Inédit en salles. Dvd / Vod le 27 Avril 2022.
FILMOGRAPHIE: Hanna Bergholm est une réalisatrice, actrice et scénariste finlandaise. 2022: Ego.
*Bruno Matéï
"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
Inédit en salles. Dvd / Vod le 27 Avril 2022.
FILMOGRAPHIE: Hanna Bergholm est une réalisatrice, actrice et scénariste finlandaise. 2022: Ego.
*Bruno Matéï
Sortie salles France: 5 Juillet 2000. U.S: 16 Juillet 1999
FILMOGRAPHIE: Steve Miner est un réalisateur américain né le 18 juin 1951 à Westport, dans le Connecticut. 1981 : Le Tueur du vendredi. 1982 : Meurtres en 3 dimensions. 1986 : House. 1986 : Soul Man. 1989 : Warlock. 1991 : À cœur vaillant rien d'impossible. 1992 : Forever Young. 1994 : Sherwood's Travels. 1994 : My Father, ce héros. 1996 : Le Souffre-douleur. 1998 : Halloween, 20 ans après. 1999 : Lake Placid. 2001 : Texas rangers, la revanche des justiciers. 2007 : Le Jour des morts. 2009 : Blonde et dangereuse.
Nanti d'une photo chaleureuse et de surprenants effets-spéciaux en animatronique conçus par le spécialiste Stan Winston (certains plans détaillés sont bluffants de réalisme alors que d'autres heureusement plus concis y sont un tantinet perfectibles), Lake Placid charme les mirettes auprès de son cadre champêtre si solaire et rassurant et des apparitions du monstre que Steve Miner exploite le plus souvent habilement afin d'y créer effets de surprise et fascination formelle de par l'aspect vériste de la bête aussi carnassière qu'insolente. Celle-ci étant capable d'avaler toute crue (ou presque) une vache, un ours ou un hélico alpagué dans sa vaste mâchoire alors que nos protagonistes s'efforcent de déjouer son appétit insatiable à l'aide d'un irrésistible sentiment de panique truffé de dérision. Tant auprès de la chieuse paléontologue en herbe que Bridget Fonda endosse avec une simplicité à la fois espiègle et attendrissante que du professeur lunaire (Oliver Platt très à l'aise dans sa photogénie innée) féru d'amour pour la cause animale à travers sa divinité reptilienne. Quand bien même le garde forestier (Bill Pullman étonnamment discret et quelque peu timoré à oser livrer ses sentiments) et le shérif Hank Keough (Brendan Gleeson dans une posture chafouine jamais antipathique) tentent de gérer la situation avec une autorité bonnard. Nos lurons parfois accompagnés d'adjoints, de secouristes et d'une voisine décatie (au bagou rustre) inspectant les lieux pour y traquer le croco en disséminant sur leur chemin solidaire une moisson de gags gentiment cocasses, badins ou carrément impayables.
Autant préciser que l'esprit de camaraderie est également la plus-value de cette série B sémillante reposant sur l'irrésistible naïveté de leurs situations de légèreté et des attaques cinglantes du monstre qu'ils tentent de piéger avec un amateurisme pour autant payant. A revoir d'urgence donc pour tous les amateurs irréductibles et à trôner précautionneusement après de son alter ego L'Incroyable Alligator auquel il se porte digne étendard. Dommage d'ailleurs que depuis sa sortie Lake Placid se coltine de manière aussi incompréhensible une mauvaise réputation auprès de la majorité des critiques alors que 5 autres suites (toutes plus inutiles que les autres) verront le jour afin d'épuiser la recette par opportunisme.
Après avoir été nominé 18 fois aux AFI Awards (l'équivalent de la cérémonie des Oscars), le premier long de l'australien David Michôd (ancien rédacteur en chef de revue de cinéma) se voit attribuer 10 récompenses dont celui du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur au sein de son pays natal. Alors qu'au festival de Sundance, il triomphe pour rajouter à son palmarès le Grand Prix du Jury. Rien que ça. Mais pas que, si bien qu'il vous suffira de jeter un oeil sur la suite de ses trophées à l'issue de ma chronique. Le succès public et critique de cette tragédie funèbre est donc amplement mérité et justifié tant l'intrigue profondément funeste magnétise l'esprit du spectateur de par sa noirceur implacable faisant office de chemin de croix fatal. Un film choc que ce chef-d'oeuvre mortifié dont on ne sort pas indemne par la géométrie de sa mise en scène à couper au rasoir. Le Pitch: Dans la banlieue de Melbourne, après la mort par overdose de sa mère, le jeune Joshua part vivre chez sa grand-mère en compagnie de ses fils marginaux, de dangereux criminels sur le déclin. Autant dire que Josh arrive au mauvais moment, surtout après avoir été témoin indirect de la mort de deux policiers. Dès lors, le jeune garçon ne sait plus à qui s'en tenir ! Entre une police lui sollicitant de témoigner au tribunal, la menace de certains de leurs membres corrompus et sa famille sournoise dénuée de morale pour le prix de leur liberté.
