mardi 14 avril 2015

JOHN RAMBO (Rambo)

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site pixshark.com

de Sylvester Stallone. 2008. Allemagne/U.S.A. 1h31. Avec Sylvester Stallone, Julie Benz, Paul Schulze, Graham McTavish, Matthew Marsden, Reynaldo Gallegos.

Sortie salles France: 6 Février 2008. U.S: 25 Janvier 2008

FILMOGRAPHIE: Sylvester Stallone est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur américain, né le 6 Juillet 1946 à New-York.
1978: La Taverne de l'Enfer. 1979: Rocky 2, la Revanche. 1982: Rocky 3, l'Oeil du Tigre. 1983: Staying Alive. 1985: Rocky 4. 2006: Rocky Balboa. 2008: John Rambo. 2010: Expendables: Unité Spéciale.


Après avoir brillamment clôturé la saga Rocky avec Rocky Balboa, Sylvester Stallone, acteur et cinéaste, décide d'en faire de même pour la trilogie Rambo, 20 ans après le semi-échec du 3è épisode. Renouant un peu avec l'état d'esprit du premier film pour la dimension humaniste du vétéran replié sur lui même (on le retrouve reclus en Thailande entrain de chasser les cobras pour les vendre à un dresseur), John Rambo s'engage tout de même à renouer avec la voie du spectacle homérique à grand renfort d'ultra-violence jusqu'au-boutiste. C'est bien simple, jamais un film de guerre n'était allé aussi loin dans la barbarie pour dénoncer les horreurs du pays le plus totalitaire au monde (la Birmanie reste en guerre depuis plus de 60 ans en dépit de l'indifférence des médias !) et pour nous divertir de scènes d'action décoiffantes à l'efficacité optimale. Un peu comme si Rambo 2, la mission s'était incidemment retrouvé la tête plongée dans une bassine de vitriol ! Exit donc la caricature d'une bande dessinée décérébrée apte à divertir son public de 7 à 77 ans, Stallone misant sur l'ultra réalisme d'un contexte de guerre animé par l'emprise de la folie et de la haine.


A l'instar des exactions crapuleuses (et parfois diaboliquement inventives) quotidiennement perpétrées par les soldats birmans sur une population précaire d'où aucun enfant n'est épargné (Stallone refusant même le hors-champs dans ses séquences les plus innommables !). Outre le caractère poignant des états d'âme torturés de Rambo à nouveau compromis par son sens du devoir à rempiler une mission à haut risque (sauver la vie d'un groupe de missionnaires religieux pris en otage dans un village), John Rambo assume le spectacle épique d'un film de guerre habité par la frénésie de la violence. Qu'elle soit purement gratuite du point de vue des soldats Birmans ou justifiée du côté des mercenaires héroïques notamment impliqués dans une cause de survie. Dans ce maelstrom d'images apocalyptiques d'où s'extrait une sauvagerie à l'instinct primitif (Rambo arrachant de ses mains la gorge d'un geôlier !), l'intrigue conjugue mission d'infiltration, stratégies d'attaques et de défense et survival de dernier ressort avec une vigueur imperturbable ! Son pouvoir de fascination, son réalisme immersif et son sens jouissif de l'action explosive étant notamment véhiculés par l'autorité iconique de notre baroudeur une fois de plus contraint de reprendre les armes pour se donner une raison d'exister (celle de sauver la vie de son équipe et des missionnaires, en particulier un couple religieux). Et par cette occasion quasi suicidaire retrouver son blason de héros face à la considération des survivants puis peut-être renouer avec sa paix intérieure.


Un spectacle monstrueux, à feu et à sang.
Pur divertissement d'action belliqueuse où les bravoures anthologiques se succèdent à une cadence effrénée, John Rambo réussit néanmoins à justifier sa barbarie graphique (corps déchiquetés, broyés, explosés, décapités, éventrés !) pour dénoncer le contexte historique de la dictature Birmane (le film reste chez eux officiellement interdit en salles et en video au risque d'encourir 10 ans de prison ou la perpétuité pour ceux qui en braveraient le règlement). Rehaussé du score intense de Brian Tyler et de la célèbre reprise de Jerry Goldmisth, Sylvester Stallone en profite pour redorer la stature écorchée de sa machine à tuer, à l'instar de son épilogue bouleversant auquel Rambo renoue avec la civilisation de sa patrie.

Rambo: http://brunomatei.blogspot.com/2011/08/rambo-first-blood.html
Rambo 2: http://brunomatei.blogspot.com/2011/12/rambo-2-la-mission-rambo-first-blood.html

Bruno Matéï
(2èx)



    lundi 13 avril 2015

    ANTARCTICA (Nankyoku Monogatari)

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site cine-sanctuary.com

    de Korayoshi Kurahara. 1983. Japon. 1h45 (version courte). 2h23 (version intégrale). Avec Ken Takakura, Tsunehiko Watase, Eiji Okada, Masako Natsume.

