Sortie salles France: 10 Juillet 2024 (Int - 12 ans). U.S: 12 Juillet 2024 (Int - 17 ans)
Un thriller sépulcral habité par le diable en personne.
Précédé d’une réputation élogieuse (malgré les rageux, haineux, envieux, prompts à railler pour le simple plaisir de discréditer toute nouvelle sommité — plus t’es adulé, plus tu es haï, rengaine connue), Longlegs est une claque émotionnelle comme il en pousse peu dans ce paysage mortifère. Thriller horrifique à la mise en scène stylisée, frôlant la perfection — un Carpenter conjugué à un Argento épuré, toutes proportions gardées — Longlegs distille dès son prologue blafard un malaise qu’on croise rarement dans un genre pourtant conçu pour nous glacer. Il faut le rappeler : la peur est devenue rare, malgré quelques nobles exceptions qui sauvent encore notre goût pour la frousse. Ici, la pellicule (magnifiquement sépia) suinte littéralement une aura fétide, glauque, poisseuse, qui ne nous lâche pas d’une semelle, portée par un climat rural d’un flegme insidieux mais terriblement inconfortable.
Si certains ont ressenti une peur viscérale et tangible (au dire d’amis ou de spectateurs inconnus), ce ne fut pas tout à fait mon cas : j’y ai plutôt trouvé une angoisse rampante, hypnotique, fascinante, malgré deux accalmies à mi-parcours quand l’héroïne rend visite à sa mère. Mais, paradoxe délicieux, je rejoins sans mal ceux qui, dans les vingt dernières minutes, ont éprouvé une terreur rare, tétanisante, à rendre presque corporel ce malaise déjà bien asphyxiant : l’échine prise d’assaut comme rarement un film y est parvenu.
Pour ma part, il faut remonter aux plus fortes séquences démoniaques de L’Exorciste (1 et 3), à Amityville 2 ou au téléfilm Les Envoûtés pour retrouver ce vertige d’insécurité viscérale, jusqu’à l’étourdissement. Sans exagération. Car la façon dont Oz Perkins maîtrise sa mise en scène (il prend son temps sans jamais ennuyer), son atmosphère occulte (discrète mais palpable) et la raideur trouble de ses acteurs — tout cela tient du coup de maître alchimiste. L’intrigue, certes, ne révolutionne rien et certains rebondissements se devinent (raison pour laquelle mieux vaut ne pas trop réfléchir, pour préserver son plaisir de cinéphile friand d’ambiances faisandées à damner un saint) ; mais chaque détail compte : la pâleur inerte d’une poupée de porcelaine, un macchabée fulcien, des rébus à décrypter, un triangle diabolique à démêler — et surtout la posture proprement terrifiante de Nicolas Cage. Gourou goguenard, transi de douce démence, serial killer insidieux, rapace, délétère — donnez-lui un Oscar, tant il est méconnaissable.
Que dire de Maika Monroe, révélée dans It Follows ? Ici, agent du FBI intuitive, hantée par un passé à demi effacé, elle crève l’écran par sa pudeur nerveuse, ses angoisses rentrées qui explosent dans un final exutoire. Un physique naturel, presque ordinaire, pour une performance habitée, digne des plus grandes.








