jeudi 23 février 2023

Orgie Satanique / Devils of Darkness

                                              
                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.fr

"Devils of Darkness" de Lance Comfort. 1965. Angleterre. 1h28. Avec William Sylvester, Hubert Noël, Carole Gray, Tracy Reed, Diana Decker, Rona Anderson.

Sortie salles France: 2 Décembre 1970. Angleterre: Septembre 1965

FILMOGRAPHIELance Comfort est un réalisateur, producteur et scénariste anglais. né le 11 Août 1908 à Harrow, Londres, décédé le 25 Août 1966 à Sussex. 1965 Orgie satanique. 1965 Be My Guest. 1964 Blind Corner. 1963 Live It Up! 1963 Tomorrow at Ten. 1962 The Break. 1962 The Painted  smile. 1961 The Breaking Point. 1961 Touch of Death. 1961 Pit of Darkness. 1961 Rag Doll. 1959 The Ugly Duckling. 1959 Make Mine a Million. 1957 Man from Tangier. 1957 At the Stroke of Nine. 1957 Face in the Night. 1956 The Man in the Road. 1956 Faccia da mascalzone. 1954 The Last Moment. 1954 Bang! You're Dead. 1954 Eight O'Clock Walk. 1953 The Girl on the Pier. 1953 The Triangle (sement "American Duel"). 1953 The Genie (segments "The Heel", "The Genie"). 1950 Portrait of Clare. 1949 L'homme à la cicatrice. 1948 Daughter of Darkness. 1947 Le port de la tentation. 1946 La perle noire. 1945 Great Day. 1944 Hotel Reserve. 1943 Escape to Danger. 1943 Old Mother Riley Detective. 1943 When We Are Married. 1943 Squadron Leader X. 1942 Those Kids from Town. 1942 Le chapelier et son château. 1942 Penn of Pennsylvania.


Exhumé de l'oubli par le génial éditeur Artus Film, même si uniquement dispo en Dvd (copie tout à fait correcte), VostfrOrgie Satanique (titre français un brin outrancier) est une charmante curiosité qui doit son capital sympathie de par la modestie de l'entreprise surfant sur le gothisme de la Hammer Film dans un contexte un peu plus contemporain. Car exploitant à nouveau le vampirisme sous couvert de magie noire et d'occultisme sans que n'y pointe de quelconques canines incisives, Orgie Satanique dégage un charme rétro constamment probant eu égard de l'application de sa réalisation "bricolée", de la beauté de ses décors domestiques un tantinet gothiques et de l'attrait attachant des interprètes sobrement convaincants à défaut de se transcender. L'intrigue demeurant qui plus est relativement efficace lorsque Paul Baxter se substitue en investigateur depuis la disparition de son amie Anne. 


Ce qui l'entraînera à fréquenter le comte Sinistre (Hubert Noël s'avère magnétique par son petit regard azur reptilien épaulé d'une posture longiligne discrètement snobée) accompagné de son épouse Tania, couple délétère instigateur d'une secte afin d'y vouer une victime féminine (Karen Steele) à l'immortalité. Or, le précieux talisman indispensable au rituel sanglant est depuis passé entre les mains de Paul Baxter qu'il repêcha sur les lieux du crime d'Anne. Ainsi, avec son ambiance occulte fleurant bon le Fantastique vintage, Orgie Satanique séduira les afficionados du genre, à défaut d'y conquérir la nouvelle génération, et ce avec une probité qui fait plaisir à voir de nos jours révolus. Une rareté dénuée de prétention, à découvrir donc, alors qu'il s'afficha sur nos écrans hexagonaux 5 ans après sa sortie British. 


* Bruno
07.06.18
23.02.23

mercredi 22 février 2023

The Whale

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Darren Aronofski. 2022. U.S.A. 1h57. Avec Brendan Fraser, Samantha Morton, Ty Simpkins, Sadie Sink, Hong Chau

Sortie salles France: 8 Mars 2023.  U.S: 9 Décembre 2022

FILMOGRAPHIE: Darren Aronofski est un réalisateur américain né le 12 février 1969 à Brooklyn (New York). Il travaille aussi en tant que scénariste et producteur. 1998 : π, 2000 : Requiem for a dream, 2006 : The Fountain, 2009 : The Wrestler, 2010 : Black Swan. 2014: Noé. 2017: Mother ! 2022: The Whale. 

Dans un climat fétide irrespirable épaulé d'une photo grisonnante cadrée en 4/3 (parti-pris du cadre restreint), Darren Aronofski nous relate la quotidienneté (quasi) esseulée d'un père ventripotent (il pèse plus de 270 kilos) tentant de renouer avec sa fille de 16 ans qu'il n'a pas revu depuis 8 ans. Drame psychologique intimiste d'une redoutable cruauté à travers le calvaire d'une obésité disproportionnée que les sermons d'une ado ne cesse d'appuyer à travers sa haine à la fois parentale et misanthrope, The Whale ne laisse nullement indifférent à observer sans voyeurisme ni complaisance cet homosexuel en berne délibéré à en finir après avoir tenté de réparer ses fautes auprès de sa fille mutine incapable de lui pardonner sa démission familiale. Ainsi, à travers les thématiques de la foi religieuse (en dichotomie avec l'athéisme), l'homosexualité (s'opposant à l'homophobie d'une main trompeuse), la solitude (tristement actuelle) impartie au célibat et la cellule familiale en marasme, The Whale dégage une trouble aura de malaise mêlée d'espoir et d'optimisme auprès de l'éthique de cet homme rongé de remord mais délibéré à prôner autour de lui la force de la passion que symbolisent les valeurs humaines que tout un chacun renferme en son intérieur. 