    Sortie salles Japon: 23 Juillet 1983. France: 20 Mars 1985

    FILMOGRAPHIE: Korayoshi Kurahara est un réalisateur, scénariste, producteur, éditeur japonais, né le 31 Mai 1927 à Kuching (Sarawak), décédé le 28 Décembre 2002.
    1957: J'attends. 1958: L'homme au milieu du brouillard. 1959: La femme qui vient du fond de l'océan. 1960: Kyonetsu no kisetsu. 1961: Arashi o tsukkiru jetto-ki. 1962: Nikui an-chikushō. 1962: Mekishiko mushuku. 1964: Kuroi Taiyo. 1966: Ai to shi no kiroku. 1966: Ai no kawaki. 1969: Eiko e no 5,000 kiro. 1971: Furyō shōjō Mako. 1973: Hi wa shizumi, hi wa noboru. 1975: Ame no Amsterdam. 1978: Kita-kitsune monogatari. 1980: Zou monogatari. 1981: Seishun no mon. 1982: Seishun no mon: Jiritsu hen. 1983: Antartica. 1985: Haru no kane. 1986: La Route. 1988: Umi e, See You. 1991: Sutoroberi rodo. 1995: Hiroshima (TV).


    "Les chiens n'ont qu'un défaut: ils croient aux hommes."

    Enorme succès à travers le monde ayant traumatisé des générations de spectateurs, Antartica relate l'histoire vraie d'une troupe de chiens de traîneau, 15 Huskys livrés à eux-mêmes au coeur de l'Antarctique après qu'une équipe japonaise eut été forcée de les abandonner. Alors qu'une deuxième équipe devait rejoindre la base scientifique pour les récupérer, les conditions climatiques d'un hiver rigoureux empêchèrent in extremis leur mission. Enchaînés et affamés mais pourvus d'un instinct de survie indéfectible, les chiens vont essayer de parcourir le continent sous une température pouvant descendre jusqu'à - 50°.


    Transfiguré par le score envoûtant de Vangelis, Antarctica symbolise l'épopée de la survie du point de vue de l'animal mais aussi l'hymne à la beauté de la nature sauvage dans lequel il évolue. Privilégiant l'aspect documentaire d'une situation géographique extrême, le tournage ardu s'étala d'ailleurs sur plus de trois années auquel l'équipe dut parcourir des centaines milliers de kilomètres à travers le Pole-Sud. L'incroyable sentiment d'évasion et d'abandon que véhicule le film émane de la photogénie réfrigérante de cet environnement aussi grandiose que dépaysant. Par le biais de plans aériens vertigineux, Korayoshi Kurahara en profite pour souligner l'immensité du continent le plus froid de notre globe où la faune et la flore s'avèrent une denrée précieuse pour celui qui oserait s'y aventurer. Car ce désert de glace dont la superficie en recouvre 98% regorge de traquenards et pièges mortels selon les températures fluctuantes de chaque saison. Au sein de cet enfer de glace, 15 Huskys épuisés par la marche, le froid et la faim vont multiplier risques et bravoures pour tenter de faire front à la mort. Sans user de pathos, Korayoshi Kurahara décrit cette odyssée animale avec souci de réalisme, de par sa scénographie dépaysante et la pugnacité crédible des chiens parcourant inlassablement des centaines de kilomètres à travers les plaines glacières. En parallèle, et avec modestie d'une émotion dépouillée, les remords de deux scientifiques nous sont dépeints avec humilité pour leurs aveux de culpabilité accordés à la population et avant d'élever ces animaux au statut héroïque. Par le biais de cette race sibérienne repoussant les limites de la survie, le cinéaste leur rend vibrant hommage avec une émotion parfois rigoureuse quand on présage l'issue tragique qui semble se dessiner ou lorsque l'on se porte témoin de retrouvailles inespérées.


    De cette aventure humaine et animale hors du commun, Korayoshi Kurahara en extrait un poème mélancolique (score sensitif de Vangelis à l'appui !) sur la beauté sauvage de la nature et la légendaire fidélité que peuvent entretenir l'homme et le chien. A travers ce récit authentique d'une première expédition japonaise apte à franchir le continent le plus méridional, Antarctica s'élève en bouleversant témoignage pour le destin singulier honoré à leurs Huskys. 

    A Goro, Kuma, Pesu, Moku, Aka, Kuro, Pochi, Riki, Anko, Shiro, Jack, Deri, Kuma, Taro et Jiro...

    Dédicace à Julien Fleury.
    Bruno Matéï

    vendredi 10 avril 2015

    '71

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site uthmag.com

    de Yann Demange. 2014. Angleterre. 1h39. Avec Jack O'Connell, Sam Reid, Sean Harris, Paul Anderson, Richard Dormer, Martin McCann, Charlie Murphy, Barry Keoghan.

    FILMOGRAPHIE: Yann Demange est un réalisateur et scénariste anglais.
    2014: '71


    Dans une reconstitution modeste mais avec souci de réalisme, l'action du film prend pour cadre la guerre civile de Belfast en 1971. Parmi sa patrouille, le militaire anglais Gary Hook est enrôlé pour maintenir l'ordre entre civils protestants et catholiques. Alors qu'une émeute éclate, l'un de ses collègues meurt d'une balle par un membre de l'Ira. Contraint de s'échapper précipitamment au milieu de la foule, il va tenter de sauver sa peau parmi l'appui de certains civils durant une nuit de traque inlassable.


