jeudi 9 septembre 2021

Borrower, le voleur de têtes

                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site perdudansla5edimension.com

"The Borrower" de John Mc Naughton. 1991. U.S.A. 1h35. Avec Rae Dawn Chong, Don Gordon, Tom Towles, Antonio Fargas, Neil Giuntoli, Larry Pennell. 

Sortie salles U.S: 25 Mai 1991

FILMOGRAPHIE: John Mc Naughton est un réalisateur américain, né le 13 Janvier 1950 à Chicago. 1984: Dealers in Death. 1986: Henry, portrait d'un serial killer. 1991: Sex, drugs, Rock and Roll. 1991: The Borrower. 1993: Mad Dog and Glory. 1996: Normal Life. 1998: Sexcrimes. 2000: Condo Painting. 2001: Speaking of sex. 2004: Redliners. 2009: Backstabbers. 2013: The Harvest.


Inédit en salles chez nous, Borrower est une pochette surprise horrifique de la part de John Mc Naughton, réalisateur du mythique Henry, portrait d'un Serial-Killer. Autrement délirant, décalé et décomplexé, Borrower empreinte la satire sociale avec un réalisme cartoonesque vitriolé lorsqu'un extra-terrestre est condamné à errer sur terre après avoir été jugé de crimes par ses pairs. Mais contraint de changer de tête pour pouvoir rester en vie (à un moment donné, sa tête explose soudainement !) il doit donc décapiter ses victimes au fil de son cheminement initiatique sur terre. Alors que la jeune inspectrice Diana Pierce et son co-équipier Charles Krieger enquêtent sur cette série de crimes sauvages, un autre tueur (cette fois-ci terrien) échappé de l'hôpital est sur le point de se venger. Hélas, sur ce dernier point de digression, le réalisateur l'abandonne en cours de route si bien que l'on finit par omettre ce personnage trivial en dépit de sa réapparition soudaine cependant vite sacrifiée. Série B horrifique du Samedi soir, comme le souligne son prologue déjanté proche d'une série Z (la sentence juridique puis le corps à corps entre un E.T insecte et son prisonnier banni de chez lui), Borrower cumule les effets-chocs et rebondissements musclés à rythme métronome. 


Dans la mesure où notre E.T est contraint de s'approprier une nouvelle tête toutes les 10/15 minutes (le rythme s'accélérant progressivement au fil du récit davantage vrillé !), prétexte pour Mc Naughton à se défouler sur les séquences chocs particulièrement gorasses et convaincantes. Les FX et maquillages demeurant suffisamment crédibles pour croire sans peine à la nouvelle métamorphose de l'E.T que chaque acteur endosse avec une mine patibulaire infaillible dans leur posture marginale atone. Sorte de SDF insalubre dont personne ne prête attention à travers leur apparence de laissé-pour-compte. Et s'il faut un petit temps d'adaptation à se familiariser auprès des errances urbaines de notre E.T durant la 1ère demi-heure assez ordinaire, la suite s'avère plus intéressante et quelque peu captivante lorsque le réalisateur accorde beaucoup d'importance à la faune urbaine à la fois désaxée, décérébrée et incivilisée que côtoie l'étranger stellaire au sein d'une société de stupre sevrée à la pop-culture, au sexe, à la criminalité et à la drogue. Quand bien même Mc Naughton boucle son récit en suspens de manière à la fois (sciemment) bâclée et désordonnée en renouant avec l'exploitation d'une série B ludique à l'ambiance survoltée. 


Drôle de farce récréative donc que ce Borrower, voleur de tête que John Mc Naughton façonne avec une certaine efficacité (passée la 1ère demi-heure) en conjuguant l'horreur sociale et cartoonesque avec un esprit caustique assez probant. 

*Eric Binford
3èx

mardi 7 septembre 2021

Supergirl

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jeannot Szwarc. 1984. U.S.A/Angleterre. 2h04. Avec Helen Slater, Faye Dunaway, Brenda Vaccaro, Peter Cook, Hart Bochner, Peter O'Toole, Mia Farrow, Simon Ward.

Sortie salles France: 10 Octobre 1984. U.S: 21 Novembre 1984

FILMOGRAPHIE: Jeannot Szwarc est un réalisateur français, né le 21 Novembre 1939 à Paris. 1973: Columbo: adorable mais dangereuse. 1975: Les Insectes de Feu. 1978: Les Dents de la Mer 2. 1980: Quelque part dans le temps. 1983: Enigma. 1984: Supergirl. 1985: Santa Claus. 1987: Grand Larceny. 1988: Honor Bound. 1990: Passez une bonne nuit. 1991: La Montagne de Diamants. 1994: La Vengeance d'une blonde. 1996: Hercule et Sherlock. 1997: Les Soeurs Soleil.


Pourquoi tant de haines ?
Massacré par la critique dès sa sortie et boudé par le public si bien qu'il se solda par un inévitable échec commercial, Supergirl ne méritait pas tant de mépris tous azimuts. Car s'il faut bien avouer que Jeannot Swarc a bel et bien conçu un nanar de luxe à savourer indubitablement au second degré, Supergirl demeure aujourd'hui beaucoup plus charmant, attachant, stimulant, pétillant à travers ses tentatives intègres de nous faire rêver en mode artisanal. A l'instar des premiers vols expérimentaux de notre super-héroïne blonde n'ayant rien à envier à ceux de son cousin Superman (que le désormais légendaire Christopher Lee marqua de son empreinte) tant le souffle féerique retranscrit à l'écran nous gratifie la vue. Alors, ok, du point de vue du récit ultra naïf se résumant à l'affrontement redondant entre une sorcière des temps modernes et Supergirl se disputant l'enjeu d'un prince charmant (un jeune jardinier touché par la flèche empoisonnée de Cupidon - ou plutôt de Selena ! -), Supergirl ne s'embarrasse guère de subtilité pour contenter avant tout un public jeune plus sensible à leurs crépages de chignon que leurs parents non dupes de tant de naïveté imbibée de romance à l'eau de rose et de bons sentiments. 


