vendredi 21 février 2025
Warm Bodies
mercredi 19 février 2025
Companion
de Drew Hancock. U.S.A. 1h37 (1h32). Avec Sophie Thatcher, Jack Quaid, Lukas Gage, Megan Suri, Harvey Guillén, Rupert Friend, Rupert Friend.
Sortie salles France: 29 Janvier 2025.
Un bon divertissement, une sympathique série B féministe fustigeant nos sociétés machistes et matérialistes toujours plus déshumanisantes de se soumettre à la facilité d'une technologie optimale visant à nous faciliter les tâches d'un quotidien sentimental servile.
Dommage que l'intrigue perfectible finit par choisir la facilité éculée. Un condensé toutefois ludique et sardonique du jeu du chat et de la souris entre proies et assaillants jusqu'à ce que justice y soit réparée.
Les idées retorses ne manquent pas et font parfois leur petit effet de surprise sous l'impulsion d'une Sophie Thatcher irréprochable dans un rôle difficile d'autant plus "bicéphale".
Sentiment d'inachevé donc faute de sa narration adepte du chemin de traverse mais on passe quand même un bon moment sans jamais s'ennuyer.
lundi 17 février 2025
The Gorge
vendredi 14 février 2025
Les Yeux de Feu / Eyes of Fire / Crying Blue Sky
L'Amour ouf
Sortie salles France: 16 Octobre 2024 (tous publics avec avertissement)
FILMOGRAPHIE: Gilles Lellouche, né le 5 juillet 1972 à Savigny-sur-Orge, est un acteur, scénariste et réalisateur français. 2004 : Narco. 2012 : Les Infidèles (segment Las Vegas). 2018 : Le Grand Bain. 2024 : L'Amour ouf.
"l'Amour plus fort que la haine".
Quel spectacle, ces 2h32 durant ! Un feu d’artifice d’émotions éclectiques. Que dis-je : un vortex d’émotions pures et candides, irradiant le parcours criminel d’un jeune délinquant (Malik Frikah, LA révélation !) frappé par Cupidon — incarné par Mallory Wanecque (quelle fraîcheur innocente !) et Adèle Exarchopoulos (force de caractère et fragilité à fleur de peau en parts égales) — dans une temporalité à la fois diurne, nostalgique, mélancolique.
Car Dieu sait si Gilles Lellouche, habité par son projet de longue haleine (plus de dix ans d’endurance), est un nostalgique pur et dur, à nous faire revivre avec une attention maniaque les années 80 et 90 : jusque dans le moindre détail matériel, ornemental, industriel, musical — avec, en tête de peloton, un tube inoubliable de The Cure. Une fresque lyrique, désenchantée, passionnelle, dédiée à ses parents, selon ses propres mots.
Techniquement ébouriffant (chaque plan alambiqué, ou presque, est une leçon de mise en scène), L’Amour Ouf nous en met plein les mirettes, faisant vibrer et côtoyer ses personnages utopistes avec une intensité dramatique aussi capiteuse que galvanisante.
Romance, drame, action, jukebox, pincées d’humour se chevauchent dans deux actes distincts que Gilles Lellouche orchestre avec un sens du rythme électrisant. Et si l’on peut préférer la jeunesse du couple Clotaire / Jackie du premier acte — d’une émotion solaire, épurée, onirique —, leur passion amoureuse ne tarde pas à se voir nécrosée par une violence criminelle.
La seconde partie, admirablement contée mais plus sombre, est transcendée par les solides prestances de François Civil (viril, magnétique) et d’Adèle Exarchopoulos, à nouveau bouleversante en jeune femme paumée, jamais remise de son échec sentimental. Un segment plus latent, levant le voile sur la véritable nature de leurs sentiments, passée une longue séparation. L’action y redouble d’intensité, entre vendetta et altercations impeccablement chorégraphiées, mais heureusement rééquilibrée par une éthique volatile, potentiellement rédemptrice.
Gilles Lellouche, transi d’amour pour le cinéma et pour ses acteurs, y déclare sa flamme avec une générosité, une soif de création, une intégrité qui forcent le respect. On pourrait disserter sur les compositions saillantes de Benoît Poelvoorde, parrain d’abord respectable puis sclérosé, ou d’Alain Chabat en papa débonnaire, semi-démissionnaire. Mais leur notoriété s’efface naturellement derrière leur vibrante sincérité à incarner ces figures blessées, à la fois autoritaires et désolantes.
