mardi 29 juillet 2025

28 ans plus tard / 28 Years Later de Danny Boyle. 2025. U.S.A. Angleterre. 1h55.

                                   (Crédit photo : image trouvée via Google, provenant du site imdb. Utilisée ici à des fins non commerciales et illustratives).

"Au bout du souffle, l’amour".
Après dix-huit ans d’attente et d’espoir messianique, comment ne pas s’incliner devant le résultat flambant neuf que symbolise cette œuvre pléthorique, signée de la main de son initiateur : Danny Boyle ?
Tantôt infiniment ambitieux, inspiré, circonspect, et surtout en pleine possession de ses moyens, Boyle réinvente le cinéma comme une matière vivante, revisitée ici à travers le prisme du genre horrifique, que les deux premiers opus avaient déjà sublimé dans l’ombre d’une anticipation post-apocalyptique.

Le pitch est simple - un adolescent tente de retrouver un médecin au cœur d’une nature sauvage et inexplorée afin de sauver sa mère gravement malade - mais d’une redoutable efficacité, notamment dans ses séquences d’action bondissantes, où chaque obstacle devient un rite de passage pour ce jeune héros en pleine initiation de survie.
Sacrée gageure que d’avoir osé confier le premier rôle à un gamin dont le talent prend valeur de sacerdoce. Alfie Williams livre un jeu d’une sobriété expressive saisissante, incarnant un héroïsme en herbe, à la fois fébrile et bouleversant. Son courage imparfait, tiraillé entre crainte et désir de victoire, suscite une profonde empathie - tant il avance en posture réservée, le cœur au bord du vide.


Véritable leçon de vie, de maturité et d’amour maternel, 28 ans plus tard se révèle une fresque capiteuse, à la fois humaine, épique, cauchemardesque et onirique. Sa puissance dramatique et ses instants d’effroi se chevauchent au rythme d’un récit sinueux, fureteur, constamment incertain. On ne sait jamais ce que la séquence suivante nous réserve, dans cette odyssée humaine imprégnée de valeurs existentielles et spirituelles. Vie, mort : ces thèmes indissociables tissent en silence une mémoire à ne pas oublier, pour mieux apprendre à tolérer l’injustice.

La photographie, d’un lyrisme mélancolique saisissant, sublime une nature presque mystique. Le brio technique de Boyle explose à travers des mouvements de caméra inédits, des cadrages consciencieux - jusqu’à ces séquences sanglantes suspendues dans un arrêt sur image avant de s’émanciper brutalement dans la demi-seconde suivante.
La musique, dépouillée, laisse respirer un monde post-apo entièrement réinventé, pictural, jamais vu auparavant.
 
Au coeur de cette expérience sensorielle s'affiche une épreuve de force quand la fin devient origine. Un parcours du combattant primal qu’un adolescent tente de relever avec un humanisme désarmant de loyauté et de sagesse.
 

Constamment inventif dans sa scénographie de renaissance écolo, dans ses figures iconiques ou ses créatures cannibales mises à nu, dans sa réalisation ultra chiadée, dans sa photo en poème naturaliste métronome, 28 ans plus tard nous ramène à l’aube de l’humanité - dans un cauchemar tissé de symboles tribaux, d’élans archaïques, d’échos philosophiques (memento mori) qui nous rappellent d’où nous venons et l’urgence d’aimer, juste avant de trépasser.

Une fable existentielle magnifique, touchée par la grâce de nobles sentiments, que Danny Boyle place au cœur du souffle - haletant, sincère, bouleversant - de son ultime périple. 

— le cinéphile du cœur noir

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