Sortie salles France: 11 Mai 2022 (Interdit - 12 ans avec avertissement). U.S: 22 Avril 2022
"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
jeudi 12 mai 2022
The Northman
mardi 10 mai 2022
Black Water. Prix du meilleur réalisateur et de la meilleure photographie, Festival du film underground de Melbourne, 2007.
lundi 9 mai 2022
L'Armée des 12 Singes
Sortie salles France: 28 Février 1996. U.S: 5 Janvier 1996
FILMOGRAPHIE: Terry Gilliam est un réalisateur, acteur, dessinateur, scénariste américain, naturalisé britannique, né le 22 Novembre 1940 à Medicine Lake dans le Minnesota. 1975: Monty Python: Sacré Graal ! (co-réalisé avec Terry Jones). 1976: Jabberwocky. 1981: Bandits, bandits. 1985: Brazil. 1988: Les Aventures du Baron de Munchausen. 1991: The Fisher King. 1995: l'Armée des 12 Singes. 1998: Las Vegas Parano. 2005: Les Frères Grimm. 2006: Tideland. 2009: L'imaginarium du docteur Parnassus. 2013: Zero Theorem.
Il s'agit probablement du plus beau film de la carrière de Terry Gilliam avec l'inégalable Brazil si j'ose dire. Car en abordant la thématique de l'apocalypse à travers la menace d'un virus meurtrier à échelle planétaire, le réalisateur nous conçoit un grand film à suspense plein de rebondissements, de plages de tendresse et de poésie (écolo) sous l'impulsion d'un cast aux p'tits oignons. Tant auprès de Madeleine Stowe en psychiatre empathique prêtant finalement main forte à son patient persuadé de voyager le futur au fil de leur relation intime que Terry Gilliam transmet avec un humanisme à la fois fragile et fébrile. Bruce Willis endossant ce personnage aliéné dans la mesure où jouant sur le tableau de la rationalité puis celui de la déraison (lors de sa requête libertaire du second acte narratif à contre-emploi de ses intentions originelles), il dégage une prestance bipolaire terriblement persuasive (mais aussi ironique) à travers son espoir, sa rage et son désespoir de sauver l'humanité en remontant la filière d'une potentielle armée des singes.
A eux deux 2, ils monopolisent brillamment l'écran au gré de leur investigation houleuse semée d'embuches et d'accalmie sentimentale que l'on observe scrupuleusement avec une attention inquiète. Quand à Brad Pit, là aussi le comédien offre l'une de ses interprétations les plus saillantes de sa carrière en rejeton erratique d'un éminent scientifique militant pour la cause animale au mépris des recherches extravagantes de celui-ci jouant dangereusement aux apprentis sorciers (avec en filigrane un message alarmiste sur l'expérimentation animale). Brad jouant notamment le demeuré en institut psychiatrique à l'aide de tics épileptiques génialement décalés/déjantés tant et si bien que l'on oublie très rapidement son illustre patronyme bankable. Finalement, l'Armée des 12 singes demeure donc autant un grand film d'anticipation d'une ampleur insoupçonnée à travers son hymne bouleversant pour la liberté la plus immaculée qu'un film d'acteurs au diapason de leur carrière tant on s'immerge dans leur résignation, leur ténacité et leur désarroi à modifier le temps comme s'il s'agissait de membres de notre famille nantis d'une mission humanitaire à l'intensité davantage galopante.
Désormais un classique, l'Armée des 12 Singes palpite, amuse et bouleverse auprès de ses actions (parfois un brin sciemment fantaisistes) à travers sa dimension humaniste désespérée (méritons nous de mourir par la faute de notre mégalomanie en roue libre méprisant l'homme, la nature et les espèces animales ? la question reste posée durant toute l'intrigue), véritable cri d'alarme écolo (l'industrie du "zoo" est d'ailleurs pointé du doigt) mais aussi sociétale. Quand bien même on reste ébahi par la disparité de ces vaste décors baroques surgis d'une époque indéterminée, ce qui nous permet de s'immerger dans l'action avec fascination et une appréhension réaliste plus vraie que nature. A revoir d'urgence si bien que ce poème naturaliste très amer (la fin équivoque possède 2 niveaux de lecture contradictoires) n'a pas pris une ride.