Et s'il ne s'agit pas à mon sens d'un grand film ni d'un chef-d'oeuvre, c'est que The Whale ne le cherche pas à l'être en oscillant modestie, pudeur et dignité. Un huis-clos confidentiel étouffant nous laissant de redoutables traces (/séquelles) dans l'encéphale sous l'impulsion du jeu lestement tendre et désespéré de Brendan Fraser se livrant à nu face caméra avec une intensité expressive parfois même insupportable (jusqu'au malaise viscéral). Quand bien même les seconds-rôles qui l'entourent demeurent communément expansifs, pour ne pas dire fulgurants à lui infliger leur rage de vivre (et de survie) depuis sa condition recluse irrévocable. Bouleversant et malaisant, The Whale l'est en intermittence assurément (quand bien même son ultime demi-heure demeure magistralement éprouvante auprès de sa profondeur cérébrale) sans s'apitoyer sur le sort précaire de ses personnages torturés. Puisque rongés par le mal-être existentiel, l'incommunicabilité, la remise en question rédemptrice, la quête du pardon, la peur de l'échec et l'hésitation de l'étreinte. 

Une oeuvre forte donc, cruelle et désespérée, mais aussi luminescente (ultime image évocatrice) car pleine d'espoir et d'optimisme à travers son message spirituel du pardon et de l'incitation à l'affirmation afin d'accéder à l'amour.

*Bruno

jeudi 9 février 2023

Le Village / The Village

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Night. M. Shyamalan. 2004. U.S.A. 1h43. Avec Bryce Dallas Howard, Joaquin Phoenix, Adrien Brody, William Hurt, Sigourney Weaver, Brendan Gleeson, Cherry Jones, Celia Weston.

Sortie salles France: 18 Août 2004. U.S: 30 Juillet 2004

FILMOGRAPHIE: M. Night Shyamalan est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine indienne, né le 6 Août 1970 à Pondichéry. 1992: Praying with Angers. 1998: Eveil à la vie. 1999: Sixième Sens. 2000: Incassable. 2002: Signs. 2004: Le Village. 2006: La Jeune fille de l'eau. 2008: Phenomènes. 2010: Le Dernier maître de l'air. 2013: After Earth. 2015: The Visit. 2017: Split. 2019: Glass. 2021: Old. 2023: Knock at the Cabin. 


Après avoir été profondément déçu lors de sa sortie en salles, faute d'avoir été vendu à tort comme un film d'épouvante en bonne et due forme, et bien qu'il m'eut fallu ce soir une grosse demi-heure d'adaptation à m'immerger dans cet univers hermétique (en espérant que ce soit un problème de fatigue et qu'au 3è visionnage j'y sois plus attentif et investi au vu de sa progression dramatique loin de laisser indifférent), Le Village m'est apparu autrement substantiel, profond, fragile, intimiste, émouvant à travers la thématique de l'obscurantisme que Night. M. Shyamalan traite de manière étonnamment prude et personnelle. Or, il s'agit toutefois d'une oeuvre délicate un brin difficile d'accès si j'en juge ma difficulté à m'être familiarisé auprès des personnages introvertis et de leur environnement paisible puisque vivants en autarcie dans une campagne loin de toute urbanisation. Et si le récit languissant peine à captiver au 1er abord, dès qu'intervient le 1er incident (sans dévoiler d'autre détail), le Village demeure davantage captivant, envoûtant, étrange, ombrageux, alerte lors de l'initiation d'une jeune aveugle collapsée, délibérée à sauver de l'agonie son prince charmant. Un modeste paysan gagné lui aussi par la curiosité de découvrir ce qui se tapi dans les bois et au-delà, si bien que selon la légende locale une créature est aux aguets si un des métayers ose s'y aventurer pour regagner la ville. 


Franchement poignant et émouvant à travers son discours pacifiste militant pour la non-violence et la tranquillité d'une existence sectaire impartie au non-dit, à la feinte, au simulacre, le Village nous démontre avec pudeur et retenue que la violence reste pour autant une menace environnementale où que nous nous implantions et quelque soit nos moyens mis à disposition pour s'en préserver. Si bien que le Mal reste dans la nature humaine à travers sa dualité bicéphale à combattre ou pas ses démons internes lorsque rancoeur, jalousie, vengeance entrent en scène pour le défier de sa capacité (ou non) à canaliser ses sentiments préjudiciables. Joliment photographié et traversé d'images graciles d'un onirisme naturaliste, le Village séduit les mirettes mais aussi l'ouïe. Tant auprès de ses dialogues étonnamment ciselés auquel il faut rester à l'écoute que du jeu investi des acteurs résolument impliqués dans leur morale anti progressiste puisque réfutant toute forme de modernisme, communication avec l'étranger et technologie envahissante. C'est donc une forme de cri de désespoir que nous cultive sobrement Night M Shyamalan à observer les motivations conservatrices de cette communauté à la fois superstitieuse et rétrograde car s'inventant en lieu et place de survie un semblant d'havre de paix en ayant recours à l'artillerie de légendes séculaires. Il y émane une oeuvre épurée d'une grande sensibilité, tel ce besoin immodéré d'aimer et d'être aimé, notamment auprès de son amertume tacite renforcé d'un happy-end non rédempteur. 


A revoir, en ayant toutefois conscience d'avoir affaire à un drame psychologique d'une rigueur communicative plutôt que l'affabulation du "ouh fais moi peur" grossièrement étendu lors de sa sortie ciné. 

*Bruno

Box-Office France: 2 430 910 entrées

lundi 6 février 2023

Tueurs de Dames / The Ladykillers

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Alexander Mackendrick. 1955. Angleterre. 1h31. Avec Katie Johnson, Alec Guinness, Cecil Parker, Herbert Lom, Peter Sellers.

