lundi 5 octobre 2015

MEN IN BLACK 3

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"MIB 3" de Barry Sonnenfeld. 2012. U.S.A. 1h46. Avec Will Smith, Tommy Lee Jones, Josh Brolin, Jemaine Clement, Emma Thompson, Michael Stuhlbarg, Alice Eve, Nicole Scherzinger.

Sortie salles France: 23 Mai 2012. U.S: 25 Mai 2012

FILMOGRAPHIE: Barry Sonnenfeld est un réalisateur américain, acteur, producteur et directeur de la photographie, né le 1er Avril 1953 à New-York. 1991: La Famille Addams. 1993: Les Valeurs de la famille Addams. 1993: Le Concierge du Bradbury. 1995: Get Shorty. 1997: Men in Black. 1999: Wild Wild West. 2002: Big trouble. 2002: Men in Black 2. 2006: Camping Car (RV). 2012: Men in Black 3. 2016: Nine Lives.


Après un second volet clairement redondant (même si à la revoyure la sympathie du produit peut prêter à distraire avec clémence), Barry Sonnenfeld renoue avec la fougue du premier volet grâce à son concept narratif imparti autour du voyage spatio-temporel. Une idée judicieuse permettant également de revigorer la série par le biais d'une scénographie vintage faisant référence à l'évènement historique d'Apollo 11 (les premiers pas de l'homme sur la lune !) et du personnage de l'agent K que notre briscard Tommy Lee Jones endosse avec sa traditionnelle mine renfrognée. Et justement, grâce à l'astuce de son pitch temporel, nous allons ici comprendre les tenants psychologiques de son caractère acariâtre grâce à la mission que son co-équipier, l'agent J, va entreprendre vaillamment pour lui sauver la vie. Evadé de sa prison implantée sur la lune, Boris l'animal se jure d'éradiquer l'agent K, l'auteur de son emprisonnement d'il y a 40 ans et de l'amputation de son bras lorsqu'ils s'étaient tous deux confrontés sur le terrain de Cap Canaveral le 16 Juillet 1969. Avec l'aide d'une technique temporelle permettant de retourner dans le passé, l'agent J s'efforce de retourner sur les lieux de l'altercation afin d'empêcher Boris d'assassiner son partenaire. 


Ce scénario palpitant misant sur l'expectative d'une confrontation redoutée et culminant vers un point d'orgue viscéralement vertigineux, Barry Sonnenfeld l'exploite avec l'efficacité d'une action aussi homérique qu'inventive (le prologue démarrant sur les chapeaux de roue redoublant de subterfuges débridés !) et l'alternative allouée au duo d'exécutants que Josh Brolin remplace avec un naturel décontracté afin d'y afficher la jeunesse de l'agent K. En prime, pour redorer une note insolite à leur cohésion, ils sont épaulés d'un extraterrestre arcadien doué de prescience qui leur permettra aussi de protéger la terre par le biais de l'Arcnet. Un objet technologique servant de boucle de protection afin de déjouer toute invasion sur notre planète. Amusant, parfois drôle et souvent spectaculaire, Men in Black 3 parvient donc à séduire par ces nouveaux enjeux de survie (le sort alloué à l'agent K et à celui de la Terre) en délocalisant l'époque futuriste des années 2000 vers le cadre autrement rétro des sixties. Si la galerie éclectique de quelques humains extraterrestres continuent de provoquer la cocasserie face à leur impertinence insidieuse, la physionomie charismatique du "méchant" de l'intrigue se distingue du lot tant l'acteur Jemaine Clement jubile à exprimer une mégalomanie arrogante inscrit dans le machiavélisme. Pour parachever, et de manière inopinée, Barry Sonnenfeld clôt son chapitre avec l'émotion d'une situation tragique en compromis avec le passé de l'agent J. Une manière empathique de mettre en exergue la cohésion altruiste qui unie les deux agents en dépit de l'apparence bourrue (mais justifiée) de l'Agent K. 


Assez fun, cocasse et trépidant, Men in Black 3 doit principalement sa réussite à l'ossature d'un scénario retors où l'époque référentielle des années 60 sert de pilier émotif afin de lever un voile sur la jeunesse torturée de l'agent K que Josh Brolin et Tommy Lee Jones incarnent communément avec un tempérament aussi persuasif. 

La chronique du 1er volet: http://brunomatei.blogspot.fr/2015/09/men-in-black.html

Bruno Matéï
2èx

vendredi 2 octobre 2015

PINK FLOYD THE WALL

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

d'Alan Parker. 1982. Angleterre. 1h39. Avec Bob Geldof, Christine Hargreaves, James Laurenson, Eleanor David, Kevin McKeon, Bob Hoskins, David Bingham, Jenny Wright.

Sortie salles France: 14 Juillet 1982. U.S: 13 Août 1982

FILMOGRAPHIE: Alan Parker (Alan William Parker) est un réalisateur, compositeur, scénariste et producteur britannique, né le 14 Février 1944 à Islington, Londres.
1975: The Evacuees (télé-film). 1976: Bugsy Malone. 1978: Midnight Express. 1980: Fame. 1982: Shoot the Moon. 1982: Pink Floyd The Wall. 1984: Birdy. 1987: Angel Heart. 1988: Mississippi Burning. 1990: Bienvenue au Paradis. 1991: Les Commitments. 1994: Aux bons soins du Dr Kellogg. 1996: Evita. 1999: Les Cendres d'Angela. 2003: La Vie de David Gale.


Chef-d'oeuvre du film musical qui mit en transe toute la génération 80 (que ce soit auprès des spectateurs lambdas, des millions de fans pour l'album référentiel de Roger Waters, des fumeurs de joint et des toxicos), Pink Floyd the Wall est l'objet filmique de tous les fantasmes, de toutes les exubérances. Une plongée vertigineuse dans l'âme d'un artiste moribond, un florilège de métaphores constituées autour de la question de libéralisme où sa puissance visuelle se télescope harmonieusement parmi une rythmique musicale tantôt tempétueuse, tantôt mélancolique.