Box-Office France: 2 270 947 entrées en France
Récompenses: 1996 Golden Globes Meilleur acteur dans un second rôle: Brad Pitt
Saturn Awards Meilleur film de science-fiction
Meilleur acteur dans un second rôle: Brad Pitt
Meilleurs costumes: Julie Weiss
1997 Empire Awards Meilleur réalisateur: Terry Gilliam
jeudi 5 mai 2022
Bull
mercredi 4 mai 2022
Sierra Torride / Two Mules for Sister Sara
Sortie salles France: 1er Juillet 1970. U.S: 24 Juin 1970
FILMOGRAPHIE: Don Siegel (Donald Siegel) est un réalisateur et producteur américain, né le 26 Octobre 1912 à Chicago en Illinois, décédé le 20 Avril 1991 à Nipoma, en Californie. 1956: l'Invasion des Profanateurs de Sépultures. 1962: l'Enfer est pour les Héros. 1964: A bout portant. 1968: Police sur la ville. 1968: Un Shérif à New-York. 1970: Sierra Torride. 1971: Les Proies. 1971: l'Inspecteur Harry. 1973: Tuez Charley Varrick ! 1974: Contre une poignée de diamants. 1976: Le Dernier des Géants. 1977: Un Espion de trop. 1979: l'Evadé d'Alcatraz. 1980: Le Lion sort ses griffes. 1982: Jinxed.
La classe impériale de voir réunir dans un seul et unique western (atypique) Clint Eastwood, Shirley Mc Cain, Ennio Morricone, Don Siegel. Que demandez de plus ? Un bon scénario scindé en 2 parties contradictoires à travers ses ruptures de ton et de rythme, la complémentarité cocasse d'un duo improbable, des dialogues ciselés, un contexte historique où les français ont le mauvais rôle de colonialistes à s'approprier les terres mexicaines, de l'humour pittoresque et de la violence étonnamment sanguine, notamment auprès de son final explosif que n'aurait renié Sam Peckinpah avec sa Horde Sauvage réalisé 1 an plus tôt. Tourné en scope au sein de magnifiques décors naturels, épaulé qui plus est d'une rutilante photo, Sierra Torride est un régal à tous les niveaux, techniques, formels, narratifs. Et ce de la première à la dernière minute sous l'impulsion du score entêtant d'Ennio Morricone jonglant à merveille avec les sonorités aussi légères que décomplexées. Ainsi donc, 1h42 durant, nous suivions d'un oeil à la fois amusé, attentif et passionné les pérégrinations d'Hogan, mercenaire en quête d'un trésor que des français colonialistes détiennent dans leur fort, et de Sara, carmélite sauvée in extremis par celui-ci d'un viol perpétré par 3 bandits.
L'intérêt de l'intrigue émanant de leurs rapports gentiment contradictoires à se connaître et s'entraider mutuellement pour un enjeu humanitaire (sauver le peuple mexicain en endossant les fonctions de mercenaires révolutionnaires) en faisant part des valeurs du Bien et du Mal qu'inculque sans éloquence la religieuse auprès de l'étranger machiste. Toutes les séquences intimes que Don Siegel traite sobrement demeurant redoutablement efficaces (émaillé de dangers imprévus !) et si réalistes eu égard du refus de fioriture du cinéaste à dresser leurs rapports humains en voie solidaire et de reconnaissance. A l'instar de cette incroyable et long supplice de la flèche plantée dans l'épaule d'Hogan que soeur Sara aura pour gageure de délivrer de sa chair mutilée. Un moment éprouvant non dénué d'humour (en mode sarcasme), qui plus est rehaussé d'un montage très habile lorsque la fléchette s'extirpe subitement du corps après y avoir été cautérisée. Une séquence fulgurante d'un réalisme encore aujourd'hui percutant, et ce près d'un demi-siècle plus tard. Quant à sa seconde partie impartie à la stratégie belliqueuse, Don Siegel adopte un parti-pris autrement épique et quelque peu sauvage à la gestion millimétrée lorsque mercenaires et peuple mexicain s'unifient afin de donner l'assaut aux militaires français. De nombreuses séquences spectaculaires redoutablement charpentées alors qu'au préalable on se prenait de passion pour leur planification militaire studieusement pensée et départagée.