Sortie salles France: 3 février 1956. Angleterre: 8 décembre 1955

FILMOGRAPHIE: Alexander Mackendrick (Boston, 8 septembre 1912 – Los Angeles, 22 décembre 1993) est un réalisateur de cinéma britannique, d'ascendance écossaise. 1949 : Whisky à gogo ! 1951 : L’Homme au complet blanc. 1952 : La Merveilleuse Histoire de Mandy. 1954 : The Maggie. 1955 : Tueurs de dames. 1957 : Le Grand Chantage. 1959 : Au fil de l'épée coréalisé par Guy Hamilton — Mackendrick non crédité. 1961 : Les Canons de Navarone coréalisé par Jack Lee Thompson — Mackendrick non crédité. 1963 : L'Odyssée du petit Sammy. 1964 : The Defenders. 1965 : Cyclone à la Jamaïque. 1967 : Oh Dad, Poor Dad, Mama's Hung You in the Closet and I'm Feeling So Sad (non crédité). 1967 : Comment réussir en amour sans se fatiguer.
  

Tout simplement l'une des meilleures comédies jamais réalisées, un chef-d'oeuvre d'humour noir comme seuls les anglais ont le secret lorsque l'on a comme bagage un pitch aussi astucieux, prétexte à mettre en exergue une galerie de 5 gangsters minables (tout droits sortis d'une bande dessinée) élaborant leur coup du siècle parmi l'involontaire complicité d'une vieille dame vertueuse les hébergeant dans sa demeure locative. Multipliant sans modération les gags et situations, tant à l'extérieur de la demeure (le casse, l'altercation du commerçant avec le cheval, les incidents meurtriers à répétition du dernier acte) qu'en interne du huis-clos domestique étrangement dégingandé (certaines pièces de la maison sont obliques à la suite des bombardements de la seconde guerre mondiale), Tueurs de Dames est une jubilatoire confrontation psychologique entre ses pieds nickelés faussement courtois et cette dame débonnaire pour l'enjeu d'un butin. Ainsi, si cette comédie caustique demeure aussi drôle qu'attachante, elle le doit également beaucoup à la complémentarité (sournoise) de ses interprètes masculins génialement caricaturaux et prenant leur rôle résolument au sérieux afin d'y provoquer le décalage hilarant escompté. 


L'immense Alec Guinness endossant sans doute un de ses meilleurs rôles en leader obséquieux jouant magnifiquement avec la pantomime dans sa posture spectrale férue de tics que l'on croirait extirpée d'un film d'épouvante. Rien que sa présence placide provoquant autant la fascination que le rire nerveux à chacune de ses apparitions doucement autoritaires. Quand bien même Katie Johnson s'avère absolument délectable de vertu, de naïveté, de candeur et de correction à accueillir à bras ouverts ses hôtes en compagnie de ses 3 péroquets (non dupes de l'identité de ses criminels !) avant de comprendre ce qui se trame véritablement derrière ses violoncellistes usurpateurs d'une lâcheté sans égale (le final sinistré valant son pesant de cacahuètes). Enfin, on peut également prôner l'effet d'immersion que cette oeuvre british conçu en 55 nous procure grâce au soin de sa scénographie domestique rétro que symbolise cette bicoque décatie implantée à proximité d'un chemin de fer. Une petite ambiance d'étrangeté émanant d'ailleurs de cette modeste demeure encombrée de malfrats davantage patibulaires à décider de se débarrasser de cette pauvre vieille dame sans défense.  


Véritable bijou d'humour et d'insolence à travers le jeu pervers de ses braqueurs chafouins impeccablement dessinés, Tueurs de Dames cumule sans faillir les situations impayables génialement grotesques pour nous passionner de cette farce macabre à la conclusion aussi badine que politiquement incorrecte. A revoir d'urgence, aussi pour se rendre compte à quel point Tueurs de Dames transcende le temps (marque de fabrique du chef-d'oeuvre au sens étymologique) plus de 8 décennies plus tard. 

Dédicace à Jérôme André Tranchant. 

*Bruno
3èx

Récompenses
BAFTA 1956 :
BAFTA de la meilleure actrice britannique pour Katie Johnson
BAFTA du meilleur scénario pour William Rose

jeudi 2 février 2023

Contronatura / Schreie in der Nacht

                                           
                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmposter-archiv.de
                                      
de Antonio Margheriti. 1969. Italie/Allemagne. 1h31. Avec Joachim Fuchsberger, Marianne Koch, Helga Anders, Claudio Camaso, Luciano Pigozzi, Dominique Boschero, Giuliano Raffaelli.

Inédit en France. Sortie salles Italie: 12 Septembre 1969

FILMOGRAPHIEAntonio Margheriti (Anthony M. Dawson) est un réalisateur italien, né le 19 septembre 1930 à Rome, décédé le 4 Novembre 2002 à Monterosi. 1960: Le Vainqueur de l'espace.  1962: Les Derniers jours d'un empire. 1963: La Vierge de Nuremberg. 1964: La Sorcière Sanglante. 1964: Les Géants de Rome. 1964: Danse Macabre. 1968: Avec Django, la mort est là. 1969: Contronatura. 1970: Et le vent apporta le Violence. 1971: Les Fantômes de Hurlevent. 1973: Les Diablesses. 1974: La brute, le colt et le karaté. 1975: La Chevauchée terrible. 1976: l'Ombre d'un tueur. 1979: l'Invasion des Piranhas. 1980: Pulsions Cannibales. 1980: Héros d'Apocalypse. 1982: Les Aventuriers du Cobra d'Or. 1983: Yor, le chasseur du futur. 1985: L'Enfer en 4è vitesse.


Le pitch: Le très riche Archibald Barrett doit rencontrer son avocat d’affaire pour lui remettre les derniers papiers qui le rendront définitivement propriétaire des biens de son défunt cousin, Richard Wright. Il voyage accompagné de son comptable Ben Taylor, de sa femme Vivian, de son secrétaire Alfred et de la femme de ce dernier. Il pleut averse et la voiture s’embourbe. Le groupe se réfugie alors dans un chalet isolé qui se trouve non loin de leur route. Ils interrompent en cela une séance de spiritisme, organisée par Unah, la propriétaire de ces lieux. Celle-ci , en complète transe commence à dévoiler le passer de chacun des hôtes.


