Photo empruntée sur Google, appartenant au site movieposter.com
de Donald Cammell. 1977. U.S.A. 1h34. Avec Julie Christie, Fritz Weaver, Gerrit Graham, Berry Kroeger, Lisa Lu, Larry J. Blake, John O'Leary.
Sortie salles France: 8 Février 1978
FILMOGRAPHIE: Donald Cammell est un réalisateur écossais, né le 17 Janvier 1934, décédé le 24 Avril 1996. 1968: Performance (co-réalisé avec Nicolas Roeg). 1977: Génération Proteus. 1987: White of the Eye. 1995: Wild Side.
Réalisateur méconnu uniquement responsable de 4 longs-métrages puis déshérité d'un destin tristement tragique (il se suicida d'une balle dans la tête après une grave dépression et des problèmes familiaux), Donald Cammell réalise en 1977 son film le plus connu auprès des fantasticophiles, Génération Proteus. Un film d'anticipation à connotation horrifique préfigurant Alien, Saturn 3, la Galaxie de la Terreur et Inseminoïd dans son brassage audacieux des genres. Pour les nostalgiques de l'époque, on peut aussi rappeler qu'il fit les beaux jours de l'émission scientifique, l'Avenir du Futur lors d'une diffusion le lundi 23 Mars 1981 dans le cadre de sa thématique accordée aux "ordinateurs doués de raison". Si aujourd'hui, Génération Proteus est malencontreusement occulté des cinéphiles au profit d'autres classiques notoires, il reste une excellente curiosité particulièrement déroutante, un ovni tirant parti de son étrangeté et de son originalité dans l'ossature d'un scénario aussi improbable que délirant. Ainsi, en dépit d'une réalisation académique, du jeu cabotin des comédiens et d'une première demi-heure un tantinet laborieuse, le cheminement de l'intrigue en mode huis-clos s'avère pour autant stimulant.
Imaginez donc la conception révolutionnaire d'un ordinateur supra intelligent délibéré à séquestrer à distance l'épouse du créateur scientifique au sein de sa demeure familiale afin de l'enfanter et accéder à l'immortalité. Ce pitch insensé multipliant agressions domestiques (la maison high-tech étant entièrement sous contrôle électronique et mécanique de Proteus !), intrusions de visiteurs inopportuns et expériences médicales en vue d'une procréation réussit tout de même à rendre crédible les motivations de l'ordinateur doué de parole. Entièrement soumise à son allégeance, Susan est donc contrainte de subir maltraitances physiques et sexuelles afin de parfaire la naissance d'un enfant hybride prochainement apte à dominer le monde (Akira n'est pas loin !). Pour un peu, et avec ironie, on pourrait aussi suggérer que Donald Cammell préfigura la saga Terminator et tous ces thrillers alarmistes auquel l'ordinateur doué d'intelligence artificielle s'empressa de supplanter l'homme afin d'y prendre sa place. Par le biais de trucages artisanaux, on est également surpris de l'aspect convaincant de certaines séquences spectaculaires, à l'instar de la morphologie cuivreuse du nouveau-né ou lorsque Proteus réussit à se matérialiser sous la structure amovible d'un losange métallique capable d'alpaguer ses proies (petit effet gore à l'appui lorsqu'un quidam finit décapité au creux du quadrilatère !).
Pourvu d'une ambiance horrifico-baroque et d'un suspense assez soutenu dans la situation de claustration que l'héroïne impuissante est contrainte de tolérer, Génération Proteus réussit à divertir et à inquiéter sur les dérives de nos technologies modernes. Particulièrement la robotisation auquel l'informatique s'avère la matrice responsable ! A redécouvrir donc d'un oeil aussi attentif et curieux qu'amusé, le point d'orgue halluciné valant notamment son pesant de cacahuètes.
Bruno Matéï
24/05/2011
16/04/2015
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