de Gareth Edwards. 2010. Angleterre. 1h34. Avec Whitney Able, Scoot McNairy. Mario Zuniga Benavides, Annalee Jefferies, Justin Hall, Ricky Catter.
Sortie France: 1 Décembre 2010, U.S.A.: 29 Octobre 2010
FILMOGRAPHIE: Gareth Edwards est un réalisateur anglais, scénariste, producteur et directeur de photographie, né en 1975. Monsters est son premier long-métrage.


Pour en revenir à District 9, sa relation commune est uniquement bâtie sur le principe qu'une forme extra-terrestre eut déjà débarqué sur notre terre depuis 6 ans alors qu'elle tente d'y survivre malgré les bombes envoyés par les américains et les mexicains pourtant responsables de cette invasion à grande échelle. Ainsi, à travers ce décor d'apocalypse de pays dévasté, Gareth Edwards livre avec pudeur une fragile romance initiatique auprès de deux personnages lambdas se rapprochant un peu plus au fil de leur relation amicale pour tenter de survivre dans cet endroit hostile dont ils ignorent la réelle dangerosité. Par conséquent, à travers cette situation alarmiste d'un pays chaotique en état de guerre contre un ennemi potentiellement belliqueux dont ils ignorent leur revendication, le réalisateur suggère sans aucune violence graphique une société totalitaire déterminée à enrayer l'ennemi dont toute communication est rompue. Il joue autant du pouvoir de fascination et de mystère sous-jacent de cette forme extra-terrestre réfugiée dans une nature lyrique que d'y décrire avec beaucoup d'attention contemplative l'amitié d'un homme et d'une femme livrés aux tourments de leur angoisse et de leur incertitude Spoil ! avant d'oser avouer finalement leur amour commun Fin du Spoil.

Avec un sens poétique sensitif de par ses images parfois insolites de décors naturels combinés au désastre d'habitations clairsemées, puis l'apparence démesurée de ces extra-terrestres ressemblant à d'immenses pieuvres en apesanteur, Monsters est un ovni (métaphorique) d'une beauté aussi étrangement immersive que diaphane. Car accentué d'un score hypnotique à la fois sensible, fragile et timoré, l'odyssée esseulée de nos deux héros traversant quelques dangers à travers ce décorum naturaliste (la grande pyramide, les immenses murailles longeant la zone contaminée, l'apparition démesurée des deux monstres au dessus de la station essence), nous est illustrée de manière réaliste à la limite du documentaire pris sur le vif (avec ce que cela sous entend de quelques seconds-rôles et moult figurants amateurs). Ainsi, avec retenue et sans esbroufes afin de laisser respirer son récit et ses personnages contemplatifs, Monsters se vit et se ressent sous l'impulsion d'une acuité émotive ténue. Tel un voyage romantique singulier tirant parti de la caractérisation solidaire de ce couple confronté à une quotidienneté précaire, insécure et anxiogène. Deux êtres quelque peu hantés, contrariés, démunis, désarmés d'impuissance à oser déclarer leur flamme au coeur de cette désolation écolo. Si bien que la nature, témoin de cette guérilla intraitable ne demande qu'à éclore de nouveau avec la complicité de ces extra-terrestres confinés dans les écorces d'arbres afin d'hiberner puis façonner leur mutation.

Lost in Paradise.
Efficacement mis en scène à travers un parti-pris suggestif compensant son maigre budget en utilisant lestement ses impressionnants effets-spéciaux, et endossé par deux modestes comédiens épatants de naturel, entre humanisme affecté et fragilité sentimental (on peut d'ailleurs préciser qu'à la ville ils forment un véritable couple, tout du moins au moment du tournage !), Monsters se décline en ode lyrique à l'épanouissement amoureux au sein d'un état régressif bafoué par notre instinct d'ego autodestructeur. Magnifiquement envoûtant et si expressif quant au vérisme de sa scénographie naturaliste à la fois cauchemardesque, atone et romantique.
*Bruno