de John Guillermin et Irwin Allen. 1974. 2h45. U.S.A. Avec Steve McQueen, Paul Newman, William Holden, Faye Dunaway, Fred Astaire, Susan Blakely, Richard Chamberlain, Jennifer Jones, O.J. Simpson, Robert Vaughn...
Date de sortie U.S: Décembre 1974. France: 12 Mars 1975.
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Guillermin est un réalisateur, producteur et scénariste britannique, né le 11 novembre 1925 à Londres (Royaume-Uni).
1959 : La Plus Grande Aventure de Tarzan , 1962 : Tarzan Goes to India, 1964 : Les Canons de Batasi, 1966 : Le Crépuscule des aigles , 1969 : Le Pont de Remagen, 1972 : Alerte à la bombe, 1973 : Shaft contre les trafiquants d'hommes , 1974 : La Tour infernale , 1976 : King Kong, 1978 : Mort sur le Nil, 1980 : Mr. Patman, 1984 : Sheena, reine de la jungle , 1986 : King Kong 2 , 1988 : Poursuite en Arizona (TV). Irwin Allen est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 12 juin 1916 à New York, et décédé le 2 novembre 1991 à Santa Monica, en Californie (États-Unis). Il est connu pour ses films catastrophe. 1960 : Le Monde perdu (The Lost World) 1961 : Le Sous-marin de l'apocalypse (Voyage to the Bottom of the Sea) 1962 : Cinq semaines en ballon (Five Weeks in a Balloon),1978 : L'Inévitable Catastrophe 1979 : Le Dernier Secret du Poseidon.
Airport and co.
C’est en 1970 qu’émerge l’âge d’or du film catastrophe avec Airport de George Seaton. Deux ans plus tard, cette nouvelle mode, centrée sur la destruction matérielle causée par une catastrophe naturelle ou technologique, se consolide avec L’Aventure du Poséidon de Ronald Neame. Film charnière pour un genre qui s’imposera tout au long de la décennie 70, engendrant une ribambelle d’ersatz. En 1974 naît alors La Tour Infernale, en parallèle d’un autre projet tout aussi extravagant : Tremblement de Terre de Mark Robson.
Rappel des faits.
En 1972, l’énorme succès de L’Aventure du Poséidon pousse le producteur Irwin Allen à voir plus grand. Deux ans plus tard, il lance un projet encore plus ambitieux, plus spectaculaire. Il fait appel au scénariste Stirling Silliphant pour fusionner deux romans inspirés de la construction du World Trade Center (The Tower de Richard Martin et The Glass Inferno de Thomas N. Scortia et Frank M. Robinson). Pour réunir un budget pharaonique, Allen obtient l’accord de la Fox et de la Warner, qui investissent ensemble 14 millions de dollars. Refusant de lui confier seul la réalisation, les studios imposent une co-direction : Irwin Allen se chargera des séquences d’action, tandis que John Guillermin, réalisateur britannique chevronné, dirigera les acteurs. On dit qu’Allen aurait filmé 55 % des plans de La Tour Infernale.
À San Francisco, lors de l’inauguration du plus haut gratte-ciel du monde, de nombreux invités se retrouvent piégés au 135e étage lorsqu’un incendie, parti du 81e, commence à se propager, étage par étage. Avec ses 2h45 audacieuses, La Tour Infernale déploie un spectacle à couper le souffle, porté par des rebondissements incessants et des prouesses techniques à l’impact toujours aussi bluffant. Dans un savant dosage de suspense insidieux (le feu s’insinue dès les premières minutes dans les soubassements de l’immeuble) et de revirements homériques (l’ascenseur extérieur menaçant de chuter dans le vide, les explosions brutales, les fuites désespérées via une poulie suspendue vers l’immeuble voisin, ou encore le climax aérien de la dernière chance), Guillermin ne s’attarde pas — du moins en surface — à caractériser des figures souvent stéréotypées, préférant plonger dans l’urgence du brasier.
Grâce à des trucages exemplaires n’ayant rien perdu de leur impact, le récit exacerbe la tension humaine face à l’impitoyable montée des flammes. Des quidams pris au piège dans une tour de verre de 550 mètres, livrés à l’emprise délétère d’un incendie dantesque. Portés par deux figures viriles — Paul Newman et Steve McQueen — qui assurent eux-mêmes leurs cascades, les héros luttent avec détermination contre un ennemi rampant et sournois, capable de surgir de chaque recoin : escaliers, ascenseurs, conduits ou appartements deviennent autant de pièges mortels.
Le combat est rude, haletant, interminable, et sa noirceur atteint un sommet dans les derniers instants — point d’orgue spectaculaire qu’Piège de Cristal reprendra avec brio dans les années 80.
Ce qui ébranle et surprend encore aujourd’hui tient à l’âpreté horrifique du film et à l’intensité dramatique de ses situations. Comme ce couple d’amants, terré dans son appartement, impuissant face à l’embrasement, jusqu’au sacrifice désespéré du mari. Ou cette sexagénaire piégée dans la cage d’un ascenseur externe prêt à se décrocher, tandis qu’un hélicoptère tente de les extraire au bout d’un câble frémissant. Toute la narration se consacre à une angoisse tangible, celle d’êtres prisonniers d’un piège de verre en proie aux flammes. Le drame progresse avec une intensité soutenue, sans esbroufe, chaque séquence construite au service de l’intrigue et de la survie.
Enfin, La Tour Infernale rend avec sobriété hommage aux pompiers, héros de l’ombre, qui affrontent sans relâche l’indomptable incendie, animés d’un courage stoïque.
Inferno.
Il faut saluer le charisme de ses têtes d’affiche comme de ses seconds rôles : William Holden en magnat borné, Fred Astaire bouleversant en vieux dandy amoureux, ou encore Richard Chamberlain, détestable gendre dont l’erreur humaine précipite la tragédie.
Et derrière cette tour de verre, symbole de démesure et de fierté, plane aujourd’hui l’ombre du 11 septembre 2001. Une prémonition presque spectrale.
Note : Avec plus de 116 millions de dollars récoltés aux États-Unis (pour un budget de 14 millions) et la première place du box-office français en 1975 (4 466 376 entrées), La Tour Infernale a couronné un genre promis à sombrer bientôt… dans les abysses de la médiocrité.
Dédicace à Céline Blackwidow
RECOMPENSES:
- Oscars 1975 :
- Oscar de la meilleure photographie
- Oscar du meilleur montage
- Oscar de la meilleure chanson : Al Kasha et Joel Hirschhorn pour We May Never Love Like This Again.
- Golden Globes 1975 :
- Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle pour Fred Astaire.
- Golden Globe de la révélation féminine de l'année pour Susan Flannery.
- BAFTA Awards 1976 :
- British Academy Film Award de la meilleure musique de film
- British Academy Film Award du meilleur acteur dans un rôle secondaire pour Fred Astaire
- Kinema Junpo Awards 1976 : Prix du meilleur film étranger
Pour moi le meilleur film catastrophe de tous les tps qui n'a pas pris une ride. (Pattes de Velours)
RépondreSupprimerC'est clair, inoxydable !
RépondreSupprimeret quelle belle pléiade d'acteurs ! on ne s'en lasse pas.
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