(Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site Imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives)
Réalisé par Jacques Deray quatre ans après Borsalino, cette séquelle reste à mes yeux injustement sous-estimée, et pourtant supérieure à son modèle. Les critiques de l’époque s’y sont trompées selon moi, sans doute trop heurtées par sa violence putassière, le public aussi, puisque le film ne rassemble que 1 698 380 entrées, loin derrière les 4 710 380 du premier. Et pourtant.
Je lui préfère son élégance crépusculaire, sa photographie somptueuse, magnifiée par la restauration Pathé de 2013, absolument superbe en Blu-ray. Tout y est plus sombre, plus grave, plus contracté, plus intense. L’ironie et l’insouciance ont disparu. Ici, la violence s’expose sans fard : plus réaliste, plus frontale, plus brutale, souvent même spectaculaire. Un monde qui ne joue plus, qui frappe tous azimuts.
Les décors, fastueux, luxueux, nous plongent pleinement dans les années 30, avec une modernité visuelle absente du premier film. Ils respirent, imposent leur présence, deviennent presque des personnages secondaires tant Jacques Deray les filme avec amour et précision. Chaque rue, chaque façade semble chargée de mémoire, de vie citadine et de menace.
Alain Delon, hiératique, souverain, est impressionnant de bout en bout. On est avec lui, dans sa peau, dans cette posture de chef désormais seul, ambigu, peu recommandable. Le scénario est classique, prévisible, certes, mais on ne s’ennuie jamais. La vengeance de Roch - que Delon endosse avec son costume snob comme une seconde peau - se déploie avec une efficacité implacable. Ce film de gangsters prend alors des allures de western urbain, tendu par la vengeance et la fatalité. Avec toutefois un soupçon de romance murmurée par la ravissante Catherine Rouvel dans sa pudeur réservée.
(Toujours) Porté par la musique entêtante de Claude Bolling, même si beaucoup plus discrète, Borsalino & Co. est un film de gangsters comme on n’en fait plus. Des décennies plus tard, cette coproduction franco-italo-allemande demeure un divertissement adulte, stylisé, raffiné, élégamment cruel, d’une violence sèche et souvent spectaculaire. Une époque révolue au demeurant.
— le cinéphile du cœur noir 🖤
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