mardi 30 décembre 2025

Mister Frost de Philippe Setbon. 1990. France/Angleterre. 1h44.

                   (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site Imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives)
 
"Le Mal est en chacun de nous, et la valeur d'une femme se juge à la manière dont elle défie ce Mal."

Enfin revu, après quelques décennies d'absence, faute d'invisibilité, Mr. Frost m'apparaît sous un angle nouveau dans sa facture autrement singulière (épaulée aujourd'hui de sa formalité 4K).

Une œuvre à l’atmosphère pesante, lourde, presque suffocante si j'ose dire. Une expérience cinématographique à part, qui ne plaira pas à tous, et qui a toutes les chances de diviser - notamment par son ambiguïté morale.
 

Nous y suivons un homme qui prétend être le diable en personne, remarquablement incarné par Jeff Goldblum, dont la présence magnétique empêche le film de sombrer dans le ridicule, malgré ce qu’en disent certains détracteurs. Pour ma part, j’y vois une solide série B indépendante, imprégnée d’une ambiance très années 80, finement retranscrite à travers des personnages profondément humains, fragiles, fébriles même, livrés à la merci de ce Mister Frost énigmatique, manipulateur, capable de duper son entourage et de pousser à l’irréparable.

Le film est étrange, inquiétant, et je le trouve constamment captivant, parfois même envoûtant, porté par une étrangeté feutrée, taciturne, presque mythique. Lent, certes, mais jamais ennuyeux, il avance à pas mesurés, laissant ses interprètes donner chair et corps à leurs rôles avec une foi humaine sincère et attachante.
 
 
De ce point de vue, le casting - mélange réussi de visages français et britanniques, coproduction oblige - se révèle sobrement convaincant : Jeff Goldblum, Alan Bates, Cathy Baker, Jean-Pierre Cassel, Daniel Gélin, François Négret, Roland Giraud, Catherine Allégret… De belles têtes d’affiche, au service d’un climat latent plus que d’un spectacle.

Mr. Frost demeure ainsi une étrange curiosité franco-anglaise, à revoir et à redécouvrir avec attention, et même avec une certaine préparation psychologique. Film indépendant, austère, froid, énigmatique, ambigu, mais profondément stimulant dans sa manière de mettre en scène un mal qui pousse les hommes à agir contre leurs propres principes.
 

Ce qui le rend si intéressant, c’est justement qu’il ne tranche jamais : le mal, ici, refuse toute certitude. Et son final, en demi-teinte, sans trop en dévoiler, s’avère particulièrement réussi, tant il renvoie les personnages - et le spectateur - à leurs conséquences morales. Cette dernière scène dit tout : la loi est insuffisante, la foi est insuffisante, la science est insuffisante.

Un film singulier qui ne plaira pas à tous, assurément, mais que je trouve captivant, troublant, intrigant, inquiétant, et qui laisse des traces, notamment pour sa réflexion sur la nature du Mal, sur la responsabilité de l'homme et sur l'(éventuelle) absence de Dieu.
 
— le cinéphile du cœur noir 🖤

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