Dès le prologue aussi déconcertant que pathétique, Animal Kingdom adopte un sentiment inné d'amertume et de tristesse nonchalante. Un moment d'égarement figé dans le temps accentué d'une musique cafardeuse et de la gravité d'une voix-off machinalement narrée par notre anti-héros introverti, hagard, égaré dans ses pensées contrariées. Ainsi, à cet instant chargé de torpeur, on imagine que son passé ne fut guère gratifiant en terme d'éducation parentale et de sens moral à travers des enjeux existentiels à faible lueur d'espoir, d'amour et d'optimisme. David Michôd décrivant sans fard aucun (on peut même largement évoquer le souci documenté) la fragilité de son évolution morale à la fois précaire et indécise au fil d'une ossature narrative terriblement tragique, opaque, pessimiste, dépressive. Les acteurs au charisme animal, divinement remarquables d'expression viciée et renfrognée, se fondant dans la peau de crapules méprisables car n'hésitant pas à supprimer témoin gênant après s'être vengés pour tenter de sauver leur peau, leur patronyme, leur honneur. Dénué de fioriture sous l'impulsion d'un score sinistré magnifiquement envoûtant, Animal Kingdom nous laisse donc sur le carreau de par la montée implacable de son intensité dramatique magnifiquement dénuée de romance. Si bien qu'ici quasiment tous les protagonistes (anti-manichéens) sont dénués de vergogne en ne cessant de feindre, manipuler, lutiner pour parvenir à leur fin et ainsi asseoir leur suprématie. Sa violence acerbe, terriblement percutante n'en demeurant pas moins habilement suggérée pour toutes les occasions tristement lâches et perfides.
Récompenses:
Festival du film de Sundance 2010 : Grand prix du jury
Festival international du film de Stockholm 2010 : Prix du meilleur scénario pour David Michôd
Australian Film Institute Awards 2010 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur pour David Michôd
Meilleur acteur pour Ben Mendelsohn
Meilleure actrice pour Jacki Weaver
Meilleur acteur dans un second rôle pour Joel Edgerton
Meilleur scénario original pour David Michôd
Meilleur montage pour Luke Doolan
Meilleure musique de film pour Antony Partos et Sam Petty
AFI Members' Choice Award
Readers' Choice Award
Australian Directors Guild Awards 2010 : meilleur réalisateur pour David Michôd
Australian Writers' Guild Awards 2010 :
Awgie Award du meilleur scénariste pour David Michôd
Major Award pour David Michôd
Film Critics Circle of Australia Awards 2010 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur pour David Michôd
Meilleur acteur pour Ben Mendelsohn
Meilleure actrice pour Jacki Weaver
Meilleur acteur dans un second rôle pour Joel Edgerton
Meilleur scénario pour David Michôd
IF Awards 2010 :
Meilleur réalisateur pour David Michôd
Meilleur acteur pour Ben Mendelsohn
National Board of Review Awards 2010 :
Top 10 des meilleurs films indépendants
Meilleure actrice dans un second rôle pour Jacki Weaver
Camerimage 2011 :
Prix spécial du nouveau réalisateur en compétition pour David Michôd
Prix spécial du nouveau directeur de la photographie en compétition pour Adam Arkapaw
Festival international du film policier de Beaune 2011 : Prix de la critique ex-æquo
Chlotrudis Awards 2011 : meilleure actrice dans un second rôle pour Jacki Weaver
Satellite Awards 2011 : meilleure actrice dans un second rôle pour Jacki Weaver
Festival international du film de Santa Barbara 2011 : Virtuoso Award pour Jacki Weaver
Sortie salles France: 6 Décembre 1989. U.S: 22 Septembre 1989
FILMOGRAPHIE: Ridley Scott est un réalisateur et producteur britannique né le 30 Novembre 1937 à South Shields. 1977: Duellistes. 1979: Alien. 1982: Blade Runner. 1985: Legend. 1987: Traquée. 1989: Black Rain. 1991: Thelma et Louise. 1992: 1492: Christophe Colomb. 1995: Lame de fond. 1997: A Armes Egales. 2000: Gladiator. 2001: Hannibal. 2002: La Chute du faucon noir. 2003: Les Associés. 2005: Kingdom of heaven. 2006: Une Grande Année. 2007: American Gangster. 2008: Mensonges d'Etat. 2010: Robin des Bois. 2012: Prometheus. 2013 : Cartel. 2014 : Exodus: Gods and Kings. 2015 : Seul sur Mars. 2017 : Tout l'argent du monde. 2017 : Alien : Covenant. 2021 : Le Dernier Duel. 2021 : House of Gucci. 2023 : Kitbag. En préproduction : Gladiator 2 (titre provisoire).
