lundi 23 janvier 2017

LA MOUTARDE ME MONTE AU NEZ

                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinecomedies.com

de Claude Zidi. 1974. France. 1h38. Avec Pierre Richard, Jane Birkin, Claude Piéplu, Jean Martin, Danielle Minazzoli, Vittorio Caprioli, Julien Guiomar, Henri Guybet.

Sortie salles France: 8 Octobre 1974.

FILMOGRAPHIE: Claude Zidi est réalisateur et scénariste français né le 25 juillet 1934 à Paris.
1971 : Les Bidasses en folie. 1972 : Les Fous du stade. 1973 : Le Grand Bazar. 1974 : La moutarde me monte au nez. 1974 : Les Bidasses s'en vont en guerre. 1975 : La Course à l'échalote. 1976 : L'Aile ou la Cuisse. 1977 : L'Animal. 1978 : La Zizanie. 1979 : Bête mais discipliné. 1980 : Les Sous-doués. 1980 : Inspecteur la Bavure. 1982 : Les Sous-doués en vacances. 1983 : Banzaï. 1984 : Les Ripoux. 1985 : Les Rois du gag. 1987 : Association de malfaiteurs. 1988 : Deux. 1989 : Ripoux contre ripoux. 1991 : La Totale ! 1993 : Profil bas. 1997 : Arlette. 1999 : Astérix et Obélix contre César. 2001 : La Boîte. 2003 : Ripoux 3. 2011 : Les Ripoux anonymes, série coréalisée avec son fils Julien Zidi.


Spécialiste de la comédie populaire comme en témoignent ses trois premières comédies, Les Bidasses en folie, Les Fous du stade, Le Grand Bazar, Claude Zidi nous revient en grande forme en 1974 avec une satire sur le milieu du journalisme, précisément la presse à scandales. Fort du duo improbable Pierre Richard/Jane Birkin réunit pour la première à l'écran, La Moutarde me monte au nez est un régal de cocasserie sous couvert d'une tendre idylle pointant le bout du nez vers sa dernière partie. Professeur de mathématiques dans un lycée, Pierre Durois est le fils du chirurgien Hubert Durois à nouveau en lice pour les élections municipales. Mais après avoir égaré un dossier comprenant le discours de son père, Pierre se retrouve mêlé à une manipulation médiatique depuis son séjour dans le pavillon luxueux de l'illustre actrice, Jackie Logan. 


Comédie d'aventures rocambolesques si j'ose dire, la Moutarde me monte au nez bénéficie d'un scénario débridé pour enchaîner les quiproquos les plus improbables et saugrenus sous l'impulsion d'un couple déjanté ! Pierre Richard endossant avec sa traditionnelle expression faciale un personnage empoté cumulant les catastrophes à rythme métronomique. Irrésistible de drôlerie mais également touchant dans le reflet de son regard naïf et candide, l'acteur crève à nouveau l'écran pour sa quête éperdue de redorer sa réputation et celle de son père après avoir été larbin d'un stratagème. En compagne glamour à l'accent british, Jane Birkin lui partage la vedette dans le corps (hyper sexy du haut de ses 28 ans !) d'une jeune actrice plutôt capricieuse mais néanmoins empathique et loyale quant à ses sentiments exprimés pour Pierre. En nous baladant également derrière les coulisses d'un tournage de western, Claude Zidi se raille gentiment de la vanité des cinéastes et de leurs stars au rythme effréné de poursuites à cheval et en voiture quant bien même Jane Birkin se perfectionne aux bagarres de saloon d'un oeil revanchard. La faute incombant à une presse à scandales lui ayant émis les gros titres depuis l'irruption de Pierre Durois dans sa vie intime.


Au-delà de la drôlerie expansive de ses péripéties et rebondissements en pagaille, La Moutarde me monte au nez puise son charme dans sa simplicité la plus modeste, comme le caractérise brillamment la fantaisie musicale (si entêtante !) de Vladimir Cosma. Dans l'intégrité d'un cinéaste nullement suffisant pour offrir généreusement au spectateur la comédie la plus ludique qui soit. Si le duo très attachant formé par Pierre Richard et Jane Birkin doit beaucoup à son ressort émotionnel, les seconds-rôles spontanés ne sont pas en reste, tel l'irrésistible Vittorio Caprioli en metteur en scène patriarche ! Une merveille inoxydable de comédie romantique, l'antidépresseur par excellence d'une époque révolue si bien que l'on quitte le générique le pincement au coeur.  

B-D. 3èx

vendredi 20 janvier 2017

48 HEURES DE PLUS

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site vostfr.club

"Another 48 Hrs" de Walter Hill. 1990. U.S.A. 1h33. Avec Eddie Murphy, Nick Nolte, Brion James, Kevin Tighe, Ed O'Ross, David Anthony Marshall, Andrew Divoff, Bernie Casey.

Sortie salles France: 15 Août 1990. U.S: 8 Juin 1990

FILMOGRAPHIE : Walter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis).
1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver, 1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule, 1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs, 1993 : Geronimo,1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV).


Huit ans après avoir rempli les salles avec 48 heures, Walter Hill rempile avec une séquelle au succès commercial encore plus considérable que son modèle. Reprenant à peu de choses près la même ligne de conduite dans son concentré d'action et de comédie que Nick Nolte et Eddy Murphy impulsent avec la même complicité masochiste (je t'aime, moi non plus !), 48 heures de plus ne souhaite pas innover en matière de Buddy Movie si bien que cette suite impeccablement ficelée pourrait même faire office de remake par sa structure rebattue (le cache-cache du gendarme et du voleur). Et ce, même si le thème de la corruption policière vient égayer finalement l'intrigue afin de surprendre le spectateur. Sur le point d'être déféré pour homicide volontaire après une rixe sanglante avec un dangereux caïd, Jack Cates profite de la libération de son ancien collègue Reggie Hammond pour parfaire son enquête sachant que la tête de ce dernier est mise à prix chez un gang de motards. C'est le début d'une nouvelle investigation que nos compères vont mener avec la même dissension caractérielle afin de parvenir à démasquer la mystérieuse identité de "l'ange bleu" ! 