Pour autant, et raison pour laquelle Supergirl est à mon sens destiné à un public finalement FAMILIAL, le spectacle fantaisiste est scandé du dynamisme des scènes d'actions plutôt bien foutues avec ses FX tactiles, et de la spontanéité des personnages pleinement investis dans leur rôle respectif (au point parfois de jouer l'outrance pour certains d'entre eux). Mention majeure à l'illustre Faye Dunaway résolument habitée par son rôle de méchante tant l'actrice prend son rôle très au sérieux à travers l'artillerie de ses supers pouvoirs occultes qu'elle projette contre sa rivale 2h00 durant. Imperturbable et impassible, élégante et raffinée en mode démonial, Faye Dunaway vole donc effrontément la vedette à tout son entourage. Et ce en dépit de la néophyte Helen Slater que je trouve aussi convaincante à travers ses expression candides, ses interrogations morales de super-héroïne en herbe peu à peu motivée par le sens de la justice, de la bravoure et de l'initiation amoureuse. Quand bien même le charme qu'elle nous suscite innocemment à l'écran dépend aussi de la douceur de ses yeux bleus et de la blondeur de son brushing dans sa rutilante panoplie rouge et bleue. On n'en dira pas tant de la présence incongrue de Brenda Vaccaro en adjointe gouailleuse, alter-ego primaire de Selena faisant office de faire-valoir risible, bien que la pilule passe un peu auprès de sa bonne humeur expansive. Et je ne parle même pas du pauvre jardinier qu'Hart Bochner incarne avec une bonhomie puérile (c'est peu de le dire pour les séquences romantiques les plus nunuches !) dans sa fonction de victime intoxiquée par le sérum de l'amour. Mais on lui pardonne bien tant l'acteur atone se prête volontiers au jeu avec esprit bonnard. 


Un divertissement familial bonnard, entre naïveté attendrie, facéties candides et féerie salvatrice. 
Inévitablement maladroit, bancal et parfois ridicule sans toutefois jamais nous irriter ou nous blaser, Supergirl est un plaisir innocent comme on en voit très peu de nos jours. Un gros spectacle raté plein de charme, de fantaisies, d'actions et d'humour involontaire sous l'impulsion d'un casting hybride se prêtant au jeu de la bande dessinée live avec franchise décomplexée. Et rien que pour la présence de l'attachante Helen Slater très à l'aise en super-héroïne novice, Supergirl mérite qu'on y replonge,  nostalgie émotionnelle aidant faisant parfois éclore une féerie divine (ses 1ers vols aériens sur Terre, oui j'insiste !). 

*Eric Binford
3èx

lundi 6 septembre 2021

Time Walker

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Tom Kennedy. 1982. U.S.A. 1h25. Avec Ben Murphy, Nina Axelrod, Kevin Brophy, James Karen, Austin Stoker, Darwin Joston, Antoinette Bower 

Sortie salles France: ?. U.SA: 19 Novembre 1982

FILMOGRAPHIE: Tom Kennedy est un réalisateur américain décédé le 7 Décembre 2011 à West Hills, Los Angeles, California, USA. 1982: Time Walker. 


N'y allons pas par 4 chemins, et pour faire bref, Time Walker est un nanar oublié des années 80 d'un intérêt relativement limité, faute d'une poignée de personnages aussi stupides que puérils, d'un cheminement narratif tout tracé (une fausse momie doit récupérer 5 cristaux pour pouvoir retourner sur sa planète alors qu'un employé de l'université les a dérobé) et d'une réalisation approximative si bien qu'il s'agit de l'unique métrage de Tom Kennedy (décédé en 2011). Pour autant, et pour les fans indéfectibles de nanar, Time Walker est émaillé de moments involontairement cocasses ou amusants, notamment grâce à son doublage français outrancier faisant passer nos héros pour des pieds nickelés décervelés. Se laisse donc voir sans trop d'ennui, notamment en appréciant quelques scènes chocs lorsque les victimes sont contaminées par le champignon de la momie (une moisissure verdâtre qu'il ne faut surtout pas tripoter au risque d'y nécroser l'épiderme). Reste surtout en mémoire sa splendide affiche promotionnelle à l'onirisme crépusculaire. 


*Eric Binford
3èx

vendredi 3 septembre 2021

Beautiful Girls

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com  

de Ted Demme. 1996. U.S.A. 1h52. Avec Timothy Hutton, Matt Dillon, Michael Rapaport, Noah Emmerich, Uma Thurman, Natalie Portman, Max Perlich, Annabeth Gish.

Sortie salles France: Direct to Dvd. U.S: 9 Février 1996

FILMOGRAPHIE: Edward Kern Demme dit Ted Demme est un réalisateur et producteur américain, né le 26 octobre 1963 à New York (États-Unis), décédé d'un arrêt cardiaque le 13 janvier 2002 à Santa Monica. 1993 : Who's the Man? 1994 : Tel est pris qui croyait prendre. 1996 : Beautiful Girls. 1998 : La Loi du sang (Snitch / Monument Ave.). 1999 : Perpète (Life). 2001 : Blow. 2003 : A Decade Under the Influence (en) (documentaire, coréalisé avec Richard LaGravenese). 


Le bon vieux temps n'avait jamais semblé si bon !
 
Inédit en salles chez nous, Beautiful Girls fait parti des meilleures romcoms des années 90 selon mon jugement de valeur. Si bien qu'il laisse une empreinte en nous après plusieurs visionnages (j'en suis à ma 3è fois ce soir). Romance à l'eau de rose standard dénuée de personnalité ? Que nenni ! Beautiful Girls parvenant intelligemment à se démarquer de l'ombre du produit superficiel de par la prestance des illustres comédiens d'une sobre authenticité dans leur fonction de coeur à prendre ou a reconquérir. Il faut dire que son épatante distribution a de quoi aiguillonner le chaland lorsque Timothy Hutton, Matt Dillon, Michael Rapaport, Noah Emmerich, Uma Thurman, David Arquette, Lauren Holly et la juvénile Natalie Portman s'y succèdent à parts égales avec une tendre humilité. Leurs tranches de vie donnant lieu à des moments de tendresse et de drôlerie lestement dosés à travers un esprit de camaraderie faisant vibrer notre corde nostalgique auprès de leur crise trentenaire. Mais au-delà du jeu sans ambages de ces derniers vibrants d'humanité pour leur commun désagrément à tenter d'y consolider l'amour de leur vie, Ted Demme s'y entend pour les dessiner avec une fine attention en dépit de la simplicité de leurs situations intimistes. 


Des apartés et autres dissensions morales (et physiques) évoquant les traditionnels thèmes de la peur de l'engagement et de vieillir, de l'immaturité des hommes en éternels ados souvent trop fascinés par l'apparence des femmes, de la fragilité des hommes et des femmes trahis par l'adultère. Beautiful Girls se focalisant sur cette bande de copains réunis le temps de quelques jours afin de faire le point sur leur situation sentimentale. Timothy Hutton débarquant dans son ancienne ville dans sa modeste carrure d'amant contrarié ne cessant de douter de ses sentiments éprouvés pour Tracy. Quand bien même Umma Thurman débarque chez eux en invitée improvisée en éveillant chez ces messieurs ce goût euphorisant que l'on ressent lors des premières rencontres amoureuses. Quant à Nathalie Portman, elle explose l'écran du haut de ses 13 ans à trois reprises à travers ses ambigus rapports à la fois tendres et amiteux envers Willie (Timothy Hutton) allègrement perturbé par sa nature amoureuse d'une sincérité trouble pour son âge adolescent. Ces séquences intimistes bâties sur un jeu de séduction aussi amical que sentimental demeurant selon moi les moments les plus poignants et bouleversants grâce prioritairement à l'expressivité prude de Nathalie Portman hyper attendrissante en ado pressée de grandir afin de cueillir le véritable amour. Alors que Willie ose confier à l'un de ses acolytes qu'il serait prêt d'attendre ses 18 ans pour s'engager avec elle. Une réflexion à la fois outrée et lunaire, un questionnement presque immoral  que Willie se torture dans sa quête idéaliste d'y dénicher la perle rare. Mais tout rentrera dans l'ordre auprès de son initiation à la sagesse d'esprit et à la confiance en l'être aimé. 


