lundi 21 juin 2021

Oscar

                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Edouard Molinaro. 1967. France. 1h25. Avec Louis de Funes, Claude Rich, Claude Gensac, Agathe Natanson, Paul Préboist, Sylvia Saurel.

Sortie salles France: 11 Octobre 1967

FILMOGRAPHIE: Edouard Molinaro est un réalisateur et scénariste français, né le 13 Mai 1928 à Bordeaux, en Gironde, décédé le 7 Décembre 2013 à Paris.1958: Le Dos au mur. 1959: Des Femmes disparaissent. 1959: Un Temoin dans la ville. 1960: Une Fille pour l'été. 1961: La Mort de Belle. 1962: Les Ennemis. 1962: Les 7 Pêchers capitaux. 1962: Arsène Lupin contre Arsène Lupin. 1964: Une Ravissante Idiote. 1964: La Chasse à l'Homme. 1965: Quand passent les faisans. 1967: Peau d'Espion. 1967: Oscar. 1969: Hibernatus. 1969: Mon Oncle Benjamin. 1970: La Liberté en Croupe. 1971: Les Aveux les plus doux. 1972: La Mandarine. 1973: Le Gang des Otages. 1973: L'Emmerdeur. 1974: L'Ironie du sort. 1975: Le Téléphone Rose. 1976: Dracula, père et fils. 1977: L'Homme pressé. 1978: La Cage aux Folles. 1979: Cause toujours... tu m'intéresses ! 1980: Les Séducteurs. 1980: La Cage aux Folles 2. 1982: Pour 100 briques t'as plus rien... 1984: Just the way you are. 1985: Palace. 1985: L'Amour en douce. 1988: A gauche en sortant de l'ascenseur. 1992: Le Souper. 1996: Beaumarchais, l'insolent. 1996: Dirty Slapping (court-métrage).

Vaudeville mené sur un train d'enfer, Oscar n'a pas volé ses 6 122 387 entrées dans l'hexagone (second au box-Office derrière Les Grandes Vacances !) après avoir triomphé au théâtre à l'orée des années 60. Si bien que la pièce de Claude Magnier est adapté au cinéma par le spécialiste Edouard Molinaro avec autant d'efficacité en roue libre. Car outre son scénario irracontable multipliant à un rythme effréné les quiproquos et rebondissements en pagaille autour de l'enjeu pécuniaire d'une valise ballotée tous azimuts, les comédiens affichent communément une spontanéité frétillante à se crêper le chignon et à se pardonner pour une cause maritale. Louis De Funès, omniprésent, monopolisant l'écran avec une énergie galvanisante infatigable. 

Maître de la répartie, celui-ci s'oppose à ses partenaires avec une expansivité exubérante au point de nous donner le vertige à force d'outrances verbales fréquemment hilarantes. Car si Oscar dégage une bonne humeur et un entrain formidablement communicatifs, les éclats de rire qui irriguent l'intrigue s'interposent violemment pour nous donner des crampes aux fossettes. C'est dire si le spectacle conçu par Molinaro demeure jubilatoire à travers ses allers et venues de convives et d'étrangers surprises se précipitant dans la demeure de Bertrand Barnier (De Funes) avec un art consommé du bagout. Claude Rich dans le rôle de Christian Martin demeurant indétrônable à tenter d'amadouer et de duper son adversaire Bertrand Barnier avec une force tranquille et de sureté enclin à l'ironie. Quand bien même les seconds-rôles impartis aux domestiques (Paul Préboist en tête) reluquent leur cacophonie conjugale dans une posture soumise amiteuse. 

Authentique classique de la comédie populaire alloué au huis-clos domestique, Oscar parvient à s'extirper du carcan théâtral grâce à la mise en scène efficace du cinéaste, au sens du détail architectural et au jeu lunaire des acteurs semant le désordre avec une expressivité sémillante. Sa drôlerie en roue libre émanant surtout de la gestuelle de De Funes mais aussi de ses comparses déversant sans aucune modération une verve impayable pour tenter de s'y réconcilier. Et signe que cette comédie pulsatile demeure bel et bien une réussite probante du genre, elle n'a aujourd'hui pas pris une ride ! 

*Bruno
2èx

Box-Office France: 6 120 862 entrées (d'autres sources évoquent 6 122 387)

samedi 19 juin 2021

La Bataille de San Sebastian

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Henry Verneuil. 1968. France/Italie/Mexique. 1h51. Avec Anthony Quinn, Anjanette Comer, Charles Bronson, Sam Jaffe, Silvia Pinal, Jorge Martínez de Hoyos.

Sortie salles France: 14 Mars 1969

FILMOGRAPHIE: Henry Verneuil (de son vrai nom Achod Malakian) est un réalisateur et scénariste  français d'origine arménienne, né le 15 Octobre 1920 à Rodosto, décédé le 11 Janvier 2002 à Bagnolet. 1951: La Table aux crevés. 1952: Le Fruit Défendu. 1952: Brelan d'As. 1953: Le Boulanger de Valorgue. 1953: Carnaval. 1953: l'Ennemi public numéro 1. 1954: Le Mouton a 5 pattes. 1955: Les Amants du Tage. 1955: Des Gens sans importance. 1956: Paris, palace Hôtel. 1957: Une Manche et la belle. 1958: Maxime. 1959: Le Grand Chef. 1959: La Vache et le Prisonnier. 1960: l'Affaire d'une Nuit. 1961: Le Président. 1961: Les Lions sont lâchés. 1962: Un Singe en Hiver. 1963: Mélodie en sous-sol. 1963: 100 000 Dollars au Soleil. 1964: Week-end à Zuydcoote. 1966: La 25è Heure. 1967: La Bataille de San Sebastian. 1969: Le Clan des Siciliens. 1971: Le Casse. 1972: Le Serpent. 1975: Peur sur la ville. 1976: Le Corps de mon ennemi. 1979: I comme Icare. 1982: Mille Milliards de Dollars. 1984: Les Morfalous. 1991: Mayrig. 1992: 588, rue du Paradis.

Unique incursion dans le western chez le cinéaste français Henry Verneuil alors qu'il s'agit d'une co-production entre l'hexagone, l'Italie et le Mexique, La Bataille de San Sebastian renoue avec le souffle épique des grosses productions hollywoodiennes ayant bercé notre enfance ainsi que celle de nos parents. Inexplicablement flingué par la critique lors de sa sortie confidentielle, peut-être à cause du portrait peu recommandable de l'anti-héros athée qu'endosse l'immense Anthony Quinn, ce western parfois influencé par le cinéma italien (principalement sa première demi-heure lorsque Leon Alastray - Anthony Quinn - se voit torturé par Teclo - Charles Bronson - avec sadisme non simulé) demeure un divertissement de haut calibre. Notamment auprès de ses moyens techniques mis en oeuvre, ses décors naturels éclectiques littéralement flamboyants et ses moults figurants se prêtant au jeu de la guérilla avec une frénésie inépuisable. Et pour en revenir au western spaghetti doucement évoqué plus haut, la musique est composée par le maestro Ennio Morricone faisant ouvertement écho aux chefs-d'oeuvre de Sergio Leone. La fameuse bataille demeurant un morceau de bravoure terriblement impressionnant de par l'impact de sa violence effrénée épaulée il est vrai d'un montage ultra dynamique à faire pâlir de jalousie nos classiques précurseurs ! L'intrigue tout à fait efficace nous illustrant l'initiation héroïque d'un bandit substitué en prêtre (alors qu'il ne cessera durant l'aventure d'y nier sa fonction biaisée d'émissaire religieux) au sein du village démuni de San Sebastian. 