En dépit de son récit linéaire comme celles de ses situations cocasses que se disputent à nouveau nos deux héros orgueilleux (bien que Nick Nolte s'avère ici plus amiteux pour considérer son camarade !), 48 heures de plus s'édifie en série B explosive grâce au savoir-faire d'un Walter Hill aussi inspiré dans son brio de chorégraphier des séquences d'action d'une vigueur homérique (le prologue fulgurant, hommage référentiel au western spaghetti, le carambolage entre un bus et un poids-lourd, le canardage dans l'hôtel puis dans une boite de nuit !). En tablant autant sur l'abattage d'un Eddy Murphy aussi fringant qu'au préalable pour ses punchlines impayables et sur le tempérament bourru d'un Nick Nolte toujours aussi robuste dans les coups de poing foudroyants et les échanges de tirs, 48 heures de plus divertit généreusement sous l'impulsion d'une violence aussi rigoureuse qu'incroyablement spectaculaire ! Ajoutez à cela le rythme échevelé de la célèbre partition de James Horner et vous obtenez une redite à la fois éminemment bonnard et attractive !

P.S: Afin de mieux l'apprécier, évitez de mater d'affilé les 2 opus.

B-D


                                                                            (Photo empruntée sur Google, appartenant au site johnplissken.com)


de Walter Hill. 1982. U.S.A. 1h36. Avec Nick Nolte, Eddie Murphy, Annette O'Toole, Frank McRae, James Remar, David Patrick Kelly, Sonny Landham, Brion James, Kerry Sherman, Jonathan Banks.

Sortie salles France: 27 Avril 1983. U.S: 8 Décembre 1982

Récompense: Grand Prix au Festival du film policier de Cognac, en 1983

FILMOGRAPHIE (source Wikipedia): Walter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis).
1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver, 1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule, 1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs, 1993 : Geronimo,1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV).


Gros succès à sa sortie et révélation du néophyte Eddie Murphy pour son premier rôle à l'écran, 48 heures est devenu au fil du temps une référence du Buddy Movie, genre prisé au début des années 80. Sous la houlette d'un maître du cinéma musclé et avec la complémentarité de deux comédiens loquaces, ce film policier moderne constitue un jubilatoire concentré d'action et de comédie par son rythme sans faille. Pour retrouver un dangereux criminel et son complice, l'inspecteur Jack Gates négocie une transaction avec Reggie Hammond, un taulard afro condamné à une peine de 3 ans mais prochainement libérable. Durant 48 heures de liberté surveillée, Reggie va devoir collaborer avec son allié pour remonter la piste de ces anciens associés mais aussi mettre la main sur un butin de 500 000 dollars.


Sous le pilier d'une intrigue habilement troussée générant une action échevelée et parmi la posture volcanique de deux partenaires forts en gueule, 48 Heures est un modèle de divertissement grand public. Sans céder à la facilité d'une action redondante, Walter Hill mise surtout sur l'abattage de ces deux protagonistes dans leur personnalité caractérielle. Au fil de leurs vicissitudes semées d'embûches et de déconvenues, le flic et le voleur en perpétuel conflit moral font finalement parvenir à s'apprivoiser, s'accepter et se tolérer afin de débusquer des tueurs sans vergogne lâchés dans les cités nocturnes de New-York. A deux doigts d'appréhender à plusieurs reprises ces criminels, ils n'auront de cesse de manquer leur cible en jouant de malchance ! Un alibi de manière à attiser l'expectative pour la prochaine rixe haletante avivée d'une violence incisive. Parmi la drôlerie de leur complicité braillarde, Walter Hill retarde l'altercation pronostiquée pour laisser libre court à leurs discordes et provocations fantaisistes (leur rixe improvisée en pleine rue avant qu'une patrouille de police ne les séparent, l'interrogatoire improvisé par Reggie à la clientèle d'un bar de country ou encore sa requête lubrique invoquée à certaines femmes pour satisfaire sa libido). En flic renfrogné à l'impressionnante carrure, Nick Nolte impose une autorité inflexible avant d'accéder à la loyauté d'accorder du crédit à son coéquipier marginal. Secondé par ce taulard aussi loquace que finaud, Eddie Murphy se délecte spontanément à gouailler son partenaire ainsi que les malfrats avec une verve hilarante.


Au rythme de l'inoubliable thème de James Horner, 48 heures divertit en diable grâce à notre irrésistible tandem de durs à cuire à l'ironie percutante et au professionnalisme de son auteur transfigurant une action décapante. En conjuguant avec extravagance l'action et l'humour, 48 Heures peut aisément se qualifier comme modèle du Buddy Movie

16.07.12. 4èx
B-D

jeudi 19 janvier 2017

Le Beau-Père. Grand Prix de la Critique, Cognac 88

                                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

"The Stepfather" de Joseph Ruben. 1987. U.S.A. 1h30. Avec Terry O'Quinn, Jill Schoelen, Shelley Hack, Charles Lanyer, Stephen Shellen, Stephen E. Miller, Robyn Stevan.

Sortie salles France: 1er Juin 1988. U.S: 23 Janvier 1987

FILMOGRAPHIE: Joseph Ruben est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né en 1951 à Briarcliff, Manor, New-York. 1974: The Sister-in-Law. 1976: Lâche-moi les baskets. 1977: Joyride. 1978: Our Winning Season. 1980: Gorp. 1984: Dreamscape. 1987: Le Beau-Père. 1989: Coupable Ressemblance. 1991: Les Nuits avec mon Ennemi. 1993: Le Bon Fils. 1995: Money Train. 1998: Loin du Paradis. 2004: Mémoire Effacée. 2013: Penthouse North.


Responsable du sympathique Dreamscape, Joseph Ruben renchérit ses ambitions 3 ans plus tard avec le Beau-Père justement récompensé du Grand Prix de la Critique à Cognac. Bien connu des cinéphiles durant la sacro-sainte décennie 80, ce petit thriller horrifique bougrement efficace s'est taillé une aura de culte lors de son exploitation Vhs. Tant pour l'originalité de son intrigue inspirée d'un fait-divers des années 50 que de son ambiance à la fois vénéneuse et débridée quelque peu incongrue. Le PitchObsédé à l'idée de fonder une vraie famille, Jerry Blake est un dangereux sociopathe derrière son masque d'agent immobilier. Alors qu'il vient de trucider sa nouvelle maîtresse et ces enfants, il rejoint une autre contrée afin de fonder un nouveau foyer avec une inconnue divorcée. Mais la fille de cette dernière voit d'un mauvais oeil l'attitude obséquieuse du beau-père. Réalisé avec savoir-faire dans sa faculté d'y distiller une ambiance malsaine sous-jacente autour des extravagances du serial-killer conservateur, le Beau-père constitue une diabolique satire sur le conformisme d'une famille modèle. 