Un méga trip visuel et auditif d'une puissance évocatrice dans son violent réquisitoire contre le fascisme des sociétés modernes, les sempiternels génocides des guerres d'états, le système scolaire et son éducation arbitraire, le conservatisme de nos juridictions, et à moindre échelle l'adultère provoquant chez la victime une déception morale en perdition. Conçu comme un gigantesque video-clip expérimental étalé sur une durée d'1h40, Alan Parker retrace avec onirisme, stylisme et lyrisme baroque (à l'instar des plages d'animation aussi fulgurantes qu'ensorcelantes !) le destin torturé de Pink, artiste rock notoire plongé dans une solitude aliénante. Reclus dans sa demeure tamisée, il se remémore avec hantise toute son enfance, de son trauma de la seconde guerre auquel son père s'y sacrifia, de sa relation avec sa mère poule, de sa solitude éprouvée à l'école, de son mariage raté et de son refuge vers la drogue. Au fil de ses souvenirs peu glorieux, il se rapproche un peu plus de la folie après avoir construit un mur mental l'empêchant de communiquer avec le monde extérieur. Alors que les fans hystériques s'impatientent à le retrouver sur scène, Pink se fond dans l'esprit schizophrène d'un dictateur tyrannique afin de châtier sa starification injustifiée et avant d'exploser les briques de son rempart.


Maelström d'imagerie musicale en roue libre, opéra-rock habité par la sédition libertaire d'un mélomane progressiste, Pink Floyd the Wall prêche pour l'assainissement de nos sociétés contemporaines sous la direction d'un cinéaste alchimiste adepte de poésie picturale. Sommet d'émotions viscérales et sensitives, ce cri d'alarme et de désespoir contre le carcan de nos magistratures politico-juridiques se porte en sacro-saint pour son appel à l'insurrection. Un témoignage essentiel, une validité musicale inoxydable traitée à la cadence infernale des tubes de Roger Waters, ténor légendaire de son double album fondateur. 

Bruno Matéï
4èx

mercredi 30 septembre 2015

Unhinged

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site vhscollector.com  

de Don Gronquist. 1982. U.S.A. 1h22. Avec Laurel Munson, Janet Penner, Sara Ansley, Virginia Settle, John Morrison, Barbara Lusch.

Sortie salles U.S: 15 Octobre 1982

FILMOGRAPHIE: Don Gronquist est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
1982: Unhinged. 1995: The Devil's Keep.


Listé dans la rubrique prohibitive "Video Nasties" à l'aube des années 80, Unhinged s'est inévitablement traîné une réputation de série B horrifique cradingue alors que certains amateurs de l'époque l'ont sans doute dénigré, faute du caractère timoré des séquences les plus sanglantes. Car hormis un final particulièrement choquant et malsain quant à la révélation de l'assassin et le meurtre sauvage qu'il ritualise vulgairement, Unhinged évite de se complaire dans une violence racoleuse en privilégiant l'atmosphère d'inquiétude régie autour d'une bâtisse funèbre. Le pitchAprès leur accident de voiture sur la route d'une campagne isolée, trois jeunes filles se retrouvent hébergées dans la demeure vétuste d'une mère et de sa fille. Mais la nuit, d'étranges respirations importunent leur sommeil quand bien même la disparition de l'une d'entre elles va attiser leur inquiétude. Avec son budget étriqué, sa réalisation aussi maladroite qu'intentionnée et ses comédiens amateurs au jeu théâtral mais pleins de bonnes intentions, Unhinged ne s'affiche pas sous ses meilleures auspices pour frissonner de plaisir. 


Surfant sur la vague du slasher initié par Halloween et Massacre à la TronçonneuseDon Gronquist privilégie néanmoins une ambiance Hitchcockienne (même si mon allusion au maître peut prêter à sourire !) au sein d'un huis-clos archaïque, à l'instar de l'attitude castratrice d'une mégère imposant sa dictature auprès de sa fille esseulée. Le réalisateur accordant beaucoup de crédit à leurs rapports de discorde avant de s'attarder sur la relation amicale que partagera l'une des convives avec cette dernière. Pendant ce temps, et avant de les blâmer à l'arme blanche, un mystérieux assassin rode autour de la bâtisse en les épiant par la fenêtre ! Avec son rythme languissant et son suspense menu rehaussé d'un climat anxiogène tantôt fascinant, tantôt capiteux, Unhinged exploite la thématique du dysfonctionnement familial au sein d'une intrigue nébuleuse lorsqu'on nous dévoile les aboutissants d'une révélation traumatique plutôt tirée par les cheveux. Toutefois, grâce à l'inspiration (malhabile) de la réalisation surfant sur le climat fétide de Massacre à la Tronçonneuse (l'entrepôt des macchabées) et le ressort psychologique de Psychose (la schizophrénie de l'assassin), ce point d'orgue cauchemardesque provoque chez le spectateur un sentiment tangible de malaise rehaussé de l'impact graphique d'un meurtre cradingue Spoiler ! ne laissant aucune échappatoire à l'héroïne ! Fin du Spoiler.


Produit d'exploitation au rabais de par sa réalisation bricolée et le jeu limité des comédiens plaisamment bonnards, Unhinged parvient constamment à cristalliser une ambiance lourde tantôt oppressante, tantôt envoûtante autour d'un obscur huis-clos au climat d'insécurité fantasque. Sa dissonance musicale rehaussant l'aspect ombrageux d'un climat gothique aussi feutré que malsain. Pâtissant d'un rythme monocorde pour autant jamais ennuyeux, cette attachante curiosité au charme désuet est à réserver en priorité aux nostalgiques aguerris du genre. Finalement très sympa pour qui raffole des purs films d'ambiance crépusculaire.

P.S: Pour les intéressés, le métrage est disponible en Dvd en France sous l'effigie Uncut Movies !

*Eric Binford
26.01.22. 4èx



mardi 29 septembre 2015

THE SUICIDE THEORY

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Dru Brown. 2014. Australie. 1h38. Avec Steve Mouzakis, Leon Cain, Joss McWilliam, Matthew Scully, Todd Levi, Nicholas G. Cooper, Warwick Comber.

Sortie salles U.S: 10 Juillet 2015

FILMOGRAPHIE: Dru Brown est un réalisateur, scénariste et producteur australien.
2012: Sleeper. 2014: The Suicide Theory.


Seconde réalisation d'un jeune cinéaste australien, The Suicide Theory s'érige en petite oeuvre indépendante créant la surprise par son concept surréaliste (sauvé du ridicule par l'intelligence narrative et psychologique) et l'émotion qui en émane dans les contrariétés des protagonistes en quête de rédemption. Depuis ses tentatives ratées de suicide, Percival engage un tueur afin de mettre un terme à son existence esseulée. Après multiples essais inexplicablement infructueux, son assassin aguerri se prend de compassion pour lui au moment même où leur destinée va adopter une tournure inopinément bouleversante. Nanti d'un climat mélancolique palpable (notamment pour l'ambiance musicale du bar de nuit que notre duo fréquente en intermittence), de par le cheminement existentiel de deux personnages que tout oppose de prime abord, The Suicide Theory aborde les thèmes de l'autodestruction et de la destinée avec une surprenante pudeur.