Hyper rare, quasi invisible, inédit en salles chez nous et peu abordé chez les critiques spécialisées, si bien que j'ignorai son existence, Contronatura renait de ses cendres grâce à l'éditeur Artus Films. Et ce même si leur copie relativement terne, médiocre, monochrome, qui plus est émaillée de scratchs, ne favorise pas l'immersion de cette sombre machination vénale constamment inquiétante en utilisant à bon escient l'alibi du genre Fantastique en trompe l'oeil. Il est d'ailleurs considéré selon les fans de  Margheriti  comme son meilleur film avec Danse Macabre. Et bien que j'avoue préféré ce dernier, la Vierge de Nuremberg et la Sorcière SanglanteContronatura demeure sans conteste une excellente surprise exhumée d'outre-tombe. Un thriller à suspense constamment captivant en dépit d'une structure narrative plutôt désordonnée, ce qui hélas fait parfois perdre le fil de l'intrigue au spectateur, embourbée dans les va-et-vient de (trop) nombreux flash-back et moult personnages interlopes (que l'on peine parfois à identifier à cause de la copie opaque) impliqués dans une série de morts violentes laissées en suspens. 

                                                              

Ainsi, en dépit de cette mauvaise gestion rehaussant la complexité d'une intrigue aussi originale que nébuleuse, Contronatura ne relâche toutefois point l'attention et la tension, notamment grâce à la conviction des comédiens communément impliqués dans leur fonction coupable ou revancharde où s'infiltre en intermittence le thème audacieux du saphisme en cette année 69. A découvrir absolument donc, en espérant qu'un jour prochain un éditeur puisse le redorer en qualité HD, si bien que son ambiance gothico-funeste ne manque pas d'attrait envoûtant avant de nous ébranler lors d'un surprenant épilogue faisant inopinément intervenir le genre Spoil ! catastrophe ! Fin du Spoil. C'est dire si Contronatura  s'avère une oeuvre marginale à la fois ambitieuse, sincère, retorse, vénéneuse, appliquée pour s'extirper de l'ornière. 

*Bruno
2èx. Vostfr

mardi 31 janvier 2023

Full Metal Jacket

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Stanley Kubrick. 1987. U.S.A. 1h56. Avec  Matthew Modine, Arliss Howard, Vincent D'Onofrio, R. Lee Ermey, Adam Baldwin, Dorian Harewood, Kevyn Major Howard, Ed O'Ross, John Terry, Kieron Jecchinis, Kirk Taylor

Sortie salles France: 12 Octobre 1987

FILMOGRAPHIE: Stanley Kubrick est un réalisateur américain, né le 26 Juillet 1928 à New-York, décédé le 7 Mars 1999 à Londres. 1953: Fear and Desire. 1955: Le Baiser du Tueur. 1956: l'Ultime Razzia. 1957: Les Sentiers de la Gloire. 1960: Spartacus. 1962: Lolita. 1964: Dr Folamour. 1968: 2001, l'Odyssée de l'Espace. 1971: Orange Mécanique. 1975: Barry Lindon. 1980: Shining. 1987: Full Metal Jacket. 1999: Eyes Wide Shut.


Une oeuvre choc nécrosée qui en dit long sur notre nature sépulcrale
Même si j'avoue avoir une préférence pour Voyage au bout de l'Enfer et Apocalypse Now (les 2 références ultimes du genre), si bien que j'ignore si Full Metal Jacket se décline également en chef-d'oeuvre, mais en tout état de cause il reste sacrément puissant, évocateur, estomaquant, méphitique par la géométrie de sa mise en scène à couper au rasoir (notamment au niveau des impacts de balle sur les chairs éclatées filmées au ralenti) illustrant sans ambages la descente aux enfers d'une poignée d'appelés ricains. De jeunes branleurs zélés conditionnés en machines à tuer lors de la 1ère partie expérimentale se clôturant sur un règlement de compte d'une intensité dramatique cauchemardesque, conséquences psychotiques d'un souffre douleur trop fragile après avoir subi un lavage de cerveau au karcher. Quand bien même le second acte nous fait suivre ses anti-héros déboussolés lors d'une houleuse mission impromptue lorsqu'un tueur invisible les abattra un à un du haut de sa tour d'un hangar désaffecté. 


De par son aura d'étrangeté davantage prégnante et l'ambiguïté de son message faussement pacifiste (tuer au nom de la liberté, à l'instar du soldat "guignol" arborant sur son casque "né pour tuer" puis sur sa veste de treillis le badge contradictoire d'un symbole de paix), Full Metal Jacket laisse un sale goût de souffre dans la bouche d'avoir suivi l'évolution morale de ces soldats indignes abrutis par le conditionnement, le  goût du sang et de la violence putassière. Ainsi donc, à la finalité, si Full Metal Jacket demeure aussi abject, éprouvant (de façon insidieuse et feutré) et émétique, c'est qu'il nous dévoile face caméra 1h56 durant la nature équivoque de l'homme apte à se fondre dans le corps d'un barbare sans vergogne au nom d'une idéologie militaire patriotique. Il y émane au final un grand moment de cinéma capiteux porté par le jeu irréprochable des acteurs se taillant une carrure primitive contagieuse lors de leur confrontation hideuse avec la mort. Si bien que sur le sujet rebattu de la guerre du Vietnam, Full Metal Jacket reste néanmoins l'un des meilleurs représentants (même s'il arrive sur les écrans un peu trop tard, d'où son échec commercial) par sa rigueur vériste à la fois insolite, furibonde, vénéneuse. 


*Bruno
3èx

mercredi 25 janvier 2023

Danger planète inconnue / Doppelgänger / Journey to the Far Side of the Sun

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Robert Parrish. 1969. Angleterre. 1h41. Avec Roy Thinnes, Ian Hendry, Patrick Wymark, Lynn Loring, Loni von Friedl, Franco De Rosa.