Par sa présence charmeuse faussement affable et rassurante, Terry O'Quinn se délecte à se glisser dans la peau d'un manipulateur aux multiples visages (il change de coiffure et de tenue vestimentaire, s'improvise une moustache pour parfaire une nouvelle identité) et aux pulsions psychotiques difficilement maîtrisables (ses crises d'hystérie dans la cave). Franchement terrifiant lorsqu'il s'attelle à l'acte criminel, l'acteur insuffle un charisme inquiétant assez magnétique à travers son jeu de regard tour à tour cynique, pervers, faussement affable. En belle-fille suspicieuse aussi angoissée que lucide, Jill Schoelen surprend agréablement dans son profil nubile à s'interroger sur sa véritable personnalité en faisant preuve d'une étonnante maturité afin de convaincre son entourage. Avec un peu moins de conviction mais tout à fait à sa place en mère aimante, Shelley Hack (héroïne de la série TV Drôles de Dames) endosse l'épouse candide avec une paisible sensualité avant de s'effrayer de la véritable identité de son amant. Ce qui nous amène vers un final d'une rare violence si bien que Joseph Ruben fait preuve d'un réalisme tranché pour mettre en exergue les confrontations sanglantes entre victimes et bourreau confinés au sein du cocon familial. Une conclusion anthologique véritablement épeurante que les fans de frissons n'ont jamais oublié sitôt le générique clos. 


Portrait craché d'une famille modèle
Alternant l'enquête policière par le biais d'un détective pugnace et les discordes familiales sensiblement anxiogènes, Le Beau-père affiche une étonnante efficacité au fil d'un récit charpenté ponctué de contrecoups abrupts, et ce sans céder à la gratuité d'un gore badin (aussi brutale soit l'iconographie meurtrière ! ). Un thriller insolent habilement réalisé donc (dynamisme du montage en sus) dans une facture ludique de série B et au jeu d'acteurs plutôt détonnant pour l'échange des rapports familiaux compromis par la fourberie, la duperie et le simulacre. 

*Bruno
07.02.23. 5èx. vf

Note (wikipedia): Le film est basé sur l'histoire vraie dans les années 1950 de John List (1925-2008) qui tua sa femme et ses enfants et s'installa dans une autre famille.

Récompenses:
1987 : Festival international du film de Catalogne Meilleure actrice Jill Schoelen
1988 : Festival du film policier de Cognac, Grand Prix de la Critique.

mercredi 18 janvier 2017

LA TAULARDE

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site dunnozmovie.wordpress.com

de Audrey Estrougo. 2016. France. 1h38. Avec Sophie Marceau, Suzanne Clément, Anne Le Ny, Eye Haidara, Marie-Sohna Condé, Carole Franck, Marie Denarnaud.

Sortie salles France: 14 Septembre 2016 (interdit aux - de 12 ans)

FILMOGRAPHIE: Audrey Estrougo est une réalisatrice et scénariste française. 2007 : Regarde-moi. 2008 : Encore un printemps. (documentaire). 2011 : Toi, moi, les autres. 2014 : Une histoire banale. 2016 : La Taularde. 2017 : Héroïnes (mini série - 3 x 52min).


Film choc s'il en est de par son intensité latente puis exponentielle, la Taularde aborde avec un réalisme documenté l'univers carcéral du point de vue féministe. Par amour pour son mari, Mathilde Leroy décide de prendre sa place en prison après lui avoir permis de s'évader. Alors qu'elle tente de s'insérer dans cet univers sans foi ni loi, elle reste sans nouvelles de ce dernier. Sans misérabilisme ni racolage, la réalisatrice Audrey Estrougo nous assène un coup de poing dans l'estomac pour décrire la quotidienneté d'une taularde en remise en question depuis le silence de son époux. En évitant les clichés du genre carcéral mainte fois traités au préalable de manière souvent ostentatoire, Audrey Estrougo parvient à nous immerger dans cet enfer de détention grâce à la personnalité de sa mise en scène proche d'un style de Pialat ! Autant dire que cette réalisatrice plutôt discrète (si bien que j'ignore l'éventuel label de ses oeuvres antécédentes) me parait brillamment douée pour sa maestria d'une caméra inventive (jamais voyeuriste !) en adoptant le parti-pris d'autopsier les profils de détenues sans effet de manche. Par extension, avec une vérité humaine brut de décoffrage !


L'intensité psychologique qui émane des divergences morales entre elles et des surveillantes s'avérant parfois difficilement supportable (bien que l'on énumère une seule séquence brutale quasi suggérée du hors-champs !) alors que son climat malsain, quasi irrespirable, nous jugule de manière sous-jacente. Habituée aux rôles plutôt glamour, Sophie Marceau casse son image docile avec une remarquable sobriété si bien qu'elle s'affiche à l'écran sans fard pour mettre en exergue un jeu viscéral de dégénérescence morale depuis sa désillusion d'un amour tronqué. Le film illustrant avant tout de quelle façon cette détenue en herbe de prime abord taiseuse et courageuse va lentement céder à la révolte, l'infantilisme et à la haine parmi l'influence de son entourage séditieux en quête de reconnaissance et parmi l'autorité arrogante de gardiennes parfois intransigeantes. Outre l'intensité de sa présence à la fois fragile et déterminée (comme celle de se procurer un portable afin de contacter son mari), les autres seconds-rôles qui l'accompagnent ou la molestent s'avèrent tous sidérants d'authenticité, notamment par leur charisme buriné confondant de naturel ! Pour faire simple, on croirait réellement avoir à faire à de réelles détenues purgeant leur peine entre deux claps de tournage ! On peut autant prôner le jeu impérieux des geôlières quotidiennement impliquées malgré elles dans des conflits d'autorité et de caprice entre taulardes si bien que la réalisatrice s'attarde notamment à souligner leur fragilité tantôt dépressive à gérer leur situation professionnelle au sein d'un climat pernicieux.


