vendredi 23 août 2024

Requiem for a dream

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Darren Aronofski. 2000. U.S.A. 1h41. Avec Ellen Burstyn, Jared Leto, Jennifer Connelly, Marlon Wayans, Christopher McDonald, Louise Lasser, Marcia Jean Kurtz.

Sortie salles France: 21 Mars 2001. U.S: 27 Octobre 2000.

FILMOGRAPHIE: Darren Aronofski est un réalisateur américain né le 12 février 1969 à Brooklyn (New York). Il travaille aussi en tant que scénariste et producteur. 1998 : π, 2000 : Requiem for a dream, 2006 : The Fountain, 2009 : The Wrestler, 2010 : Black Swan. 2014: Noé. 2017: Mother ! 2023 : The Whale. 2025 : Caught Steeling.


Une descente aux enfers aussi malaisante qu'éprouvante ciblant les matières les plus addictives que l'être humain puisse consommer jusqu'à plus soif (nourriture / sexe / drogue, même combat). 
Et plus l'intrigue évolue plus on bifurque vers une déliquescence physique/morale horrifiante difficilement supportable. 
Si tous les acteurs juvéniles sont formidablement impliqués, c'est Ellen Burstyn, davantage habitée par le désespoir et la démence, qui emporte la mise pour nous hanter bien au-delà du générique. 
Puissant, rigoureux, trouble et capiteux, Requiem for a dream ne nous laisse aucun répit à travers sa mise en image expérimentale dont la dramaturgie dénuée de lueur d'espoir nous confine à l'isolement le plus déprimant.  

Merci Tommy pour l'influence.

*Bruno
2èx. 4K Vostfr


Box-Office France: 228 410 entrées

Récompenses:
Festival international du film de Stockholm 2000 : meilleure actrice pour Ellen Burstyn
Festival international de Valladolid 2000 : Golden Spike pour Aronofsky
National Board of Review 2000 : Special Recognition for Excellence in Filmmaking
Sierra Awards (Las Vegas Film Critics Society) 2000 : meilleure actrice pour Ellen Burstyn
Boston Society of Film Critics Awards 2000 : meilleure actrice pour Ellen Burstyn
Chicago Film Critics Association Awards 2000 : meilleure actrice pour Ellen Burstyn et meilleure réalisation pour Darren Aronofsky 3
Chlotrudis Awards 2001 : meilleur film4
Florida Film Critics Circle Awards 2001 : meilleure actrice pour Ellen Burstyn
Independent Spirit Awards 2001 : meilleure actrice pour Ellen Burstyn
Kansas City Film Critics Circle Awards 2001 : meilleure actrice pour Ellen Burstyn
Online Film Critics Society Awards 2001 :
Meilleure actrice pour Ellen Burstyn
Meilleure réalisation pour Darren Aronofsky
Meilleur montage pour Jay Rabinowitz
Meilleure musique originale pour Clint Mansell
Phoenix Film Critics Society Awards 2001 :
Meilleure actrice pour Ellen Burstyn
Meilleur montage pour Jay Rabinowitz
Satellite Awards 2001 : meilleure actrice Ellen Burstyn
Southeastern Film Critics Association Awards 2001 : meilleure actrice pour Ellen Burstyn
Golden Trailer Awards 2001 : prix de la meilleure bande-annonce

mardi 20 août 2024

Evil-dead 2 / Evil Dead 2: Dead by Dawn. Licorne d'Or, Paris 1988.

                                                  Photo empruntée sur google, appartenant au site imdb.com

de Sam Raimi. 1987. U.S.A. 1h24. Avec Bruce Campbell, Sarah Berry, Dan Hinks, Kassie Wesley, Denise Bixler

Sortie salles France: 8 Juillet 1987. U.S: 13 Mars 1987

FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis. 1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz. 2022 : Doctor Strange in the Multiverse of Madness. 



6 ans après Evil-Dead, parangon du cinéma d'horreur contemporain en mode dégueulbif, Sam Raimi rempile pour le remaker avec Evil-dead 2 auréolé de la Licorne d'Or au Rex à Paris. Nouveau tour de montagne russe mené à un rythme hystérique auprès de son pitch faux fuyant (Ash toujours en guerre contre les monstres alors que 4 jeunes touristes vont à nouveau être possédés par des entités maléfiques), Evil-dead 2 décoiffe au possible à travers sa mise en scène encore plus inventive et maîtrisée, notamment au niveau des moyens technique impartis à son géniteur plus badin, cinglé et frétillant que jamais. 


A l'instar de son comparse Bruce Campbell crevant littéralement l'écran dans sa seconde posture de victime estropiée, molestée tous azimuts par de nouveaux démons ricaneurs, mais ici beaucoup plus revanchard, pugnace, intarissable à les combattre sans relâche auprès de son arme fétiche: une tronçonneuse encastrée au moignon de son bras gauche. Or, privilégiant une horreur infiniment plus cartoonesque que son aîné, probablement aussi afin de s'en démarquer tant il était insurpassable, et d'y rameuter un public plus large, cette déclinaison s'affranchie d'un comique sardonique aussi ubuesque que décomplexé. Si bien que tout est permis dans son (nouveau) sens de dérision dégénéré que les personnages encaissent avec une appréhension épeurante pas très éloigné de la démence à force d'y fréquenter les forces maléfiques. C'est dire si cette nouvelle mouture menée à 100 à l'heure carbure à l'adrénaline d'une horreur désaxée laissant libre court à moult railleries en roue libre sans une once de répit. Et ce jusqu'au final encore plus débridé et dépaysant puisque présageant un futur opus nanti de genres disparates. 


Hystérical.
Rigoureusement allumé, franchement drôle et parfois terrifiant auprès de son ambiance démoniale à nouveau confinée dans une cabane forestière où les arbres n'ont pas encore confié leur dernier mot, Evil-dead 2 se permet  de rivaliser avec son chef-d'oeuvre initial tant le degré de folie atteint ici peut prétendre à être encore plus déjanté dans son moule si ludique du cartoon live généré par un sale gosse déluré. Or, personne ne s'attendait à un tel déluge de fulgurance formelle / technique auprès de la caméra virevoltante de ce génie de Raimi (à nouveau) habité par une frénésie paroxystique. Jubilatoire est  euphémisme, et ce n'est pas le Festival du Rex qui nous contredira auprès de sa Licorne d'Or.

*Bruno 
6èx. Vostfr. 4k.

lundi 19 août 2024

Le Pic de Dante / Volcano.