Le réalisateur prenant soin de brosser leur portrait avec une sensibilité exponentielle, sachant que d'étonnantes révélations sur leur passé tragique nous seront dévoilées au fil de leur aparté psychologique. L'émotion fragile véhiculée par le brio du réalisateur et des deux acteurs nous prenant par surprise au gré d'une tournure d'évènements lourds de conséquences tragiques. Si la première partie du récit amorce une structure prévisible pour les exactions meurtrières du tueur à gages contraint de répéter les homicides sur sa victime increvable (éclairs de violence brutaux à l'appui !), la suite de leurs vicissitudes se focalise sur l'apprentissage de la compassion, l'écoute de l'autre et le respect d'autrui du point de vue de l'assassin en révélation identitaire. Son cheminement partagé entre son impuissance criminelle d'assister le suicidé, son appétence de vengeance et sa nouvelle stature héroïque lui ouvrant la voie de la raison existentielle parmi l'appui d'une destinée acquise d'avance. A travers ce thème métaphysique, le cinéaste tend à nous interroger sur le sens de notre fatalité par le biais des rencontres impromptues, de nos agissements personnels et des drames du quotidien n'ayant rien du fruit du hasard. C'est ce que nous illustre la seconde partie, notamment après nous avoir signalé l'intolérance de l'homophobie et la dépendance à la violence que les ignorants expriment par des pulsions de haine. A travers ce récit d'amitié en ascension compromis par l'inimitié rancunière, Dru Brown poursuit une autre réflexion sur le mal-être suicidaire où pardon, rédemption et culpabilité en seront les vecteurs psychologiques afin de décanter deux tragédies inconsolables.


"Vous avez beaucoup de chance d'être en vie"
Intrigant et captivant pour la tournure singulière des évènements (le scénario faisant preuve d'une structure baroque !), violemment brutal mais rattrapé par une émotion (à fleur de peau) au fil des états d'âme du duo maudit, The Suicide Theory déconcerte l'habitude du spectateur pris entre les mailles d'un drame psychologique inopinément bouleversant. Par le biais du suicide potentiellement salvateur et des conséquences de nos faiblesses (la rancoeur, l'inattention), il en émane un douloureux poème sur la sollicitation du pardon, la repentance criminelle et la logique de notre destinée où le hasard n'a pas lieu d'être. Un choc émotionnel nous prenant par stupeur d'une accablante confrontation entre coupable et victime ! (et inversement !).  

Dédicace à Jen Winter
Bruno Matéï

lundi 28 septembre 2015

Men in Black

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Barry Sonnenfeld. 1997. U.S.A. 1h38. Avec Tommy Lee Jones, Will Smith, Linda Fiorentino, Vincent D'Onofrio, Rip Torn, Tony Shalhoub, Tim Blaney, David Cross.

Sortie salles France: 6 Août 1997. U.S: 2 Juillet 1997

FILMOGRAPHIE: Barry Sonnenfeld est un réalisateur américain, acteur, producteur et directeur de la photographie, né le 1er Avril 1953 à New-York. 1991: La Famille Addams. 1993: Les Valeurs de la famille Addams. 1993: Le Concierge du Bradbury. 1995: Get Shorty. 1997: Men in Black. 1999: Wild Wild West. 2002: Big trouble. 2002: Men in Black 2. 2006: Camping Car (RV). 2012: Men in Black 3. 2016: Nine Lives.


Succès planétaire que ce premier volet d'une illustre franchise, Men in Black est l'adaptation ciné du comics homonyme créé par Lowell Cunningham en 1990. A partir d'un pitch délirant détournant avec dérision la présence d'extra-terrestres au sein de notre société, Men in Black joue la carte de la comédie familiale sous l'autorité de deux agents en noir, experts en filature et traque d'une menace interplanétaire. En cool attitude, Tommy Lee Jones et Will Smith endossent le duo amical avec verve impayable (leur interrogatoire musclé imparti aux commerçants extraterrestres !) et héroïsme stoïque eu égard des gadgets ultra innovants (notamment l'outil permettant d'effacer la mémoire des témoins oculaires) que le doyen Agent K inculque à son équipier en herbe sur le champs de l'action. Outre le caractère saugrenu de l'intrigue (une créature hostile débarque sur terre pour s'emparer d'une galaxie préservée par le prince arquilien) et la stature distinguée de nos sympathiques agents secrets, le film tire parti de sa fantaisie grâce à l'univers excentrique décrit avec moult détails. 


Epaulé d'effets spéciaux en CGI souvent réussis (en dépit de la confrontation finale perfectible), Barry Sonnenfield nous ouvre les portes du MIB, agence ultra secrète surveillant les présences martiennes à travers les galaxies tout en tolérant depuis les années 50 leur arrivée hospitalière pour des milliers d'entre eux. D'une réjouissance sans modération pour les gags inventifs se chevauchant parfois avec l'action de poursuites homériques (le prologue sur les chapeaux de roue, l'échappée automobile au dessus du tunnel), Men in Black met également en appui le portrait insidieux d'une galerie d'E.T à la physionomie fallacieuse. Ainsi, par le biais de leur investigation et leur traque d'y appréhender un dangereux alien, nos agents sont contraints d'interroger (voir également débusquer certains d'entre eux) ces E.T à forme humaine. On peut notamment louer la présence du fameux "méchant" de l'histoire, une créature  arthropode (un cafard géant nous dévoilera le point d'orgue) ayant dérobé l'enveloppe humaine d'un fermier après l'avoir occis, mais en l'occurrence pourvu d'une posture dégingandée dans sa condition corporelle putrescente. Ce zombie extraterrestre provoquant (à l'instar d'un antagoniste du film Hidden !) des accès de violence erratiques lorsqu'il accoure dans les rues new-yorkaises pour se procurer un précieux pendentif.


De par la complicité impayable de notre duo en roue libre, de l'univers excentrique formellement fascinant et l'inventivité des gags et d'une action échevelée, Men in Black exploite son argument d'anticipation avec une dérision irrésistible. Mené sans répit donc, notamment grâce à l'efficacité d'une réalisation vigoureuse, cet excellent divertissement parvient surtout à réguler l'intérêt par les rencontres impromptues d'E.T de tous horizons que nos agents côtoient avec un flegme aussi distingué qu'amusé. 