Dédicace à Thierry Savastano.
Récompense: Laurel Awards 1971 : Golden Laurel (3e place) du meilleur interprète d’un film d’action à Clint Eastwood
lundi 2 mai 2022
Ego / Pahanhautoja. Grand prix et prix du jury jeunes; Gerardmer 2022.
Inédit en salles. Dvd / Vod le 27 Avril 2022.
FILMOGRAPHIE: Hanna Bergholm est une réalisatrice, actrice et scénariste finlandaise. 2022: Ego.
*Bruno Matéï
vendredi 29 avril 2022
Lake Placid
Sortie salles France: 5 Juillet 2000. U.S: 16 Juillet 1999
FILMOGRAPHIE: Steve Miner est un réalisateur américain né le 18 juin 1951 à Westport, dans le Connecticut. 1981 : Le Tueur du vendredi. 1982 : Meurtres en 3 dimensions. 1986 : House. 1986 : Soul Man. 1989 : Warlock. 1991 : À cœur vaillant rien d'impossible. 1992 : Forever Young. 1994 : Sherwood's Travels. 1994 : My Father, ce héros. 1996 : Le Souffre-douleur. 1998 : Halloween, 20 ans après. 1999 : Lake Placid. 2001 : Texas rangers, la revanche des justiciers. 2007 : Le Jour des morts. 2009 : Blonde et dangereuse.
Nanti d'une photo chaleureuse et de surprenants effets-spéciaux en animatronique conçus par le spécialiste Stan Winston (certains plans détaillés sont bluffants de réalisme alors que d'autres heureusement plus concis y sont un tantinet perfectibles), Lake Placid charme les mirettes auprès de son cadre champêtre si solaire et rassurant et des apparitions du monstre que Steve Miner exploite le plus souvent habilement afin d'y créer effets de surprise et fascination formelle de par l'aspect vériste de la bête aussi carnassière qu'insolente. Celle-ci étant capable d'avaler toute crue (ou presque) une vache, un ours ou un hélico alpagué dans sa vaste mâchoire alors que nos protagonistes s'efforcent de déjouer son appétit insatiable à l'aide d'un irrésistible sentiment de panique truffé de dérision. Tant auprès de la chieuse paléontologue en herbe que Bridget Fonda endosse avec une simplicité à la fois espiègle et attendrissante que du professeur lunaire (Oliver Platt très à l'aise dans sa photogénie innée) féru d'amour pour la cause animale à travers sa divinité reptilienne. Quand bien même le garde forestier (Bill Pullman étonnamment discret et quelque peu timoré à oser livrer ses sentiments) et le shérif Hank Keough (Brendan Gleeson dans une posture chafouine jamais antipathique) tentent de gérer la situation avec une autorité bonnard. Nos lurons parfois accompagnés d'adjoints, de secouristes et d'une voisine décatie (au bagou rustre) inspectant les lieux pour y traquer le croco en disséminant sur leur chemin solidaire une moisson de gags gentiment cocasses, badins ou carrément impayables.
Autant préciser que l'esprit de camaraderie est également la plus-value de cette série B sémillante reposant sur l'irrésistible naïveté de leurs situations de légèreté et des attaques cinglantes du monstre qu'ils tentent de piéger avec un amateurisme pour autant payant. A revoir d'urgence donc pour tous les amateurs irréductibles et à trôner précautionneusement après de son alter ego L'Incroyable Alligator auquel il se porte digne étendard. Dommage d'ailleurs que depuis sa sortie Lake Placid se coltine de manière aussi incompréhensible une mauvaise réputation auprès de la majorité des critiques alors que 5 autres suites (toutes plus inutiles que les autres) verront le jour afin d'épuiser la recette par opportunisme.
mercredi 27 avril 2022
Animal Kingdom. Grand Prix du Jury, Sundance 2010.