Plein de charme et de tendresse en y alliant romcom et film de copains, Beautiful Girls sonne juste en toute simplicité à travers l'humanisme tourmenté de cette poignée de protagonistes d'une sensibilité louablement gratifiante pour y parfaire leur destin amoureux. Son casting quatre étoiles irréprochable parvenant à nous faire omettre leur stature starisée sous l'impulsion d'une commune émotivité solidaire.
Oubliez donc vos préjugés pour laisser sa chance à ce joli moment d'émotions servi par la superbe musique de David A. Stewart.

*Eric Binford
3èx

jeudi 2 septembre 2021

Les Envahisseurs sont parmi nous

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site thevintagetoyadvertiser.org

"Strange Invaders" de Michael Laughlin. 1983. U.S.A. 1h34. Avec Paul Le Mat, Nancy Allen, Diana Scarwid, Michael Lerner, Louise Fletcher, Wallace Shawn, Fiona Lewis

Sortie salles France: 23 Octobre 1985. U.S: 16 Septembre 1983.

FILMOGRAPHIEMichael Laughlin est un réalisateur, producteur et scénariste américain. 1981 : Strange Behavior. 1983 : Les envahisseurs sont parmi nous. 1986 : Mesmerized. 


Entre tous les univers, ils ont "hélas" choisi le notre... 
Il y a de p'tits métrages sans prétention qui parviennent à se bonifier avec le temps, et les Envahisseurs sont parmi nous fait parti de ceux là. Si bien qu'à l'époque de sa VHS locative (oh combien granuleuse !) je n'étais guère aussi enthousiaste et immergé qu'à ma revoyure actuelle. Car jouant la carte de la nostalgie à travers l'hommage naïf aux films d'extra-terrestres des années 50, cette pure série B fleurant bon l'innocence et la simplicité dégage un charme envoûtant auprès de sa trame somme toute classique mais attachante. Ainsi, de par ses maladresses constantes d'une réalisation perfectible mais oh combien sincère (Michael Laughlin est uniquement responsable de 3 métrages), et la bonhomie candide de ses comédiens de seconde zone (mention spéciale à l'inexpressif Paul Le Mat alors qu'il parvient miraculeusement à imposer une présence avenante en héros en herbe de dernier ressort), les Envahisseurs sont parmi nous parvient à nous plonger dans son univers surnaturel avec parfois un brin d'onirisme enchanteur (les sphères humaines fluorescentes voguant dans les airs). Pour ce faire, on reste plutôt surpris par la qualité artisanale des effets-spéciaux et maquillages parvenant à crédibiliser les métamorphoses des extra-terrestres alors que leur vaisseau spatial en forme de gros cigare se fige dans le ciel sous un horizon magnifiquement rosé (cachet féérique garanti !). 


Hommage assumé aux Envahisseurs créé par Larry Cohen et à cette pléthore de séries B bricolées parmi l'astuce de bouts de ficelle, les Envahisseurs sont parmi nous reprend le cheminement prosaïque du héros difficile à convaincre son entourage lorsque sa fille est retenue prisonnière de méchants E.T. Mais lors d'un concours de circonstances heureuses, et grâce à son investigation personnelle, Charles Bigelow s'entourera de mains secourables durant son périple. Tant auprès d'un témoin capital interné en psychiatrie, d'une journaliste (Nancy Allen toujours aussi charnelle) et d'une spécialiste d'études en OVNI, que de la présence subsidiaire de sa mystérieuse épouse disparaissant et apparaissant à sa guise. Mené sur un rythme soutenu, alors que certains évènements se précipitent un peu trop rapidement à travers son montage elliptique, le divertissement parvient agréablement à ranimer nos souvenirs d'antan lorsque nous étions fascinés, les yeux d'enfants pleins d'étoiles, par la Guerre des Mondes et les Envahisseurs de la Planète Rouge


Et si ce métrage plein de charme ne reste qu'un gentillet spectacle résolument mineur et inoffensif, l'amour, l'attention et l'intégrité que portent le réalisateur à ses personnages, à son histoire, à ses FX et à sa bourgade rurale (soigneusement photographiée qui plus est) parvient à redorer nos émotions enfantines avec un sens de fascination fantasmagorique. 

*Eric Binford
2èx

mercredi 1 septembre 2021

Psychose Meurtrière

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"The Vagrant" de Chris Walas. 1992. U.S.A/France. 1h31. Avec Bill Paxton, Michael Ironside, Marshall Bell, Marc McClure, Mitzi Kapture, Colleen Camp.

Sortie salles France: ?. U.S: 16 Mai 1992

FILMOGRAPHIE: Chris Walas est un réalisateur américain, né en 1955 à Chicago, Illinois, U.S.A. 1989: La Mouche 2. 1990: Les Contes de la Crypte (Série TV, épisode: Till Death). 1992: Psychose Meurtrière.


Street Trash.
Comédie horrifique oubliée des années 90, Psychose Meurtrière nous relate l'épreuve morale d'un cadre venant d'emménager dans sa nouvelle demeure auquel un invité surprise lui rendra la vie impossible. Celui-ci insalubre (c'est peu de le dire) n'étant autre que le SDF du coin ne cessant d'apparaître dans l'habitacle de sa demeure au point de rendre littéralement paranoïaque son propriétaire à deux doigts d'effleurer la folie monomane. Tant et si bien qu'une des voisines de la bourgade est un jour retrouvée découpée en morceaux ! Ainsi, la police dépêchée sur place suspecte rapidement l'attitude erratique de Graham Krakowski, cadre timoré incapable de s'opposer à l'impériosité de son patron sarcastique. Réalisé par Chris Walas, uniquement responsable du très honnête La Mouche 2, Psychose Meurtrière empreinte clairement la voie du cartoon live à travers son lot de séquences déjantées où chaque personnage lunaire ne cessera d'y martyriser ou de brocarder notre héros replié dans l'impuissance la plus préjudiciable. Chaque membre de son entourage, amical ou sentimental, n'accordant que peu de crédit à son malaise obsessionnel d'y fustiger le malheureux vagabond tentant de survivre sur les trottoirs après avoir été trahi par sa hiérarchie professionnelle. 