Et pour clore de la manière la plus noble : je voue une admiration sans borne à la petite force de caractère de Mallory Wanecque (native de ma région, qui plus est !) qui illumine l’écran d’une fraîcheur émoustillante. Elle rappelle, par son franc-parler décomplexé, les prémices d’une Béatrice Dalle provocante : une sorte de Lolita caractérielle, d’une infinie tendresse éternelle pour sa mauvaise fréquentation impétueuse qu’elle tentera d’assainir, tant bien que mal.
Quant au néophyte Malik Frikah (quatrième apparition au cinéma), je lui tire mon chapeau. Il m’a rappelé, au creux de mon inconscient, la légende Alain Delon, voire même James Dean — par son naturel tranquille, son aisance innée devant la caméra, sa spontanéité jamais outrée. Son charisme de beau gosse en devenir, son regard bleu subtilement métallique et magnétique, sa puissance en herbe à se fondre dans le corps d’un dur à cuire avec une persuasion héroïque, aussi intrépide que fragile.
Toute ma grâce, Monsieur Lellouche, de m’avoir servi sur un plateau d’airain cet arc-en-ciel pailleté — nullement gratuit, encore moins racoleur — dédié à la puissance de l’amour, capable d’escamoter une guerre de gangs tristement actuelle. Dans une région nordiste minée entre mélancolie et nostalgie, L’Amour Ouf ravive cette liberté de ton et d’expression aujourd’hui révolues.
Budget : 35,7 millions d'euros (plus gros budget d'un film français de Studiocanal, et film le plus cher de l'année 2024 derrière Le comte de Monte Cristo - 42.9 Millions d'euros - ).
mardi 11 février 2025
Better Man
Sortie salles France: 22 Janvier 2025
FILMOGRAPHIE: Michael Gracey est un réalisateur et directeur d'effets visuels australien. 2017 The Greatest Showman. 2024: Better Man.
"Je me suis toujours senti moins évolué que les autres"
Si la première heure me fit craindre un sympathique biopic musical en bonne et due forme, avec 2/3 chorégraphies époustouflantes, l'heure dix suivante m'a tellement pris par surprise que j'ai été pris d'un malaise dépressif, d'une certaine asphyxie lorsque Robbie Williams, grimé en singe durant toute la durée du métrage pour mieux se railler de sa posture de trublion provocateur, sombre dans une déliquescence morale à la fois suicidaire, mortifère, autodestructrice.
Car se livrant à nu face caméra comme jamais au préalable, il nous confie à coeur ouvert ses états d'âme névrotiques, borderline, paranos. Son manque de confiance, son mal-être existentiel suite à la pressurisation de la célébrité la plus pailletée (euphémisme comme qui diraient les Beatles ou Oasis). Un être torturé empli de noirceur, entre psychose et paranoïa également.
Toxicomane et alcoolique afin d'y pallier l'épuisement physique et moral d'une adulation trop lourde à porter, livré à l'isolement le plus glauque à travers son absence d'amour conjugal et amical qu'il génère fatalement lors de sa chute, notamment faute d'une démission paternelle qu'il pardonnera sans l'ombre d'une rancune lors d'un final d'adieux mémorables, Robbie Williams ne cesse de nous hurler (avec parfois même un silence assourdissant) sa souffrance primale avec une intégrité bouleversante.
Pris d'un silence étouffé lors du score musical teinté de fragilité, on en sort (fra)cassé, troublé, dérangé, démuni, inconsolable à terme en proclamant que la célébrité est un cadeau empoisonné qu'on ne souhaiterait même pas dédier à son pire ennemi.
Un biopic intime bien à part donc dont je n'aurai jamais imaginé la portée existentielle et spirituelle (Robbie est très catholique) de la star médiatique hantée ET habité par ses furibonds démons avant de relever ses manches pour accéder à la rédemption en compagnie des anges. Comme le symbolise tendrement sa grand-mère porteuse d'espoir et d'optimisme.
samedi 8 février 2025
Super/Man, l'histoire de Christopher Reeve / Super/Man: The Christopher Reeve Story
Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr
de Ian Bonhôte et Peter Ettedgui. 2024. U.S.A/Angleterre. 1h44.
Sortie salles France: 9 Octobre 2024. U.S: 21 Septembre 2024
Je n'ai pas souvenir d'avoir autant pleuré en regardant un documentaire.
