jeudi 24 août 2023

Blade

                                      
                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
 
de Stephen Norrington. 1998. U.S.A. 2h00. Avec Wesley Snipes, Stephen Dorff, Kris Kristofferson, N'Bushe Wright, Donal Logue, Udo Kier, Traci Lords, Sanaa Lathan, Arly Jover, Matt Schulze.

Sortie salles France: 18 novembre 1998 (int - 12 ans). U.S: 21 Août 1998

FILMOGRAPHIE: Stephen Norrington, né en 1964 à Londres, est un acteur, scénariste, réalisateur et spécialiste des effets spéciaux. 1994 : Death Machine. 1998 : Blade. 2001 : The Last Minute. 2003 : La Ligue des gentlemen extraordinaires. 

Considéré aujourd'hui comme culte, Blade n'a pas volé sa réputation d'actionner horrifique optimal tant Stephen Norrington s'efforce de soigner sa série B fastueuse sous le pilier de Wesley Snipes habité par son personnage infortuné. Tant et si bien qu'il s'agit sans conteste du rôle de sa vie tant il s'investit corps et âme avec un charisme crépusculaire aussi distingué que monolithique. Ainsi, à la revoyure 25 ans plus tard; et pour la 4è fois, je reste stupéfiais par la réjouissance des séquences d'action chorégraphiées avec un art consommé du montage ultra dynamique. Si bien que la pyrotechnie (tant auprès des corps à corps que des gunfights) s'avère toujours lisible pour le plaisir du spectateur fasciné par les talents (super)héroïques de notre vampire high-tech. Car outre la simplicité de son scénario à la fois parfaitement charpenté, efficace, inventif, surprenant parfois même, Blade demeure plus subtil, consistant qu'il n'y parait si on y gratte son vernis. Tant auprès des rapports de Blade avec sa mère (chut pour ne pas spoiler !), de sa relation vénéneuse (beaucoup plus étroite qu'elle n'y parait) avec Frost que de son profil sobrement torturé puisque partagé entre la plus-value de sa malédiction afin de mieux combattre le Mal sur le point de parfaire leur prophétie (celle de redonner vie au Dieu des vampires) et son désir irrépressible de redevenir humain avec l'appui du docteur Karen Jenson avec qui il entame une relation fraternelle au grand dam de la romance escomptée à notre surprise. 

Si bien que Blade carbure à l'adrénaline d'une violence décomplexée ne laissant que peu de places aux sentiments. Même la mort d'un des personnages est brièvement dépeinte avec une surprenante froideur, ce qui n'est guère péjoratif car le film se distingue par sa facture badass tout en y instillant un climat fascinatoire d'une modernité gothique. A l'instar de sa splendide photo chrome désaturée, nuancée parfois de couleurs saillantes afin d'afficher une facture formelle aussi personnelle que contemporaine. Et si on peut sans conteste déplorer aujourd'hui la médiocrité de certains FX en CGI (l'aspect cartoon fait tâche), l'action demeure si jouissive, exubérante et surtout homérique pour pardonner assez facilement ses artifices sous l'impulsion d'une musique techno évidemment punchy. D'ailleurs son prologue anthologique confiné dans une boite de nuit ensanglantée est resté dans toutes les mémoires des fans, tant auprès de son effet de surprise que pour l'attrait fulgurant de son horreur redoutablement épique, débridée, décomplexée. On peut enfin saluer les aimables présences de nos vétérans Udo Kier et Kris Kristofferson dans des seconds-rôles assez denses et expressifs, ce qui renforce la carrure élitiste de ce métrage unissant ancienne et nouvelle génération avec une expansivité toute à la fois provocatrice (les vampires juvéniles) et responsable (d'autres vampires ascendants puis nos héros redresseurs de tort).

Gros film d'action mené sans temps morts alors qu'il affiche une durée substantielle de 2h00, Blade dégage une énergie et une insolence contagieuses sans jamais se vautrer dans la facilité de règlements de compte itératifs eu égard de l'habileté de son pitch faisant notamment honneur à ses personnages clinquants. Quant à Wesley Snipes, il vampirise l'écran en mastard ténébreux quasi indestructible si bien que jamais plus il ne retrouvera cette aura ensorcelante lors de ses futurs projets mainstream.
 
*Bruno
4èx

Ci-joint la chronique de Blade 2http://brunomatei.blogspot.fr/2012/10/blade-2.html

jeudi 17 août 2023

Le Mal par le Mal / Band of the Hand

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site notrecinema.com

de Paul Michael Glaser. 1986. U.S.A. 1h49. Avec Stephen Lang, Michael Carmine, Lauren Holly, John Cameron Mitchell, Danny Quinn, Leon.

Sortie salles France: 20 Août 1986. U.S: 11 Avril 1986

FILMOGRAPHIE: Paul Michael Glaser est un acteur et réalisateur américain, né le 25 Mars 1943 à Cambridge, Massachusetts. 1986: Le Mal par le Mal. 1987: Running Man. 1992: Le Feu sur la Glace. 1994: The air up there. 1998: Kazaam. 


A condition de faire preuve d'indulgence, de recul et exclusivement réservée à la génération 80, Le Mal par le Mal est une sympathique curiosité que l'acteur Paul Michael Glaser réalisa pour son 1er essai derrière la caméra. En dépit d'un pitch basique à la fois improbable, naïf, régressif et contradictoire (de jeunes délinquants sont enrôlés dans un centre (expérimental) de redressement en guise de réinsertion sociale, et ce avant de devenir malgré eux des justiciers expéditifs à la suite de la mort de l'un d'eux); Le Mal par le Mal joue la carte décomplexée de la bande dessinée au fil d'un cheminement narratif davantage belliqueux lorsque nos délinquants en roue libre se transforment en Rambo pugnaces lors de séquences d'action plutôt funs, spectaculaires, chorégraphiées avec soin et talent. 