    Réalisateur de plusieurs séries TV, Yann Demange s'essaie pour la première fois au format long avec '71. Un thriller à suspense remarquablement tendu et atmosphérique dans la photogénie de son urbanisation crépusculaire (on peut même prêter allusion au sens cinégénique de Carpenter, score électro à l'appui !), quand bien même quelques séquences d'action vertigineuses viennent nous ébranler de plein fouet (je songe à la première poursuite à pied après le drame de l'émeute). Notamment la manière documentée dont le cinéaste fait preuve pour filmer caméra à l'épaule une chasse à l'homme à bout de souffle dans une bourgade de tous les dangers. La densité du récit résidant principalement dans la fonction de survie que notre recrue britannique doit transcender avec constance et paranoïa affluente. L'intrigue impliquant délibérément la confusion pour les rencontres hostiles (et)ou amicales qu'il fréquentera entre catholiques, protestants et membres de l'Ira. Par ailleurs, et avec une ironie implacable, le cinéaste n'hésite pas asservir notre héros lorsque d'aimables collabos finissent en désespoir de cause par le trahir, faute de l'intimidation meurtrière des partisans de l'Ira. Employant l'unité de temps d'une interminable nuit de cauchemar, Gary devra donc faire face à des péripéties insensées opposant riverains tantôt bienfaiteurs, tantôt imposteurs, alors qu'une stratégie d'attentat est sur le point de se concrétiser. Qui plus est, face à cette prise d'otage imprévue, sa propre armée impose de prime abord le profil bas sous l'autorité insidieuse d'un lieutenant condescendant. Révélé dans Les Poings contre les murs, Jack O'Connell faut une nouvelle fois preuve de son tempérament viscéral dans sa stature d'apprenti soldat compromis entre ses sentiments de paranoïa et de bravoure de dernier ressort.


    Pourvu d'un suspense à couper au rasoir, de séquences d'action cinglantes et émaillé de péripéties alertes impressionnantes de réalisme, à l'instar de ses épisodes dramatiques particulièrement rigoureux (la séquence improvisée de chirurgie s'avérant d'une intensité quasi insupportable !), '71 transfigure le thriller haletant dans une mise en scène aussi fluide qu'incisive. 

    Bruno Matéï

    RécompensesFestival du film britannique de Dinard 2014 : Prix du public
    Festival international des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2014 : Chistera du meilleur réalisateur pour Yann Demange
    British Independent Film Awards 2014 : meilleur film


    jeudi 9 avril 2015

    LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE (The Last house on the Left)

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Denis lliadis. 2009. U.S.A./Afrique du Sud. 1h54 (version non censurée). 1h49 (version salles). Avec Garret Dillahunt, Riki Lindhome, Aaron Paul, Sara Paxton, Monica Potter, Tony Goldwyn.

    Sortie salles France: 22 Avril 2009

    FILMOGRAPHIE: Denis lliadis est un réalisateur, scénariste et acteur né à Athènes en Grèce.
    2004: Hardcore. 2009: La Dernière Maison sur la Gauche. 2013: + 1


    "S'il est vrai que le recours à la violence contre la violence risque de la perpétuer, il est vrai aussi que c'est l'unique moyen de la faire cesser.
    Je reconnais que la violence, sous quelque forme qu'elle se manifeste, est un échec. Mais c'est un échec inévitable parce que nous sommes dans un univers de violence.
    Parce que, pour comprendre la violence, il faut la faire entrer en soi, et elle se répand doucement, elle infecte tout le système de pensée, elle colore les sentiments, teinte les fantasmes, c'est une vraie saloperie, vous comprenez ?"

    Remake du célèbre classique de Wes Craven, La Dernière Maison sur la Gauche tente de remettre au goût du jour le Rap and Revenge dans une facture honnête puisque la démarche de l'auteur réussit la plupart du temps à se démarquer de l'esbroufe hollywoodienne (si on élude la bêtise affligeante de l'épilogue sardonique en totale contradiction avec la brutalité malsaine qui irrigue l'ensemble !). Ainsi, grâce à la maîtrise de la mise en scène jonglant dans un premier temps avec l'onirisme d'une photo pastel afin de mettre en relief la fragilité de l'innocence, et par le biais du jeu éprouvé des comédiens (même si le charisme des antagonistes s'avère ici plus policé quand lors de la version de 72), cette relecture détonne à renouveler le concept de la vengeance meurtrière doublée d'une position de survie.


    Et donc, si le cheminement narratif emprunte à peu de choses près le même schéma que le film de Craven, la dimension humaine des personnages reclus et l'expectative de la vengeance redoutée parviennent à préserver l'intérêt d'une situation binaire à double-tranchant. Qui plus est, et fructueusement, un retournement de situation implanté à l'épicentre réussit à rehausser le caractère dramatique d'une situation névralgique. Spoil ! De par les efforts draconiens des parents à tenter de maintenir en vie leur fille grièvement blessée, et ce sans que les meurtriers réfugiés dans une maison annexe ne s'aperçoivent de l'improbable présence de leur souffre-douleur. Fin du Spoil. Ainsi, dans un concours de circonstances malencontreuses et par le biais de la découverte d'un collier, les parents vont finalement s'improviser quelques stratégies de défense afin de préserver la vie de leur rejeton mais aussi pour se venger de ces tortionnaires lors d'une révolte désaxée. Cette seconde partie remarquablement gérée par l'ossature du suspense latent sait distiller la tension avant de succéder aux furieux éclairs de violence d'une brutalité ordurière. L'intelligence qu'à su faire preuve le cinéaste est notamment d'avoir éviter la trivialité du tortur'porn, à l'instar de sa première partie d'une intensité dramatique particulièrement rigoureuse. Pour autant, sans atteindre les sommets de bestialité et de violence crapuleuse imposées par le classique de Craven, les châtiments d'humiliations et de viol perpétrés sur les deux filles s'avèrent d'un réalisme clinique. De par la cruauté lâchement exécutée par les assassins sans vergogne et la notion de tragédie qui en découle auprès de la fonction démunie des victimes-objets. Ainsi donc, ce mélange d'effroi et d'affliction qui transparaît de leurs regards après les exactions, se silence dérangeant régi parmi la complicité de la nature et l'amertume suicidaire que la dernière survivante nous retransmet avec pudeur nous bouleverse jusqu'aux larmes.