Sortie salles France: 5 Juillet 1972. U.S: 8 Octobre 1969

FILMOGRAPHIE: Robert Parrish, né le 4 janvier 1916 à Columbus (Géorgie) et mort le 4 décembre 1995 à Southampton (État de New York), est un cinéaste américain. 1951 : L'Implacable. 1951 : Dans la gueule du loup. 1952 : La Madone du désir. 1952 : Aveux spontanés. 1952 : My Pal Gus. 1951 : Coup de feu au matin. 1954 : La Flamme pourpre. 1955 : Une femme extraordinaire. 1957 : L'Enfer des tropiques. 1958 : Libre comme le vent. 1959 : L'Aventurier du Rio Grande. 1963 : À la française. 1965 : Le Jour d'après. 1967 : Casino Royale. 1967 : Le Bobo. 1968 : Duffy, le renard de Tanger. 1969 : Danger, planète inconnue. 1971 : Les Brutes dans la ville. 1974 : Marseille contrat. 1983 : Pays d'octobre (Mississippi Blues), réalisé avec Bertrand Tavernier. 

Je ne remercierai jamais assez Jean-Pierre Dionnet de m'avoir fait découvrir cet incontournable de la SF moderne au sein de son émission phare "Cinéma de Quartier" diffusé sur la chaine Canal +. Car en dépit d'une première partie laborieuse, avouons-le, les 40 ultimes minutes du récit valent à elles seules le détour si bien qu'elles nous tétanisent de fascination, stupéfaction et inquiétude de par son effet de surprise jamais vu au préalable sur la toile. Car digne d'un épisode longiligne de la 4è Dimension (auquel il aurait sans doute fallu raccourcir 20 bonnes minutes selon mon jugement de valeur faute d'un rythme plutôt atone, en totale contradiction avec sa seconde partie vrillée), Danger Planète Inconnue cultive en prime l'audace de nous ébranler une ultime fois auprès de son épilogue glaçant laissé en suspens. Si bien que le spectateur ne cessera de se triturer les méninges, hanté par la révélation cuisante à théoriser les faits exposés qui plus est dans un esprit documenté. 

Et ce en dépit des nombreuses maquettes et FX cheap qui aménagent la scénographie tantôt scientifique, tantôt stellaire, ce qui d'ailleurs n'est point vraiment négligeable tant le film dégage aujourd'hui une patine poétique pleine de charme à travers l'amour du travail soigné. Gerry Anderson, créateur des Sentinelles de l'air et de Cosmos 1999 n'étant autre que le scénariste et producteur de cet improbable récit métaphysique à la thématique fulgurante. Quand bien même l'illustre Roy Thinnes (Les Envahisseurs) et Raymond Burr (l'Homme de fer) se partagent la vedette lors d'une confrontation psychologique de longue haleine eu égard de la révélation incongrue leur explosant en pleine face car davantage convaincus de cette impossible vérité gravitant autour du soleil. Ainsi, nous ne sommes pas prêt d'omettre son intensité dramatique inopinée issue de l'ultime bobine après nous avoir donné le tournis 40 minutes durant, avec toutefois l'étrange impression d'avoir assisté à 2 métrages en un tant les ruptures de ton demeurent à la fois fortuites, bipolaires, bicéphales. 

En l'état, quelques décennies après sa sortie, Danger Planète Inconnue n'a absolument rien égaré de son pouvoir de fascination prégnant tout en se redorant une nouvelle renaissance via le support HD d'une super édition Elephant (qui plus est gorgée de bonus avec une nouvelle présentation de Mister Jean-Pierre Dionnet). 

*Bruno
2èx

mardi 17 janvier 2023

Le Masque de Zorro

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Martin Campbell. 1998. U.S.A. Mexique/Allemagne. 2h17. Avec Antonio Banderas, Anthony Hopkins, Catherine Zeta-Jones, Stuart Wilson, Matt Letscher, Victor Rivers, L. Q. Jones .

Sortie salles France: 14 Octobre 1998 

FILMOGRAPHIE: Martin Campbell, né le 24 octobre 1943 à Hastings (Nouvelle-Zélande), est un réalisateur, producteur et acteur néo-zélandais.1973 : The Sex Thief. 1974 : Three for All. 1975 : Eskimo Nell. 1989 : La Loi criminelle. 1991 : Sans aucune défense. 1994 : Absolom 2022. 1995 : GoldenEye. 1998 : Le Masque de Zorro. 2000 : Vertical Limit. 2003 : Sans frontière (Beyond Borders). 2005 : La Légende de Zorro (The Legend of Zorro). 2006 : Casino Royale. 2010 : Hors de contrôle (Edge of Darkness). 2011 : Green Lantern. 2017 : The Foreigner. 2021 : La Protégée (The Protégé). 2022 : Mémoire meurtrière. 

3 440 187 entrées rien que dans l'hexagone, Le Masque de Zorro n'a point usurpé son joli succès international tant le réalisateur Martin Campbell épaulé du co-producteur Steven Spielberg se sont unis pour le meilleur de renouer auprès d'une aventure à l'ancienne. Et ce même si l'action autrement bondissante déménage en diable par ses aspects spectaculaires nullement outrés (d'autant plus que les FX demeurent irréprochables, à se demander si le numérique fut exploité !), rehaussés il est vrai d'un montage à couper au rasoir et du panache des acteurs (Anthony Hopkins vole presque la vedette à son partenaire bicéphale, le très convaincant Antonio Banderas d'une vélocité à toute épreuve en justicier latino !) s'en donnant à coeur joie à combattre l'ennemi lors de duels magnifiquement chorégraphiés.  Ainsi, de par le pilier d'un pitch aussi intelligent que solide osant confronter 2 Zorros contre 2 ennemis impitoyables, le Masque de Zorro ne déçoit nullement à conjuguer sur un rythme métronome humour, tendresse, romance, drame, action et aventure auprès d'un emballage formel à la fois élégant et luxueux eu égard du souci du détail imparti aux décors domestiques ou naturels où l'onirisme perce parfois sous un horizon lyrique. 