Qui plus est, et en dépit de leur posture tantôt chieuse, tantôt irritante (principalement lors de leur apprentissage dans un milieu naturel sauvage); nos personnages juvéniles demeurent suffisamment attachants, humanistes, vaillants à travers leur unité amicale pour pardonner les quelques longueurs qui empiètent le récit. Notamment en se focalisant sur quelques séquences clipesques supervisées par Michael Mann (ici producteur) dont on reconnaît bien là son goût pour les envolées lyriques envoûtantes héritées du 6è Sens sorti la même année ! Accompagné d'une BO pop/rock souvent entêtante ou aérienne, le Mal par le Mal assume pleinement son côté divertissement décérébré tout en suggérant en filigrane une réflexion sur la réinsertion des délinquants par le biais d'une épreuve de force militariste qui pourrait porter ses fruits si certains gouvernements oseraient la mettre en pratique de nos jours. Ainsi, finalement, et avec une grosse louche de délire et de dérision, le Mal par le Mal demeure tristement actuel pour tenir lieu de son constat avant-gardiste imparti à la guerre de la drogue et de ses trafiquants criminels imposant toujours plus leur mainmise auprès d'une population servile.


*Bruno

lundi 14 août 2023

La Prémonition

                                                 
                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site humungus-cinebisart.blogspot.com

de Robert Allen Schnitzer. 1975. U.S.A. 1h33. Avec Sharon Farrell, Richard Lynch, Jeff Corey, Chitra Neogy.

Sortie sales U.S: 21 novembre 1975 (Jackson, MS, premiere). 19 mai 1976 (New York City, New York)

FILMOGRAPHIE: Robert Allen Schnitzer est un réalisateur et producteur américain. A Man Called... Rainbo 1990. Kim Evenson and Charles Laulette in Kandyland (1988). The Premonition (1975). Rebel (1973)


Introuvable, oubliée, extrêmement rare, La Prémonition (sorti à l'époque en Vhs chez Embassy mais inédit en salles chez nous) est une étrange curiosité conjuguant mystère, drame, policier, suspense, ainsi qu'une pointe d'horreur d'après les thématiques de la télépathie, des hallucinations et de la parapsychologie lorsqu'une mère et sa ravisseuse vont entamer une liaison occulte. Jude et Andrea étant un couple en perdition puisque délibéré à procéder au kidnapping d'une fillette pour des motifs que nous connaîtrons un peu plus tard. Etonnamment bien interprété auprès de comédiens méconnus, si on excepte Sharon Farrell (le Monstre est Vivant) qui vient de nous quitter et l'étonnant Richard Lynch, et réalisé avec une certaine efficacité, la Prémonition vaut le détour pour son étrangeté quasi indicible. Sa façon agressive d'y provoquer l'hostilité par des visions d'effroi assez malaisantes (épaulées d'un judicieux travail sur la bande-son) et ses interrogations sans réponse, comme le souligne son final équivoque que certain(e)s pourraient peut-être trouver un brin ridicule (la victime interprétant un air de piano en pleine rue pour tenter d'attirer sa fille par l'entremise d'une experte en parapsychologie), nous suscitant l'attention jusqu'au générique. 


De par son climat de bizarrerie constant (notamment auprès de la profession du kidnappeur Jude appartenant à la communauté de forains au sein d'un cirque), la présence inquiétante de Danielle Brisebois en maman éplorée fraichement sortie de psychiatrie pour sombrer dans une détresse maternelle préjudiciable, la compagnie saillante de Richard Lynch, traditionnellement envoûtant en clown imprévisible par ses humeurs versatiles, La Prémonition séduit en toute simplicité narrative en dépit de son bâclage imparti aux thèmes de la télépathie et des prémonitions traitées de manière (sciemment) elliptiques. Peut-être afin de mieux provoquer incompréhension, doute et angoisse à travers son ambiance hermétique plutôt palpable. Ajoutez à cela cette fameuse texture granulée et documentée tributaire de l'époque cinématographique des Seventies et vous obtenez un OFNI ineffable émaillé de situations aussi aléatoires que saugrenues (notamment auprès de la tentative d'enlèvement nocturne dans la chambre de la victime).


Sharon Farrell décédée le 15 mai 2023 (mais annoncé en Août).

Remerciement à Ciné-bis-art pour leur copie Dvd de bonne qualité. 

*Bruno

vendredi 11 août 2023

Cracks

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jordan Scott. 2009. France/Irlande/Angleterre. 1h44. Avec Eva Green, Juno Temple, María Valverde, 
Imogen Poots, Ellie Nunn.

Sortie salles France: 30 Décembre 2009. U.S: 18 Mars 2011

FILMOGRAPHIE: Jordan Scott, née le 7 octobre 1977 à Borough londonien de Merton, en Angleterre, au (Royaume-Uni), est une réalisatrice, scénariste, actrice et romancière britannique. 2002 : Never Never. 2005 : Les Enfants invisibles (co-réalisatrice avec Ridley Scott). 2009 : Cracks. A venir: Berlin Nobody.


Il y a des surprises que l'on ne voit pas arriver, des films que l'on se décide à tenter au moment propice, comme si tout était tracé d'avance par notre force intuitive, comme si toutes nos actions (coordonnées) n'étaient finalement pas le fruit du hasard. Si bien que Cracks est venu à moi tel un uppercut émotionnel dont je n'imaginais guère l'impact traumatique qu'il aurait pu causer sur ma psyché torturée. Tant et si bien que Cracks n'a cessé de m'interpeller sur la complexité de ces jouvencelles gouvernées par une professeur à la fois ferme, ambitieuse, bienveillante, persuasive, anticonformiste de par son désir d'émancipation féminine qu'Eva Green cultive avec une force tranquille étrangement vénéneuse, équivoque, indéchiffrable. Et ce afin d'influencer ces élèves d'offrir le meilleur d'elles mêmes en creusant toujours plus loin leur "désir" (doctrine chère enseignée par leur professeur) du surpassement. Un rôle taillé sur mesure pour l'actrice souvent sulfureuse, son meilleur rôle à l'écran selon un bouche à oreille massif que je suis incapable de contredire tant elle m'a retourné les neurones avec une vigueur contenue, une retenue glaciale à couper au rasoir. Son jeu sobrement ambigu entretenant incessamment le doute, le questionnement, la réflexion sur ses actions, ses postures décomplexées toutefois respectées et ses prises de décision discutables, voires étonnamment irresponsables. 


