"MIB 3" de Barry Sonnenfeld. 2012. U.S.A. 1h46. Avec Will Smith, Tommy Lee Jones, Josh Brolin, Jemaine Clement, Emma Thompson, Michael Stuhlbarg, Alice Eve, Nicole Scherzinger.
Sortie salles France: 23 Mai 2012. U.S: 25 Mai 2012
FILMOGRAPHIE: Barry Sonnenfeld est un réalisateur américain, acteur, producteur et directeur de la photographie, né le 1er Avril 1953 à New-York. 1991: La Famille Addams. 1993: Les Valeurs de la famille Addams. 1993: Le Concierge du Bradbury. 1995: Get Shorty. 1997: Men in Black. 1999: Wild Wild West. 2002: Big trouble. 2002: Men in Black 2. 2006: Camping Car (RV). 2012: Men in Black 3. 2016: Nine Lives.
Après un second volet clairement redondant (même si à la revoyure la sympathie du produit peut prêter à distraire avec clémence), Barry Sonnenfeld renoue avec la fougue du premier volet grâce à son concept narratif imparti autour du voyage spatio-temporel. Une idée judicieuse permettant également de revigorer la série par le biais d'une scénographie vintage faisant référence à l'évènement historique d'Apollo 11 (les premiers pas de l'homme sur la lune !) et du personnage de l'agent K que notre briscard Tommy Lee Jones endosse avec sa traditionnelle mine renfrognée. Et justement, grâce à l'astuce de son pitch temporel, nous allons ici comprendre les tenants psychologiques de son caractère acariâtre grâce à la mission que son co-équipier, l'agent J, va entreprendre vaillamment pour lui sauver la vie. Evadé de sa prison implantée sur la lune, Boris l'animal se jure d'éradiquer l'agent K, l'auteur de son emprisonnement d'il y a 40 ans et de l'amputation de son bras lorsqu'ils s'étaient tous deux confrontés sur le terrain de Cap Canaveral le 16 Juillet 1969. Avec l'aide d'une technique temporelle permettant de retourner dans le passé, l'agent J s'efforce de retourner sur les lieux de l'altercation afin d'empêcher Boris d'assassiner son partenaire.
Ce scénario palpitant misant sur l'expectative d'une confrontation redoutée et culminant vers un point d'orgue viscéralement vertigineux, Barry Sonnenfeld l'exploite avec l'efficacité d'une action aussi homérique qu'inventive (le prologue démarrant sur les chapeaux de roue redoublant de subterfuges débridés !) et l'alternative allouée au duo d'exécutants que Josh Brolin remplace avec un naturel décontracté afin d'y afficher la jeunesse de l'agent K. En prime, pour redorer une note insolite à leur cohésion, ils sont épaulés d'un extraterrestre arcadien doué de prescience qui leur permettra aussi de protéger la terre par le biais de l'Arcnet. Un objet technologique servant de boucle de protection afin de déjouer toute invasion sur notre planète. Amusant, parfois drôle et souvent spectaculaire, Men in Black 3 parvient donc à séduire par ces nouveaux enjeux de survie (le sort alloué à l'agent K et à celui de la Terre) en délocalisant l'époque futuriste des années 2000 vers le cadre autrement rétro des sixties. Si la galerie éclectique de quelques humains extraterrestres continuent de provoquer la cocasserie face à leur impertinence insidieuse, la physionomie charismatique du "méchant" de l'intrigue se distingue du lot tant l'acteur Jemaine Clement jubile à exprimer une mégalomanie arrogante inscrit dans le machiavélisme. Pour parachever, et de manière inopinée, Barry Sonnenfeld clôt son chapitre avec l'émotion d'une situation tragique en compromis avec le passé de l'agent J. Une manière empathique de mettre en exergue la cohésion altruiste qui unie les deux agents en dépit de l'apparence bourrue (mais justifiée) de l'Agent K.
Assez fun, cocasse et trépidant, Men in Black 3 doit principalement sa réussite à l'ossature d'un scénario retors où l'époque référentielle des années 60 sert de pilier émotif afin de lever un voile sur la jeunesse torturée de l'agent K que Josh Brolin et Tommy Lee Jones incarnent communément avec un tempérament aussi persuasif.
Bruno Matéï
2èx