de Walter Hill. 1981. U.S.A. 1h44. Avec Keith Carradine, Powers Boothe, Fred Ward, Franklyn Sweales, T. K. Carter, Peter Coyote, Brion James.
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Sortie salles France: 9 Mars 1983. U.S: 25 Septembre 1981
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FILMOGRAPHIE: Walter Hill est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 10 janvier 1942 à Long Beach, en Californie (États-Unis). 1975 : Le Bagarreur (Hard Times),1978 : Driver,1979 : Les Guerriers de la nuit, 1980 : Le Gang des frères James,1981 : Sans retour, 1982 : 48 heures, 1984 : Les Rues de feu,1985 : Comment claquer un million de dollars par jour,1986 : Crossroads, 1987 : Extrême préjudice, 1988 : Double Détente, 1989 : Les Contes de la crypte (1 épisode),1989 : Johnny belle gueule,1990 : 48 heures de plus,1992 : Les Pilleurs,1993 : Geronimo,1995 : Wild Bill, 1996 : Dernier Recours,1997 : Perversions of science (série TV),2000 : Supernova, 2002 : Un seul deviendra invincible, 2002 : The Prophecy, 2004 : Deadwood (série TV)
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Dans la lignée de Délivrance, Walter Hill signe en 1981 un survival racé et sauvage, radiographie nerveuse de l’ambition compétitive bien avant toute analogie guerrière avec le Vietnam.
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Au cœur de ce théâtre d’eaux stagnantes, Walter Hill orchestre un cauchemar dérisoire, une débâcle où des militaires sans cap sombrent dès que leur leader tombe sous les balles. Il dresse alors le tableau d’une coalition belliqueuse, incapable, livrée à ses failles, multipliant les bourdes à un rythme infernal. Déchus de toute autorité structurante, ces soldats dérivent, mus par leur égo, leur orgueil — refusant de plier face à un ennemi qu’ils ne comprennent pas. Arrogants, perfides, aveugles au terrain qu’ils foulent, ils s’embourbent dans un dédale sanglant. Hill expose, avec une aisance glaçante, la faillite humaine face à l’épreuve : inexpérience, opportunisme, paranoïa… Et bientôt, le poison s’infiltre : dissensions, affrontements internes, éclatement du groupe. La peur s'inverse en violence. Et la menace, invisible, les démonte, pièce par pièce.
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Durant plus d’une heure quinze, le film laisse serpenter la terreur, tapie dans les ombres d’une forêt vaseuse. Aucune échappatoire pour ces anti-héros condamnés à errer dans leur propre charnier. Un à un, les membres de la garde nationale tombent, fauchés par les pièges et les tirs d’un chasseur vindicatif, bien décidé à effacer ces étrangers arrogants. Le climax, sauvage et abrupt, modèle de mise en scène et de tension viscérale, pousse jusqu’au bout son regard nihiliste : les agresseurs, déshumanisés, éliminent les derniers témoins. Et lors d’une kermesse hallucinée, les survivants, hallucinés eux aussi, cèdent à une violence nue, instinctive, à l’arme blanche, pour tenter de s’extraire du cauchemar.
Haletant, brutal, poisseux et captivant, Sans Retour s’impose comme un emblème du survival, porté par l’arrogance humaine gangrenée par l’orgueil. À travers les nappes visqueuses du bayou, cette chasse à l’homme hallucinée imprime dans la chair et l’esprit une épreuve de survie ravagée par la vengeance primale. Grand classique.
11.05.12. 4è
Bruno Dussart