A l'instar de l'oublié Traquée, Black Rain fut également mésestimé lors de sa sortie, alors qu'aujourd'hui, et depuis sa sortie Blu-ray, il est réévalué par certaines critiques au point de le considérer parfois comme l'un des meilleurs films d'action des années 80. En tout état de cause, et bien que ce superbe polar pâti d'une intrigue aussi classique que prévisible, Black Rain affiche une seconde jeunesse à travers sa facture formelle ensorcelante (certains le comparent d'ailleurs à Blade Runner en plus rationnel) portée à bout de bras par le génial Michael Douglas. Celui-ci endossant avec un naturel et un aplomb indéfectibles un flic un tantinet véreux contraint de retrouver la trace d'un dangereux Yakuza en fuite au Japon. Quand bien même Andy Garcia joue le faire-valoir avec une force tranquille et cool attitude aussi attachante qu'empathique quand à sa destinée en porte-à-faux. L'intrigue utilisant intelligemment la thématique de la vendetta à travers le profil de Nick (Michael Douglas) en proie à l'initiation d'une rédemption par le biais des valeurs de l'honneur, de l'amitié et de l'intégrité que son comparse nippon Masahiro Matsumoto (Ken Takakura tout en retenue docile) lui inculquera à travers sa déontologie policière.
Mais outre la présence solide de ces acteurs épatants de charisme à la fois distinguéet expressif, Black Rain emporte l'adhésion grâce à son esthétisme high-tech à la limite de l'anticipation. Si bien que l'on nous transfigure un étrange Japon noyé de néons, de fumées toxiques, de décors industriels au coeur d'une métropole fantasmatique multiforme. Tant et si bien que l'on pourrait même prétendre que l'action se situerait de nos jours tant Ridley Scott parvient à créer un univers high-tech à la limite du surréalisme sous l'impulsion du score très inspiré d'Hans Zimmer (sa mélodie fragile enrobant chaque image parfois élégiaque). Ainsi, en alliant le polar, le drame, l'action et un soupçon de romance (plutôt discret il est vrai), le cinéaste possède un indéniable savoir-faire esthétisant et un brio technique pour emballer en intermittence des séquences musclées (poursuites à motos ou à pied, corps à corps martiaux, gunfights pétaradants) remarquablement percutantes encore aujourd'hui. Et ce en utilisant parfois une ultra violence gore inattendue, notamment afin de renchérir son potentiel dramatique habilement géré afin de renforcer le caractère bien trempé de notre héros insolent avide de rébellion.
Sans omettre ses chansons symptomatiques des eighties (à l'instar d'un Rocky ou d'un Cobra) lors de l'ouverture du récit et du générique de fin, Black Rain a tout pour séduire le fan de polar violent impeccablement emballé par un réal et des acteurs mutuellement inspirés. Il est donc temps de redécouvrir cet excellent divertissement riche en émotions et en immersion à travers sa leçon de civisme inculquée par la culture nippone en proie à une rancoeur ricaine quant à la triste référence de la "pluie noire" causée à la population d'Hiroshima et de Nagasaki.
Sortie salles France: 2 Mars 2022.
FILMOGRAPHIE: Matt Reeves est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 27 Avril 1966 à Rockville Centre (Etats-Unis). 1993: Future Shock (segment "Mr. Petrified Forrest"). 1996: Le Porteur. 2008: Cloverfield. 2010: Laisse moi entrer. 2014: La Planète des Singes: l'Affrontement. 2017 : La Planète des singes : Suprématie. 2022 : The Batman.
