Sortie salles France: 08 avril 1981 U.S.A: 14 janvier 1981
FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage, 1979 : Fast Company, Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone,1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants, 1991 : Le Festin nu, 1993 : M. Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method.
Ce pitch, aussi passionnant que délirant, nous entraîne dans les méandres de la mutation biologique via une enquête mêlant espionnage industriel, horreur viscérale et science-fiction alarmiste. Avec une efficacité métronomique, Cronenberg orchestre un duel mental entre deux entités aux cerveaux hypertrophiés. L'un, Cameron, s'efforce de canaliser ses facultés grâce à l'aide bienveillante de son mentor. L'autre, Revok, ambitionne de créer une nouvelle race de mutants pour imposer sa domination, en exploitant les vertus mutagènes de l'éphémerol.
Dans cette guerre silencieuse où le cerveau devient arme de destruction, se pose la question des origines de leur pouvoir : radiation, mutation, effet secondaire d'un traitement médicamenteux ? En filigrane, Cronenberg dénonce les dérives pharmaceutiques et l'expérimentation sauvage de molécules non maîtrisées. Une résonance troublante avec les scandales médicaux bien réels, tel que celui du Médiator.
Michael Ironside campe un Revok mégalomane, froid et cynique, manipulateur né pour dominer. Face à lui, Stephen Lack impose une présence hagarde, désincarnée, son regard fuyant et sa posture rigide accentuant l'étrangeté de ce héros muré dans le doute. Le duel est d'autant plus poignant qu'il est porté par une tension quasi mystique. Autour d'eux gravitent Jennifer O'Neill, troublante et vulnérable dans la peau d'une télépathe fragile, et Patrick McGoohan, savant ambigu dont la bienveillance apparente masque une responsabilité plus trouble.
Quant à ses visions chocs, Cronenberg signe des moments d'anthologie : cafétéria en transe, hypnose sépulcrale, explosion crânienne culte, et cette idée insensée d'un fœtus télépathe influençant un esprit hostile depuis le ventre de sa mère. Et pour finir, un climax dantesque : affrontement psychique, chaires en fusion, regards embrasés, écorces d'hommes calcinées. Une hallucinante bataille mentale où le corps explose sous l'assaut de l'esprit. Le tout sublimé par les effets spéciaux de Dick Smith, artisan de la désintégration de l'âme et du corps, en dépit de lentilles trop laiteuses.
Un choc sensoriel et métaphysique. Une onde de choc qui résonne encore sous la peau.
Gaïus31.07.18. 5èx24.02.11. (102 vues)