    Eprouvant et douloureux pour l'intensité impartie à la tragédie humaine, intelligent de par la démarche du réalisateur à esquiver la glorification de la violence et la redite d'une horreur reportage, La Dernière maison sur la Gauche, nouvelle mouture, privilégie l'onirisme de l'innocence martyr tout en infligeant au spectateur une nouvelle épreuve morale impartie à la barbarie vindicative en compromis avec la survie. 

    Bruno Matéï
    2èx


    HAMMER FILM PRODUCTIONS

    1 Million d'années avant J.C: https://brunomatei.blogspot.com/2020/04/un-million-dannees-avant-jc.html
    2 Visages du Dr Jekyll (les): http://brunomatei.blogspot.fr/…/les-2-visages-du-dr-jekyll.…
    Baiser du Vampire (le): http://brunomatei.blogspot.com/2020/08/le-baiser-du-vampire.html
    Capitaine Kronos, tueur de Vampires: http://brunomatei.blogspot.fr/…/capitaine-kronos-tueur-de-v…
    Cauchemar de Dracula (le): http://brunomatei.blogspot.fr/2012/05/le-cauchemar-de-dracula-dracula.html
    Empreinte de Frankenstein (l'): http://brunomatei.blogspot.fr/…/lempreinte-de-frankenstein.…
    Fanatic: https://brunomatei.blogspot.com/.../fanatic-die-die-my...
    Fantôme de l'Opéra (le) 1962: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/09/le-fantome-de-lopera-phantom-of-opera.html
    Fille de Jack l'Eventreur (la): http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-fille-de-jack-leventreur…
    Paranoiac: https://brunomatei.blogspot.com/2019/11/paranoiac.html
    Peuple des Abîmes (le): https://brunomatei.blogspot.com/2019/06/le-peuple-des-abimes.html
    Raspoutine, le moine fou: http://brunomatei.blogspot.fr/…/raspoutine-le-moine-fou.html
    Retour de Frankenstein (le): http://brunomatei.blogspot.fr/…/le-retour-de-frankenstein-f…
    Revanche de Frankenstein (la): http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-revanche-de-frankenstein…

    mercredi 8 avril 2015

    DRACULA ET LES FEMMES (Dracula Has Risen from the Grave)

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemotions.com

    de Freddie Francis. 1968. Angleterre. 1h32. Avec Christopher Lee, Rupert Davies, Véronica Carlson, Barry Andrews, Barbara Ewing.

    Sortie salles Angleterre: 7 Novembre 1968

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Freddie Francis est un réalisateur, directeur de photographie et scénariste britannique, né le 22 Décembre 1917 à Londres, décédé le 17 Mars 2007 à Isleworth (Royaume-Uni).
    1962: La Révolte des triffides. 1963: Paranoiac. 1964: Meurtre par procuration. 1964: l'Empreinte de Frankenstein. 1965: Le Train des Epouvantes. 1965: Hysteria. 1965: The Skull. 1966: The Deadly Bees. 1966: Poupées de cendre. 1967: Le Jardin des Tortures. 1968: Dracula et les Femmes. 1970: Trog. 1972: Histoires d'Outre-Tombe. 1973: La Chair du Diable. 1973: Les Contes aux limites de la folie. 1974: Son of Dracula. 1975: La Légende du Loup-Garou. 1975: The Ghoul. 1985: Le Docteur et les Assassins. 1987: Dark Tower.


    Quatrième volet de la saga vampirique et plus gros succès commercial de la prestigieuse firme Hammer, Dracula et les Femmes s'avère à mon sens le plus emblématique si on occulte l'inoxydable Cauchemar de Dracula. De par sa structure narrative lestement conçue, l'efficacité des situations alarmistes et surtout le développement de personnages iconoclastes auquel l'un d'eux, profondément mécréant, finira par se laisser influencer par la cause divine. Succédant à Terence Fisher pour la réalisation, Freddie Francis ne démérite pas à émuler son congénère dans ce chapitre trépidant axé sur le questionnement de la foi religieuse. Le jeune héros interprétant un athée affirmant son incrédulité face à l'autorité d'un évêque obscurantiste, quand bien même le prêtre local d'une chapelle ira se corrompre dans les bras du vampire après l'avoir incidemment ressuscité. 