Une personnalité apatride si j'ose dire durant une bonne partie de métrage, jusqu'à ce que la réalisatrice (fille de l'émérite Ridley Scott !) se décide à éclaircir peu à peu les zones d'ombres auquel nous nous passionnons avec une immersivité davantage éprouvante. On songe d'ailleurs parfois un peu à Picnic à Hanging Rock et à Virgin Suicides pour la scénographie onirique (magnifiquement cadrée) de ces jeunes filles vierges en accord avec une nature candide, sereine, édénique. Notons au passage ses magnifiques décors naturels probablement Irlandais (info à vérifier) que nos protagonistes juvéniles étreignent du fond d'un lac (avec de splendides plongeons au ralenti) ou à proximité du bois ou d'une clairière. Le récit contemplatif décrivant dans une mesure dépouillée la quotidienneté d'un pensionnat de jeunes filles, une école d'élite concourant à la natation, jusqu'à ce qu'une jeune recrue, Fiamma, aristocrate surdouée, débarque et bouleverse leur équilibre amical. Impossible ici d'aller plus loin, d'y déflorer ses thématiques, d'y dévoiler ses ruptures de ton pour ne pas ébruiter d'indices. Cracks se déclinant en expérience cinématographique inusitée. Un moment de cinéma éthéré plein de poésie, de sensibilité, de fragilité et de gravité. Une fine étude psychologique tournant autour de la jalousie, de l'élitisme et la rancune que je peux dévoiler sans spoiler puisque les 10 premières minutes nous avertirent déjà de la rivalité féminine qui se déroulera face à notre regard tour à tour charmé, dérangé,  perplexe, empathique, piégé, souffreteux, tel l'animal tentant de s'extirper du piégeage en se dévorant la patte en désespoir de cause. Une oeuvre maudite inoubliable qui me hantera jusqu'au dernier souffle.

*Bruno

lundi 7 août 2023

Sans pitié / No Mercy

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
 
de Richard Pearce. 1986. U.S.A. 1h48. Avec Richard Gere, Kim Basinger, Jeroen Krabbé, George Dzundza, William Atherton, Gary Basaraba 
 
Sortie salles France: 19 décembre 1986 (U.S) / 1er mars 1987 (France)
 
FILMOGRAPHIE: Richard Pearce est un réalisateur, directeur de la photographie et producteur américain né le 25 janvier 1943 à San Diego, Californie (États-Unis). 1979 : Heartland. 1981: Threshold. 1984 : Les Moissons de la Colère. 1986 : Sans pitié (No Mercy). 1990 : Le Chemin de la liberté (The Long Walk Home). 1992 : En toute bonne foi (Leap of Faith). 1996 : La Couleur du destin (A Family Thing). 2003 : La Route de Memphis (Histoire du blues produit par Martin Scorsese Presents).
 

Policier oublié des années 80, qui plus est peu valorisé par la critique de l'époque, Sans Pitié est et restera depuis ma révision de ce soir un excellent divertissement bourré de charme en la présence hyper attachante du duo torride Richard Gere / Kim Basinger. Le couple symptomatique des eighties ne débordant jamais (ou si peu si on épargne quelques cris inutiles de Kim lors d'hostilités meurtrières) à travers leur rivalité qu'ils se partagent dans l'épreuve de force et de survie. Avec en intermittence, des accalmies romanesques à la fois franchement émouvantes et envoûtantes quant au profil fragile imparti à l'escort-girl brisée par un passé orphelin qu'Eddie commence peu à peu à comprendre en dépit de son machisme gouailleur. Richard Gere se fondant sans ambages dans le corps du flic téméraire avec une force d'expression à la fois arrogante, obtuse, pugnace (mâchoire serrée en sus) mais aussi clémente et libératrice. 


N'ayant d'autre ambition que de divertir en bonne et due forme, Richard Pearce (les Moissons de la Colère) sait doser efficacement action, suspense et romance parmi la sobriété de ce couple glamour tentant de s'opposer ardemment à leurs assaillants tout en apprenant à s'apprivoiser avec parfois une poignante dimension humaine. Entre rancune, constance, mélancolie passéiste et désabusement. Et si l'intrigue simpliste demeure sans surprise, l'efficacité du récit ne laisse aucune place à l'ennui si bien qu'elle reste accrocheuse jusqu'au violent règlement de compte final à la tension palpable. On peut enfin relever l'aspect un brin fantasmatique de sa scénographie particulièrement soignée, tant auprès de la ville nocturne de Chicago que de la nature humectée du Bayou filmée de manière presque sensorielle que les années 80 ont su si bien parfaire avec amour du genre sous l'impulsion (ici) du score d'Alan Silvestri qui devrait ravir les nostalgiques.


Un excellent divertissement donc qui en prime d'y cultiver suspense, action et angoisse de façon haletante possède un coeur pour nous attendrir auprès d'une romance fragile à la sensibilité franchement communicative. Ce qui s'avère d'ailleurs peut-être la plus grande réussite du métrage que d'avoir su mettre en exergue en filigrane cette intensité émotionnelle que nous n'avions pas vu venir au fil de son cheminement classique. Et bon sang, quelle classe ténue cette Kim Basinger en femme fatale sentencieuse, qui me manque tant aujourd'hui ! 

Merci Jean-Marc Micciche.

*Bruno
2èx

mardi 1 août 2023

Dalva. Prix FIPRESCI de la Semaine de la critique / Prix Rails d'or / Prix de la Révélation de la Semaine de la critique pour Zelda Samson

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
 
de Emmanuelle Nicot. 2022. France/Belgique. Avec Zelda Samson, Alexis Manenti, Fanta Guirassy, Marie Denarnaud, Jean-Louis Coulloc'h, Maïa Sandoz.

Sortie salles France: 22 Mars 2023.

FILMOGRAPHIE: Emmanuelle Nicot est une réalisatrice et scénariste française, née le 18 novembre 1985 à Sedan (Ardennes). 2022: Dalva. 

L'inacceptable n'est pas que dans les mots et les gestes, il est dans les situations assumées qu'on refuse de remettre en question, qu'on refuse de changer.

