"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
vendredi 5 août 2022
Prey
jeudi 4 août 2022
Gremlins 2 / Gremlins 2: The New Batch
de Joe Dante. 1990. U.S.A. 1h46. Avec Zach Galligan, Phoebe Cates, John Glover, Robert Prosky, Robert Picardo, Christopher Lee, Haviland Morris, Dick Miller.
Sortie salles France: 22 Août 1990. U.S: 15 Juin 1990
FILMOGRAPHIE: Joe Dante (né le 28 novembre 1946 à Middletown, New Jersey) est un critique, scénariste, monteur, producteur et réalisateur américain. Son plus grand succès populaire est, à ce jour, Gremlins (1984). 1966-1975 : The Movie Orgy 1976 : Hollywood Boulevard, co-réalisé avec Allan Arkush 1978: Piranhas,1981 : Hurlements (The Howling) 1983 : La Quatrième Dimension (Twiling Zone the Movie), troisième épisode, Its a Good Life 1984 : Gremlins 1985 : Explorers 1987 : Cheeseburger film sandwich (Amazon Women on the Moon), 5 sketches 1987 : L'Aventure intérieure, 1989 : Les Banlieusards (The 'burbs) 1990 : Gremlins 2, la nouvelle génération (Gremlins 2 The New Batch) 1993 : Panic sur Florida Beach (Matinee) 1998 : Small Soldiers 2003 : Les Looney Tunes passent à l'action (Looney Tunes : Back in Action) 2006 : Trapped Ashes , premier segment,Wraparound. 2009: The Hole.
Séquelle de tous les excès boudée dès sa sortie par le public (même si en France il cumule tout de même 2 391 391 entrées) et pas vraiment bien accueillie par la critique si je ne m'abuse, Gremlins 2 est un drôle d'objet filmique que tout le monde, ou presque, considère aujourd'hui comme véritablement réussie, pour ne pas dire cultissime. Et bien que personnellement j'ai toujours émis des réserves sur cette suite hystérico-folingue nantie d'un indicible climat à la fois contestataire, satirique et belliqueux, il m'aura fallu un 4è visionnage pour me convaincre de l'apprécier à sa juste valeur. Et ce même si je garde toutefois une préférence pour le 1er opus à travers son alliage idoine d'humour, de tendresse, de féérie et d'épouvante que Spielberg et Dante ont parfaitement su équilibrer afin de rassembler le grand public. Plus insolent, plus fou, plus dégénéré, plus grotesque et même plus inquiétant auprès de son inventivité parfois imprévisible et de son message politique (Trump est ici caricaturé par l'antagoniste Daniel Clamp), Gremlins 2 dégage un sentiment (amer) de défouloir caustique lorsque Joe Dante cible finalement du doigt une multinationale adepte des technologies ultra modernes au sein d'un building High-tech considérant ses employés comme des esclaves soumis.
mardi 2 août 2022
La Horse
Sortie salles France: 22 Février 1970
FILMOGRAPHIE: Pierre Granier-Deferre, né le 22 juillet 1927 dans le 9e arrondissement de Paris, ville où il est mort le 16 novembre 2007 dans le 16e arrondissement, est un réalisateur français.1961 : Le Petit Garçon de l'ascenseur. 1962 : Les Aventures de Salavin (sous-titré Confession de minuit). 1965 : La Métamorphose des cloportes. 1965 : Paris au mois d'août. 1965 : Histoires d'hommes TV. 1967 : Le Grand Dadais. 1970 : La Horse. 1971 : Le Chat. 1971 : La Veuve Couderc. 1973 : Le Fils. 1973 : Le Train. 1974 : La Race des seigneurs. 1975 : La Cage. 1975 : Adieu poulet. 1976 : Une femme à sa fenêtre. 1979 : Le Toubib. 1981 : Une étrange affaire. 1982 : L'Étoile du Nord. 1983 : L'Ami de Vincent. 1985 : L'Homme aux yeux d'argent. 1986 : Cours privé. 1987 : Noyade interdite. 1988 : La Couleur du vent. 1990 : L'Autrichienne. 1992 : La Voix. 1993 : Archipel. 1995 : Le Petit Garçon.