En tablant d'autant plus sur la douceur de l'ensorcelante Catherine Zeta Jones (quel regard affirmé sans jamais cligner de l'oeil noisette !) nullement potiche à se fondre dans le corps d'une jeune femme opposée au dilemme parental de par son obscur passé et à l'amour naissant face à un Zorro en herbe aussi finaud que badin (leur duel à l'épée demeurant jouissif par l'inventivité d'un humour insolent). Ainsi donc, presque 30 ans plus tard, force et de constater que le Masque de Zorro n'a pas pris une ride (4è visionnage pour ma part) sous l'impulsion de ce cast haut en couleur à jouer les redresseurs de tort ou les salauds sans vergogne au coeur d'un divertissement familial le plus intègre qui soit. Dans la mesure où émotion et action sont savamment distillées sans se laisser distraire par la facilité de la gratuité si bien que chaque personnage monopolise la narration, entre sobriété et décontraction, sans se laisser gagner par une violence triviale réfractaire à la mythologie du vengeur masqué. Et puis comment omettre ce rutilant générique imposant dans une suavité, et en guise de cerise sur le gâteau, la chanson I want to spend my lifetime loving you, tube aussi planétaire chanté par Tina Arena et Marc Anthony.


P.S: Qualité 4K à tomber.

*Bruno
4èx

Récompenses:





samedi 14 janvier 2023

Rumba la vie

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Franck Dubosc. 2022. France. 1h42. Avec Franck Dubosc, Louna Espinosa, Jean-Pierre Darroussin, Marie-Philomène Nga, Karina Marimon, Catherine Jacob, Michel Houellebecq.

Sortie salles France: 24 Août 2022

FILMOGRAPHIE: Franck Dubosc, né le 7 novembre 1963 au Petit-Quevilly (Seine-Maritime), est un humoriste et acteur français. 2018: Tout le monde debout. 2022: Rumba la Vie. 

Quel cinéphile ou spectateur lambda aurait misé un clopet sur les talents insoupçonnés de Franck Dubosc derrière une caméra en prime de s'improviser scénariste émérite ? Sans compter ses nouveaux talents d'acteur confirmé, n'en déplaise à ceux qui ne parviennent pas à départager l'humoriste du comédien trop souvent réduit à la trivialité faute de ses participations (autrement commerciales) à Disco, Cineman et Camping (pour autant bonne comédie sans prétention si je me réfère au 1er numéro plutôt honnête, voir même émotif). Car après avoir surpris critique et grand public avec le splendide Tout le monde debout (on peut d'ailleurs parler de coup de maître au sein du genre bankable de la comédie familiale tant le tact de la mise en scène nous eut laissé sans voix), celui-ci remet le couvert en prime de s'y qualifier dialoguiste et danseur dans sa tendre comédie Rumba la vie réalisée 4 ans plus tard. Ainsi, en traitant du sempiternel sujet bateau d'un père tentant de renouer avec sa fille après des années d'abandon, Franck Dubosc évite tous les clichés compromettants et situations tire-larmes grâce à l'intelligence de son propos à la fois prude et posé afin de ne pas chavirer le navire vers la déviation du produit trivial pétri de guimauve ou de sentiments ostentatoires. 

Sans compter (euphémisme !)  l'épaisseur psychologique impartie au père (autrefois tributaire de la peur de l'engagement) et à la fille communément blessés par leur brutale séparation sans jamais s'apitoyer sur leur sort. Tant et si bien qu'une fois de plus, c'est tout l'inverse qui se produit à s'extraire de la routine sous l'impulsion du cast fringant résolument impliqué dans leur fonction à la fois humaniste et pittoresque eu égard de la maîtrise de Dubosc à doser sans excès aucun drôlerie, poésie, tendresse, émotion (et instants d'extravagance atypiques) auprès d'une trame que l'on ne voit jamais arriver. Outre les seconds-rôles (en forme de clins d'oeil) à la fois bonnards et attachants, on se surprend de la prestance de la néophyte Louna Espinosa (son second long) exprimant sobrement ses émotions naturelles (en prime de sa beauté physique longiligne) sans se laisser distraire par la rancune ou la colère face à un Franck Dubosc (à nouveau) étonnamment drôle, charmant, sensible, et donc touchant en papa contracté à la fois taiseux, introverti, un brin bourru sans jamais céder à une caricature désincarnée. Si bien que l'émotion sous-jacente, timorée, réservée se transmet à l'écran avec une digne pudeur entre 2/3 éclairs de tendresse bouleversée. A l'instar de son final mélomane littéralement mémorable, véritable moment prodige d'anthologie d'une grâce épurée à faire chialer les machistes impassibles. D'ailleurs rien que pour ce final extrêmement maîtrisé pour son aura divine planant dans les airs, Rumba la vie est à ne pas rater !


En toute simplicité, et en comptant sur la dose antidépressive de poésie, de sensualité (la danse cubaine des corps), d'humour, de tendresse que ses personnages solaires dégagent entre assurance, indécision et maladresse innée, Franck Dubosc accomplit un nouveau miracle avec cette comédie romantique initiatique dont l'intensité dramatique, réservée, cède (toutefois) place à une vibrante émotion pour l'introspection du père sentencieux emprisonné depuis trop longtemps dans l'incommunicabilité, la peur de l'échec, l'inconfiance pour tenter de s'extraire du carcan d'une solitude en perdition (pour ne pas dire pathologique).  
En attendant impatiemment le 3è long de Franck, nouvel auteur prodige de la tendre comédie familiale française à la fois adulte, modeste, humble, personnelle, jamais pédante ni démonstrative. 
Chapeau l'artiste. 

*Bruno

Ci-joint chronique de Tout le monde debout: http://brunomatei.blogspot.com/…/…/tout-le-monde-debout.html

mardi 10 janvier 2023

La Guerre des Polices. César du Meilleur Acteur: Claude Brasseur

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site ekladata.com

de Robin Davis. 1979. France. 1h43. Avec Claude Brasseur, Claude Rich, Marlène Jobert, Georges Staquet, Jean-François Stévenin, Étienne Chicot, David Jalil, Gérard Desarthe.