Descente aux enfers anxiogène dans les tréfonds d'un milieu carcéral exclusivement féminin, La Taularde prend aux tripes et émeut sous le pilier de sa dramaturgie émotionnelle qu'Audrey Estrougo maîtrise avec virtuosité et dextérité dans son souci documenté de dépeindre la déchéance animale de ces détenues. Sans jamais s'apitoyer sur leur sort précaire, La Taularde constitue un cri d'alarme contre toute hiérarchie pénitentiaire si bien que l'on ne sort pas indemne de son amère constat d'échec.  

B-M 

Audrey Estrougo

mardi 17 janvier 2017

POLICE PYTHON 357

                                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

d'Alain Corneau. 1976. France. 2h01. Avec Yves Montand, Simone Signoret, François Périer, Stefania Sandrelli, Mathieu Carrière, Vadim Glowna, Claude Bertrand

Sortie salles France: 31 Mars 1976

FILMOGRAPHIE: Alain Corneau, né le 7 août 1943 à Meung-sur-Loire (Loiret) et mort le 30 août 2010 dans le 13e arrondissement de Paris, est un réalisateur français de cinéma.
1974 : France société anonyme. 1976 : Police Python 357. 1977 : La Menace. 1979 : Série noire.
1981 : Le Choix des armes. 1984 : Fort Saganne. 1986 : Le Môme. 1989 : Nocturne indien. 1991 : Tous les matins du monde. 1995 : Le Nouveau Monde. 1997 : Le Cousin. 2000 : Le Prince du Pacifique. 2002 : Stupeur et tremblements. 2005 : Les Mots bleus. 2007 : Le Deuxième Souffle. 2010: Crime d'amour.


Classique du polar français réalisé par un maître du genre, Police Python 357 continue de nous passionner 40 ans après sa sortie grâce au brio circonspect de sa mise en scène et à l'ossature de son scénario qu'Alain Corneau et Daniel Boulanger ont rédigé avec une science du suspense émoulu. Tombé naïvement sous le charme d'une photographe italienne, l'inspecteur Marc Ferrot se retrouve mêlé à une machination à la suite de la découverte de son cadavre. A partir d'une romance fétide qu'éprouvent indépendamment un flic et un commissaire, l'intrigue vénéneuse convoque une confrontation au sommet lorsque ce dernier dépité par son crime passionnel se résout à culpabiliser son partenaire après avoir honnêtement tenté de se livrer à la police. Par lâcheté donc, il décide in extremis de sauver sa peau grâce à l'influence de son épouse et des preuves qui tendraient à inculper Ferrot durant leur dernier passage chez le domicile de la victime. Parmi l'intensité de ses enjeux humains partagés entre remord, trahison et crainte d'être alpagués, Police Python 357 insuffle l'empathie auprès de l'inspecteur Ferrot s'efforçant durant son cheminement investigateur à démasquer l'assassin de sa maîtresse.


Seulement, ses empreintes laissées par inadvertance sur les lieux du crime vont inévitablement le forcer à déroger à la légalité, quand bien même quelques témoins oculaires lui porteront préjudice lors des confrontations que Ferrot doit prochainement approuver sous sa hiérarchie policière. Dans son rôle de flic infortuné, éperdument amoureux d'une aguicheuse immature, Yves Montand impose sobrement une présence aussi désespérée que vaillante partagée entre douleur, dépit et perte de l'être aimé avant de se compromettre à l'illégalité de dernier ressort. De par sa corruption à falsifier des preuves afin de taire sa fausse culpabilité et sa détermination à identifier le coupable sous l'impulsion d'une légitime défense. En commissaire impliqué dans la tourmente du crime d'amour, François Périer maîtrise un caractère flegme pour sa fonction improvisée d'amant jaloux incité par sa couardise de sacrifier un innocent, quand bien même Simone Signoret provoque une étrange compassion dans sa situation à la fois adultère et véreuse avant de susciter une émotion poignante quant à la tournure dramatique d'un revirement. En adjoint studieux déterminé à boucler l'enquête sous l'autorité de son supérieur Ferrot, Mathieu Carrière exacerbe les enjeux de pouvoir lorsque ce dernier commence à le suspecter sans y déceler l'issue des confrontations tendues.


Polar noir passionnant dans les tenants et aboutissants cérébraux de notre trio maudit empêtré dans une relation d'adultère au vitriol (les spectateurs comprendront d'autant mieux si je me réfère à une séquence clef restée dans les annales !), Police Python 357 est également illuminé par le charisme de sa distribution (à l'ancienne) que Montand domine avec une virilité finalement héroïque, quand bien même le choeur composé par George Delerue continue de nous hanter dans sa tonalité funèbre. Du grand cinéma !

B-M. 3èx

Récompense: Meilleur montage pour Marie-Josèphe Yoyotte, César 77.

vendredi 13 janvier 2017

THE BIRTH OF A NATION. Grand Prix du Jury, Prix du Public, Sundance 2016.

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allociné.fr

de Nate Parker. 2016. U.S.A. 1h59. Avec Nate Parker, Armie Hammer, Mark Boone Junior, Colman Domingo, Aunjanue Ellis, Dwight Henry

Sortie salles France: 11 Janvier 2017. U.S: 7 Octobre 2016

FILMOGRAPHIENate Parker, né à Norfolk le 18 novembre 1979 (37 ans), est un acteur et réalisateur américain.


Applaudi au Festival de Sundance tant et si bien qu'il remporte le Grand Prix du Jury et le Prix du Public, The Birth of a nation relate l'histoire vraie du prêcheur noir Nat Turner qui incita des esclaves noirs à l'insurrection le 21 Août 1831. Alors que l'année dernière l'oscarisé 12 Years a slave avait également abordé le sujet de l'esclavage aux Etats-Unis, et ce bien avant la guerre de sécession, Nat Parker, acteur et réalisateur néophyte, s'avère à mon sens plus sincère dans sa démarche parfois maladroite (beaucoup lui reprochent une réalisation académique !) pour authentifier un personnage historique s'étant forgé sa notoriété auprès d'une idéologie vindicative. Sans céder à la facilité du pathos et de la complaisance pour l'intensité des torture habilement filmées (hors-champs en sus pour certains moments aussi éprouvants), The Birth of a nation captive par petites touches en prenant soin de décrire la destinée de ce prêcheur dont la réputation résonnera jusqu'à l'abolition de l'esclavage.