Flingué par la critique de l'époque (ce qui n'est guère surprenant) mais applaudi par le public français, La Horse ("l'héroïne" en terme argot) s'empare du film d'auto-défense sous la mainmise du solide artisan Pierre Granier-Deferre (le Chat, Adieu Poulet, l'Etoile du Nord, le Train). L'illustre Jean Gabin se fondant dans le corps d'un patriarche réac contraint d'arborer son fusil de chasse auprès de trafiquants de drogue zélés auquel y est mêlé son petit fils Henri. Délibéré à le protéger de la prison et de la mort par ces rivaux vénaux, Auguste Maroilleur défendra bec et ongle toute sa famille quitte à sombrer dans le criminalité parmi la complicité de certains des membres familiaux. Et ce qui semblait à la base un pitch éculé surfant sur le sous-genre du Vigilante Movie devient sous la houlette de Deferre un excellent divertissement autonome, inventif, inquiétant, anticonformiste de par son absence de moralité régie autour de cette famille paysanne en étroite concertation. Ainsi donc, le réalisateur parvient louablement à ne pas sombrer dans les clichés triviaux du film d'auto-défense que l'on connait par coeur. Au contraire, il parvient à se démarquer de ses concurrents de par l'adresse de sa mise en scène faisant vivre ses protagonistes ruraux sous l'égide du renfrogné Gabin motivé par sa droiture d'une hiérarchie familiale auquel il laisse s'exprimer ses réparties tranchées.
La densité de la mise en scène accordant notamment une grande attention aux décors domestiques et naturels afin de nous immerger dans cette scénographie rustique où les animaux y paieront parfois un lourd tribut. A cet égard, et pour rassurer les fervents défenseurs de la cause animale (dont je fais parti), l'incroyable traque mortelle contre les vaches n'est aucunement un snuf selon les allégations de Jean Gabin de par l'habileté du montage au réalisme saisissant pour nous faire croire à l'impensable. Même si personnellement je trouve que la séquence assez pénible par sa répétition brutale s'attarde un peu trop dans la temporalité à pourchasser les vaches sans relâche (anesthésiées aux médocs donc par des vétos ou préalablement mortes en dehors du tournage). On peut donc parler de films d'acteurs (entourés d'attachants seconds-rôles) solidement investis dans cette vendetta paysanne que Jean Gabin monopolise avec son bagout proverbial qu'on lui connait. Qui plus est, et il est primordial à mon sens de le souligner, la musique composée par Gainsbourg et Michel Colombier renforce cette aura singulière pour rendre compte de l'hostilité de son atmosphère feutrée instaurée en crescendo dès que les vaches trépassent de la manière la plus vile et sournoise.
La Horse demeure donc du cinéma à l'ancienne comme on n'en fait hélas plus depuis fort longtemps. Ou plus objectivement un moment de cinéma artisanal assez excitant, étonnamment baroque même dans la paysage français, et passionnant à traiter du thème d'auto-défense au sein d'une hiérarchie paysanne à la complicité contagieuse. Et ce tout en prônant, selon la doctrine du patriarche castrateur, des valeurs conservatrices issues de son époque révolue qu'il chérit tant. Solidement mis en scène parmi l'intelligence de l'auteur à ne jamais sombrer dans la surenchère et la facilité routinière, La Horse est un spectacle anticonformiste saturé de l'audace d'une conclusion déroutante qui plus est tourné subtilement en dérision.
*Bruno
Ci-joint l'interview de Jean Gabin rassurant les spectateurs de ne pas avoir sacrifié les vaches au moment du tournage.
Virgin Suicides. Caméra d'Or, Cannes 2000
Sortie salles France: 27 Septembre 2000. U.S: 19 Mai 1999
FILMOGRAPHIE: Sofia Coppola née le 14 mai 1971 à New York, est une réalisatrice, actrice, productrice et scénariste américaine. 1999 : Virgin Suicides. 2003 : Lost in Translation. 2006 : Marie-Antoinette. 2010 : Somewhere. 2013 : The Bling Ring. 2017 : Les Proies (The Beguiled). 2020 : On the Rocks.