    L'enseigne catholique est donc sévèrement malmenée durant le cheminement narratif face à la suprématie du Mal toujours plus insidieuse et perfide à parfaire son dessein (Dracula et son adjoint multipliant les stratagèmes pour alpaguer Maria). Tourné durant la période contestataire de 1968, l'intrigue scénarisée par Anthony Hinds cultive un goût pour le libéralisme dans sa galerie de personnages émancipés, notamment par le biais d'une tenancière effrontée cumulant les aventures d'un soir et secrètement amoureuse de Paul, le fiancé de Maria. Quand au chasseur de vampires couramment incarné par le gentleman Peter Cushing, Freddie Francis laisse place à la stature religieuse d'un dignitaire avant que le fiancé lui dérobe sa fougue héroïque pour sauver sa muse des griffes de Dracula. Après son absence remarquée dans les Maîtresses de Dracula, Christopher Lee répond à l'appel pour reprendre son rôle notoire dans une posture plus convaincante que celle entrevue à mi-parcours dans Dracula, Prince des Ténèbres. Par sa présence aussi longiligne que monolithique, l'acteur réactive son charisme diabolique dans la stature du vampire habité par l'orgueil. Ses victimes étant ici réduites à des objets de soumission par volonté capricieuse, à l'instar de sa nouvelle dulcinée (la plantureuse Veronica Carlson ensorcelle l'écran à chaque apparition !) humiliée devant le seuil de son château. Quand à l'attrait de sa scénographie formelle, Freddie Francis innove encore pour se démarquer du gothisme traditionnel en préconisant des éclairages surréalistes (filtres jaunes, orangers, rouges, et par intermittence, roses) autour de l'icone ténébreuse de Dracula. 


    Rondement mené par son intrigue charpentée se raillant des principes conservateurs du catholicisme et servi par une galerie de personnages en révolution libérale, Dracula et les Femmes fait également preuve d'esthétisme baroque et de dramaturgie appuyée (le traitement infligé à deux seconds-rôles !) afin de redorer le blason d'un vampire profondément vil. 

    Bruno Matéï
    3èx

    mardi 7 avril 2015

    LES FILS DE L'HOMME (Children of Men)

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site dpstream.net

    de Alfonso Cuaro. 2006. U.S.A/Angleterre. 1h49. Avec Clive Owen, Julianne Moore, Michael Caine, Claire-Hope Ashitey, Chiwetel Ejiofor, Charlie Hunnam, Peter Mullan.

    Sortie salles France: 18 Octobre 2006. Angleterre: 22 Septembre 2006

    FILMOGRAPHIE: Alfonso Cuaro est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur mexicain, né le 28 Novembre 1961 à Mexico.
    1991: Solo con tu pareja. 1995: Le Petite Princesse. 1998: De Grandes Espérances. 2001: Y tu mama tambien. 2004: Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban. 2006: Les Fils de l'Homme. 2013: Gravity.


    « Je ne me souviens plus très bien quand j'ai commencé à perdre espoir et encore moins quand tout le monde a commencé à le perdre. »

    Traitant des thèmes de la pandémie, de l'affluence de l'immigration clandestine dans les états les plus sollicités et du fanatisme terroriste, Alfonso Cuaro porte un regard terrifiant sur le devenir de notre humanité à travers les Fils de l'Homme. Une dystopie d'anticipation criante de réalisme dans sa mise en scène documentée parfois contrebalancée de plans-séquences virtuoses (la poursuite champêtre filmée en interne d'un véhicule, la guérilla urbaine auquel Theo et Kee s'y sont incidemment infiltrés pour tenter de sauver le rejeton). Une descente aux enfers jusqu'au-boutiste dans sa caractérisation oppressante d'une société fasciste délibérée à nettoyer par la matraque l'immigration clandestine et par les armes l'insurrection terroriste. En 2027, alors que les femmes sont devenues stériles et que le plus jeune des adultes vient de trépasser, Theon Faron, ancien activiste, va tenter de prêter main forte à une immigrée d'origine africaine. La seule femme encore féconde sur terre puisque sur le point d'accoucher d'un moment à l'autre. Ensemble, et avec l'aide de quelques partisans, ils vont tenter de regagner le "Projet Humanité" estampillé sur l'embarcation d'un navire afin de préserver l'avenir de l'homme. 


    Odyssée cauchemardesque et initiation vers l'espoir se télescopent lorsqu'un franc-tireur et une immigrée sont contraints de s'épauler et unir leur force pour tenter de sauver l'humanité du chaos. Ce cheminement indécis qu'ils parcourent à perdre haleine au sein d'une campagne anglaise étrangement feutrée puis en interne d'une métropole Londonienne en état de guerre, Alfonso Cuaro le filme à l'instar d'une épreuve apocalyptique tant le danger omniprésent peut surgir de toutes parts ! Outre le parti-pris ultra réaliste (et donc sans fioritures !) d'illustrer un avenir futuriste avili par l'oppression, le racisme et la tyrannie, l'atmosphère proprement irrespirable qui émane de cet état des lieux fait aussi référence à la situation actuelle du conflit israélo-palestinien et à l'ascension du Hamas (mouvement de résistance islamique). Par le biais des camps de réfugiés auquel certains prisonniers sont encapuchonnés et torturés, on ne peut s'empêcher de se remémorer également les évènements du 11 Septembre 2001 lorsque les potentiels coupables étaient parqués dans la prison d'Abou Ghraib ou celle de Guantanamo. En grattant un peu plus loin, on peut enfin émettre un parallèle aux camps de concentration du nazisme lorsque le cinéaste s'efforce de mettre en exergue la condition désespérée des réfugiés cantonnés dans des cages de fer à la manière du bétail. 