De son enfance à l'âge adulte, nous nous immergeons dans la quotidienneté de sa condition soumise avant sa prise de conscience de contester des sévices innommables infligés sur des noirs (potentiellement) indisciplinés, et sa nouvelle interprétation des versets de la Bible qu'il dictait instinctivement afin d'apaiser les rancoeurs de ses pairs. Prenant son temps à narrer son histoire, notamment par le biais d'un romance que partage le héros avec une jeune esclave, Nat Parker croit fermement à la progression dramatique de son récit (aussi prévisible soit-il) pour faire naître une émotion empathique jamais programmée (même si on peut parfois juger un brin appuyée son score musical dans la sonorité cérémonielle des choeurs religieux). Au-delà de la puissance émotionnelle du fait divers dénonçant à nouveau la haine et la barbarie du racisme, The Birth of a Nation renforce sa modeste authenticité auprès du jeu dépouillé de seconds-rôles au charisme saillant. Outre le talent de ses derniers communément impliqués dans une opposition ethnique, Nat Parker, acteur, porte le film sur ses épaules dans son témoignage humaniste d'esclave docile peu à peu rongé par une auto-justice qu'une doctrine religieuse finit par lui enseigner (on peut d'ailleurs prêter un brin de métaphore au mouvement punitif de Daesh bien que le porte parole n'est ici en rien fanatisé). Ce qui donne lieu au terme à quelques séquences d'affrontements sanglants modérément chorégraphiés si bien que Nat Parker ne s'attarde pas sur l'aspect homérique du carnage. On peut également souligner le soin formel imparti à sa reconstitution historique (le comté rural de Virginie) éclairé d'une photo limpide et d'un cadre solaire parfois teinté d'onirisme (comme en témoigne les visions mystiques de Nat lors de son introspection morale ou les couchers de soleil voilant les champs de coton).


Inévitablement poignant, intense et bouleversant parmi la juste mesure de séquences intimistes et d'autres révoltantes réalisées avec tact et pudeur (à l'instar de l'humilité du final cruel où la suggestion prime alors qu'on nous évoque l'image d'après un nouvel épisode belliqueux de l'histoire de l'esclavage), The Birth of a nation n'a pas volé ses récompenses à Sundance en dépit d'un certain scandale qui entoure le passé du réalisateur et du scénariste que certaines critiques se sont relayées pour un motif sans doute péjoratif. Il en émane une première oeuvre imparfaite mais autrement sincère et essentielle pour la gravité de son thème si actuel, et rien que pour cela, The Birth of a nation mérite à mon sens la dignité en ces temps médiévaux d'intolérance et de racisme galopant. 

B-M

Spoilers ! La rébellion qui dura presque 48 heures causa la mort de plus de 60 esclavagistes, semant la peur dans tout le pays. En représailles, des centaines d'africains, esclaves ou non, furent assassinés. Le corps de Nat Turner fut écorché et démembré. Sa peau servit à coudre des reliques et sa chair, à faire de la graisse. Ceci afin de décourager les émules. Fin du Spoiler.

Récompenses: Festival du film de Sundance 2016: sélection « U.S. Dramatic Competition »
Grand prix du jury
Prix du public

jeudi 12 janvier 2017

FUTUR IMMEDIAT: LOS ANGELES 1991

                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site lavisqteam.fr

"Alien Nation" de Graham Baker. 1988. U.S.A. 1h31. Avec James Caan, Mandy Patinkin, Terence Stamp, Kevyn Major Howard, Leslie Bevis, Peter Jason, Conrad Dunn.

Sortie salles France: 8 Février 1989. U.S: 7 Octobre 1988

FILMOGRAPHIE: Graham Baker est un réalisateur, producteur et scénariste américain.
1981: La Malédiction Finale. 1984: Impulse. 1988: Futur Immédiat, Los Angeles 1991. 1990: The Recruit. 1991: Ni dieu ni maître (Born to Ride). 1999: Beowulf


Série B mineure d'anticipation musclée qui fit les beaux jours des cinéphiles des années 80, Futur Immédiat: Los Angeles 1991 exploite le Buddy Movie en vogue depuis les récents succès de 48 Heures et de l'Arme Fatale ! Si l'intrigue d'une affligeante banalité (2 flics que tout oppose tentent de remontrer une filière de la drogue) ne réserve aucune surprise quant au cheminement stéréotypé, son centre d'intérêt se trouve dans sa formule impartie aux codes du Buddy Movie. A savoir, la communion d'un duo improbable par le biais du choc des cultures qu'incarnent un flic et un extra-terrestre en initiation amicale. Aussi banal soit son pitch digne d'un épisode d'Hollywood Night, Futur Immédiat... parvient tout de même à apporter une touche d'originalité à travers son thème universel, l'invasion extra-terrestre.


Insérés dans la société américaine depuis quelques années, ces aliens sont toutefois victimes de racisme auprès d'une frange de citadins quand bien même les plus véreux se portent garant pour collaborer à l'odieux trafic d'une drogue aussi addictive que destructrice ! Les consommateurs éprouvant après injection des pulsions de violence démesurées, quand bien même une overdose peuvent les soumettre à une mutation surhumaine ! A la suite de la mort de son collègue lors d'un règlement de compte sanglant avec des braqueurs "aliens", le détective Sykes décide de faire équipe avec l'humanoïde Samuel Francisco afin de faciliter son investigation. Inscrit dans la décontraction et un second degré assumé, Graham Baker accorde beaucoup d'attention à la familiarisation de ce duo policier que forment respectivement James Caan (parfaitement à l'aise dans son rôle bourru de flic irascible mais loyal) et Mandy Patinkin (aussi attachant en adjoint humaniste, studieux et inopinément héroïque !). Quand bien même Terence Stamp, quasi méconnaissable à travers sa trogne volumineuse, leur dispute sobrement la vedette dans une posture égotiste de magnat de la drogue. En dépit de sa minceur narrative, ce B movie agréablement troussé est notamment transcendé par ces réparties (gentiment) cocasses que James Caan se prend malin plaisir à improviser afin de désinhiber son acolyte.


