ou blasé. Narrativement simpliste et sans surprises (un tueur masqué s'en prend aux acteurs porno d'une productrice sentimentalement éplorée), musicalement planant, cette oeuvre underground vaut surtout pour sa facture onirico-baroque stylisée (l'ombre d'Argento y plane par moments) et son climat mélancolique nostalgique d'un cinéma révolu (celui de l'industrie du Porno artisanal et de ses cinémas de quartier). D'ailleurs, j'ai souvent été gêné par le trop plein de séquences lubriques homo à la fois crues, provocatrices et volontairement triviales. Au niveau du casting (à la diction hélas théâtrale), et même si Vanessa Paradis parvient parfois à distiller une émotion empathique dans sa condition torturée, on l'a connu plus brillante au préalable. A moindre échelle, les amateurs s'amuseront de retrouver avec plaisir quelques seconds couteaux au charismatique strié.
A réserver prioritairement à la communauté gay.
* Bruno
vendredi 26 octobre 2018
LES FEMMES DE STEPFORD
Date de sortie: 12 février 1975 (USA)
FILMOGRAPHIE: Bryan Forbes est un réalisateur de cinéma britannique, également acteur, producteur et scénariste, né John Theobald Clark à Londres le 22 juillet 1926. 1961 : Whistle Down the Wind , 1962 : La Chambre indiscrète,1964 : Le Rideau de brume,1964 : L'Ange pervers,1965 : Un caïd, 1966 : Un mort en pleine forme,1967 : Les Chuchoteurs,1968 : Le chat croque les diamants, 1969 : La Folle de Chaillot, 1971 : The Raging Moon, 1975 : Les Femmes de Stepford, 1976 : The Slipper and the Rose, 1978 : Sarah,1980 : Les Séducteurs , 1982 : Ménage à trois, 1984 : The Naked Face, 1990 : The Endless Game (tv)
Adapté d'un roman de Ira Levin (Rosemary's Baby), Les Femmes de Stepford se décline comme une diabolique satire caustique sur le sexisme. Un tableau saugrenu de la phallocratie évoquée à travers une anticipation horrifique d'une franche singularité. D'ailleurs, son potentiel misogyne engendra une pléthore de séquelles parmi lesquelles The Revenge of the Stepford Wives (téléfilm de 1980), The Stepford Children, The Stepford Husbands, ou encore le remake aseptique de Frank Oz réalisé en 2004. Un couple vient s'installer dans la bourgade bucolique de Stepford, village situé dans le Connecticut où il fait bon vivre calme et sérénité. Joanna se lie d'amitié avec les voisines du quartier, particulièrement Bobby, jeune femme extravertie et affranchie n'hésitant pas à gloser la posture atone de certaines de ses collègues. Au fil des semaines, notre duo ne tarde pas à s'inquiéter du comportement non-sensique de ces dernières dénuées de caractère et et personnalité. Précurseur du génial Get out (autrement singé en satire anti-raciste), Bryan Forbes surprend autant qu'il ébranle à travers cette vision vitriolée de la guerre des sexes. Passée sa vénéneuse et trouble première partie ne laissant rien supposer de la montée en puissance du cauchemar domestique, Les Femmes de Stepford amorce sensiblement une ambiance anxiogène délicatement diffuse à travers une banalité quotidienne étrangement épanouissante. Ces divers portraits de femmes de ménage à la fois obéissantes et dociles symbolisant la "famille modèle" avec un réalisme dérangeant feutré.
Chef-d'oeuvre d'étrangeté horrifique au climat insidieux aussi claustro que glaçant, Les Femmes de Stepford empoisonne progressivement le spectateur dans un délire cauchemardesque où l'effroi gagne du terrain de par son suspense exponentiel à la dramaturgie escarpée. Sa conclusion sardonique, limite traumatisante, provoquant une éprouvante aigreur chez les plus empathiques d'entre nous. Pastiche corrosif sur l'émancipation féminine durant la révolution des Seventies, les Femmes de Stepford demeure hélas tristement actuel au sein de notre société ultra conservatrice où les discordes homme / femme n'auront jamais été perçues aussi intolérantes et répressives. A redécouvrir d'urgence !
* Bruno
26.10.18. 3èx
11.01.11. (231 vues)