    Expérimental, éprouvant, oppressant et terriblement déstabilisant, de par sa violence abrupte, la précarité du quotidien qu'il expose et l'extrême rigueur de sa mise en scène, Les Fils de l'homme puise son acuité émotionnelle dans la description nihiliste d'un avenir post-apo faisant office de mise en garde pour notre traitement imparti à l'immigration (l'état des écoréfugiés) et au terrorisme. Rehaussé de la conviction des comédiens transis d'émoi et de contrariété et de l'intensité des affrontements bellicistes (caméra à l'épaule à l'appui) auquel ils doivent se frayer un chemin, Les Fils de l'homme entraîne par leur statut héroïque une certaine idéologie spirituelle axée sur l'espoir, le pacifisme et la rédemption. A l'instar de ce moment de grâce auquel des soldats anglais observent avec mutisme le symbole d'un nouveau-né ! 
    Une date du cinéma d'anticipation ! 
     
    Bruno Matéï
    2èx


    Récompenses
    BAFTA 2007 :
    BAFTA de la meilleure photographie (Emmanuel Lubezki)
    BAFTA de la meilleure direction artistique (Geoffrey Kirkland, Jim Clay et Jennifer Williams
    Festival de Venise 2006 :
    Osella d'or de la meilleure contribution technique (Emmanuel Lubezki)
    Prix de la Lanterne Magique (Alfonso Cuarón)Prix de la critique
    Los Angeles Film Critics Association 2006 : Prix de la meilleure photographie (Emmanuel Lubezki)
    Chicago Film Critics Association 2006 : Prix de la meilleure photographie (Emmanuel Lubezki)
    National Society of Film Critics 2007 : Prix de la meilleure photographie (Emmanuel Lubezki)
    Vancouver Film Critics Circle 2007 : Prix du meilleur film et du meilleur réalisateur (Alfonso Cuarón)
    Austin Film Critics Association 2007 : Prix du meilleur réalisateur (Alfonso Cuarón) et du meilleur scénario adapté (Alfonso Cuarón)
    Online Film Critics Society 2007 :
    Prix du meilleur scénario adapté (Alfonso Cuarón, Timothy J. Sexton, David Arata, Mark Fergus et Hawk Ostby)
    Prix de la meilleure photographie (Emmanuel Lubezki)Prix d'associations de professionnels du cinéma
    American Society of Cinematographers 2007 : Prix pour Emmanuel Lubezki

    vendredi 3 avril 2015

    CAPTIVES (The Captives)

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site graffitiwithpunctuation.net

    de Atom Egoyan. 2014. Canada. 1h52. Avec Ryan Reynolds, Scott Speedman, Mireille Enos, Rosario Dawson, Kevin Durand, Bruce Greenwood.

    Sortie salles France: 7 Janvier 2015. Canada: 5 Septembre 2014

    FILMOGRAPHIE: Atom Egoyan est un réalisateur, producteur et scénariste canadien d'origine arménienne, né le 19 Juillet 1960 au Caire, en Egypte.
    1984: Proches Parents. 1987: Family Viewing, 1989: Speaking Parts. 1991: The Adjuster. 1993: Calendar. 1994: Exotica. 1997: De beaux lendemains. 1999: Le Voyage de Félicia. 2002: Ararat. 2005: La Vérité nue. 2008: Adoration. 2009: Chloé. 2013: Devil's Knot. 2014: Captives.


    Thriller rondement mené empruntant les thèmes de l'informatique et de la videosurveillance autour de la pédocriminalité et les rapts d'enfants, Captives tire-parti de son efficacité grâce à une ossature narrative particulièrement ciselée et au développement des personnages en quête investigatrice. Que ce soit du point de vue du duo de policiers ou des parents désoeuvrés, le récit alterne leur parcours autonome afin de tenter de résolver l'enlèvement d'une fillette perpétré il y a huit ans. Grâce à l'indice du réseau social, la jeune Cassandra peut peut-être espérer retrouver sa liberté selon leurs efforts à pouvoir localiser la tanière du kidnappeur. Tout l'intérêt résidant non pas dans l'identification dudit coupable qu'on nous affiche dès le début mais dans les constances des parents et de la police afin de remonter une filière pédophile. Du point de vue de la victime, et en intermittence, le spectateur a notamment la faculté d'observer son évolution psychologique dans les rapports d'intimités entamés entre elle et son oppresseur. Quand à la posture fragile du père en alerte, ce dernier se doit d'encaisser les soupçons de culpabilité vis à vis d'un officier mais également de sa propre femme.


    Sans faire preuve d'esbroufe car privilégiant la suggestion d'une mise en scène elliptique combinant évènements du présent et du passé, Captives insuffle un climat aussi trouble que réfrigérant au sein d'une bourgade enneigée du Canada. Redoutablement perfide dans les moyens mis en oeuvre chez les nouveaux adeptes de la pornographie enfantine, l'alibi technologique de la télésurveillance est ici diaboliquement exploité afin de perdurer leur plaisir voyeuriste lorsque les parents de victimes sont quotidiennement scrutés de leurs faits et gestes. Ce procédé moderne de sûreté et de sécurité s'avère donc ici détourné par le profil pathologique de pervers avides d'expériences nouvelles. Outre la caractérisation désoeuvrée des parents que le réalisateur nous expose sans pathos, l'intrigue à suspense ne manque pas d'improviser quelques rebondissements retors (une inespérée retrouvaille avant l'ébauche d'un prochain rapt !) afin de renforcer l'intensité des situations alertes. Ce qui nous converge à un final aussi tendu que palpitant sans abuser de ressorts inutilement spectaculaires pour l'héroïsme des rivalités.