Psychose Meurtrière
jouant la carte de la satire semi-parodique contre le capitalisme, le matérialisme et la bureaucratie du point de vue d'un cadre servile réduit en esclavage pour y préserver sa place. A la fois débridé, cocasse, badin, puis quelque peu déconcertant quant à la tournure horrifico-cauchemardesque de sa trame vengeresse, Psychose Meurtrière inquiète et amuse tout en nous égarant un peu en cours de route auprès de son parti-pris d'y communier les genres avec une ironie sardonique autrement outrée par moments. Le spectateur en proie au doute se questionnant sur la moralité névrotique de Graham victime de persécutions et d'hallucinations (notamment auprès de ses crises de somnambulisme) auprès d'un SDF gouaillant le méchant tortionnaire. Et donc, en dépit de sautes d'humeur un tantinet déstabilisantes, Psychose Meurtrière détonne intelligemment en semant le doute sous l'impulsion d'un Bill Paxton davantage malaisant à travers son initiation à l'affirmation et à la révolte dans sa condition proscrite. On peut d'ailleurs parfois songer au cartoon survolté Mort sur le Grill, autre parodie vrillée concoctée avec amour, ferveur et astuces par le néophyte Sam Raimi motivé par l'hyperbole.


*Eric Binford. 
2èx

mardi 31 août 2021

L'Oeil du Tueur

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"White of the Eye" de Donald Cammell. 1987. Angleterre. 1h52. Avec David Keith, Cathy Moriarty, Alan Rosenberg, Art Evans, Michael Greene, Danielle Smith

Sortie salles France: 9 Mai 1987 (marché du film de Cannes). Angleterre: 19 Juin 1987

FILMOGRAPHIE: Donald Cammell est un réalisateur, scénariste et acteur anglais né le 17 Janvier 1934 in Edinburgh, Scotland, UK, décédé 24 Avril 1996 à Hollywood, California, USA. 1999: The Argument (Short). 1999 U2: The Best of 1980-1990 (Video documentary) (video "Pride"). 1995 Wild Side (as Franklin Brauner). 1993 U2: Love Is Blindness (Video short). 1987 L'oeil du tueur. 1985 The Hooters: All You Zombies (Video short). 1984 U2: Unforgettable Fire (Documentary short) (video "Pride"). 1984 U2: Pride (In the Name of Love), Version 1 (Video short). 1977 Génération Proteus. 1970 Performance. 


"L'amour est un séducteur qui vous caresse, vous charme, vous aveugle en faisant briller à vos yeux une promesse de bonheur, et qui tout à coup vous perce le cœur et laisse le poignard dans la blessure, pour que la rouille du souvenir l'envenime et vous fasse périr d'une mort lente."
Exploité chez nous en Vhs sous la bannière de Warner Home Video, l'Oeil du Tueur est l'archétype idoine du prototype maudit de par son invisibilité et sa faible reconnaissance. Et ce bien qu'il me semble qu'à l'époque Mad Movies l'eut défendu dans sa rubrique video (à moins de vérifier dans les pages de son confrère l'Ecran Fantastique). Ayant eu l'opportunité de le louer à l'époque de mon adolescence, il me resta en mémoire surtout pour son ambiance hors-pair et ses séquences chocs (dont celle hallucinée où la victime est contrainte de se regarder agoniser face à un miroir !!!) en dépit de mes vagues réminiscences. Je me souviens également que l'animatrice Sangria en fit chaudement la promotion à travers son émission culte "Les Accords du Diables" en reprenant louablement son préambule meurtrier clippesque. Ainsi, à la revoyure ce soir, quelle ne fut pas ma stupeur de me confronter à un véritable "coup de coeur" si bien que ce psycho-killer omis de tous ne ressemble à rien de connu. On peut même d'ailleurs évoquer le terme "culte" tant le réalisateur british (créateur entre autre du fameux Generation Proteus !); s'efforce de rendre hétérodoxe son thriller horrifique à travers une réalisation à la fois alambiquée, autonome et stylisée. Car expérimental, bizzaroïde, envoûtant, créatif, équivoque et inquiétant, l'Oeil du Tueur s'extirpe de la convenance de son intrigue linéaire en privilégiant une atmosphère indicible littéralement magnétique. Et ce sous l'impulsion d'un score musical parfois planant esquissant une poignée de personnages contrariés confrontés à l'adultère. Ce qui m'a d'ailleurs évoqué à plusieurs reprises le 6è Sens de Michael Mann, tant pour son ambiance onirico-morbide, son thème sur la famille et l'amour du couple que pour sa photo esthétisante extrêmement chiadée si bien que selon une certaine source du net que j'ai pu entrevoir, la réalisateur aurait été autrefois peintre. 


Le récit somme toute simpliste décrivant avec force visuelle et détails ésotériques les exactions d'un mystérieux assassin s'en prenant à de jeunes femmes esseulées au sein de leur foyer en Arizona. La cadre naturel montagneux étant parfaitement exploité autour de villas huppées à l'architecture contemporaine. Donald Cammell usant et abusant de zooms agressifs, plans tarabiscotés et longs travellings afin d'enrichir sa mise en forme constamment inventive, de manière à rester sur le qui-vive de la future séquence impromptue à venir. On peut d'ailleurs penser au cinéma d'Argento bien que l'Oeil du Tueur parvient aisément à se dégager de l'ombre de l'épigone à travers sa personnalité de proposer au spectateur une sorte de voyage au bout de l'enfer mystique que l'on ne voit pas arriver. C'est d'ailleurs ce que nous confirme l'intrusion soudaine de sa seconde partie lorsque l'identité de l'assassin est subitement révélée (en me suscitant un profond malaise même si inévitablement on peut anticiper son véritable profil). Tant et si bien que l'aspect autrement jouissif du film marginal émane de son imprévisibilité à émailler le récit de séquences incongrues aussi stupéfiantes que déconcertantes. Comme le prouve à nouveau son final explosif confiné au coeur d'une carrière auquel les personnages lunaires révéleront un peu plus leur fêlure morale à travers leur frustration amoureuse et sexuelle. Et si l'Oeil du Tueur s'avère aussi captivant qu'étonnamment cosmique il le doit aussi largement à la qualité indiscutable de sa distribution (David Keith / Cathy Moriarty - sosie blonde de Karole Rocher - en tête !) communément impliquée dans leur fonction victimisée et/ou revancharde. Sur ce point essentiel les comédiens font le job sans jamais déborder si bien que l'on s'attache pleinement à eux, même auprès des plus névrosés, pour ne pas dire des plus psychotiques. Le cinéaste suscitant une réelle empathie auprès du thème du dépit sentimental tributaire d'un amour aveugle.