                                               
                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Roger Donaldson. 1997. U.S.A. 1h49. Pierce Brosnan, Linda Hamilton, Charles Hallahan, Jamie Renée Smith, Jeremy Foley, Elizabeth Hoffman, Grant Heslov.

Sortie salles France: 2 Avril 1997. U.S: 7 Avril 1997

FILMOGRAPHIE: Roger Donaldson, né le 15 novembre 1945 à Ballarat, dans l'État de Victoria, en Australie, est un réalisateur, producteur et scénariste australo-américano-néo-zélandais. 1977 : Sleeping Dogs. 1980 : Nutcase (en). 1981 : Smash Palace (en) (+ scénariste). 1984 : Le Bounty. 1985 : Marie. 1987 : Sens unique. 1988 : Cocktail. 1990 : Cadillac Man. 1992 : Sables mortels. 1994 : Guet-apens. 1995 : La Mutante. 1997 : Le Pic de Dante. 2000 : Treize Jours. 2003 : La Recrue. 2005 : Burt Munro. 2008 : Braquage à l'anglaise. 2011 : Le Pacte. 2014 : The November Man. 2017 : McLaren: L'homme derrière la légende.

Traité sobrement à l'ancienne afin de renouer avec nos classiques des Seventies, avec son lot de clichés moins appuyés que ces congénères et l'efficacité d'un récit à suspense captivant, le Pic de Dante prend son envol au bout d'1heure pour aligner des séquences catastrophes non stop, 40 minutes durant. Or, quelques décennies plus tard on reste bluffé par la qualité des FX numériques. 

Brosnan (en géologue) et Hamilton (en maire du village) sont attachants sans en faire des caisses, notamment lorsqu'ils jouent les héros de dernier ressort plutôt stoïques lors de leurs vicissitudes inarrêtables. Efficace, bien troussé et impressionnant même si l'écrin semble un tantinet formaté. On passe un bon moment.

Budget: 116 000 000 $

 
de Mick Jackson. 1997. U.S.A. 1h43. Avec Tommy Lee Jones, Anne Heche, Gaby Hoffmann, Don Cheadle, Jacqueline Kim, John Corbett, John Carroll Lynch.

Sortie salles France: 27 Août 1997. U.S: 25 Avril 1997

FILMOGRAPHIE: Mick Jackson est un réalisateur et producteur britannique né le 4 octobre 1943 à Aveley (Royaume-Uni). 1989 : Chattahoochee. 1991 : L.A. Story (L.A. Story). 1992 : Bodyguard (The Bodyguard). 1994 : Trou de mémoire (Clean Slate). 1997 : Volcano. 2002 : Les 20 Premiers Millions. 2016 : Le Procès du siècle (Denial). 


Mené à un rythme effréné, si bien que passées les 30 minutes d'exposition l'action démarre pour ne plus nous lâcher jusqu'au générique, Volcano est un divertissement apocalyptique aussi fascinant que Twister, premier du nom. Son pitch complètement improbable (un volcan entre en éruption dans le centre-ville de Los Angeles, ah c'te blague de Carembar !) demeurant jubilatoire pour qui raffole des concepts débridés prétexte à séquences d'action anthologiques toutes plus folingues les unes que les autres. Et ça déménage à mort, on reste rivé à son siège, les yeux de bambin écarquillé même si peu d'FX numériques sont parfois visibles et que certains gros clichés (les bons sentiments de la séquence du chien, la petite dissension raciale entre un black et un pompier blanc, le final hilarant lorsque Tommy Lee Jones s'extirpe des décombres avec un sourire de bambin frétillant - rire nerveux assuré ! -) prêtent à rire ou à sourire (avec le film !). 

Tommy Lee Jones possède la carrure virile et paternelle qu'on lui connait (tant auprès de sa fille que de ses co-équipiers pompiers) et Anne Heche lui partage la vedette avec douceur et candeur en géologue plus perspicace que son entourage musclé. 
Du grand spectacle de Samedi soir comme on n'ose plus en faire, aussi fun que jubilatoire, on ne s'ennuie pas une seconde. 

Budget: 90 millions de dollars.

*Bruno

samedi 17 août 2024

Halloween 4 / Halloween 4: The Return of Michael Myers

                                             
                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

de Dwight H. Little. 1988. U.S.A. 1h29. Avec Donald Pleasence,  Ellie Cornell, Danielle Harris, George P. Wilbur, Michael Pataki, Beau Starr, Kathleen Kinmont.

Sortie salles France: 9 Mai 1990. U.S: 21 Octobre 1988

FILMOGRAPHIEDwight Hubbard Little est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 13 janvier 1956 à Cleveland, Ohio (États-Unis).1986 : Getting Even. 1986 : KGB: la guerre secrète. 1988 : Bloodstone. 1988 : Halloween 4. 1989 : Le Fantôme de l'opéra. 1990 : Désigné pour mourir. 1992 : Rapid Fire. 1995 : Sauvez Willy 2 : La Nouvelle Aventure. 1997 : Meurtre à la Maison-Blanche. 2001 : Deep Blue. 2004 : Anacondas : À la poursuite de l'orchidée de sang. 2009 : Tekken.


Faisant suite aux 2 premiers opus, Halloweeen 4 est probablement l'épisode le plus réussi après ceux-ci en flirtant à nouveau avec ce parfum (si cher) des années 80 auquel il appartient. Si bien que l'on sent rapidement dès l'intervention de Loomis, (le visage brûlé un peu plus sclérosé qu'au préalable suite à sa confrontation finale avec Michael lors du second opus), l'application, l'honnêteté de Dwight H. Little d'y contenter l'amateur éclairé auprès d'une trame classique pour autant efficace culminant lors des 40 ultimes minutes. Nos héros s'efforçant de se confiner dans une demeure domestique afin de se préserver de la menace meurtrière de Michael aux aguêts. Quant bien même son final autrement haletant et explosif se fixe comme ambition d'y délocaliser l'action sur les routes champêtres d'Haddonfield magnifiquement éclairées d'un onirisme bleuté crépusculaire. Il faut dire que la sublime photographie de Peter Lyons Collister doit également beaucoup de l'aura tantôt angoissante, tantôt envoûtante qui se dégage de cette banlieue que Michael Myers arpente en discrétion pour mieux y instiller un climat d'insécurité sous-jacent. Et celà fonctionne encore en toute modestie (même si les moyens sont plus importants et tape à l'oeil), si bien que Dwight H. Little s'amuse à reprendre la règle de Carpenter d'y privilégier de prime abord la suggestion avant le déploiement d'exactions à la fois brutales et percutantes entre proies et tueur. 