La chronique du 3è opus: http://brunomatei.blogspot.fr/2015/10/men-in-black-3.html

*Bruno
05.09.24. 5èx. Vostfr

    vendredi 25 septembre 2015

    MISSION IMPOSSIBLE: ROGUE NATION

                                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site lyricis.fr

    de Christopher McQuarrie. 2015. U.S.A. 2h12. Avec Tom Cruise, Jeremy Renner, Simon Pegg, Rebecca Ferguson, Ving Rhames, Sean Harris, Simon McBurney.

    Sortie salles France: 12 Août 2015. U.S: 31 Juillet 2015

    FILMOGRAPHIEChristopher McQuarrie est un réalisateur et scénariste américain, né en 1968 à Princeton, New Jersey.
    2000: Way of the Gun. 2012: Jack Reacher. 2015: Mission Impossible: Rogue Nation


    Cinquième volet d'une saga trépidante (plus inventive et attractive à mon sens que la série des James Bond !), Mission Impossible: Rogue Nation relance l'objectif ardu qu'Ethan Hunt doit aujourd'hui surpasser: c'est à dire prouver l'existence d'une organisation criminelle prénommée le Syndicat alors même que la CIA, délibérée à dissoudre l'IMF, se charge de l'appréhender sous l'autorité du gouvernement américain. Tandis qu'Ethan se rend à l'opéra de Vienne pour y déjouer un projet d'attentat contre le chancelier, il est épaulé par son équipier Benji Dunn au moment même où la nouvelle apparition d'une mystérieuse émissaire, Ilsa Faust, continue de semer le doute quant à sa véritable identité et ses mobiles meurtriers.


    Afin d'assurer le spectacle fertile en traquenards, stratagèmes d'espionnage (le centre de données sécurisé imposant une opération sous-marine claustrophobe afin d'y dérober un fichier), manipulations, traîtrises et subterfuges dans les tractations d'une transaction capitale, Christopher McQuarrie équilibre un scénario retors parmi l'intelligence de moult bravoures au service narratif. Outre sa séquence d'ouverture aérienne épique, on peut surtout vanter deux séquences anthologiques où la mise en scène virtuose alterne suspense exponentiel et action chorégraphique avec ce projet d'attentat infiltré en pleine procession théâtrale (hommage non dissimulé à Hitchcock et l'Homme qui en savait trop pour la géométrie scrupuleuse du montage !) puis avec une course-poursuite en motos multipliant itinéraires urbains et routiers avec vigueur aussi fluide qu'effrénée ! Pour épicer la mission de longue haleine (que Tom Cruise rempile avec le même héroïsme outre-mesure !) engagée dans la traque du magnat Solomane Lane (Sean Harris s'avère délectable de prétention avec son faciès monolithique !), l'aventure est également compromise parmi l'ambivalence d'un personnage féminin (remarquablement campée par la charmante et flegmatique Rebecca Ferguson). Une espionne pugnace redoutablement finaude dans son art de distiller l'ambiguïté auprès de ses supérieurs et de la compagnie MFI par un sang froid infaillible !


    Mené sur un rythme alerte ne laissant nul répit au spectateur, Mission Imposisble: Rogue Nation parvient à se démarquer de la routine grâce à ses séquences d'action renversantes (l'improbabilité de la bravoure s'insinue dans le domaine du crédible grâce à l'humour, l'inventivité et le réalisme d'une réalisation avisée) et la dextérité d'un scénario où protagonistes et antagonistes se disputent l'autorité avec une diabolique sagacité. Du Blockbuster intelligent donc d'une redoutable efficacité quand bien même le charisme distingué des comédiens s'y prête fougueusement avec une détermination en roue libre. 

    Bruno Matéï

    jeudi 24 septembre 2015

    LIAISON FATALE

                                                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site movieposter.com

    "Fatal Attraction" d'Adrian Lyne. 1987. U.S.A. 1h59. Avec Michael Douglas, Glenn Close, Anne Archer, Ellen Hamilton Latzen, Stuart Pankin, Ellen Foley.

    Sortie salles France: 27 Janvier 1988 (Interdit aux - de 12 ans). U.S: 18 Septembre 1987.

    FILMOGRAPHIE: Adrian Lyne est un réalisateur et producteur britannique, né le 4 Mars 1941 à Peterborough (Grande Bretagne). 1980: Ca plane les filles. 1983: Flashdance. 1986: 9 semaines et demi. 1987: Liaison Fatale. 1990: L'Echelle de Jacob. 1993: Proposition Indécente. 1997: Lolita. 2002: Infidèle. Prochainement: Back Roads.


    Phénomène de société au succès international mérité, Liaison Fatale préfigure le thriller érotique moderne en cette fin des années 80 bien qu'il s'inspirait déjà du pitch d'Un frisson dans la nuit réalisé par Clint Eastwood en 1971. Selon une récente enquête (2014) menée par Médiamétrie, plus de 13,27 millions de français auraient (re)vu le 7 Novembre 1993 à la télévision le thriller d'Adrian Lyne. Un réalisateur d'origine anglaise débutant sa carrière avec des spots publicitaires avant de mettre en scène un drame de la jeunesse sur fond de sexe et de drogue, Ca plane les filles. C'est dire si ce phénomène planétaire nominé aux oscars marqua les esprits, principalement au niveau du magnétisme qu'invoque le duo torride et l'acuité d'un suspense dramatique toujours plus éprouvant. Ainsi, prenant pour thème l'adultère du point de vue d'un notable respecté de par sa profession et son équilibre familial, Liaison Fatale met en exergue une confrontation au sommet entre cet époux infidèle et une aguicheuse psychotique que Michael Douglas et Glenn Close endossent avec une pugnacité galvanisante.


    Ce couple maudit étant littéralement habité par leurs pulsions de haine après s'être laissés attendrir par leur désir sexuel à travers une passion dévorante. Nanti d'une tension progressive auprès des harcèlements imposés à cet avocat contrarié, l'intrigue puise sa densité dans les rapports discordants qu'entretiennent successivement nos deux antagonistes avant l'explosion de violence d'une vendetta criminelle. Mis en scène de façon circonspecte pour son habileté à distiller un climat anxiogène particulièrement vénéneux, Adrian Lyne exploite sa trame érotique (la 1ère partie redouble de sensualité torride pour les étreintes sexuelles échangées entre amants !) par le biais d'une direction d'acteurs infaillibles (notamment des seconds-rôles à la riche dimension humaine) et d'une intrigue nauséeuse où la passion amoureuse est traitée ici d'un point de vue pathologique. D'une riche efficacité pour son rythme envoûtant, le cheminement narratif emprunte donc le sentier d'une lente descente aux enfers que l'époux infidèle tentera de remonter avec un flegme compromis au sentiment d'impuissance. La maîtresse psychotique redoublant de perversité à humilier son ancien partenaire lors de provocations toujours plus audacieuses. Le cinéaste prenant également soin d'aborder la crise conjugale du point de vue de l'épouse trahie (intensité dramatique sans pathos à l'appui !)  tout en soulignant une réflexion sur le pardon que cette dernière serait prête à tolérer face à une situation inopinément délétère.