Si bien que les habitants davantage désargentés redoutent la prochaine attaque des Yaquis supervisés par le traître Teclo. Remake de La main gauche du Seigneur d'Edward Dmytryk, sorti en 1955 dont j'ignorai l'existence; La Bataille de San Sebastian est largement rehaussé du talent viril d'Anthony Quinn incarnant avec une aisance incorruptible un magnifique portrait d'anti-héros aussi entêté que dur et intransigeant. Or, au fil de se relation houleuse avec les habitants et par le biais d'une main secourable éprise d'amour pour lui, Leon Alastray s'allouera d'une mission héroïque afin de réveiller de leur torpeur ses métayers serviles préférant fuir leurs cocons plutôt que de combattre fusil à la main l'ennemi que représentent les indiens eux mêmes influencés par un influenceur perfide. Plutôt hétérodoxe à renier la cause divine alors que tout un peuple s'adonne à lui dans leur idéologie chrétienne, La Bataille de San Sebastian met en exergue le profil athée de ce bandit solitaire peu enclin à éprouver une quelconque empathie pour autrui (notamment celle auprès du prêtre moribond lors du prologue) alors qu'au fil de son parcours moral il se laissera guider par un instinct de loyauté dans son éthique contestataire. C'est ce qui fait la force dramatique de l'intrigue sublimant ce portrait marginal qui plus est affublé d'une toge religieuse pour contenter ce peuple soumis à la morale conservatrice. On apprécie également l'impossible romance entre Alastray et la douce Kinita ne cessant de lui implorer son affection pour lui alors qu'il reste un fugitif en fuite recherché également par les autorités. Sa condition d'homme traqué tous azimuts le contraignant à s'isoler vers l'exil plutôt que d'amorcer une vie harmonieuse et équilibrée somme toute sereine. 

Gros spectacle issu de l'ancienne école (et d'une "Dernière Séance" !), La Bataille de San Sebastian n'a rien perdu de sa patine (en scope technicolor svp !) et de son entrain homérique au fil d'un récit aussi belliciste qu'humaniste militant pour les valeurs de dignité, de loyauté, de courage et d'héroïsme à condition de savoir pardonner au moment opportun, voir même d'y négocier une trêve pour éviter une guerre d'ampleur disproportionnée. A feu et à sang. 

*Bruno

mercredi 16 juin 2021

L'Emmerdeur

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

d'Edouard Molinaro. 1973. France. 1h24. Avec Jacques Brel, Lino Ventura, Caroline Cellier, Jean-Pierre Darras, Nino Castelnuovo, Angela Cardile.

Sortie salles France: 20 Septembre 1973

FILMOGRAPHIE: Edouard Molinaro est un réalisateur et scénariste français, né le 13 Mai 1928 à Bordeaux, en Gironde, décédé le 7 Décembre 2013 à Paris.1958: Le Dos au mur. 1959: Des Femmes disparaissent. 1959: Un Temoin dans la ville. 1960: Une Fille pour l'été. 1961: La Mort de Belle. 1962: Les Ennemis. 1962: Les 7 Pêchers capitaux. 1962: Arsène Lupin contre Arsène Lupin. 1964: Une Ravissante Idiote. 1964: La Chasse à l'Homme. 1965: Quand passent les faisans. 1967: Peau d'Espion. 1967: Oscar. 1969: Hibernatus. 1969: Mon Oncle Benjamin. 1970: La Liberté en Croupe. 1971: Les Aveux les plus doux. 1972: La Mandarine. 1973: Le Gang des Otages. 1973: L'Emmerdeur. 1974: L'Ironie du sort. 1975: Le Téléphone Rose. 1976: Dracula, père et fils. 1977: L'Homme pressé. 1978: La Cage aux Folles. 1979: Cause toujours... tu m'intéresses ! 1980: Les Séducteurs. 1980: La Cage aux Folles 2. 1982: Pour 100 briques t'as plus rien... 1984: Just the way you are. 1985: Palace. 1985: L'Amour en douce. 1988: A gauche en sortant de l'ascenseur. 1992: Le Souper. 1996: Beaumarchais, l'insolent. 1996: Dirty Slapping (court-métrage).

"J'espère un jour ne plus être à la mode pour devenir un classique." Pedro Almodovar. 
On a beau connaître les classiques par coeur, on ne parvient pas à s'en lasser. Ce qui est bel et bien le cas avec l'Emmerdeur auréolé d'un gros succès public (5è au Box-Office avec 3 354 756 entrées) et d'une reconnaissance critique. Bien que personnellement je ne l'ai vu que 2 fois, j'ai été franchement surpris à la revoyure par son envergure qualitative de par son rythme en crescendo toujours plus folingue alors que sa première demi-heure, grave et laconique, ne nous prépare nullement aux futurs rebondissements hilarants. Et ce pour 2 raisons majeures spécialement infaillibles; son casting irréprochable (jusqu'aux seconds-rôles particulièrement irrésistibles que forment Jean Pierre Darras en psychiatre snobinard et Nino Castelnuovo en maître d'hôtel aussi vigilant que prévenant) et son scénario superbement écrit par le spécialiste Francis Veber qui finira d'ailleurs par mettre en scène à 3 autres reprises le personnage de François Pignon dans Le Jouet, La Chèvre et le Diner de Con

Tant et si bien que l'on reste stupéfiais par la crédibilité des quiproquos et situations rocambolesques lorsqu'un tueur à gage est contraint de se coltiner un boulet (François Pignon donc) au sein de sa chambre d'hôtel. Un pauvre type dépressif délibéré à se suicider après s'être séparé de sa femme partie batifoler avec son psychiatre. Retors, badin et masochiste, Edouard Molinaro parvient fréquemment à faire déplacer ses personnages d'une chambre à l'autre (filmé caméra à l'épaule pour exacerber les précipitations de mésententes irascibles) pour ensuite les extraire de l'hôtel pour un mobile sentimental mais aussi curatif quant au sort de Milan (le tueur à gage) substitué en François Pignon par la cause de ce dernier. Mais le génie narratif est également d'y reconfiner à moult reprises notre duo impromptu après que ceux-ci eurent arpentés les villes et nationales en voiture lors de poursuites endiablées. Ainsi, à travers sa frénésie rocambolesque davantage hilarante (les éclats de rire sont habilement dosés lors d'effets de surprise aléatoires), l'Emmerdeur gagne en efficacité en roue libre jusqu'à sa conclusion caustique. 