Emaillé de quelques gunfights percutants (son prologue explosif particulièrement jouissif et chorégraphié !) et d'une haletante poursuite automobile, Futur Immédiat: Los Angeles 1991 cultive une irrésistible sympathie dans sa simplicité et son efficacité à jumeler les genres (polar, action, comédie, science-fiction) sous l'autorité d'un duo bonnard très attachant. Tout à fait crédible quant à l'iconographie de nos extra-terrestres implantés sur terre, on peut enfin louer le soin des maquillages (simples mais pleinement convaincants !) issus de l'écurie Stan Winston

B-M

Récompense: Saturn Award du meilleur film de science-fiction, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 1990.

mercredi 11 janvier 2017

THE GIRL WITH ALL THE GIFTS

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site IMDB

de Colm McCarthy. 2016. Angleterre/U.S.A. 1h51. Avec Gemma Arterton, Sennia Nanua, Glenn Close, Paddy Considine, Anamaria Marinca, Dominique Tipper.

Sortie salles Angleterre: 23 Septembre 2016

FILMOGRAPHIEColm McCarthy est un réalisateur et scénariste anglais né le 16 Février 1973 à Edinburgh. Scotland, UK. 2004: Baldy McBain (télé-film). 2010: Outcast. 2016: The Girl with All the Gifts.


Réalisateur néophyte signataire d'un télé-film et d'un long-métrage relativement passé inaperçu (Outcast), Colm McCarthy surprend agréablement avec The Girl With all the Gifts en empruntant brillamment le thème éculé des infectés. Dans un monde dystopique, les membres d'une base militaire tentent de se prémunir contre la menace d'infectés affamés de chair humaine. Dirigeant une petite classe d'enfants contaminés mais doués de conscience et de sensibilité, l'institutrice Miss Justiniau essaie de les éduquer avec l'espoir de les humaniser, quand bien même le docteur Caldwell ne songe qu'à les expérimenter afin de trouver un vaccin qui pourrait sauver l'humanité. Mais l'assaut impromptu d'une armée d'infectés contraignent quelques survivants ainsi que le sujet Mélanie à s'échapper de la base pour sillonner les vestiges du centre urbain. 


Récit d'anticipation horrifique inspirée de 28 jours (et semaines) plus tard, The Girl with all the gifts renoue avec un Fantastique adulte et ambitieux comme on en voit peu dans le paysage conventionnel. Colm McCarthy s'efforçant d'authentifier son contexte post-apo par le biais d'une atmosphère de désolation, quand bien même la ténuité de sa partition envoûtante insuffle une aura poétique assez capiteuse sous l'impulsion d'une héroïne juvénile complexe. Immersif donc pour l'esthétisme blafard de son climat feutré et captivant quant au cheminement de survie que nos héros arpentent fiévreusement, The Girl with all the gifts parvient à renouveler les codes du film d'infectés grâce à des rebondissements habiles ! Telle cette menace inédite d'infection fongique en instance de mutation (une bactérie provenant d'un champignon) puis celle d'une nouvelle génération d'enfants livrés à l'état primitif mais potentiellement aptes à une nouvelle postérité. On est d'autant plus fasciné par la morphologie inhabituelle des infectés, tantôt hiératiques lorsqu'ils sont privés d'odeur humaine, tantôt erratiques lorsqu'une victime s'y trouve à proximité. On est notamment impressionné par le charisme inédit de leur rictus carnassier mimant leur insatiabilité avec une émotion animale ! Outre la vigueur de quelques séquences d'angoisses parfaitement maîtrisées (le soldat dans l'épicerie), The Girl with all the gifts privilégie intelligemment l'étude caractérielle de ses personnages en divergence morale (principalement la biologiste et l'institutrice) sous le témoignage amiteux d'une adolescente futée que Sennia Nanua endosse avec une constance dépouillée (prix d'interprétation féminine à Catalogne !).


Sans jamais se laisser tenter par l'actionner bourrin que nombre de prods horrifiques se sont vulgairement fourvoyées (si on élude ses 20 premières minutes échevelées), The Girl with all the gifts renoue avec un cinéma à l'ancienne (identitaire/intimiste/novateur/climatique) par son parti-pris d'immerger le spectateur dans une aventure humaine aussi pessimiste qu'en demi-teinte. A l'instar de de son épilogue binaire littéralement bipolaire ! Une oeuvre marquante et sensible pour le traitement infligé aux enfants, la plus originale jamais traitée sur le thème rebattu des infectés ! 

B-D

mardi 10 janvier 2017

BLASTFIGHTER, L'EXECUTEUR

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site nanarland.com

de Lamberto Bava. 1984. Italie. 1h29. Avec Mike Miller, Patrick O'Neil Jr, Michael Sopkiw, Valentina Forte, George Eastman, Stefano Mingardo, Ottaviano Dell'Acqua, Michele Soavi.

Sortie salles France: 14 Novembre 1984. Italie: 25 Juillet 1984

FILMOGRAPHIE: Lamberto Bava est un réalisateur et un scénariste italien né le 3 avril 1944 à Rome. Il est le fils de Mario Bava. 1980 : Baiser macabre (+ scénariste) , 1983 : La Maison de la terreur, 1984 : Apocalypse dans l'océan rouge, 1985 : Demons (+ scénariste),1986 : Demons 2 (+ scénariste),1991 : Body puzzle, 1991 : La Caverne de la Rose d'Or : La Princesse Rebelle, 1992 : La Caverne de la Rose d'Or : La Sorcière Noire, 1993 : La Caverne de la Rose d'Or : La Reine des Ténèbres, 1994 : La Caverne de la Rose d'Or : L'Empereur du Mal, 1994 : Desideria et le prince rebelle, 1996 : La Caverne de la Rose d'Or : Le Retour de Fantaghirò, 1996 : La Légende d'Alisea, 1997: La Princesse et le Pauvre, 1998 : Caraibi, 2001 : L'impero, 2006 : Ghost son.


Surfant sur le succès notoire de Rambo, Lamberto Bava nous livre avec Blastfighter sa version transalpine sous couvert de manifeste écolo anti chasse. Après avoir purgé une peine de 10 ans de prison pour s'être fait justice auprès de l'assassin de sa femme, Tiger Sharp retourne dans sa ville natale. Confronté à la provocation de chasseurs sans vergogne, il finit par les brimer lors d'une partie de chasse. Alors que sa fille vient lui régler des comptes pour l'avoir lâchement abandonné après la mort de sa mère, Tiger est contraint de la protéger depuis la rancoeur des braconniers. Ce pitch canonique surfant sur Délivrance et Rambo compile à rythme métronomique un florilège de situations prévisibles entre un héros invincible (Mike Miller, plutôt inexpressif dans son regard azur) et des méchants décervelés ultra caricaturaux.