Bref, à travers son format de série B étonnamment maîtrisée (alors que le réal très discret est surtout connu d'avoir enfanté Generation Proteus !), l'Oeil du Tueur bouleverse les codes du psycho-killer avec autant d'intelligence que d'audaces en nous confrontant à une étrange confrontation cérébrale entre victime(s) et tueur (je ne peux pas en dire plus au risque d'ébruiter trop d'indices). Le tout baignant dans un esthétisme onirique franchement singulier de par la diversité harmonieuse des couleurs où rien n'est laissé au hasard du cadre (naturel ou domestique). A découvrir d'urgence alors qu'une multitude d'images iconiques et de visage marqués vous resteront imprimés dans l'encéphale.  

*Eric Binford
2èx 

vendredi 27 août 2021

Sweet Sixteen

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jim Sotos. 1983. U.S.A. 1h28. Avec Bo Hopkins, Susan Strasberg, Don Stroud, Dana Kimmel, Aleisa Shirley, Glenn Withrow

Sortie salles U.S: 16 Septembre 1983. Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: Jim Sotos est un réalisateur et producteur américain. 2011: Darla Z Live from Las Vegas (TV Special). 1991 Little Scams on Golf (Video short). 1989 L'Héritier de Beverly Hills. 1984 Hot Moves. 1983 Sweet Sixteen. 1976 Viol sans issue. 1976 The Super Weapon (Documentary) (co-director). 


En pleine vague du psycho-killer, l'inconnu Jim Sotos exploite le filon en 1983 avec Sweet Sixteen  scandé d'une resplendissante affiche promotionnelle ! Un thriller horrifique donc, aussi méconnu que peu renommé, eu égard de son intrigue linéaire mollement dépeinte, et ce en dépit de son attachant casting de seconde zone (Bo Hopkins, Susan Strasberg, Don Stroud, Dana Kimmel) que Jim Sotos dirige hélas maladroitement (même si on a connu bien pire auprès de séries Z standards). A l'instar du jeu tacitement complexé de l'illustre Patrick Macnee peu à l'aise dans celui du père gentiment autoritaire auprès des mâles en rut osant courtiser sa fille mythomane. Aleisa Shirley endossant sans trop d'ambiguïté (en dépit de son goût pour le baratin afin d'attirer l'attention de l'entourage machiste) le rôle de Melissa avec une sensualité résolument érotisante. Il faut dire que l'actrice juvénile dégage un charme naturel spécialement concupiscent dans son petit corps fluet aussi torride que décomplexé (d'où le présence de plusieurs scènes de nu que le spectateur reluque sans se culpabiliser d'un certain voyeurisme). Bref, sa ténébreuse présence charnelle, ses petits yeux lestement aguicheurs portent parfois leurs fruits à travers certaines séquences d'intimité esseulée ou amoureuse que l'on observe avec modeste fascination. 


D'autre part, Sweet Sixteen dégage parfois un certain charme à travers son ambiance horrifique feutrée (notamment auprès des séquences de nuit se déroulant dans la nature forestière) et auprès de son microcosme rural auquel une poignée de citadins y résident dans la bonne humeur, l'entraide et la cordialité de par leur commune nativité régionale. Or, le gros problème de cette série B jamais habile réside dans la structure approximative d'une intrigue guère passionnante en dépit de quelques éclairs de violence. Des meurtres filmées en mode "Psychose" lorsque l'assassin décime ses victimes d'un point de vue subjectif. L'enquête mollement dirigée par le shérif du coin (l'attachant Bo Hopkins fait ce qu'il peut à travers ses mimiques avenantes ou autrement castratrices) demeurant peu convaincante quant aux maigres indices instillés parmi l'assistanat de ses propres enfants jouant aux détectives en herbe. Quand bien même pour y semer doute et suspicion auprès du cadre criminel (un ancien cimetière indien), on utilise le cliché du racisme lorsque les ivrognes du coin (Don Stroud est à sa place en grande gueule triviale) stigmatise la communauté indienne auprès d'un père et de son fils qui n'avaient rien demandé. 


En dépit de la bonne volonté du réalisateur à tenter de façonner un honnête psycho-killer, Sweet Sixteen est quelque peu plombé par la langueur de son intrigué guère captivante en dépit de ces aimables trognes qui se succèdent au cours de l'action et d'un final gentiment surprenant pour autant alourdi d'un ultime rebondissement éculé. On se réconforte tout de même sur son ambiance horrifique parfois magnétique et sur le charme envoutant de l'actrice Aleisa Shirley (bien que mal dessiné quant à sa caractérisation morale prémâchée) en y retenant avec amère mélancolie (de ce qu'aurait pu être le film s'il avait pu bénéficier d'une structure narrative plus solide !) l'entêtante chanson "Melissa" interprétée par Frank Sparks
Fréquentable toutefois pour les afficionados cléments...

Remerciement à Contrebande Vhs.

*Eric Binford

jeudi 26 août 2021

L'Eté de la Peur

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com


"Stranger in Our House" de Wes Craven. 1978. U.S.A. 1h30. Avec Linda Blair, Lee Purcell, Jeremy Slate, Jeff McCracken, Jeff East, Carol Lawrence, Macdonald Carey.

Diffusion TV US: 31 Octobre 1978. Sortie salles France: 31 Décembre 1980

FILMOGRAPHIE: Wesley Earl "Wes" Craven est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur et monteur né le 2 Aout 1939 à Cleveland dans l'Ohio. 1972: La Dernière maison sur la gauche, 1977: La Colline a des yeux, 1978: The Evolution of Snuff (documentaire), 1981: La Ferme de la Terreur, 1982: La Créature du marais, 1984: Les Griffes de la nuit, 1985: La Colline a des yeux 2, 1986: l'Amie mortelle, 1988: l'Emprise des Ténèbres, 1989: Schocker, 1991: Le Sous-sol de la peur, 1994: Freddy sort de la nuit, 1995: Un Vampire à brooklyn, 1996: Scream, 1997: Scream 2, 1999: la Musique de mon coeur, 2000: Scream 3, 2005: Cursed, 2005: Red eye, 2006: Paris, je t'aime (segment), 2010: My soul to take, 2011: Scream 4.