Et ce sans jamais verser dans un gore outrancier au profit de l'effet de surprise d'une violence tranchée. Outre son climat de séduction horrifique émaillé de bévues entre Dr Loomis pourchassant à nouveau sans relâche Loomis lors de séquences explosives parfois disproportionnées (la séquence de la station et son feu dantesque qui s'ensuit), on apprécie davantage les présences juvéniles d'Ellie Cornell en soeur aînée à la fois sensible et prévenante d'y préserver la vie de sa soeur adoptive (nièce de Michael) que Danielle Harris campe avec une innocence particulièrement craintive, voire carrément parano eu égard de ses horribles visions auprès d'un Michael résolument menaçant. Ellie Cornel s'écartant naturellement de la caricature de la potiche décervelée dans celle d'une Rachel humainement vulnérable mais néanmoins affirmée et combattive, tant auprès de son compagnon infidèle que de sa longue confrontation avec Michael sur les toits d'une maison ou dans l'habitacle d'un véhicule sur bitume. Rachel formant avec la petite Jamie un tandem féminin à la fois attachant, amiteux, persévérant dans leur cohésion fraternelle à se serrer les coudes coûte que coûte. Quant à l'épilogue d'une audace proprement terrifiante, il renoue de manière référentielle et novatrice avec le chef-d'oeuvre de Carpenter en instaurant une habile dimension surnaturelle quant aux liens de parenté entre Jamie et Michael que Dwight H. Little nous aiguilla plus tôt à travers des indices narratifs d'autant plus interrogatifs et crédibles quant à l'évolution morale de celle-ci. 


Proposition de redite horrifique à la fois sincère, généreuse, intelligente et intègre, Halloween 4  commémore la série B avec une modestie quelque peu touchante à s'efforcer de rendre une copie perfectible mais profondément intègre afin d'y respecter son ailleul insurpassable. Un excellent divertissement donc plus moderne car plus nerveux et un peu plus extravagant (à l'instar de cette chasse contre Myers perpétrée par des Redneck réacs que l'empoté Loomis leur incita à traquer dans sa folie parano !) mais rondement mené, assez crédible niveau acting, psychologiquement censé et atmosphérique auprès de la présence fantomatique de Michael nanti d'un charisme autrement étrange avec son masque dégingandé (sans être péjoratif).

*Bruno
30.10.2017. 365v
2022 ou 2023
17.08.24. 6èx. vostfr


lundi 12 août 2024

Twisters

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Lee Isaac. 2024. U.S.A. 2h02. Avec Daisy Edgar-Jones, Glen Powell, Anthony Ramos, Brandon Perea, Maura Tierney, Harry Hadden-Paton, Sasha Lane.

Sortie salles France: 17 Juillet 2024

FILMOGRAPHIELee Isaac Chung, né le 19 octobre 1978 à Denver (Colorado), est un réalisateur et scénariste coréano-américain. 2007 : Munyurangabo. 2010 : Lucky Life. 2012 : Abigail Harm. 2015 : I Have Seen My Last Born (documentaire, co-réalisateur). 2020 : Minari. 2024 : Twisters. 


Formidable surprise que ce Twisters, reboot faisant suite à son modèle natif de 96 que Lee Isaac nous retranscrit avec une intégrité indéfectible tout en s'extirpant admirablement de l'embarrassant copié-collé (même si évidemment on retrouve certains éléments clef du prototype). Surtout auprès du traitement des personnages ici plus intéressants, plus humains, moins factices, et donc moins stéréotypés même si on peut déplorer que l'esprit de camaraderie qui nous séduisait tant dans son modèle est ici remplacé par une romance latente pour autant moins nunuche que celle chez Jan De Bont. Il faut dire qu'avec une actrice de la trempe juvénile de Daisy Edgar-Jones, on ne peut que s'incliner pour sa prestation sans fard puisque d'un naturel inné (physique / psychologique) à nous retransmettre, entre fébrilité et fragilité, ses tourments moraux tributaires du prologue dramatique bougrement percutant (quelle audace fortuite !). Si bien qu'elle porte le film sur ses épaules avec une densité psychologique jamais forcée lorsqu'elle cède à ses faiblesses comme le découragement, la déception et la capitulation puis lorsqu'elle se laisse enfin emporter par le goût de l'aventure pour amorcer un héroïsme stoïque après avoir vaincu ses peurs pour accéder au dépassement de soi. 


Parfaitement structuré, en se focalisant beaucoup sur les actions et réactions des personnages parvenant à évoluer positivement (en tablant également sur une étonnante inversion des rôles), Twisters se décline donc en excellent divertissement d'une émotion à la fois forte et épurée au point de se surprendre de renouer de nos jours avec une sensibilité aussi communicative pour ce genre de Blockbuster tous publics. Et si Twister 96 était peut-être (je n'en suis pas sûr puisque je me suis fréquemment posé la question durant toute l'intrigue) un peu plus spectaculaire et furieusement fascinant, Twisters ne manque pourtant pas de qualités formelles auprès de ses séquences catastrophes affolantes, réalisées qui plus est par des FX numériques encore plus réalistes et épaulés il est vrai d'une splendide photo quasi naturaliste. On peut également dire un mot sur le jeu à la fois arrogant et gouailleur de l'acteur Glen Powell car si au départ il peut sciemment irriter à travers sa posture de cow-boy pédant que l'on remarque à 10 kms, il suscite peu à peu chez nous l'attachement, voir même la sympathie grâce au parti-pris de Lee Isaac  l'orientant vers une direction morale surprenante auprès de ses rapports amicaux mais orageux (toujours dans la juste mesure) avec Kate (Daisy Edgar-Jones) qu'il tente de courtiser auprès de sa force tranquille trop sûre. 


Sans jamais nous ennuyer ne serait ce qu'une seconde, Twisters est le divertissement estival idoine pour qui raffole s'évader vers des univers homériques où action, tendresse, charme et émotion finissent par se rejoindre pour ne faire plus qu'un. Si bien que outre ses superbes actions tempétueuses disséminées à juste dose (pas une outrance à l'horizon donc), c'est l'humanisme à la fois chétif, contenu et sincère des personnages qui rend si attachante cette formidable attraction nous suscitant si peu la désagréable impression de déjà vu (en dépit de certaines apparitions des tornades toutefois filmées de manière chiadée, inventive afin de contredire cette lacune). On n'en demandait pas tant au demeurant.  