D'une puissance émotionnelle, formelle et narrative posée au sein d'une dystopie hallucinée tout en empruntant moult références sans jamais les singer (The Crow, Seven, Blade Runner, Le Parrain pour les plus connus); The Batman nous plaque au siège 2h47 durant sous l'impulsion d'une foule de personnages torturés éclatant communément le cadre dépressif à travers moult rebondissements et revirements d'une intelligence jamais gratuite. Tout le récit, profondément dramatique, noir, baroque et pessimiste se déclinant en passionnante réflexion sur la vengeance, l'auto-justice (tristement actuelle) sous l'oeil avisé, sous la remise en question du vengeur masqué délibéré à changer la face du monde en faisant fi de violence animale après avoir appris à gérer la maîtrise de ses sentiments destructeurs. D'une beauté funeste imparable auprès de sa maîtrise technique au cordeau esquivant à tous prix l'ombre de la surenchère, The Batman se décline en grand spectacle dépouillé pour nous laisser sans voix auprès de notre calme contenu. Le genre de métrage exhaustif de nous sortir grandi après la projo par son essentiel refus de nous laisser guider par une révolte matérielle infructueuse.
Sortie salles France: 13 avril 1988. U.S: 9 Octobre 1987
FILMOGRAPHIE: Ridley Scott est un réalisateur et producteur britannique né le 30 Novembre 1937 à South Shields. 1977: Duellistes. 1979: Alien. 1982: Blade Runner. 1985: Legend. 1987: Traquée. 1989: Black Rain. 1991: Thelma et Louise. 1992: 1492: Christophe Colomb. 1995: Lame de fond. 1997: A Armes Egales. 2000: Gladiator. 2001: Hannibal. 2002: La Chute du faucon noir. 2003: Les Associés. 2005: Kingdom of heaven. 2006: Une Grande Année. 2007: American Gangster. 2008: Mensonges d'Etat. 2010: Robin des Bois. 2012: Prometheus. 2013 : Cartel. 2014 : Exodus: Gods and Kings. 2015 : Seul sur Mars. 2017 : Tout l'argent du monde. 2017 : Alien : Covenant. 2021 : Le Dernier Duel. 2021 : House of Gucci. 2023 : Kitbag. En préproduction : Gladiator 2 (titre provisoire).
Oublié de nos jours en prime d'avoir essuyé un échec commercial à sa sortie, Traquée est un superbe thriller romantique transcendé du duo Tom Berenger / Mimi Rigers parfaitement convaincant en amants néophytes compromis par leur adultère. Celui-ci endossant un flic en herbe contraint de protéger Claire Gregory, une bourgeoise bon chic bon genre menacée par Joey Venza (Andreas Katsulas tout à fait impressionnant par sa physionomie opaque et sa posture intouchable) après avoir été témoin d'un meurtre. Superbement filmé à travers les quartiers huppés new-yorkais que Ridley Scott magnifie dans son sens du détail architectural et la disparité de ses décors classieux, Traquée conjugue avec une efficacité indéniable romance et tension au fil d'une ossature dramatique opposant la passion des sentiments et la menace du danger létal que symbolise Joey Venza aussi insidieux que délétère pour parvenir à ses fins criminelles.
Ainsi, de par son climat davantage vaporeux et mélancolique que le trio conjugal suscite à travers l'ombre de l'adultère, Ridley Scott parvient à faire naitre une émotion à la fois poignante et émouvante quant au sort précaire de l'époux infidèle terriblement indécis à poursuivre sa nouvelle aventure avec une femme distinguée que tout oppose. Tom Berenger et Mimi Rogers insufflant sans fard des sentiments passionnels rapidement compromis par le remord mais aussi l'espoir dans leur désir de poursuivre leur relation au sein d'un contexte inhospitalier qui pourrait intenter à leur vie. Emaillé de séquences à suspense à la violence plutôt bien orchestrée, Traquée demeure un spectacle classieux d'une noble sincérité quant à la maitrise du cinéaste sublimant autant ses personnages en perdition que sa mise en scène posée éludée de complaisance, attachant autant d'importance à son esthétisme qu'à sa technicité mobile. Quant à Lorraine Bracco, quel dommage que cette actrice ne fut pas aussi reconnue (bien qu'elle ait percé dans Les Affranchis et la série TV Les Sopranos) tant elle dégage à l'écran une fraîcheur naturelle et une spontanéité charmante n'ayant rien à envier à l'actrice Lori Petty si bien que l'on peut également leur prêter une ressemblance physique.
Sortie salles France: ? U.S: 18 Mars 2022
FILMOGRAPHIE: Ti West (né le 5 octobre 1980 à Wilmington, Delaware) est un réalisateur, scénariste et producteur américain surtout connu pour ses films d'horreur. 2005: The Roost. 2007: Trigger Man. 2009: Cabin Fever 2. 2009: The House of the Devil. 2011: The Innkeepers. 2012: The ABCs of Death (segment M Is for Miscarriage). 2012 : V/H/S (segment Second Honeymoon). 2013: The Sacrament. 2022: X.