Adoptant son sujet au sérieux, Lamberto Bava nous livre donc une série Z truffée de maladresses et de clichés par le biais d'un survival haletant. Sur ce dernier point, Blasfighter s'avère plutôt généreux puisqu'il enchaîne sans répit des bravoures homériques fondées sur le principe payant de Rambo. A savoir une chasse à l'homme de longue haleine inscrite dans la déloyauté si bien que notre héros seul contre tous usera de subterfuges pour tenter de s'en sortir vivant. Et pour perdurer dans l'inspiration de Rambo, le cadre forestier des règlements de compte est efficacement exploitée par l'entremise d'un panorama montagneux. Seulement, si la plupart des épigones transalpins du même tonneau continuent de nous amuser et de nous faire vibrer par leur aspect irrésistiblement ringard (humour involontaire en sus), Blasfighter ne possède pas cette même aura, cette même innocence, faute d'une dramaturgie trop appuyée que l'on voit venir à des kilomètres, et d'un manque flagrant d'intensité pour les enjeux de survie (notamment ces rapports sirupeux entre Tiger et sa fille). Néanmoins, les inconditionnels de bisserie d'exploitation devraient sans doute y trouver leur compte grâce à son action en roue libre culminant vers une dernière partie gentiment débridée (l'usage escompté de la fameuse arme révolutionnaire du héros).


Sympathique par son esprit Bis typiquement transalpin (à l'instar de son score entraînant concocté par Tommie Baby) mais beaucoup trop naïf, contracté et prévisible pour combler nos attentes.

B-M

lundi 9 janvier 2017

The Autopsy of Jane Doe

                                                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site IMDB. 

de André Øvredal. 2016. Angleterre/U.S.A. 1h27. Avec Emile Hirsch, Brian Cox, Ophelia Lovibond, Michael McElhatton, Olwen Kelly, Parker Sawyers.

Sortie salles U.S: 21 Décembre 2016

FILMOGRAPHIE: André Øvredal est un scénariste, producteur et réalisateur norvégien né en 1973. 2000: Future Murder. 2004: Bushmann. 2010: The Troll Hunter. 2016: The Autopsy of Jane Doe. 2017: Mortal (en projet).


Révélé par le réjouissant food fountage Troll HunterAndré Øvredal nous revient 6 ans plus tard avec The Autopsy of Jane Doe. Un thriller fantastique d'une belle efficacité, de par son cheminement narratif façonnant un suspense à la fois inquiétant et tendu et la sobriété de comédiens particulièrement cohérents dans leur perplexité à se livrer aux phénomèmes (potentiellement) surnaturels. Exit donc les personnages stéréotypés vulgairement exhibés dans les produits lambdas quand bien même le réalisateur parvient à maintenir l'attention sous l'autorité de ses deux uniques acteurs. Renouant avec un Fantastique adulte autour d'un unité de lieu que n'aurait renié Carpenter (format scope à l'appui), André Øvredal  privilégie lestement la suggestion afin d'attiser notre curiosité témoin des interrogations récursives d'employés d'une morgue.


Synopsis: Alors que de nouveaux cadavres viennent de débarquer dans leur établissement, Tommy et son fils Austin vont de surprises en découvertes lors de l'autopsie d'une jeune femme à la langue coupée. Peu à peu, durant une nuit diluvienne, d'étranges évènements intentent à leur tranquillité au point que ces derniers ne parviennent pas à s'extraire de leur enceinte. 

Ains, sous couvert de thriller à suspense distillant au compte-goutte des indices dénués de raison, André Øvredal parvient à semer inquiétude, doute et anxiété dans l'esprit du spectateur autour d'une scénographie malsaine impartie aux autopsies de cadavre. Ce dernier ne lésinant par sur les zooms de chairs et organes dépecés en éludant miraculeusement tout effet de complaisance. La grande force de The Autopsy of Jane Doe résidant dans sa manière d'y distiller l'angoisse sans fantaisie grand-guignolesque. Et ce par le biais de petits détails bougrement intrigants (le son d'une clochette, le tube d'une radio, une porte qui s'ouvre lentement sans raison, des visions anxiogènes de silhouettes humaines et ce fameux cadavre sans identité). Si bien que la première heure impeccablement structurée est un modèle de suggestion jusqu'à ses confrontations violentes culminant parfois à une dramaturgie aussi rude qu'inique. Sans révéler le fameux thème que le réalisateur exploite avec une évidente originalité, The Autopsy of Jane Doe n'a pas pour prétention de révolutionner le genre mais simplement de nous tailler un solide moment d'angoisse et de mystère palpable au sein d'un huis-clos tributaire de l'inexplicable.


Esthétiquement soigné avec sa photo scope subtilement saturée et nanti d'un savoir-faire technique maîtrisé, André Øvredal étonne une fois de plus à considérer le genre avec respect et humilité sous l'impulsion de deux attachants protagonistes en cohésion parentale. Une excellente surprise donc tirant parti de son potentiel horrifique par sa simplicité à retravailler les codes avec des bouts de ficelle retors.  
*Bruno
3èx. Vost

vendredi 6 janvier 2017

THE DARK

                                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site mavideotek.fr

de John Fawcett. 2005. Angleterre/Allemagne. 1h33. Avec Sean Bean, Maria Bello, Richard Elfyn, Maurice Roëves, Abigail Stone, Sophie Stuckey.

Sortie salles France: 26 Octobre 2005

FILMOGRAPHIE: John Fawcett est un réalisateur américain, né le 5 Mars 1968 à Edmonton, Alberta, Canada. 1997: The Boys Club. 2000: Ginger Snaps. 2001: Lucky Girl (télé-film). 2005: The Dark. 2008: The quality of life. 2006: Issue Fatale.