    Accordant beaucoup de crédit à la caractérisation démunie des parents sur le fil du rasoir, Captives réussit à se démarquer du thriller conventionnel grâce à l'intelligence de sa mise en scène latente et à sa structure narrative conjuguant des situations malsaines avec pudeur. Quand au portrait émis au réseau pédophile issu de tous milieux sociaux, il fait froid dans le dos par leurs subterfuges employés pour alpaguer l'enfant exploité et l'implication à grande échelle d'une hiérarchie savamment organisée. 

    Bruno Matéï

    mercredi 1 avril 2015

    LA REVANCHE DE FRANKENSTEIN (The Revenge of Frankenstein)

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site fuckyeahhammerhorror.tumblr.com

    de Terence Fisher. 1958. Angleterre. 1h29. Avec Peter Cushing, Francis Matthews, Eunice Gayson, Michael Gwynn, John Welsh, Lionel Jeffries.

    FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville.
    1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay, 1960 : Les Maîtresses de Dracula, 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou, 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort, 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme, 1968 : Les Vierges de Satan, 1969: Le Retour de Frankenstein, 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.


    Un an après le succès de Frankenstein s'est échappé, Terence Fisher renoue avec les expériences frauduleuses du baron dans La Revanche de Frankenstein. Une suite quelque peu ternie par son demi-échec en salles en dépit d'un résultat assez convenable dans l'hexagone. Après avoir échappé à la guillotine, le baron Frankenstein réussit à s'exiler 3 ans plus tard en Allemagne pour renouer avec ses travaux. C'est avec l'aide d'un assistant et d'un bénévole qu'il continue de parfaire sa mission, celle de créer l'être parfait en transplantant le cerveau d'un génie dans le corps d'un autre sujet. Prenant à contre-pied l'aspect explicitement horrifique de la créature du précédent volet, La Revanche de Frankenstein adopte une démarche beaucoup plus subtile pour mettre en exergue la nouvelle identité d'un monstre estropié. Car complexé d'une infirmité physique, Karl accepte de se prêter à l'expérience scientifique du baron pour retrouver une apparence ordinaire dans le corps saint d'un étranger. Qui plus est, pourvu d'un cerveau intelligent, Frankenstein se motive à l'exploiter afin de créer l'être parfait.


    L'apparence beaucoup plus humaine de cette créature hybride renforce l'intensité dramatique émanant de sa situation démunie lorsqu'elle prend conscience que sa fonction cognitive lui remémore la douleur qu'elle éprouvait autrefois dans son ancien corps. D'où une réflexion sur la réminiscence et l'autosuggestion à travers le trouble de la neurologie. Devenu à son tour monstre de foire car à nouveau emprisonné dans un corps dégénératif, son désespoir l'entraîne vers une rancune meurtrière. Cet excellent scénario, nous le devons à un fidèle artisan de la Hammer, Jimmy Sangster. Ce dernier n'hésitant pas non plus à verser dans l'ironie caustique lorsque le Baron souhaite se substituer au monstre par le biais d'une conclusion aussi déroutante que couillue. Se raillant de la religion comme le laisse suggérer Frankenstein depuis ses premières expériences sur la résurrection, le prologue en rajoute une louche dans l'humour noir lorsqu'un prêtre se retrouve finalement décapité par guillotine pour tenir lieu du vrai coupable. En ce qui concerne la caractérisation du Baron, le personnage est ici beaucoup plus posé, moins excentrique et plus avisé afin de paraître aux yeux des autres un scientifique avenant plutôt discret. Aussi à l'aise que dans son précédent rôle, Peter Cushing insuffle un charisme taillé sur mesure dans sa posture de praticien plus sournois à accomplir ses méfaits parmi l'indulgence d'un adjoint moins retors. 


    Toujours aussi captivant mais moins spectaculaire et horrifique que son modèle, La Revanche de Frankenstein tire-pari de sa perspicacité narrative à renouveler le concept scientifique du Baron dans une horreur aussi insinueuse qu'insidieuse. Le ressort psychologique de la créature cultivant notamment une réflexion sur l'apparence corporelle avide de sainteté. Un thème d'actualité on ne peut plus édifiant dans une société aussi matérialiste que la notre ! 

    La chronique de Frankenstein s'est échappé: http://brunomatei.blogspot.fr/…/frankenstein-sest-echappe-c…

    Bruno Matéï
    3èx.  

    mardi 31 mars 2015

    A GIRL WALKS HOME ALONE AT NIGHT

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site shocktillyoudrop.com

    de Ana Lily Amirpour. 2014. U.S.A. 1h39. Avec Sheila Vand, Arash Marandi, Marshall Manesh, Dominic Rains, Mozhan Marno, Rome Shadanloo.

    Sortie salle France: 14 Janvier 2015. U.S: 21 Novembre 2014

    Récompenses:
    Festival du cinéma américain de Deauville 2014: Prix de la Révélation Cartier pour Ana Lily Amirpour (sélection officielle)
    Festival international du film de Catalogne 2014: Carnet Jove Jury Award pour Ana Lily Amirpour
    Citizen Kane Award for Best Directorial Revelation pour Ana Lily Amirpour
    Gotham Awards 2014 : Bingham Ray Breakthrough Director pour Ana Lily Amirpour
    Film Independent's Spirit Awards 2015 : Someone to Watch Award pour Ana Lily Amirpour

    FILMOGRAPHIE: Ana Lily Amirpour est une réalisatrice, scénariste et productrice américaine.
    2014: A Girl walks home alone at night.