Après avoir été nominé 18 fois aux AFI Awards (l'équivalent de la cérémonie des Oscars), le premier long de l'australien David Michôd (ancien rédacteur en chef de revue de cinéma) se voit attribuer 10 récompenses dont celui du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur au sein de son pays natal. Alors qu'au festival de Sundance, il triomphe pour rajouter à son palmarès le Grand Prix du Jury. Rien que ça. Mais pas que, si bien qu'il vous suffira de jeter un oeil sur la suite de ses trophées à l'issue de ma chronique. Le succès public et critique de cette tragédie funèbre est donc amplement mérité et justifié tant l'intrigue profondément funeste magnétise l'esprit du spectateur de par sa noirceur implacable faisant office de chemin de croix fatal. Un film choc que ce chef-d'oeuvre mortifié dont on ne sort pas indemne par la géométrie de sa mise en scène à couper au rasoir. Le Pitch: Dans la banlieue de Melbourne, après la mort par overdose de sa mère, le jeune Joshua part vivre chez sa grand-mère en compagnie de ses fils marginaux, de dangereux criminels sur le déclin. Autant dire que Josh arrive au mauvais moment, surtout après avoir été témoin indirect de la mort de deux policiers. Dès lors, le jeune garçon ne sait plus à qui s'en tenir ! Entre une police lui sollicitant de témoigner au tribunal, la menace de certains de leurs membres corrompus et sa famille sournoise dénuée de morale pour le prix de leur liberté.
Dès le prologue aussi déconcertant que pathétique, Animal Kingdom adopte un sentiment inné d'amertume et de tristesse nonchalante. Un moment d'égarement figé dans le temps accentué d'une musique cafardeuse et de la gravité d'une voix-off machinalement narrée par notre anti-héros introverti, hagard, égaré dans ses pensées contrariées. Ainsi, à cet instant chargé de torpeur, on imagine que son passé ne fut guère gratifiant en terme d'éducation parentale et de sens moral à travers des enjeux existentiels à faible lueur d'espoir, d'amour et d'optimisme. David Michôd décrivant sans fard aucun (on peut même largement évoquer le souci documenté) la fragilité de son évolution morale à la fois précaire et indécise au fil d'une ossature narrative terriblement tragique, opaque, pessimiste, dépressive. Les acteurs au charisme animal, divinement remarquables d'expression viciée et renfrognée, se fondant dans la peau de crapules méprisables car n'hésitant pas à supprimer témoin gênant après s'être vengés pour tenter de sauver leur peau, leur patronyme, leur honneur. Dénué de fioriture sous l'impulsion d'un score sinistré magnifiquement envoûtant, Animal Kingdom nous laisse donc sur le carreau de par la montée implacable de son intensité dramatique magnifiquement dénuée de romance. Si bien qu'ici quasiment tous les protagonistes (anti-manichéens) sont dénués de vergogne en ne cessant de feindre, manipuler, lutiner pour parvenir à leur fin et ainsi asseoir leur suprématie. Sa violence acerbe, terriblement percutante n'en demeurant pas moins habilement suggérée pour toutes les occasions tristement lâches et perfides.
Récompenses:
Festival du film de Sundance 2010 : Grand prix du jury
Festival international du film de Stockholm 2010 : Prix du meilleur scénario pour David Michôd
Australian Film Institute Awards 2010 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur pour David Michôd
Meilleur acteur pour Ben Mendelsohn
Meilleure actrice pour Jacki Weaver
Meilleur acteur dans un second rôle pour Joel Edgerton
Meilleur scénario original pour David Michôd
Meilleur montage pour Luke Doolan
Meilleure musique de film pour Antony Partos et Sam Petty
AFI Members' Choice Award
Readers' Choice Award
Australian Directors Guild Awards 2010 : meilleur réalisateur pour David Michôd
Australian Writers' Guild Awards 2010 :
Awgie Award du meilleur scénariste pour David Michôd
Major Award pour David Michôd
Film Critics Circle of Australia Awards 2010 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur pour David Michôd
Meilleur acteur pour Ben Mendelsohn
Meilleure actrice pour Jacki Weaver
Meilleur acteur dans un second rôle pour Joel Edgerton