Auréolé de 3 prix à Cannes et à Namur ainsi qu'une récompense à Sao Paulo alors qu'il s'agit de la première oeuvre de la réalisatrice Emmanuelle Nicot et du tout premier rôle de l'actrice Zelda Samson (âgée de 12 ans), Dalva dégage une forte émotion à travers la thématique dérangeante de l'inceste impartie à la perte de l'innocence. Le récit illustrant scrupuleusement le parcours introspectif de Dalva tout juste placée en centre d'accueil par un juge à la suite d'abus sexuels perpétrés par son père. Placé sous le signe de la suggestion, comme l'illustre le violent prologue uniquement bâti sur le hors-champs sonore, Dalva dégage une délicate et douloureuse empathie lorsque la victime sous emprise des déviances (im)morales de son père tente de le préserver coûte que coûte par amour paternel. Car littéralement perturbée et endoctrinée d'avoir trop longtemps cédé à ces avances pour y admettre leur relation interdite, Dalva s'efforce de se raccrocher à l'affection de son bourreau en dépit des consignes censées de son éducateur s'efforçant de la ramener à la raison dans sa situation autrefois soumise. 

Or au fil de ses difficiles relations amicales avec celui-ci (un peu brutal et drastique par moment) et sa co-locataire marginale Samia, séparée d'une mère prostituée, Dalva va peu à peu réapprendre à vivre dans son corps d'ado en voie de réconciliation avec une vie sociale autrement plus conventionnelle et rédemptrice au sein de son centre d'accueil où de jeunes ados tentent peu à peu de se reconstruire malgré leur perte de repère, leur douleur interne d'avoir été brutalement séparés de leurs parents. Ainsi donc, au-delà de l'interprétation sans fard de Zelda Samson d'une fragilité à fleur de peau par son regard innocent plein de doute, d'humanité, de rancoeur, de rébellion, de sagesse enfin par son éveil de conscience, la réalisation d'Emmanuelle Nicot est un sacerdoce à ne forcer jamais le trait de la sinistrose ou du pathos au coeur d'un sujet aussi polémique ici traité avec pudeur et finesse par son réalisme attentionné. Notamment par la plus-value du non-dit auprès de plans serrés sur les visages sobrement expressifs que la réalisatrice s'attarde pour y extraire une acuité sensorielle. Le spectateur témoignant du quotidien incertain de Dalva (et sa métamorphose physique) entre appréhension, espoir, compassion au fil de son évolution morale peu à peu fructueuse en dépit de ses incartades influencées par des camarades curieux du goût de l'interdit (beuveries, cigarettes) en lieu et place de délivrance. 

D'une grande sensibilité auprès de la présence angélique de Zelda Samson évoluant face à nous dans une force expressive subtilement ambigüe mais toujours rattrapée par l'apprentissage du discernement, Dalvia bouleverse inévitablement sans complaisance sous la mainmise de la suggestion et du refus d'une provocation mal placée. Une première oeuvre magnifique donc, salutaire, qui laisse des traces dans l'encéphale et qui, surtout, nous aide à mieux comprendre les tenants et aboutissants de cette improbable relation entre victime et bourreau communément impliqués dans une tendresse tendancieuse dénuée d'éthique. Dur et cruel mais nécessaire et positif car d'utilité publique.

*Bruno

Récompenses:

    Festival de Cannes 202213 :
        prix FIPRESCI de la Semaine de la critique
        Prix Rails d'or
        Prix de la Révélation de la Semaine de la critique pour Zelda Samson

    Festival international du film francophone de Namur 202217 :
        Prix de la Découverte
        Prix de la meilleure interprétation pour Fanta Guirassy
        Prix du jury junior

    Festival international du film de São Paulo 2022 : prix de la meilleure actrice pour Zelda Samson

vendredi 28 juillet 2023

Chien de la casse. Prix du Public, Angers 2023.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jean-Baptiste Durand. 2023. France. 1h33. Avec Anthony Bajon, Galatéa Bellugi, Raphaël Quenard, Dominique Reymond, Bernard Blancan.

Sortie salles France: 19 Avril 2023

FILMOGRAPHIEJean-Baptiste Durand est un réalisateur, scénariste et acteur de cinéma français né le 15 octobre 1985 à Antibes (06). 2023 : Chien de la casse. Prochainement: L'homme qui avait peur des femmes. 


Un hymne à l'amitié chez la génération périurbaine.
Comédie dramatique sociale illustrant la dissension amicale de deux acolytes périurbains aux caractères antinomiques, faute de l'intrusion d'une jeune fille dont le plus introverti en tombe amoureux, Chien de la casse est une première oeuvre sidérante de maîtrise. Un coup de coeur couronné de trois prix (à l'heure où j'imprime mes impressions personnelles) rappelant le cinéma de CorneauPialat, Claude SautetBruno Dumont de par l'authenticité de son vérisme documenté au sein d'une scénographie rurale touchée par le chômage, la petite délinquance, la solitude, le mal-être. Une véritable révélation en la personne de son auteur Jean-Baptiste Durant tant habité à tailler sur pellicule son histoire profondément humaine et de son acteur vedette Raphaël Quenard crevant l'écran à chacune de ses apparitions. A l'instar d'un Patrick Dewaere à ses prémices, toute proportion gardée, de par sa force tranquille et de sureté. C'est dire si ce dernier désarmant de spontanéité à travers son autorité écorchée s'avère brut de décoffrage dans sa posture de grand frère un poil trop orgueilleux auprès de son franc-parler parfois offensant (euphémisme, la séquence dérangeante du resto, rupture de ton narrative pour une seconde partie plus douloureuse et amère). Sans compter sa susceptibilité pathologique (tant auprès de ses amis que de sa mère) faute de son complexe d'infériorité qu'il n'ose dévoiler à lui même et aux autres. 