*Bruno
Vostfr


jeudi 8 août 2024

8 MM / Eight Millimeter

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Joel Schumacher. 1999. U.S.A/Allemagne. 2h03. Avec Nicolas Cage, Joaquin Phoenix, James Gandolfini, Peter Stormare, Anthony Heald, Chris Bauer.

Sortie salles France: 10 Mars 1999 (Int - 18 ans). U.S: 26 Février 1999

FILMOGRAPHIE: Joel Schumacher est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 29 Août 1939 à New-York, décédé le 22 juin 2020. 1981: The Incredible Shrinking Woman. 1983: SOS Taxi. 1985: St Elmo's Fire. 1987: Génération Perdue. 1989: Cousins. 1990: l'Expérience Interdite. 1991: Le Choix d'Aimer. 1993: Chute Libre. 1994: Le Client. 1995: Batman Forever. 1996: Le Droit de Tuer ? 1997: Batman et Robin. 1999: 8 mm. 1999: Personne n'est parfait(e). 2000: Tigerland. 2002: Bad Company. 2002: Phone Game. 2003: Veronica Guerin. 2004: Le Fantôme de l'Opéra. 2007: Le Nombre 23. 2009: Blood Creek. 2010: Twelve. 2011: Effraction. 2013: House of Cards (2 épisodes). 

"A chaque fois que je fais un long-métrage où le héros se salit les mains, les Français me qualifient de fasciste ou de républicain. Mais comment un libéral hippie comme moi peut-il être vu de la sorte ? C’est bizarre, parce que j’ai toujours imaginé les Français comme des gens sophistiqués ! C’est comme s’ils taxaient le personnage de Hamlet de fasciste !"
Joel Schumacher – Interview, Mad Movies n°250, Mars 2012

"Lorsque ton regard pénètre longtemps au fond d'un abîme, l'abîme, lui aussi, pénètre en toi"
C'est l'histoire d'un type qui va perdre son âme à force de fréquenter et de jouer avec le diable. 
Voilà ce que résume le controversé 8MM comme souvent auprès d'oeuvres tabous osant aborder les thématiques de la pédophilie et du Snuf movie comme l'eurent illustrés le remarquable Sound of Freedom, le scandaleux A Serbian Film ou encore (le perfectible) Hardcore de Paul Schrader dans toutes les mémoires. Baignant dans un climat ultra malsain de sexualité sordide lorsqu'on y lève le voile de la pornographie underground, 8MM est une expérience extrême aussi fascinante que répugnante eu égard du réalisme fuligineux qui se dégage de ce thriller horrifique impeccablement réalisé et interprété par des comédiens habités par leur déchéance (im)morale. Nicolas Cage demeurant magnétique, concentré, absorbé, tendu puis enfin déstabilisant (jusqu'au malaise cérébral quant au final à contre-emploi si décrié) en enquêteur privé délibéré à retrouver la trace d'une mineure de 16 ans potentiellement assassinée face caméra après que l'on eu retrouvé un film dans le coffre-fort d'un milliardaire. Quant au néophyte Joaquin Phoenix, il joue aimablement le faire-valoir en commerçant lunaire de sex-shop avec une spontanéité si désinhibée qu'il nous suscite perplexité, réserve, suspicion en dépit de son intelligence et sa collaboration à entraîner le détective dans les bas-fonds new-yorkais les plus insalubres, ad nauseam. 


Sur ce point, Joel Schumacher parvient à faire naître une incroyable ambiance d'insécurité étrangement fascinante, perverse, méphitique au fil de rencontres avec des marginaux sans vergogne nous suscitant gêne et dégoût. Et donc chapeau bas aux prestations littéralement ordurières de James Gandolfini en margoulin sournois, Peter Stormare en gourou désaxé et Chris Bauer en violeur SM, mastard affublé d'un masque de latex au rictus contracté. 8MM se déclinant, non sans une certaine suggestion (tout du moins 1h30 durant), en véritable descente aux enfers que le spectateur ne parvient pas à s'extraire sous l'impulsion d'un Nicolas Cage peu à peu vampirisé par le Mal alors qu'il fut à deux doigts de se rétracter quelques secondes plus tôt. D'où la controverse impartie à cette fameuse ultime demi-heure lorsque son personnage sombre dans la corruption d'une justice expéditive à la fois ordurière (son 1er meurtre primal quasi insoutenable nous invoque isolement et désillusion) et putassière (le second meurtre autrement complaisant et putassier dans sa plus simple gratuité). Et si sa première victime parvient à nous invoquer avec crédibilité malaise moral et écoeurement auprès de ses exactions barbares, la seconde se vautre dans la facilité des conventions comme si Joel Schumacher sombrait également dans une idéologie bassement immorale qu'il dénonça avec force et (une certaine sobriété) durant tout le long de son intrigue. Et c'est franchement dommageable car en dépit de ses 3 minutes racoleuses assez indigestes puisque quelque peu contradictoires, 8MM confinait au modèle du genre tant il passionne, envoûte et nous questionne quant à notre instinct meurtrier pouvant basculer aux moments les plus tendus. 


En tout état de cause ce thriller vertigineux à la fois implacable, ensorcelant (jusqu'au  malaise psychologique avec le désir d'y faire une pause ou de prendre une douche sitôt le générique clôt) et extrêmement dérangeant nous laisse dans un état d'amertume et d'impuissance contre l'industrie du X underground impossible à éradiquer, déchiffré, dénoué auprès du duo bourreaux / voyeurs dénués d'identité. A réhabiliter donc si bien que ce pur film d'ambiance crépusculaire ne lâchera pas d'une semelle votre conscience sévèrement rudoyée. 
Pour public averti.

*Bruno
3èx. Vostfr. 

"Je crois que tout cela est lié à la notion d’auteur, très forte en Europe […] Quand je raconte une histoire, elle n’est pas arrachée à ma vie. C’est une histoire ! Mais, oui, je peux comprendre que l’on puisse faire la confusion entre le point de vue du réalisateur et celui du personnage. Comme l’a dit Mike Nichols, les gens confondent souvent le contenu et l’intention. Ce n’est pas parce que vous mettez quelque chose dans votre film que vous le cautionnez. A ce moment-là, ne pensez-vous pas que Roméo et Juliette fasse la promo du suicide adolescent ? A une époque, on acceptait beaucoup mieux l’ambiguïté du cinéma […] Après avoir vu 8 mm, un de mes amis m’a dit : « Tu as eu assez de courage pour faire un film des années 70, et ils vont te tuer pour ça »"
Joel Schumacher – Interview, Première n°318, Août 2003

Récompenses:

Golden Trailer Awards 1999 :

Prix de la Toison d'Or,

Prix de la bande-annonce dorée pour Une nuit sombre et orageuse

Box Office France: 621 074 entrées

mercredi 7 août 2024

Arthur the king

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Simon Cellan Jones. 2024. U.S.A. 1h47. Avec Mark Wahlberg, Simu Liu, Juliette Rylance, Nathalie Emmanuel, Ali Suliman, Paul Guilfoyle.