Télé-film diffusé dans certaines salles françaises et américaines grâce à son succès sur les chaines NBC et CBS (si bien que j'ai eu l'aubaine de le découvrir dans un cinéma de quartier en Ardèche à l'aube de mon adolescence), L'Eté de la peur porte la signature du maître Wes Craven exploitant le filon de la sorcellerie avec une efficacité somme toute relative. Car nanar (ou navet) pour les uns, plaisir innocent pour d'autres, l'Eté de la peur se situe entre ses deux contradictions selon mon jugement de valeur. Wes Craven usant de facilités parfois trop triviales pour emporter l'adhésion à nous convaincre de l'hostilité de cette jeune cousine que la famille Bryant accueille à bras ouverts après que ses parents se soient tués lors d'un mystérieux accident de voiture. Dès lors, une inimitié va rapidement s'installer entre les cousines Julia et Rachel que Linda Blair endosse avec une expressivité aussi attachante que naïve. Cette dernière découvrant beaucoup trop facilement les preuves et indices que Julia dissémine distraitement dans les chambres du cocon familial, sans compter ses crises colériques ou éplorées un brin surjouées lors des moments les plus dramatiques. Quand bien même on peut également sourire de l'artifice grossier comme quoi une sorcière ne puisse apparaître sur un cliché après y avoir été photographiée, faute de son identité maléfique. La résultante de ce rebondissement prévisible provoquant un non effet de surprise par son absence de crédibilité, voir par le produit de son humour involontaire. 


Pour autant, et assez curieusement, l'Eté de la peur se suit sans trop d'ennui grâce aux caractères assez attachants des personnages inscrits dans l'unité familiale, à son cadre bucolique solaire que l'on aimerait fréquenter et à quelques séquences-chocs assez réussies. A l'instar de l'agression sauvage du cheval contre Julia recluse au bout du compte dans une voiture pour s'y protéger. Son intensité dramatique demeurant réaliste sous l'impulsion d'un habile montage assez dynamique. On peut à nouveau souligner une autre séquence autrement grave lorsque Rachel trébuchera de son cheval rendu erratique à la suite d'une course hippique. Enfin, son final inopinément spectaculaire s'alloue d'un parti-pris grand-guignol plutôt réjouissant lorsque Julia, les yeux azur fluos soudainement métamorphosés; déploie ses talents destructeurs contre Rachel à travers la chambre, la cuisine et la cave. Et ce avant d'amorcer une course-poursuite en voiture impeccablement menée pour tenter de sauver la mère de Rachel sillonnant une route nationale. On peut également souligner la présence assez crédible de Lee Purcell endossant la sorcière juvénile avec un charme insidieux sensiblement trouble et inquiétant. Ses crêpages de chignon compromis avec Rachel demeurant gentiment amusants et ludiques à travers leur permanent conflit d'autorité à couteau tiré. 


En dépit d'une intrigue prévisible ultra simpliste parfois rehaussée d'une touche provocatrice (le thème de l'inceste) et de scènes chocs susnommées, l'Eté de la Peur joue la carte de la série B télévisuelle avec une efficacité bonnard. Les interprétations enjouées de Linda Blair et de Lee Purcell permettant au fil du récit d'entretenir un certain magnétisme moral à travers leur confrontation pugnace faisant intervenir l'occulte de la sorcellerie.

Eric Binford
31.07.17
26.08.21. 4èx

mercredi 25 août 2021

The Brother from another planet

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site 

de John Sayles. 1984. U.S.A. 1h48. Avec Joe Morton, Daryl Edwards, Steve James, Leonard Jackson, Bill Cobbs, Maggie Renzi

Sortie salles France: 7 Septembre 1984

FILMOGRAPHIE: John Sayles est un réalisateur américain de films indépendants, né le 28 septembre 1950 à Schenectady, New York (États-Unis). Il est également scénariste, acteur, monteur et producteur. 1980 : Return of the Secaucus. 1983 : Lianna. 1983 : Baby It's You. 1984 : The Brother from Another Planet. 1987 : Matewan. 1988 : Les Coulisses de l'exploit. 1991 : City of Hope. 1992 : Passion Fish. 1994 : Le Secret de Roan Inish. 1996 : Lone Star. 1997 : Men with Guns. 1999 : Limbo. 2002 : Sunshine State. 2003 : Casa de los babys. 2004 : Silver City. 2007 : Honeydripper. 2010 : Amigo. 

Ofni oublié de tous si bien qu'il fait office d'arlésienne juste avant qu'il ne soit (très discrètement) édité chez nous en Dvd dans la collection "exploitation cinema", The Brother from another Planet est une oeuvre indépendante aussi intéressante qu'équivoque. Dans le mesure où dénué d'intrigue, ce témoignage sociétal sur la communauté noire du point de vue des minorités nous dépeint les déambulations d'un extra-terrestre de couleur noir (avec des pieds aux ongles crochus !) tentant de se sociabiliser auprès des exclus, des marginaux et des tauliers dans la ville de Harlem. Porté à bout de bras par le jeu inné de Joe Morton criant de vérité infantile par ses expressions infiniment candides, The Brother from another planet se suit comme un documentaire timidement cocasse, bizarroïde (les mens in black tentant de le rapatrier sur leur planète !) et surtout singulier. Tant et si bien que l'on se demande quel est le véritable message du film à travers ce portrait fantaisiste d'un E.T black parvenant peu à peu à s'acclimater à notre société contemporaine en dépit de la corruption, de la délinquance, de la prostitution et de la drogue qui empiètent son cheminement moral et initiatique. Oeuvre culte ne ressemblant à nul autre métrage, The Brother from another planet a au moins le mérite de proposer au spectateur un divertissement mineur jamais conçu pour nous caresser et plaire au plus grand nombre mais plutôt pensé pour nous concocter une expérience humaine introspective par son vérisme documenté. A découvrir à condition d'y être bien préparé et de le visionner en VOSTF...


*Eric Binford

mardi 24 août 2021

Le Voyage Fantastique de Sinbad

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"The Golden Voyage of Sinbad" de Gordon Hessler. 1973. U.S.A/Angleterre. 1h45. Avec John Phillip Law, Caroline Munro, Tom Baker, Douglas Wilmer, Martin Shaw, Grégoire Aslan. 

Sortie salles France: 25 Juin 1975. U.S: 5 Avril 1974. Angleterre: 20 Décembre 1973

FILMOGRAPHIE: Gordon Hessler est un réalisateur américain d'origine allemande né le 12 décembre 1930 à Berlin et mort le 19 janvier 2014 à Londres. 1965 : Catacombs. 1969 : The Last Shot You Hear. 1969 : Le Cercueil vivant. 1969 : De Sade. 1970 : Lâchez les monstres. 1970 : Les Crocs de Satan (en). 1971 : Murders in the Rue Morgue. 1972 : Du rififi à l'ambassade. 1973 : Medusa. 1973 : Scream, Pretty Peggy (en) (TV). 1974 : Panique dans le téléphérique (TV). 1974 : Hitchhike! (TV). 1974 : A Cry in the Wilderness (TV). 1974 : Le Voyage fantastique de Sinbad. 1974 : Betrayal (TV). 1976 : Atraco en la jungla. 1977 : The Strange Possession of Mrs. Oliver (TV). 1978 : Puzzle (TV). 1978 : Secrets of Three Hungry Wives (TV). 1978 : KISS Meets the Phantom of the Park (TV). 1979 : Tales of the Unexpected (TV). 1979 : Little Women (série TV). 1980 : The Secret War of Jackie's Girls (TV). 1981 : Evil Stalks This House (TV). 1984 : Escape from El Diablo. 1985 : Prière pour un tueur. 1987 : Rage of Honor. 1987 : The Misfit Brigade. 1988 : The Girl in a Swing. 1989 : Out on Bail. 1992 : Kabuto. 