D'autre part, en rendant hommage aux classiques X des Seventies immortalisés par un certain John Holmes ou une certaine Ginger Lynn, Ti West transfigure ses séquences de fesse avec une classe imprévisible. Tant et si bien que les étreintes lubriques, magnifiquement éclairées de nuances jaunes orangers (en image granuleuse 4/3), demeurent même excitantes sans un soupçon de vulgarisation en dépit des positions hard inévitablement exigées. Ainsi, comme je le soulignais plus haut, Ti West adore filmer ce qu'il nous raconte en accordant un soin fétichiste pour tout ce qui se présente au sein du cadre, et ce sans céder à l'ombre d'une prétention puisque nous assistions à une authentique série B à l'ancienne conçue avec autant d'amour et passion, que d'intelligence et de souci formel pour son atmosphère diffuse (à l'instar de cet incroyable angle en plongée observant du haut d'un lac 3 éléments patents pour mieux témoigner du précaire enjeu de survie qui s'esquisse face à la baigneuse !). Par conséquent, par l'entremise de son sujet majeur imparti à la liberté sexuelle, Ti West aborde en filigrane (et de manière totalement inattendue et burnée !) le fanatisme puritain du point de vue du cap douloureux de la vieillesse incapable de se défaire de leur frustration sexuelle. Ainsi, par cet aspect franchement repoussant y émane des séquences couillues à la fois malsaines, dérangeantes et nauséeuses que le spectateur assiste avec une impuissance voyeuriste aussi fascinante que répugnante. Et je ne parle pas des scènes gores très réussies (qui plus est entièrement artisanales), mais de la décomposition des corps véhéments en quête désespérée d'appétence sexuelle. Tendu, oppressant, angoissant puis terrifiant lorsque l'écran se pare soudainement d'une texture sanguine sous un ciel lunaire étrangement crépusculaire, X devient dès lors une effrayante descente aux enfers pour la survie en détournant intelligemment les poncifs (non, ce n'est nullement les femmes qui trinquent en premier !). Ti West précipitant l'action dans des directions génialement impromptues en jouant avec divers objets insérés dans un coin du cadre de l'écran (notamment cette TV noir et blanc diffusant inlassablement une homélie rigoriste) pour mieux nous surprendre et ainsi enjoliver son ambiance macabro-polissonne.
*Bruno Matéï
Sortie salles France: 7 Mars 1990. U.S: 13 Octobre 1989
FILMOGRAPHIE: Steve Kloves (parfois crédité sous le nom de Steven Kloves) est un réalisateur et scénariste américain, né le 18 mars 1960 à Austin (États-Unis). 1989 : Susie et les Baker Boys (The Fabulous Baker Boys). 1993 : Flesh and Bone.
Synopsis (wikipedia): C'est l'histoire de deux frères, Jack et Frank Baker qui font des spectacles en duo dans les petits clubs de Seattle. Un jour, ils engagent Susie Diamond, une chanteuse, pour actualiser leur numéro, mais la jeune femme cause bientôt des tensions entre les deux frères.
Hélas oublié aujourd'hui, Susie et les Baker Boys est une jolie balade romantique illuminée de l'attachant trio Michelle Pfeiffer, Jeff Bridges, Beau Bridges en triangle mélomane peu à peu compromis par un conflit sentimental au fil de leurs pérégrinations professionnelles. Steve Kloves (réal du splendide western crépusculaire, Flesh and Bone) demeurant suffisamment intègre et intelligent pour ne jamais faire chavirer le contexte sentimental dans les conventions sirupeuses. En dépit d'un rythme languissant qui ne plaira probablement pas à tous; la sobriété de son cast plein de charme (à ne pas rater le déhanchement hyper sensuel de Michele Pfeiffer sur un piano, toute vêtue de rouge), la qualité des dialogues étonnamment incisifs, son érotisme lestement lascif (l'étreinte de Jack et Susie la nuit du nouvel an), ses chansons confortantes, son climat mélancolique plutôt naturaliste au sein du cadre urbain de Seattle joliment filmé parviennent à instaurer une personnalité à la fois tendre et posée sous l'impulsion d'un couple indécis aux traits de caractère contradictoires. Du ciné 80 sensiblement chimérique au souffle nostalgique révolu n'omettant pas de rester (discrètement) optimiste afin de s'écarter dans les sentiers balisés du mélo. A revoir, dans un esprit tranquille (et peut-être aussi préparé pour le grand public).
de Daniel Barber. 2014. U.S.A. 1h33. Avec Brit Marling, Hailee Steinfeld, Muna Otaru, Sam Worthington, Amy Nuttall, Ned Dennehy
Sortie en Dvd en France le 8 mars 2021. Sortie salles U.S: 25 Septembre 2015
FILMOGRAPHIE: Daniel Barber est un réalisateur britannique né en 1965 à Londres. 2007: The Tonto Woman (court-métrage). 2009: Harry Brown. 2014: The Keeping Room.