Meilleur scénario pour David Michôd
IF Awards 2010 :
Meilleur réalisateur pour David Michôd
Meilleur acteur pour Ben Mendelsohn
National Board of Review Awards 2010 :
Top 10 des meilleurs films indépendants
Meilleure actrice dans un second rôle pour Jacki Weaver
Camerimage 2011 :
Prix spécial du nouveau réalisateur en compétition pour David Michôd
Prix spécial du nouveau directeur de la photographie en compétition pour Adam Arkapaw
Festival international du film policier de Beaune 2011 : Prix de la critique ex-æquo
Chlotrudis Awards 2011 : meilleure actrice dans un second rôle pour Jacki Weaver
Satellite Awards 2011 : meilleure actrice dans un second rôle pour Jacki Weaver
Festival international du film de Santa Barbara 2011 : Virtuoso Award pour Jacki Weaver
jeudi 21 avril 2022
Black Rain
Sortie salles France: 6 Décembre 1989. U.S: 22 Septembre 1989
FILMOGRAPHIE: Ridley Scott est un réalisateur et producteur britannique né le 30 Novembre 1937 à South Shields. 1977: Duellistes. 1979: Alien. 1982: Blade Runner. 1985: Legend. 1987: Traquée. 1989: Black Rain. 1991: Thelma et Louise. 1992: 1492: Christophe Colomb. 1995: Lame de fond. 1997: A Armes Egales. 2000: Gladiator. 2001: Hannibal. 2002: La Chute du faucon noir. 2003: Les Associés. 2005: Kingdom of heaven. 2006: Une Grande Année. 2007: American Gangster. 2008: Mensonges d'Etat. 2010: Robin des Bois. 2012: Prometheus. 2013 : Cartel. 2014 : Exodus: Gods and Kings. 2015 : Seul sur Mars. 2017 : Tout l'argent du monde. 2017 : Alien : Covenant. 2021 : Le Dernier Duel. 2021 : House of Gucci. 2023 : Kitbag. En préproduction : Gladiator 2 (titre provisoire).
A l'instar de l'oublié Traquée, Black Rain fut également mésestimé lors de sa sortie, alors qu'aujourd'hui, et depuis sa sortie Blu-ray, il est réévalué par certaines critiques au point de le considérer parfois comme l'un des meilleurs films d'action des années 80. En tout état de cause, et bien que ce superbe polar pâti d'une intrigue aussi classique que prévisible, Black Rain affiche une seconde jeunesse à travers sa facture formelle ensorcelante (certains le comparent d'ailleurs à Blade Runner en plus rationnel) portée à bout de bras par le génial Michael Douglas. Celui-ci endossant avec un naturel et un aplomb indéfectibles un flic un tantinet véreux contraint de retrouver la trace d'un dangereux Yakuza en fuite au Japon. Quand bien même Andy Garcia joue le faire-valoir avec une force tranquille et cool attitude aussi attachante qu'empathique quand à sa destinée en porte-à-faux. L'intrigue utilisant intelligemment la thématique de la vendetta à travers le profil de Nick (Michael Douglas) en proie à l'initiation d'une rédemption par le biais des valeurs de l'honneur, de l'amitié et de l'intégrité que son comparse nippon Masahiro Matsumoto (Ken Takakura tout en retenue docile) lui inculquera à travers sa déontologie policière.
Mais outre la présence solide de ces acteurs épatants de charisme à la fois distinguéet expressif, Black Rain emporte l'adhésion grâce à son esthétisme high-tech à la limite de l'anticipation. Si bien que l'on nous transfigure un étrange Japon noyé de néons, de fumées toxiques, de décors industriels au coeur d'une métropole fantasmatique multiforme. Tant et si bien que l'on pourrait même prétendre que l'action se situerait de nos jours tant Ridley Scott parvient à créer un univers high-tech à la limite du surréalisme sous l'impulsion du score très inspiré d'Hans Zimmer (sa mélodie fragile enrobant chaque image parfois élégiaque). Ainsi, en alliant le polar, le drame, l'action et un soupçon de romance (plutôt discret il est vrai), le cinéaste possède un indéniable savoir-faire esthétisant et un brio technique pour emballer en intermittence des séquences musclées (poursuites à motos ou à pied, corps à corps martiaux, gunfights pétaradants) remarquablement percutantes encore aujourd'hui. Et ce en utilisant parfois une ultra violence gore inattendue, notamment afin de renchérir son potentiel dramatique habilement géré afin de renforcer le caractère bien trempé de notre héros insolent avide de rébellion.