DTV France: 24 Mai 2024. Sortie salles U.S: 15 Mars 2024.

FILMOGRAPHIE PARTIELLESimon Cellan Jones (né en janvier 1963) est un producteur, réalisateur de télévision et de cinéma britannique. 2010: On Expenses. 2023: The Family Plan. 2024: Arthur the King. 

Il y a des films. Et il y a des oeuvres qui vous callent au siège sans prévenir pour vous marquer toute une vie. Arthur the King en fait donc parti grâce à l'influence d'une poignée d'inconnus cinéphiles aussi conquis que ma personne par l'incroyable odyssée humaine qui se dessine dans une facture naturaliste à couper le souffle. Et ce en dépit de sa privation salles chez nous alors qu'Outre-Atlantique il y eut droit avec, en sus, des critiques aussi conquises que globalement enthousiastes (jetez par exemple un oeil sur la note d'IMDB ou de Rotten Tomatoes). Aussi improbable et extraordinaire soit l'intrigue, sachez toutefois qu'il s'agit d'une histoire vraie comme le souligne le crédit liminaire et ces clichés authentiques défilant lors du générique de fin afin d'y renforcer la réalité des faits (les plus majeurs) exposés que Simon Cellan a su illustrer avec une sobriété forçant le respect. Exit donc le produit standing sirupeux, spéciale prise d'otage émotionnel, si bien que Arthur the King prône sans effet de manche ni fioriture les valeurs de l'amour, de la tolérance, de l'endurance, de la résilience et surtout de l'incroyable amitié partagé entre l'homme et l'animal avec une tendresse somme toute naturelle. Et c'est bien là la grande réussite, la force implacable du métrage que de ne jamais surligner une émotion outrancière auprès de leur grande complicité davantage empathique, alors qu'une dramaturgie s'y profile peu à peu sans céder à la complaisance du pathos. Car véritable bain de fraîcheur au sein d'un dépaysement tropical issu de la République Dominicaine, Arthur the King nous fait partager 1h40 durant le championnat du monde de la course d'aventure en pleine jungle pendant 700 kms. 

Et ce en compagnie de Mark Wahlberg (davantage épatant d'implication compassionnelle au fil de son évolution morale avec l'animal) et ses acolytes aguerris bientôt accompagnés du compagnon canin d'une endurance physique dépassant l'entendement. Ainsi donc, face à ce dernier abandonné de tous, véritable influenceur de la gagne, de la hargne et de la rescousse, Arthur the King nous fait participer à une aventure aussi humaine que sportive eu égard du réalisme naturaliste qui s'extrait des images passionnelles façon "National Geographic" sous l'impulsion d'une intensité effrénée quant aux épreuves arpentées avec héroïsme décoiffant. A l'instar de cette traversée vertigineuse du haut d'un câble suspendu dans le vide à l'aide d'un vélo accroché dans le dos de chaque participant pour poursuivre ensuite leur marathon à bicyclette. Mais outre cette séquence spectaculaire à couper le souffle auprès de son intensité insécure et du contexte inédit (l'élément du vélo !), Arthur the King n'est point conçu comme un film d'action pour nous en foutre plein la vue (vous êtes donc prévenus), bien au contraire. Simon Cellan privilégiant le réalisme quelque peu documenté (notamment en caméra subjective ou porté à l'épaule) pour mieux nous immerger dans leur parcours d'endurance à moult épreuves à défier. Tant à pied, en VTT, en canoé, en escalade ou suspendu par un câble, nos équipiers n'auront de cesse de dépasser leur force (corporelle / éthique), vaincre leur peur avec l'aide du chien errant qui changera à jamais leur existence d'un point de vue philosophique. 

Hymne universel à l'amitié, à la tendresse, à l'amour et surtout à une fidélité exemplaire, Arthur the King puise sa force, son intensité, son intérêt de par la sincérité infaillible du cinéaste de nous narrer dans la simplicité une histoire hors du commun. Mais c'est aussi une cantique de la communion entre l'homme et l'animal ici entraidés lors d'une épreuve épique qui changera à jamais leur destinée humaine. En tout état de cause, Arthur the King laissera une trace émotionnante en cette année 2024, quelques mouchoirs à portée de main pour les plus sensibles d'entre nous.   

*Bruno
Vostfr.

mardi 6 août 2024

Saw. Prix du Jury / Prix du Jury Jeunes, Gérardmer 2005.

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de James Wan. 2004. U.S.A. 1h43 (Director's cut). Avec Leigh Whannell, Cary Elwes, Danny Glover, Ken Leung, Dina Meyer, Mike Butters, Paul Gutrecht, Michael Emerson.

Sortie salles France: 16 Mars 2005 (Int - 16 ans). U.S: 29 Octobre 2004 (Int - 17 ans).

FILMOGRAPHIE: James Wan est un producteur, réalisateur et scénariste australien né le 27 Février 1977 à Kuching (Malaisie), avant de déménager à Perth (Australie). 2004: Saw, 2007: Dead Silence, Death Sentence, 2010: Insidious. 2013: The Conjuring. 2013 : Insidious : Chapitre 2. 2015 : Fast and Furious 7. 2016 : Conjuring 2 : Le Cas Enfield. 2018 : Aquaman. 2021 : Malignant. 2023 : Aquaman et le Royaume perdu. 


Film mythique s'il en est qui révolutionna le Tortur'porn à l'orée des années 2000, Saw n'a point usurpé sa réputation de référence du genre horrifique sous la houlette d'un James Wan tout juste débutant mais redoutablement ambitieux lorsqu'il s'agit d'y dépoussiérer l'horreur à renfort d'un climat malsain quasi irrespirable, d'une confrontation psychologique en acmé difficilement tolérable et de séquences chocs extrêmes à marquer d'une pierre blanche. Si bien que 2 hommes que tout oppose se retrouvent enchainés à divers endroits d'une salle de bain sans savoir qui aurait pu les embrigader. Alors qu'ils constatent une horloge électronique sur le mur, ils s'aperçoivent rapidement qu'une mini cassette se trouve dans la poche de chacun d'eux avec, à proximité d'un cadavre ensanglanté, un dictaphone. Ils s'efforcent donc de l'atteindre afin d'écouter les consignes du mystérieux tueur au puzzle que deux flics s'efforcent à l'extérieur d'appréhender. Jeu de piste de longue haleine d'une perversité démoniale difficilement égalable au sein d'un huis-clos à la fois poisseux, crapoteux, fétide, pour ne pas dire faisandé; Saw met nos nerfs à rude épreuve au fil d'une investigation bicéphale alternée. 