De par les remarquables performances de Jacques Brel (incroyablement juste et sobre en boulet au grand coeur pétri d'insolence malgré lui) et du massif Lino Ventura (tout en flegme de colère contenue avant d'y extérioriser une rogne expansive), l'Emmerdeur affiche de sacrés tempéraments contradictoires à travers ses profils psychologiques contraints malgré eux de s'unir pour le pire des imbroglios catastrophes. Et ce grâce au génie du scénariste Francis Veber jamais à court de carburant pour relancer la machine à rire lors d'un festival d'entraide, de bévues et d'infortune mutuelles. Jusqu'au paroxysme du règlement de compte homérique étonnamment percutant dans les échanges de tirs chorégraphiés...

*Bruno
2èx

mardi 15 juin 2021

Soif de Sang

                                          
                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site toutlecine.challenges.fr

"Thirst" de Rod Hardy. 1979. Australie. 1h35. Avec Chantal Contouri, Shirley Cameron, Max Phipps, Henry Silva, Rod Mullinar, David Hemmings.

Sortie salles Australie: 28 Septembre 1979

FILMOGRAPHIERod Hardy est un réalisateur australien né en 1949 à Melbourne.
1979 : Soif de sang. 1997 : Robinson Crusoé. 2007 : December Boys.


Une perle culte vrillée native de l'âge d'or du Fantastique Australien.
Inédit en salles en France si je ne m'abuse, Soif de Sang fit les beaux jours des video-clubs lors de son exploitation Vhs au sein des années 80. Relativement méconnue, cette bisserie horrifique issue de l'âge d'or du Fantastique australien tire-parti de sa fascination prégnante de par son concept saugrenu à mi-chemin entre rêve et réalité. Le pitch: Embrigadée de force au sein d'une mystérieuse ferme, véritable entreprise de donneurs de sang, Kate Davis est l'objet de toutes les convoitises depuis qu'une confrérie diabolique s'efforce de la conditionner à se nourrir de sang humain afin de succéder à son héritière, la Comtesse Bathory. Molestée et droguée, elle tente de résister à sa condition servile quand bien même tous les patients apathiques sont exploités à outrance lors de prélèvements sanguins afin de nourrir la secte en quête d'éternelle jeunesse et de pouvoir. Traitant du thème du vampirisme avec une originalité sans égale si bien que cette série B fait office d'ovni incongru, Soif de Sang ne cesse d'intriguer et de fasciner par le biais d'une intrigue prémâchée entrebâillée d'incohérences et anicroches (l'intrusion peu convaincante de l'époux de Kate au sein de la ferme et de quelques protagonistes au comportement interlope). Pour autant, afin de mieux semer trouble et désordre au sein de cette mystérieuse confrérie avide de sang, ses menus défauts sont peut-être sciemment pensés, notamment en ne cessant de jouer avec les hallucinations de l'héroïne en proie à un conditionnement interminable. 


Outre ses aimables seconds-couteaux parmi lesquels se succèdent Henry SilvaDavid Hemmings et  Shirley CameronChantal Contouri monopolise l'écran de son regard névrosé (pour ne pas dire borderline) tantôt outré, tantôt anémique au gré de séquences hallucinogènes où fiction et réalité ne cessent de se contredire dans sa psyché en perte de repère. On peut également vanter sa troublante beauté brunâtre notamment auprès de son regard noir aussi sensuel que compromis d'une paranoïa grandissante de par sa condition soumise de victime expérimentale. En dépit également d'un mise en place un tantinet déconcertante car enchaînant trop précipitamment les évènements pour son hospitalité forcée, Soif de Sang insuffle un climat trouble d'envoûtement en son témoignage chétif si bien qu'elle perdure une multitude d'expériences irrationnelles afin de s'accoutumer au sang humain. Quand bien même son entourage lobotomisé déambule dans le jardin à l'instar de zombies dénué de conscience. Multipliant avec un soupçon de redondance les tentatives d'évasion et d'endoctrinement de l'héroïne à bout de souffle réfutant au possible sa nouvelle condition vampire, Rod Hardy parvient miraculeusement à aviver notre attention par le biais d'évènements sataniques (les rituels de la communauté) et d'incidents horrifiques où les idées débridées fusent tous azimuts. Soif de Sang nous entraînant par la main dans un cauchemar schizo au fil d'une énigme aussi sinueuse qu'étrange, à l'instar de sa conclusion fortuite d'une audace pessimiste.


Etonnamment trouble et délirant auprès d'une réalisation parfois soignée et maîtrisée, Soif de Sang ne peut laisser indifférent par ses audaces visuelles assez habiles et son concept sardonique aussi improbable que décapant ! Il y émane une série B hybride assez couillue oscillant le chaud et le froid avec une surprenante alchimie ! Comme en témoignent notamment la mélodie de sa partition entêtante signée Brian May svp !, la splendeur de sa photo sépia ainsi que la beauté vénéneuse de l'impénétrable Chantal Contouri (son unique rôle à l'écran !). A (re)découvrir car il s'agit bel et bien d'une oeuvre culte au sens le plus authentique.  

*Bruno. 
07.09.16. 185 v
15.06.21. 3èx

lundi 14 juin 2021

La Cuisine au Beurre

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Gilles Grangier. 1963. France/Italie. 1h22. Avec Fernandel, Bourvil, Claire Maurier, Andrex Mag-Avril, Edmond Ardisson, Henri Arius

Sortie salles France: 20 Décembre 1963

FILMOGRAPHIE: Gilles Grangier, né le 5 mai 1911 à Paris et mort le 27 avril 1996 à Suresnes, est un réalisateur français. 1943 : Adémaï bandit d'honneur. 1945 : Le Cavalier noir. 1946 : Trente et quarante. 1946 : Leçon de conduite. 1946 : L'Aventure de Cabassou. 1947 : Rendez-vous à Paris. 1947 : Histoire de chanter. 1947 : Danger de mort. 1948 : Par la fenêtre. 1948 : Femme sans passé. 1949 : Au p'tit zouave. 1949 : Jo la Romance. 1950 : Amédée. 1950 : Amour et compagnie. 1950 : Les femmes sont folles. 1950 : L'Homme de joie. 1951 : L'Amant de paille. 1951 : Les petites Cardinal. 1951 : Le Plus Joli Péché du monde. 1952 : L'Amour, Madame. 1952 : Douze heures de bonheur. 1953 : Faites-moi confiance. 1953 : Jeunes Mariés. 1953 : La Vierge du Rhin. 1954 : Poisson d'avril. 1955 : Le Printemps, l'automne et l'amour. 1955 : Gas-oil. 1956 : Le sang à la tête. 1957 : Reproduction interdite ou Meurtre à Montmartre. 1957 : Le rouge est mis. 1958 : Trois jours à vivre. 1958 : Échec au porteur . 1958 : Le Désordre et la Nuit. 1959 : Archimède le clochard. 1959 : 125, rue Montmartre. 1959 : Les Affreux. 1960 : Les Vieux de la vieille. 1961 : Le Cave se rebiffe. 1962 : Le Gentleman d'Epsom. 1963 : Le Voyage à Biarritz. 1963 : Maigret voit rouge. 1963 : La Cuisine au beurre. 1964 : L'Âge ingrat. 1965 : Les Bons Vivants ou Un Grand seigneur. 1965 : Train d'enfer. 1968 : L'Homme à la Buick. 1969 : Sous le signe du taureau. 1972 : Un cave. 1974 : Gross Paris. 1975 : Piratii din Pacific film roumain codirigé avec Sergiu Nicolaescu. 1975 : Insula comorilor. 


Pas un chef-d'oeuvre certes, mais un moment de détente si bienveillant prônant la joie de vivre, d'aimer et de plaisanter en cette époque révolue. 
Pas très bien accueilli par la critique si je ne m'abuse en dépit de son immense succès public (il se hisse 2è au Box-Office avec 6 396 439 entrées), la Cuisine au Beurre est l'occasion pour Fernandel et Bourvil de se réunir pour la 1ère fois à l'écran. Et bien que ce dernier vouait une admiration sans borne pour l'illustre Fernandel depuis sa tendre enfance, leur relation de prime abord amiteuse s'est hélas rapidement étiolée au fil du tournage houleux si bien que la Cuisine au Beurre restera leur unique contribution. Alors sans révolutionner le genre et encore moins d'y parfaire le chef-d'oeuvre attendu, cette comédie bonnard demeure toute à fait plaisante sous l'impulsion du duo d'acteurs portant le film sur leurs épaules avec une spontanéité payante. Car s'il faut bien avouer que l'intrigue s'avère aussi simpliste que futile (le couple Colombey voit son quotidien bouleversé le jour ou Fernand, ancien époux de Christiane Colombey refait surface 10 ans plus tard dans leur restaurant !), la complémentarité enjouée des acteurs emporte tout sur leur passage. 

Mais au-delà de la fantaisie fougueuse de Fernandel et Bourvil jouant les rivaux au grand coeur avec une complicité badine, on peut également compter sur le tempérament frétillant de la belle Claire Maurier remarquablement crédible en épouse autoritaire contrainte de gérer sa situation extra-conjugale avec une force de caractère somme toute sensuelle. L'actrice dégageant un charme assez suave à travers ses rapports aussi tendres que compromettants auprès de ses deux amants communément amoureux d'elle au point d'y engager une procédure de divorce pour leur enjeu à la fois pécuniaire (Qui possédera enfin la propriété du restaurant ?) et sentimental. Et si on rit rarement aux éclats à travers ses gentils gags bon enfant, la Cuisine au Beurre nous imprime un sourire permanant grâce à ses acteurs communément sémillants. Mais aussi de par son climat solaire estival prônant l'insouciance, les plaisirs culinaires, l'influence de la camaraderie, le désir d'indépendance au sein du couple (l'émancipation du duo contre l'autorité féminine) et enfin l'amitié au fil de l'évolution morale du duo marital sur le point de se tolérer. 

Très agréable à suivre en dépit d'un manque évident d'ambition narrative et de drôlerie déjantée, La Cuisine au Beurre parvient tout de même louablement à se démarquer du produit vite consommé grâce à la fringance des comédiens nous transmettant leurs sentiments de tendresse et de bonne humeur avec avec une harmonie résolument conviviale. Tant et si bien que quelques décennies plus tard, la Cuisine au Beurre n'a point usurpé sa réputation de (modeste) classique du genre en préservant en mémoire la séquence irrésistible où Fernandel et Bourvil éclatent de rire face écran en se murmurant des grivoiseries à l'oreille. Une séquence cocasse d'une extrême simplicité mais redoutablement efficace  dans la communion expansive des fous-rires incontrôlés. 

*Bruno
3èx

jeudi 10 juin 2021

Lantana. Prix spécial du jury et prix de la critique, Cognac, 2002.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Ray Lawrence. 2001. Australie/Allemagne. 2h01. Avec Anthony LaPaglia, Geoffrey Rush, Rachael Blake, Kerry Armstrong, Manu Bennett, Melissa Martinez.

Sortie salles France: 24 Juillet 2002. Australie: 4 Octobre 2001

FILMOGRAPHIE: Ray Lawrence est un réalisateur australien né en 1948. 1985 : Bliss. 2001 : Lantana. 2006 : Jindabyne, Australie. 


Avant-propos: (wikipedia)
Le genre Lantana comprend environ 150 espèces de plantes à fleurs de couleurs variées (jaunes, marron, blancs, etc.) de la famille des Verbénacées.
Le lantana est un arbrisseau vivace pantropical originaire d'Amérique du Sud adapté aux conditions méditerranéennes. Cela signifie que dans certaines régions, il n'est pas nécessaire de les mettre hors gel mais dans d'autres il faut absolument les rentrer pour l'hiver. Il est possible de les trouver sous différentes formes : arbustive, pour parterre ou encore en tiges. Leur parfum est légèrement poivré et attire particulièrement les papillons et les abeilles.

Réalisé par l'australien Ray Lawrence à qui l'on doit 3 uniques longs-métrages, Lantana est probablement son oeuvre la plus puissante et réussie sous couvert de drame psychologique déguisé en thriller. Multi récompensé dans son pays initial (voir en fin d'article) et auréolé de 2 récompenses à Cognac (Prix Spécial du Jury, Prix de la Critique), Lantana n'a point dérobé ses trophées de par son intensité dramatique discrètement envoûtante que son cast irréprochable génère avec fébrile émotion. Oeuvre chorale nous caractérisant au compte goutte quatre couples en perdition conjugale, Lantana  demeure sensiblement capiteux à travers son score lancinant jamais envahissant et le vérisme de sa mise en scène au plus près des sentiments des personnages anti-manichéens se débattant avec leur propre démon. Tant et si bien qu'à travers leurs confidences et adultère rongées de remord ou d'indécision, nous témoignions de leur faiblesse avec une empathie de prime abord mesurée. Tout du moins lors de sa première partie attentionnée nous illustrant chaque point de vue avec souci d'humanisme torturé. 


Mention spéciale à Anthony LaPaglia dans le rôle irascible du détective Leon Zat trompant son épouse avec une voisine fraîchement séparée. L'acteur imposant une carrure massive d'autant plus impressionnante dans celui de l'infidèle davantage irrité par le poids de sa culpabilité se répercutant sur sa quotidienneté professionnelle. D'ailleurs, le final rédempteur finit par nous arracher des larmes lorsqu'il finit par moralement craquer dans l'habitacle de sa voiture après avoir entendu la suite des confidences de son épouse enregistrée sur une cassette audio. Pièce à conviction que celui-ci est parvenu à soutirer chez le mari de la thérapeute que son épouse consultait secrètement. Kerry Armstrong incarnant la femme trahie avec un naturel à la fois faussement attendrissant et timidement contrariée, si bien que la comédienne demeure la plus émouvante du cast à travers sa posture quelque peu introvertie, douce et amiteuse. Mais lorsque la partie thriller se met en place de manière fluide et escomptée (le prologue débutant par le flash-forward d'une découverte macabre faisant référence à Blue Velvet), la compassion éprouvée pour la plupart des personnages gagne du terrain au fil de l'investigation douloureuse de Léon (toujours aussi irascible) en proie à de troublantes coïncidences. Qui plus est au moment de tenter de résoudre cette découverte macabre auquel les témoins conjugaux de son entourage y seront plus ou moins impliqués. 


Jouant intelligemment sur le faux-semblant et sur l'emprise de la séduction à travers les conséquences du mensonge, de la trahison ou de la délation, Lantana y engendre de manière aussi intime que prude une réflexion sur l'intégrité du couple lorsque la routine, la lassitude, une identité sexuelle refoulée ou un décès inconsolable viennent ternir leur fiabilité maritale. Magnifiquement incarné par des comédiens criants de vérité dans leur commun désagrément et désillusion vulnérable, Lantana s'illumine au fil de ces fragiles portraits de couple à la dérive dont certains parviendront toutefois à remonter à la surface face au poids de leur culpabilité morale saturé d'une découverte macabre dont nul ne sortira indemne. Une oeuvre intime désargentée à deux doigts d'effleurer le chef-d'oeuvre, tout du moins un grand classique conjuguant avec une surprenante harmonie les composants du mélo, du drame et du thriller. 

*Bruno
2èx


Récompenses:
Australian Film Institute Awards 2001: meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario adapté, meilleur acteur pour Anthony LaPaglia, meilleure actrice pour Kerry Armstrong, meilleur acteur dans un second rôle pour Vince Colosimo et meilleure actrice dans un second rôle pour Rachael Blake
IF Awards 2001: Meilleur film, meilleur acteur (Anthony LaPaglia), meilleure actrice (attribué collectivement à Barbara Hershey, Kerry Armstrong, Leah Purcell, Rachael Blake et Daniella Farinacci), meilleur réalisateur, meilleur scénario, prix du box-office
Festival du Film de Melbourne 2001: Prix du film le plus populaire
Prix 2001 de la National Board of Review (USA): Reconnaissance spéciale pour l'excellence de la réalisation
Prix Awgie 2001 de l'Australian Writers' Guild: meilleure adaptation pour un long métrage au cinéma
Prix ASSG 2001 de l'Australian Screen Sound Guild: meilleur enregistrement son sur un tournage de long métrage
Festival du film policier de Cognac 2002: Prix spécial du jury et prix de la critique
Prix 2002 de la Film Critics Circle of Australia Awards: Meilleur film, meilleur acteur (Anthony LaPaglia), meilleure actrice (Kerry Armstrong), meilleur second rôle féminin (Daniella Farinacci), meilleur scénario d'adaptation
ARIA Music Awards 2002: Meilleur album de bande originale
Prix 2002 de l'Australian Cinematographers Society: Meilleure photo pour un long métrage au cinéma
British Independent Film Awards 2002: Meilleur film étranger en langue anglaise
Chlotrudis Awards 2003: Meilleur scénario d'adaptation

mercredi 9 juin 2021

Bullitt

                                                          Photo empruntée sur google, appartenant au site Allocine.fr

de Peter Yates. 1968. U.S.A. 1h54. Avec Steve Mc Queen, Robert Vaughn, Jacqueline Bisset, Don Gordon, Simon Oakland, Norman Fell, Robert Duvall.

Sortie salles France: 17 Mars 1969

FILMOGRAPHIEPeter Yates, né le 24 juillet 1929 à Aldershot et mort le 9 janvier 2011 à Londres1, est un réalisateur britannique. 1964 : One Way Pendulum. 1967 : Trois milliards d'un coup. 1968 : Bullitt. 1969 : John et Mary. 1971 : La Guerre de Murphy. 1972 : Les Quatre Malfrats. 1973 : Les Copains d'Eddie Coyle. 1974 : Ma femme est dingue. 1976 : Ambulances tous risques. 1977 : Les Grands Fonds. 1979 : La Bande des quatre. 1981 : L'Œil du témoin. 1983 : L'Habilleur. 1984 : Krull. 1985 : Eleni. 1987 : Suspect dangereux. 1988 : Une femme en péril. 1989 : Délit d'innocence. 1992 : Year of the Comet. 1995 : Un ménage explosif. 

Référence du genre ayant influencé une pléthore de classiques à venir (French Connection, L'Inspecteur Harry pour citer les plus notoires), Bullitt prouve bien que les classiques sont imputrescibles à la revoyure. Tant et si bien que s'il parvient toujours à captiver et à fasciner un demi-siècle plus tard, il le doit avant tout à la personnalité novatrice de Peter Yates privilégiant un réalisme documenté au sein du genre policier dénué de fioriture. A l'instar de son anthologique poursuite automobile dénuée d'accord musical et de trucages afin de mieux nous immerger dans cet intense affrontement (de vitesse vertigineuse !) souvent réalisé en caméra subjective. Quand bien même les infrastructures de San Francisco (ville, hôpital, morgue, commerces) nous sont illustrées de manière détaillée, notamment en insistant sur les bruitages des pots d'échappement ou d'un avion, et des allers et venues des citadins et passagers étrangers. Et si l'intrigue linéaire n'a pas pour ambition de s'y transcender, le tact de sa mise en scène posée prenant son temps à décrire les situations de danger et confrontations psychologiques insuffle une ampleur insoupçonnée. 


Et pour parachever, Bullitt ne serait pas aussi iconique sans la présence virile de Steve Mc Queen en lieutenant circonspect prenant peu à peu conscience de sa moralité galvaudée, faute de ses inlassables traques envers les criminels les plus dangereux (comme le souligne si bien sa partenaire empathique endossée par la sublime Jacqueline Bisset dans un rôle discret). Le plan final m'aura d'ailleurs évoqué la conclusion équivoque de Cruising lorsque Pacino, se regardant dans le miroir, s'interrogeait sur sa déchéance morale d'avoir côtoyer d'aussi près le Mal. Et Mc Queen a beau jouer un rôle plutôt taiseux, il demeure absolument expressif à travers l'intensité de son regard responsable face à des supérieurs pédants abusant de leur autorité. D'ailleurs, on reste aussi surpris qu'interloqué par la violence rigoureuses de Bullitt privilégiant un parti-pris hyper réaliste à travers les postures cadavériques à la fois ensanglantées et délibérément macabres. J'imagine donc bien le public de l'époque (nous sommes en 68) particulièrement choqué par ses gunfights tranchés et visions macabres qui infectent le récit sans toutefois se complaire dans une quelconque outrance comme on a tant coutume de voir de nos jours dans les produits Hollywoodiens. Quand bien même le score jazzy de Lalo Schifrin cultive une envergure supplémentaire à la scénographie urbaine en prenant soin de ne pas trop envahir l'espace des évènements décrits au plus près d'une quotidienneté (tacitement) insécure.   

Leçon de mise en scène délibérée à bouleverser les codes afin de s'écarter de l'ornière du "policier imberbe", Bullitt perdure son aura de fascination grâce à ce parti-pris documenté parfois saturé d'incroyables moments stylisés (son générique liminaire si classieux nous laissant béat d'admiration). Et puis rien que pour le charisme indétrônable de Mc Queen (ridiculisant sans modération nos héros musclés et tatoués actuels, tributaires d'un cinéma Fast-Food), Bullitt est à revoir fissa !

*Bruno
2èx

Récompenses:
Oscar du meilleur montage en 1969.
Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario.
National Film Preservation Board en 2007.

mardi 8 juin 2021

Le solitaire de Fort Humboldt

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site m.cinemagia.ro

"Breakheart Pass" de Tom Gries. 1975. U.S.A. 1h35. Avec Charles Bronson, Ben Johnson, Richard Crenna, Jill Ireland, Charles Durning, Ed Lauter, Bill McKinney.

Sortie salles France: 7 Janvier 1976. U.S: 5 Mai 1976

FILMOGRAPHIETom Gries est un producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 20 décembre 1922 à Chicago, dans l'Illinois, et mort le 3 janvier 1977 à Pacific Palisades, en Californie (États-Unis). 1954 : Serpent Island. 1955 : Hell's Horizon. 1958 : Girl in the Woods. 1968 : Will Penny, le solitaire. 1969 : Les 100 fusils. 1969 : Number One. 1970 : Fools. 1970 : Le Maître des îles. 1971 : Earth II (TV). 1972 : The Glass House (TV). 1972 : Journey Through Rosebud. 1973 : Call to Danger (TV). 1973 : Manhattan poursuite (TV). 1973 : Lady Ice (en). 1974 : Les Vagabonds du nouveau monde (TV). 1974 : QB VII (feuilleton TV). 1974 : The Healers (TV). 1975 : L'Évadé. 1975 : Le Solitaire de Fort Humboldt. 1976 : Helter Skelter (TV). 1976 : Hunter (TV). 1977 : Le Plus Grand. 


Thriller à suspense transplanté dans le cadre du western dit classique, Le Solitaire de Fort Humboldt plaira aux amateurs d'objet hybride conçu avec amour du travail bien fait. Dans la mesure où le vétéran Tom gries (habile faiseur entre autre de nombreuses séries TV des années 50 à 70) s'y entend pour nous emballer un super divertissement avec une efficacité en roue libre. Tant auprès de l'ossature narrative fertile en rebondissements et revirement violents (dont une scène catastrophe artisanale et un final homérique relativement jouissif) que de la présence de ces acteurs vintage que Charles Bronson monopolise avec un flegme biaisé à travers sa fonction à contre-emploi de tricheur recherché par la police. Celui-ci se retrouvant en bien mauvaise posture auprès des joueurs suspicieux n'hésitant pas ensuite à le rouer de coups après y avoir découvert son identité peu recommandable. Une stupeur, pour ne pas dire (avec ironie) un choc pour le spectateur n'ayant jamais assister à l'apathie de leur star impliquée dans une posture aussi couarde ! 


Si bien que Charles Bronson n'hésitera pas à répliquer verbalement à ses rivaux qu'il ne supporte aucune forme de violence ! Ainsi, 1h35 durant, le récit reptilien nous piège (comme les protagonistes) au sein d'un huis-clos ferroviaire auquel les passagers (et notre tricheur de cartes donc) auront à faire avec un mystérieux tueur les décimant un à un. Solitaire, comme le titre français le souligne, John Deakin s'efforce alors en catimini de retrouver le ou les coupables de cette mystérieuse série de meurtres sans mobile apparent. Quand bien même le train poursuit sa destination en compagnie d'un médecin afin de sauver la population du Fort d'une mystérieuse épidémie de choléra. Par conséquent, durant son investigation de longue haleine, et avec l'appui de la jolie Marica, épouse du gouverneur (endossée par la radieuse et filiforme Jill Ireland);  Deakin ira progressivement de surprise en surprise au gré de découvertes à la fois macabres et plus ambitieuses. On n'en dira pas plus sur ses indices et révélations narratives qui émaillent le récit si bien que Le Solitaire de Fort Humboldt en regorge habilement tout en y injectant de savoureuses scènes d'action aussi nerveuses que percutantes au fil d'une tension plutôt métronome.  


Formidable spectacle disparate n'hésitant pas à y allier les genres pour s'extirper du classicisme cher au western, Le Solitaire de Fort Humboldt est une heureuse surprise aussi attachante que passionnante sous l'impulsion d'un Charles Bronson génialement magnétique en détective à double visage (quel putain de regard félin imperturbable !). 

*Bruno

lundi 7 juin 2021

Chasse à mort

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Death Hunt" de Peter Hunt. 1981. U.S.A. 1h37. Avec Charles Bronson, Lee Marvin, Carl Weather, Andrew Stevens, Ed Lauter, Angie Dickinson, Scott Hylands.

Sortie salles France: 1er Juillet 1981

FILMOGRAPHIEPeter Roger Hunt est un réalisateur, producteur, monteur et acteur britannique né le 11 mars 1925 à Londres et décédé le 14 août 2002 à Santa Monica en Californie. 1969 : Au service secret de Sa Majesté. 1974 : Gold. 1976 : Parole d'homme. 1977 : Les Voyages de Gulliver. 1980 : Le lion sort ses griffes. 1981 : Chasse à mort. 1985 : Les Oies sauvages 2. 1986 : Hyper Sapien: People from Another Star. 1987 : Protection rapprochée.

Série B dénuée de prétention prêtant plusieurs allusions à Rambo réalisé 1 an plus tard, Chasse à mort est un bon film d'action au sein d'un cadre aventureux magnifiquement exploité. Les vastes paysages montagneux faisant office de second-rôle lorsqu'un trappeur s'efforce de les parcourir faute d'une chasse à l'homme contre lui. Outre l'efficacité de ses scènes d'action se renouvelant avec inventivité; notamment auprès de ses situations offensives et de survie plutôt crédibles et censées (en dépit d'un montage maladroit), Chasse à mort se taille une solide carrure de série B à l'ancienne sous l'impulsion du duo Lee Marvin / Charles Bronson. Nos vétérans s'affrontant mutuellement avec une noble autorité de par l'indulgence et la fascination du Sergent Edgar Millen pour son fugitif utilisant les armes en guise de légitime défense. 

Au-delà de cet intense affrontement entre 2 monstres sacrés épatants de virilité striée, les agréables seconds-rôles familiers se prêtent lâchement aux règlements de compte dans le refus de reconnaître leur responsabilité à condamner dans l'outrance un homme qui eut de prime abord l'audace de sauver un animal lors d'un combat de chiens. On peut également rajouter que les gunfights particulièrement sanglants détonnent parfois par leur impact fulgurant et que l'action jamais gratuite s'élance dans de multiples directions plus vastes et étendues lorsque Albert Johnson s'enfonce dans la nature avec un héroïsme tranquille. Bronson cultivant comme de coutume une posture à la fois placide et taiseuse dans sa fonction de justicier de dernier ressort en proie à une redoutable faculté de survie en milieu hostile. 

Si Chasse à mort n'a pas pour ambition d'y transcender le genre à travers son classicisme éprouvé; il demeure suffisamment intense, magnétique (surtout auprès de ses vraies gueules d'acteurs utilisées à bon escient), carré, dépaysant et divertissant pour y garder un souvenir attachant. 

*Bruno 
2èx

jeudi 3 juin 2021

Trois jours et une vie

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Nicolas Boukhrief. 2019. France. 2h00. Avec Sandrine Bonnaire, Charles Berling, Jérémie Senez, Pablo Pauly, Philippe Torreton, Margot Bancilhon, Dimitri Storoge

Sortie salles France: 18 Septembre 2019

FILMOGRAPHIE: Nicolas Boukhrief est un réalisateur et scénariste français né le 4 juin 1963 à Antibes. 1995 : Va mourire. 1998 : Le Plaisir (et ses petits tracas). 2003 : Le Convoyeur. 2008 : Cortex. 2009 : Gardiens de l'ordre. 2015 : Made in France. 2016 : La Confession. 2017 : Un ciel radieux (téléfilm). 2019 : Trois jours et une vie. 

“On ne force pas le secret. Ou le secret vient comme de lui-même à soi, ou bien le secret vous est interdit.”
Ancien fondateur de la sacro-sainte revue Starfix, Nicolas Boukhrief n'en finit plus de me surprendre à travers sa passionnante filmographie même s'il n'est pas reconnu comme l'un des plus brillants cinéastes français faute probable de son incursion dans le cinéma des genres que les bien-pensants ont tendance à discréditer par leur côté trop ludique, marginal et accessible. Ainsi, Trois jours et une vie ne déroge pas à la règle d'y conjuguer (si) efficacement drame psychologique et film noir à travers la disparition brutale d'un enfant auquel l'assassin reste introuvable. Et ce sur une période temporelle épouvantablement prolixe. On a d'ailleurs l'impression d'assister à 2 oeuvres en une si bien que lors de sa seconde partie le film noir prend toujours un peu plus le pas sur le drame psychologique au gré d'un suspense irritable que l'on ne cesse de redouter tout en acceptant l'inévitable châtiment à venir. Toujours aussi inspiré et affectionné à travers sa mise en scène chiadée, Nicolas Boukhrief se passionne pour ce qu'il filme avec un amour immodéré du travail stylisé. Mais pas que car celui-ci s'avère également un excellent directeur d'acteurs (dénué de diction théâtrale qui plus est !) à travers un cast irréprochable faisant intervenir 2 générations distinctes. 


Tant et si bien que le méconnu Pablo Pauly demeure tout bonnement brillant d'ambiguïté à exprimer ses émotions taiseuses et autrement chaleureuses (ses rapports étroits avec sa mère que campe dignement la tendre Sandrine Bonnaire !) dans sa nouvelle fonction de praticien au passé lourd de secret. Quand bien même la ravissante Margot Bancilhon lui partage la vedette avec un naturel fraîchement spontané en compagne sentimental, autrefois amie d'enfance d'Antoine qu'il n'eut jamais pu conquérir. C'est donc un drame épouvantable qui s'esquisse sans esbroufe sous nos yeux au sein d'un petit village nordiste soudainement accablé par le chagrin et l'incompréhension d'une disparition infantile. Sachez toutefois qu'en l'occurrence l'intérêt ne réside pas à tenter de dénicher l'identité du meurtrier puisque Nicolas Boukhrief nous le dévoile ouvertement après 15 minutes de métrage. Son ambition demeurant auprès des profils psychologiques de l'entourage du coupable auquel son passé finira par le rattraper au fil de rebondissements assez solides. Ce qui converge à un final terriblement déconcertant et frustrant puisque amoral et irrésolu, notamment en y observant de manière particulièrement dérangeante la complicité (tacite ou factuelle) de l'entourage du meurtrier acceptant de préserver le silence pour leur propre intérêt professionnel, sentimental ou familial. Et ce en faisant preuve d'une clémence que l'on peut inévitablement juger discutable selon la réflexion éthique du spectateur impliqué dans une connivence assez malsaine. 


Hantise.
Remarquablement mené et interprété sans faille, Trois jours et une vie risque de faire grincer des dents à une frange du public pour son final anti-manichéen que certains rejetteront assurément de manière disgracieuse. Quoiqu'il en soit, le voyage amoral mérite largement le détour (à défaut de sa destination équivoque) tant le récit, infiniment insidieux et vénéneux, ne cesse de captiver lors d'une chronologie constamment tendue. Un dernier mot sur la séquence (brièvement) catastrophiste d'une météo tempétueuse que Nicolas Boukhrief dirige de main de maître avec un réalisme effarant d'intensité cauchemardesque. Une scène crépusculaire anthologique tributaire de l'intrigue dramatique, aussi concise soit-elle, comparable à une pyrotechnie ricaine, l'outrance en moins. 

*Bruno

mercredi 2 juin 2021

Le Convoyeur

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Nicolas Boukhrief. 2004. 1h35. Avec Albert Dupontel, Jean Dujardin, François Berléand, Claude Perron, Julien Boisselier, Gilles Gaston-Dreyfus.

Sortie salles France: 14 Avril 2004

FILMOGRAPHIE: Nicolas Boukhrief est un réalisateur et scénariste français né le 4 juin 1963 à Antibes. 1995 : Va mourire. 1998 : Le Plaisir (et ses petits tracas). 2003 : Le Convoyeur. 2008 : Cortex. 2009 : Gardiens de l'ordre. 2015 : Made in France. 2016 : La Confession. 2017 : Un ciel radieux (téléfilm). 2019 : Trois jours et une vie. 

Sorti discrètement en salles à l'époque si je ne m'abuse, Le Convoyeur n'est point une partie de séance ludique à travers sa forme radicale d'y exploiter le film noir par le truchement d'une violence à couper au rasoir. Car inexplicablement conseillé pour tous publics (avec "avertissement pour le jeune spectateur" dixit le CNC !), Le Convoyeur se rapproche d'un Taxi Driver pour sa violence à la fois vitriolée et tranchée atteignant son paroxysme lors d'un final apocalyptique littéralement affolant. Tant et si bien que les affrontements barbares et primitifs heurtent lourdement l'esprit du spectateur impliqué dans une folie criminelle dénuée de déontologie. C'est dire si Nicolas Boukhrief s'y entend pour ébranler son public immergé dans un voyage au bout de l'enfer dénué d'illusion ou d'issue de secours. Le récit, âpre, tendu, et quelque peu sarcastique auprès des convoyeurs désaxés, borderline ou décalés retraçant la vengeance désespérée d'un père de famille endossant la fonction de convoyeur néophyte afin de retrouver les responsables de la mort de son fils. Crevant littéralement l'écran à chacun de ses mouvements instables ou autrement placides; Albert Dupontel délivre peut-être le rôle de sa vie en justicier suicidaire à deux doigts de flirter avec la folie au fil de son cheminement moral noyé de nostalgie paternelle. 

Poignant à travers son humanisme torturé et sa solitude irrévocable, l'acteur insuffle une force d'expression magnétique de par son regard monolithique hanté de déchéance, de déshumanisation et de peur du vide. Fort d'une mise en scène chiadée, pour ne pas dire alambiquée (avec quelques figures géométriques), Nicolas Boukhrief ne cesse d'y soigner le cadre de l'action avec un amour immodéré pour le travail stylisé. Un cinéma parfois expérimental (les soirées techno vaporeuses dans l'enceinte de l'établissement), parfois baroque, parfois référentiel comme le souligne le prologue, hommage à Réservoir Dogs avec ses discussions éphémères tournant autour de la pop music et du rock. Mais si Le Convoyeur demeure aussi électrisant que terriblement pessimiste, il le doit au vérisme de sa réalisation tantôt documentée (les attaques de fourgon blindées font froid dans le dos pour se rapprocher d'un cinéma vérité) et à la présence de ses comédiens communément impliqués dans des rôles primaires de convoyeurs sur la corde raide. Nicolas Boukhrief les caractérisant pour la plupart comme des alcoolos, fumeurs de joint et dépressifs afin d'encaisser leur profession smicarde dénuée de reconnaissance et de dignité. Un tableau dérisoire donc que cette profession mal reconnue que le réalisateur entend bien décrier à travers ses profils névrosés au bord de la crise de nerf, voir du suicide pour les plus fragiles d'entre eux ravagés par leur solitude et leur précarité sociale. 


Le souffle de la tempête.
Série B coup de poing aussi cinglante qu'hargneuse à ne pas mettre entre toutes les mains, Le Convoyeur insuffle une intensité dramatique nécrosée au fil d'une descente aux enfers aussi hypnotique que dérangeante. Les protagonistes, anti-manichéens, se livrant au jeu expéditif du gendarme et du voleur avec une dangereuse éthique réactionnaire. A redécouvrir d'urgence, à l'heure où son remake hollywoodien compromis par Guy Ritchie s'affiche sur les écrans dans la trivialité des convenances et d'une violence racoleuse.  

*Bruno 
2èx

mardi 1 juin 2021

Les Apparences

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Marc Fitoussi. 2020. France/Belgique. 1h50. Avec Karin Viard, Benjamin Biolay, Pascale Arbillot, Lucas Englander, Lætitia Dosch. 

Sortie salles France: 23 Septembre 2020

FILMOGRAPHIEMarc Fitoussi est un réalisateur et scénariste français né le 20 juillet 1976. 2007 : La Vie d'artiste. 2010 : Copacabana. 2012 : Pauline détective. 2014 : La Ritournelle. 2016 : Maman a tort. 2019 : Selfie, segment Le Troll. 2020 : Les Apparences. 


Excellent suspense hitchcockien fondé sur le thème éculé de l'adultère, les Apparences nous dévoile en filigrane un superbe portrait de femme trompée qui, par son parcours précaire, apprendra finalement à s'émanciper après avoir naïvement accordé trop d'importance aux apparences pour préserver sa réputation. Bien que n'ayant jamais eu l'occasion de découvrir un métrage de la part de son auteur Marc Fitoussi, je dois avouer que j'ai été ici séduit par l'élégance de sa mise en scène prenant son temps, sans ennuyer, à nous broder son vénéneux récit du point de vue désabusé d'Eve, la femme félonne. D'ailleurs, si les Apparences demeure incessamment captivant et intriguant, notamment à travers ses sentiments d'impuissance et d'injustice, il le doit beaucoup au talent assez charnel de Karin Viard irréprochable dans sa fonction d'investigatrice perfide afin de se venger de la maîtresse envahissante. Sobrement expressive et d'un naturel spontané, Karin Viard parvient élégamment à s'imposer à l'écran avec une force d'esprit aussi vaillante qu'attendrissante eu égard de son épreuve morale à subir l'infidélité sans daigner quitter l'être aimé. 


D'un charisme acrimonieux de par sa posture monolithique et par son regard impassible, Benjamin Biolay demeure assez convaincant (à défaut de s'y transcender) en mari volage à la fois insidieux et nonchalant dans son refus d'avouer sa double vie sentimentale auprès de son épouse en quête d'une main secourable. C'est d'ailleurs à travers un compagnon d'un soir que Les Apparences laisse transparaître son potentiel Hitchockien en mettant en exergue les thèmes (si actuels) de la possessivité, de la jalousie et surtout du harcèlement moral. Je peux toutefois comprendre que le jeu hagard, introverti et taiseux de Benjamin Biolay puisse irriter une certaine frange du public. Pour autant, sa sombre présence à l'écran possède un certain magnétisme à travers la vigueur du regard noir souvent dénué de compassion pour l'être (autrefois) aimé. Quand bien même une scène de dialogue en aparté impartie à l'épouse trahie lui permet d'exprimer un jeu plus persuasif, plus authentique quant à sa franchise de lui exprimer ouvertement ses pensées sur son attitude servile, clémente de vouloir à tous prix pardonner (même après un évènement aussi grave que dramatique !).  


Romance sournoise assujettie au suspense criminel, Les Apparences renoue avec un certain cinéma posé, adulte, mesuré, classieux, sans fioriture pour contenter l'amateur d'intrigue Hitchockienne prenant son temps à caractériser ses personnages afin de mieux nous familiariser à leur contrariété commune. Karin Viard monopolisant l'écran avec une grâce affirmée (dénuée d'élocution théâtrale) en quinqua responsable férue de reconnaissance et de soif d'amour auprès de son partenaire effacé. A découvrir.

*Bruno

Info WIKIPEDIA: En raison de la pandémie de Covid-19 et des mesures de confinement, les salles de cinéma sont fermées à partir du vendredi 30 octobre. L'exploitation du film a été interrompue à cette date, mettant fin à sa carrière en salles.