Aujourd'hui considéré à juste titre comme un classique, la 1ère réalisation de Sofia Coppola est probablement (et selon moi) sa plus belle réussite. Tout du moins son oeuvre la plus envoûtante, spécialement sensuelle et gracile. Un coup de maître où l'émotion, contradictoire (drame / humour /tendresse), nous ébranle le coeur sans crier gare. Et ce même si le prologue nous eu averti du dénouement mortuaire de ses adolescentes que Sofia Coppola filme comme de véritables déesses sortis d'un Eden en dépit de l'ombre de leur évolution morale davantage pessimiste. Un parti-pris réaliste sans concession mais jamais complaisant et d'autant plus audacieux que l'humour s'y invite fréquemment pour renforcer l'insouciance du passage de l'adolescence partagée entre maladresse, orgueil, audace et trahison dans leur désir de plaire et de convaincre. Inconsciemment inspirée par la mort de son frère Gio Coppola lors d'un tragique accident de voiture à l'âge de 15 ans, Sofia Coppola traite ici du deuil, de la perte de l'innocence et de la quête identitaire à travers le portrait fragile de ces 5 soeurs gouvernées par une mère bigote et un père taiseux (dans une posture hiératique placide peu à peu effacée, James Woods / Kathleen Turner insufflent à merveille une expressivité à la fois intransigeante, désabusée, pour ne pas dire aseptisée). On peut donc évoquer la famille dysfonctionnelle de par le profil castrateur de ses parents conservateurs se pliant aux règles de Dieu afin d'élever leur famille dans un amour catholique (ici) terriblement infructueux.
Baignant paradoxalement dans un climat langoureux chargé d'une poésie éminemment lascive à filmer ses ados juvéniles en robe de soie (quelle notion de pureté avec leurs cheveux d'or !), Virgin Suicides nous ensorcelle irrémédiablement la vue à travers le charme de ses filles candides apprenant au fil du récit leur condition soumise après avoir bravé leur doctrine familiale. Ses premiers flirts, ses premiers baisers, ses premières étreintes puis finalement les déceptions qui en découlent Sofia Coppola les filment avec une attention avisée afin de susciter une émotion virginale à la fois nostalgique, poignante et pétrie de tendresse que le spectateur se remémore lors de ses réminiscences amoureuses. Kirsten Dunst transperçant l'écran de sa beauté ténue et son regard fondant avec une grâce vertigineuse. Si bien qu'à mes yeux il s'agit de son rôle mélancolique le plus luminescent eu égard de l'objet de fantasme qu'elle nous renvoie. Tant auprès des jeunes ados du récit littéralement transis d'émoi que du spectateur hypnotisé par son aura charnelle subtilement badine, tranquille mais aussi docile et timorée avant de changer de peau. Par conséquent, au gré du drame social qui s'esquisse sous nos yeux contemplatifs avec un réalisme à la lisière de l'étrangeté et du mystère (en mode éthéré !), rarement de jeunes filles n'auront été sublimées à l'écran avec une grâce aussi sensorielle, pour ne pas dire ésotérique, depuis le chef-d'oeuvre Picnic à Hanging Rock. Alors que le score composé par le groupe AIR magnétise la pellicule auprès de mélodies capiteuses à la fois feutrées et gratifiante afin de renforcer son atmosphère ouateuse qu'on ne souhaiterait jamais quitter en dépit de la dramaturgie escarpée de sa conclusion funeste que l'on considère comme un gâchis inconsolable. La faute incombant à cette intolérance parentale, cette absence totale de communication au sein du foyer éducatif et protecteur afin d'élever l'adolescence vers des horizons fructueuses équilibrées et matures.
Divinement réalisé avec un art consommé de la perfection (il y a des plans serrés incroyablement géométriques sur le sobre visage de Kirsten Dunst afin d'y imprimer sans ambages ses émotions introverties plus vraies que nature) et porté par le talent de jeunes comédiens et comédiennes d'un naturel trouble, lascif ou gentiment décomplexé (je songe particulièrement aux garçons et à la présence saillante de Josh Hartnett), Virgin Suicides traite du malaise adolescent, de la tare de l'isolement et du désir d'amour du point de vue précaire d'une voix féministe en voie de rébellion mais optant le sacrifice sous l'étendard de leur hiérarchie parentale. Un portrait inoubliable qui charme, trouble, enivre, magnétise, émeut sans une once de prétention arty.