2è opus de la trilogie Sinbad, le Voyage Fantastique de Sinbad demeure un bon spectacle d'aventures mythologiques grâce aux sensationnelles créatures de Ray Harryhausen efficacement exploitées durant tout le récit. Et ce même si certains effets cheap ternissent parfois le réalisme des confrontations hostiles entre monstres et humains, faute d'un montage pas toujours adroit et d'une volonté maladroite de moderniser son contexte exotique au travers de grossiers décors parfois mal assortis (notamment ses couleurs criardes trop fluos dans la grotte). On aurait par ailleurs opté pour une intrigue plus riche et substantielle à travers la simplicité du jeu de piste que s'opposent Sinbad et le sorcier Koura afin de rassembler trois amulettes pour acquérir pouvoir et richesse. Mais ne faisons pas toutefois la fine bouche puisque les monstres hétéroclites qui se mêlent au récit sont efficacement exploités en intermittence avec un pouvoir de fascination toujours aussi attractif ! Rien que pour leurs présences à la fois féeriques et cauchemardesques, le Voyage Fantastique de Sinbad vaut assurément le détour de par son acuité visuelle somme toute artisanale. Avec une préférence pour la toute première créature qui apparait dès le prologue, et fort louablement à d'autres moments fructueux du récit, le fameux "homunculus".


Petit monstre humain ailé affublé d'une queue de lézard et d'une tête démoniale où l'on reste bluffé par sa fluidité corporelle ! Niveau cast, on ne se plaindra pas de la conviction naturelle de John Phillip Law se fondant dans le corps du héros vaillant avec une loyauté honorable. Notamment de par sa noble valeur d'y respecter l'esclave féminine qu'endosse avec un érotisme timoré l'inoubliable Caroline Munroe. Un personnage secondaire gentiment charmant car souvent inexpressif dans sa fonction subsidiaire de faire-valoir peu encline à imposer ses opinions en dépit de la sagesse d'esprit de Sinbad. Des rapports hélas mal développés ou tout du moins pas assez aboutis afin de s'attacher à leur liaison timidement sentimentale. Quant au rôle du méchant, Tom Baker demeure assez confiant, déterminé et délétère à arborer ses pouvoirs à ses rivaux à l'aide de sortilèges génialement inventifs (icones de la mythologie Hindoue) sous la supervision du prodige Ray Harryhausen. Avec une préférence pour la séquence finale binaire faisant intervenir un cyclope hybride mi-homme, mi-cheval, lors de la 1ère attaque contre l'esclave Margiana portée en sacrifice, quand bien même une seconde créature interviendra (furtivement) lors d'une nouvelle altercation que Sinbad s'empressera cette fois-ci de repousser à l'épée.


Relativement ludique sans jamais atteindre le niveau de ses précédents classiques (Jason et les Argonautes, le 7è Voyage de Sinbad, Jack, le tueur de géants), Le Voyage Fantastique de Sinbad parvient toutefois fréquemment à fasciner (et donc à retenir l'attention) grâce au bestiaire animalier confectionné avec toujours autant d'amour et de souci du détail par Ray Harryhausen

*Eric Binford
4èx

lundi 23 août 2021

11:14

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Greg Marcks. 2003. U.S.A. 1h26. Avec Henry Thomas, Barbara Hershey, Clark Gregg, Shawn Hatosy, Hilary Swank, Patrick Swayze, Rachael Leigh Cook, Stark Sands, Colin Hanks, Ben Foster.

Sortie salles France: 1er Décembre 2004 (Int - 12 ans)

FILMOGRAPHIE: Greg Marcks est un acteur, scénariste et réalisateur américain né le 12 Août 1976 à Concord, Massachusetts, USA. 2009: Conspiration. 2003: Onze heures quatorze.

Avant-propos (wikipedia): Le terme mindfuck est un mot d'argot en langue anglaise pouvant à la fois signifier, en tant que verbe, « induire quelqu'un en erreur », ou, en tant que nom commun, désigner quelque chose de déroutant, qui suscite la confusion

Excellent film choral scindé en 5 parties de façon déchronologique, 11:14 débute par la virée nocturne de Jack à bord de sa voiture alors qu'un cadavre s'écrase soudainement sur son pare-brise après avoir été éjecté du haut d'un pont. Mais de manière inexpliquée, il décide de se débarrasser du corps en le planquant dans son coffre. Or, la police à proximité des lieux l'arrête pour un contrôle de routine. Ainsi, 11:14 nous fera partager 1h20 durant le point de vue de divers personnages noctambules après que cet évènement dramatique s'y soit improvisé de façon intempestive. Si bien qu'à l'instar d'un Tarantino  réputé pour sa méchanceté corrosive, l'intrigue ne cesse de surprendre à travers ses faux semblants après nous avoir interrogé sur les tenants et aboutissants des personnages équivoques. Greg Marcks nous dressant une galerie de personnages inconséquents dans leur démarche criminelle ou délinquante qu'ils provoquent de manière irréfléchie pour le compte de Cheri. 

Jeune aguicheuse du quartier que l'on abordera sous des angles plus limpides au fil des sketchs caustiques s'enchainant lors d'un concours de circonstances infortunées. 11:14 épousant la carte du divertissement sardonique au gré d'une dramaturgie autrement plombante dans l'art et la manière de susciter l'empathie pour l'héroïne frontalement culbutée par un van. Une intensité dramatique fructueuse instaurant une plus-value à l'ensemble auprès de la caractérisation psychologique des nombreux coupables. Ceux-ci, déloyaux, pleutres, sournois ou revanchards tentant de s'extirper de leur situation catastrophiste en ne comptant que sur leur indépendance chargée en risques de préjudices. Les évènements abrupts et insolents se déroulant entre 10h54 et 11h14 en reconsidérant à chaque fois l'action entrevue du point de vue d'un autre personnage que le cinéaste aborde sous un angle plus explicatif quant à ses véritables motivations destinées à contenter Cheri. Quand bien même le père de celle-ci (incarné avec sobriété par Patrick Swayze) se la jouera débonnaire en se chargeant de se débarrasser d'un autre cadavre pour la protéger. 