Surtout lorsqu'il s'adresse à son partenaire de toujours Dog endossé par Anthony Bajon dans sa présence chétive autrement timorée, taiseuse, sentencieuse, effacée. Et ce sans nullement sombrer dans la caricature auquel il aurait pu se morfondre si bien qu'il crève également l'écran auprès de son mal-être existentiel perméable que l'on subi avec tendre empathie mais aussi parfois une gêne tacite dans son incapacité à s'exprimer. Et si sur le papier, le pitch d'une banalité confondante avait de quoi faire fuir le plus clément des producteurs (alors qu'ici c'est une femme qui s'y est collée), Jean-Baptiste Durant le transcende en toute quiétude en tablant sur la caractérisation psychologique de ses personnages évoluant face à nous comme si nous étions parmi eux en interne de l'action davantage acrimonieuse. Des profils complexes (et complexés !) que l'on observe donc avec une infinie attention, les personnages s'efforçant malgré eux de communiquer, de crier leur malaise, leur solitude, entre maladresses, intimidations et provocations autoritaires lorsque Mirales, jaloux de cette rivalité amoureuse, continue d'asseoir sa mainmise avec un égoïsme aussi cruel qu'émouvant. 


“Une amitié qui peut résister aux actes condamnables de l'ami est une amitié.”
C'est donc cette profonde humanité désarmante de naturel qui fait la plus-value de cette oeuvre intimiste que d'observer ses marginaux pétris d'utopie, de bonnes intentions et de furieux désir de vivre, d'aimer dans leur fonction esseulée incertaine. Chien de la casse nous illustrant avec une vibrante humanité torturée la puissante (autant que houleuse) amitié d'un tandem (rigoureusement) contradictoire se déchirant corps et âme à crier leur amour l'un pour l'autre (y'a t'il une homosexualité refoulée chez Mirales ?). Les interprètes communément transis de vécu crevant l'écran (et l'abcès) auprès d'une force expressive contagieuse. Dans la mesure où lorsque apparait le générique de fin nous regrettons amèrement de les avoir déjà quittés, même si on se rassure de leur dessein plausiblement optimiste. Sans réserve un des grands films de 2023, en espérant que ces nouveaux talents surgis de nulle part continuent d'explorer le paysage cinématographique français avec autant de sincérité explosive.

*Bruno

Récompenses
Festival Premiers Plans d'Angers 2023 : Prix du Public.
Festival La Ciotat Berceau du cinéma 2023 : Lumière d'or et double prix d'interprétation masculine pour Raphaël Quenard et Anthony Bajon
Festival de Cabourg 2023 : Swann d'or du meilleur premier film et Swann d'or de la révélation masculine pour Raphaël Quenard

mercredi 26 juillet 2023

Straight on till morning

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Peter Collinson. 1972. Angleterre. 1h39. Avec Rita Tushingham, Shane Briant, James Bolam, Katya Wyeth, Annie Ross, Tom Bell.

Sortie salles Angleterre: 9 Juillet 1972

FILMOGRAPHIE: Peter Collinson est un réalisateur anglais, né le 1er avril 1936 à Cleethorpes (Angleterre), décédé le 16 décembre 1980 à Los Angeles (Californie).1963 : Blackwater Holiday (doc). 1967 : La Nuit des alligators. 1968 : Les Bas Quartiers. 1968 : Un jour parmi tant d'autres. 1969 : L'or se barre. 1970 : Les Baroudeurs. 1971 : La Peur. 1972 : Straight on Till Morning. 1972 : Nid d'espions à Istanbul. 1973 : Les Colts au soleil. 1974 : La Chasse sanglante. 1974 : Dix petits nègres. 1975 : La Nuit de la peur. 1976 : Le Sursis. 1977 : Un risque à courir. 1978 : Demain, la fin ou La Rage au cœur. 1980 : Australia Kid.

C'est une réelle curiosité expérimentale que nous propose la Hammer Film par l'auteur du classique maudit La Chasse Sanglante (on désespère d'une sortie BR !), Peter Colinson. Très peu connu du public, inédit en salles dans nos contrées et rarement cité auprès des aficionados, Straight on till morning se décline en huis-clos domestique un tantinet psychédélique si je me réfère aux 20 minutes liminaires festoyantes et à son montage épileptique alternant deux séquences distinctes (voirs 3 par moments) de manière furtive, pour ne pas dire agressive. Tant et si bien que de prime abord il m'eut été difficile de me familiariser à cette romance schizo auquel un célibataire utopiste (il refuse de grandir, de travailler, d'entreprendre quelconque projet) multiplie les conquêtes féminines en s'efforçant d'y dénicher le physique standard. Dans la mesure où Peter (allusion à Peter Pan), victime de sa beauté physique, ne supporte plus les cagoles d'un soir à la posture aussi sexy qu'orgueilleuse. 

Or, un jour, il fait la connaissance de Brenda, jeune fille immature et influençable, venant tout juste de quitter son cocon, faute d'une maman bigote monoparentale. Au fil de leur relation amoureuse que l'on nous illustre de manière à la fois interlope et déroutante, avec parfois cette tendance d'y privilégier le montage bicéphale moins irritable, la dinette vire au cauchemar relationnel. Avec, en intermittence, trois séquences horrifiques expérimentales assez perturbantes et épeurantes, de par une très habile utilisation auditive résolument terrifiante, dérangeante, malaisante, plutôt que de céder aux sirènes du gore graphique. Cependant,  Straight on till morning a du mal à captiver à travers son ambiance atypique quasi ineffable, à l'aune de son cheminement narratif assez prévisible et conté de manière si personnelle, même si notre curiosité reste en éveil jusqu'au générique de par l'excellence de l'acting infiniment convaincant. Et c'est bien là la plus grande qualité du métrage que de tabler sur le duo galvaudé Rita Tushingham (au physique fort particulier dans son corps de femme enfant aux yeux azurs) / Shane Briant  particulièrement magnétique dans leurs postures dégingandées de grands gamins borderline inévitablement livrés à la déroute conjugale. 

A réserver toutefois à un public averti dans la mesure où son climat hermétique peu affable et amiteux, risque de déplaire à une frange de spectateurs. C'est d'ailleurs probablement le métrage le plus bizarroïde que j'ai pu voir au sein de la firme Hammer qui tentait ici de se redorer le blason à l'orée des Seventies.

