dimanche 27 février 2011

Le Cirque du Dr Lao / Seven Faces of Dr. Lao

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site lareponseest42.blogspot.fr

de Georges Pal. 1964. U.S.A. 1h40. Avec Tony Randall, Noah Beery Jr., Royal Dano, Barbara Eden, John Ericson, Arthur O'Connell, Lee Patrick, John Qualen, Tony Randall.

Sortie Salle U.S.A. : 18 Mars 1964

FILMOGRAPHIE: George Pal, né Györgi Pál Marczincsák, est un réalisateur, producteur, scénariste hongrois, né le 1er février 1908 à Cegled en Autriche-Hongrie (aujourd'hui en Hongrie), naturalisé américain en 1940 et mort le 2 mai 1980 d'une crise cardiaque à Beverly Hills. 1934 : Le Vaisseau de l'éther; 1935 : L'Atlas magique ; 1936 : La Symphone de l'éther ;1937 : Philips Broadcast ;1937 : What Ho, She Bumps (UK); 1938 : La Belle au bois dormant ; 1939 : Philips Cavalcade ;1939 : Les Amants des mers du Sud ;1942 : Tulips Shall Grow ; 1942 :  Jasper et les pastèques ;1942 :  Jasper et la maison hantée ; 1958 : Les Aventures de Tom Pouce ;1960 : La Machine à explorer le temps ; 1962 : Les Amours enchantées ; 1964 : Le Cirque du docteur Lao.


"Le monde est un cirque si tu sais l'observer. Chaque fois que tu ramasses une poignée de sables et que tu ne vois pas le sable mais un mystère, une merveille dans ta main. Chaque fois que tu t'arrêtes pour penser: "je suis vivant !". Et être vivant c'est fantastique. Chaque fois que ce genre d'évènements se produit, tu fais parti du cirque du Dr Lao."

Le cirque du Dr Lao
est le dernier film de George Pal, maître du Fantastique nous ayant légué quelques chefs-d'oeuvre du genre hélas rarement diffusés à la TV. En l'occurrence, par le biais d'un hymne à la fantaisie féerique d'une richesse formelle aussi (génialement) kitch que rutilante, ce dernier nous évoque la thématique de la cupidité à travers la dichotomie du bien et du mal. Le PitchLe chinois Dr Lao, directeur de cirque ambulant, arrive à Abalone, petite ville de l'Arizona afin d'annoncer au public son prodigieux spectacle. Au même moment, au siège du journal local, Clint Stark, buzinessman cupide et ambitieux, tente de convaincre la population de lui vendre la ville à bon prix. Mais l'arrivée impromptue du chinois aux pouvoirs mystérieux va remettre en question le choix de tout un chacun à accepter l'offre vénale de Mr Stark. Mélange saugrenu de western, de fantastique, de fantaisie et de merveilleux, Le Cirque du Dr Lao est un ovni d'une richesse thématique inextinguible, véritable leçon de vie sur notre remise en question morale. A savoir à quel point notre évolution humaine puisse malencontreusement se soumettre à la régression par la cupidité, l'égocentrisme, l'avarice et l'orgueil. De par le truchement d'une narration extravagante vouée au pouvoir créatif, notre malicieux Dr Lao nous entraîne dans ses festivités avec un art du stratagème pour mieux duper son public et le mettre à l'épreuve de son ego. Avec des moyens chimériques, celui-ci emploie facétieusement ses talents de magicien utopiste pour nous émerveiller avec un charme irrésistiblement attractif. De par la synergie d'une disparité de monstres singuliers que l'on reluque avec des yeux de gosse émerveillés.


Par conséquent, au coeur de cette mythologie archaïque du far-west en soudaine proie au surnaturel, je vous présente la méduse insidieuse au regard mortel, l'abominable (et apathique) homme des neiges, le prédicateur Apolonius de Tyana atteint de cécité mais condamné par sa prescience à pronostiquer la destinée de chacun, le serpent vaniteux à tête humaine prenant malin plaisir à dénigrer son hôte, ou encore le vieux Merlin aigri et ses tours de magie tant décriés par une populace avide d'exploit, mais encore Pan, le Dieu de la joie lors de sa chorégraphie dansante afin de séduire une célibataire en quête de rédemption amoureuse. On boucle enfin la parade avec le poisson du bocal pour muter u peu plus tard en serpent de mer lorsqu'il est délivré par des cow-boys avinés, et ce avant que le Dr Lao ne déploie sa machine à répandre la pluie ! Ce saisissant bestiaire animalier accompagné de dieux immortels s'avèrent les vecteurs allégoriques de l'influence de la tentation, une mise en abyme de l'homme confronté à son instinct véreux. Et pour mettre en exergue cette galerie improbable d'icônes fantasques, un seul comédien s'y fond dans leur chair parmi l'art du déguisement. Tony Randall s'imputant sept rôles distincts à la fois ! Ses diverses panoplies découlant d'une mythologie antique demeurant irrésistiblement attachantes alors que son esprit sarcastique détonne par l'art de la manipulation (chaque témoin souhaitant se prêter au jeu de la vérité par esprit de curiosité et de convoitise). D'un fulgurance poétique inventive (notamment auprès de la magie des décors naturels parfois façonnés en studio), le Cirque du Dr Lao nous transfigure un rêve éveillé par le biais de trucages candides façonnés en stop motion.


Croire c'est rêver.
Leçon de sagesse et de tolérance, hymne à l'existence et à la beauté du monde terrestre, Le cirque du Dr Lao nous entraîne vers un voyage fantastique inusité. Une initiation à la fraternité et à la solidarité au sein d'un Far-west en mutabilité industrielle (l'ascension du capitalisme par le biais du chemin de fer en construction). Une féerie en roue libre d'autant plus atypique que l'oeuvre s'avère si rare et méconnue à l'instar d'une relique honteusement oubliée. Et pour vous convaincre une ultime fois de son pouvoir d'enchantement, écoutez attentivement la dernière citation du Dr Lao, juste avant qu'il ne s'évapore d'un geste amical dans le désert. A savoir que la vie quotidienne finalement singulière renferme des trésors d'énergie scintillante à condition de savoir ouvrir grands les yeux pour être attentifs aux choses terrestres qui nous entourent !

* Bruno
19.10.22. 3èx
05.01.11.   

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