vendredi 29 juillet 2022
A plein temps
jeudi 28 juillet 2022
Rien que pour vos yeux / For Your Eyes Only
Sortie salles France: 22 Août 1981. U.S: 26 Juin 1981
FILMOGRAPHIE: John Glen est un réalisateur anglais né le 15 mai 1932 à Sunbury-on-Thames (dans le comté de Surrey, en Angleterre). 1981 : Rien que pour vos yeux (For Your Eyes Only) avec Roger Moore. 1983 : Octopussy. 1985 : Dangereusement vôtre. 1987 : Tuer n'est pas jouer. 1989 : Permis de tuer. 1990 : Checkered Flag. 1991 : Aigle de fer 3. 1992 : Christophe Colomb : La découverte. 1995 : Épisodes de la série télévisée britannique Space Precinct. 2001 : The Point Men.
Rien que pour vos yeux, c'est tout d'abord pour ma part un souvenir d'ado mémorable lorsque je le découvris un mercredi après-midi d'Août au cinéma Apollo de ma contrée lensoise après avoir été littéralement charmé par sa rutilante affiche promotionnelle (qui fit d'ailleurs polémique à sa sortie pour des raisons conservatrices imbéciles à mes yeux). Alors que je suis loin d'être fan indéfectible de la saga des James Bond que j'ai souvent trouvé prétentieuse, éculée et trop clinquante (même si aujourd'hui j'ai changé d'avis), j'ai paradoxalement toujours eu une affection exclusive pour ceux incarnés par le héros d'Amicalement votre, Mr Roger Moore. Parce que contrairement bâti sur un jeu de dérision (parfois même parodique) et décomplexé auprès de son assurance à la fois avenante et joviale afin de se prendre (beaucoup) moins au sérieux, ses déclinaisons modernes du mythe m'ont toujours autrement séduit par leur aspect tantôt cartoonesque (Dangereusement Votre), tantôt stellaire (Moonraker), tantôt exotique (Octopussy) et plus aventureux que de coutume (le Bond qui nous intéresse ici). Et donc Rien que pour vos yeux ne déroge pas à cette règle si bien qu'à mes yeux il restera mon Bond attitré tant je le considère franchement comme une référence du film d'action et d'aventures que John Glen maîtrise avec une stupéfiante vélocité (solide artisan qui rempilera d'ailleurs à plusieurs reprises à la saga incarnée par Moore). En exagérant même un chouilla mes propos, j'oserai donc dire qu'il n'a rien à envier par exemple au parangon Les Aventuriers de l'arche perdue à travers sa combinaison idoine, si immersive et dépaysante, d'humour, d'action, de tendresse, de romance et d'aventures conçus pour un public de 7 à 77 ans.
D'ailleurs, j'ignore qui a bien pu réaliser ses nombreuses cascades, poursuites et actions intrépides parce que je reste toujours aussi bluffé, époustouflé, sourire de gosse à l'appui, par son souci de véracité artisanale à faire pâlir de jalousies les blockbusters tels Fast and Furious, John Wick ou encore le dernier Marvel souvent grotesques et improbables dans leur surenchère numérisée dénuée de poésie, de véritable souffle épique. En bref, des produits lambdas fréquemment dénués d'âme, d'amour, de passion, de sens vertigineux. Car outre l'élégance de sa mise en scène avisée rehaussée d'un montage à couper au rasoir (raison pour laquelle les moult séquences d'action en règle n'ont pas pris une ride par leur capacité à nous faire rêver comme si nous participions à l'évènement en direct), Rien que pour vos yeux est évidemment conçu pour nous en mettre plein la vue sous l'impulsion de décors exotiques, aériens et maritimes, et de la présence angélique d'une Carole Bouquet littéralement luminescente par sa beauté froide, sa grâce lestement timorée. Certains pourraient peut-être lui reprocher un jeu parfois figé dans sa posture monolithique alors que pour ma part je trouve que sa présence gentiment épurée lui sied à merveille à fréquenter dans la discrétion l'agent secret en ange vindicative que celui-ci tente toutefois de sermonner afin de lui éviter un lourd tribut répréhensible. Par conséquent, ce perpétuel sentiment d'exaltation et de plénitude est rehaussé d'une solide intrigue à rebondissements où l'action reste quasiment à son chevet (en dépit du savoureux prologue aimablement gratuit, clin d'oeil cocasse au volet antécédant). Alors que le générique liminaire mais aussi final (impossible d'interrompre le film avant l'écran noir j'vous dis !) nous laisse béat d'admiration de par l'expressivité de sa féérie mélodieuse que la chanteuse Sheena Easton envoûte par sa voix délicatement lascive. Un véritable enchantement sensoriel qui m'a laissé le souffle coupé, notamment auprès de son esthétisme charnel.