*Bruno

mardi 25 juillet 2023

Les Démons de l'Esprit / Demons of the Mind

                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Peter Sykes. 1972. Angleterre. 1h35. Avec Gillian Hills, Robert Hardy, Patrick Magee, Michael Hordern, Shane Briant

Sortie salles France: 20 Septembre 1973. Angleterre: 5 Novembre 1972

FILMOGRAPHIEPeter Sykes est un réalisateur et scénariste australien né le 17 juin 1939 à Melbourne (Australie) et mort le 1er mars 2006. 1968 : The Committee. 1971 : Venom. 1972 : Les Démons de l'esprit (Demons of the Mind). 1973 : The House in Nightmare Park. 1973 : Steptoe and Son Ride Again. 1976 : Une fille... pour le diable (To the Devil a Daughter). 1979 : Jesus. 

Dommage que cette rareté oubliée issue de la firme Hammer ne soit pas reconnue par les critiques, voire même aussi du public si on excepte une poignée d'irréductibles dont je fais indubitablement parti après l'avoir revu une seconde fois avec beaucoup de plaisir. Car si effectivement l'oeuvre rigoureusement inquiétante pâtie d'un scénario à la fois mal structuré et (sciemment) confus, les Démons de l'esprit oppose efficacement horreur gothique séculaire et horreur psychologique autrement contemporaine par le truchement de la psychanalyse. D'ailleurs, cette confusion narrative partant un peu dans tous les sens permet toutefois d'insuffler un climat d'étrangeté prégnant qui ne nous lâche pas d'une semelle jusqu'au final révélateur d'une grande violence graphique (pour l'époque et pour une prod Hammer). Peter Sykes  dénonçant assez intelligemment, et dans une étonnante ambiance malsaine quasi indicible (on peut aussi rappeler que Peter Sykes récidivera dans l'inconfort licencieux avec le sulfureux Une Fille pour le Diable), les thématiques épineuses du fanatisme religieux, de l'inceste, du patriarcat et des superstitions parmi l'autorité d'un père de famille en berne s'efforçant d'emprisonner son fils et sa fille à la suite du suicide de son épouse dépressive. 

Or, incapable de surmonter la perte de l'être aimé, celui-ci se venge inconsciemment sur ses progénitures afin de punir son épouse défroquée (elle qui osa le blasphème du suicide), victime selon lui d'une malédiction démoniale. Par conséquent, en y faisant intervenir un praticien aux méthodes archaïques mais en voie de remise en question morale, les Démons de l'Esprit  y suggère une société en mutabilité de par l'éveil de conscience de mentalités plus ouvertes (notamment auprès d'un second médecin en herbe autrement perspicace, clément, lucide et rationnel s'attachant particulièrement au sort précaire d'Elisabeth, soumise et droguée) en dépit des coutumes moyenâgeuses des villageois d'accomplir une justice expéditive rigoureusement barbare. Outre sa superbe photo mettant en valeur les décors naturels oniriques ainsi que le manoir de Wykehurst Park, Les Démons de l'esprit est renforcé de la qualité de son interprétation. Tant auprès de ceux endossant les éléments perturbateurs, des villageois tributaires de l'affres du Mal que des enfants démunis de Zorn nous interrogeant fréquemment sur leur personnalité sciemment ambivalente. 


Egalement teinté de surréalisme par la fantasmagorie du rêve, de l'intuition et des hallucinations auprès de cette filiation plausiblement maléfique, les démons de l'esprit est à découvrir avec vif intérêt. Si bien qu'il s'agit d'une oeuvre horrifique étonnamment moderne d'après son cadre rétro, tout en étant déconcertante, équivoque sous le pilier d'un réalisme obscur à la violence parfois crue. 

*Bruno
2èx. Vostfr.

lundi 24 juillet 2023

The last Starfighter

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Nick Castle. 1984. U.S.A. 1h40. Avec Lance Guest, Dan O'Herlihy, Catherine Mary Stewart, Robert Preston

Sortie salles France: 5 Juin 1985

FILMOGRAPHIE: Nick Castle est un scénariste, acteur et réalisateur de film américain né le 21 septembre 1947 à Los Angeles (Californie, États-Unis). 1982 : T.A.G.: Le Jeu de l'Assassinat (Tag: The Assassination Game). 1984 : Starfighter (The last starfighter). 1986 : La Tête dans les nuages (The Boy Who Could Fly). 1987 : Histoires fantastiques (Amazing Stories) (Série TV) : (Saison 2, épisode 15 : Lucy). 1989 : Tap. 1990 : Shangri-La Plaza (TV). 1992 : Denis la Malice (Dennis the Menace). 1995 : Major Payne. 1996 : Mr. Wrong. 2001 : Delivering Milo. 2001 : 'Twas the Night (TV). 2003 : The Seat Filler. 2006 : Connors' War (Vidéo). 

Petit classique de la science-fiction des années 80 conçu pour émerveiller les ados à travers son sujet utopiste (un ado est recruté par un émissaire pour combattre dans l'espace de méchants E.T après avoir atomisé le score de son jeu-video "Starfighter"), The Last Starfighter demeure un divertissement bonnard que la génération 80 reverra sans doute la larme à l'oeil. Emaillé de maladresses, ultra prévisible, naïf et surtout desservi d'FX en images de synthèse obsolètes; The Last Starfighter dégage pour autant un évident charme attractif auprès de son concept débridé, à l'instar de toutes ses séquences "féeriques" de tendresse entre Alex et sa compagne mais aussi avec son voisinage familier tant attachant que l'on jurerait extirpé d'une prod Amblin Entertainment

Et c'est bien là le meilleur intérêt du métrage que de flirter fréquemment avec les bons sentiments attendrissants plutôt que de se réjouir des séquences d'action stellaires néanmoins amusantes, simplistes, ludiques. Quand à l'acting de seconde zone, là encore le métrage marque des points tant les comédiens expansifs prennent plaisir à participer à l'aventure avec une dose d'humour parfois lourdingue, mais la générosité qui en émane nous permet d'y faire abstraction si bien que The Last Starfighter doit notamment sa réussite grâce à son refus de prétention que de divertir avec une dose d'émotions exaltantes. Un plaisir mineur certes, mais qui fait chaud au coeur de renouer avec nos émotions d'ado en émoi avec une intégrité indiscutable, et ce sous l'impulsion d'une orchestration jouasse en bonne et due forme. 