    "L'amour, quand c'est trop fort, ça peut faire peur, très peur !"
    Admirablement servi par deux acteurs époustouflants de charisme séducteur et de dépit solennel (Glenn Close s'avérant si inquiétante qu'elle fut menacée auprès d'une gente féminine épistolaire  après la sortie du film !) et dirigé avec brio par un cinéaste appliqué, Liaison Fatale exploite avec une belle efficacité son suspense horrifique où l'érotisme exaltant de la première partie n'était qu'un simulacre pour mieux nous converger vers une dérive psychotique à la terreur expansive. Fort de sa réputation notoire, ce thriller éprouvant n'a rien perdu de son aura malsaine et de sa vigueur éprouvante. Un classique du genre donc à contre-courant du thriller lucratif pour midinettes ! 

    Bruno Matéï
    3èx 

    mercredi 23 septembre 2015

    TENEBRES

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site silverferox.blogspot.com

    "Tenebre" de Dario Argento. 1982. Italie. 1h41. Avec Anthony Franciosa, Daria Nicolodi, John Saxon, John Steiner, Giuliano Gemma, Carola Stagnaro, Christiano Borromeo, Veronica Lario.

    Sortie salles France: 27 Avril 1982. Italie: 28 Octobre 1982. Interdit au - de 18 ans lors de sa sortie.

    FILMOGRAPHIE: Dario Argento est un réalisateur et scénariste italien né le 7 septembre 1940, à Rome (Italie). 1969: l'Oiseau au plumage de Cristal, 1971: Le Chat à 9 queues, Quatre mouches de velours gris, 1973: 5 Jours à Milan, 1975, Les Frissons de l'Angoisse, 1977: Suspiria, 1980: Inferno, 1982: Ténèbres, 1985: Phenomena, 1987: Opera, 1990: 2 yeux Maléfiques, 1993: Trauma, 1996: Le Syndrome de Stendhal, 1998: Le Fantome de l'Opéra, 2001: Le Sang des Innocents,2004: Card Player, 2005: Aimez vous Hitchcock ?, 2005: Jennifer (épis Masters of Horror, sais 1), 2006: J'aurai leur peau (épis Masters of Horror, sais 2), 2006: Mother of Tears, 2009: Giallo, 2011: Dracula 3D.


    Les artistes restent seuls, car le monde réel n'est pas le leur.
    Fleuron du Giallo moderne qu'Argento transcende avec une fulgurance stylisée, entre onirisme macabre et surréalisme expérimental (le fameux clip réalisé à la Louma auscultant de l'extérieur une demeure du point de vue du tueur !), Ténèbres tire ses lettres de noblesse au thriller transalpin sous l'influence d'un alchimiste inspiré par son expérience vécue ! Celle de la rencontre impromptue avec un fan obsessionnel qui le harcela au téléphone au point de lui avouer son désir de le tuer ! L'intrigue retraçant ici les vicissitudes d'un illustre écrivain américain venu séjourner à Rome afin de promouvoir son dernier bouquin, Ténèbres, au moment d'être persécuté par un mystérieux individu. Au même instant, un dangereux criminel s'en prend à de jeunes femmes lubriques alors que l'inspecteur Germani s'intéresse de près au contenu misogyne du roman de Peter Neal. 


    Scandé par le score électronique de Simonetti, Pignatelli et Moprantes, anciens membres du groupe Goblin, ce néo-giallo sublimé par la limpidité d'une photo tantôt azur tantôt opaline tranche net avec le pourpre des meurtres sanguins. Chargé d'un érotisme sensuel pour la stature dénudée d'actrices italiennes aux yeux félins et pour la ritualisation de leur châtiment perpétré par un misogyne incurable, Ténèbres réexploite les codes du Giallo avec un lyrisme audacieux. De par ce parti-pris moderniste de renouveler le genre parmi l'architecture d'une scénographie urbaine (mais aussi écolo !) tantôt onirique, tantôt surréaliste ! A l'instar de cette course poursuite nocturne rendue incandescente sous éclairage azur lorsqu'une héroïne est contrainte d'échapper à la menace d'un doberman alors que le tueur se prépare à l'alpaguer ! Cette frénésie cruelle redoublant d'intensité lorsque cette dernière ira se jeter dans la gueule du tueur en s'isolant dans sa propre demeure ! Concerto visuel et musical d'une horreur picturale semblable au gigantesque video-clip, Argento le compile avec la démesure infaillible d'une succession de meurtres aussi percutants que fébriles. Le spectateur étant cerné par ces images en ayant l'impossibilité d'échapper au sacre de l'artiste ! La sensualité du désir féminin se mêlant à la cruauté morbide des exactions d'un voyeur répugnant la perversité sexuelle avant de brouiller les pistes Spoiler ! d'une révélation bicéphale Fin du Spoiler


    La vision est l'art de voir les choses invisibles.
    A partir d'une intrigue orthodoxe conforme à la tradition du genre, Dario Argento transfigure le giallo avec le parti-pris moderniste de sensualiser la forme dans des teintes froides et rassurantes, quand bien même le gore festif (l'anthologie du bras sectionné auquel la victime moribonde viendra tapisser de rouge la virginité d'un mur !) explose l'écran parmi l'efficacité d'un script aussi vénéneux qu'insidieux ! 

    Dédicace à Mathias Chaput
    Bruno Matéï
    6èx

    mardi 22 septembre 2015

    French Connection. Oscar du Meilleur Film,1972.

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site nearpictures.com

    de William Friedkin. 1971. U.S.A. 1h43. Avec Gene Hackman, Roy Scheider, Fernando Rey, Marcel Bozzuffi, Tony Lo Bianco, Frédéric de Pasquale, Bill Hickman, Harold Gary.