Spectacle héroïco-glamour de chaque instant coordonné avec une fluidité hors-pair afin de faire participer son public à une aventure hétéroclite rafraichissante, Rien que pour vos yeux nous irradie les mirettes, l'ouïe et le coeur sous l'impulsion d'une poésie bienveillante aujourd'hui tristement révolue. De là d'oser avouer que finalement nous vivons une triste époque cinégénique, quitte à jouer le passéiste rabat-joie, les cinéastes actuels feraient toutefois mieux de réviser leurs classiques afin de tenter de leur arriver à la cheville.
mercredi 27 juillet 2022
La Brigade. Prix d'interprétation, Audrey Lamy, Alpe d'Huez, 2022.
vendredi 22 juillet 2022
Les Nuits de Dracula / Nachts, wenn Dracula erwacht
Sortie salles France: 16 Juin 1971. Espagne: 15 Mars 1971
FILMOGRAPHIE: Jess Franco (Jesus Franco Manera) est un réalisateur espagnol, né le 12 Mai 1930 à Madrid, décédé le 2 Avril 2013. 1962: L'Horrible Dr orlof. 1962: Le Sadique Baron Von Klaus. 1964: Les Maîtresses du Dr Jekyll. 1966: Le Diabolique Dr Zimmer. 1969: L'Amour dans les prisons des femmes. 1969: Justine ou les infortunes de la vertu. 1970: Les Nuits de Dracula. 1970: Le Trône de Feu. 1971: Vampyros Lesbos. 1972: Les Expériences Erotiques de Frankenstein. 1972: Dracula prisonnier de Frankenstein. 1972: La Fille de Dracula. 1973: Quartier des Femmes. 1973: Christina chez les Morts-Vivants. 1974: La Comtesse Noire. 1974: Eugénie de Sade. 1976: Jack l'Eventreur. 1980: Terreur Cannibale. 1980: Mondo Cannibale. 1981: Sadomania. 1981: Le Lac des Morts-Vivants (co-réal). 1982: L'Abîme des Morts-Vivants. 1982: La Chute de la maison Usher. 1988: Les Prédateurs de la Nuit. 2002: Killer Barbys.
Encore une bizarrerie horrifique estampillée Jess Franco qui se fixe comme ambition de s'attaquer au Dracula de Bram Stoker avec en têtes d'affiches les illustres Christopher Lee (affublé d'une moustache !), Herbert Lom, Klaus Kinski. Truffé de maladresses et d'incohérences (les apparitions risibles de la chauve-souris, les réactions nonsensiques de certains protagonistes, les rochers projetés sur les gitans, Spoil ! pour quelle raison Kinski est défenestré puis finalement vivant pour trépasser un peu plus tard ? fin du Spoil), d'un jeu d'acteurs parfois/souvent hésitant, contracté ou surjoué, Les Nuits de Dracula est pour autant pallié de qualités esthétiques et idées narratives incongrues (les animaux empaillés soudainement doués de vie distillant un drôle de climat insécure !) empêchant le spectateur de sombrer dans la torpeur. Tout du moins chez les amateurs de Bis friands de curiosité à la fois ratée et attachante sous l'impulsion d'une atmosphère gentiment envoûtante. Tant auprès des brumes lactées, des architectures et objets poussiéreux ou encore des monuments historiques que nos protagonistes arpentent ou se réfugient dans une posture à la fois inquiète et déconcertée.