*Bruno

vendredi 21 juillet 2023

Dune

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site alternativebeach.com

de Dennis Villeneuve. 2021. U.S.A/Canada. Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac, Jason Momoa, Stellan Skarsgård, Stephen McKinley Henderson, Josh Brolin, Javier Bardem.

Sortie salles France: 15 Septembre 2021

FILMOGRAPHIE: Denis Villeneuve est un scénariste et réalisateur québécois, né le 3 octobre 1967 à Trois-Rivières. 1996: Cosmos. 1998: Un 32 Août sur terre. 2000: Maelström. 2009: Polytechnique. 2010: Incendies. 2013: An Enemy. 2013: Prisoners. 2015 : Sicario. 2016 : Premier Contact. 2017: Blade Runner 2049. 2021: Dune, 1ère partie. 

                                 Incapable de me prononcer pour la seconde fois.

*Bruno


jeudi 20 juillet 2023

Dune

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de David Lynch. 1984. U.S.A/Mexique. 2h17. Avec Francesca Annis, Leonardo Cimino, Brad Dourif, José Ferrer, Linda Hunt, Freddie Jones, Richard Jordan, Kyle MacLachlan, Virginia Madsen, Silvana Mangano, Everett McGill, Kenneth McMillan, Jack Nance, Siân Phillips, Jürgen Prochnow, Paul L. Smith, Patrick Stewart, Sting, Dean Stockwell, Max von Sydow, Alicia Witt, Sean Young.

Sortie salles France: 6 février 1985. U.S: 14 Décembre 1984

FILMOGRAPHIE: David Lynch est un réalisateur, photographe, musicien et peintre américain, né le 20 Janvier 1946 à Missoula, dans le Montana, U.S.A. 1976: Eraserhead. 1980: Elephant Man. 1984: Dune. 1986: Blue Velvet. 1990: Sailor et Lula. 1992: Twin Peaks. 1997: Lost Highway. 1999: Une Histoire Vraie. 2001: Mulholland Drive. 2006: Inland Empire. 2012: Meditation, Creativity, Peace (documentaire).

"Un monde au-delà de vos rêves. Un film au-delà de votre imagination", dixit la tagline de l'époque. Et c'est véritablement (au mot près) ce que nous propose l'alchimiste David Lynch qui renia hélas son oeuvre sans jamais lui pardonner (notamment auprès des producteurs dont De Laurentiis). Or, à l'instar de films aussi mésestimés par leur auteur (Gloria de Cassavetes, Nomads de Mac Tiernan, La Forteresse Noire de Mann), Dune est un monumental spectacle SCI-FI qu'on aurait tort de bouder si on se laisse influencer par les mauvaises langues (bien qu'aujourd'hui il est enfin estampillé "culte"). Un OFNI ne ressemblant à nul autre métrage donc avec son budget de 45 000 000 dollars. Aussi dégingandé, confus, imbitable par moments, austère, froid, distant et elliptique soit ce grand spectacle d'un autre temps. Ce qui occasionna inévitablement un sévère échec public plutôt compréhensif selon moi tant l'oeuvre malade ne s'adresse surement pas au grand public (on est très loin du divertissement bonnard de la Guerre des Etoiles). D'autre part, à la (5è) revoyure, ou plutôt à chaque révision, j'ai la trouble impression de contempler et de (re)vivre une expérience quasi inédite comme s'il s'agissait de la toute première fois. Qui plus est dans une qualité 4K à damner un saint (je pèse mes mots, il faut le voir - et le comparer avec le BR - pour le croire). Du jamais vu j'vous dit ! 

Ainsi, le spectacle surdimensionné à beau nous en foutre plein la vue chaque minute (de par ses vastes décors - naturels / domestiques / sculpturaux - hérités du péplum, du film historique et de l'univers stellaire, ses costumes gradés taillés sur mesure, ses FX mécaniques charnels, sa photo sépia, son imposante figuration digne d'un De Mille, le score de Toto d'une sombre ampleur homérique) et nous déconcerter par son aspect baroque incommensurable, on reste hypnotisé par son indicible beauté funeste, lyrique, onirique, étrange, ombrageuse. Lynch nous composant avec son ambition personnelle de ballet funèbre une moisson de séquences atypiques (surtout auprès des rapports de force, des cohésions et rivalités psychologiques) nous interpelant par leur dialecte philosophique quand bien même la posture déroutante des protagonistes nous laisse pantois d'impassibilité. Tant auprès de leur façon de communiquer (en prime de certains pouvoirs télépathes), de combattre l'ennemi par un cri guerrier destructeur, que par sa foule de détails morbides (les pustules sur le visage de l'empereur, baudruche volante emplie de perversité), de pièges, ustensiles mortels et armements jamais inscrits sur pellicule. 


Le dormeur doit se réveiller.
Fort d'un prestigieux casting habité par leur rôle iconique au sein d'une insensée scénographie au trouble pouvoir de fascination (alors que l'émotion discrète, contenue, en est souvent absente, paradoxalement), Dune est un spectacle pharaonique qu'il faut au moins avoir tenté une fois dans sa vie. Tant il est impossible d'omettre sa puissance formelle traversée de séquences anthologiques dont on a parfois du mal à en saisir le sens (sans que cela soit péjoratif, bien au contraire grâce à son cachet de mystère indicible). Que l'on adhère ou pas, on est face à une forme abstraite de cinéma halluciné impossible à définir, à décrypter dans son entièreté (voir même sa globalité).

*Bruno
5èx Vostfr

mercredi 19 juillet 2023

Brainstorm

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site mauvais-genres.com

de Douglas Trumbull. 1983. U.S.A. 1h46. Avec Christopher Walken, Natalie Wood, Louise Fletcher, Cliff Robertson

Sortie salles France: 1er Février 1984. U.S: 30 Septembre 1983

FILMOGRAPHIE: Douglas Trumbull est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 8 Avril 1942 à Los Angeles. 1972: Silent Running. 1978: Night of Dreams. 1983: Brainstorm. 1983: Big Ball. 1983: New Magic. 1985: Let's go. 1985: Tour of the Universe. 1989: Leornardo's Dream. 1990: To Dream of Roses. 1993: In Search of the Obelisk. 1996: Luxor Live. 1996: Theater of Time.