On peut d'ailleurs parler de rape and revenge westernien filmé dans une facture télévisuelle qui sied plutôt bien à son réalisme aride dépeint sans ambages (exit donc le format traditionnel en scope) que Daniel Barber filme avec une personnalité baroque eu égard de l'étrangeté de certaines situations (toute la séquence hostile dans le bar demeure aussi trouble que déconcertante, notamment par la posture indécise des personnages équivoques). Qui plus est, les séquences d'agression ne sont jamais rébarbatives de par l'efficacité des jeunes femmes usant se subterfuge pour venir à bout de leurs oppresseurs avinés (à 1 effet téléphoné près lorsque l'une d'elles laisse maladroitement en vie l'un des 2 tueurs afin de relancer une action archi éculée). Pour autant, on est également réjoui par sa conclusion aussi lucide qu'intelligente lorsque nos vengeresses, confrontées cette fois-ci à une armée de yankees s'approchant de leur bâtisse rurale feront à nouveau preuve de sagacité pour s'extirper d'une mort certaine. Alors que l'instant d'avant, elles tireront la leçon des conséquences de leur vendetta expéditive Spoil ! lors d'un dommage collatéral Fin du Spoil.
Baignant dans une inquiétante atmosphère diffuse sous l'impulsion d'un cast féminin sobrement attachant, Dans le silence de l'Ouest exploite intelligemment le rape and revenge dans le cadre du western âpre parfois tendu du point de vue de rebelles féministes à la psychologie aussi fouillée que névrosée. A découvrir donc, d'autant plus que sa nature verdoyante demeure immersive au sein de cette scénographie mortifiée où plane un silence feutré.
Remerciement à Roman Soni
*Bruno Matéï
Sortie salles France: 12 Mars 1975. Hong-Kong: 28 Février 1969.
FILMOGRAPHIE: Chang Cheh (張徹 en chinois, Zhāng Chè en hànyǔ pīnyīn) est un réalisateur chinois hongkongais, né en 1923 à Hangzhou en Chine et mort le 22 juin 2002 à Hong Kong. 1966 : Le Trio magnifique. 1967 : Un seul bras les tua tous. 1968 : Le Retour de l'hirondelle d'or. 1969 : The Singing Thief. 1969 : Le Bras de la Vengeance. 1969 : The Flying Dagger. 1969 : Le Sabreur solitaire. 1970 : Vengeance. 1970 : Les Treize Fils du Dragon d’Or. 1971 : La Rage du tigre. 1971 : Duel aux poings. 1971 : Duo Mortel. 1972 : Le Justicier de Shanghaï. 1972 : La Légende du lac. 1972 : Le Nouveau justicier de Shanghaï. 1973 : Frères de sang. 1974 : Ceinture noire contre kung-fu. 1974 : Les Cinq Maîtres de Shaolin. 1978: 5 Venins Mortels. 1982 : The Brave Archer and His Mate. 1984 : Shanghai 13. 1993 : Ninja in Ancient China.
Critique publiée par Gand-Alf le 10 août 2016
Suite au succès de Un seul bras les tua tous, la Shaw Brothers décide de mettre rapidement sur pied un second volet, toujours sous la direction de Chang Cheh et avec Jimmy Wang Yu dans le rôle devenu populaire du sabreur manchot.
Se déroulant quelques temps après les événements du premier opus, Le bras de la vengeance s'articule autour d'une trame un brin classique, tentant de justifier comme elle peut la mise en chantier de ces nouvelles aventures. Le film met ainsi un bon bout de temps à démarrer, à entrer pleinement dans le vif du sujet, s'attardant plus que de raisons sur les incessantes hésitations de son héros.
S'il reste dans un univers proche de celui de son prédécesseur, où l'honneur et le sens du devoir tiennent une place importante, Le bras de la vengeance pourra étonner par son incroyable violence graphique, la naïveté du wu xia pian se voyant sans cesse éclaboussée par des hectolitres du sang le plus rouge. A ce titre, le climax risque de rester gravé dans la mémoire des amoureux du genre, gigantesque massacre aussi interminable que jouissif.
