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(Révision: 4)
Saint-ange - Réhabilitation d'un écrin maudit.
Saint-Ange de Pascal Laugier est l’un de ces films injustement rejetés à sa sortie en 2004, mal compris, boudés par la critique comme par le public, alors qu’il s’agit d’un très beau drame fantastique, sensible et profondément mélancolique. Une première œuvre qui mérite aujourd’hui d’être réhabilitée, regardée à nouveau, avec patience, amour et attention.
Dans la lignée de L’Orphelinat, du Cercle infernal, de Rosemary’s Baby, de Fragile, Les Autres ou encore de L’Au-delà, Saint-Ange explore les zones troubles de la maternité, de la mémoire et du trauma de la guerre, jusqu’à un final suspendu, quasi spectral, qui agit comme un clin d’œil discret aux grands films de hantise psychologique mais aussi à l'Au-delà de Fulci dont Laugier ne cache nullement son admiration.
Virginie Ledoyen y est poignante, saillante, magnétique dans la pudeur et la mesure. Mère en devenir à la fois perplexe, fragile, inquiète, interrogative, elle avance dans le mystère avec une douceur inquiète, une force tranquille, presque rassurante. Elle incarne une présence de chair et de cœur, un ancrage humain face à l’indicible. À ses côtés, Lou Doillon - trop décriée à l’époque - est pourtant saisissante. Elle ne joue pas : elle est cette jeune femme sans âge au bord de la rupture, fébrile, névrosée, mentalement instable, à la lisière de la démence. Deux présences complémentaires, deux états de l’âme, deux fractures qui s'uniront pour le meilleur et pour le pire.
Pascal Laugier magnifie le décor de Saint-Ange avec un soin formel gothique d’une grande beauté séculaire. Chaque pièce respire, chaque couloir murmure. La vaste maison devient un personnage à part entière, un corps vivant chargé de souvenirs et de douleurs enfouies, jouant un rôle central dans l’évolution narrative. Le film se déploie alors sur deux niveaux de lecture : drame psychologique intime ou drame fantastique hanté. Les deux coexistent, se répondent, sans jamais s’annuler. Et c'est ce qui rend le film aussi fort, beau, passionnant, en suspens avec cet art consommé de la hantise cérébrale.
La musique, fragile et délicate, accompagne cette atmosphère mélancolique avec pudeur, renforçant l’émotion sans jamais l’alourdir. L’histoire, solide et prenante, avance à pas feutrés parmi la discrétion d'une directrice taiseuse que Catriona Mc Coll persiste dans une posture hiératique figée. La mise en scène est inspirée, inventive, les cadrages stylisés sont d’une grande précision. On se passionne autant pour la dimension technique et formelle que pour la force narrative et le jeu impliqué des actrices au sein d'un décorum gothique enivrant jusqu'à se perdre dans ses sous-sols à la fois poussiéreux et rubigineux.
Ensorcelant dans une douceur de miel éthérée, Saint-Ange est un film contemplatif qui demande de l’écoute, du silence, du temps. Il parle d’enfants martyrisés, de mémoire refoulée, de douleur transmise, de maternité brisée. Un drame fantastique élégant, habité, injustement oublié, et qu’il est urgent de réhabiliter.
Et c'est produit par l'artisan Christophe Gans, noble binôme, aussi féru d'amour pour le genre.
— le cinéphile du cœur noir 🖤
de Pascal Laugier. 2004. France. 1h38. Avec Virginie Ledoyen, Lou Doillon, Catriona MacColl, Dorina Lazar, Virginie Darmon, Jérôme Soufflet, Marie Herry, Eric Prat, Marin Chouquet, Christophe Lemaire.
Sortie salles France: 23 Juin 2004
FILMOGRAPHIE: Pascal Laugier est un réalisateur Français né le 16 Octobre 1971.Courts-Métrages: 1993: Tête de Citrouille. 2001: 4è sous-sol. Longs-métrages: 2004: Saint Ange. 2008: Martyrs. 2012 : The Secret (The Tall Man). 2018 : Ghostland.

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