Sans omettre ses chansons symptomatiques des eighties (à l'instar d'un Rocky ou d'un Cobra) lors de l'ouverture du récit et du générique de fin, Black Rain a tout pour séduire le fan de polar violent impeccablement emballé par un réal et des acteurs mutuellement inspirés. Il est donc temps de redécouvrir cet excellent divertissement riche en émotions et en immersion à travers sa leçon de civisme inculquée par la culture nippone en proie à une rancoeur ricaine quant à la triste référence de la "pluie noire" causée à la population d'Hiroshima et de Nagasaki.
mercredi 20 avril 2022
The Batman
Sortie salles France: 2 Mars 2022.
FILMOGRAPHIE: Matt Reeves est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 27 Avril 1966 à Rockville Centre (Etats-Unis). 1993: Future Shock (segment "Mr. Petrified Forrest"). 1996: Le Porteur. 2008: Cloverfield. 2010: Laisse moi entrer. 2014: La Planète des Singes: l'Affrontement. 2017 : La Planète des singes : Suprématie. 2022 : The Batman.
D'une puissance émotionnelle, formelle et narrative posée au sein d'une dystopie hallucinée tout en empruntant moult références sans jamais les singer (The Crow, Seven, Blade Runner, Le Parrain pour les plus connus); The Batman nous plaque au siège 2h47 durant sous l'impulsion d'une foule de personnages torturés éclatant communément le cadre dépressif à travers moult rebondissements et revirements d'une intelligence jamais gratuite. Tout le récit, profondément dramatique, noir, baroque et pessimiste se déclinant en passionnante réflexion sur la vengeance, l'auto-justice (tristement actuelle) sous l'oeil avisé, sous la remise en question du vengeur masqué délibéré à changer la face du monde en faisant fi de violence animale après avoir appris à gérer la maîtrise de ses sentiments destructeurs. D'une beauté funeste imparable auprès de sa maîtrise technique au cordeau esquivant à tous prix l'ombre de la surenchère, The Batman se décline en grand spectacle dépouillé pour nous laisser sans voix auprès de notre calme contenu. Le genre de métrage exhaustif de nous sortir grandi après la projo par son essentiel refus de nous laisser guider par une révolte matérielle infructueuse.
lundi 18 avril 2022
Traquée / Someone to Watch Over Me
Sortie salles France: 13 avril 1988. U.S: 9 Octobre 1987
FILMOGRAPHIE: Ridley Scott est un réalisateur et producteur britannique né le 30 Novembre 1937 à South Shields. 1977: Duellistes. 1979: Alien. 1982: Blade Runner. 1985: Legend. 1987: Traquée. 1989: Black Rain. 1991: Thelma et Louise. 1992: 1492: Christophe Colomb. 1995: Lame de fond. 1997: A Armes Egales. 2000: Gladiator. 2001: Hannibal. 2002: La Chute du faucon noir. 2003: Les Associés. 2005: Kingdom of heaven. 2006: Une Grande Année. 2007: American Gangster. 2008: Mensonges d'Etat. 2010: Robin des Bois. 2012: Prometheus. 2013 : Cartel. 2014 : Exodus: Gods and Kings. 2015 : Seul sur Mars. 2017 : Tout l'argent du monde. 2017 : Alien : Covenant. 2021 : Le Dernier Duel. 2021 : House of Gucci. 2023 : Kitbag. En préproduction : Gladiator 2 (titre provisoire).
Oublié de nos jours en prime d'avoir essuyé un échec commercial à sa sortie, Traquée est un superbe thriller romantique transcendé du duo Tom Berenger / Mimi Rigers parfaitement convaincant en amants néophytes compromis par leur adultère. Celui-ci endossant un flic en herbe contraint de protéger Claire Gregory, une bourgeoise bon chic bon genre menacée par Joey Venza (Andreas Katsulas tout à fait impressionnant par sa physionomie opaque et sa posture intouchable) après avoir été témoin d'un meurtre. Superbement filmé à travers les quartiers huppés new-yorkais que Ridley Scott magnifie dans son sens du détail architectural et la disparité de ses décors classieux, Traquée conjugue avec une efficacité indéniable romance et tension au fil d'une ossature dramatique opposant la passion des sentiments et la menace du danger létal que symbolise Joey Venza aussi insidieux que délétère pour parvenir à ses fins criminelles.