Oeuvre oubliée des années 80 alors que l'émérite Douglas Trumbull n'est autre que le responsable du chef-d'oeuvre Silent Running, Brainstorm anticipe de quelque décennies les travaux virtuels de Kathryn Bigelow pour l'apocalyptique Strange Days. Le récit nous contant scrupuleusement avec réalisme documenté les travaux révolutionnaires d'apprentis sorciers ayant inventé un casque capable d'y enregistrer les pensées et émotions d'autrui que le sujet savoure comme s'il s'agissait de sa propre personnalité d'après ses 5 sens. Or, lors d'un évènement tragique, une bande mémorisée de souvenirs morbides intéresse le corps militaire afin d'accomplir d'obscurs desseins. Superbement interprété par une pléiade d'acteurs notoires n'ayant plus rien à prouver (Christopher Walken, Natalie Wood, Louise Fletcher, Cliff Robertson), Brainstorm vaut autant pour son acting irréprochable (mention à Walken et Fletcher en savants passionnés par leur devoir mais aussi leurs sentiments) que pour l'originalité de son concept technologique alarmiste autant fascinant qu'épeurant. 

Inquiétant, fascinant et captivant à la fois de par son intrigue novatrice sobrement exposée épaulé qui plus est d'un suspense en ascension si je me réfère à l'ultime demi-heure fertile en tension et action tout en y exploitant un sens du merveilleux spirituel formellement prodigieux, Brainstorm demeure un spectacle intelligent d'une surprenante modernité. Car outre son côté documentaire prégnant (il faut impérativement prioriser la VO) renforçant la crédibilité de ses passionnantes thématiques (lire dans les pensées d'autrui pour les revivre soi même et se remémoriser nos plus beaux souvenirs, visuellement parlant), les effets-spéciaux tiennent plutôt bien la route de nos jours en dépit de certaines rares séquences visuels conçues par ordinateur (les séquences expérimentales à bord de l'avion). Enfin, pour clore sur une note poignante, un petit mot sur l'actrice Nathalie Wood décédée quelques semaines avant la fin du tournage (sa soeur la doublera pour les séquences finales) lors d'une trouble circonstance de noyade sur un yacht, alors qu'elle partage ici la vedette avec Christopher Walken à travers une romance sobrement attachante, émouvante, pour ne pas dire fragile quant à l'issue précaire de leur relation lors d'une conclusion haletante. 


*Bruno
2èx

Récompenses:

Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur 1984 :

Saturn Award de la meilleure actrice à Louise Fletcher.

Saturn Award de la meilleure musique à James Horner.

mardi 18 juillet 2023

Les 3 Mousquetaires: D'artagnan

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Martin Bourboulon. 2023. France/Allemagne/Espagne/Belgique. 2h01. Avec François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Eva Green, Jacob Fortune-Lloyd, Vicky Krieps 

Sortie salles France: 5 Avril 2023

FILMOGRAPHIE: Martin Bourboulon, né le 27 juin 1979 est un réalisateur français. 2015 : Papa ou Maman. 2016 : Papa ou Maman 2. 2021 : Eiffel. 2023 : Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan. 2023 : Les Trois Mousquetaires : Milady. 


Un divertissement carré, adulte, saillant, avec du style, du coffre et de l'ambition.
Quel formidable divertissement que nous offre là Martin Bourboulon (dont personnellement j'ignorai l'existence en tant que cinéaste) au sein d'un paysage français en voie de résurgence au vu de certains films qualitatifs touchants à tous les genres avec une sincérité (étonnamment) indéfectible (Bac Nord, Tout le monde debout, Petites, Grave, A plein temps, les Invisibles, La Nuée, les Petites Victoires, Boite Noire, As Bestas, Revoir Paris, Alibi.com 2, l'Ascension, Le Pari, etc...). Car visuellement immersif, pour ne pas dire atmosphérique, les 3 Mousquetaires est également un superbe film d'ambiance comme on en voit plus au coeur de l'aventure historique tous publics tant Martin Bourboulon fignole sa scénographie naturelle, architecturale, sculpturale, domestique avec un art consommé du réalisme sensoriel. Qui plus est épaulé d'une photo sépia que certains critiques déplorent alors qu'à mon sens ce parti-pris demeure idoine pour nous immerger dans ce thriller politique à la fois sombre, obscur, romanesque et violemment épique (toutes les incroyables scènes de combat chorégraphiées en plan-séquence sont retranscrites en vue subjective). 

Un spectacle efficace donc, formellement magnétique, bien mené (aucun temps mort à l'horizon) et impeccablement joué par une pléiade de comédiens résolument investis dans leur fonction héroïque ou inhospitalière (à l'instar de la vénéneuse Eva Green en mystérieuse Milady possédant plus d'un tour dans son sac). Mention spéciale toutefois à François Civil (la révélation de Bac Nord) endossant D'artagnan entre naturel rafraichissant et panache affûté si bien qu'il m'a un tantinet évoqué par instants les prémices du légendaire Bebel, toutes proportions gardées. Quant à la musique orchestrale que certains ont comparé au score de Zimmer de The Dark Knight, je n'ai jamais eu cette fâcheuse impression de plagiat tant les sonorités parfois similaires demeurent aussi discrètes que timorées (pour ne pas dire effacées). Léger bémol toutefois, mais qui n'engage que moi, l'intrigue bâtie sur les complots politiques entre protestants et catholiques m'a paru quelque peu complexe, un brin fouillis, peu limpide au fil d'une évolution narrative pour autant captivante quant au savoir-faire du cinéaste à nous plaquer au siège avec cette évidente ambition de renouer avec les grands (espaces de) spectacles à l'ancienne tout en le modernisant (par la forme) afin d'enthousiasmer la génération actuelle.

Vivement la suite, le 13 Décembre...

*Bruno

Box Office: 3 336 640 entrées à ce jour du 18.07.23