Jess Franco parvenant fréquemment à soigner ses décors naturels et domestiques par le biais d'un climat gothique natif de sa nationalité ibérique. Je retiens surtout (et en forme de coup de coeur d'ailleurs) la chambre de Lucie d'une beauté azurée à la fois baroque et onirique (notamment au niveau des fenêtres en forme de losange), sans compter ses magnifiques éclairages nocturnes distillant une étrange poésie crépusculaire modestement macabre. Quant au montage elliptique bâclé et au score musical un peu, beaucoup trop itératif (tout du moins dans la VF avec en prime des inserts musicaux à Fabio Frizzi tirés de l'Au-delà !) qui imprègne tout le récit, là encore les amateurs bisseux pourraient probablement éprouver une certaine affection (nostalgique) à travers ses maladresses désuètes d'une époque révolue. Franco façonnant une série B indépendante proprement dégingandée où y émane un climat ombrageux à la fois charmant, séduisant (les actrices aux yeux noirs globuleux étant d'autre part ravissantes dans leur enveloppe à la fois vénéneuse et charnelle) et quelque peu saugrenu dans sa mise en forme aimablement bricolée. A découvrir ou à revoir donc auprès d'un public averti, même si l'indulgence serait probablement conseillée.
P.S: à voir impérativement en HD à contrario de son abominable Dvd.
mardi 19 juillet 2022
Out of the Blue
Sortie salles France: 15 Avril 1981 (Int - 18 ans). U.S: 3 Décembre 1983
FILMOGRAPHIE: Dennis Hopper est un acteur, réalisateur, poète, peintre et photographe américain, né le 17 mai 1936 à Dodge City (Kansas) et mort le 29 mai 2010 à Los Angeles. 1969: Easy Rider. 1971: The Last Movie. 1980: Out of the Blue. 1988: Colors. 1990: Catchfire. 1990: Hot Spot. 1994 : Chasers. 2000 : Homeless (court métrage).
A réserver à un public averti.
vendredi 15 juillet 2022
Black Phone
mercredi 13 juillet 2022
9 semaines et demi / Nine ½ Weeks
Sortie salles France: 16 Avril 1986 (Int - 13 ans). U.S: 21 Février 1986.
FILMOGRAPHIE: Adrian Lyne est un réalisateur et producteur britannique, né le 4 Mars 1941 à Peterborough (Grande Bretagne). 1980: Ca plane les filles. 1983: Flashdance. 1986: 9 semaines et demi. 1987: Liaison Fatale. 1990: L'Echelle de Jacob. 1993: Proposition Indécente. 1997: Lolita. 2002: Infidèle. 2022 : Eaux profondes (Deep Water).
Car mystérieux et secret, charmeur et raffiné dans son costume noir corbeau, l'acteur use de son élégance et de sa voix rassurante pour envoûter Kim Basinger crevant l'écran à chacune de ses apparitions d'une charnalité torride. L'actrice délivrant avec un naturel fureteur, sémillant et parfois badin un jeu à la fois fébrile et fragile au fil de ses relations sexuelles toujours plus risquées, pour ne pas dire éprouvantes. Le récit efficacement traité nous interrogeant sur les limites à ne pas franchir lors de propositions transgressives entre couple (triolisme, sm) et l'influence que peut exercer un amant pervers délibéré à soumettre sa maîtresse au risque de la plonger dans une perte de repères irréversible. Film romantique n'omettant jamais les agréables touches d'humour (avec parfois des instants d'hilarité), 9 semaines et demi est à revoir absolument pour tenir compte du talent indiscutable d'Adrian Lyne filmant cette odyssée érotique avec autant de provocation stylisée que de sensibilité morale eu égard du profil torturé d'Elizabeth partagée entre sa passion amoureuse littéralement capiteuse et ses sombres remords de s'adonner à des actes sexuels toujours plus houleux, audacieux, dérangeants.
*Bruno
3èx. Vostf 5.1 Dts hd
Box Office France: 1 201 156 entrées
mardi 12 juillet 2022
Presque Célèbre / Almost Famous
Sortie salles France: 21 Mars 2001. U.S: 13 Septembre 2000.