C'est toujours au mauvais moment... Que ça dérape...
Avec son épatant casting à la fois disparate et inattendue (Henry Thomas, Barbara Hershey, Clark Gregg, Shawn Hatosy, Hilary Swank, Patrick Swayze s'affrontant communément dans l'appréhension et la contrariété instables), 11:14 ne nous laisse nul répit à travers cette escapade nocturne de tous les dangers où l'équité et la morale mises à mal y seront dédommagées par le Karma. Jouissif par son rythme endiablé semé de quiproquos, malentendus et bévues, 11:14 divertit sans rougir à travers son insolent sarcasme en roue libre que l'intrigue amorce sans effets de manche.

*Eric Binford
2èx

vendredi 20 août 2021

Massacre Hospital

                                            
                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"X Ray / Hospital Massacre" de Boaz Davidson. 1982. U.S.A. 1h29. Avec Barbi Benton, Chip Lucia, Jon Van Ness, John Warner Williams, Den Suries.

Sortie U.S: 16 Juillet 1982

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Boaz Davidson est un réalisateur, scénariste et producteur israélien né le 8 Novembre 1943. 1976: Lupo B'New York. 1978: Juke Box. 1979: La Boum Américaine. 1980: Graine d'Amour. 1981: Le Tombeur, le Frimeur et l'Emmerdeuse. 1981: Massacre Hospital. 1982: The Last American Virgin. 1983: Le Tombeur, le Frimeur et l'Allumeuse. 1986: Alex Holeh Ahavah. 1987: Dutch Treat. 1987: Mon Aventure Africaine. 1988: Salsa. 1988: Lool. 1990: Ochlim Lokshim. 1993: American Cyborg: Steel Warrior. 1994: Le Corps du Délit (télé-film). 1995: Lunarcop. 1997: Looking for Lola.


"Dans cet hôpital, votre prochaine visite pourrait être la dernière en camisole de force !"
Psycho-killer symptomatique des Eighties surfant sur l'unité de lieu d'Halloween 2 et de Terreur à l'Hôpital central, successivement sortis un an au préalable, Massacre Hospital réexploite le concept du huis-clos hospitalier lorsqu'une jeune patiente s'y retrouve piégée parmi l'intrusion d'un dangereux maniaque. Et pour nous suggérer l'identité du présumé coupable, le prologue nous eut signalé que 19 ans plus tôt, Susan alors enfant, repoussa les avances d'un de ses camarades Harold face au témoignage de son petit ami de l'époque. Fou de jalousie, Harold assassina donc celui-ci par pendaison le jour de la saint-valentin ! (une scène-choc un tantinet audacieuse de par la finalité visuelle du meurtre infantile !). Aujourd'hui divorcée et mère d'une fille, elle part se rendre à l'hôpital pour y solliciter ses examens, quand bien même un psychopathe est entrain d'empiler les exactions morbides. Démunie et contrainte de rester cloîtrer dans sa chambre après l'inquiétant résultat de ses analyses, elle tentera par tous les moyens de lui échapper au grand dam de la négligence du corps médical. Ainsi, jouant incessamment avec outrance décomplexée sur le profil des faux suspects et situations d'angoisse en trompe-l'oeil, Boaz Davidson, réalisateur réputé de Teen movies grivois (Juke Box, La Boum Américaine, le Tombeur, le frimeur et l'Emmerdeuse, le Tombeur, le frimeur et l'Allumeuse, c'était lui !), manipule avec dérision le spectateur emporté dans un vortex de situations toutes plus improbables les unes que les autres auprès de clichés détournés en parodie. Tant et si bien que le spectacle borderline, décalé, sciemment grotesque, vaut son pesant de cacahuète lorsque l'héroïne (sublime topless plantureuse aux yeux verts infiniment ensorcelants !) s'efforce de convaincre soignants, médecins et malades qu'un dangereux psychopathe est entrain de décimer un à un les occupants en blouse blanche ! 


Or, l'héroïne a un mal fou à se faire entendre lorsque les médecins décèlent sur ses radios une étrange maladie potentiellement mortelle dont nous ne connaîtrons ni l'origine, ni la dénomination ! Le réalisateur s'éternisant à suspecter les résultats de ses radios d'après les témoignages de médecins aussi dubitatifs que perplexes ! D'où le ressort comique qui en émane ! Quand bien même malades et praticiens se comportement de manière à la fois douteuse et suspicieuse à reluquer sans complexe notre héroïne ultra sexy dévoilant par l'occasion son anatomie lors d'une séquence anthologique d'auscultation ! Ainsi donc, de par son rythme fertile ne laissant que peu de place aux temps morts, Massacre Hospital divertit en diable, entre sourire et rire aux lèvres de par l'extravagance des seconds-rôles génialement cabotins se raillant de la pauvre Susan avec perversité ou jalousie, et du tueur psychopathe déployant une posture emphatique à chacune de ses apparitions outrées (rehaussées d'un souffle haletant derrière son masque chirurgical). Etonnamment réalisé avec un certain professionnalisme, Massacre Hospital n'est nullement la série Z que certains se sont empressés de cataloguer lors de sa discrète exploitation en Vhs (bien que largement défendu dans la revue Mad Movies qui avaient tout pigé à son potentiel parodique). Si bien que l'on est d'autant plus surpris du jeu convaincant des acteurs, aussi ridicules ou délibérément grotesques soient-ils dans leur fonction bêta. Barbi Benton (mannequin, actrice, compositrice, personnalité de la télévision et chanteuse américaine !!!) irradiant l'écran à chacune de ses apparitions affolées en victime démunie suppliant vainement son entourage de lui venir en aide. Une actrice franchement à l'aise dans son rôle de rutilante potiche exploitant à merveille son physique mannequin à travers un naturel aguicheur dénué de provocation. Enfin, sa photo soigneusement saturée se prête élégamment à l'ambiance hospitalière à la fois lugubre et déjantée, qui plus est parfois exacerbé d'un inexplicable climat ouaté lors de corridors enfumés laissant peu à peu transparaître notre tueur irascible incapable de contenir ses pulsions meurtrières. Ce dernier redoublant de maladresse et d'insouciance à planquer ses victimes ensanglantées dans des endroits souvent aléatoires.  


Doctor in Love. 
Fans de psycho-killer pour rire, Massacre Hospital risque donc de vous amuser sans peine à travers son melting-pot de poncifs et persos vrillés sciemment exploités pour les singer en dérision sardonique. Complètement oublié et plutôt mésestimé, cette série B horrifique se permet également de ponctuer son intrigue fantasque de meurtres parfois gores assez bonnards. Et rien que pour la présence torride de Barbi Benton (elle aurait très bien pu postuler pour Looker de Michael Crichton !) le spectacle décérébré en vaut la chandelle ! 

P.S: la version Uncut est un simple rajout de scènes de dialogues.

Eric Binford
20.08.21. 4èx
25.02.15. 127 v