Sortie salles France: 14 Novembre 1979

FILMOGRAPHIERobin Davis est un réalisateur français né le 29 mars 1943 à Marseille.1975 : Ce cher Victor. 1979 : La Guerre des polices. 1982 : Le Choc. 1983 : J'ai épousé une ombre. 1985 : Hors-la-loi. 1989 : La Fille des collines. 

Formidable polar des années 80 injustement oublié (même s'il sort en Novembre 79, il a tout de même un pied de l'autre côté par sa modernité, ses réparties cinglantes, le look des policiers, son érotisme et son réalisme), la Guerre des Polices tentait de rajeunir le genre à l'aide d'un pitch particulièrement solide et si peu abordé à l'écran. Dans la mesure où 2 hiérarchies policières (l'anti-gang, la brigade territoriale) se disputeront l'autorité à appréhender un dangereux assassin, Hector Sarlat considéré comme l'ennemi public numéro 1. Claude Brasseur endossant le commissaire Fuch entre arrogance, orgueil et provocation face à son ennemi de l'ordre, le commissaire Ballestrat que campe avec aplomb Claude Rich en leader pisse-froid, machiste et misanthrope gagné par l'outrecuidance à imposer sa mainmise. Chacun de leur camp abusant d'abus de pouvoir, de violence et de chantage à interroger indic et témoins pour provoquer un guet-apens autour de Sarlat et ses sbires. Au centre de cette inimitié où tous les coups (ou presque) y sont permis, Marlène Jobert tente d'apporter une touche de tendresse et de bon sens en s'interposant entre les deux dans une noble posture pour autant versatile eu égard de sa rancune à feindre l'être aimé à la suite d'un règlement de compte injustifié. 

Outre l'aspect ludique, constamment captivant de ce scénario tranquillement posé et exploitant notamment à bon escient ses décors urbains (parfois insolites, à l'instar du final ferroviaire) et sa musique plus branchée qu'autrefois, la Guerre des Polices instaure plein de peps à travers les portraits insolents de ses protagonistes irréprochables de par la conviction des acteurs à la fête, jusqu'aux moindres petits seconds-rôles et figurants symptomatiques de cette vitalité décomplexée des années 80. Car on omet quand même aujourd'hui que Claude Brasseur, étoile montante des années 80, fut un si grand acteur (si bien qu'il repart avec un césar l'année plus tard pour cette prestation infaillible, au grand dam de son immense concurrent Patrick Dewaere magnifié dans Série Noire !). On peut même en dire autant de son rival charismatique Claude Rich à se fondre avec masochisme (à peine suggéré) dans le corps d'un supérieur détestable, quand bien même la solaire Marlène Jobert nous manque tant aujourd'hui après l'avoir redécouverte ici dans une posture naturelle aussi fraîche et attentive que délicatement langoureuse. 

Gros succès en salles à sa sortie (1 792 679 entrées) et en Vhs locative (je m'en souviens comme au 1er jour) alors que de nos jours il reste très peu diffusé à la TV mais qu'il vient tout juste de s'extraire de l'anonymat grâce à son édition commerciale estampillée "HD", la Guerre des Polices est un des meilleurs jalons du polar moderne, à l'instar de La Balance, Police, Tchao Pantin, le Choix des Armes ou encore Le Professionnel et quelques autres. Et rien que pour la prestance fringante de ses comédiens de l'ancienne école totalement impliqués dans une trame burnée fustigeant la concurrence et ses conséquences (parfois illégales) de l'institution policière, la Guerre des Polices est à ne pas rater pour tous les amoureux de "policier punchy" où l'humanisme fébrile des persos prime sur l'action (plutôt discrète et donc jamais gratuite).

*Bruno
3èx

Box-Office: 1 792 679 entrées en France

vendredi 6 janvier 2023

Revoir Paris

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Alice Winocour. 2022. France. 1h45. Avec Virginie Efira, Benoît Magimel, Grégoire Colin, Maya Sansa, Amadou Mbow 

Sortie salles France: 7 Septembre 2022

FILMOGRAPHIE: Alice Winocour, née à Paris le 13 janvier 1976, est une réalisatrice et scénariste française. 2012 : Augustine. 2015 : Maryland. 2019 : Proxima. 2022 : Revoir Paris. 


Revoir Paris et mourir serein.
Il y a des films qu'on attend pas qui emportent tout. Il y a des intuitions qui ne trompent pas quand on est notamment fan d'une actrice aussi forte (de caractère) et talentueuse que Virginie Efira (bon sang, comme j'aimerai lui déclarer à voix ouverte: "je t'aime pour toujours"). Et puis il y a des oeuvres qui sont destinées à nous ébranler sans émotion programmée. Aussi rude, épeurant et grave soit son sujet bateau parfois générateur d'émotions à gros bouillons de la part de cinéastes mal intentionnés. Sauf que de la part d'une réalisatrice aussi lucide que pétrie d'humilité pour aborder scrupuleusement sa thématique d'actualité, Revoir Paris nous bouleverse, nous enivre, nous attendri même, de par son humanisme écorché vif où la retenue demeure pourtant le maître mot afin de ne pas chavirer le navire vers un pathos de mauvais goût. Les victimes d'un attentat (avec une allusion à celui du Bataclan) essayant ici de se reconstruire passée l'agression en se prêtant mutuellement main forte auprès de leurs confidences (entre victimes et psychiatres à l'écoute), quand bien même Mia (Virginie Elfira) s'efforcera de retrouver la mémoire en interrogeant l'entourage meurtri tout en dépistant ensuite celui qui lui offrit la main en guise d'entraide et d'espoir la nuit du drame.