D'une sensibilité à fleur de peau auprès de l'humanisme écorché de Chris et de tous ces intervenant(e)s, "l'histoire de Christopher Reeve" est un hymne à la vie, à l'amitié, à la résilience, à l'espoir et au miracle d'y braver la limitation du Handicap.
On sort de ce doc aussi anéanti que transformé, les yeux pleins d'étoiles, en se suggérant que si les choses n'arrivent pas par hasard, notre rôle est de découvrir pourquoi.
Toute ma gratitude et mon amour sans fin envers la Fondation Christopher & Dana Reeve...
P. S: le documentaire a reçu 18 récompenses 🏆
*Bruno
vendredi 7 février 2025
The Order
mercredi 5 février 2025
Jack l'Eventreur / The Lodger
Sortie salles France: : 22 janvier 1947 ou 26 Septembre 1946. U.S: 19 Janvier 1944
FILMOGRAPHIE: John Brahm est un réalisateur allemand né le 17 août 1893 à Hambourg (Allemagne) et mort le 12 octobre 1982 à Malibu (États-Unis).1936 : Le Lys brisé. 1937 : L'Avocat du diable. 1938 : Prison centrale. 1938 : Pensionnat de jeunes filles. 1939 : Laissez-nous vivre. 1939 : Rio. 1940 : Escape to Glory. 1941 : L'Appel du Nord. 1942 : Le Monstre insaisissable. 1943 : Nuits de Calais. 1943 : Fleur d'hiver. 1944 : Jack l'Éventreur. 1944 : L'Invitée. 1945 : Hangover Square. 1946 : Le Médaillon. 1947 : La Pièce maudite. 1947 : Singapour. 1949 : L'Atlantide. 1950 : Le Voleur de Venise. 1951 : Family Theatre (série TV). 1952 : Le Miracle de Fatima. 1952 : Face to Face. 1953 : Le Diamant bleu. 1954 : La Peste dorée. 1954 : Le tueur porte un masque. 1955 : The Millionaire (série TV). 1955 : Un envoyé spécial. 1955 : Bengazi . 1959 : Série Bonanza : Or et amour ; saison 1, épisode 3. 1960 : Thriller (série TV). 1961 : Les Accusés (série TV). 1961 : Le Jeune Docteur Kildare (série TV). 1962 : Le Virginien (série TV). 1964 : Gunsmoke. 1967 : Terreur au kilomètre.
Même si Jack l'Eventreur n'a ici presque rien à voir avec la réalité des faits historiques que l'on connait, ce chef-d'oeuvre oublié réalisé par l'allemand John Brahm est un moment de tension horrifique comme on en voit si peu lors de son époque auquel il fut conçu.
Il faut dire que l'interprétation sidérante de Laird Cregar décédé prématurément le 9 Décembre 1944 (soit 11 mois après la sortie du film) doit beaucoup au pouvoir de fascination qui y émane à travers son profil meurtrier à la fois introverti, timoré et fragile. Si bien que l'on s'éprend d'une certaine compassion pour lui (notamment au moment d'apprendre quels sont ses mobiles qui l'incitent à occire de jeunes chanteuses de cabaret d'une beauté incandescente) tout en le craignant avec une appréhension à la fois malaisante et déstabilisante.
Magnifié de son noir et blanc expressionniste auprès d'un Whitechapel embrumé, Jack L'éventreur mise beaucoup sur la suggestion auprès de ses meurtres hors-champs en priorisant coute que coute le portrait fascinatoire d'un médecin esseulé traumatisé par la perte d'un être aimé tout en vouant un amour immodéré pour la beauté la plus épurée.
Emaillé de séquences musicales dansées et chantonnées de manière fringante, Jack l'éventreur nous dépayse en diable à travers sa scénographie anglaise entourée de personnages très attachants, classieux et distingués (tout l'entourage amical du meurtrier). Un cast spontané impeccablement dirigé par un John Brahm magnifiant sa réalisation avec brio insoupçonné (notamment auprès d'un jeu de lumières quelque peu baroque de temps à autre).
Du grand cinéma horrifique donc, peut-être la meilleure version de Jack l'Eventreur (largement romancée pour le rappeler) dans son art consommé du suspense exponentiel culminant vers une confrontation psychologique aussi terrifiante que (tristement) onirique.