Peut-être un peu moins marquant que son aîné (et surtout que le reboot que livrera Chang Cheh deux ans plus tard avec La rage du tigre), la faute principalement à un rythme casse-gueule et à un scénario prétexte, Le bras de la vengeance compense ses quelques défauts par une violence exacerbée assez incroyable, par la présence de Jimmy Wang Yu et par une poignée de combats parfois un peu brouillons mais grisants.
7 Gand-Alf
Critique publiée par Docteur_Jivago le 27 avril 2017
Suite au succès d'Un seul bras les tua tous, Chang Cheh poursuit sa trilogie autour du sabreur manchot avec Le Bras de la vengeance, misant ici plus sur l'action au détriment de la psychologie des personnages.
C'est d'ailleurs assez dommage ce changement de ton, tant il s'était montré convaincant dans le premier opus en s'intéressant plus aux protagonistes. L'équilibre n'est d'ailleurs pas toujours très bon, Chang Cheh se montrant par moment un peu excessif, notamment dans la violence ou au contraire dans la niaiserie. De plus, on sent aussi que cette suite n'était pas forcément prévu et la première partie de l'oeuvre en souffre malheureusement, à l'image de l'histoire mise en scène un peu trop classiquement.
Si tout cela est effectivement préjudiciable, ça n'empêche pas non plus d'apprécier le film, bien qu'il se révèle plus faible que le premier opus. Si maintenant la violence est très présente, jusqu'à l'excès donc, elle n'en reste pas moins assez bien mise en scène, avec quelques combats plutôt mémorables. C'est dans ses moments là que l'oeuvre va prendre tout son sens, ainsi que le côté aventure et l'enchaînement des affrontements que notre héro doit subir.
On trouve autour de lui des personnages mal écrits ou inutiles, mais c'est bien ce sabreur manchot qui attire la lumière et porte le film sur ses épaules, bien aidé par l'interprétation de haute volée de Jimmy Wang Yu. On a envie de le suivre, de le voir se battre et que sa quête soit une réussite. Derrière la caméra, Chang Cheh se montre plutôt efficace et n'hésite pas à faire ressortir l'aspect macabre et sanglant de son oeuvre.
Concentré d'action et de violence pas toujours bien subtil mais tout de même assez fun, Le Bras de la Vengeance permet à Chang Cheh de poursuivre l'histoire du manchot vengeur, n'hésitant pas ici à proposer un déluge ensanglanté.
6 Docteur_Jivago ·
Sortie salles France: 1er Mars 1972
FILMOGRAPHIE: Pierre-Richard Defays, dit Pierre Richard, est un acteur, réalisateur, scénariste et producteur français, né le 16 août 1934 à Valenciennes. 1970 : Le Distrait.1972 : Les Malheurs d'Alfred. 1973 : Je sais rien, mais je dirai tout. 1978 : Je suis timide mais je me soigne. 1979 : C'est pas moi, c'est lui. 1991 : On peut toujours rêver. 1997 : Droit dans le mur.
Seconde réalisation de Pierre Richard, Les Malheurs d'Alfred fut à un gros succès commercial à sa sortie en salles avec plus de 1 304 579 entrées. Comédie bonnard sous couvert d'une satire contre les médias, précisément le mercantilisme des jeux télévisés, Les Malheurs d'Alfred est un sympathique divertissement en dépit de son rythme très inégal cumulant (hélas) plus de gags lourdingues que de bons. La faute incombant aussi à une intrigue plutôt faiblarde alternant scène de tendresse, romance et drôlerie sous l'impulsion d'un Pierre Richard rigoureusement à l'aise en gaffeur outrancier en proie à une soudaine célébrité (celui d'un candidat gagnant d'un jeu télévisé), et de la sémillante Annie Duperey absolument exquise de charme, de fraicheur et de spontanéité en speakerine suicidaire en mal d'amour. Ses yeux résolument azurs inondant l'écran à chacune de ses apparitions candides. A eux deux ils forment un tandem heureusement attachant dans leur quête du bonheur conjugal bien que le cheminement narratif (redondant à partir des épreuves sportives) demeure plutôt maladroit à enchainer parfois/souvent des séquences pittoresques tantôt ubuesques, tantôt nonsensiques (notamment auprès de la posture de seconds-rôles notoires). On apprécie enfin l'excellent score métronomique de Vladimir Cosma renforçant le peps et la gaieté de son climat décomplexé parfois émaillé de surprenantes plages de poésie. A réserver toutefois à la génération 80 qui saura mieux apprécier la tendre sincérité de Pierre Richard dénué de prétention.