Celle des 2 inconnus reclus dans cette salle de bain et à deux doigts de sombrer dans la crise de nerf pour s'extirper de leur tanière, puis des 2 flics, un asiatique, un afro américain sur le point de débusquer le tueur parmi des prises de risque suicidaire eu égard de la ruse hors-pair de l'assassin disséminant sur leur passage des pièges sadiques impossibles à déjouer. James Wan tablant notamment sur les flash-back afin d'y renforcer l'implacable efficacité de l'intrigue à (moult) rebondissements en nous éclairant peu à peu sur cette improbable vendetta bâtie sur la souffrance de victimes puisque contraints de s'infliger des sévices et/ou de sacrifier une autre victime afin de s'épargner une mort cruelle dans leur piège à torture. Déclinaison à peine tacite de l'Abominable Dr Phibes, en mode hardcore contemporain, Jigsaw crève l'écran à chacune de ses apparitions giallesques, James Wan prenant soin de rendre hommage aux classiques du genre transalpin à l'aide d'un esthétisme rutilant que n'aurait renié Dario Argento. Notamment en y exploitant de façon aussi stylisé, inquiétante et terriblement insécure un pantin (inspiré des Frissons de l'Angoisse) pédalant tranquillement sur un vélo pour approcher ses victimes et leur dicter consignes et directives à l'aide d'une voix trafiquée. 


Chef-d'oeuvre de l'horreur moderne d'une perversité et d'un sadisme au diapason, Saw fait grimper suspense, (pures moments de) tension, oppression, terreur et violence crue sous l'impulsion d'une intrigue viciée d'une audace morale incongrue. Les comédiens criants de véracité crispée à travers leur surmenage nous communiquant leur peur, leur spleen et leur effroi avec un réalisme parfois à la limite du soutenable. James Wan ne lésinant pas sur une horreur graphique sciemment putassière (pour autant non complaisante, un exploit !) pour renforcer l'horreur des situations cauchemardesques, véritable descente aux enfers (aux relents de caniveau !) de la bassesse où seule compte l'individualise, la duperie, le subterfuge afin de tenter de s'extirper d'une mort inhumaine. Jubilatoire quant à l'intensité de son suspense exponentiel, Saw baigne sans complexe dans une facture rubigineuse étonnamment putride avec un sentiment d'impuissance, d'un peu d'espoir et de désespoir, ad nauseam. A revoir d'urgence, notamment pour se rendre compte de l'impact émotionnel sidérant qu'il parvient toujours à produire au grand dam de ses suites mercantiles toutes plus médiocres et inutiles les unes que les autres. 

*Bruno
3èx. Vostfr

Récompenses:
Festival du film d'horreur et fantastique de Saint-Sébastien (San Sebastián Horror and Fantasy Film Festival) 2004 :
Prix du public du Meilleur film décerné à James Wan.
Prix Schmoes d'or (Golden Schmoes Awards) 2004 :
Schmoes d'or du Meilleur film d'horreur de l'année,
Schmoes d'or de l'Affiche de cinéma préférée de l'année,
Schmoes d'or de la Scène la plus mémorable d'un film (La Fin).
Fantasporto 2005 : prix international du film fantastique du Meilleur scénario décerné à Leigh Whannell.
Festival international du film fantastique de Bruxelles 2005: Pégase (prix du public) décerné à James Wan.
Festival international du film fantastique de Gérardmer 2005:
Prix du jury décerné à James Wan,
Prix du jury jeunes décerné à James Wan.

lundi 5 août 2024

La Mutante / Species

                                               
                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Roger Donaldson. 1995. U.S.A. 1h48. Avec Ben Kingsley, Michael Madsen, Alfred Molina, Forest Whitaker, Marg Helgenberger, Natasha Henstridge, Michelle Williams, Whip Hubley, Patricia Belcher.

Sortie salles France: 27 Septembre 1995

FILMOGRAPHIE: Roger Donaldson, né le 15 novembre 1945 à Ballarat, dans l'État de Victoria, en Australie, est un réalisateur, producteur et scénariste australo-américano-néo-zélandais. 1977 : Sleeping Dogs. 1980 : Nutcase (en). 1981 : Smash Palace (en) (+ scénariste). 1984 : Le Bounty.  1985 : Marie. 1987 : Sens unique. 1988 : Cocktail. 1990 : Cadillac Man. 1992 : Sables mortels. 1994 : Guet-apens. 1995 : La Mutante. 1997 : Le Pic de Dante. 2000 : Treize Jours. 2003 : La Recrue. 2005 : Burt Munro. 2008 : Braquage à l'anglaise. 2011 : Le Pacte. 2014 : The November Man. 2017 : McLaren: L'homme derrière la légende. 


Mal accueilli par la critique à sa sortie alors qu'il fut un succès commercial, La Mutante est un formidable divertissement du Samedi soir qu'on aurait tort de bouder. Si bien qu'à la revoyure il semble encore plus plaisant et attachant, qualitativement et émotionnellement parlant, notamment grâce à la médiocrité du cinéma actuel qui fait que l'on finit par devenir plus indulgeant avec nos oeuvres ludiques du passé. Il fallait d'ailleurs oser exploiter cette idée improbable qu'une menace extra-terrestre se substitue ici en mannequin de charme sans jamais sombrer dans le racolage, la complaisance et le ridicule. Roger Donaldson prenant son sujet avec assez de sérieux pour ne jamais se railler de son concept casse-gueule et de sa partenaire plantureuse, notamment dans sa manière déférente de la filmer sans abuser de plans putassiers pour dévoiler son plus simple appareil. Et s'il s'agit du tout premier rôle de Natasha Hendridge alors âgée de 20 ans, on peut clairement prétendre qu'elle s'en sort plutôt bien à travers son rôle sciemment laconique, de prime abord hagarde et interrogative eu égard de sa posture néophyte puisque débarquant sur terre pour des raisons qu'elle ignore, mais rapidement fûtée et intelligente pour s'extraire de la masse et imposer sa mainmise. 