Tout mon respect au sacro-saint éditeur, Rimini Editions 🥀, amoureux transi de cinéma d'horreur artisanal.
mardi 4 février 2025
Préparez vos Mouchoirs
4 ans après les Valseuses, Bertrand Blier enrôle à nouveau le mythique tandem Depardieu / Dewaere pour une comédie acide reprenant le concept du triangle amoureux sous un angle moins vulgaire, effronté et choquant en dépit d'une ultime demi-heure abordant l'inceste et l'hébéphilie avec une sensibilité et une délicatesse éclipsant de justesse l'intolérable.
D'ailleurs, petite précision, il faut savoir que le film fut produit avec la Belgique et tourné dans cette région (pour les séquences finales) grâce à une législation moins drastique quant aux thèmes évoqués plus haut et pour une question de durées de tournage. L'acteur Riton Liebman étant un enfant au moment du tournage.
Et si le pitch (deux jeunes lurons tentent de satisfaire les besoins sentimentaux et sexuelles de leur partenaire) s'apparente à une séquelle des Valseuses, "Préparez vos mouchoirs" demeure moins provocateur, licencieux et autrement personnel à travers sa tonalité sémillante conjuguant à nouveau l'absurde et le réalisme naturaliste avec l'art consommé habituel de Blier.
Une farce de marivaudage aussi décalée que réjouissante car truffé d'humour (corrosif) quant aux situations lunaires et de verve impayable pour les dialogues prônant les valeurs de l'amitié, de l'amour et de la fidélité. Mais pas que, puisque nous questionnant sur la maternité, ce besoin maternel inné chez la femme dépeint ici sous l'impulsion du mal-être existentiel, d'une quête identitaire entre homme et femme notamment que tout sépare. Si bien que pour reprendre une illustre citation de Freud: “ Je n'ai toujours pas trouvé de réponse à la grande question : Que veulent-elles au juste ?
Eclatant l'écran comme de coutume auprès de leurs excentricités (ici) gentiment dévergondées; il faut louer la tendre complicité que manifeste Gérard Depardieu / Patrick Dewaere accompagné ici d'une Carole Laure néophyte à la fois languissante, vaporeuse, attendrissante en bovarienne étouffée (d'où ses crises d'angoisse et d'évanouissement aléatoires) finissant par découvrir l'amour auprès d'une innocence responsable si j'ose dire avec une pointe de provoc.
Une comédie sociale de ma région (le Nord) ancré dans les Seventies et dégageant un charme insolite auprès de sa poésie à la fois prude, sensible, osée que les protagonistes amorcent malgré eux sous la mainmise d'un tonton Blier farceur instillant pour le coup une tendresse inattendue auprès des non-dits et des réflexions/interrogations personnelles de ses marginaux aussi autonomes qu'hétérodoxes dans leur fureur de vivre teintée de désillusion, de désespoir.
Une merveille du cinéma Français donc évidemment infaisable aujourd'hui à revoir d'urgence pour les amateurs OFNI burné (tout en finesse !) qui laissent des traces dans le ❤️ et l'encéphale.
*Bruno
Distinctions:
Oscar du meilleur film étranger à la 51e cérémonie des Oscars
César de la meilleure musique originale pour Georges Delerue à la 4e cérémonie des César
jeudi 30 janvier 2025
l'Amour au présent / We live in time
Sortie salles France: 1er Janvier 2025. U.S: 18 Octobre 2024. Angleterre: 1er Janvier 2025
FILMOGRAPHIE: John Crowley est un réalisateur irlandais né le 19 août 1969 à Cork en Irlande. 2002 : Come and Go (téléfilm court). 2003 : Intermission. 2007 : Celebration (téléfilm). 2007 : Boy A. 2009 : Is Anybody There? 2013 : Closed Circuit. 2015 : Brooklyn. 2019 : Le Chardonneret (The Goldfinch). 2024 : L'Amour au présent.
Top 2025.
“Tout s’anéantit, tout périt, tout passe : il n’y a que le monde qui reste, il n’y a que le temps qui dure.”
Déchirant quand on traite avec autant de tact, de pudeur et de réalisme naturaliste la maladie du cancer par le pouvoir de l'amour et de la maternité. Sous l'impulsion d'un duo de comédiens d'une complicité amoureuse aussi exaltée que dépouillée au grand dam de leur chemin de croix inévitablement mortifère.