Sortie salles France: 16 Février 1972 (Int - 13 ans). U.S: 23 Décembre 1971.
FILMOGRAPHIE: Don Siegel (Donald Siegel) est un réalisateur et producteur américain, né le 26 Octobre 1912 à Chicago en Illinois, décédé le 20 Avril 1991 à Nipoma, en Californie. 1956: l'Invasion des Profanateurs de Sépultures. 1962: l'Enfer est pour les Héros. 1964: A bout portant. 1968: Police sur la ville. 1968: Un Shérif à New-York. 1970: Sierra Torride. 1971: Les Proies. 1971: l'Inspecteur Harry. 1973: Tuez Charley Varrick ! 1974: Contre une poignée de diamants. 1976: Le Dernier des Géants. 1977: Un Espion de trop. 1979: l'Evadé d'Alcatraz. 1980: Le Lion sort ses griffes. 1982: Jinxed.
La marque des chefs-d'oeuvre c'est que même quand on connaît la fin on a toujours le même plaisir à les revoir, que ce soit la 5è ou 10è fois, tant on se sent bien avec ceux ayant bercé notre jeunesse cinéphile. L'inspecteur Harry ne déroge nullement à la règle tant Don Siegel, habité par ses convictions novatrices, se surpasse d'y imprimer un jeu du chat et de la souris entre un flic réac et un psychopathe jamais avare de perversité. Psycho-killer transplanté dans la cadre du polar urbain et du thriller à lisière du film d'horreur (la traque nocturne sur le stade est filmée tel un cauchemar vertigineux parmi l'emploi du zoom plongeant en mode inversé), l'Inspecteur Harry ne nous laisse nul répit dès que le tueur Scorpio s'efforce sournoisement de se railler de son rival avec un sarcasme méprisant resté dans toutes les mémoires. Andrew Robinson immortalisant son rôle vicié avec une expressivité haineuse détestable eu égard de l'aversion ressentie par le spectateur avide d'assister à sa mort en live par notre redresseur de tort à la réputation peu flatteuse. C'est dire si Don Siegel, alchimiste machiavélique, s'y entend pour réveiller nos bas instincts criminels sous l'impulsion d'une vengeance expéditive qu'Eastwood n'hésite pas à recourir en dépit de son insigne policier dénué de déontologie. Celui-ci endossant une sorte de justicier burné à la fois obtus et provocateur afin de se gausser d'une justice arbitraire beaucoup trop laxiste auprès des droits des criminels.
D'une brutalité et d'une violence inouïe afin de survitaminer l'action sanglante à l'aide de gunfights anthologiques, de passages à tabac barbares et de maltraitance infantile (!!!), l'Inspecteur Harry impose une démarche escarpée pour y dresser le portrait inédit d'un psychopathe s'en prenant uniquement à des enfants et des ados (si on élude la première victime adulte étalée dans sa piscine) par sadisme, cupidité et lâcheté. Ainsi, de par l'intimidation de ses exactions à faible lueur d'espoir, l'intrigue vénéneuse, jusqu'au-boutiste, âpre et malsaine, demeure tendue comme un arc lorsque Harry s'efforce à moult reprises de l'appréhender avec une détermination aussi stoïque que professionnelle. Or, le génie de la mise en scène de Siegel émane de cet affrontement au sommet entre eux n'épargnant aucune pitié ni coup bas pour emporter la mise. Par conséquent, au gré de cette interminable épreuve de force étalée sur 1h42 (notamment auprès de cette hallucinante poursuite à pied qu'Harry est contraint d'exécuter pour répondre à divers téléphones sur un itinéraire précis), l'Inspecteur Harry impose un style documenté à travers son réalisme limite cauchemardesque (notamment auprès de ces nuits urbaines malfamées que n'auraient renié Ferrara ou Friedkin). Clint Eastwood magnétisant qui plus est l'écran autant que son antagoniste déloyal avec un charisme naturellement orgueilleux et distingué (notamment pour sa démarche de cool attitude lors de la 1ère fusillade d'un hold-up manqué). Et ce même s'il adoptera un ton plus sobre, plus obscur et impassible lors de sa rencontre démoniale avec ce pire ennemi usant de roublardise pour le déprécier.
P.S: A privilégier la VO par sa tonalité auditive plus âpre, plus grave et plus aigue.
Box Office France: 755 540 entrées (mais gros succès Outre-Atlantique avec 35 976 000 $ de recettes vs 6 millions).