    Sortie salles France: 14 Janvier 1972. U.S: 9 Octobre 1971

    FILMOGRAPHIE: William Friedkin est un réalisateur, scénariste et producteur de film américain, né le 29 août 1935 à Chicago (Illinois, États-Unis). Il débute sa carrière en 1967 avec une comédie musicale, Good Times. C'est en 1971 et 1973 qu'il connaîtra la consécration du public et de la critique avec French Connection et L'Exorciste, tous deux récompensés aux Oscars d'Hollywood.
    1967: Good Times. 1968: l'Anniversaire. 1968: The Night they Raided Minsky's. 1970: Les Garçons de la bande. 1971: French Connection. 1973: l'Exorciste. 1977: Le Convoi de la peur. 1978: Têtes vides cherchent coffres pleins. 1980: The Cruising. 1983: Le Coup du Siècle. 1985: Police Fédérale Los Angeles. 1988: Le Sang du Châtiment. 1990: La Nurse. 1994: Blue Chips. 1995: Jade. 2000: l'Enfer du Devoir. 2003: Traqué. 2006: Bug. 2012: Killer Joe.


    Traque infernale de deux flics délibérés à déjouer l'organisation mafieuse de plus grands dealers de drogue à l'orée des Seventies, French Connection nous laisse le souffle coupé de par son souci documentaire d'une mise en scène tirée au cordeau et ces acteurs habités par une gagne effrénée. Gene Hackman endossant avec une hargne viscérale un détective sur le qui-vive des faits et gestes de ces rivaux, particulièrement Alain Charnier, contrebandier français à la tête du cartel d'héroïne et aujourd'hui chargé d'importer 32 millions de dollars de drogue sur le territoire ricain. A travers son appui professionnel et amical, Roy Scheider lui prête la vedette avec une pugnacité plus avisée sachant par ailleurs que son compère décidera d'en tirer une affaire personnelle afin de se venger des brocards d'Alain Charnier (Fernando Ray s'avérant délectable de sournoiserie en baron de la drogue tranquille !).


    Modèle de rigueur pour sa mise en scène virtuose, William Friedkin renouvelle en 1971 le genre policier avec le parti-pris obsessionnel d'y prôner un réalisme documentaire. C'est à dire transfigurer avec une précision chirurgicale une filature de longue haleine qu'entreprennent ardemment Popeye et Cloudy avant de se laisser entraîner vers les traques homériques instaurées en plein centre urbain. A cet égard, la séquence de poursuite automobile que Popeye doit arpenter afin d'alpaguer un dangereux criminel s'avère d'une intensité toujours inégalée pour la vigueur dont Friedkin fait preuve face à un itinéraire routier semé d'embûches. Par le biais d'un découpage à couper au rasoir et ce sentiment permanent d'improvisation régi autour d'une population figurante, le cinéaste chronomètre le caractère inédit d'une poursuite infernale sachant que dans sa détermination primitive, Popeye s'efforce de suivre en véhicule le cheminement ferroviaire d'un train pris en otage. Bien avant cette séquence anthologique filmée à l'arraché, Friedkin aura pris soin de nous captiver parmi l'autorité draconienne de deux détectives chargés de prendre en filature jours et nuits les plus grands leaders du trafic de drogue. Grâce à cette réalisation alerte aussi maîtrisée que novatrice exploitant New-York comme un dédale tentaculaire, Friedkin parvient à rendre passionnante une traque policière de grande ampleur, entre deux descentes musclées au sein de bars malfamés et de règlements de compte sanglants entre mafia et force de l'ordre. A ce titre, ses éclairs de violence souvent spectaculaires font également preuve d'un réalisme couillu pour l'époque, à l'instar d'un tragique accident de voiture pris sur le vif sur l'aile d'une autoroute ! 


    Nanti d'un suspense hypnotique et d'une intensité haletante sous l'impulsion névralgique de deux acteurs au sommet de leur carrière, French Connection inscrit sur pellicule l'un des faits divers les plus notoires d'une guerre (inlassable) contre la drogue avec un réalisme toujours aussi cinglant !  

    Bruno Matéï
    4èx

    Récompenses: Oscars du Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Acteur, Meilleur Scénario adapté, Meilleur Montage en 1972

    lundi 21 septembre 2015

    Freddy sort de la Nuit / New Nightmare

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

    de Wes Craven. 1994. U.S.A. 1h52. Avec Heather Langenkamp, Robert Englund, Miko Hughes, Wes Craven, John Saxon, Robert Shaye.

    Sortie salles France: 4 Mai 1995. U.S: 14 Octobre 1994.

    FILMOGRAPHIE: Wesley Earl "Wes" Craven est un réalisateur, scénariste, producteur, acteur et monteur né le 2 Aout 1939 à Cleveland dans l'Ohio. 1972: La Dernière maison sur la gauche, 1977: La Colline a des yeux, 1978: The Evolution of Snuff (documentaire), 1981: La Ferme de la Terreur, 1982: La Créature du marais, 1984: Les Griffes de la nuit, 1985: La Colline a des yeux 2, 1986: l'Amie mortelle, 1988: l'Emprise des Ténèbres, 1989: Schocker, 1991: Le Sous-sol de la peur, 1994: Freddy sort de la nuit, 1995: Un Vampire à brooklyn, 1996: Scream, 1997:Scream 2, 1999: la Musique de mon coeur, 2000: Scream 3, 2005: Cursed, 2005: Red eye, 2006: Paris, je t'aime (segment), 2010: My soul to take, 2011: Scream 4.


    Pratiquant la mise en abyme afin de redonner un second souffle à la franchise, Wes Craven se prend un malin plaisir à détourner son mythe fondateur à travers un récit ombrageux où réalité et fiction continuent de se juxtaposer mais de manière plus leste que les antécédents opus. Si bien qu'en l'occurrence, le célèbre croquemitaine a décidé de s'extirper de la pellicule afin de venir bouleverser la quotidienneté des véritables acteurs du premier volet ! Ou comment un monstre issu du fantasme d'un cinéaste parvient finalement à se matérialiser par sa volonté (celle du scénariste Wes Craven) pour prendre sa revanche sur ses créateurs l'ayant finalement vulgairement réduit au monstre ricaneur. D'où sa réflexion sur les ficelles du cinéma, l'addiction des fans hystérisés et la démarche mainstream des suites à succès uniquement conçues pour engranger les dollars.