Or, le titre et l'affiche française (mais aussi ricaine) ont beau survendre un produit chamallow générateur d'émotions à gros bouillon, il n'en n'est rien puisque l'on se surprend d'être chaviré d'empathie, d'émotions, de détresse sans jamais nous prévenir. D'où la charge émotive qui se dégage de l'intrigue compétitive avec un art consommé de l'intensité dramatique suggérée.
Peu de cris et de larmes donc à l'intérieur du cadre tant nos protagonistes, matures, censés, responsables, d'une force de caractère spartiate (surtout la mère instinctivement pugnace), vivent leur rôle plus qu'ils ne le jouent sans se laisser distraire par la larme facile qui ne mènera nulle part de toute façon.
Aucune émotion programmée donc, aucune prise d'otage émotionnelle, aucun aimant à tous les excès (de pathos, de complaisance, de mièvrerie, de misérabilisme).
Une simple chronique naturaliste de la vie d'un couple dans leur quotidienneté à la fois tranquille, jouasse, un peu triste et contrariée parmi le témoignage de leur progéniture que la génitrice aura décidé de préserver à tous prix par le pouvoir du souvenir le plus digne et édifiant.
On en sort pour autant traumatisé, au sens brut de décoffrage, (selon les sensibilités de chacun et de chacune comme toujours) d'avoir parcouru dans la sobriété cet hymne à la vie, à l'amour (tant maternel que conjugal) et à la bravoure en un laps de temps si restreint.
Si bien que le temps qu'il nous reste à vivre est plus important que toutes les années écoulées.
mardi 28 janvier 2025
Babygirl. Meilleure Actrice: Mostra de Venise 2024.
Sortie salles France: 15 Janvier 2025
FILMOGRAPHIE: Halina Reijn est une actrice, productrice, écrivaine et réalisatrice néerlandaise née le 10 novembre 1975 à Amsterdam (Pays-Bas). 2019 : Instinct : Liaison interdite. 2021 : For The Birds (court-métrage). 2022 : Bodies, Bodies, Bodies. 2024 : Babygirl.
Beaucoup liront ici et là qu'il s'agit d'un thriller érotique contemporain, alors que selon moi il n'en n'est rien.
Car sous ses apparats d'expériences érotiques SM magnifiquement suggérées du hors-champs sonore (alors qu'à d'autres moments la gêne et le malaise interfèrent sans prévenir pour la même raison auditive et pour les intensités corporelles si expressives) s'y dévoilent un superbe drame psychologique magnifié des prestances de Nicole Kidman et de Harris Dickinson se livrant à nu face caméra avec une expressivité sensorielle.
C'est simple, on a l'impression d'être parmi eux, au coeur de leur corps en rut tant l'intensité de leur jeu fiévreux s'y transmet en nous grâce au réalisme documenté d'une caméra hyper circonspecte.
Le climat intime TRES particulier de leurs sulfureuses relations réservant même des moments d'étrangeté dérangée aussi crues qu'ensorcelants sous l'impulsion musicale de chansons pops, de la techno et de la new-wave (parfois underground) que la génération 80 ne manquera pas de s'émouvoir dans leur réminiscence juvénile. La musique entêtante étant au service narratif auprès des actions décomplexées des personnages, jamais un effet de manche infructueux pour amuser l'ouïe.
Ajoutez à cela la réalisation auteurisante hyper maîtrisée de la réalisatrice Halina Reijn auscultant tout le long de cette dérive lubrique un magnifique portrait de femme à la fois fourbe, orgueilleuse, froide et humainement autant affaiblie par sa condition sclérosée que sa solitude maritale. Une PDG émérite ivre de désir mais incapable d'y parfaire ses fantasmes SM faute d'un époux anachronique qu'Antonio Banderas compose avec une fragilité davantage démunie.
D'où l'émotion poignante qui émane de ce trio sentimental apte à se confronter pour tenter peut-être d'y pardonner l'adultère.
Particulièrement saillant et si expressif auprès de ses images mélancoliques, stylisées et capiteuses au sein d'une urbanisation New-yorkaise ouatée de crépuscule, "Babygirl" dégage également une sensualité désespérée auprès cette sexagénaire huppée dépassée par ses pulsions masochistes qu'elle finit par assumer grâce à une jeunesse retrouvée.
Précision toutefois, notamment faute de son climat hermétique si froid et déstabilisant, "Babygirl" divisera assurément le public non préparé, friand des sucreries faussement acides que caractérisent "50 nuances de Grey" et consorts.
*Bruno
Récompense: Mostra de Venise 2024 : Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine pour Nicole Kidman