Car ce n'est qu'au fil de son parcours personnel, son apprentissage et son expérience avec les humains qu'elle finira par comprendre son unique dessein d'y féconder un mâle afin de pouvoir instaurer sa race et nous envahir. Très efficace lorsqu'une poignée d'héros cosmopolites se lancent constamment à sa traque pour l'éradiquer alors que celle-ci s'empresse davantage à copuler avec un mâle au fil de rencontres aléatoires puis réfléchies, La Mutante ne nous laisse aucun moment de répit à travers ses scènes d'actions, poursuites et effets chocs rondement menés (Roger Donaldson demeurant un habile artisan auprès de son savoir-faire technique) sous l'impulsion d'FX réussis même si certains effets numériques font hélas tâche aujourd'hui. A l'instar de son final confiné dans les égouts, probablement la partie la plus faible du métrage, même si cela reste correctement mené, voir même haletant et que certaines surprises restent par ailleurs assez étonnantes (avec un personnage bien exploité pour ses expressions candides face caméra) pour ne pas lâcher le fil de l'action. C'est d'ailleurs H. R. Giger,  illustre créateur d'Alien, peintre et plasticien résidant en Suisse, qui confectionna l'impressionnante créature femelle du plus bel effet fascinatoire lors de certains plans graphiques. 


Si on peut déplorer quelques menus clichés tributaires du genre, la caricature de certains personnages (surtout Ben Kingsley en scientifique impavide au regard ébaubi) et des dialogues faiblards prêtant à sourire, La Mutante puise justement son charme auprès de ses défauts précités pour y renforcer sa facture  "série B de luxe" formidablement troussée sous l'impulsion d'une menace charmeuse jamais vulgaire ou prétentieuse pour attirer ses proies dans ses apparat charnel. Natasha Hendridge demeurant sobrement impliquée en tueuse en herbe uniquement destinée à préserver sa vie et sa lignée sans se morfondre dans les clichés de la vengeance ou d'une séduction facilement provocante. Avec un joli pied de nez à la gente masculine machiste ou timorée lorsqu'il s'agit de charmer ou de se laisser attendrir par une présence érotique autonome, anti potiche décervelée. 

Merci à Ecran Large pour l'incitation à la révision.

*Bruno
3èx. Vostfr

Box-Office France: 627 887 entrées

samedi 3 août 2024

MaXXXine

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Ti West. 2024. U.S.A. 1h43. Avec Mia Goth, Charley Rowan, McCain, Elizabeth Debicki, Moses Sumney, Michelle Monaghan, Halsey, Lily Collins, Giancarlo Esposito, Kevin Bacon.

Sortie salles France: 31 Juillet 2024 (int - 12 ans). 

FILMOGRAPHIE: Ti West (né le 5 octobre 1980 à Wilmington, Delaware) est un réalisateur, scénariste et producteur américain surtout connu pour ses films d'horreur. 2005: The Roost. 2007: Trigger Man. 2009: Cabin Fever 2. 2009: The House of the Devil. 2011: The Innkeepers. 2012: The ABCs of Death (segment M Is for Miscarriage). 2012 : V/H/S (segment Second Honeymoon). 2013: The Sacrament. 2022: X. 2022: Pearl. 2024: Maxxxine. 

"Je n'accepterai pas une vie que je ne mérite pas".

Surprenant ! ? Euphémisme (probablement). Si bien qu'à la sortie toute fraîche de la projo que penser du 3è opus de Ti West au premier visionnage tant sa foisonnance exubérante bat son plein ? C'est dire si cet ultime délire horrifique à deux doigts de surfer par moments sur la déception divisera sans doute les plus intransigeants. Tout du moins jusqu'à mi-parcours alors que nombre de séquences détonantes (rien que le prologue concourant à l'oscar de la meilleure actrice, son magnifique générique musical, le clin d'oeil imparti au film culte infortuné Fondu au noir par le biais de Buster Keaton - 1000 mercis Ti West ! -) nous eurent séduit avec en prime une inventivité formelle de tous les diables. D'ailleurs, sur ce point, Maxxxine est une franche réussite à faire rougir de jalousie Tarantino tant Ti West, maître de l'esthète, transfigure son intrigue par moult détails ornementaux et personnages lunaires et/ou zélés à la fois fascinants, baroques, séduisants, décalés, pour ne pas dire semi-parodiques (à l'instar du duo de flics échappé d'une série TV, voir d'Hollywood Night !) au fil d'un cheminement hésitant si j'ose dire puisque l'on ne sait pas trop où on va et que fait-on au bout d'un certain temps. 

Ainsi, si on se laisse toutefois bercer par l'étrange sentiment de séduction et d'expectative qu'on nous transmet au sein de cette fulgurance urbaine estampillée génération 80 (BO entêtante inclus, montez le volume de la sono !), la seconde moitié de métrage se laisse dériver vers la mise en abyme en jouant avec les décors de carton pate ou réels (telle maison de Psychose), la singularité de séquences chocs, pittoresques (voir les 2 à la fois) et points de vue moralisateurs sous l'impulsion d'une dérive ......... que l'on attendait point (et qui na plaira pas à tous). Satire vitriolée sur l'univers impitoyable d'Hollywood dénué de moralité lorsqu'il s'agit d'élever au rang de star leur nouvelle coqueluche issue de l'univers du X au sein d'une Amérique puritaine aussi cynique que corruptrice (tous les personnages semblent des pantins, des caricatures d'eux mêmes), Maxxxine crève l'écran en la présence immorale de Mia Goth plus belle que jamais en star en herbe tourmentée par son passé au moment où un serial-killer se la joue maître chanteur afin d'accéder à son dessein. L'actrice portant le film sur ses épaules dans une posture autrement fébrile, craintive et incertaine puisque sévèrement malmenée par un dangereux manipulateur tirant les ficelles de la déchéance avec une idéologie maladivement rigoriste. 

Vortex de fantaisie macabre et de violence malsaine assumée au travers de plans gores graphiques du plus bel effet vomitif ou autrement cartoonesque (quel magnifique plan final d'une audace atypique et qui en dit long sur le portrait psychotique de Maxine ayant vendu une seconde fois son âme au diable), Maxxxine déconcerte, fascine, séduit puis finit par captiver jusqu'au sentiment de conquête amoureuse à travers son errance urbaine infiniment onirique, insidieuse, sarcastique, capiteuse au demeurant. Une femme libre dans la finalité (avec un sacré pied de nez au puritanisme en conclusion couillue) où la rédemption possède un sacré goût de souffre dans la bouche par son absence assumée de moralité. A revoir absolument donc pour comprendre si Maxxxine deviendra culte ou pas, à l'instar d'Angel auquel Ti West ne manque pas non plus de rendre tendrement hommage (tant pour l'icone féminine auto-justicière que pour sa peinture urbaine sous néons polychromes).