    Illustre héroïne du premier volet, on retrouve avec grand plaisir Heather Langenkamp interprétant dans son propre rôle avec toujours autant d'aplomb et de détermination une actrice maternelle confrontée à sa paranoïa d'une intuition improbable (la résurrection de Freddy délibéré à s'extraire de son inconscient pour s'introduire dans la réalité). Quand bien même son fils est sujet à d'horribles cauchemars l'incitant à adopter un comportement pathologique de plus en plus schizophrène. Ainsi, par le biais de ce témoin candide, Freddy en profite pour le molester avec endurance afin d'attiser la génitrice vers une ultime confrontation. C'est donc autour de ses rapports dysfonctionnels et du danger tacite que Wes Craven agence son intrigue afin de privilégier l'efficacité de l'expectative en évitant le plus longtemps l'apparition escomptée (et redoutée) de l'homme aux griffes d'acier ! Grâce à la posture affirmée d'Heather Langenkamp et à l'aimable participation des seconds rôles (Wes Craven himself, Robert Englund et John Saxon), le film parvient à soutenir l'intérêt d'une tension sous-jacente en ascension. Notamment en surfant sur les clins d'oeil et références au premier volet, telle cette confusion du rêve et de la réalité que notre héroïne et son rejeton éprouvent avant les estocades (notamment celle en interne hospitalier) d'une dernière partie plus intense, homérique, sanglante (on fera l'impasse sur quelques CGI foireux).


    Peut-être moins ambitieux que ne le laissait supposer son script et moins glauque et terrifiant que son modèle (alors que le boogeyman est paradoxalement ici plus sombre et inquiétant), Freddy sort de la nuit s'avère toutefois constamment efficace, divertissant et surtout intelligent pour sa structure narrative, son savoir-faire et ses thèmes abordés (notamment l'emprise de la fiction à travers notre quotidienneté et celle des acteurs et des créateurs) afin de nous séduire sans ambages une ultime fois. Wes Craven s'interrogeant notamment avec scrupule sur sa responsabilité morale d'avoir engendré une franchise horrifique aussi lucrative qu'(hélas) éculée ! 

    *Bruno
    27.11.23. 4èx. Vostfr

      vendredi 18 septembre 2015

      L'AU-DELA (The Beyond)

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

      "E tu vivrai nel terrore - L'aldilà" de Lucio Fulci. 1981. Italie. 1h27. Avec Catriona MacColl, David Warbeck, Cinzia Monreale, Antoine Saint-John, Veronica Lazar, Anthony Flees, Giovanni De Nava, Al Cliver.

      Sortie salles France: 14 Octobre 1981. Italie: 29 Avril 1981. Interdit aux - de 18 ans lors de sa sortie.

      FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 : L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence..


      Spectacle (enchanteur) de poésie morbide autour d'une scénographie gothique aussi ensorcelante qu'anxiogène (l'hôtel bucolique de la Nouvelle-Orléans et ses chambres poussiéreuses), L'Au-delà est entré au fil des décennies au panthéon du genre alors qu'à sa sortie il fut souvent dénigré à tort comme une vulgaire série B à la violence aussi gratuite qu'obscène. Revoir pour la énième fois ce mastodonte putrescent sans jamais se lasser de son impact visuel (intensité renforcée des maquillages hallucinés de Giannetto De Rossi !), sensoriel (l'impact olfactif de nos cadavres purulents !) et auditif (Fabio Frizzi se déchaînant à composer un contrepoint musical tantôt lancinant, tantôt mélodique !), prouve à quel point Lucio Fulci était un génie passé maître dans l'art de rationaliser notre peur intrinsèque: la hantise de la mort et sa putréfaction corporelle. Cette angoisse du néant, ce rapport viscéral au trépas, cette effluve nauséabonde émanant de cadavres décrépits ou de corps fraîchement torturés, l'Au-delà l'inscrit sur pellicule rubigineuse (photo sépia de Sergio Salvati en sus !) par le biais d'une caméra chirurgicale auscultant les plaies déchiquetées de l'agonie humaine. 


      Si l'intrigue simpliste, voir incohérente diront certains, n'est qu'un prétexte à étaler à intervalle régulier des mises à mort d'anthologie jamais vues au préalable (même la séquence des araignées parfois décriée pour la facture mécanique d'une ou deux figurines parvient miraculeusement à nous transir d'émoi !), Lucio Fulci parvient à la transcender grâce à la symétrie d'une mise en scène étonnement stylisée (on peut prôner par exemple la mémorable fantasmagorie routière lorsque Emilie et son berger allemand se figent au milieu d'une chaussée sans destination !). Ou comment également réussir l'exploit de transfigurer les pires sévices crapoteux grâce à la beauté sulfureuse d'une poésie mortifère dédiée au spectacle pestilentiel (inoubliable supplice du bain d'acide consumant délicatement le visage d'une veuve avant de laisser écouler sur le sol une mousse crémeuse d'un rouge pastel !). Hymne effronté à la cruauté organique (le martyr christique de Schweick transgresse la morale d'une justice dépravée !), cantique à la mort mais aussi à la plénitude du repos éternel (voir l'épilogue fantasmatique décrivant avec une sidérante poésie picturale la vision du néant, représentation graphique du tableau de Schweick !), sarabande infernale de zombies en ascension (leur déambulation iconique au sein de l'hôpital provoque un malaise pétrifiant) auquel l'enfer entrouvre l'une de ses portes pour laisser libre court aux rituels meurtriers, l'Au-délà empoisonne ses personnages sous l'impulsion d'une entité fétide tout en les confrontant avec des phénomènes surnaturels nonsensiques ! La fresque du peintre (métaphore de l'enfer !) n'étant finalement que la prémonition de ces suppliciés que Fulci nous matérialise avec une fulgurance sépulcrale. 


      L'Etrange couleur des larmes de ton corps
      En dépit de la superficialité des dialogues et d'une direction d'acteurs perfectibles que leur charisme inquiétant parvient malgré tout à rehausser, l'Au-delà réussit l'exploit de nous parfaire le plus beau poème morbide jamais inscrit sur pellicule. Ou à l'instar de l'opéra gracile Suspiria et à travers la splendeur du néant, comment ornementer les pires sévices du châtiment humain par le biais d'une féerie macabre et d'un climat funèbre aussi évocateur que lyrique ! Envoûtant, angoissant et effrayant (Emilie entourée d'un quatuor de zombies gutturaux en interne de son salon, le plombier surgissant de la baignoire pour énucléer la domestique !), l'Au-delà est également sublimé par la présence suave de Catriona MacColl avec l'influence symbolique d'une non-voyante échappée de l'enfer. 