Passé inaperçu, The Dark porte la signature de John Fawcett, réalisateur de l'excellent Ginger Snaps, film de loup-garou remis au goût du jour. Echec commercial à sa sortie et relativement peu sollicité par la critique, The Dark ne méritait pas un tel desavouement même si de mon point de vue sa dernière partie confuse, voire incohérente, nous laisse sur notre faim avec un sentiment d'inachevé. Adelle part séjourner dans la maison côtière de son ex mari en compagnie de sa fille Sarah. Mais à proximité d'une falaise, un incident grave intente à la vie de cette dernière. Accablés de chagrin et de questionnement, le couple part à sa recherche, Spoil ! quand bien même le fantôme d'une petite fille vient perturber leur investigation Fin du Spoil


Empruntant les thèmes de la hantise, du sacrifice, de la religion et du rituel occulte, The Dark distille une atmosphère de mystère assez vénéneuse sous l'éclairage d'une photo crépusculaire envoûtante et le cadre naturel de vastes paysages côtiers. Nanti d'un suspense latent au fil d'une investigation émaillée d'indices au compte-goutte, The Dark sème le trouble lorsqu'un couple en berne tente de décoder le mystère qui entoure la disparition de leur fille, notamment en apprenant le passé obscur de l'ancien résident de la maison. Spoil ! Un berger obscurantiste en concertation avec les forces de l'au-delà afin d'inciter sa confrérie d'adeptes au suicide collectif. Fin du Spoil. Jalonné de séquences angoissantes et de quelques éclairs de violence intentées sur une âme candide, l'intrigue captive sobrement sous l'autorité de Sean Bean et de Maria Bello, communément convaincants dans leur fonction parentale avide de rédemption. Mais si l'histoire aussi douloureuse que fragile ne manque pas d'intérêt en exploitant un surnaturel écolo, sa dernière partie jonglant entre rebondissements et revirements finit par s'emmêler les pinceaux à force de vouloir nous surprendre. Quand bien même sa conclusion déroutante se clôt sur une note d'amertume qui à mon sens n'avait pas lieu d'être ! Ce qui est donc dommageable car The Dark ne manquait pas de sincérité et d'application à exploiter sans fard le thème de la hantise du point de vue d'un enfant martyr.


Aussi imparfait et inachevé soit son obscur récit, The Dark mérite tout de même le coup d'oeil si bien que cette série B formellement envoûtante ne manque pas d'intensité et d'une certaine originalité (son monde parallèle indicible et le lien morbide conféré aux moutons) pour provoquer inquiétude et angoisse. 

B-M. 2èx

jeudi 5 janvier 2017

TED BUNDY

                                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site emaze.com

de Matthew Bright. 2002. 1h39. Avec Michael Reilly Burke, Boti Bliss, Steffani Brass, Eric DaRe, Tricia Dickson, Matt Hoffman, Tracey Walter.

Inédit en salles en France.

FILMOGRAPHIE: Matthew Bright est un réalisateur et scénariste américain, né le 8 Juin 1952
2003: Tiny Tiptoes. 2002 Ted Bundy. 1999 Freeway II: Confessions of a Trickbaby. 1996: Freeway.


L'expression "tueur en série" est née avec Ted Bundy. Dans les mois précédents son exécution, il recevait plus de 200 lettres par jour de femmes amoureuses de lui. 

Dtv discrètement sorti chez nous en dvd, Ted Bundy est une descente aux enfers que Matthew Bright (auteur du génialement barré Freeway !) retrace avec un souci de réalisme assez rigoureux (images d'archive à l'appui). Epaulé de son acteur Michael Reilly Burke, ce dernier hypnotise l'écran avec une vigueur viscérale dans sa posture sournoise (rictus décontractée en sus !) d'étudiant en droit se complaisant librement aux viols, meurtres en série et rituels macabres (il est nécrophile et décapite parfois ses victimes) ! S'autorisant sans complexe d'observer une fille dévêtue en se masturbant derrière un bosquet ou de grimacer tel un demeuré face au miroir de sa salle de bain, Ted Bundy nous est immédiatement décrit comme un érotomane pathologique, un pervers erratique en dépit de sa romance partagée avec Lee, maman godiche d'une petite fille. Relatant scrupuleusement sur une période de 5 années (1974-1978) ses crimes en série perpétrés à travers 7 états avant son arrestation, son soutien en prison avec une de ses fans, ses 2 évasions et son exécution sur la chaise électrique, Matthew Bright nous glace d'effroi (moral) dans son souci chronologique de répertorier ses exactions crapuleuses sans effets de manche. Avouant finalement à la justice 30 homicides, Ted Bundy aurait été potentiellement signataire de plus de 150 victimes !


Dérangeant et profondément malsain, de par la récurrence des homicides sexuels perpétrés avec une violence bestiale (coups de poing et de matraque assénés en pleine tête !) et de l'aspect macabre des déviances nécrophiles, l'intrigue s'irrigue d'une atmosphère fétide, pour ne pas dire irrespirable sous l'impulsion d'un acteur littéralement possédé par son rôle vicié ! On peut également souligner l'audace du sociopathe séducteur lorsque celui-ci parvient à s'évader sous les yeux de ses geôliers afin de perdurer une nouvelle série de meurtres aussi lâches qu'innommables. Quant au final à la fois dérangeant et inopinément poignant (on s'étonne d'éprouver une réelle compassion face à l'intolérable supplice du condamné !), Matthew Bright nous percute de plein fouet à instaurer une vraie réflexion sur la peine de mort lors des préparatifs du détenu humilié et torturé par les gardiens (ces derniers étant contraints d'obstruer son anus avec du coton pour éviter le flux de selle au moment de la sentence) puis transi de terreur à l'idée de trépasser l'instant d'après sur la chaise. Le réalisateur s'efforçant de dépeindre son chemin de croix avec une intensité émotionnelle à la limite du supportable (la posture infantile d'un Bundy au regard vague !), notamment lorsqu'une assemblée de spectateurs voyeurs osent lui faire face pour contempler avec frigidité son exécution.


Film choc en roue libre soutenu par la sobriété d'un score dramatique poignant, Ted Bundy constitue à mon sens l'un des portraits les plus durs et viscéraux que j'ai pu voir sur pellicule si on occulte les mastodontes inégalés Henry, Maniac et Schizophrenia. Une douloureuse épreuve de perversion morbide aussi fascinante que dérangeante si bien que l'on ne sort pas indemne, notamment pour son sous-texte conféré au réquisitoire anti peine de mort ! (en l'occurrence, l'approche barbare de la chaise électrique). 
Pour public averti