Ainsi, de par son climat davantage vaporeux et mélancolique que le trio conjugal suscite à travers l'ombre de l'adultère, Ridley Scott parvient à faire naitre une émotion à la fois poignante et émouvante quant au sort précaire de l'époux infidèle terriblement indécis à poursuivre sa nouvelle aventure avec une femme distinguée que tout oppose. Tom Berenger et Mimi Rogers insufflant sans fard des sentiments passionnels rapidement compromis par le remord mais aussi l'espoir dans leur désir de poursuivre leur relation au sein d'un contexte inhospitalier qui pourrait intenter à leur vie. Emaillé de séquences à suspense à la violence plutôt bien orchestrée, Traquée demeure un spectacle classieux d'une noble sincérité quant à la maitrise du cinéaste sublimant autant ses personnages en perdition que sa mise en scène posée éludée de complaisance, attachant autant d'importance à son esthétisme qu'à sa technicité mobile. Quant à Lorraine Bracco, quel dommage que cette actrice ne fut pas aussi reconnue (bien qu'elle ait percé dans Les Affranchis et la série TV Les Sopranos) tant elle dégage à l'écran une fraîcheur naturelle et une spontanéité charmante n'ayant rien à envier à l'actrice Lori Petty si bien que l'on peut également leur prêter une ressemblance physique.
vendredi 15 avril 2022
X
Sortie salles France: ? U.S: 18 Mars 2022
FILMOGRAPHIE: Ti West (né le 5 octobre 1980 à Wilmington, Delaware) est un réalisateur, scénariste et producteur américain surtout connu pour ses films d'horreur. 2005: The Roost. 2007: Trigger Man. 2009: Cabin Fever 2. 2009: The House of the Devil. 2011: The Innkeepers. 2012: The ABCs of Death (segment M Is for Miscarriage). 2012 : V/H/S (segment Second Honeymoon). 2013: The Sacrament. 2022: X.
D'autre part, en rendant hommage aux classiques X des Seventies immortalisés par un certain John Holmes ou une certaine Ginger Lynn, Ti West transfigure ses séquences de fesse avec une classe imprévisible. Tant et si bien que les étreintes lubriques, magnifiquement éclairées de nuances jaunes orangers (en image granuleuse 4/3), demeurent même excitantes sans un soupçon de vulgarisation en dépit des positions hard inévitablement exigées. Ainsi, comme je le soulignais plus haut, Ti West adore filmer ce qu'il nous raconte en accordant un soin fétichiste pour tout ce qui se présente au sein du cadre, et ce sans céder à l'ombre d'une prétention puisque nous assistions à une authentique série B à l'ancienne conçue avec autant d'amour et passion, que d'intelligence et de souci formel pour son atmosphère diffuse (à l'instar de cet incroyable angle en plongée observant du haut d'un lac 3 éléments patents pour mieux témoigner du précaire enjeu de survie qui s'esquisse face à la baigneuse !). Par conséquent, par l'entremise de son sujet majeur imparti à la liberté sexuelle, Ti West aborde en filigrane (et de manière totalement inattendue et burnée !) le fanatisme puritain du point de vue du cap douloureux de la vieillesse incapable de se défaire de leur frustration sexuelle. Ainsi, par cet aspect franchement repoussant y émane des séquences couillues à la fois malsaines, dérangeantes et nauséeuses que le spectateur assiste avec une impuissance voyeuriste aussi fascinante que répugnante. Et je ne parle pas des scènes gores très réussies (qui plus est entièrement artisanales), mais de la décomposition des corps véhéments en quête désespérée d'appétence sexuelle. Tendu, oppressant, angoissant puis terrifiant lorsque l'écran se pare soudainement d'une texture sanguine sous un ciel lunaire étrangement crépusculaire, X devient dès lors une effrayante descente aux enfers pour la survie en détournant intelligemment les poncifs (non, ce n'est nullement les femmes qui trinquent en premier !). Ti West précipitant l'action dans des directions génialement impromptues en jouant avec divers objets insérés dans un coin du cadre de l'écran (notamment cette TV noir et blanc diffusant inlassablement une homélie rigoriste) pour mieux nous surprendre et ainsi enjoliver son ambiance macabro-polissonne.
*Bruno Matéï