Dumbo est un chef-d’œuvre absolu, comme Walt Disney savait en offrir avec une désarmante évidence. Un film qui milite, avec une douceur trompeuse, pour le droit à la différence, l'affirmation de soi (or, Dumbo ne prononce pas un mot !) et qui délivre aussi un véritable message d’utilité publique sur l’exploitation des animaux dans les cirques. Dès ses premières minutes, le film montre ces éléphants contraints à exécuter des numéros de clowns dangereux, humiliants, sous le regard amusé des hommes. Une cruauté ordinaire, silencieuse, dérangeante.
Et pourtant, Dumbo déborde de fantaisie, d’humour et d’invention. La galerie de personnages extravagants illumine le récit, et surtout cette petite souris, fidèle et malicieuse, meilleur ami de Dumbo, qui ne cesse de l’accompagner, de le guider, de l’aider à grandir. Elle devient le moteur de son initiation, la voix qui lui apprend à croire, à se redresser, puis à voler.
Le film est d’une poésie folle, parfois même délicieusement délirante, notamment lors de cette séquence hallucinée où l’alcool ouvre les portes d’un cauchemar baroque, peuplé d’éléphants roses et de visions surréalistes. Les chansons, entraînantes et joyeuses, insufflent une énergie communicative, une légèreté qui masque à peine la mélancolie du fond.
Visuellement, le film est d’une grande ambition cinématographique. Tout est soigné, précis, inventif, et l’on sent à chaque plan l’amour porté à cette histoire touchante d’un éléphanteau condamné à la solitude après avoir été séparé de sa mère. Mais Walt Disney ne sombre jamais dans le pathos : l’humour, la tendresse et l’expressivité des personnages désamorcent la tristesse sans l’effacer.
Des décennies plus tard, Dumbo n’a pas pris une ride. Il conserve intact son pouvoir d’enchantement, sa poésie parfois baroque, parfois extravagante, et demeure l’un des sommets les plus émouvants du cinéma d’animation. Un film simple en apparence, mais profondément humain, qui continue de toucher droit au cœur.
— le cinéphile du cœur noir 🖤
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire