jeudi 8 août 2024

8 MM / Eight Millimeter

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Joel Schumacher. 1999. U.S.A/Allemagne. 2h03. Avec Nicolas Cage, Joaquin Phoenix, James Gandolfini, Peter Stormare, Anthony Heald, Chris Bauer.

Sortie salles France: 10 Mars 1999 (Int - 18 ans). U.S: 26 Février 1999

FILMOGRAPHIE: Joel Schumacher est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 29 Août 1939 à New-York, décédé le 22 juin 2020. 1981: The Incredible Shrinking Woman. 1983: SOS Taxi. 1985: St Elmo's Fire. 1987: Génération Perdue. 1989: Cousins. 1990: l'Expérience Interdite. 1991: Le Choix d'Aimer. 1993: Chute Libre. 1994: Le Client. 1995: Batman Forever. 1996: Le Droit de Tuer ? 1997: Batman et Robin. 1999: 8 mm. 1999: Personne n'est parfait(e). 2000: Tigerland. 2002: Bad Company. 2002: Phone Game. 2003: Veronica Guerin. 2004: Le Fantôme de l'Opéra. 2007: Le Nombre 23. 2009: Blood Creek. 2010: Twelve. 2011: Effraction. 2013: House of Cards (2 épisodes). 

"A chaque fois que je fais un long-métrage où le héros se salit les mains, les Français me qualifient de fasciste ou de républicain. Mais comment un libéral hippie comme moi peut-il être vu de la sorte ? C’est bizarre, parce que j’ai toujours imaginé les Français comme des gens sophistiqués ! C’est comme s’ils taxaient le personnage de Hamlet de fasciste !"
Joel Schumacher – Interview, Mad Movies n°250, Mars 2012

"Lorsque ton regard pénètre longtemps au fond d'un abîme, l'abîme, lui aussi, pénètre en toi"
C'est l'histoire d'un type qui va perdre son âme à force de fréquenter et de jouer avec le diable. 
Voilà ce que résume le controversé 8MM comme souvent auprès d'oeuvres tabous osant aborder les thématiques de la pédophilie et du Snuf movie comme l'eurent illustrés le remarquable Sound of Freedom, le scandaleux A Serbian Film ou encore (le perfectible) Hardcore de Paul Schrader dans toutes les mémoires. Baignant dans un climat ultra malsain de sexualité sordide lorsqu'on y lève le voile de la pornographie underground, 8MM est une expérience extrême aussi fascinante que répugnante eu égard du réalisme fuligineux qui se dégage de ce thriller horrifique impeccablement réalisé et interprété par des comédiens habités par leur déchéance (im)morale. Nicolas Cage demeurant magnétique, concentré, absorbé, tendu puis enfin déstabilisant (jusqu'au malaise cérébral quant au final à contre-emploi si décrié) en enquêteur privé délibéré à retrouver la trace d'une mineure de 16 ans potentiellement assassinée face caméra après que l'on eu retrouvé un film dans le coffre-fort d'un milliardaire. Quant au néophyte Joaquin Phoenix, il joue aimablement le faire-valoir en commerçant lunaire de sex-shop avec une spontanéité si désinhibée qu'il nous suscite perplexité, réserve, suspicion en dépit de son intelligence et sa collaboration à entraîner le détective dans les bas-fonds new-yorkais les plus insalubres, ad nauseam. 


Sur ce point, Joel Schumacher parvient à faire naître une incroyable ambiance d'insécurité étrangement fascinante, perverse, méphitique au fil de rencontres avec des marginaux sans vergogne nous suscitant gêne et dégoût. Et donc chapeau bas aux prestations littéralement ordurières de James Gandolfini en margoulin sournois, Peter Stormare en gourou désaxé et Chris Bauer en violeur SM, mastard affublé d'un masque de latex au rictus contracté. 8MM se déclinant, non sans une certaine suggestion (tout du moins 1h30 durant), en véritable descente aux enfers que le spectateur ne parvient pas à s'extraire sous l'impulsion d'un Nicolas Cage peu à peu vampirisé par le Mal alors qu'il fut à deux doigts de se rétracter quelques secondes plus tôt. D'où la controverse impartie à cette fameuse ultime demi-heure lorsque son personnage sombre dans la corruption d'une justice expéditive à la fois ordurière (son 1er meurtre primal quasi insoutenable nous invoque isolement et désillusion) et putassière (le second meurtre autrement complaisant et putassier dans sa plus simple gratuité). Et si sa première victime parvient à nous invoquer avec crédibilité malaise moral et écoeurement auprès de ses exactions barbares, la seconde se vautre dans la facilité des conventions comme si Joel Schumacher sombrait également dans une idéologie bassement immorale qu'il dénonça avec force et (une certaine sobriété) durant tout le long de son intrigue. Et c'est franchement dommageable car en dépit de ses 3 minutes racoleuses assez indigestes puisque quelque peu contradictoires, 8MM confinait au modèle du genre tant il passionne, envoûte et nous questionne quant à notre instinct meurtrier pouvant basculer aux moments les plus tendus. 


En tout état de cause ce thriller vertigineux à la fois implacable, ensorcelant (jusqu'au  malaise psychologique avec le désir d'y faire une pause ou de prendre une douche sitôt le générique clôt) et extrêmement dérangeant nous laisse dans un état d'amertume et d'impuissance contre l'industrie du X underground impossible à éradiquer, déchiffré, dénoué auprès du duo bourreaux / voyeurs dénués d'identité. A réhabiliter donc si bien que ce pur film d'ambiance crépusculaire ne lâchera pas d'une semelle votre conscience sévèrement rudoyée. 
Pour public averti.

*Bruno
3èx. Vostfr. 

"Je crois que tout cela est lié à la notion d’auteur, très forte en Europe […] Quand je raconte une histoire, elle n’est pas arrachée à ma vie. C’est une histoire ! Mais, oui, je peux comprendre que l’on puisse faire la confusion entre le point de vue du réalisateur et celui du personnage. Comme l’a dit Mike Nichols, les gens confondent souvent le contenu et l’intention. Ce n’est pas parce que vous mettez quelque chose dans votre film que vous le cautionnez. A ce moment-là, ne pensez-vous pas que Roméo et Juliette fasse la promo du suicide adolescent ? A une époque, on acceptait beaucoup mieux l’ambiguïté du cinéma […] Après avoir vu 8 mm, un de mes amis m’a dit : « Tu as eu assez de courage pour faire un film des années 70, et ils vont te tuer pour ça »"
Joel Schumacher – Interview, Première n°318, Août 2003

Récompenses:

Golden Trailer Awards 1999 :

Prix de la Toison d'Or,

Prix de la bande-annonce dorée pour Une nuit sombre et orageuse

Box Office France: 621 074 entrées

mercredi 7 août 2024

Arthur the king

Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Simon Cellan Jones. 2024. U.S.A. 1h47. Avec Mark Wahlberg, Simu Liu, Juliette Rylance, Nathalie Emmanuel, Ali Suliman, Paul Guilfoyle.

DTV France: 24 Mai 2024. Sortie salles U.S: 15 Mars 2024.

FILMOGRAPHIE PARTIELLESimon Cellan Jones (né en janvier 1963) est un producteur, réalisateur de télévision et de cinéma britannique. 2010: On Expenses. 2023: The Family Plan. 2024: Arthur the King. 

Il y a des films. Et il y a des oeuvres qui vous callent au siège sans prévenir pour vous marquer toute une vie. Arthur the King en fait donc parti grâce à l'influence d'une poignée d'inconnus cinéphiles aussi conquis que ma personne par l'incroyable odyssée humaine qui se dessine dans une facture naturaliste à couper le souffle. Et ce en dépit de sa privation salles chez nous alors qu'Outre-Atlantique il y eut droit avec, en sus, des critiques aussi conquises que globalement enthousiastes (jetez par exemple un oeil sur la note d'IMDB ou de Rotten Tomatoes). Aussi improbable et extraordinaire soit l'intrigue, sachez toutefois qu'il s'agit d'une histoire vraie comme le souligne le crédit liminaire et ces clichés authentiques défilant lors du générique de fin afin d'y renforcer la réalité des faits (les plus majeurs) exposés que Simon Cellan a su illustrer avec une sobriété forçant le respect. Exit donc le produit standing sirupeux, spéciale prise d'otage émotionnel, si bien que Arthur the King prône sans effet de manche ni fioriture les valeurs de l'amour, de la tolérance, de l'endurance, de la résilience et surtout de l'incroyable amitié partagé entre l'homme et l'animal avec une tendresse somme toute naturelle. Et c'est bien là la grande réussite, la force implacable du métrage que de ne jamais surligner une émotion outrancière auprès de leur grande complicité davantage empathique, alors qu'une dramaturgie s'y profile peu à peu sans céder à la complaisance du pathos. Car véritable bain de fraîcheur au sein d'un dépaysement tropical issu de la République Dominicaine, Arthur the King nous fait partager 1h40 durant le championnat du monde de la course d'aventure en pleine jungle pendant 700 kms. 

Et ce en compagnie de Mark Wahlberg (davantage épatant d'implication compassionnelle au fil de son évolution morale avec l'animal) et ses acolytes aguerris bientôt accompagnés du compagnon canin d'une endurance physique dépassant l'entendement. Ainsi donc, face à ce dernier abandonné de tous, véritable influenceur de la gagne, de la hargne et de la rescousse, Arthur the King nous fait participer à une aventure aussi humaine que sportive eu égard du réalisme naturaliste qui s'extrait des images passionnelles façon "National Geographic" sous l'impulsion d'une intensité effrénée quant aux épreuves arpentées avec héroïsme décoiffant. A l'instar de cette traversée vertigineuse du haut d'un câble suspendu dans le vide à l'aide d'un vélo accroché dans le dos de chaque participant pour poursuivre ensuite leur marathon à bicyclette. Mais outre cette séquence spectaculaire à couper le souffle auprès de son intensité insécure et du contexte inédit (l'élément du vélo !), Arthur the King n'est point conçu comme un film d'action pour nous en foutre plein la vue (vous êtes donc prévenus), bien au contraire. Simon Cellan privilégiant le réalisme quelque peu documenté (notamment en caméra subjective ou porté à l'épaule) pour mieux nous immerger dans leur parcours d'endurance à moult épreuves à défier. Tant à pied, en VTT, en canoé, en escalade ou suspendu par un câble, nos équipiers n'auront de cesse de dépasser leur force (corporelle / éthique), vaincre leur peur avec l'aide du chien errant qui changera à jamais leur existence d'un point de vue philosophique. 

Hymne universel à l'amitié, à la tendresse, à l'amour et surtout à une fidélité exemplaire, Arthur the King puise sa force, son intensité, son intérêt de par la sincérité infaillible du cinéaste de nous narrer dans la simplicité une histoire hors du commun. Mais c'est aussi une cantique de la communion entre l'homme et l'animal ici entraidés lors d'une épreuve épique qui changera à jamais leur destinée humaine. En tout état de cause, Arthur the King laissera une trace émotionnante en cette année 2024, quelques mouchoirs à portée de main pour les plus sensibles d'entre nous.   

*Bruno
Vostfr.

mardi 6 août 2024

Saw. Prix du Jury / Prix du Jury Jeunes, Gérardmer 2005.

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de James Wan. 2004. U.S.A. 1h43 (Director's cut). Avec Leigh Whannell, Cary Elwes, Danny Glover, Ken Leung, Dina Meyer, Mike Butters, Paul Gutrecht, Michael Emerson.

Sortie salles France: 16 Mars 2005 (Int - 16 ans). U.S: 29 Octobre 2004 (Int - 17 ans).

FILMOGRAPHIE: James Wan est un producteur, réalisateur et scénariste australien né le 27 Février 1977 à Kuching (Malaisie), avant de déménager à Perth (Australie). 2004: Saw, 2007: Dead Silence, Death Sentence, 2010: Insidious. 2013: The Conjuring. 2013 : Insidious : Chapitre 2. 2015 : Fast and Furious 7. 2016 : Conjuring 2 : Le Cas Enfield. 2018 : Aquaman. 2021 : Malignant. 2023 : Aquaman et le Royaume perdu. 


Film mythique s'il en est qui révolutionna le Tortur'porn à l'orée des années 2000, Saw n'a point usurpé sa réputation de référence du genre horrifique sous la houlette d'un James Wan tout juste débutant mais redoutablement ambitieux lorsqu'il s'agit d'y dépoussiérer l'horreur à renfort d'un climat malsain quasi irrespirable, d'une confrontation psychologique en acmé difficilement tolérable et de séquences chocs extrêmes à marquer d'une pierre blanche. Si bien que 2 hommes que tout oppose se retrouvent enchainés à divers endroits d'une salle de bain sans savoir qui aurait pu les embrigader. Alors qu'ils constatent une horloge électronique sur le mur, ils s'aperçoivent rapidement qu'une mini cassette se trouve dans la poche de chacun d'eux avec, à proximité d'un cadavre ensanglanté, un dictaphone. Ils s'efforcent donc de l'atteindre afin d'écouter les consignes du mystérieux tueur au puzzle que deux flics s'efforcent à l'extérieur d'appréhender. Jeu de piste de longue haleine d'une perversité démoniale difficilement égalable au sein d'un huis-clos à la fois poisseux, crapoteux, fétide, pour ne pas dire faisandé; Saw met nos nerfs à rude épreuve au fil d'une investigation bicéphale alternée. 


Celle des 2 inconnus reclus dans cette salle de bain et à deux doigts de sombrer dans la crise de nerf pour s'extirper de leur tanière, puis des 2 flics, un asiatique, un afro américain sur le point de débusquer le tueur parmi des prises de risque suicidaire eu égard de la ruse hors-pair de l'assassin disséminant sur leur passage des pièges sadiques impossibles à déjouer. James Wan tablant notamment sur les flash-back afin d'y renforcer l'implacable efficacité de l'intrigue à (moult) rebondissements en nous éclairant peu à peu sur cette improbable vendetta bâtie sur la souffrance de victimes puisque contraints de s'infliger des sévices et/ou de sacrifier une autre victime afin de s'épargner une mort cruelle dans leur piège à torture. Déclinaison à peine tacite de l'Abominable Dr Phibes, en mode hardcore contemporain, Jigsaw crève l'écran à chacune de ses apparitions giallesques, James Wan prenant soin de rendre hommage aux classiques du genre transalpin à l'aide d'un esthétisme rutilant que n'aurait renié Dario Argento. Notamment en y exploitant de façon aussi stylisé, inquiétante et terriblement insécure un pantin (inspiré des Frissons de l'Angoisse) pédalant tranquillement sur un vélo pour approcher ses victimes et leur dicter consignes et directives à l'aide d'une voix trafiquée. 


Chef-d'oeuvre de l'horreur moderne d'une perversité et d'un sadisme au diapason, Saw fait grimper suspense, (pures moments de) tension, oppression, terreur et violence crue sous l'impulsion d'une intrigue viciée d'une audace morale incongrue. Les comédiens criants de véracité crispée à travers leur surmenage nous communiquant leur peur, leur spleen et leur effroi avec un réalisme parfois à la limite du soutenable. James Wan ne lésinant pas sur une horreur graphique sciemment putassière (pour autant non complaisante, un exploit !) pour renforcer l'horreur des situations cauchemardesques, véritable descente aux enfers (aux relents de caniveau !) de la bassesse où seule compte l'individualise, la duperie, le subterfuge afin de tenter de s'extirper d'une mort inhumaine. Jubilatoire quant à l'intensité de son suspense exponentiel, Saw baigne sans complexe dans une facture rubigineuse étonnamment putride avec un sentiment d'impuissance, d'un peu d'espoir et de désespoir, ad nauseam. A revoir d'urgence, notamment pour se rendre compte de l'impact émotionnel sidérant qu'il parvient toujours à produire au grand dam de ses suites mercantiles toutes plus médiocres et inutiles les unes que les autres. 

*Bruno
3èx. Vostfr

Récompenses:
Festival du film d'horreur et fantastique de Saint-Sébastien (San Sebastián Horror and Fantasy Film Festival) 2004 :
Prix du public du Meilleur film décerné à James Wan.
Prix Schmoes d'or (Golden Schmoes Awards) 2004 :
Schmoes d'or du Meilleur film d'horreur de l'année,
Schmoes d'or de l'Affiche de cinéma préférée de l'année,
Schmoes d'or de la Scène la plus mémorable d'un film (La Fin).
Fantasporto 2005 : prix international du film fantastique du Meilleur scénario décerné à Leigh Whannell.
Festival international du film fantastique de Bruxelles 2005: Pégase (prix du public) décerné à James Wan.
Festival international du film fantastique de Gérardmer 2005:
Prix du jury décerné à James Wan,
Prix du jury jeunes décerné à James Wan.

lundi 5 août 2024

La Mutante / Species

                                               
                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Roger Donaldson. 1995. U.S.A. 1h48. Avec Ben Kingsley, Michael Madsen, Alfred Molina, Forest Whitaker, Marg Helgenberger, Natasha Henstridge, Michelle Williams, Whip Hubley, Patricia Belcher.

Sortie salles France: 27 Septembre 1995

FILMOGRAPHIE: Roger Donaldson, né le 15 novembre 1945 à Ballarat, dans l'État de Victoria, en Australie, est un réalisateur, producteur et scénariste australo-américano-néo-zélandais. 1977 : Sleeping Dogs. 1980 : Nutcase (en). 1981 : Smash Palace (en) (+ scénariste). 1984 : Le Bounty.  1985 : Marie. 1987 : Sens unique. 1988 : Cocktail. 1990 : Cadillac Man. 1992 : Sables mortels. 1994 : Guet-apens. 1995 : La Mutante. 1997 : Le Pic de Dante. 2000 : Treize Jours. 2003 : La Recrue. 2005 : Burt Munro. 2008 : Braquage à l'anglaise. 2011 : Le Pacte. 2014 : The November Man. 2017 : McLaren: L'homme derrière la légende. 


Mal accueilli par la critique à sa sortie alors qu'il fut un succès commercial, La Mutante est un formidable divertissement du Samedi soir qu'on aurait tort de bouder. Si bien qu'à la revoyure il semble encore plus plaisant et attachant, qualitativement et émotionnellement parlant, notamment grâce à la médiocrité du cinéma actuel qui fait que l'on finit par devenir plus indulgeant avec nos oeuvres ludiques du passé. Il fallait d'ailleurs oser exploiter cette idée improbable qu'une menace extra-terrestre se substitue ici en mannequin de charme sans jamais sombrer dans le racolage, la complaisance et le ridicule. Roger Donaldson prenant son sujet avec assez de sérieux pour ne jamais se railler de son concept casse-gueule et de sa partenaire plantureuse, notamment dans sa manière déférente de la filmer sans abuser de plans putassiers pour dévoiler son plus simple appareil. Et s'il s'agit du tout premier rôle de Natasha Hendridge alors âgée de 20 ans, on peut clairement prétendre qu'elle s'en sort plutôt bien à travers son rôle sciemment laconique, de prime abord hagarde et interrogative eu égard de sa posture néophyte puisque débarquant sur terre pour des raisons qu'elle ignore, mais rapidement fûtée et intelligente pour s'extraire de la masse et imposer sa mainmise. 


Car ce n'est qu'au fil de son parcours personnel, son apprentissage et son expérience avec les humains qu'elle finira par comprendre son unique dessein d'y féconder un mâle afin de pouvoir instaurer sa race et nous envahir. Très efficace lorsqu'une poignée d'héros cosmopolites se lancent constamment à sa traque pour l'éradiquer alors que celle-ci s'empresse davantage à copuler avec un mâle au fil de rencontres aléatoires puis réfléchies, La Mutante ne nous laisse aucun moment de répit à travers ses scènes d'actions, poursuites et effets chocs rondement menés (Roger Donaldson demeurant un habile artisan auprès de son savoir-faire technique) sous l'impulsion d'FX réussis même si certains effets numériques font hélas tâche aujourd'hui. A l'instar de son final confiné dans les égouts, probablement la partie la plus faible du métrage, même si cela reste correctement mené, voir même haletant et que certaines surprises restent par ailleurs assez étonnantes (avec un personnage bien exploité pour ses expressions candides face caméra) pour ne pas lâcher le fil de l'action. C'est d'ailleurs H. R. Giger,  illustre créateur d'Alien, peintre et plasticien résidant en Suisse, qui confectionna l'impressionnante créature femelle du plus bel effet fascinatoire lors de certains plans graphiques. 


Si on peut déplorer quelques menus clichés tributaires du genre, la caricature de certains personnages (surtout Ben Kingsley en scientifique impavide au regard ébaubi) et des dialogues faiblards prêtant à sourire, La Mutante puise justement son charme auprès de ses défauts précités pour y renforcer sa facture  "série B de luxe" formidablement troussée sous l'impulsion d'une menace charmeuse jamais vulgaire ou prétentieuse pour attirer ses proies dans ses apparat charnel. Natasha Hendridge demeurant sobrement impliquée en tueuse en herbe uniquement destinée à préserver sa vie et sa lignée sans se morfondre dans les clichés de la vengeance ou d'une séduction facilement provocante. Avec un joli pied de nez à la gente masculine machiste ou timorée lorsqu'il s'agit de charmer ou de se laisser attendrir par une présence érotique autonome, anti potiche décervelée. 

Merci à Ecran Large pour l'incitation à la révision.

*Bruno
3èx. Vostfr

Box-Office France: 627 887 entrées

samedi 3 août 2024

MaXXXine

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Ti West. 2024. U.S.A. 1h43. Avec Mia Goth, Charley Rowan, McCain, Elizabeth Debicki, Moses Sumney, Michelle Monaghan, Halsey, Lily Collins, Giancarlo Esposito, Kevin Bacon.

Sortie salles France: 31 Juillet 2024 (int - 12 ans). 

FILMOGRAPHIE: Ti West (né le 5 octobre 1980 à Wilmington, Delaware) est un réalisateur, scénariste et producteur américain surtout connu pour ses films d'horreur. 2005: The Roost. 2007: Trigger Man. 2009: Cabin Fever 2. 2009: The House of the Devil. 2011: The Innkeepers. 2012: The ABCs of Death (segment M Is for Miscarriage). 2012 : V/H/S (segment Second Honeymoon). 2013: The Sacrament. 2022: X. 2022: Pearl. 2024: Maxxxine. 

"Je n'accepterai pas une vie que je ne mérite pas".

Surprenant ! ? Euphémisme (probablement). Si bien qu'à la sortie toute fraîche de la projo que penser du 3è opus de Ti West au premier visionnage tant sa foisonnance exubérante bat son plein ? C'est dire si cet ultime délire horrifique à deux doigts de surfer par moments sur la déception divisera sans doute les plus intransigeants. Tout du moins jusqu'à mi-parcours alors que nombre de séquences détonantes (rien que le prologue concourant à l'oscar de la meilleure actrice, son magnifique générique musical, le clin d'oeil imparti au film culte infortuné Fondu au noir par le biais de Buster Keaton - 1000 mercis Ti West ! -) nous eurent séduit avec en prime une inventivité formelle de tous les diables. D'ailleurs, sur ce point, Maxxxine est une franche réussite à faire rougir de jalousie Tarantino tant Ti West, maître de l'esthète, transfigure son intrigue par moult détails ornementaux et personnages lunaires et/ou zélés à la fois fascinants, baroques, séduisants, décalés, pour ne pas dire semi-parodiques (à l'instar du duo de flics échappé d'une série TV, voir d'Hollywood Night !) au fil d'un cheminement hésitant si j'ose dire puisque l'on ne sait pas trop où on va et que fait-on au bout d'un certain temps. 

Ainsi, si on se laisse toutefois bercer par l'étrange sentiment de séduction et d'expectative qu'on nous transmet au sein de cette fulgurance urbaine estampillée génération 80 (BO entêtante inclus, montez le volume de la sono !), la seconde moitié de métrage se laisse dériver vers la mise en abyme en jouant avec les décors de carton pate ou réels (telle maison de Psychose), la singularité de séquences chocs, pittoresques (voir les 2 à la fois) et points de vue moralisateurs sous l'impulsion d'une dérive ......... que l'on attendait point (et qui na plaira pas à tous). Satire vitriolée sur l'univers impitoyable d'Hollywood dénué de moralité lorsqu'il s'agit d'élever au rang de star leur nouvelle coqueluche issue de l'univers du X au sein d'une Amérique puritaine aussi cynique que corruptrice (tous les personnages semblent des pantins, des caricatures d'eux mêmes), Maxxxine crève l'écran en la présence immorale de Mia Goth plus belle que jamais en star en herbe tourmentée par son passé au moment où un serial-killer se la joue maître chanteur afin d'accéder à son dessein. L'actrice portant le film sur ses épaules dans une posture autrement fébrile, craintive et incertaine puisque sévèrement malmenée par un dangereux manipulateur tirant les ficelles de la déchéance avec une idéologie maladivement rigoriste. 

Vortex de fantaisie macabre et de violence malsaine assumée au travers de plans gores graphiques du plus bel effet vomitif ou autrement cartoonesque (quel magnifique plan final d'une audace atypique et qui en dit long sur le portrait psychotique de Maxine ayant vendu une seconde fois son âme au diable), Maxxxine déconcerte, fascine, séduit puis finit par captiver jusqu'au sentiment de conquête amoureuse à travers son errance urbaine infiniment onirique, insidieuse, sarcastique, capiteuse au demeurant. Une femme libre dans la finalité (avec un sacré pied de nez au puritanisme en conclusion couillue) où la rédemption possède un sacré goût de souffre dans la bouche par son absence assumée de moralité. A revoir absolument donc pour comprendre si Maxxxine deviendra culte ou pas, à l'instar d'Angel auquel Ti West ne manque pas non plus de rendre tendrement hommage (tant pour l'icone féminine auto-justicière que pour sa peinture urbaine sous néons polychromes).

*Bruno

Ci-joint la chronique de Jean-Marc Micciche

Séance découverte avec Maxxxine, troisième volet de la trilogie 'spécial Mia Goth'. Tout d'abord louons l'égérie du fantastique moderne via Mia Goth qui assurément avec ses trois films marquent son empreinte. Encore ici, elle est magnifique et illumine le film de sa présence magnétique parfaite en icone 'revenge' movie. D'ailleurs, à l'image du clivant Malignant, le film est une véritable déclaration à la culture du videoclub, du cinéma d'exploitation, et Ti West inscrit sa démarche en véritable auteur d'un cinéma post moderne, malaxant code, narration personnage, situation. Bref un cinéma de la bonne citation préférant l'évocation de ses figures de genres plutôt que la citation directe. Alors oui le film est très loin d'être parfait, au contraire même, à l'image de ses nombreux films évoqués, il est volontairement étrange, bancal, car préférant le style, la stylisation des années 80. Autant dire que pour les cinéphiles de notre génération, Maxxxine est un plaisir jouissif à regarder. Les jeunes cinéphiles se concentreront sans doute à des différences explicites (Les frissons de l'angoisse, Psychose) mais pour nous autres, on pensera davantage à la saga des Angel ( la plus naturelle et évidente), à Descente en enfers (Vise Squad), à L'ange de la vengeance et New York deux heures du matin de Abel Ferrara, à Body Double ou Pulsion de De Palma. Tel idée de montage, de photo, de musique jouera sur la mémoire de certains d'entre nous : Fondu au noir, Les jours et les nuits de China Blue, les clip video, les boites de production cheap, le tout porté par un score musical qui imprègne la rétine, qui marque les esprits. Pas étonnant que Scorsese considère Ti West comme une vraie révélation de la série b. 8.5/10 Clairement un film générationnelle.

vendredi 2 août 2024

Phantasm 3: le seigneur de la mort / Phantasm 3: Lord of the Dead

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Don Coscarelli. 1994. U.S.A. 1h31. Avec Angus Scrimm, A. Michael Baldwin, Reggie Bannister, Bill Thornbury, Kevin Connors, Gloria Lynne Henry.

Sortie salles U.S: 6 Mai 1994 (sortie limitée)

FILMOGRAPHIE: Don Coscarelli est un scénariste et réalisateur américain né le 17 Février 1954 à Tripoli (Lybie). 1976: Jim the World's Greatest. 1976: Kenny and Compagny. 1979: Phantasm. 1982: Dar l'invincible. 1988: Phantasm 2. 1989: Survival Quest. 1994: Phantasm 3. 1998: Phantasm 4. 2002: Bubba Ho-tep. 2012: John Dies at the end.

6 ans séparent Phantasm 3 du second volet et on peut affirmer que Don Coscarelli n'a pas perdu la main pour nous servir à nouveau un pur divertissement badass si bien qu'il reprend les mêmes ingrédients de Phantasm 2. Ainsi, l'amateur éclairé n'a point à bouder ce fort sympathique spectacle horrifique, train fantôme de tous les diables transposé dans le cadre usuel du road movie, comme l'était conçu son second opus aussi attractif. Or, ici il y a toutefois un changement notable en la présence de l'acteur iconique A. Michael Baldwin endossant une seconde fois le rôle de Mike (en plus âgé) alors que dans l'épisode précédent il était remplacé par James LeGros. Il s'agit donc en l'occurence de retrouvailles familiales que l'on nous illustre dans un esprit festoyant par l'entremise de deux autres personnages aussi bonnards; Rocky, afro ricaine spécialiste du nunchaku et Tim, petit garnement en culotte courte fort sagace, rusé et émérite pour son art d'y conduire une voiture et d'y occire à l'arme à feu ses ennemis d'outre-tombe (on y croise un trio de zombies) et de l'autre monde (les nains encapuchonnés, les sphères volantes). Une posture politiquement incorrecte que les bien-pensants auront bien du mal à adouber. 

Enfin, il faut également compter sur la présence innatendue de Bill Thornbury endossant le rôle funeste de Jody (puisque dézingué dès le 1er opus par le diabolique Tall Man) mais qui ici parvient à communiquer à travers les rêves de son frère Mike et à se matérialiser à l'intérieur d'une boule d'acier afin d'épauler l'équipée musclée délibérée à déssouder Tall Man et ses sbires. Par conséquent, dans un esprit cartoonesque purement ludique, comme fut le précédent opus, Phantasm 3 ne table que sur son action horrifique en roue libre et l'imagination débordante de son concepteur  gouailleur pour rendre stimulante l'aventure sous l'impulsion de personnages aussi attachants que décomplexés à se soumettre aux forces du Mal avec aisance sciemment pittoresque. On est donc là pour s'amuser sous le pilier d'une récréation horrifique menée sans répit à point tel que la gratuité de certaines séquences musclées ou horrifiques ne nous laisse pas sur un sentiment de gêne ou de dépit. D'autre part, à travers sa recherche inventive en constante mutabilité (on navigue toujours entre rêve et réalité sans trop de souci de cohérence), on en apprend un peu plus sur l'origine des nains encapuchonnés,sur une faille corporelle du Tall Man (bien que toujours aussi increvable) et sur la conception des sphères volantes foreuses de cerveau (avec une séquence du plus bel éclat gorasse quasi remakée au 1er modèle) beaucoup plus nombreuses et meurtrières pour notre plus grand bonheur. Attention toutefois à sa conclusion en suspens risquant une fois encore de laisser un goût amer à une frange de spectateurs !

Débridé, assez fringant et décomplexé dans sa facture cartoonesque transpirant la bonne humeur auprès de son esprit de camaraderie familiale (d'ailleurs son interdiction aux moins de 16 ans à l'époque est totalement incompréhensible !), Phantasm 3 ne déçoit pas pour qui a approuvé le changement de direction notable du second opus imposant une frénésie visuelle plus insolente, une action autrement épique et des scènes chocs souvent détournées par une liberté de ton burlesque. Un 3è opus aussi réussi donc avant de renouer avec l'onirisme métaphysique de son modèle que le 4è opus animera intelligemment dans une ambition autrement plus envoûtante, baroque et novatrice plutôt que de rempiler avec l'action bourrine de ses 2 précédents épisodes. 

P.S: à noter que la qualité Blu-ray de l'éditeur français ESC est absolument splendide à travers la restauration du nouveau master. 

*Bruno

mercredi 31 juillet 2024

Mystic River

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site fr-starstills.glopalstore.com

de Clint Eastwood. 2003. U.S.A. 2h18. Avec Sean Penn, Tim Robbins, Kevin Bacon, Laurence Fishburne, Marcia Gay Harden, Laura Linney, Kevin Chapman, Adam Nelson, Tom Guiry, Jonathan Togo, Kevin Conway, Eli Wallach, Emmy Rossum, Jenny O'Hara, Connor Paolo, Tori Davis, John Doman, Spencer Treat Clark, Dennis Lehane.

Sortie salles France: 15 Octobre 2003 (Int - 12 ans).

FILMOGRAPHIE: Clint Eastwood est un acteur, réalisateur, compositeur et producteur américain, né le 31 Mai 1930 à San Francisco, dans l'Etat de Californie. 1971: Un Frisson dans la Nuit. 1973: L'Homme des Hautes Plaines. 1973: Breezy. 1975: La Sanction. 1976: Josey Wales, Hors la Loi. 1977: L'Epreuve de Force. 1980: Bronco Billy. 1982: Firefox, l'arme absolue. 1982: Honkytonk Man. 1983: Sudden Impact. 1985: Pale Rider. 1986: Le Maître de Guerre. 1988: Bird. 1990: Chasseur Blanc, Coeur Noir. 1990: Le Relève. 1992: Impitoyable. 1993: Un Monde Parfait. 1995: Sur la route de Madison. 1997: Les Pleins Pouvoirs. 1997: Minuit dans le jardin du bien et du mal. 1999: Jugé Coupable. 2000: Space Cowboys. 2002: Créance de sang. 2003: Mystic River. 2004: Million Dollar Baby. 2006: Mémoires de nos pères. 2006: Lettres d'Iwo Jima. 2008: L'Echange. 2008: Gran Torino. 2009: Invictus. 2010: Au-delà. 2011: J. Edgar. 2014: Jersey Boys. 2015: American Sniper. 2016: Sully. 2017: 2018: Le 15h17 pour Paris. 2018: La Mule. 2021: Cry Macho. 


L'enfance violée. 
Drame psychologique davantage intense et éprouvant au sein du cadre du thriller noir sans illusion, Mystic River fait évidemment l'effet d'un uppercut émotionnel dont il est impossible de sortir indemne à travers les fantômes d'un passé galvaudé refaisant surface sous l'impulsion crépusculaire (photo monochrome à l'appui) d'un climat funèbre semi dépressif. Clint Eastwood retraçant avec une fine attention cérébrale le parcours en perdition d'un trio d'amis de longue date (épaulé de seconds-rôles saillants afin de les soutenir ou de s'en méfier) hanté par la maltraitance après que l'un d'eux, Dave, fut kidnappé par deux pédophiles durant son adolescence 4 jours durant. Or, 25 ans plus tard, c'est au tour de son ancien ami Jimmy de vivre une descente aux enfers lorsque sa fille de 19 ans est retrouvée assassinée. D'une intensité dramatique toujours plus tendue et suffocante auprès de l'investigation du père éploré, accompagné d'un duo marginal peu recommandable, et de deux flics déterminés d'y débusquer le coupable (Kevin Bacon / Laurence Fishburne sobrement réfléchis), Mystic River nous plonge dans un gouffre horrifique tant les personnages anti-manichéens font froid dans le dos à travers leurs moralité torturée émanant d'un passé éhonté.   
  
                                      

Celui d'un trio d'amis hantés par l'horreur d'une situation immorale au point de se voir réunir 25 ans plus tard par l'occasion d'une nouvelle tragédie fustigeant à nouveau l'innocence. Magnifiquement interprété tous azimuts, jusqu'aux seconds-rôles à l'importance majeure si je me réfère par exemple à l'épouse davantage contrariée de Dave (Marcia Gay Harden terriblement poignante auprès de sa suspicion incontrôlée), ce drame implacable est porté à bout de bras par Sean Penn en paternel équivoque sur le point de commettre l'irréparable, notamment faute de son passé judiciaire. Mais encore et surtout par Tim Robbins tétanisant de vérité névrosée, littéralement habité de douleur morale dépouillée en victime apatride en proie aux médisances au sein de sa région nécrosée. Déambulant durant toute l'intrigue tel un mort-vivant nonchalant il crève l'écran par son charisme laconique figé dans le vide. Clint Eastwood filmant notamment la ville de Boston parmi la faible luminosité d'une photo limpide alternant le noir, le blanc et le bleu ciel pour tenir compte de l'amertume des personnages communément impliqués par l'idée du Mal leur collant au basque d'après ce passé amical en berne. 


Les morts-vivants
Grand moment de cinéma au sens le plus digne, attentionné et épuré, Clint Eastwood magnifiant à la perfection les profils pathétiques de personnages résolument sombres car victimes de leurs actions sans vergogne, Mystic River impose un discours glaçant sur l'auto-justice, la repentance, l'incapacité de faire face au deuil et d'y reconstruire sa vie sous l'impulsion d'une intrigue fétide déteignant sur notre moral de par sa rigueur dramatique compromise par l'insolence, la haine, la révolte et le remord qu'on ne peut réviser.  

*Bruno
2èx. Vostfr

Récompenses:

Festival de Cannes 2003

Prix Vulcain de l'artiste technicien attribué à Tom Stern, directeur de la photographie.

Oscars 2004

Oscar du meilleur acteur (Sean Penn)

Oscar du meilleur acteur dans un second rôle (Tim Robbins)

Golden Globes 2004

Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique (Sean Penn)

Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle (Tim Robbins)

César 2004

César du meilleur film étranger

American Film Institute Awards 2004

Film de l'année

mardi 30 juillet 2024

Sans un bruit: jour 1 / A Quiet Place: Day One

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Sarnoski. 2024. U.S.A. 1h41. Avec Lupita Nyong'o, Joseph Quinn, Alex Wolff, Djimon Hounsou, Eliane Umuhire

Sortie salles France: 28 Juin 2024. U.S: 26 Juin 2024 (Int - 13 ans).

FILMOGRAPHIE: Michael Sarnoski est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2021: Pig. 2024: Sans un bruit: Jour 1. 


Une déclinaison adulte avec un coeur gros comme ça. 
J'y allais tant à reculons pour amorcer ce 3è opus, notamment faute d'une séquelle relativement sympathique mais inutile et rarement passionnante (selon mon jugement de valeur). Or, à l'arrivée, je pourrais presque ici évoquer le coup de coeur tant je n'y attendais rien (ou pas grand chose) si bien que Sans un bruit: Jour 1 m'a surtout rudement surpris pour son côté humaniste à la fois poignant, émouvant puis enfin bouleversant. Notamment quant à l'audace de son épilogue tacite imposant une suggestion aussi bien frustrante qu'intelligente dans son refus de surenchère sur air connu. La partition musicale d'une grande sensibilité étant sobrement instillée pour tenir lieu de l'amertume désoeuvrée des survivants s'évertuant à trouver une issue de secours par l'entremise de l'eau. Dénué de prétention de par sa sincérité irréprochable, ce formidable divertissement relance donc efficacement la mécanique de peur, d'actions et de tension sous l'impulsion de ce nouveau duo héroïque se prêtant main forte à l'aide d'un humanisme à la fois désespéré et résiliant quant au survival qui se profile face à eux, faute des mauvaises rencontres extra-terrestres d'une vélocité (toujours) épeurante. Là encore, on peut applaudir le réalisme fulgurant des effets-spéciaux numériques permettant de nous immerger dans l'action horrifique avec une tension dévastatrice tantôt à fleur de peau (tout du moins pour ma sensibilité personnelle). Ainsi donc, le réalisateur de l'atypique Pig parvient à maintenir l'attention en exploitant un nouveau cadre urbain autrement plus vaste, fascinant, inquiétant, atmosphérique que le couple arpente la peur au ventre en compagnie de la fidélité d'un chat (là encore idée judicieuse que de celui d'offrir un rôle à cet animal aux pattes de velours plutôt bien dirigé - notamment auprès des séquences sous-marines -).

Michael Sarnoski exploitant habilement d'autres trouvailles retorses afin de renouveler ses situations éculées (comme celui d'oser parler au moment du bruit de la pluie ou de crier sa rage de vivre, d'enfoncer une porte grâce aux éclairs du tonnerre). Il y a d'autre part cette audace d'imposer à l'un des deux protagonistes une préoccupation morale quant à la denrée de la pizza durant la quasi totalité de l'intrigue quasi mutique. Chez un tâcheron, cette idée saugrenue aurait pu facilement sombrer dans le ridicule alors qu'ici on s'attache, on s'émeut même constamment de la quête personnelle de cette afro américaine (là aussi joli message de tolérance et d'égalité raciale que d'imposer le 1er rôle à une femme de couleur) obsédée à l'idée de savourer son plat attitré avant de trépasser. Si bien que Sans un bruit: jour 1 évoque la thématique de la mort avec une digne pudeur selon deux point de vue contraires. Son compagnon de fortune étant aussi effrayé que traumatisé par cette invasion meurtrière à grande échelle. Emaillé de visions cauchemardesque à travers cette métropole apocalyptique, ce 3è opus nous immerge sans ambages dans son univers crépusculaire en accordant notamment beaucoup de soin à un esthétisme décharné quant aux bâtiments défigurés. Mais si ce divertissement prioritairement adulte demeure aussi attachant, convaincant, fascinant et bouleversant, il le doit enfin beaucoup aux comédiens Lupita Nyong'o / Joseph Quinn endossant le couple démuni avec une solidarité grandissante davantage rigoureuse, persuasive, héroïque dans la finalité du sens du sacrifice. Toutes leurs séquences intimistes suscitant une émotion à la fois épurée, fragile, ténue, notamment lorsqu'ils opèrent dans l'improvisation un spectacle de magie au sein d'un bar à piano ou lorsque l'héroïne préfère renouer avec son passé natal pour retrouver sa contrée familiale en guise de cadeau d'adieu.   


Monsters.
Aussi bon, (voir peut-être même supérieur au 1er opus ?), Sans un bruit: jour 1 exploite le film du Samedi soir avec une intégrité, une simplicité et une maturité forçant le respect. Car dénué de prétention (la répétition est volontaire), ce divertissement dérivé joue dans la cour des grands de nous transmettre sobrement une émotion fragile constamment vibrante quant à la peur de mourir face à une menace rapace inextinguible. Et on se laisse ici beaucoup mieux convaincre sans se forcer du début à la fin de l'intrigue qui plus est nantie d'un épilogue bicéphale aussi audacieux qu'utile. 

*Bruno


jeudi 25 juillet 2024

Black Book

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Paul Verhoeven. 2006. Hollande/Allemagne/Belgique/Angleterre. 2h25. Avec Carice van Houten, Sebastian Koch, Thom Hoffman, Halina Reijn, Waldemar Kobus, Derek de Lint, 
Dolf de Vries

Sortie salles France: 29 Novembre 2006

FILMOGRAPHIE: Paul Verhoeven est un réalisateur néerlandais, né le 18 Juillet 1938 à Amsterdam.
1971: Business is business. 1973: Turkish Delices. 1975: Keetje Tippel. 1977: Le Choix du Destin. 1980: Spetters. 1983: Le Quatrième Homme. 1985: La Chair et le Sang. 1987: Robocop. 1990: Total Recall. 1992: Basic Instinct. 1995: Showgirls. 1997: Starship Troopers. 2000: l'Homme sans Ombre. 2006: Black Book. 2016: Elle. 2021: Benedetta. 


Un feu d'artifice tentaculaire.
Illuminé de la force de caractère de l'actrice hollandaise Carice van Houten à travers sa beauté flamboyante à l'érotisme torride, si bien qu'elle crève l'écran dans son omniprésence, Black Book renoue avec le grand cinéma épique d'après un fait divers glaçant dont je tairai l'indice. Paul Verhoeven, plus impliqué et ambitieux que jamais, transplantant avec une efficacité endiablée le film d'aventures et le film policier dans le cadre du film de guerre en y dénonçant par cette occasion singulière les exactions de l'occupation allemande et de certains transfuges (dont je tairais toutes identités) au sein du pays-bas. Mené sur un rythme davantage effréné en dépit de sa longue durée (2h18 sans le générique), Black Book nous scotche au siège sous l'impulsion d'un suspense ciselé fertile en rebondissements qu'il est impossible d'anticiper. Qui plus est, en franc-tireur quelque peu insolent, le cinéaste fracasse les codes pour mieux nous surprendre (voir même nous déconcerter avec bonheur) tout en renforçant l'aspect réaliste des situations alarmistes au sein d'un pur divertissement intelligent quant à nous dévoiler un (nouvel) aspect peu glorieux de la seconde guerre mondiale du point de vue des potentielles victimes. 


Carice van Houten
endossant avec une spontanéité à la fois étonnamment tranquille, fraîche et sémillante une espionne juive toujours plus ballotée tous azimuts au fil de sa houleuse mission après avoir amorcé une relation sentimentale avec le capitaine SS Ludwig Müntze. Celle-ci portant l'intrigue sur ses épaules avec un courage et une audace toujours plus préjudiciables quant aux embuches que Paul Verhoeven lui assène avec refus du compromis. Qui plus est, se foutant de la morale d'une certaine manière, celui-ci n'hésite guère à nous brosser des personnages anti-manichéens afin d'y imprimer une vérité anticonformiste par delà sa propre personnalité à la fois frondeuse, marginale, pour ne pas dire discutable aussi (notamment auprès de sa conclusion meurtrière quant à la remise en question équivoque du duo). Ainsi donc, fort d'une solide intrigue infaillible narrée avec une intensité dramatique intermittente, Black Book bouscule nos repères, donne le vertige, halète auprès de sa facture épique truffée de mauvaises rencontres, d'incidents imprévus, de félons et chansons paillardes. Désireux de nous retranscrire sans prétention du grand cinéma à l'ancienne au sein d'une reconstitution historique où rien n'est laissé au hasard, Black Book alterne romance, passion, drame et fureur au sein de valeurs morales bafouées par les vices de la guerre. Le tout étant brillamment maîtrisé auprès de sa mise en scène virevoltante et sa direction d'acteurs expansifs quitte à nous donner parfois le vertige en nous égarant dans son intrigue savamment ramifiée. On n'en demandait pas tant. 


*Bruno
2èx. Version Hollandaise STF

Box Office France: 124 887 entrées

Récompenses:
Festival du cinéma néerlandais d'Utrecht 2006
Meilleure actrice (Carice van Houten)
Meilleure réalisation (Paul Verhoeven)
Meilleur film
Gouden Film 2006
Platina Film 2006
Diamanten Film 2007
Capri Cult Award 2007 (Paul Verhoeven)
Rembrandt Awards 2007 :
Meilleure actrice néerlandaise (Carice van Houten)
Meilleur film (Paul Verhoeven et San Fu Maltha)
Sannio FilmFest 2007 : meilleure réalisation (Paul Verhoeven)
Rembrandt Awards 2008 : meilleure sortie du DVD


lundi 22 juillet 2024

Cassandra

                                                                  Photo empruntée sur Google, capture d'écran 

de Colin Eggleston. 1986. Australie. 1h34. Avec Tegan Charles, Tessa Humphries, Dylan O'Neill, Shane Briant, Tim Burns 

Sortie salles France: 1987

FILMOGRAPHIE: Colin Eggleston est un réalisateur australien, né le 23 Septembre 1941 à Melbourne, décédé le 10 Août 2002 à Genève. 1977: Fantasm Comes Again (pseudo Eric Ram). 1978: Long Week-end. 1982: The Little Feller. 1984: Innocent Prey. 1986: Cassandra. 1986: Dakota Harris. 1986: Body Business (télé-film). 1987: Outback Vampires.

Même si on est loin du niveau qualitatif de Long Week-end, chef-d'oeuvre écolo imputrescible, Cassandra est un sympathique thriller horrifico-fantastique assez efficacement mené pour conserver l'intérêt jusqu'au générique de fin. Et ce même si personnellement j'ai deviné l'identité du meurtrier au bout d'1 heure de métrage. Le récit instillant un suspense accrocheur auprès du sort imparti à une famille dysfonctionnelle dont la fille aînée est douée de visions prémonitoires depuis le suicide de sa soeur. Bien que paradoxalement on peut tiquer sur certaines maladresses techniques, de grossières ellipses, des jeux d'acteurs parfois timorés et certains clichés symptomatiques du genre horrifique, on est surpris à d'autres moments non conventionnels quant aux postures de certains personnages à l'expressivité autrement plus convaincante pour tenir lieu de leur sort indécis. Tour à tour charmant et quelque peu attachant,  Cassandra bénéficie en outre d'un climat d'étrangeté singulier que les australiens sont parfois parvenus à parfaire à travers leur âge d'or du Fantastique. L'héroïne principale demeurant d'autre part assez inquiétante et magnétique auprès de son physique ordinaire en investigatrice néophyte victime de visions cauchemardesques étroitement liées à son enfance torturée. Bien que perfectible et inachevé, Cassandra est à (re)découvrir donc, notamment du fait de sa grande rareté depuis sa VHS locative des années 80. 

Remerciement à Atreyu. 

*Bruno


Horizon: une saga américaine, chapitre 1 / Horizon: An American Saga – Chapter 1

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Kevin Kostner. 2024. U.S.A. 3h01. Avec Kevin Costner, Sienna Miller, Sam Worthington, Jena Malone, Michael Rooker, Gregory Cruz, Owen Crow Shoe, Tatanka Means, Ella Hunt, Tom Payne, Abbey Lee, Georgia MacPhail, Wasé Chief, Luke Wilson, Jon Beavers, Jamie Campbell Bower, Danny Huston, Tim Guinee.

Sortie salles France: 3 Juillet 2024. U.S: 28 Juin 2024

FILMOGRAPHIE: Kevin Costner est un acteur, producteur, réalisateur et chanteur américain, né le 18 janvier 1955 à Lynwood, en Californie (États-Unis). 1990 : Danse avec les loups. 1997 : Postman. 2003 : Open Range. 2024 : Horizon : Une saga américaine, chapitre 1. 2024 : Horizon : Une saga américaine, chapitre 2. prochainement : Horizon : Une saga américaine, chapitre 3. 

Coup de ❤

Quand Kevin Kostner réinvente les codes du western classique parmi l'appui d'acteurs charismatiques héritiers de leurs ancêtres, cela donne une splendide conquête de l'Ouest "familiale" bourré à ras bord d'émotions, de tendresse, de violence, de fureur et de passion. 

Puisque c'est beau à en pleurer (tant auprès de l'immensité des décors naturels que de la pudeur des femmes éplorées), lyrique au possible, constamment bouleversant, avec, à la clef un suspense perpétuel d'une intensité dramatique toutefois en suspens quant à l'expectative finale. 

Immense merci Kevin pour cette précieuse offrande si bien que l'on se croirait presque revenu au temps de la Dernière Séance que John Ford sacralisa avec autant d'amour, d'intelligence, d'ambition et de sincérité. 

Et très honnêtement je me retiens à ne pas qualifier ce 1er opus de chef-d'oeuvre. 

P.S: Faut-il préciser que les 3 heures passent comme une lettre à la poste ?

mardi 16 juillet 2024

Agnès de Dieu / Agnes of God

                                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Norman Jewinson. 1985. U.S.A. 1h38. Avec Jane Fonda, Anne Bancroft, Meg Tilly, Anne Pitoniak, Winston Rekert, Gratien Gélinas, Guy Hoffman, Gabriel Arcand.

Sortie salles France: 12 Mars 1986. U.S: 27 Septembre 1985

FILMOGRAPHIE: Norman Jewison est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste canadien, né le 21 Juillet 1926 à Toronto (Canada). 1962: Des ennuis à la pelle. 1963: Le Piment de la vie. 1964: Ne m'envoyez pas de fleurs. 1965: The Art of love. 1965: Le Kid de Cincinnati. 1966: Les Russes Arrivent. 1967: Dans la chaleur de la nuit. 1968: l'Affaire Thomas Crown. 1969: Gaily, gaily. 1971: Un violon sur le toit. 1973: Jésus Christ superstar. 1975: Rollerball. 1978: F.I.S.T. 1979: Justice pour tous. 1982: Best Friends. 1984: A Soldier Story. 1985: Agnès de Dieu. 1987: Eclair de lune. 1989: Un Héros comme tant d'autres. 1991: Larry le liquidateur. 1994: Only you. 1996: Bogus. 1999: Hurricane Carter. 2003: Crime contre l'humanité.


Quelle trouble impression de découvrir pour la toute 1ère fois, soit 39 ans passée sa sortie, cette étrangeté indicible fondée sur l'enquête de longue haleine d'une psychiatre tentant de résoudre l'éventuel meurtre d'un nouveau-né au sein d'un couvent régit par Mère Miriam Ruth ! Or, Sœur Agnès est suspectée d'avoir étranglé son propre enfant dès la naissance alors que le Dr Martha Livingston s'efforce de l'interroger afin de découvrir l'insoluble vérité. Réalisé au coeur des années 80 auprès de décors gothiques limpides, Agnès de Dieu est une oeuvre remarquable pour qui apprécie les objets singuliers confectionnés par un illustre alchimiste au diapason. Norman Jewison maîtrisant avec un art consommé son sujet spirituel et la direction de ses acteurs à travers une mise en scène à la limite de l'expérimental, notamment eu égard des séances d'hypnose que se partagent Agnès, Martha et Mère Myriam lors d'une confrontation psychologique aussi rigoureuse qu'anthologique. Ainsi, nanti d'une ambiance baroque quasi indescriptible, dans la mesure, où de mémoire de cinéphile je n'ai jamais assisté à pareille séance mystico-religieuse face écran, Agnès de Dieu insuffle au fil de son évolution narrative mystère, perplexité et suspense sous l'impulsion d'oppositions psychologiques finement caractérisés. 


Tant auprès de la candide soeur Agnès traumatisée par son enfance faute d'une mère abusive (Meg Tilly semble littéralement possédée par sa prestance à la fois fragile, divine et perturbée, sans doute le meilleur rôle de sa carrière !), de Mère Miriam difficilement déchiffrable en matriarche pieuse vouée à l'amour de Dieu (Anne Bancroft impressionnante de charisme strié auprès de sa forte personnalité respectable) que de Dr Martha dont sa propre soeur fut autrefois retrouvée morte au sein d'un couvent. La sublime Jane Fonda magnétisant l'écran de sa beauté mature irréelle avec une force de caractère aussi teigneuse qu'infaillible. Autant dire que ce trio féminin explose l'écran à chacune de leurs récurrentes apparitions, même si Norman Jewison fait doucement grimper la tension auprès d'une structure narrative savamment instillée. De manière notamment à instaurer un climat d'anxiété et d'inquiétude que l'on ne voit pas venir tant le cinéaste semble habité par ses ambitions cinématographiques afin de nous faire participer à un suspense policier davantage électrisant. 


Ainsi donc, en s'interrogeant ouvertement sur la valeur morale de la foi religieuse et du mysticisme qui en émane parfois auprès d'évènements inexpliqués, Norman Jewison nous plaque (doucement mais surement) au siège au sein de son suspense policier que n'aurait renié Jean-Jacques Annaud avec son parangon Le Nom de la Rose. Illuminé des présences féminines susnommées extrêmement impliquées dans leur fonction morale à la fois ardue et contradictoire, Agnès de Dieu finit par bouleverser nos sens auprès d'une conclusion aussi couillue que métaphorique. A voir d'urgence donc, notamment pour son climat insécure lestement impressionnant, si bien que le récent Immaculée fait par exemple bien pâle figure auprès de son parti-pris gorasse autrement putassier et démonstratif. 

*Bruno