Superbement photographié au sein d'un Paris presque tranquille, avec un travail rigoureux sur l'éclairage (à la limite de la féerie sans s'y complaire), Revoir Paris demeure autant une introspection immersive de rude haleine à travers le cheminement moral de Mia en quête d'exutoire, qu'une balade presque romantique entre une ville en mutabilité et un amant estropié en quête éperdu de main secourable. On peut d'ailleurs aussi prôner le jeu si naturel de Benoit Magimel insufflant une force de caractère plutôt altruiste et décomplexé quant à ses rapports rapprochés avec Mia ballotée entre ses sombres réminiscences, sa culpabilité biaisée faute des accusations d'une mythomane inconsolable, et sa perplexité à se réfugier dans les bras de son amant absent le fameux soir de l'attentat. Ainsi, à travers le jeu extrêmement persuasif des comédiens (sans aucune diction théâtrale, à l'exception d'un petit second-rôle féminin), Revoir Paris s'entoure d'une splendide bande-son envoûtante d'une justesse imparable pour susciter l'émotion contenue alors que son prologue estomaquant de réalisme suggéré joua la carte d'une terreur aussi couarde qu'animale lors d'une séquence imparable intelligemment concise.


Les Fantômes du Passé
Moment de cinéma en apesanteur au gré d'une émotion à la fois fébrile et chétive transie de pudeur, de sagesse et d'humilité (quel exemple de tolérance et d'éducation à travers le personnage de Mia !), Revoir Paris rend hommage aux victimes des attentats, tant auprès des morts sacrifiés que des vivants-morts déambulant tels des fantômes errants dans leur requête d'une seconde naissance. Illuminé de la présence candide de Virginie Elfira en bout de femme égarée en proie au sacre de l'existence, Revoir Paris touche en plein coeur par sa faculté innée à nous immerger dans l'intimité de ces personnages névralgiques au sein d'un climat urbain à la fois épuré, fantasmagorique, feutré, naturaliste. Si bien que l'on en sort autant émerveillé et rassuré que troublé et commotionné. 

*Bruno

lundi 2 janvier 2023

Showgirls

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Paul Verhoeven. 1995. U.S.A/France. 2h11. Avec Elizabeth Berkley, Kyle MacLachlan, Gina Gershon, Glenn Plummer, Robert Davi, Alan Rachins 

Sortie salles France: 10 Janvier 1996 (int - 12 ans). U.S: 22 Septembre 1995 (Int - 17 ans)

FILMOGRAPHIE: Paul Verhoeven est un réalisateur néerlandais, né le 18 Juillet 1938 à Amsterdam. 1971: Business is business. 1973: Turkish Delices. 1975: Keetje Tippel. 1977: Le Choix du Destin. 1980: Spetters. 1983: Le Quatrième Homme. 1985: La Chair et le Sang. 1987: Robocop. 1990: Total Recall. 1992: Basic Instinct. 1995: Showgirls. 1997: Starship Troopers. 2000: l'Homme sans Ombre. 2006: Black Book. 2016: Elle. 2021: Benedetta. 

« Showgirls a certainement ruiné la carrière d'Elizabeth Berkley. Il m'a aussi rendu la vie difficile, mais pas autant qu'il l'a fait pour Elizabeth. Hollywood lui a tourné le dos. S'il y avait quelqu'un à blâmer, cela aurait dû être moi parce que c'est moi qui pensais qu'il serait intéressant de la montrer comme cela ». La carrière du réalisateur en sera également chamboulée : « Je ne sais pas si c’était la bonne chose à faire, mais je l’ai fait, et quand le film est sorti cela n’a pas du tout été apprécié. Les gens ont haï ça, le public comme les critiques, et j’ai mis un certain temps à m’en relever, ça a presque détruit ma carrière, d’ailleurs peut-être que ça me nuit encore aux Etats-Unis… » Paul Verhoven.

Sans être un chef-d'oeuvre ni le navet qu'il se coltine depuis sa sortie tant décriée (tant critique que public), Showgirls est un excellent pamphlet vitriolé dévoilant l'envers des paillettes du Showbizz à travers le portrait corrompu d'une jeune danse néophyte rêvant d'accéder à la notoriété. Elizabeth Berkley se dévoilant (à nu) corps et âme à travers un défilé de séquences torrides ultra érotiques, notamment par l'impulsion de son déhanché résolument tranché. Celle-ci crevant l'écran (euphémisme !) dans des rôles successifs d'effeuilleuse et de showgirl avec une force de caractère et un franc-parler lui attirant une rivalité auprès du personnage modèle de Cristal (endossée par la sulfureuse Gina Gershon plutôt à l'aise d'aplomb, décomplexée d'assumer sa fonction vénale de showgirl à la fois autoritaire, tranquille et respectée). 

Ainsi, à travers sa mise en scène clinquante illustrant de rutilants spectacles de danse lascives au sein d'une scénographie sciemment tape à l'oeil, Paul Verhoven nous propose une galerie de personnages peu recommandables à tenter d'accéder à la gloire et à la célébrité sans faire preuve de vergogne. Quand bien même le personnel masculin exploite ses jeunes danseuses en tant que femme-objet en tentant de profiter de leur corps auprès d'hommes de pouvoir. L'intérêt de l'intrigue émanant du récit initiatique de Nomi (Elizabeth Berkley) s'efforçant de respecter son corps et sa morale contre l'emprise d'une hiérarchie machiste où comptent l'apparence et la performance du corps pour empocher la mise alors que celle-ci finira par se corrompre pour accéder au podium avant de se remettre en question et conquérir la rédemption.  

Volontairement provocateur par son érotisme couillu où les actrices talentueuses osent se dévoiler comme jamais, cynique et insidieux à travers ses profils licencieux (hommes et femmes compris) corrompus par le sexe, l'argent et le pouvoir, Showgirl dégage au fil de son spectacle pailleté une aura de souffre au sein du parcours moral de Nomi s'efforçant de préserver sa dignité avant de la perdre et de la retrouver après avoir saisi les tenants et aboutissants d'une industrie érotique biaisée. 

*Bruno
2èx