mercredi 24 décembre 2025

Le Puits et le Pendule / The Pit and the Pendulum de Stuart Gordon. 1991. U.S.A/Italie. 1h37.

                      (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site Imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives)

Le Puits et le Pendule est un film un peu oublié, à tort, dans la filmographie du petit maître - ou plutôt de l’artisan - du fantastique qu’est Stuart Gordon. Car il s’agit là d’un solide divertissement horrifique, qui parvient à conjuguer un certain réalisme historique avec un grand-guignol rarement complaisant dans ses séquences de torture. Le film rend d’ailleurs un hommage appuyé à La Marque du Diable, à Le Grand Inquisiteur et consorts, en s’inscrivant pleinement dans cette tradition d’un cinéma cruel mais lucide.

C’est une série B à la production modeste, au budget clairement limité, et pourtant Stuart Gordon s’exécute avec une honnêteté et une rigueur assez remarquables. La reconstitution historique, bien que contrainte, demeure crédible. Oui, les décors manquent parfois d’ampleur, mais on croit à ce que l’on voit, notamment grâce à l’investissement et à la conviction des acteurs, qui portent le film à bout de bras.
 

Sur ce point précis, il est impératif de saluer l’interprétation féminine de Rona De Ricci, absolument remarquable dans le rôle de Maria. Elle est d’une expressivité saisissante, capable d’incarner la peur, la contrainte, mais aussi l’espoir et l’amour pour son compagnon emprisonné. Elle soulève le récit sur ses épaules avec une grâce aussi surprenante qu’inattendue, et lui confère une véritable colonne émotionnelle.

Du côté du mal, la présence de Lance Henriksen s’impose avec évidence dans le rôle de l’inquisiteur. Son personnage, à la psychologie ambiguë et profondément torturée, est rongé par un amour refoulé pour Maria, mêlé à des pulsions sadomasochistes et à une perversion totale, dissimulées derrière la soutane et l’autorité religieuse. Une figure de monstre humain, gangrenée par le pouvoir et le fanatisme.
 

Évidemment, le film égratigne avec efficacité cet obscurantisme religieux, au fil d’un récit alternant romance impossible, vengeance et tentatives d’évasion - avec même une pointe de surnaturel ironique - au cœur du château-géôle de l’inquisiteur Torquemada. Au-delà de La Marque du Diable, Le Puits et le Pendule convoque aussi l’ombre de Les Diables de Ken Russell - jusqu’au souvenir d’Oliver Reed à nouveau présent en pape avec une dérision sardonique - et rend un hommage final à la version de Roger Corman lors d’un final haletant, machiavélique et spectaculaire.

Certes, ce dernier n’est pas exempt de quelques facilités, notamment dans la manière dont l’une des victimes parvient à se libérer de ses chaînes et à combattre ses ennemis. Mais la conclusion balaie ces menus défauts par une rupture de ton presque féerique, inattendue, apaisante, et pourtant jamais ridicule. Un final bienveillant, surprenant, qui laisse une impression durable.
 

Ce qui prouve, une fois encore, que Le Puits et le Pendule - coproduction italo-américaine - est un très bon divertissement horrifique, désireux autant de choquer que de réfléchir. Un film qui n’exploite jamais la torture de manière gratuite, et qui interroge frontalement la barbarie, la perversité et le sadisme d’inquisiteurs et de leurs sbires, infligeant à de pauvres femmes innocentes des supplices séculaires innommables.
 
— le cinéphile du cœur noir 🖤 
11.03.15. 23.12.25. 
3èx. Vost 

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