FILMOGRAPHIE: Cameron Crowe est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 13 juillet 1957, à Palm Springs, Californie.1989 : Un monde pour nous (Say Anything). 1992 : Singles. 1996 : Jerry Maguire. 2000 : Presque célèbre. 2001 : Vanilla Sky. 2005 : Rencontres à Elizabethtown (Elizabethtown). 2011 : Pearl Jam Twenty (en). 2011 : Nouveau Départ (We Bought a Zoo). 2012 : The Union (documentaire). 2015 : Welcome Back (Aloha). 2016 : Roadies
Oeuvre quasi autobiographique de la part de son auteur vue à travers les yeux de William Miller, ado timoré de 15 ans endossant le poste d'un journaliste en herbe à suivre les concerts et pérégrinations d'un groupe avide de notoriété (en dépit de la réticence de sa mère bigote que campe brillamment avec droiture et émotions maternelles Frances McDormand), Presque Célèbre est touché par une grâce capiteuse eu égard de son pouvoir émotionnel inscrit dans une tendresse en roue libre. Les acteurs, connus et moins connus, incarnant chacun leur fonction avec un naturel désarmant de tranquillité sereine. Particulièrement la jeune groupie Penny Lane jouée par la radieuse et sémillante Kate Hudson tant et si bien qu'elle transperce littéralement l'écran de sa fougue sensuelle sous l'impulsion d'un cinéaste captant ses expressivités faciales "attendries" avec une sobriété perfectionniste. Et à ce niveau technique, chapeau bas à la rigueur du montage passant avec fluidité d'un personnage à l'autre afin de ne rien omettre de leurs réactions humaines aussi bien fragiles que fébriles. Mais il y aussi William Miller que Patrick Fugit (alors méconnu à l'époque) compose avec une attachante innocence dans la peau d'un journaliste à la fois interrogatif, perplexe mais passionné puis peu à peu amoureux de cette jeune fille que le leader du groupe Russel Hammond compte toutefois conquérir sans passion.
Ainsi donc, celui-ci se laisse embarquer à travers les tournées du groupe Stillwater en voie de reconnaissance médiatique avec ce que cela sous-entend de sorties éméchées avec les fans, entre drogue, sexe et alcool que Cameron Crowe évite toutefois de se complaire grâce à une certaine pudeur des situations et grâce à la complicité amicale de ces jeunes passionnés férus de joie de vie, d'amour et de pop-rock dans l'air du temps. Voyage temporel au sein des Seventies à l'aune de cette jeunesse flower power irrésistiblement attirée par les paradis artificiels que notre jeune héros ne cède toutefois jamais de par sa sagesse, son intégrité et son intelligence d'esprit, Presque Célèbre touche droit au coeur auprès de ses moments d'intimité romantique et de communion amicale que les comédiens, extrêmement aisés, décomplexés, exaltés, nous transmettent avec une vérité humaine fulgurante. Au point même où, outre les morceaux musicaux entêtants et explosifs, je me suis surpris à moult reprises d'y verser des larmes de par l'intensité des sentiments humains livrés ici sans ambages, la pudeur et la réserve restant les maîtres mots, qui plus est renforcé de la lucidité de la réal portant un regard terriblement affectueux sur cette génération rock éloignée de la réalité mais pour autant rattrapée par une remise en question et d'une prise de conscience auprès du trio Penny / William / Russel.
Tu l'auras compris, et fort d'une réputation élogieuse auréolée de récompenses (voir ci-dessous), Presque Célèbre s'avère le haut du panier du genre musical à travers les yeux d'un parcours initiatique semé de turbulences, de désillusions, mais aussi d'espoir et d'optimisme. Celui d'un ado idéaliste partageant avec nous (et face au témoignage versatile du groupe) ses passions (et envers le journalisme et envers la musique), ses doutes, ses angoisses et ses désirs sentimentaux en s'interrogeant sur la réalité des sentiments exposés lors de tournées pailletées triomphantes et lors de ses échanges avec sa mère autoritaire. Bref, du vrai et beau cinéma comme on en voit hélas que rarement grâce à l'alchimie idoine d'une réalisation scrupuleuse (jamais pédante puisque c'est sa simplicité qui le rend tant charmant) entourée d'une galerie d'acteurs épatants de peps, de cocasserie (le récit est effectivement plein d'humour bonnard) et de mélancolie existentielle sous couvert d'une satire du journalisme à potins que les artistes suspectent d'un oeil versatile.