*Bruno

Ci-joint la chronique de Jean-Marc Micciche

Séance découverte avec Maxxxine, troisième volet de la trilogie 'spécial Mia Goth'. Tout d'abord louons l'égérie du fantastique moderne via Mia Goth qui assurément avec ses trois films marquent son empreinte. Encore ici, elle est magnifique et illumine le film de sa présence magnétique parfaite en icone 'revenge' movie. D'ailleurs, à l'image du clivant Malignant, le film est une véritable déclaration à la culture du videoclub, du cinéma d'exploitation, et Ti West inscrit sa démarche en véritable auteur d'un cinéma post moderne, malaxant code, narration personnage, situation. Bref un cinéma de la bonne citation préférant l'évocation de ses figures de genres plutôt que la citation directe. Alors oui le film est très loin d'être parfait, au contraire même, à l'image de ses nombreux films évoqués, il est volontairement étrange, bancal, car préférant le style, la stylisation des années 80. Autant dire que pour les cinéphiles de notre génération, Maxxxine est un plaisir jouissif à regarder. Les jeunes cinéphiles se concentreront sans doute à des différences explicites (Les frissons de l'angoisse, Psychose) mais pour nous autres, on pensera davantage à la saga des Angel ( la plus naturelle et évidente), à Descente en enfers (Vise Squad), à L'ange de la vengeance et New York deux heures du matin de Abel Ferrara, à Body Double ou Pulsion de De Palma. Tel idée de montage, de photo, de musique jouera sur la mémoire de certains d'entre nous : Fondu au noir, Les jours et les nuits de China Blue, les clip video, les boites de production cheap, le tout porté par un score musical qui imprègne la rétine, qui marque les esprits. Pas étonnant que Scorsese considère Ti West comme une vraie révélation de la série b. 8.5/10 Clairement un film générationnelle.

vendredi 2 août 2024

Phantasm 3: le seigneur de la mort / Phantasm 3: Lord of the Dead

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Don Coscarelli. 1994. U.S.A. 1h31. Avec Angus Scrimm, A. Michael Baldwin, Reggie Bannister, Bill Thornbury, Kevin Connors, Gloria Lynne Henry.

Sortie salles U.S: 6 Mai 1994 (sortie limitée)

FILMOGRAPHIE: Don Coscarelli est un scénariste et réalisateur américain né le 17 Février 1954 à Tripoli (Lybie). 1976: Jim the World's Greatest. 1976: Kenny and Compagny. 1979: Phantasm. 1982: Dar l'invincible. 1988: Phantasm 2. 1989: Survival Quest. 1994: Phantasm 3. 1998: Phantasm 4. 2002: Bubba Ho-tep. 2012: John Dies at the end.

6 ans séparent Phantasm 3 du second volet et on peut affirmer que Don Coscarelli n'a pas perdu la main pour nous servir à nouveau un pur divertissement badass si bien qu'il reprend les mêmes ingrédients de Phantasm 2. Ainsi, l'amateur éclairé n'a point à bouder ce fort sympathique spectacle horrifique, train fantôme de tous les diables transposé dans le cadre usuel du road movie, comme l'était conçu son second opus aussi attractif. Or, ici il y a toutefois un changement notable en la présence de l'acteur iconique A. Michael Baldwin endossant une seconde fois le rôle de Mike (en plus âgé) alors que dans l'épisode précédent il était remplacé par James LeGros. Il s'agit donc en l'occurence de retrouvailles familiales que l'on nous illustre dans un esprit festoyant par l'entremise de deux autres personnages aussi bonnards; Rocky, afro ricaine spécialiste du nunchaku et Tim, petit garnement en culotte courte fort sagace, rusé et émérite pour son art d'y conduire une voiture et d'y occire à l'arme à feu ses ennemis d'outre-tombe (on y croise un trio de zombies) et de l'autre monde (les nains encapuchonnés, les sphères volantes). Une posture politiquement incorrecte que les bien-pensants auront bien du mal à adouber. 

Enfin, il faut également compter sur la présence innatendue de Bill Thornbury endossant le rôle funeste de Jody (puisque dézingué dès le 1er opus par le diabolique Tall Man) mais qui ici parvient à communiquer à travers les rêves de son frère Mike et à se matérialiser à l'intérieur d'une boule d'acier afin d'épauler l'équipée musclée délibérée à déssouder Tall Man et ses sbires. Par conséquent, dans un esprit cartoonesque purement ludique, comme fut le précédent opus, Phantasm 3 ne table que sur son action horrifique en roue libre et l'imagination débordante de son concepteur  gouailleur pour rendre stimulante l'aventure sous l'impulsion de personnages aussi attachants que décomplexés à se soumettre aux forces du Mal avec aisance sciemment pittoresque. On est donc là pour s'amuser sous le pilier d'une récréation horrifique menée sans répit à point tel que la gratuité de certaines séquences musclées ou horrifiques ne nous laisse pas sur un sentiment de gêne ou de dépit. D'autre part, à travers sa recherche inventive en constante mutabilité (on navigue toujours entre rêve et réalité sans trop de souci de cohérence), on en apprend un peu plus sur l'origine des nains encapuchonnés,sur une faille corporelle du Tall Man (bien que toujours aussi increvable) et sur la conception des sphères volantes foreuses de cerveau (avec une séquence du plus bel éclat gorasse quasi remakée au 1er modèle) beaucoup plus nombreuses et meurtrières pour notre plus grand bonheur. Attention toutefois à sa conclusion en suspens risquant une fois encore de laisser un goût amer à une frange de spectateurs !

Débridé, assez fringant et décomplexé dans sa facture cartoonesque transpirant la bonne humeur auprès de son esprit de camaraderie familiale (d'ailleurs son interdiction aux moins de 16 ans à l'époque est totalement incompréhensible !), Phantasm 3 ne déçoit pas pour qui a approuvé le changement de direction notable du second opus imposant une frénésie visuelle plus insolente, une action autrement épique et des scènes chocs souvent détournées par une liberté de ton burlesque. Un 3è opus aussi réussi donc avant de renouer avec l'onirisme métaphysique de son modèle que le 4è opus animera intelligemment dans une ambition autrement plus envoûtante, baroque et novatrice plutôt que de rempiler avec l'action bourrine de ses 2 précédents épisodes. 

P.S: à noter que la qualité Blu-ray de l'éditeur français ESC est absolument splendide à travers la restauration du nouveau master. 

*Bruno