    Première essai de long-métrage pour la réalisatrice Ana Lily Amirpour, A Girl walks home alone at night est la transposition d'un de ses courts homonymes déjà récompensé au Festival Noor du film Iranien de Los Angeles. Malgré sa relative sortie confidentielle, le film s'attribue d'un succès d'estime chez certains festivaliers, à l'instar du jury de Deauville et de Catalogne (voir ci-dessus).


    Tourné en langue perse dans un noir et blanc immaculé, le film emprunte le thème du vampirisme avec la volonté contemplative d'une mise en scène expérimentale oscillant les non-dits de personnages en dérive existentielle. L'action prenant pour cadre un no man's land iranien où quelques marginaux s'adonnent au proxénétisme, à la prostitution et à la drogue pour se donner un semblant de vie à leur existence moribonde. Surgie de nulle part, une femme vampire affublée d'une cape longiligne hante les lieux pour repérer les pêcheurs indociles et les sacrifier. Jusqu'au jour où cette dernière, consciente de son statut délétère, se laisse amadouer par une liaison amoureuse avec un "Dracula" candide ! Voilà en gros le résumé laconique de cette intrigue nébuleuse, une couverture en soit afin de privilégier l'expérimentation d'un climat hermétique où la nature crépusculaire semble détachée du temps quand bien même les rares citadins qui y déambulent suggèrent la nonchalance sentencieuse. Rythmé au son d'une partition éclectique alternant New-wave, Rock et Techno, A Girl walks home alone at night prend le parti de dérouter et fasciner le spectateur dans un brassage de séquences onirico-charnelles (tous les échanges de séduction confinant le couple en étreinte et leur rencard nocturne parfois terni par les vapeurs industrielles) et d'estocades intempestives. L'agissement taciturne de la fille vampire et celui ambigu des citadins exposés à la fragilité de leur quotidien rehaussent d'autant plus l'étrangeté qui s'exalte de son esthétisme perméable.


    Pourvu d'un rythme languissant risquant de nuire une frange du public peu habitué à ce type d'expérience abstraite (réfractaires à Under the Skin et Eraserhead, vous pouvez passer votre chemin !), A Girl walks home alone at night fait office d'ovni, tantôt ensorcelant, tantôt opaque, dont l'originalité de ton emportera l'adhésion des plus réceptifs. 

    Bruno Matéï

    lundi 30 mars 2015

    MANGE TES MORTS: Tu ne diras point. Prix Jean Vigo, 2014.

                                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site papystreaming.com

    de Jean-Charles Hue. 2014. France. 1h34. Avec Frédéric Dorkel, Michael Dauber, Jason François, Moïse Dorkel, Philippe Martin, Alexandre Reboncourt

    Sortie salles France: 25 Septembre 2014

    FILMOGRAPHIE: Jean-Charles Hue est un réalisateur, plasticien et vidéaste français, né en 1968 à Eaubonne. 2009: Carne Viva. 2011: La BM du Seigneur. 2014: Mange tes morts: Tu ne diras point


    Oeuvre indépendante au budget minimaliste, Mange tes Morts met en exergue la virée nocturne de quatre marginaux Yéniches (groupe ethnique semi-nomade d'Europe que l'on peut comparer aux Roms) après que le frère aîné eut purgé 15 ans de réclusion pour homicide. Le jour même de sa libération, et par l'influence du benjamin Jason, ils décident de dérober 25 tonnes de cuivre dans le camion d'un entrepôt. 


    Pour info, "Mange tes Morts" est une élocution originaire du dialecte manouche signifiant une insulte de haine envers la personne injuriée. Epousant la carte du docu-vérité afin de renforcer l'ultra réalisme des situations et comptant sur l'amateurisme des comédiens néophytes au jeu futilement maladroit, Mange tes Morts réussit à nous immerger durant 1h35 dans l'intimité de quatre paumés ayant comme seul repère l'impériosité de leur doyen inculte. De par l'absence de perspicacité de ce dernier et l'ignorance de ses camarades, cette équipée peut rivaliser avec l'archétype des pieds nickelés tant elle accumule les bévues avec une maladresse intarissable. Si les touches d'humour prêtent parfois même à sourire dans leurs rapports amicaux et divergences de points de vue, l'issue pessimiste (et prévisible) de leur escapade nocturne insuffle l'anxiété par leur inconscience collective à faciliter le danger. Outre l'aspect frénétique de leur nuit étrangement solaire (de par les néons orangers des réverbères qui illuminent l'itinéraire routier et la fumée s'exaltant des usines du Nord), la caractérisation humaniste des protagonistes (solidarité de camaraderie, sens de l'honneur familiale) nous rappelle toujours que l'élément déclencheur de leur mission émane d'une rage de vivre dans leur condition marginale de laissés-pour-compte. Avec ses gueules Yéniches plus vraies que nature et au sens de la répartie volubile, Mange tes Morts réussit donc à nous familiariser parmi la communauté gitane du point de vue d'une jeunesse anachronique sans repère.   


    Les Nuits Fauves
    Reposant entièrement sur les épaules amateuristes de comédiens novices un peu malhabiles mais néanmoins touchants de sincérité, et sur l'ultra réalisme d'une réalisation parfois expérimentale, Mange tes Morts réussit à dépasser le stade de la fiction dans sa manière documentée à ausculter les états d'esprit de jeunes délinquants aussi fragiles que suicidaires. A découvrir ! 

    Remerciement à Pascal Frezzato
    Bruno Matéï