      Dédicace à Christina MassartMathias Chaput et Boss Ju
      Bruno Matéï. 5èx

      La critique de Mathias Chaput:
      Véritable ode à la putréfaction, « l’au-delà » est le meilleur film de Fulci à ce jour…
      Doté d’un onirisme incroyable et omniprésent (suffit de voir la fin du film pour comprendre que tout ceci n’était qu’un rêve !), le spectateur navigue entre irréel, horreur, angoisse et fascination…
      Tout est relaté merveilleusement, avec des morceaux de bravoure incroyable (notamment les scènes dans l’hôpital) , certaines séquences témoignent de l’horreur pure (les araignées), et les comédiens sont tous bien impliqués dans leurs rôles, laissant transparaitre leur angoisse et leur incompréhension face à des phénomènes qui les dépassent…
      De nos jours, certains le trouveront désuet et daté, ceci dit il ne faut pas occulter que « L’au-delà » est un pan du cinéma d’horreur d’auteur, véritable pilier, véritable renaissance d’un genre à son apogée vers le début des eighties !
      Un film de puriste en somme… pas donné à tout le monde !
      Dans ce paysage actuel de remakes à tout va, il est parfois bon de se replonger dans les œuvres des maitres, des dieux du gore !
      Et Fulci fait partie de cette catégorie …
      Certaines mauvaises langues diront que le maestro a pompé religieusement « Shining » (le coup de la chambre) ou « Suspiria » (le chien dévorant l’aveugle), en attendant il a su insufflé à son métrage un côté épique et surdimensionné dans l’horreur ultime !
      Considérons qu’il était littéralement en état de grâce et qu’il a accouché de quelque chose qui se vit, une EXPERIENCE, l’aboutissement d’une carrière donnant naissance à une perle, un morceau cristallin, reléguant tous les autres films du genre au rang inférieur et marquant la pierre tombale d’un certain cinéma populaire !
      Surprenant, exerçant une fascination empathique encore maintenant, « L’au-delà » est d’une puissance, d’une beauté et d’un impact hors du commun !!!!
      A voir religieusement…
      10/10 intemporel

      jeudi 17 septembre 2015

      IN THE CUT

                                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site ebay.com

      de Jane Campion. 2003. U.S.A/Australie/Angleterre. 1h58. Avec Meg Ryan, Mark Ruffalo, Nick Damici, Jennifer Jason Leigh, Micheal Nuccio, Sharrieff Pugh, Heather Litteer, Patrice O'Neal, Kevin Bacon.

      Sortie salles France: 5 Novembre 2003. U.S: 22 Octobre 2003.

      FILMOGRAPHIE: Jane Campion est une réalisatrice et scénariste néo-zélandaise, née le 30 Avril 1954 à Wellington. 1989: Sweetie. 1990: Un Ange à ma table. 1993: La leçon de piano. 1996: Portrait de Femme. 1999: Holly Smoke. 2003: In the Cut. 2009: Bright Star.


      Réalisatrice reconnue par la critique avec Un Ange à ma Table (Grand Prix du Jury à la Mostra de Venise, 90) et la Leçon de Piano (Palme d'Or, Cannes 93), Jane Campion change de registre en 2003 pour emprunter le mode du thriller avec In the Cut, d'après un roman de Susanne Moore. Prenant pour interprète principale l'illustre Meg Ryan dévoilée ici sans maquillage dans un rôle à contre-emploi de son image charmeuse et romantique, Jane Campion nous brosse un portrait de femme indépendante en perdition. Celle d'une professeur de lettres égarée entre sa solitude, son passé familial galvaudé et ses rencontres sexuelles sans lendemain. Meg Ryan, quasi méconnaissable, donnant corps à son personnage apathique avec une émotion contenue, une sensibilité contrariée et un tempérament versatile. Témoin malgré elle des exactions sordides d'un serial-killer démembrant ses victimes, le détective Malloy est contraint de l'interroger, faute du premier crime perpétré sous la fenêtre de son appartement. Rapidement, Frannie se laisse courtiser par ce dernier pour entamer avec consentement une relation lubrique. Mais l'arrogance du meurtrier à l'affût de ses déplacements ainsi qu'un 3è crime crapuleux vont bouleverser sa banale quotidienneté. 


      Thriller singulier dans la forme puisque le film esthétiquement crépusculaire se morfond dans un climat anxiogène indicible, In the Cut est une errance au bout de l'enfer urbain qu'une femme esseulée va emprunter de manière impromptue par sa fragile influence et ses rencontres plus ou moins marginales (si on excepte sa relation intrigante avec l'inspecteur Malloy). Chargé d'un érotisme torride par le biais de séquences charnelles particulièrement sensorielles, l'intrigue oppose les étreintes sexuelles à l'horreur de situations crapoteuses parmi l'errance d'une héroïne facilement malléable. Avec le parti-pris de réfuter les conventions du genre, Jane Campion s'intéresse surtout à fignoler son cadre urbain entaché d'une aura glauque vénéneuse autour de l'évolution ambivalente de Malloy et Franny, communément épris d'idylle entre jeux sexuels et désirs éthérés. Nanti d'un langage parfois cru et même de l'utilisation audacieuse d'inserts X lors d'une séquence clef confinée dans les toilettes d'un bar, la réalisatrice sème trouble et malaise afin de désorienter le spectateur embarqué dans une investigation policière à la progression indécise. Exploitant avec subtilité suspense latent, angoisse palpable et tension sous-jacente, In the Cut hypnotise les sens du spectateur parmi l'habileté machiavélique d'une réalisation auteurisante faisant honneur à l'étude caractérielle (l'identité de l'assassin s'avérant finalement peu louable). Avec son atmosphère aussi glauque que feutrée régie au coeur d'un New-York ombrageux et parmi les motivations lubriques de personnages (seconds-rôles à l'appui !) ne prêtant pas à la quiétude, le spectateur observe cette jungle avec l'impuissance de prêter main forte à notre héroïne vulnérable.


      L'amour en berne
      Angoissant et oppressant, sensuel et provocant, malsain et éprouvant (l'épicentre traumatique s'avère d'une intensité dramatique aussi rigoureuse que bouleversante !), In the Cut bouscule les habitudes du spectateur impliqué dans un thriller d'un érotisme instable, de par les frustrations sexuelles et la désillusion des protagonistes en dépit amoureux. Sans doute un des thrillers les plus marquants des années 2000 malgré sa retenue publique. 

      Dédicace à Arnaud Kovac
      Bruno Matéï
      2èx